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Quatrième ânnée.
27 Septembre 1878
N. 39
LE TÉMOIN
. ÉCHO DES VALLÉES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi i ..
me eevez témcins. Actes 1, S, Sui'oant la t>éritê avec la charité, Ep. 1; 15.
PRIX D’ABBONNBMENT PAR AN ÎtalîB . , . . L, 3 Tous l«8 pays de TUnion de poete . . . * 6 Amérique ' . . . »'9 On s’abonne: Pour l'Intérieur chez MM. tes Ästeurs et les libraires de Torre Pellice. Pour rÆ^éCidriewr au Bureau d’Ad- ministration. Un numéro séparé ; 10 centimes. Annonces :25 centimes par ligne. Les envois d*argeitî ae font par lettre vecommandée bu par mandats sur le Bureau de Fe- rosa Argentina,
Pour' la RÉDACTION adresser ainsi : A la Direction du Témoin, Pomaretto (Pineroî&j Italie. Pour T ADMINISTRATION adresser ainsi : A rAdminìstration du Témoin, Pomaretto iPîueroIo ) Italie ^
SotxixïxaJx*e •
■ Le Syuode de 1878. — Le succès et le
uombre. — La goutte de sang, — CorrespondatK^.,:— Fragment. — Revue polüi
que.
. Annonces.
LK SYi^ODË m 187S
i iiii
. " iSuile). ' ; ,
La deuxième partie du Rapport
de la Table n’a pas donné Heu à
une discussion bien approfondie,
On a passé en courant sur iea paragraphes qui traitent des bâtisses,
des questions financières, de l’instruction primaire. L’Orphelinat
n’a été l’objet que de quelques
explications concernant l’entretien
des orphelines et I^eur étqt de
santé. Rien n’a été relevé sur
l’Ecole Normale, l'Ecole de Po*
maret et l’Ecole Supérieure des
jeunes filles. Deux propositions
principales ont été faites sur le
Collège, l’une tendant à demander
que cet établissement soit assimilé
à ceux do l’Etat, afin que les
jeunes gens qui le fréquentent
puissent se véuer à d’autres car
rières qu’à celle du S‘ Ministère,
et qu’ils ne soient pas de fait forcés
d'étudier la théologie, faute de
pouvoir entrer dans aucune des
facultés universitaires pour lesquelles la licence lycéale , obtenue
dans un Collège de l’Etat , ou
dans un établissement assimilé à
ceux de l’Etat, est indispensable;
l’autre proposition consiste à exiger des professeurs qu’ils aient
reçu le diplôme du Grouvernement en même temps qu'ils ont ■
satisfait aux exigences de nos règlements. ~ Une Commission a
été chargée d’étudier cette double
question ef d’en référer au prochain Synode. En attendant, le
Gouvernement vient de supprimer
la gratification de 20G8 francs
annuels qu’il accordait au Collège,
jusqu'à ce'que cet établissement soit
assimilé à ceux de l’Etat, — Après
quelques observations de détail
sur la comptabilité et particulièrement sur le subside Gustave
Adolphe, affecté au Collège depuis
1848 j usqu’à ces dernières années,
le Synode exprime à ,1a Table sa
vive reconnaissance pour la fide-
2
v«~vv'306v
■lite et ]e dévouement avec les*
quels elle s’est acquittée de son
mandat.
L’assemble'a passe ensuite à
l’examen de la gestion de la Commission des hôpitaux ;':elle entend
successivement la lecture du rapport de M'’ B, Tron , au. nom de
la^Comraission, et celui du contrerapport. — La discussion n’a porté
que sur des questions de détail.
Le Synode termine en donnant un
vote d'approbation entière à la
Commission, et de remercîments
aux médecins , aux diaconesses de
la Tour, à la directrice de Ponaaret, ainsi qu’aux personnes qui,
dans les deux établissements, s’occupent des besoins spirituels de
nos malades.
