1
Slxlèm© anixóo.
IV. 13.
31 Mars ISTI.
L’ECHO DES VALLÉES
FEUILLE HEBD0M.4DÂIRE
8|iécial«in<^fil consacrée ati\ intérêts inntériels et spiritaels
(le la Famille Vaudoisc.
Que toutes les choses qui sont véritables.,
vos pensées — ( Pkiîippiens., IV, 8.)
occupent
PRIX d’abonmehent :
Italie, a domicile fnn tm» Kr. 3
Suisse.................• ô
France................«b
.\llema;;ne
AngleieiTo, Pays-Bas . • 8
Un nnmét'O séparé : 5 cent,
t’u numéro arriéré : 10 cent.
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Lettres et envois franco. S'adresser pour l'administration
au Bureau n Torre-Peliice ,
via Maestra N. 42.— polirla
rédaction ; â Mr. E. Malan
Prof. Ò. Torre-Pellice.
Som mairie.
Instruction primaire — Corresponilance. —
Xonvelies religieuse^:. — Glanures. — Chrotiique
vaudaise. — Chronique politique.
INSTRUCTION PRIMAIRE
Nous avons publié, dans notre
dernier N°, une longue lettre de
M' Bert sur ce sujet important
et notre réponse n'a pu y trouver
place. Nous renonçons aujourd’hui
à relever d’une manière détaillée
les points sur lesquels nous avions
à répliquer et nous entrons sans
autre eu matière. Nos lecteurs
n’y perdront rien. Nous nous interdisons une satisfaction personnelle, et ce n’est pas un mal.
Nous constatons d'abord un fait
important, c’est que M' Bert reconnaît à l’Eglise'Vaudoise le droit
d’avoir ses écoles et de les administrer . qu’il lui reconnaît la
possession des locaux que nous
avons revendiquée. Nous prenons
note des quatre alternatives qu’il
formule sous forme de conclusion.
Nous souscrivons à. toutes,.,sauf
à la dernière, s’il est vrai,;qu’il
y ait antipathie entre les Conseils
communaux et les Consistoires et.
que, à cause de cela, les écoles
soient condamnées, au point de vue
administratif, à cheminer horriblement mal.
Que les Consistoires aient leurs
écoles, qu'ils les maintiennent et
les dirigent, nous les y avons
exhortés noiis-même; que les Conseils communaux aient les leurs
ou celles qu’ils croiraient nécessaires: ce sont là les deux premières conclusions de M'' Bert.
Que les Municipes aident les écoles
des paroisses aux conditions contenues dans la troisième alternative ; voilà un point de vue important sur lequel nous désirerions
appeler l’attention de nos lecteurs.
C est le point de vue le plus large,
le plus pratique, le plus en rapport
avec notre histoire et nos besoins.
C’est celui du bill sur l’instruction
publique, adopté en Angleterre
l’année dernière, et dont voici
les points essentiels, tels que nous
les trouvons résumés dans les
termes suivants par la Liberté
\chrétienne. . L’Etat, nous est-il
2
.(98)
dit, intervient en Angleterre de
deux manières dans l’enseignement
populaire : par ses subsides , et
par une inspection fortement organisée. Le bill, à ce sujet, est
remarquable; son économie générale
consiste à unir l’action de l'état
à celle des individus, des églises
et des associations pour avancer
l’instruction populaire. Il ne prétend rien fonder de fond en comble,
sans le concours des initiatives
privées; mais il encourage celles-ci
par ses subsides; il les appelle à
lutter avec lui pour faire jaillir
du sol de la vieille Angleterre
autant d’ecoles qu’il en faut pour
distribuer à tous la nourriture
intellectuelle; et n’agit seul que
là où il lui manque absolument
le concours des individus, des
Eglises ou des associations. Dans
ce cas, et c’est un des principes
de la nouvelle loi, il faut bien
qu’il agisse et qu’il fonde l’école
entièrement à ses frais et sous
sa direction. — Mais ce cas se
présente rarement, grâce à l’esprit
d’initiative du peuple anglais. Le
rôle du Gouvernement se borne
à encourager l’éclosion de l’école
et à en surveiller , par ses inspecteurs,l’enseignementetlamarche» .
Çà suivre).
Corrc6|)onbanc(e.
Lousbeok ArnUem, 10 mars Î871.
