1
Septième année.
N. 40.
4 Octobre ISTiS.
L'ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialement consacrée aux intérêts matériels et spirituels
de la Famille Yaudoise.
Que toutes les choses qui soDt véritables.. oocupeot
vos pensées — ( Philippiena., IV, 8.)
PmX D’iBONHSHENT
Italie, k domicile (un an) Fr. 3
Suisse................» 5
France................*6
Allemagne . . , . . . > 6
Angleterre, Pays-Bas . • 8
tn numéro séparé : 5 cent.
U7t numéro arriéré : 10 cent.
BOREAUX D ABONNEMENT
Torre-Pellicb : Via Maestra,
N. 42. fA<7enzia bibliografica)
PiGNERoL : J. Chlantore Impr.
TüRîN:y.y. rrofî.via Lagrange
près le N. 22.
Florence : Libreria Evange^
lica, via de'Panzani.
ANNONi'BS : 5 cent, la ligne
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S*a*
dresser pour l'administratiOD
au Bureau a Torr.e-Pelliee,
via Maestra N. 42 — pour la
rédaction : A Mr. E. Malan
Prof ■ k Torre-Pelice.
Sommaire.
Le Synode de 1872. — Correspondance.
— Gardiner et ses compagnons. — La
superstition en France. — Nouvelles religieuses. — Chronique Vaudoise. — Chronique Politique.
LE SYNODE DE 1872
z' Suite J.
Le rapport de la Commission
d’Evangélisation, très circonstancié, résume les relations des évangélistes sur les 37 stations dont
se compose dans ce moment l’œuvre de l’Eglise Vaudoise en Italie ;
c’est le même nombre que l’année
dernière. Nous avons perdu Nice
dont l’église s’est rattachée, comme cela était naturel, à l’i7mon
des églises de France, et Mantoue
dont nous n’avions pas pris possession d’une manière stable. Dans
ces 37 stations travaillent 20 ministres consacrés, 12 évangélistes
non consacrés, 6 régents-évangélistes, 19 autres instituteurs et 31
institutrices. — Les cultes du dimanche ont été suivis par un ma
ximum de 3220 auditeurs ; c’est
une diminution de 250 sur le chiffre de l’année dernière. La station
de Riesi dans ce maximum a pris
la place de celle de Nice. La diminution provient particulièrement
de la station de Venise dans laquelle le maximum de la fréquentation était, l’année dernière de
450, et cette année de 300 seulement. — Le chiffre des communiants qui était, l’année dernière,
avec Nice et Mantoue, de 2019,
est descendu , sans ces deux stations, à celui de 1952. Cette diminution n’a pas. selon nous, la
même importance que celle du
nombre des auditeurs. Car l’essentiel dans une œuvre d’évangélisation, c’est que les évangélistes
aient un grand nombre d’auditeurs,
c’est qu’ils aient un vaste champ
à ensemencer ; la semence ne lèvera pas tout de suite, on ne verra
pas immédiatement des fruits parvenus à maturité ; mais l’œuvre
évangéliste a été faite ; et quand
cette œuvre a été faite avec fidélité, le Seigneur la bénira et lui
fera porter de fruits en sa saison.
2
-314
Un fait réjouissant que constatent à la fois la Commission d’Evangélisation et la Commission
d’examen , c’est l’augmentation du
concours pécuniaire de nos 37
stations. Pendant que ce concours
ne s’élevait, l’année dernière, qu’à
11,152 fr. environ, il s’est élevé ,
cette année, à 21.217. C’est un
progrès que nous recommandons à
l’attention de nos paroisses ; nous
avons besoin de nous dire aussi
que l’Evangile doit nous coûter. Les
sacrifices pécuniaires que nos frères des stations ont faits déjà, nous
prouvent que l’Evangile a réellement de la valeur à leurs yeux et
qu’ils sont prêts à lui faire des sacrifices plus grands encore. Ces
contributions n’ont pas toutes été
versées dans la caisse de l’Evangélisation ; en dehors du soldo ev,angelico, francs 3560, elles ont été
absorbée par les besoins locaux ,
comme frais de culte, écoles et œuvres de bienfaisance, etc.