LE SEGCÈS ET LE mmU
Pour avoir raison aux yeux du
monde, il faut réussir et réussir
au plus tôt. Un succès qui ne
s’exprime.pas par des chiffres cousidérabies, ne vaut pas la peine
d’étre mentionné, c’est un bel et
bon, échec. C’est là du moins la
manière du juger des races latines qui, pour se laisser gagner veulent être entraînées. On
connait trop peu en pays latin ,
cette indomptable persévérance
d’hommes consacrant un travail
d’un demi siècle an triomphe d’une
idée et qui, seuls an début, ont
eu avant de terminer leur carrière, la joie de voir leur idée
embrassée par le grand nombre,
et passer dans la législation et les
mœurs de leurs pays. Ce ne sont
pas les sentiments généreux, ni la
brillante intelligence qui manquent
dans notre pays, ce sont bien
plutôt les principes clairement
cO'Dçus et embrassés, et plus encore, peut-être, la foi au triomphe
du juste et du bon. On obblie que
dans tous les temps et chez tous
les peuples , ce sont les hommes
de foi qui seuls ont accompli de
grandes choses. Le plus souvent,
sans doute, ceux que l’on a ap-,
pelés 1|S grandes hommes n'ont
en foi qu’en eux-mêmes, en leur
génie supérieur, en leur fortune
comme César, en leur étoile comme
Napoléon I, mais enfin, ils croyaient
fermement à quelque chose , qui
n'était pas matière et force brutale ; e’est celte confiance qui les
soutenait dans l’épreuve et les
relevait du sein de leurs plus
cruelles défaites- Aujourd’hui, au
moindre revers, à la moindre difficulté qui s’obstine à leur barrer
le chemin, on voit des hommes
amis de leur pays, connaissant ses
besoins réels, désireux de concourir â les satisfaire, s’arrêter
tout à coup,! découragés, presque
desespérés, quitter le champ de
bataille pour attendre des jours
meilleurs, comme si les jours meilleurs d’un peuple se faisaient tout
seuls, et que la peuple lui-même
n’eût qu'à le recevoir pour en jouir !
Nous avons eu bien souvent
l’occasion de constater avec une
profonde douleur cette absence
de principes surtout de principes
religieux, et ce manque de foi
chez nos compatriotes italiens (chez
les vaudois aussi). Fatigués des
pratiques puériles auxquelles on
les avait astreints, dégoûtés des
croyances absurdes qu’on avait
cherché à, leur imposer, ils ont
salué avec joie rapparition au
3
.aoT.
milieu d’eux de l’Evangile qui
devait dissiper toutes,ces ténèbres
et tous cos préjugés pour établir
en tous lieux le règne de la lumière et de la bienveillance mutuelle.
Leur premier et grand tort a
été de s’imaginer que cet Evangile
ils le connaissaient, qu’ils n’avaient
plus à s’en enquérir, mais que
les autres, la masse de leurs compatriotes, devaient lui faire bon
accueil et l’embrasser aussitôt qu'il
se montrerait. De là d'un côté, la
déplorable ignorance dans laquelle
ces hommes, éminents à beaucoup
d’égards, sont demeurés jusqu’à
cette heure, quant à la nature
môme de l’Evangile, à son but et
à rinfluence bienfaisante qu’il est
appelé à exercer sur les nations
aussi bien que 'sur les individus.
De là aussi leur étonnement de
le voir si mai reçu, et leur pitié
quelque peu méprisante pour les
maigres succès qu’il a obtenus.
Leur respect et leurs sympathies
reviennent visiblement à ce catholicisme qu’ils n’aiment pas, qu’ils
ne professent pas, mais dont ils
admirent l’énergique vitalité, qui
résiste à toutes les attaques.
C’est un petit article du journal
r//a/ic , que nous n’avons pas eu
l’occasion d'y lire, mais que nous
trouvons reproduit dans un journal
clérical de la Suisse qui nous a
suggéré les réflexions qui procèdent. Ce petit article mérite
d’être reproduit aussi dans notre
journal comme il doit l’avoir été
dans la plupart des organes du
parti clérical-ultraraontaîn.
