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Sl3CLlèm.e année.
IV. 30.
19 Mai ISTI.
L’ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialement consacrée aux intérêts matériels et spirituels
de la Famille Vandoise.
Que toutes les choses qui sont véritables.,
vos pensées — ( Philippiens., IV. 8.)
occupent
PRIX d’abonnehent ;
Italie, il domicile ('«nnnil'V. 3
Suisse........................
Fran*’e................» 6
Allemas-ne 6
Angleterre, Pays-Bas . » 8
Un numéro séparé : 5 cent.
L'n numéro arriéré : 10 cent.
BDKEAUX D ABONNEMENT
Torrf.-Peu.ice : Via Maestra,
N. 42. (Agenzìa bibìtografica)
ProNKRor, ; J. Chlantore Impr.
Torin ‘.J.J. 7’i'o»i,via Lagrange
près le N. 22.
Florence : Librerìa Evangelica. via de’Panzani.
ANNONi'ES : 5 cent, la ligne
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S'adresser pour l'administration
au Bureau <l Torre^PelUce ,
via Maestra N. 42. — polirla
rédaction : A Mr. E. JUalan
Prof, h Torre-Pellice.
SoixiTïiaii'O.
Le Synode de l’Eglise Vaudoise. — Lettres
d'Ecosse. — Correspondance. — Nouvelles religieuses. — Glanures — Chronique vaudoise.
— Chronique politique.
LE S¥^ODE DE L’EGLISE VAUDOISE
L’Assemblée Synodale a été ouverte, comme nous l’avions annoncé, le 16 mai à 10 h. par un culte
présidé par M. le pasteur Lantaret
qui a prêché sur Cor. 13, 8 : « Car
nous n’avons aucune puissance
contre la vérité , nous n’en avons
que pour la vérité ». L’orateur démontre qu’il n’y a pas d’église qui
nous soit plus connue que celle de
Corinthe. L’Apêtre l’avait rassemblée lui-même, non parmi les riches
et les puissants , mais parmi les
pauvres et les faibles. Le Seigneur
l’avait enrichie de dons spirituels,
surtout de celui de la connaissance , cependant elle présente
aussi des côtés tristes et sombres.
La ville de Corinthe était parmi
les plus corrompues et l’Eglise
s’en est ressentie. Aussi l’Apôtre
a-t-il dô y faire acte d’autorité.
Rien d’étonnant qu’il y rencontre
de l’opposition, surtout de la part
des judaïsants et dans le 13° chapitre de la 2° Epître adressée à
cette Eglise il invite ses frères à
s’examiner eux-mêmes plutôt que
celui qui leur a fait connaître l’Evangile , leur déclarant que du
reste il réprimera les pécheurs ,
«Car, dit l’Apôtre, nous ne pouvons rien contre la vérité, mais
pour la vérité ».
L’orateur pose d’abord cette
question; Qu’est-ce que la vérité?
Il n’y répond pas àja manière des
philosophes, ni ne suspend son
jugement comme les sceptiques.
La vérité pour lui et pour l’Eglise
Vaudoise est dans la Parole de
Dieu, qui déclare que VEternel notre Dieu est la vérité, que la bonté
et la vérité marchent devant Lui ;
en J. C. elles se sont rencontrées. La
grâce et la vérité sont venues en J. C.
lequel est le chemin, la vérité et la
vie. L’Evangile est appelé l’Evangile
de vérité et l’Esprit-Saint un Esprit
de vérité, il est la vérité. La vérité
2
-154.
est donc d’après l’Ecriture un être
vivant, c’est Dieu lui-même. La révélation de Dieu est la maifestation
de la vérité qui serait restée inconnue aux hommes sans la parole.
La parole de Dieu est aussi pour
nous la vérité. L’orateur parle ici
des divergences qui existent parmi les chrétiens sur cette question
importante. Il y en a qui disentí:
la vérité est dans cette partie des
Ecritures saintes , mais non dans
celle-là, dans tel enseignement et
non dans tel autre. Il suffit, dit-on,
d’admettre les doctrines importantes, on peut se passer du reste.