Nous relevons aussi avec joie
le chiffre des contributions recueillies en Italie pour l’œuvre
générale ; ce chiffre est de francs
28.685 35, y compris, il est vrai,
un don exceptionnel de 15.000 fr.
d’un généreux anonyme qui n’en
est pas à ses débuts en fait de surprises de ce genre. Ce don a été
destiné à éteindre une dette que la
Commission d’Evangélisation avait
contraitée avec l’Hôpital protestant
de Turin, pour achever la bâtisse
de la maison pastorale de cette
même ville.
La Commission a été assez heureuse ¿pour faire face, grâces au
secours du Seigneur et au dévouement des amis de l’œuvre de l’Evangile en Italie, à tous les be
soins; elle a recueilli la somme
énorme de 231.703 26, dont plus
de 85.000 en Ecosse et plus de
60.000 en Angleterre, et elle a
dépensé
pour honoraires des évangélistes
pour ceux des instituteurs
pour divers
87.581 15
46.080 14
66.737 46
Total
200.398 75
Si nous ajoutons à cette
somme de fr. 200.398 75
Le payement pour solde du
palais Cavagnis à Venise -•> 10.511 75
Le déficit au l'mai 1871 » 1.798 48
Et le rembours au Refuge
de Turin » 15.632
Nous avons une" sbirtie totale de fr. 228.340 98
Il restait en caisse le 12 août fr. 3.362 28
Total . . fr. 231.703 26
Nous ne suivrons par le Rapport de la Commission d’Evangélisation à travers toutes le 37
stations ; mais nous parlerons encore , plus tard, de notre œuvre
en Italie, si Dieu le permet.
Le rapport de la Commission
examinatrice que nous avons relu
avec attention, loin de mériter les
observations plus que sévères que
nous avons lues dans une correspondance, nous a paru très bienveillant pour la Commission d’évangélisation et empreint, comme
il le dit, d’un amour sincère pour
l’œuvre et pour son développement. Les quelques observations
critiques ne portent que sur des
détails peu importants; et nous
avons eu le sentiment qu’au fond
la Commission examinatrice était
plus satisfaite quë le Comité d’évangélisation lui-même. — Le
ton triomphant du rapporteur,
sa phrase sonore nous ont fait
venir l’eau à la bouche, et' si
3
-315
noas n’avions pas déjà parcouru,
nous-même, le rapport de la Commission qui, par des faits et des
chiffres, nous ramène à la réalité
des choses, nous aurions pu croire
que la nouvelle Commission avait
fait des merveilles et que sous sa
direction l’œuvre avait pris un développement extraordinaire. Le
fait est que l’œuvre s’est maintenue , et qu’il n’y a eu progrès
sensible qu’en Sicile, à Rome, et
à Milan. Au lieu de récriminer,
rendons grâces à Dieu pour la
protection visible dont notre Eglise,
et son œuvre d’évangélisation en
particulier, a été l’objet pendant
la dernière année.
Ce qui est parfaitement vrai,
et c’est probablement ce que le
correspondant auquel nous avons
fait allusion a voulu dire , c’est
que la discussion au sujet de l’œuvre d’évangélisation, n’a pas été,
cette année encore, à la hauteur
de l’importance et de la beauté de
l’œuvre. Elle s’est perdue dans
des détails. Nous n’en rejetons la
faute sur personne en particulier;
mais nous exprimons le vœu qu’il
n’en soit plus ainsi à l’avenir et
que l’entretien à ce sujet ne cesse
d’être édifiant, et instructif pour
tous les membres du Synode et
pour le nombreux public pour lequel cette partie de nos discussions
est toujours la plus intéressante.