Amis lect&itrs,
C’est des écoles du dimanche et de Noël
tpie je voudrais vous dire aujourd’hui
quelques mots. Vous savez tous que cette
fêle est célébrée par toutes les Eglises
chrétienues ; mais elle se distiugue chez
les peuples du Nord. Ce n’est pas en Hollande toutefois , mais dans un pays voisin, l’Allemagne, que son vrai caractère
est le mieux compris. L’influence bienfaisante de ce pays, ainsi que celle de l’Angleterre, s’est fait sentir déjà ici: dans les
villes comme dans les campagnes, on
commence à s’intéresser davantage au
développement religieux des enfants et à
tout ce qui peut contribuera gagner leurs
cœurs..
Me trouvant, à Noël dernier, dans un
joli village de Nord-Hollande, non loin
du Zuyderzée, je fus invité à assister à
une petite fête des enfants de l’école du
dimanche.
Plus de 200 enfants, quelques-uns d’un
âge encore bien tendre, et malgré un
froid de 8‘ au dessous de 0, se trouvaient
réunis autour de l’arbre traditionnel, orné
et décoré avec autant de simplicité que
de goût.
La fête, dont il serait trop long de vous
raconter les détails, fut vraiment magnifique.
A qui maintenant ces 200 enfants, et
votre ami avec eux, étaient-ils redevables
des instants de bonheur et de joie qu’ils
goûtèrent là? — Au pasteur? — On pourrait s’y attendre , mais ce n’était pas à
lui. — A quelque personne éminente ? Pas
davantage. — C’est à un comité laïque do
Messieurs et de Dames dont le président
est un simple et honnête fabriquant de
l’endroit.
Un tel fait n’est pas unique ; loin de là.
Presque toutes les écoles du dimanche,
en Hollande, sontdûesà l’initiative privée.
Est-il toujours nécessaire que le pasteur
soit à la tête? Si cela se peut, c’est très
bien; mais à défaut de son concours, on
peut aller en avant quand même. Il ne
s’agit que de vouloir.
On a débattu à la Tour, la question de
l’observation du dimanche,! et je vois
qu’une société s’y est organisée, pour
avancer la sanctification de ce/jour: sachez bien que le meilleur moyen d’arriver
à un heureus résultat est de travailler
sur fa jeunesse et l’enfance; les personnes
d’âge mûr .se rendront diffldiement, mêipe
aux raisons les’plus persuasives.
3
.(99)-.
Eh bien ! si vous voulez qu’à Noël prochain il y ait, dans chacune de nos paroisses, une fête pour les enfants et qu’ils
se réjouissent ensemble de la Naissance
du Sauveur, commencez sans retard, en
employant les moyens que vous avez, —
Dieu n’en demande pas davantage, — par
ouvrir des Ecoles du Dimanche. Quand
elles ne seraient pas nombreuses, quand
les parents objecteraient les difficultés
qu’il y a d’y envoyer leurs enfants, qu’importe ! formez un noyau, il en sortira un
germe qui poussera des racines et des
branches, et, avec la bénédiction do Dieu,
portera des fruits. Et là où elles existent
déjà, vous qui comme moi, grâce au
Collège ou à l’Ecole Normale, avez quelque instruction et savez l’apprécier, faites
valoir votre talent pour soutenir ces excellentes institutions.
Retenons bien ceci: dans l’enfant, il y
a l’homme, il n’y manque que le développement, et son avenir, ainsi que celui
de nos populations et de nos églises, dépend du soin que nous en prenons.
Dois-je penser, en prenant congé de
vous, lecteur, que c’est là encore un
écho, qui aura le sort de tant d’autres:
on l’entend et on l’oublie?
Un vaudois dévoué
H. Gat.
Nous sommes heureux de pouvoir dire à notre correspondant
et à nos lecteurs de Tétranger
qu’il y a dans toutes nos paroisses
une ou plusieurs écoles du dimanche. dirigées pour la plupart
par des pasteurs, quelques unes
par des professeurs, des instituteurs ou par d’autres personnes
de bonne volonté. Nous avons eu
aussi déjà, depuis bien des années,
dans quelques localités, des fêtes
de Noël pour les enfants; mais
chez-nous ces fêtes se rattachent
généralement plutôt aux écoles enfantines ou aux écoles primaires
inférieures qu’aux écoles du dimanche. Mais les exhortations et
les encouragements de notre ami
ne sont pas de trop , et nous espérons qu’ils seront entendus.
Florence, le 22 mars 1871.