— Nous repoussons une telle manière de voir, qui a déjà aussi,
parmi nous, des partisans timides
et peu d’accord entr’ eux , car ils
ne peuvent l’être ; nous n’avons
le droit de rien retrancher dans
la Parole de Dieu. — En J. C.
nous avons la révélation parfaite
de la vérité ; après cette révélation
il n’y en a plus d’autre. Christ est
la vérité. Il y a sans doute des parcelles de vérité chez les païens ,
chez les mahométans, mais les
vérités sont salutaires que si elles
conduisent à J. C. — C’est contre
cette vérité vraie qui est en Dieu,
que son Esprit a révélée dans les
Saintes Ecritures et qui a été parfaitèment manifestée en J. C. que
les hommes ne peuvent rien d’efficace : témoins Nébucadnésar qui
voulant s’élever contre, elle par
orgueil, a dû s’humilier et reconnaître le roi des rois, les Pilatte,
les Hérodes , les principaux des
Juifs qui ont fait mourir J. C. Mais
c’est J. C. qui a triomphé dé 1«1
mort et de Satan, lui et les sjens.
Saul le persécuteur ¡n’a rien pu
contre la vérité. — Un autre grand
roi qui, comme Nébucadnésar, a
fait la guerre à la vérité, n’a pas
réussi à l’opprimer, mais il a, par
sa tyrannie et par ses cruelles
dragonades , commencé la ruine
de son peuple. — L’orateur montre que notre Eglise est un monument qui atteste la vérité de la
déclaration de l'Apôtre que les
hommes ne peuvent rien contre
la vérité. — Ne craignons donc
point de ce que autour de nous,
et même parmi nous, les ennemis
de la vérité sont nombreux et puissants. Si Dieu combat pour nous
et avec nous, nous sommes assurés de la victoire définitive. Nous
aussi, nous ne pouvons rien contre la vérité. Il y a quarante et
quelques fannées , un formalisme
désolant et la mondanité régnaient
dans notre Eglise. Dieu a envoyé
parmi nous des témoins de la vérité , mais en général la masse de
la population a vu de très mauvais œil arriver au milieu d’elle
des messagers qui vinssent proclamer la nécessité de la conversion et de la sanctification ; on a
même eu recours à la violence
contre eux. Ils croyaient peut-être
bien faire, mais ils n’ont pas atteint leur but.et plusieurs se sont
joints plus tard à ce réveil provoqué par ceux qu'ils traitaient
d’abord de fanatiques.
Nous ne pouvons donc rien contre la vérité, mais nous pouvons
tout pour la vérité. — Q“e Dieu
veuille se servir de nous I — Les
3
-155
disciples de J. C. doivent être ses
témoins et uniquement ses témoins. Mais pour avoir quelque
puissance pour la vérité il faut
qu’ils en soient nourris, qu’ils en
soient convaincus et vaincus] il
faut qu’ils soient sans respect humain. Nous pouvons pour la vérité;
mais nous devons la présenter
dans sa simplicité, prêcher J. C.
crucifié , pour ne pas ôter à l'Evangile sa saveur.
Que peuvent les témoins fidèles
de la vérité? Demandez-le aux
peuplades naguère anthropophages. Car par la vérité l’homme
peut devenir le sel de la terre ,
la lumière du monde et faire beaucoup de conquêtes.
Vous, chers frères, qui êtes honorés de la confiance de l’Eglise,
n’oubliez pas que c’est à cette
vérité que vous devez rendre
hommage, qu’il y ait dans vos
délibérations rien contre l’Evangile; car si des délibérations ont
été prises dans nos Synodes en
dehors de la vérité, elles n’ont
pas eu un résultat prospère. Oublions nos intérêts personnels et
« que toutes les choses qui sont
véritables, toutes les choses qui
sont honnêtes, toutes les choses
qui sont justes, toutes les choses
qui sont pures, toutes les choses
qui sont aimables, toutes les choses qui sont de bonne réputation,
et où il y a quelque vertu, et qui
sont dignes de louange, que toutes
ces choses occupent vos pensées ».
La Culte avait commencé par la prière
et par des chants bien exécutés par un
chœur formé des élèves de l’Ecole Nor
male et de l’Ecole supérieure des jeunes
filles sous la direction de M. le prof.
Charbonnier.
L’Assemblée se constitue à 2 heures de
l’après midi sous la direction de son bureau provisoire, composé de MM. falla
pasteur. Long Emile et Hugon J. D. et
nomme son bureau définitif dans la personne de MM. Melile pasteur, J. D. Charbonnier professeur, A. Revel profe.sseur,
Soulier et Jourdan régents.