S’il en était autrement, nous serions tenté de donner l’exemple
et le conseil de quitter le Synode
pour aller lire, en attendant mieux,
le rapport mêcne de la Commission d'évangélisation qu’on a à
peine le temps de parcourir pen
dant ces jours de séances.
®orrc0|)onbance
Cher M. le Directeur,
Dans le vif désir de voir se
maintenir et prospérer le cher Echo
des Vallées que vous dirigez , je
vous enverrai, s’il plait à Dieu,
quelques articles sur la prière,
dont celui-ci peut être considéré
comme l’introduction.
Chacun de nous connaît assez
bien ce que nous devons faire et
ce que nous devons éviter pour
plaire au Seigneur et pour être
heureux. Rien ne nous manque
quant à ce qui concerne la connaissance de nos devoirs. Les vérités de la religion nous sont
prêchées comme sur les toits. Depuis le berceau jusqu’à la tombe
nous sommes instruits dans ses
doctrines, dans ses commandements
et dans ses prohibitions, dans ses
menaces et dans ses promesses.
Qui oserait se dire entièrement
ignorant sur ces choses? Qui peut
ignorer que le mensonge, l’hypocrisie , la jalousie , la vanité et
l’orgueil sont des péchés ? Que
l’impureté, l’ivrognerie, l’avarice,
le vol, la haine et l'inimitié nous
excluent du royaume des deux ?
Que l’humilité et la douceur , la
sincérité dans les paroles et dans
les actions, la droiture dans nos
relations avec les hommes, l’amour et la libéralité envers les
nécessiteux et les pauvres, sont
des exigences du Christianisme ?
Oui! nous savons tous ce que nous
devons faire et ce que nous devons
éviter pour réaliser le beau titre
de chrétiens dont nous aimons à
^ nous parer.
4
-316
Mais où en sommes nous quant
à la pratique? combien de nous,
hélas ! se contentent de dire Seigneur ! Seigneur ! et ne se soucient
pas de faire sa volonté ! Que de
chrétiens qui ne sont ni froids ni
bouillants ! Combien d’autres qui
ont abandonné leur premier amour et pactisent maintenant avec
le péché. Combien de personnes
expriment souvent le besoin d’un
réveil religieux pour notre Eglise
et ne font rien pour l'obtenir !
D’où vient tout ce mal ? De la
faiblesse de notre volonté, dites
vous. Je le crois aussi. Mais ne
savez vous pas que chacun de nous
peut et doit dire comme Saint
Paul; « Je puis tout en Christ qui
me fortifie ! ». De la force des tentations , dites vous encore. Mais
Dieu ne nous dit-il pas « qu’il ne
permettra point que vous soyez
tentés au delà de vos forces, mais
qu’avec la tentation, il vous donnera l’issue, c’est-à-dire la grâce
de pouvoir les surmonter? » N’accusez donc plus désormais ni la
faiblesse de votre volonté, ni la
force des tentations, mais accusez-vous vous-mêmes d’avoir manqué à votre premier devoir, celui
de la prière. Nous ne prions pas
souvent, nous ne prions pas avec
sincérité, nous ne prions pas de
tout notre cœur, voilà pourquoi
nous ne surmontons pas les tentations , pourquoi nous n’évitons
pas le péché, et pourquoi nous
accomplissons si mal les devoirs
de notre vocation.
Ai-je tort ou raison? Votre expérience ne confirme-t-elle pas la
vérité de mes paroles? Ëssayezrun
peu dès aujourd’hui de prier avec
humilité dans le sentiment de vos
péchés, avec la foi dans le saiig
expiatoire de Christ, avec le désir
sincère d’obtenir le Saint Esprit
et de vous laisser guider par lui
en toutes choses, priez avec ardeur, aussi souvent que possible,
et vous verrez si vous n’êtez pas
transformés en des hommes nouveaux, si l’ivraie du péché n’est
pas consumée en vous par le feu
céleste, si le joug du Seigneur ne
vous paraît pas doux et son fardeau léger, si toutes vos pensées,
vos sentiments et vos désirs ne se
tournent pas spontanément, par un
attrait divin, vers les choses qui
sont en haut.