C’est ainsi que, bien malgré
eux sans doute, les libres-penseurs
et les noirs se rencontrent et s’u
nksent pour faire la guerre à
l’Evangile du Fils 'de Dieu. —Voici cet article;
« Lorsque Rome fut annexée
à l’Italie les sectes protestantes entreprirent d’élever dans la Ville
éternelle autel contre autel. Rome,
c’était la forteresse du catholicisme, elle était ouverte; on allait
donc enfin pouvoir prendre le
taureau par les cornes et le terrasser.
Aussi, les sectes anglaises et
américaines (dans laquelle de ces
sectes VItalie place-t-elle les vaudois?) se lancèrent-elles dans la
lutte avec enthousiasme- On dépêcha à Rome des ministresjeunes,
intelligents, pleins de foi et d'ardeur. L'argent abonda. On construisit des églises presque somptueuses ; l’une d’elles a coûté
700,000 fr., produit de souscriptions publiques. On prêcha, ou
distribua des Bibles; on fonda
des crèches (?) ; bref, on mit tout
en œuvre pour obtenir une victoire.
Or, à l’heure qu’il est, telle
secte compte 40 adhérents, telle
autre en a 80: à elles toutes elles
possèdent 700 fidèles !
Voilà le résultat du travail de
huit années entrepris par des
hommes éclairés, intelligents.zélés,
pouvant compter sur des ressources inépuisables. C’est bien
maigre.
Et qu’on note bien que , parmi
ces adhérerais , sont comptés les
protestants qui existaient à Rome
avant 1870 et les indifférents, —
pour nous servir d'un mot honnête
— qu’attirent au prêche l’appui
et les secours matériels des ministres et des sectes.
4
kfiiuw'jvsi'j906
• rsriAiWi"^
^r>AA,WvV>,i-<
On voit à quoi se réduit Tœuvre
protestante ».
Noua disions, en commençant,
que, pour avoir raison, il faut
réussir et réussir vite; or selon
VItalie le protestantisme, c’est-àdire (c’est nous qui expliquons)
Je christianisme selon la parole
de Dieu , n’a obtenu qu’un succès
insignifiant, depuis qu’il a pénétré
dans )e boulevard du catholicisme;
donc le protestantisme est impuissant à vaincre ce rude adversaire.
Oh! si au lieu de 700 adhérents,
rassemblés par toutes les dénominations, il en comptait 70,000. ou
seulement 7000 le langage du
journal libéra), ou républicain,
comme le qualifie, la feuille qui
lui a emprunté son article, le langage de 17i!a,&,,serait essentiellement autre on s’inclinerait, devant
le suoeès, devant cet, astre naissant.
.Nous sommes,,quant à nous, beaucoup moins difficile et surtout
'moins dégoûté. Nous acceptons,
malgré les excellentes raisons que
nous avons de le juger de beaucoup inférieur à la vérité , le chiffre
de 700 adhérents à l’Evangile,
dans la ville de Rome. Nous accordons en outre qu’il y en avait,
ïnetlons une centaine, avant 1870,
lesquels ont simplement gagné, ce
qui tafit bièh quelque chose , de
pouvoir ’ professer librement leurs
croyances et Célébrer publiquement leur culte. Resteraient 600
personnes qui auparavant professaient le Gatholicisms et qui
œàifitenant sont membres d’une
église évangélique. Nous allons
m-ème plus loin et nous admettons
qü’ii y a , sans fiiib‘'do-ùte'/ dans
eé chiffre un nombre quelconque
de personnes qüe'dès motifs d’in
térêt ont amenés, et qu'ils, retiennent dans l'une ou l’autre fies
dénominations évangéliques. Nous
accusera-t-on d’exagération si nous
fixons à 300 le chiffre- des personnes qui suivent le culte évangélique et s’intéressent à l’évangélisation de leur patrie, par une
conviction -profonde de la vérité
de l’Evangile et par reconnaissance
pour ie Sauveur qui les a rachetés?