Après un court discours du président
élu, l’assemblée passe à son ordre du jour
qui porte la lecture et la discussion des
rapports de deux paroisses et de deux stations d’Evaugélisation. Le sort désigne le
rapport d’Angrogne et de Villar, de Milan
et de Pise.
Le rapport du Consistoire de la paroisse
d’Angrogne soulève la question de la direction morale et éducative dans l’école
paroissiale et l’assemblée, après avoir
entendu des e.xplications données de différents côtés, invite la Table à porter la
plus sérieuse attention sur l’état moral de
cette école ; et un membre de l’Assemblée
exprime sa joie de ce qui a pu être fait
dans cette paroisse, surtout eu égard aux
écoles du dimanche. — A la suite du rapport du Consistoire de Villar, on relève
l’action bénie des frères réveillés qui travaillent à côté du pasteur et avec lui à
l’œuvre de l’édification.
Le rapport de la station de Milan bien
détaillé, bien circonstancié n’est certainement de ceux « qui ont été faits au dernier moment, ou même un peu après,
avec une hête excessive', comme l’on se
débarrasse d’une corvée fastidieuse ». Le
rapport fait mention de divers faits intéressants et particulièrement de 10 réceptions dans le courant de l’année.
Le rapport de la station de Pise indique
de 50 a 70 auditeurs au culte principal.
L’Evangéliste ayant exprimé la pensée
qu’il convient avant d’évangéliser d’édifier
la congrégation protestante existante, on
exprime des doutes surHa bonté de cette
manière de voir. L’Evangélîàation est nécessaire même dans les Vallées et par là.
on édifie les membres de là congrégation.
Du reste M. WeiUecker a donné lui-même
4
-15*5
des conférences dans le sens de l’Evangélisation.
La Commission examinatrice do la gestion de la Table lit ensuite son rapport
que le Syuode n’a pas le temps de discuter, l’heure étant trop avancée. L’Assemblée termine par la prière la première
journée do ses séances, après que le
bureau a fait connaître les membres de
la Commission dite des propositions, la(piello doit les classer et les juger.
Les Finances de l’Eglise libre d'Ecosse
III.
rONDS DE B.VTISSES.
(V. N. 18 J
Nous avons décrit dans notre premier
article le mouvement de séparation, tel
qu’il se manifesta dans l’assemblée tenue
à Edimburg en 1843. Ce mouvement se
propagea rapidement et, pour ainsi dire,
instantanément à travers toute l’Ecosse.
Pas de ville, pas de village ou la cause
de la nouvelle Eglise ne comptât de nombreux adhérents; et par conséquent pas
de ville oli il ne fallut bâtir plusieurs
temples, pas de village ou il n’en fallut
bâtir un. — A côté du temple, une. cure
pour servir d’habitation au pasteur était
de toute nécessité, et dans un grand nombre de localités une école venait s’ajouter
aux deux premiers édiûces. Si l’on considère que la plupart de ces édifices devaient être excessivement coûteux , et
que néanmoins ils devaient être bâtis tout
de suite, l’on comprendra aisément l’urgence en môme temps que la grandeur
du besoins et avec quel effort de générosité il devait y être répondu. .Mais la générosité lor.squ’elle est puisée à la vraie
source, lorsqu’elle n’est que la manifestation du zèle chrétien, se peut comparer
à la vapeur. Plus on la presse, plus elle
acquiert d’élasticité et'do force, plus elle
devient oapabl^’œuvre^ui vous remplissent d’etonnementf*et Admiration. —
Telle était bien la nature de la générosité,
telle qu’elle,.se manifesta dans les membres fondateurs de l’Eglise Libre d’Ecosse.