Si vous jetez un regard autour
de vous, vous voyez le monde
plein d’incrédulité, de rebellion et
de libertinage. Pourquoi vous en
étonner? Le monde ne prie pas.
Là est la clef des mystères du
cœur, des mystères de la vie,
des mystères de malice et de méchanceté. Un peuple sans prière
est un peuple sans Dieu, sans religion, sans moralité vraie. Mais
partout où les hommes s’humilient
devant Dieu et prient avec intelligence et avec sincérité , là disparaissent l’incrédulité , la rebellion et l’immoralité, pour laisser
croître et fleurir les vertus chrétiennes et le vrai bonheur. » Cet
afiligé a crié et l’Eternel l’a exaucé
et J l’a délivré de toutes ses détresses ». Psaume 34 6.
• J. D. TürinI
GARDINER ET SES GOHPAGNONS
Un jeune officier de la marine anglaise
Allan Gardiner, après avoir voyagé dans
l’Amériipie du Sud, se sentit [vessé dTaller
5
-317
aoDoncer l’Evangile aux païens de la Patagonie.
Une première entreprise en 1844 n’eut
point de sucoès, et mit même sa vie on
(langer. Un second essai en 1848 ne réussit
pas mieux, à cause de l'insuiUsauce des
moyens dont il disposait.
Allan Gardiner revient donc en Angleterre et loin de se décourager, il ne laisse
point do repos aux amis des missions et
à ses amis personnels, jusqu’à ce qu’ils
lui aient fourni les moyens de faire une
nouvelle tentative. Un comité s’organise,
une dame pieuse donne l’argent et denx
bateaux de vingt-six pieds de long sont
oonsiruits, l’un pour être la maison flottante des missionnaires, et l’autre, leur
magasin. On fait appel par la voie des
journaux aux hommes de bonne volonté,
et, en septembre 1850, six hommes dévoués s’embarquent sur un grand navire,
et sont déposés, eux et leurs bateaux
pontés, sur une des îles de la Terr(> de
feu qui louche à la l’atagonie.
G'élaient avec (iardinei' un chirurgien
dont ou a plus lard publié les .\lémoir(!s,
Richard Williams, un ecclésiasti(jue M.
Maidment et trois jeunes marins du comte
de Cornouailles.
En octobre 1851, un navire anglais fut
envoyé dans ces parages, et aussitôt arrivé dans les mers dangereuses de la
Terre de feu, le capitaine, M. .Morshead,
se rendit à l’île Piclon, où avaient été
déposés les missionnaires.
Là, il trouve ces mots écrits .sur un
rocher: Allez à la baie des Espagnols; il
s’y rend et découvre le bateau échoué,
quelques cadavres , et des papiers , qui
lui font connaître dans toute son étendue
le désastre complet de la mission. Repoussés de tons les points par les indiens,
dépouillés peu à peu de leurs provisions,
de leurs vêlements, les missionnaires avaient dû se réfngier sur leur grand bateau, qui, échoué sur un banc de sable,
leur devint à peu près inutile.
Le corps de Gardiper gisait près de là.
El tout près de ce lieu, une main desI sinée sur un rocher, indiquait la direction
• d’une caverne voisine, qui avait servi de
refuge aux malheureux missionnaires. On
y trouve le corps de U. Maidment et, à
quelque distance, les cadavres de Williams et d’un matelot.
Tous avaient péri, et les papiers trouvés
sur le lieu du désastre, surtout le journal de R. Williams, publié eu 1857 par le
pasteur Hamilton, nous révèlent des souffrances extrêmes, endurées pendant quatre
mois, avec une patience et une foi admirables.