Monsieur le Directeur,
Je lis dans votre Chronique Vaudoise
qu’à l’occasion de la visite pastorale de
S‘ Jean un membre do l’assemblée a proposé (le supprimer complètement l'usage
de la bible dans les écoles. J’avoue que
cette proposition m’a un peu surpris. Je
suis entièrement de l’avis du proposant
sur l’abus que l’on fait do la Bible. Que
le mot Bible devienne pour les enfants
synonyme de punition, c’est une monstruosité. Donner, pour tâche de punition,
à apprendre une portion quelconque de
la Bible c’est imiter l’église romaine qui
absout un pénitent à la condition qu’il
récite force Ave et force Pater. Le pénitent catholique ne sera pas meilleur après
cette « vaine redite » et le pénitent vaudois n’aura pas changé quand même à
genoux, il aura appris un psaume, fâtce même un des .sept pénitentiaux. Se
servir donc de la Bible comme moyen de
punition ou comme simple livre de lecture , c’est la faire prendre en horreur.
Mais la supprimer complètement ! Je
n’en suis plus. Je me demande comment
notre église a suscité tant de généreux
amis et tant de sympathies ; je me demande comment nous avons pu, nous
relégués dans nos Vallées, partir de Pral
et aller planter nos tentes à Palerme; je
me demande comment il .«e fait qu’on
prêche même sous le nez du pape et je
réponds: c’est cette Bible qui nous a été
donnée entre les mains depuis notre plus
tendre jeunesse qui a fait tout cela..
D’ailleurs que seraient nos écoles sans
la Bible? dos écoles comme il y en a
tant; et si on demandait aux pères de
famille ce qu’ils en pensent, ils seraient,
je crois, unanimes à répondre : il faut que
nos enfants aient la Bible. Je conviens
qu’il faut savoir s’en servir, mais si ou
ne le sait pas, est-ce une raison pour la
proscrire ? Qu’on exige de nos jeunes gens
qui se vouent à la carrière de l’enseigne-
4
.190
ment des études plus solides, qu’on leur
fasse subir des examens plus sévères et
qu'on les paie mieux. —Il nous faut doue
la Bible ; toutefois , si nous avions un résumé de l’Histoire Sainte dans les termes
mêmes de la Bible, comme en ont les
écoles protestantes de la Suisse et de la
France, je serais heureux de le voir introduire dans nos écoles, pareeque j’y
vois certains avantages.
Je ne veux nullement susciter une polémique ; je ne trace ces lignes que pareeque je m’intéresse à tout ce qui a rapport aux écoles.
Je me réjouis donc à l’avance de lire
l’étude spéciale que vous promettez à vos
lecteurs sur ce sujet.
Veuillez me croire, Monsieur le Directeur ,
Voire décollé
Jean Garnier.
^ouücUc0 rcltjgtcuscô
Suisse. La Société des traités
religieux du Canton de Vaud. qui,
depuis quelques années, distribue
de 100 à 110,000 traités, en a distribué, pendant les sept mois de
guerre , pour les soldats 260.000,
sans tenir compte de la vente ordinaire, et en très grande partie gratuitement. Presque tous ces traités
ont pris la route de l’Allemagne,
excepté 18.000 qui ont été expédiés
directement en France. — Ainsi le
Comité de Lausanne s’est trouvé,
par la force des choses , et par le
fait même de la neutralité de la
Suisse, un des principaux intermédiaires entre la France et l’Alle-i
magne. Noble tâche! Puisse.dans'
bien des coeurs français,'la lumière
de l’Evangile dissiper les ténèbres
dé^ riqcréduUté^ et ^ remplacer. le
orépusciilei,de la. SuperstitioD,!
Angletâri*e'. DepuiSie premier
janvier de cette année, l’Eglise
protestante épiscopale d'Irlande
n’est plus une institution.,de l’état
et ses évêques ne siègent plus à la
Chambre des Pairs. Ses pasteurs
ne sont devant la loi que de simples citoyens. Clercs et laïques se
sont donné beaucoup de peine pour
s'organiser en église indépendante
de l’Etat. On n’en est encore qu’à
essayer ses forces ; mais il paraît
que ce n’est pas sans quelques bénédictions puisque un des journaux
les plus conservateurs de Londres,
qui poussait des cris de lamentation
pendant l’agitation qui a abouti à
la séparation de l’église et de l’état,
annonce aujourd’hui à ses lecteurs
— que les ennemis de l’Eglise
sont complètement désappointés du
grand service qu'ils ont rendu à
celle-ci qui est maintenant plus forte
que jamais.