En face j des sommes énormes requises
pour l’érection de tant et de si coûteux
édifices, leur zèle ne faillit point; au contraire, par une réaction plus facile à constater qu’à expliquer, il ne fit que s’accroître et ils donnèrent abondamment do
quoi pourvoir aux besoins. Mais ici encore
le principe du fort aidant le faible, du
riche venant au secours du pauvre, trouve
une application que je recommande à l’attention de nos lecteurs. Chaque Congrégation fut requise de collecter dans son
sein autant qu’elle le pouvait dans le but
de se pourvoir d’une Eglise, d’une cure
et d’une école. — Pour venir en aide à
ces efforts, on eut recours à une collecte
annuelle destinée à former un fonds général do bâtisse et qui devait être distribué entre les congrégations en proportion
du besoin. D’après cet arrangement, les
congrégations riches contribuaient largement au fonds général, mais n’en retiraient
rien, le fonds local (c’est-à-dire, collecté
dans leur sein) étant suffisant à couvrir
les dépenses de leur bâtisses. Par contre
les congrégations pauvres tiraient de ce
fonds général des subventions assez fortes
pour être à même de bâtir des édifices qui le
plus souvent frappent par la richesse et
l’élégance de leur architecture, non moins
que par la bonne entente de leur aménagement intérieur.
Dès la première année la collecte annuelle pour le fonds général se monta à
Lst. 85238 — Fr. 2,130,950.
Les collectes pour fonds
locaux se montèrent a L.
St. 142,598 ...........* 3,564,950.
Total Fr. 5,695,900.
Naturellement les fonds de bâtisse ne
devaient pas subir un accroLs-sement progressif, comme c’était le cas pour les
fonds dont nous avons parlé plus haut.
Ils devaient même diminuer rapidement
à mesure que les Eglises s’étaient pourvues des édifices qui leur étaient nécéssaires. Aussi trouvons-nous qu’en l’an
1869-70 les collectes pour ces fonds ne se
montent plus qu’à L. St. 53336 Fr. 1.333.400,
ce qui ne laisse pas que d’être une somme
considérable.
5
-157
Durant l’espace de 27 ans de 1843-44 à
1869-70, il est entré en caisse pour cet
objet. Lst. 1.721.080 — Fr. 43.026.500,
juarante-trois millions vingt-six mille cinq
cents francs. .4vec cet argent ont été bâties
920 églises, 719 cures, 597 écoles.
Pour faire face aux dépenses nécessitées
par l’erection de trois collèges théologiques
à Edimburgh, Glascow et.4berdeen on recueillit eu dehors des sommes ci dessus,
Lst. 55.000 — Fr. 1.375.000.
J’es[)ère. donner dans une prochaine lettre quel(]nes détails sur les dépenses de
leur entretien, ainsi (¡ue de celui des écoles
normales et île clore cette série d’articles
par quelques données sur les collectes
faites en vue des .Missions, en Ecosse,
parmi les Juifs, sur le continent et parmi
les païens.
H. Meille.
^orreeponbiance.
Cher ami,
Informée par VEcho que son Pasteur
avait reçu la croix de chevalier de la Couronne d’Italie, la paroisse du Pomaret
n’est pas demeurée inditféronte; elle se rejouissait surtout que ce fut en sa qualité
de pasteur qu’il avait eu celte décoration,
car mieux que personne elle pouvait témoigner qu’elle était bien méritée. Cu
banquet fraternel fut donc organisé, a
peine la chose fut possible, auquel prirent post les personnes les plus notables.
Do nombreux toasts furent portés a M'
Lantaret, au Gouvernement libéral qui*
nous régit, à la liberté de conscience de
plus en plus respectée; l’on fit ressortir
la valeur de la décoration, la joie sincère qu’elle faisait éprouver à tous, la
différence de notre temps avec un autre
dont le souvenir e_st encore très vivant.
Dans un remarquable discours, M' Lantaret, tout en se montrant très heureux
de l’événement, déclara qu’il savait parfaitement ce que valait te bout do ruban,
qu’il n’avait jamais travaillé en vue de
cela, mais par l’obéissance au Père céleste, dont la recompense avait seule du
prix à ses yeux; qu’il demandait à sa
paroisse de lui prêter son concours et de
lui accorder sa confiance, afin qu’il piU
remplir avec fruit des fonctions que l’âge
rendait déjà pesantes ; qu’il suppléait
qu’on lui pardonnât des négligences dont
souvent à cause aussi do circonstances
étrangères à sa -volonté il savait qu’il s’était rendu coupable. Ce discours plein de
bonté et de franchise fut acueilli avec une
satisfaction marquée par toute l’assistance;
il fut suivi d’un long et amical entretien
où il fut décidé que chaque premier dimanche du mois toutes les personnes présentes et celles qu’elles amèneraient se
réuniraient pour s’éclairer, s’instruire,
se fortifier, s’édifier les unes les autres
sous la présidence du pasteur. M' Lantaret
avait reçu sa décoration en qualité de
pasteur, il ne l’a pas oublié un moment
même au milieu des distractions d’une
réunion qui, comme ses pareilles, tendait à devenir bruyante, mais qui placée
sous une prudente direction a laissé la
meilleure impression en tous ceux qui y
ont assisté.