Jusqu’à la fin , ils demeurent soumis,
remplis de paix et regardant à Celui qui
a les paroles de la vie élernelle
Qu’on en juge par quelques mots de
Williams à Gardiner;
« Une seule chose, écrit Williams, intéresse la gloire de Dieu, c’est que je
fasse sa volonté. Et je me réjouis do voir
(lue sa volonté est de me prendre à Lui.
Ne murmurez pas, mes bien aimés, ne
pleurez pas sur moi, et (]ue nulle parole
de tristesse ne sorte do vos lèvres. Je
vous aime et plus que je ne fis jamais,
le Ciel est si près, et c’est là qu’est mainleiianl mou chez-moi; niioliaieur béni,
st'iil iulercesspiir entre Dieu et les hommes, je mets entre, tes mains mes bienaimés. Oh I règne en cliacnn d’eux, et
qu’ils reçoivent tous le Saint Esprit et le
don de la vie ! A Toi seul et au Père soit
gloire éternellement !... ».
Le même esprit respire dans les paroles
de Gardiner:
« Je suis faible au point de ne pouvoir
me retourner sur ma couche, qu’avec
beaucoup d(( peine, mais par la grâce du
Seigneur, je suis gardé dans une profonde
paix, rafraîchi par le sentiment que j’ai
de l’amour de mon Sauveur, par l’assurance qu’il dirige tout avec sagesse et
miséricorde. Que je vive ou que je meure,
peu importe pourvu que ce soit en Lui.
» Je lui confie mon corps et mon âme.
Je le prie avec ferveur de prendre à
l’ombre de ses aîles ma chère femme et
mes chers enfants. Qu’Il les console, qu’il
les garde, qu’il les fortifie et les sanctifie
parfaitement, afin que, réunis dans un
monde meilleur, nous puissions adorer
ensemble l’infinie bonté qu’il nous a témoignée, en nous rachetant' par son sang
précieux, et en nous retirant du feu,
comme des tisons embrasés, pour' nous
adopter comme ses enfans, et pour faire
6
-sis
de nous les héritiers de son céleste
royaume ! ».
Que d’efforts infructueux, direz-vous
peut être ! Que de vies perdues! Mais
sont elles perdues, des vies qui rendent
à l’Evangile un si puissant témoignage,
et qui attestent au milieu de si cruelles
épreuves. la fidélité de Celui qui envoie
la paix ?
L’Eglise n’a pas laissé tomber l’œuvre
de ces zélés missionnaires.
Quatre ans plus tard, la mission en
Patagonie a été reprise, dans des conditions meilleures. Un navire, nommé le
Allan Gard/ner est paru ; l’on peut espérer
que le jour viendra , où l’Evangile aura
transformé, eu une terre tie paix cetle af
frense contrée. La cloche de la chapelle
missionnaire fera retentir de ses sons
joyeux les trisles forêts, et des chanis de
louange et d’actions de grâces s’élèveront
de la caverne du Pionnier.
La superslilion en France.
L’histoire do France, dit le Temps, ne se
fait pas seulement à rrouville et à Versailles, mais aussi à Lourdes et dans des
lieux semblables. C’est ainsi qu’un correspondant de ce journal commence une
lettre datée de Lourdes oü il s’est rendu
pour étudier sur les lieux un des plus
étranges phénomènes moraux que présente l’histoire des peuples modernes.
Lourdes est une petite ville du département des Hautes Pyrhénées, près d’une
grotte oîi ,lil y a quelques années, serait
apparue la Vierge ; et quoique ce miracle
ait fourni matière à un procès criminel
qui en a démontré évidemment l’imposture , Lourdes continue d’être un lieu de
pèlerinage très fréquenté.
Après les évènements de 1870 et 1871
les pèlerinages à Lourdes ont pris des
proportions énormes et, chose remarquable , la plus grande partie de^e'eux qui
viennent y implorer des grâces , n’appartiennent pas aux classes inférieures, bien
au contraire, aux plus riches et aux plus
instruites. Ces gens là viennent demander
à la Vierge non seulement un remède à
leurs maux physiques, mais le renouvel
lement de la gloire et de la grandeur de
la France. On lit dans une correspondance
à ce sujet:
« Qui sait si l’on ne trouvera pas ici le
salut de la France? me disait un pèlerin.