Bel exexii^\e'présentéà VEglise
Vaudoise. — Nous lisons dans le
Corriere evangelico : Dans le courant de l’année 1870 les habitants
des lies des Amis, dans l’Australie,
ont contribué plus de 38.000 francspou r leur propre culte et près de
125.000 pour les Missions évangéliques parmi les peuples encore sauvages ; et ceux^des îles Sanâ-wich ,
qui, il y a 50 ans, mangeaient encore de la chair humaine et ensevelissaient vivants leurs enfants, ont
maintenant 58¡églises, 7000 comm-uniantsi une société de Missions
et des écoles-publiques dans desquelles la plus grande I partie des
enfants du paye reçoit une excel* l
lente'éducation religieuse.
1 !'X 3ilU; IVli >«—éii • ”
5
-101
(Blanurcs.
Résignation chrétienne. —
Nous ne résistons pas à la tentation
de reproduire un passage d’un
art. de M'' L. Pilatte dans VEglise
libre, lequel ne doit pas toute sa
valeur.à l'actualité, quoiqu’il soit
inspiré par les terribles épreuves
par lesquelles le Seigneur fait
passer la France.
« Tandisque la souffrance brise
le cour.age des coeurs étrangers à
Dieu et les réduit à l'impuissance,
elle redouble l’énergie du Chrétien.
S'il est atteint dans ses biens terrestres, c’est un fardeau de moins
à porter dans la course qu’il doit
poursuivre, une tentation de moins
au luxe et à la vanité. S'il a' été
blessé dans ses sentiments patriotiques, c’est pour lui un motif
de plus d'attachement à la patrie
d’en haut, qui ne connaît ni les
défaillances ni les défaites. S’il a
souffert dans son corps, le délabrement de ce tabernacle terrestre
donne à ses yeux un plus grand
prix au corps glorieux qu’il attend
de la résurrection. Si la mort de
ses bien-aimés l’a laissé solitaire,
son cœur s’élève plus aisément
vers le séjour où ceux qu’il aime
sont plus nombreux maintenant
qu’ici bas. S’il n’a connu de la
vie que ses privations et ses douleurs, avec quelle sainte passion
il s’attache à Celui dont l’amour
peut tout remplacer!
Ainsi fortifié par tout ce qui
semblait l’affaiblir, il poursuit à
travers ses épreuves la tâche que
Dieu lui a assignée. Plus elle est
grande' et difficile, plus il y met
d’ardeur et de constance. Les
yeux fixés sur Jésus-Christ, son
maître et son modèle, il se donne
à tous après s’être donné à Dieu.
Dans l’Eglise et dans le monde,
pour les devoirs publics, comme
pour l’exercice de la charité, il
est prêt et prompt à l’action ,
heureux de pouvoir, eu quelque
mesure, ressembler a Celui qui
passa sur la terre en faisant du
bien ■>.
Voici un témoignage d’un maître d’école
(|ue nous reproduisons à l’adresse dos
personnes qui voudraient, aussi parmi
nous, bannir des écoles renseignement
religieux.
« Je déclare franchement que vouloir
abolir l’enseignement religieux dans les
écoles, ce n’est pas seulement méconnaître les principes fondamentaux de la
pédagogie, mais ôter le plus solide appui
à l’autorité du maître. La religion doit
être dans les écoles la base de tout l’enseignement. Un bon maître se servira de
l’histoire pour montrer que Dieu dirige
le sort des peuples, de la géographie pour
faire admirer la sagesse de Dieu dans
l’ordre avec lequel sont distribués la terre,
l’eau, l’air, le feu, etc., de l’histoire naturelle pour exalter la grandeur du Créateur par le nombre et la variété des
êtres... — Le maître dans tout sou enseignement doit commencer avec Dieu et
finir avec Dieu ; de celte manière il préparera le chemin à une plus ample instruction religieuse. Du reste la crainte de
Dieu est le moyen plus sûr de dominer le
sentiment et la volonté de la jeunesse en
toute circonstance, comme aussi d’ennohlir le cœur et de perfectionner l’intelligence. La crainte de Dieu est le commencement de la sagesse ».