Eh bien ! nous estimons que 300
personnes gagnées en huit années
à l’Evangile dans une ville comme
Romej c’est un succès merveilleux
et le gage assuré de succès plus
glorieux. Chaque vrai chrétien est
un témoin qui parle, un serviteur
qui travaille. La forteresse ' est
entamée et. ceux qu’elle abrite' 'ont
raison de trembler.
■nç
M. ■ I
la gftBUe dé sawg.'fi’’
( Songe)
y . i . -i U
Je ma trouvais sur une du>o
dont le bord escarpé du côlé , de
la mer n’avait pas moins^ de‘ 100
mètres de hauteur. Sur le plateau
de gazon dormaient une infinité
de gens de tout âge et de loute
condition; chacun à côté d'une
pierre grosse comme une meule,
A ma grande surprise, je vis. ces
pierres en mouvement; chacune
avançait lentement vers le bord
du précipice entraînant avec elle
le dormeur le plus rapproché, et
d’une manière si impercepliblp: qu,e
pas un seul n’en était réveillé.
En m’approchant je vis .qu’un
lien scellé à la pierre entourait le
cou de chacun de ces malheu-
5
v3ü9..
reux dont le suplice prochain et
inevitable m’épouvantait.
' — Reveillez-vous , m’écriai-je
d’une voix de tonnerre. Mais sans
effet. Etaient-ils sourds?
Je m’élançai vers ceux qui
étaient les plus rapprochés du bord
et les secouai vivement, criant
de nouveau; Reveillez-vous!
Quelques uns ouvrirent les jeux
puis les renfertnèrent avant d’apercevoir le danger. D’autres me
lancèrent des épithètes désobligeantes parceque j’interrompais leurs
doux songes de bonheur.
■— A quoi bon? me dit une
voix à mon côté. Laissez-les donc
en paix,''Ils aiment leurs illusions.
Je reconnus là l’ennemi du genre
humain, celui là même qui leur
avait rivé la chaîne au cou.
Indigné, je jetai de nouveau
mon cri : Reveillez-vous dormeurs,
ov vous êtes morts ! et me précipitai parmi eux pour les secouer
plus vivement. Cette fois un seul
se réveilla pour tout de bon. Il
regarda autour de lui, vit son
danger, il n’y avait qu’un pas
entre lui et la mort. Ses compagnons d’infortune disparaissaient
l’un après l’autre; il voulut se
lever et retomba. Tout à coup il
aperçut la chaîne qui l’entrenait
'et voulut s’arracher à l’étreinte
fatale. Impossible. Comment briser
les anneaux forgés sur les enclumes de l’enfer? Ses cris: aq secours! étaient navrants, mais personne ne vint; il n’était entouré
que de gens liés comme lui et
incousciants de leur danger et du
sien. Dire les efforts qu’il fit, les
pleurs qu’il versa, les cris qu’il
jeta, décrire l’épouvante et le dé
sespoir qui le saisirent à la vue
de l’abîme, je ne le puis.
Soudain j’entendis le son d’une
musique céleste qui prenait une
voix distincte pour dire;
Regardez vers moi et soyez
sauvés.
Le malheureux l’entendit, leva
les yeux au ciel et aussitôt s’élança
d’un bond joyeux. 11 était libre!
Une goutte de sang sortie de la
main percée du Rédempteur était
tombée sur la chaîne et l’avait
rompue ! ‘
Alors un cri retentissant éclata:
Quiconque s'adonne au péché est
esclave du péché, et le salaire dw
péché g’est la mort! Jésus Christ
a paru pour ôter nos péchés J Si
le Fils vous affranchit^ vous se^ez
véritablement libres. ■ ^
Et je me rappelai que c’étaient
les paroles de Dieu.
’ (Ami de la maison.)
Corr€0|jottbanc0
... . le 20 septemtire I87S.