Le salut de la France ! Cette parole ingénue , mais qui n’est pas neuve pour moi,
résume bien l’état d’âme dans lequel, depuis quelque temps, se trouve un nombre
toujours croissant de nos compatriotes.
«La bourgeoisie s’associe à ces pèlerinages. Les malades appartenant aux classes riches, qui ont recours à la Vierge,
sont innombrables. — Les apparitions de
l’immaculée et d’autres faits de ce genre
suppléent déjà à la science médicale dans
les cas désespérés ; pourquoi ne suppléeraient-elles pas aussi à la politique, à
l’économie et à la morale sociale, puisque l'habileté humaine se montre impuissante à guérir un peuple?»
Ces pèlerinages durent depuis plusieurs
mois et le nombre des pèlerins augmente
tous les jours :
« Les journaux, continue la correspondance, ont déjà parlé d’un pèlerinage
national projeté pour le commencement
d’octobre, mais ce pèlerinage national n’a
nul besoin d'être organisé; il .se fait déjà
tous les jours depuis le mois de mai. —
Lourdes est aujourd’hui une des villes les
plus animées de la France. Chaque jour,
vers cinq heures du matin, trois ou quatre
trains amènent à la station de mille à deux
mille personnes. Ces pèlerins, de retour
dans leur pays, excitent par leurs récits
la curiosité ou la foi de leurs voisins. A
peine un convoi est-il parti qu’on en organise un autre».
Pour donner un esquisse morale des pèlerins, il convient de citer encore les lignes
suivantes :
«Quant aux miracles, ils sont si nombreux qu’on ne peut plus les compter.
Je^n’en ai pas vu de mes propres yeux,
mais il s’en est fallu de bien peu, s’il faut
en croire deux prêtres avec qui j’eus le
plaiar de parler longuement en revenant
de Lourdes. Quelle foi ardente chez ces
braves gens! Ils s’en retournaient heureux. N’avaient-ils pas assisté en deux
jours à quatre guérisons miraculeuses en
faveur de malades de leur conuaissance ?
7
-319
ün des prêtres me montra sur la première
page de son bréviaire quelques lignes
écrites par une de ses parossiennes guérie
d’une anchilose. Elle était parvenue à soulever le bras pour faire le signe de la croix.
Les quatre guérisons n’avaient pas, il est
vrai, complètement réussi, mais les malades emportèrent de Lourdes de l’eau de
la source, et certainement la Vierge voudra achever son œuvre. Une autre malade
avait en vain essayé des ablutions, mais
après qu’on lui eut mis ses pendants d’oreilles , trempés préalablement dans la
bouc sacrée, elle recouvra bientôt l’ouïe.
Souvent, il est vrai, les miracles ne so
voient pas. Les aveugles, les fous, les
scrofuleux, s’en vont comme ils sont venus. .Mais cela ne change pas la croyance
des dévots qui en reversant la faute sur
le peu de foi des malades ou sur l’oubli
de quelque formalité, comme d’avoir
trempé l’enfant malade dans la source,
mais d’avoir auparavant oublié de le consacrer à la Vierge ».
Un journal français disait dernièrement
que l’on no peut nier qu’un miracle se
fasse chaque Jour à Lourdes, car l’on peut
bien appeler de ce nom un tel excès de
foi aveugle, au milieu de l’esprit d’examen et de critique qui est un des caractères distinctifs de notre époque.
Ce n’est pas seulement à Lourdes que
se manifeste la superstition qui s’est emparée des âmes en France. — D’autres
pèlerinages ont lieu en même temps au
sanctuaire de la Salette, où en 1846 la
Vierge est apparue à deux enfants , et à
d’autres sanctuaires moins connus. Quelques jours passés, un grand convoi de
pèlerins partait de Marseille pour Jérusalem ; enfin pour le 6 octobre, jour de la
Madone du Rosaire, l’on prépare le grand
« pèlerinage national » qui a pour but d’obtenir le relèvement de la France grâce à
l’intercession de la Vierge. .