Chtontciuc ®auboÎ6£
Nous recevons d’un de nos abonnés, à
propos d’une assemblée de paroisse de
jVillar, M* E. P., un travail sous le titre
6
-102
de La libre nomination des pasteurs et les
paroisses de montagnes. Nous en publions
les passages principaux, laissant du reste
à l’auteur la responsabilité des vues particulières qui y sont émises.
« Dans peu d’années, l'on sera étonné
que la libre nomination des pasteurs par
les paroisses ait été entravée pendant plus
de quinze ans dans l'Eglise Vaudoise, sous
prétexte d’assurer un ministère régulier
aux paroisses de la montagne. C’est ce
que la discussion a mis en évidence dans
l’assemblée paroissiale de Villar-Pélis du
19 courant, laquelle a accepté à l’iinanimité le principe de la libre nomination
des pasteurs , comme l’avaient déjà fait
les paroisses de Pomaret, de S. Germain,
<le Pramol, de Prarustin, de S. Jean, de
Rorà et de la Tour.
« D’abord il est juste de reconnaître que
la distinction de paroisse de montagne
est fondée sur la nature, des choses. Car
les paroisses de Pral, Rodoret et de Massel (1) auxquelles l’on applique cette dénomination, sont aussi élevées, aussi sauvages, aussi froides que nos Alpes, et ne
possèdent qu’une population clairsemée ,
éloignée des approvi.siounements en blé et
en vin et privée de la plupart des res
sources d’instruction et d’agrément de la
Tour et même de Pomaret ; et l’expérience
a montré combien il est triste pour un
pasteur de vieillir avec sa famille, dans
un isolement prolongé, loin de toute société cultivée. C’est pour assurer aux paroisses de montagne des pasteurs dans la
force de l’âge, que l’on a imaginé de contraindre les ministres à faire leur tour de
montagne, et toutes les autres à se pourvoir de conducteurs en s’adressant à ceux
de la montagne par ordre d’ancienneté.
« Mais cette triste combinaison ne porte
que des fruits bien amers, savoir : l’irri
(l) Depuis l'organieaiion de la paroisse de
Périer Maneille’, il n'y a plus lieu à assimiler Maneille aux trois autres paroisses de
montagne comme l'avait fait le Syriode de
JS48, à l'art. 14 de ses Actes. L’art. 7 de la
Discipline adoptée au Synode de 1839 n’indiquait que Pral, Rodoret et Masdel.' IJ ■■ 'qo lie.' Il' ifYNotàjde Filt4teaf)i!i
talion et le mépris de4a loi. Les jeunes
ministres qui n’on't pas de goût pour la
montagne (ou plus souvent qui n’y ont
point de place) s’en dispensent en faisant
accepter comme tour de montagne leurs
travaux dans le champ de l’évangélisation
(ou de l’enseignement); et les paroisses
qui ne veulent pas de tel ou tel pasteur,
savent très bien se mutiner contre son
droit. De plus, ce système ne donne à la
montagne que des ministres novices et
sans expérience, et avec cette idée de tour
à faire, de filière à suirre, l’ancienneté du
rang prend la place du vrai mérite.
«Due tentative, qui n’a pas abouti, a été
faite en 1865 et 1866 pour introduire un
nouveau système. L’on estimait suffisant,
pour sauvegarder les intérêts des paroisses de montagne, d’augmenter les salaires
de leurs pasteurs, et l’on proposait en
conséquence d’arriver à la libre nomination moyennant des contributions volontaires do tous les membres de l’Eglise (1).
« Mais ce système n’a pas été approuvé
par les assemblées paroissiales (ni par le
Synode) pareeque, examiné de près, il
s’est trouvé reposer .sur une idée erronée.
En effet, quoique l’aisance soit agréable,
ce qu’il faut aux pasteurs de montagne
c’est moins de l’argent que la certitude
de ne pas vieillir, de ne pas y rester
comme enfouis au préjudice de leurs familles.
<< Maintenant on en revient à la libre
nomination qui sera sans doute rétablie,
parcequ’elle est dans nos mœurs et dans
notre histoire, qu’elle est un principe d’ordre, de tranquillité, un principe biblique ».