Mon cher Monsieur,
J’ai vu que votre confrère le Cristiano Evangelicû continue à proposer
des questions et à donner des éclaircissements bibliques. A en juger par
le pioiil que j’en retire, je suis persuadé qu’il a eu là une fort bonne
idée et que, soit en encourageant ses
ses lecteurs à l’élude sérieuse^ de la
Bible, soit en leur expliquant dés passages incompréhensibles sans cela à la
plupart des simples fidèles, il fait une
chose extrêmement utile. Ainsi, par
exemple, le récit de Hentrevue de Saül
avec la pylhonisse d’Endor m’avait
toujours fort embarrassé, car, je ne
pouvais pas comprendre comment Dieu
avait pu permettre que, à la parole
6
■310-„
d’une sorcière, son servileur Samuel
fût troublé dans son repos et que, pour
quelques instants du moins, il revêtit ^
le corps et se couvrît du vêtement '
qu’il avait eus pendant les dernières
années de sa vie.
J1 est vrai que noire pasteur auquel
j’avais exposé ma diiïicullé à l’égard
de l’appariiion de Sanauel, m’avait, il
V a deux ou trois ans déjà, rappelé
l’apparition de Moïse et d’Elie sur la
montagne de la Transfiguration , leur ,
enti’etien avec le Sauveur, me disant |
que puisque les trois apôtres les ont
reconnus, ils ont dû se montrer à eux
revêtus d’un corps pareil à celui que
leur âme avait habité bien des siècles
auparavant, il ajoutait que la tradition
juive avait dû conserver au moins les
traits principaux de la physionomie
de ces deux grands prophètes. Mais
sans avoir pu alors me rendre compte
de ma répugnance, il me paraissait
j^et c’esl encore mon sentiment aujourd’hui) peu convenable d’admettre
3ue Dieu eût envoyé Samuel à l’appel
e la.pylhonisse, ou de Saül, puisque
depuis longtemps il avait rejeté ce roi
orgueilleux.
Mainlenant ce récit si émouvant m’est
devenu suffisamment clair,et je suis
persuadé que la diseuse de bonne aventure ii*a pas eii de peine à tromper
Saûl, dans l’élat de découragement et
de désespoir où il élaii réduit par ses
fautes multipliées. Etant parfaitement
informée, soit parle bruit public,
soit par les révélations de Saûl et de
ses compagnons, l’habile sorcière ne
se compromeUait pas beaucotip en prédisant au r»i qu’il serait battu ,et probablement tué.
Ce qui précède est écrit depuis deux
oa trois jours ; ce qui suit l’est aujourd’hui même, et le temps m’a
manqué pour le corriger comme je
l’aurais voulu, je vous serai, comriie
toujours, infiniment reconnaissant si
vous suppléez à l’imperfeetion de la
forme. Quant au fond , “ laissez-le tel,
qu’il est c’est|le mien; il y en a d’autres
bien meilleurs, mais jusqu’ici, c’esl le
mien qne je préfère.' _
Ce sont aussi des éclaircissements
que je demande, non plus seulement
sur une tonie de passages bibliques
dont le seps précis ne m’est pas bien
clair, mais su'r deux livres entiers
de la Bible que je lis, il est vrai, Se
temps à autre, mais dont je ne sais
pas tirer parti,, ni trouver l’application
pour moi-même. Ces deux livi'es sont:
Esther et le Cantique des Cantiques,
Ce qui m’a tout d’abord frappé , et
parfois', suivant les dispositions où je
suis, quelque peu scandalisé, c’est que
le nom de Dieu ne se rencontre pas
une seule fois dans l’un et l’autre de
ces livres. J’ai demandé à un pasteur,
rnême à un professeur de théologie ,
si les juifs les ont dans ce recueil
sacré qu’ils gardent avec un ¡soin si
scrupuleux. Sans aucun dople, m’a-til été répondu. «Ils font donc partie de
ces oracles de Dieu dont Saint Paul
dit qu’ils ont été confiés au peuple
juif. Gomment se fait-il,. fpalgré cela
au’il n’y soit fait allusion à aucune
es perfections de Dieu , à' aucune
de ses œuvres, non pas même à son
existence? '
Ce qui m’a étonné ensuite c’esli de
m’avoir Jamais ènte,p,du, uiie.seule, prédication sûr Vun où T’aufrfe dé ces
livres. Pendant quelque temps j’ai garfié
mon étonnement pour moi seul ; mais
lorsque des amis de deux paroisses
voisines m’eurent appris qu’oux-tnêmes
n’avaient jamais entendu prêcher sur
un texte tiré de qes livres, je pris la
hardiesse d’interroger à ce'snjel notre
cher pasteur. S‘il ayail su d’avance
l’objet de mon interrogation , je crois
vraiment qu’il m’aurait prié de ne pas
ta faire, tant il m’a paru embarrassé
en entendant ma question.