Üouüelles rcltiguueeô
f Oologne. Le congrès des vieux-car tboliqnes de Cologne n’a rien fait de bien
. marquant. Ses membres les plus influents
ont refusé de rien déterminer au point
de vue de la doctrine. Le but que se proposaient les évêques anglicans qui y ont
pris part, n’a par conséquent pas élé atteint. Voici, d’après VEco délia Verüà ,
quelques unes des propositions qui paraissent avoir le plus préoccupé les membres
de r.\ssemblée:
1. Quo les évêques choisis par les vieuxcatholiques soient reconnus par les gouvernements allemands, autrichiens et suisses , après leur consécration, comme
des évêques de l’egliso catholique; qu’il
soient considérés comme revêtus des mêmes droits sur les églises des vieux-catholiques , que ceux qui sont attribués
par les lois actuelles aux évêques néo-catholiques; que ces évêques ainsi élus
reçoivent une dotation de l'Etat.
2. Que les prêtres choisis par les vieuxcatholiques soient autorisés à s’acquitter
de tous les actes auxquels la loi de l'Etat
accorde la valeur d'effets cirils, et en
particulier la bénédiction des mariages
et la tenue des régistres de l’état civil,
conformément à la tradition et aux règles
établies par les lois de l’Etal.
3. Que les vieux-catholiques no soient
pas obligés do contribuer de leur argent,
aux dépenses ecclésiastiques des néo-catholiques.
4. Que les vieux-catholiques aieut le droit
absolu de se servir, comme les néo-catholiques, des égli.ses consacrées au culte
catholiques, puisque l’apostasie des uns
ne peut priver les autres de leur droit.
5. Que les vieux catholiques couservent
tous leurs droits sur les autres biens des
chapitres, des fondations, des écoles etc.
6. Que les vieux catholiques con.servent
leurs droits sur les sommes accordées par
le budget au culte et à l’instruction.
De tout cet ensemble, nous concluons
que les vieux catholiques jusqu’à présent
ne différent réellement des néo-catholiques
que sur la question de l’infaillibilité personnelle qu’ils refusent au pape, mais
qu’ils accordent à l’Eglise, au concile,
c’est-à-dire aux prélats réunis avec le
pape ; qu’ils sont bien et qu’ils veulent
rester catholiques romains , et enfin qu’ils
sont partisans, plus que, ou du moins
autant que tous les autres catholiques,
de l’union de l’Eglise et de l’Etat.
T»russe. Ordre a été donné par la
chancellerie de Berlin de suspendre le
traitement de l’évêque d’Ermeland , à
partir du 1" octobre.
Sixlsse. M. Couvreu-Micheli a légué
pour plus de 200,o00 francs de dons à
diverses institutions religieuses ou charitables de la Suisse et de ¿l’étranger.
8
-m.
Chronique Cnuhoise
Cinq jeunes vaiidois, dont deux sont
étudiants en théologie, se sont engagés
dans l’armée comme volontaires pour un
an.
Examens d’inlroduclion. -Vingt-quatre
jeunes gens se sont présentés pour être
admis en première année du Collège ; 14
seulement ont satisfait aux exigences du
règlement et ont été introduits après un
examen qui a' élé, ainsi que le Synode l'a
recommandé, plus sévère. Sur 11 qui so
sont présentés pour l’Ecole Normale, six
ont été repousses comme très faibles dans
l’orthographe, cinq ont réussi à toutes
les branches d’examens, mais deux u’ont
pas l’âge de 15 ans révolus exigés par
le règlement. Enrin:, sur 18 filles qui ont
demandé à entrer dans la 1* ou dans la
2' année do l’Ecole supérieure, quatorze
ont fait des examens satisfaisants.