L’^Auteur propose enfin pour que la libre
nomination soit aussi favorable à la mon
(1) On espérait aussi, en prescrivant une
pareille collecte , arriver à former un fonds
d'Eglise. Mais des collectes pour des besoins indéterminés ne réussissent jamais,
tant qu'elles seront faites par des corps inamovibles, tels que nos Consistoires* qui ont
de la répugnance à sé trouver en face des
Assemblées paroissiales pour leur rendra
compte.de leur gestion et qui éludent mémej
d’avoir des diacres imposés par la Constitution-. ■■ o“ (îitel« dé TAulenrl *
7
--103
tagae qu’à la plaiue deux autres mesures,
la première c’est to mobilisation générale
des pasteurs tous les cinq ans, ou eu d’autres termes la nomination des pasteurs
pour cinq ans seulement ; la seeoude serait
qu'un ministre ou pasteur ne pût refuser
un appel de la part des paroisses de montagne , s’il n’y avait pas encore servi, à
moins que son refus ne fût appuyé par la
Table.
L'espace nous manque pour examiner
quelques unes des vues de notre correspondant. Mais nous nous hâtons de dire
que nous ne saurions approuver ces doux
mesures. Le remède serait pire que le mal.
Tout en voulant nous donner la liberté ,
on établirait un bel et bou esclavage et
pour lesj pasteurs et pour les paroisses.
Nous oublions beaucoup trop aux Vallées,
qu’il n’y a plus seulement des pasteurs,
mais des évangélistes et des professeurs.
La Commission d’évangélisation en particulier a besoin, à cause de la nature de
son œuvre|, d’une entière liberté. Cette
même liberté doit être donnée à cause de
cela même et par divers motifs, aux paroisses. C’est notre intime conviction ,
quoique nous ne nous dissimulions pas
les inconvénients 'qui en résulteront et
que nous ne soyons pas de ceux qui
voient dans la libre nomination une panacée universelle, notre Eglise étant ce
qu’elle est au point de vue spirituel. Si
elle n’était composée que de croyants,
non seulement celle mesure ne présenterait aucune diiTiculté, mais les inconvénients d’un ordre extérieur et secondaire seraient bientôt dissipés. A mesure
que nos paroisses feront des progrès dans
la piété, elles se rendront dignes de la
liberté; — elles n’auront pas à craindre
d’être dépourvues de conducteurs, comme
aussi les pasteurs de la montagne peuvent
être assurés de ne pas vieillir dans ces
rudes contrées, en règle générale, nous
ne disions pas pour peu qu’ils aient de
talent ; mais s’ils sont animés d’un vrai
zèle pour le salut des âmes.
La Tour. L’assemblée paroissiale
de la Tour était réunie le dimanche 26
mars pour entendre la lecture du rapport
annuel du Consistoire. — Le nombre des
assistants était considérable, et ils ont
prêté a la lecture du rapport et à la discussion qui a suivi une attention soutenue.
Plusieurs personnes ont pris la parole.
— Serait-co un démenti donné à VEcho
pour son compte-rendu de la dernière
visite pastorale? Nous le désirons sincèrement et nous exprimons le vœu que ce
démenti soit toujours plus complet et plus
réel.
L’a.ssemblée a pris trois résolutions importantes. 1“ De prier le Consistoire de
faire parvenir à la .Société de travail pour
les pauvres l’expression de sa reconnaissance. — 2' De le charger de s’adresser
à M. le Syndic de La Tour pour que les
lois existantes sur la mendicité soient mises en exécution. — 3" De l’engager à
prendre des mesures pour que les nécessiteux de la paroisse soient secourus à
domicile et autant que possible par les
membres de leurs quartiers.
Après une séance de deux heures, l’assemblée s’est ajournée à dimanche 2 avril.
ClxroniC|ue politique.
Italie. — Le Parlement a terminé
la discussion de la loi des garanties papales et de la liberté de l’Eglise et l’a
adoptée par 185 voles contre 106. Nous
avons fait connaître à nos lecteurs les
principaux articles de la première partie
de ce projet, nous citerons encore ici le
17*, ainsi conçu; «Sont abolis le placet
royal, Téxequatur royal et toute autre
forme d’assentiment gouvernemental pour
l’exécution des actes de l’autorité ecclésiastique; et le 18*: «En matière spirituelle
et disciplinaire , l’appel comme d’abus
contre les actes de l’autorité ecclésiastique
est interdit. La connaissance des effets
juridiques de ces actes, comme de tout
autre acte de cette autorité, appartient
aux tribunaux ordinaires. Toutefois ces
actes sont sans effet s’ils sont contraires
aux lois de l’Etat et assujettis aux lois
pénales, s’il constituent des délits».