Veuille avoir la bonté d’accorder une
petite place pour ces lignes dans ton Echo,
et me croire ton toujours dévoué ami....
Pomaret, le 9 mai 1870.
Turin le 14 mai 1S7I.
Mon cher Rédacteur,
La lettre de nos compatriotes de Rora
est navrante. — Voici 50 francs à leur
adresse, 25 de la part de ma nièce , le
reste de ma part. — Il ne peut pas être
que leurs paroles si émouvantes demeurent
sans écho parmi leurs frères des Vallées
et d’ailleurs. — Envoyez-moi quelques numéros de votre journal pour m’aider à
faire connaître leur position et à leur
chercher des amis compâtissants.
Un V.vudois.
- Nous remercions cordialement notre
honorable correspondant on notre nom
et au nom de nos frères de Rora ; et nous
sommes persuadés qu’il sera tenu bon
compte de la proposition et de l’offre généreux qu’il fait clans le post-scriptum de
sa lettre
6
-158.
(Blanure0.
Le D'Lokharl de Glasgow, voyageant en Angleterre, s’était arrêté
un samedi soir dans l’auberge
d’une petite ville où il se proposait de passer le dimanche. En
entrant, le matin, dans la salle
à manger pour prendre son thé
avant de se rendre à l’église , il
vit deux Messieurs qui se préparaient à faire une partie d’échecs,
et leur adressa la parole en ces
termes: « Messieurs, avez-vous eu
soin de fermer tà clef vos valises?
Non, lui dirent-ils; y aurait-il des
voleurs dans la maison? Je ne
dis pas cela, reprit le D"; je pensais seulement que, si le garçon
entrait en ce moment et vous
voyait en train de vous affranchir
du 4= commandement, la tentation pourrait lui venir de s’affranchir lui-même du huitième ».
Frappé de cette observation,
pourtant si simple, les joueurs
mirent de côté leur échiquier, et
il y a tout lieu de croire que cet
avertissement donné à propos ne
fut pas perdu pour eux.
LeBuon Senso, journal de Rome,
annonce la soumission entière et
illimitée de Mgr. Darbois archevêque de Paris aux décrets du
Concile et en particulier au dogme
de l’infaillibité qu’U avait combattu. On croit que la plupart des
autres .prélats opposants en ont
fait autantl"'
M. Fisch écrit à VEglise libre en date
du 26 avril;
« Jusqu’ici notre grande famille évangélique a été miséricordieusement gardée.
Les églises et les pasteurs protestants ont
été respectés. Il est vrai qu’on a fait une
perquisition chez les diaconesses. On les
a tenues so,us clef pendant qu’on fouillait
la maison; mais on leur a promis qu’à
l’avenir elles ne seraient plus molestées,
et, comme garantie d’immunité, l’on a
hissé le drapeau rouge sur l’établissement.
Les courageuses protestations de MM. Monod et Pressensé, ( contre l’arrestatiou des
ecclésiastiques catholiques), n’ont attiré
sur eus aucune rigueur.
Bâle. Tout l’intérêt religieux est absorbé par la discussion du Grand Conseil
du 1" mai. Voici ce dont il s’agit: la société dite de Réforme eeclé.siastique avait
pétitionné auprès du grand Conseil pour
qu’on mît de côté le symbole des Apôtres
dans l’acte du baptême et dans l’admission des catéchumènes. — Tous les pasteurs en charge, sans exception, avaient
alors signé un écrit adressé à leurs paroisses pour les mettre en garde contre
les tendances subversives de la Société
réformiste. Les paroisses, de leur côté,
ont signé une pétition au grand Conseil
pour demander « qu’on ne touchât pas à
ce qui leur est sacré; » cette pétition porte
2.43Ô signatures, ce qui forme la majorité
des électeurs protestants de Bâle.