L’examen de licence lycéale au Collège
a roulé sur les sujets qui suivent :
1) de la connaissance.
2) de l’astronomie et des liens qui la
rattachent aux autres sciences.
3) des inventions et des découvertes au
début de l’histoire moderne.
4) Vie de Phèdre (composition latine).
5) Traduction (de 30 vers d'Œdipe Roi
( Sophocle).
6) Le genre historique au 16’ siècle (composition italienne).
7) Port-Royal (composition française).
Chronique ))oltttque.
Italie. La politique dort. Le ministère est toujours occupé à préparer la loi
sur la suppression des corporations religieuses de Rome. Le roi est arrivé dans
la capitale, mais il ne fait, pour ainsi dire,
que la traverser et se rend dans le Napolitain.
La Gazzelta di Torino rapporte le jugement de Bismark, prononce dans un entretien avec un de nos hommes politiques,
sur notre pays. Nous en extrayons les passages suivants :
«Entre l’Allemagne et l’Italie, a-t-il dit-,
il y a plusieurs points d’analogie; outre
cela, il y a des deux côtés, un grand
nombre et de très forts motiis de vivre
en bon accord et il n’y en a pas un seul
pour nous mettre en sérieuse opposition.
. » On dit que la Prusse agrandie',' on
mieux l’Allemagne unie, finira par vous
chercher une mauvaise querelle pour ac
quérir un débouché militaire sur l’Adriatique ; mais qu’en ferait-elle ? Trieste suffit
à notre commerce; prétendre avoir un
ou plusieurs portes sur cette mer, lesquels
nous permettent d’y créer une flotte capable de tenir en échec la France dans
la Méditerranée', ce serait une folie.
» Il est bien plus simple et plus hônnête do rester dans de bonnes relations
avec l’Italie et de contribuer ainsi à la
consolider; la marine militaire italienne
acquerra un jour ou l’autre des proportions convenables.
» L’embarras financier, quelque sérieux
qu’il paraisse ne peut être que passager.
Vous avez des ressources considérables
et positives. Votre désordre administratif
disparaîtra dès que vous penserez à régler
le mouvement de la machine de manière
qu’elle fonctionne dans les provinces du
midi comme dans celles du nord ».
Le célèbre homme d’état prussien a spécialement insisté sur la nécessité pour
l’Italie de posséder « une armée solide et
bien équipée et une marine imposante et
bien exercée».
« La possibilité d’une guerre doit toujours être devant vos yeux quelque invraisemblable qu’elle soit. Il se peut que
nous puissions l’empêcher ; mais il se
pourrait aussi que nous eussions les
mains liées. Dans tous les cas, vous devriez vous trouver en mesure de résister
au premier choc et d’empêcher toute surprise.
«Le génie italien, dit-il en terminant,
qui a laissé des traces ineffaçables à travers les siècles, ne manquera pas à luimême et à sa tâche.
. « Certainement pour faciliter l’entreprise
de l’Italie moderne, il aurait été necessaire qne votre Cavour ne mourût pas si
tôt. Celui là était un homme ! Pour vous
le dire en toute simplicité, je me l’étais
proposé pour modèle , et aujourd’hui encore, l’éloge le plus agréable qu’on puisse
me faire, c’est de me comparer à lui ».
— Venise. Le congrès pédagogique a
été clos, comme l’ont élé ceux des beauxarts et des ingénieurs à Milan. Le congrès pédagogique a exprimé, dit le correspondant du Journal ae Genève, le regret
que renseignement religieux soit exclu des
écoles primaires du Gouvernement et des
Communes».
LTigano. Le congrès des Amis de
la paix n’a pas ou beaucoup d’écho. On
y a entendu de nombreux et d’interminables discours du genevois Lemonnier
et de l’allemand Goegg.
E. Malan Directeur-Gérant.
Pignerol, Impr. Chiantore.