8
Avant la votation sur l’ensemble deila
loi, Thon.- Sutis propose un article additionnel par lequel on déclarerait que toutes
les dispositions contenues dans le projet
actuel sont applicables à toutes les Eglises
non catholiques de l'Etat, et qu’on pourvoirait par une loi spéciale à la dotation
de ces Eglises et de leurs ministres. Le
rapporteur de la Commission, l’hon. Bonghi,
fait observer qu’une pareille déclaration
serait non seulement inutile mais nuisible:
elle ferait en effet supposer que les cultes
non catholiques n’ont pas été jusqu’à
présent absolument libres. L’orateur ajoute
qu’il a interpellé à ce sujet quelques ministres autorisés des cultes non catholiques et qu’ils ont tous répondus qu’ils se
croyaient suffisamment libres. L’orateur
donne lecture de plusieurs lettres de personnes qui avaient répondu à son interpellation. — Toutefois pour plus de garantie et de sûreté Thon. Mancini propose
un ordre du jour conçu en ces termes:
« La Chambre, ouï les déclarations de
la Commission, et croyant que l’exclusion
de toute ingérence gouvernementale dans
l’exercice de tous les cultes professés dans
l’Etat sera maintenue, passe à l'ordre
du jour ».
Cet ordre du jour est adopté à une
grande majorité.
Le Sénat a poursuivi, achevé la discussion de la loi militaire, et a réellement
approuvé l’art. 5' de sa Commission qui
contient, entr’aulres dispositions, celle
dont nous avons déjà entretenu nos lecteurs, et par laquelle les élèves catholiques inscrits dans la 2“ catégorie sont
dispensés du service militaire, avec l'obligation de servir en temps de guerre
jusqu’à r acco^mplissement de leur 34'
année, cooime j cAapelains müilaireti et
les aspirants au-,ministère du culte dans
d’autres communions religieuses tolérées
par l’Etat, à la condijion.de servir comme
infirtniers. — Quelle eapèee d’égalité «t
d’impartialité! Nous ferons connaître à
nos lecteurs les i principales dispositions
de cette loi,,dès qu’elleaura été approuvée
et, nous l’espéron?, corrigée ppr la Ghauir
bre élective à laquelle elle xnient d'élre
présentée.! I li 'h'?- 'uéq
-104_________________________________________
Franee. Paris' est en 'pleine révolution. Le gouvernement légitime et
l’armée ont abandonné cette belle capitale
et se sont retirés à Versailles oh se concentre l'armée. Les révoltés, qui n’occupaient d’abord que les faubourgs de la
Villette et de Belleville et le quartier'de
Montmartre, sont maîtres de la ville tout
entière. Leurs chefs sont des personnages
inconnus, excepté Flourens et Blanqui
démagogues forcenés condamnés à mort
en contumace. Les généraux Lecomte et
Thomas, faits prisonniers par ces amis de
la liberté, ont été indignement massacrés.
— D’après les dernieres nouvelles les généraux Ducrot et Raspail auraient eu le
même sort. Marseille aurait proclamé la
commune à l’exemple de Paris. Cette révolution est plus .sociale que politique.
C’est une levée de boucliers de la classe
ouvrière , de la partie du moins qui ne
veut pas travailler et beaucoup dépenser,
et de ses misérables flatteurs, qui sont
les chefs de bande, contre les riches et
les personnes aisées.
Sixlsse. Une émeute de même caractère a eu lieu à Zurich. L'ordre a été
troublé, la liberté méconnue. Le signal
a été donné, à ce qu’il paraît, par Vassosociation internationale des ouvriers et le
prétexte a été une réunion de 900 allemands qui se réjouissaient en commun,
dans un banquet, des victoires de leur
patrie et de la paix. Après avoir attaqué
cette assemblée paisible et sans armes,
les émeutiers ont assiégé les prisons et
ont tenté d’en élargir leurs hôtes. Le sang
a été versé. C’est ainsi que la Suisse est
travaillée par les haines sociales comme
les autres pays. Le maliici, comme à Paris,
est dans l’envie de celui qui possède
tïtoins contre celui qui possède plusjiLe
remède se trouve sans doute dans une
protection efficace des gouvernements de
totgs les droits naturels des ouvriers contre les empiètements :des riches, dans la
bienfaisance chez ces', derniersi, mais par
dessus tout dans’ l’Ev^gile accepté et
pratiqué par les uns et par les autres.
E. Malan Directeur-Qérant.
■ic iq Pigneroli Impr. CMantoro.