La discussion dans le grand Conseil a
duré pendant un jour et demi ; elle a été
calme et digne Les orateurs de la Société
réformiste déclarèrent ne pas vouloir aller
au delà de la suppression demandée en
ce qui concerne la promesse de croire au
symbole des Apôtres, sans prétendre mettre de côté ce document même. Leurs opposants donnèrent la preuve que les tendances modernes allaient bien au delà,
et que les novateurs ne croyaient plus
même, ni à un Dieu vivant, ni à l’immortalité de l’âme, de sorte que, s’ils persistaient, une séparation devenait inévt-
7
-169
lable. Oa croyait que le grand Conseil
passerait à l’ordre du jour sur cette pétition. Mais la majorité la prit en considération et il a été arrêté par 68 voix
contre 48 de la renvoyer au Conseil d’Etat
pour avoir son pi'éavis et pour chercher
un moyeu terme. Le Conseil d’Etat embarrassé l’a renvoyée à la Commission
ecclésiastique. Une séparation de l’Eglise
et de l’Etat pourrait bien sortir de ce comtlit, mais ni le Gouvernement ni l'opinion
publique, tout à fait allemande, à cet
égard, n’y sont favorables, et l’on fera
toutes les concessions possibles plutôt
que d’en venir à cette extrémité; et si
une Eglise libre venait à s’établir à Bâle,
elle ne pourrait compter que sur un bien
petit nombre d’adhésions.
L’anniversaire de la Société Biblique a
été célébré à Londres le 3 mai. — La séance, dit VIndépendant, a été jubilante
et caractérisée du commencemeui à la On
par un accent de triomphe. Jamais, assurément, la société n’a eu un pareil compte-rendu à faire, et nous pouvons ajouter
que jamais elle n’en a fait un, qui fût
plus éloquent et plus saisissant.— On en
jugera par les chiffres suivants: La Société a répandu dans le monde, pendant
l’année écoulée, près de quatre millions
(3.903.067) d’exemplaires, complets ou
partiels, des Saintes-Ecritures. Depuis sa
fondation elle en a publié 63 millions 299
mille 738 exemplaires.
Les recettes ont été, pendant cette année, de plus de quatre millions et demi
de francs.
Oenève. H y a à Genève une grande
agitation électorale, pour le renouvellement du Consistoire. Cette élection aura
lieu dimanche 21 mai dans le temple de
S‘ Pierre, sous la présidence de M' Flammer et la vice-presidence de M' le professeur Cougnard , appartenant, l’un et
l’autre au parti libéral. Et l’on pense que
ce parti l’emportera.
(Chronique ®aubot6C
Tu.i?ln. Le 6 mai dernier a eu lieu à
Turin l’inauguration du nouvel Hôpital
Evangélique de rue Berthollet, 36. — La
cérémonie commença par un beau chœur
allemand fort bien exécuté par quelques
jeunes gens ; ensuite M. le pasteur Meille
prononça un discours où, après avoir béni
le Seigneur pour ses bienfaits;, il rappela
l’origine du Refuge. Ce fut M. le pasteur
Am. Bert qui en eut la première idée en
1839, et la première délibération du Comité fondateur porte les signatures de
MM. A. Bert, L. Long et J. Malan et la
date du 14 octobre 1842. — Le Refuge fut
ouvert en 1843 avec deux ou trois lits
dans une chambre de casa Bellono , rue
du Valentin ; pendant quelques années ,
le nombre des malades ne dépassa guère
celui de vingt, puis celui de trente, et il
s’est élevé , ces derniers temps , jusqu’à
celui de 90. Il a été et est ouvert à tous les
protestants, à quelque nationalité qu’ils
appartiennent, et il a recueilli déjà 1572
malades pourj lesquels ont été dépensés
plus de 92.000 francs.
L’année 1858 le Refuge fut transféré dans
la maison paroissiale de via Pio Quinto.
Ce local', bâti pour un autre but, n’était
pas très propre pour un hôpitpi. On désirait un autre emplacement, mais les
moyens de se le procurer manquaient,
lorsque le Seigneur parla au cœur du
vénérable banquier M' L. Ltîng qui envoya le 1' avril 1869 au Consistoire un
don de 50.000 francs pour cet objet. —
Après la prière de consécration, prononcée par M. Meille, la cérémonie fut terminée comme elle avait commencé, par
un chant exécuté par un chœur de jeunes
allemands.
Chronique politique.
Italie. La Chambre a adopté par 151
voix contre 70 la loi des garanties papales avec les amendements qui y ont été
introduits par le Sénat.