Il aurait pu me dire que de pareilles
questions n’étaient pas de ma compétence et j’aurais courbé la tôle sans
me plaindre. Peut-être aussi l’idée me
serait-elle venue de lui rappeler que
foutes les choses qui ont été, écrites
auparavant, ont été écritss pour notre
instruction, afin que par la patience
et la consolation des Ecrilwes mus
ayons espérance (Rom. xv , 4). —
Quoiqu’il en soit, il ne m’q pas repoussé comme un indiscret, ‘ce n’est
pas son habitude ; il m’a, au 'contraire,
allégué certains motifs pair lesquels il
7
----311
■n’a jamais emprunlé au CaBlique des
Canliqnes le sujet, d’une médilalion.
Un seul m’csl resté présent à l’esprit
et c’est le suivant, daas les termes,
ou à peu près, dans lesquels il m’a
été présenté. Le cantique de Salomon,
me dit-il, ne peut être lu avec édili
ontion que par des chrétiens véritables,
'même par des chrétiens déjà bien
avancés^ dans la vie spirituelle. Quant
aux hommes charnels, ils n’y peuvent
rien comprendre et ce livre leur est
un süjel de grossières plaisanteries,
tand’îsqilé « tes ignorants et les mal
assùi’és te tordent, comme ils tordent
le reste des Kci'ilmes, à leur propre
perdition ». (11 PiEiuiK lu, 16 ). Resteraient quelques personnes bien disposées, mais peu instruites et peu intelligentes auxquelles, on pourrait, avec
beaucoup de patience et de peine;,,
faire goûter un peu- de la hourpiture
céleste qui est, cachée sous ce récit
poétique. Mais c’est ce qu’il est impossible de faire, par le moyen d’un
ou plusieurs sermons prononcés devant une grande assemblée. Voilà pour«lôi ooncluait notre pasteur, vous ne
m’avez jamais entendu ni prêcher, ni
parler publiquement sur ce livre. Quant
au livre d’Esther je mè souviens d’y
avoir autrefois cherché un texte, mais
sans lê trouver. Aueun des personnages
de ce livre, ne peut être, dans aucun
de ses actes, proposé à l’imitation du
chrétien, aucua d’eux ne nous intéresse
et si Mardochée avait été pendu au
gibet préparé par Haman , nul ne
pouirait dire que Dieu a laissé périr
le juste sans s’inquiéter de lui.
C’est pareeque j’ai souvent pensé
depuis aux choses dites en cette occasion par notre pasteur que je puis
me les rappeler comme si je les avais
entendues hier môme. Et si j’y ai
beaucoup réfléchi , c’est parceqù’elles
ne m’ont pas enlièremeni convaincu.
J’ai compris les motifs qui portent la
plupart de nos pasteurs à chercher
ailleurs que dans ces deux livres, la
nourriture qu’ils présentent à leurs paroissiens et j’admets volontiers que ées
motifs sont suffisants. Ce qu’aucun d’eux
ne m’a expliqué c’est le droit de ces
livres a être mis avec tous les autres
de la Bible, entre les mains des fidèles
pour leur instruction et leur édification.
Lorsque de pareils scrupules s’élèvent
du cœur d’un chi élien, il n’esl plus
possible de les ignorer, ou de les cornbattre par un acte d’autorilé, d’aussi
haut qn’il puisse partir,, d’entre les.
hommes, bien entendu.
Je serais donc, très reconnaissant,
à vous-même, cher et honoré frère,
ou à tel autre docteur bien instruit
pour le royaume des cieux ( Matth.