8
-160
— Rome. Les cléricaux ne se contenteat plus de faire la guerre à la liberté
par leurs sermons et par leurs journaux.
Dimanche soir, 8 mai, des personnes
malintentionnée^ ont jeté dans la cour de
la Chapelle évangélique méthodiste de via
dei Barbiéri, une bomhe, heureusement
en papier, laquelle a éclaté, ébranlé la
maison, éteint toutes les lumières, et bou
ché les vitres des fenêtres. Bon nombre
de personnes des deux sexes étaient paisiblement réunis à une conférence évangélique de M' Sciarrelli. Naturellement la
confusion fut extrême ; — mais on n’eut
qu’à regretter quelques contusions et quel
ques légères blessures.
— La Curie Romaine voyant que tous
les gouvernements d’Europe sont rassasiés de ses concordats, s’est adressée au
Grand Turc pour en conclure un avec lui.
Les journaux catholiques sont en extase
devant ce fait et VUnità Caltolica s’écrie
que le gouvernement Turc est le plus
loyal de tous les gouvernements et que
la demi-lune du Grand-vizir vaut mieux
que la croix du D' Lanza.
Du reste l’alliance du Pape et du Sultan
n’est pas une chose nouvelle. Ou sait
l’utilité qu’en a retiré le pape Alexandre
VI Borgia.
Allemagne. Les étudiants de l’Université de Muhich et la Société académique de chant ont l’intention de s’entendre avec les étudiants de toutes les
universités/illemandes pour présentër une
adresse au chanoine Dôllinger.
La Gazette du peuple de Berlin qui suit
avec attention le mouvement religieux
en Allemagne annonce une singulière pétition adressée àu Parlement allemand et
demandant que l’Empire établisse un antipape pour en arriver à la création d’une
église nationale.
Franofort. Le traité définitif de
paix a été signé à Francfort entre les plénipotentiaires de l’Allemagne et de la
France.
Mais la guerre continue entre français
et français. La Commune ne fait pas mine
de vouloir céder; cependant l’anarchie
croit sans mesure dans son sein. Rossell f
le successeur de Cluseret a donné sa démission déclarant ne pouvoir plus assumer
la responsabilité d’une administration militaire 011 tous commandent et oli personne n’obéit.— Cependant il est question
d’arrêter Rossell, comme a été emprisonné
Allix qui est devenu fou.
Le 10 mai le fort d’Issy a été pris et
occupé par les troupes de Versailles, lesquelles ne sont qu’a 300 mètres du mur
d’enceinte contre lequel elles établissent
des parallelles. M. Thiers a- adressé une
proclamation aux parisiens, et les a invités à mettre bas les armes en leur promettant une large amnistie. - La partie
saine de la population de la capitale est
priée de joindre ses efforts à ceux des
troupes dès qu’elles seront parvenues à
faire une brèche, à démolir une porte et
â entrer dans la ville. — Nous pouvons
espérer que le Gouverment de Versailles
est maintenant assez fort et assez énergique pour rétablir Tordre et faire cesser
un étatde choses, qui, s’il devait continuer
encore quelque temps, serait la ruine de
Paris.
Dôllinger prépare une réponse à Texcommunication dont il a été l’objet et le
prof. Friederic a déjà publié un opuscule
ou il reproduit les arguments qu’ont fait
valoir les évêques eux-mêmes dans leurs
discours au Concile contre le dogme de
l’infaillibilité. Il lui est facile de prouver
que le Concile lui-même n’est pas valide
et que Tévêque de Munich excommunié
Eour sa conduite tenue pendant Tassemlée du Vatican n’avait pas le droit de
l’excommunier.
Mais pendant que les laïques et le clergé
inférieur s’agitent, les évêques ne sont
pas restés fidèles à leurs principes. C’est
une désertion générale même en Allemagne où Tépiscopat est encore le plus respectable et instruit. Le seul évêque qui
fasse exception c’est Strosswager dont un
récent télégramme dit qu’il est aussi ferme
que jamais et dont le journal qui lui sert
d’organe dit ouvertement que l’Eglise est
maintenant appelée à choisir, entre la
résurrection, ou l’indifférentisme et la
mort.
icrance. Le fort de Vanves a été
évacué par les fédérés et occupé par les
troupes de Versailles.
E. Mxlàn Directeur-Gérant.
Pignerol, Impr. Chiantore.