XIII, 52) si je recevais par le moyen de
votre journal'une réponse Ires simple
à cette question: Pourquoi deux livrés
dans lesquels le nom même de Dieu
ne se rencontre pas, et, dont les personnages manifestent des sentiments
purement charnels, humains dans le
sens le plus large du mot, même mé.;chantiS et cruels ( Eslher), pourquoi
ces livres son-t-ils dans la Bible? Peuton deviner et indiquer le but dans
lequel ils y ont été introduits ?
Votre toujours dévoué
' Jacques.
Fragment.
Je veux vous convaincre que vous
mentez quand vous vous glorifiez des
mouvements divins. Sachez que jamais
Dieu n’illumine l’entendement de ses
élus, qu’il ne reforme leurs cœurs et
qu’il ne sanctifie leurs aiîecfiohs. Car
Dieu ne fait point les choses à demi,
et ü ne laisse point imparfait ce qn’il
a eorninenoé. Vous vous vantez d’avoir
reçu des grâces du Si Esprit, des lumières d’en haut, et cependant je vous
vois (et vous êtes véritablement) aussi
méchants que vous l’ayez jamais été,
et peut-être plus que jamais. On, voit
en vous les mêmes défauts et les mêmes
vices que devant, d’où je conclus que
Dieu, bien loin de vous avoir éclairés,
vous a ôté dans sa juste indignation
ce peu de lumière qu’il vous avait
donné dans sa grâce.
( Lettres sincères ).
8
La plupart des- hotnmee cherchent
toute leur vie à s’oublier'; car que
veut dire celte grande avidité avec
laquelle iis courent après les plus grands
amusements ? Tout ce qui leur ôte l’attention sur eux-mêrnes leur plait.
Bien des gens ont fait de grands
progrès dans les sciences les plus difficiles, qui n’ont pu acquérir celle de
taire lés défauts de leur prochain et
de louer leurs bonnes qualités.
Chacun se ' fait une religion selon
son tempéramment, son humeur, sa
qualité, son rang, ses richesses, son
âge et ses habitudes; il n’y en a pourtant qu’une pour tous les hommes :
nous nous préparons de terribles mécomptes.
t____________
Il y a peu de gens capables de faire
une bonne action sans témoins.
( Caractères ).
ItiêUc. — Le roi Humbert a continué, à visiter les principales villes du
Nord de l’ilalie , et partout il a été
reçu, ainsi que la reine Marguerite,
par les ovations les plus sincères et
les plus enthousiastes. Les ministres
rentrent, les uns après les autres, dans
la capitale. — La sûreté publique laisse
à désirer au Nord comme au Midi ,
conséquence de la trop large amnistie
accordée par l’ex ministre de la justice,
Thon. Mancini.
France. — 11 n’est question que
des honneurs plus que royaux rendus
à Gambetta qui voyage dans le midi
de la France. Ses éloquents discours
entendus par des milliers d’auditeurs,
sont partout applaudis.
AUenuMffne. — La Diète impériale
a commencé son travail, elle s’est occupée une première fois de la loi contre
les menées socialistes. Bismark a pris
part à la discussion pour réfuter les
assertions fde Bébef député socialiste; la loi a été renvoyée à l’examen
d’une commission de 21 membres ,
dont la majorité est favorable au projet.
Il paraît que les négociations entre
te Grand Chancelier et le Vatican sont
suspendues. Même il y aurait eu un
rapprochement entre Bismarck et le
parti progressiste sur lequel le gouvernement pourrait s’appuyer plutôt
que snr le parti du centre ou le parti
catholique.
LEZIOm.m GEOGRAFIA
DI . , \?
E. GHIGO
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oioij Boonto'del li; 0[(»
Deposito presso l'Autore in Pomaretto,
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A vendre, à Torre-Pellice, la maison
ayant appartenu à feu M. Joseph Brezzi,
passée par leslamenl à ses héritiers
qui sont en Angleterre.
Pour renseignements, s’adresser à
M. Joseph Malan, banquier à Turin.
Erkest Robert, Gérant et Administrateur
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