1
Anoée XIV*
PRIX D’ABONNEMENT PAB AN
Italie....................Tj, 3
Tous les pays de l’Unioa do
poste . . . . > ^
Amérique du Sud . . î^
On s’abonne;
Au bureau d’Administration;
Chez MM. les Pasteurs ;
OliQK M. JKrnest Robert ('Pignerolj
ot à la Librairie Chiantorq et
ilascarellî fPiguerol).
L'abonnement part du 1* .Tanvîer
et se paio d’avance.
N. 34.
24 Août 1888
Numéroa sAparés demandés avan
le tirage 10 centimes chacun.
Annonces: 20 centimes par ligne
pour une seule fois,—15
timoB de 2 à 5 fols et 10 cen
times pour 6 fois et au dessus.
S’adresser pour la Kédaction et
l'Administration à M. le Pasteur H. Bosio — Saint OermainClnson fPinoroloj Italie.
Tout changement d* adresse est
payé 0,25 centimes.
LE TEMOIN
ÉCHO DES VALLEES VAUDOISES .
Paraissant chaque Vendredi
Eotts me serez i/moins, Acths 1, 8.
S O mm air©*
La Maison Vandoise et l’École de Théologie. — Mr. F). B. Mustoi). — Le 15 août à
Bian-Pra. —Nouvelles du Zambèze. — Nouvelles religieuses. — Chronique vaudoise. —
Bevue politique. — Annonces.
Suivant la vérité avee la charité. Eph. iv, 15.
La Maison Vandoise
et F Ecole de Théologie
Jl faut savoir gré à M. le professeur Alb. Revel des sentiments
qu’il exprime, au sujet de la Maison
Vaudoise dans la première page de
l'opuscule qu’il vient de publier
sous le titre que nous avons transcrit en tête de ce.s lignes.
«Nous suivrons tous, dit-il, d’un
œil sympathique , la marche des
travaux et, de près ou de loin, nous
nous intéresserons tous, comme
Vaudois, au succès de l’entreprise».
C’est parler d’or; malheureusement, ces belles paroles ne sont
que le bord emmiellé d’une coupe
dont le contenu est amer.
Nous connaissions notre cher professeur deFlorencecomme l’un des
plus intrépides faiseurs de plans;
nous devons avouerquehous ne lui
connaissions pas l'humeur noire,
la tournure d’e.sprit pessimiste
et découragée que révèle, à chaque page, sa récente brochure. Un
homme d’une grande expérience
nous disait, après avoir lu la lettre
de M. le doct. A. Revel: «Il a
le mal du pays, votre brave professeur ». On sait que lorsqu’un
homme est atteint de nostalgie,
il ne découvre plus rien d'agréable
dans le pays qu’il habite. Les fleurs
du printemps n’ont plus de parfums,
les fruits de Tauthmae n’ont plu.s
de saveur; l'air est lourd, le ciel
est gris, les gens sont insupportables, la tâche est ingrate. Par
contre, au pays de ses rêves, tout
est beau, tout est bon, tout est
charmant.
Aux yeux de M. Revel, c’est Florence qui apparait comme enveloppée d'un voile sombre, et c’est
La Tour qui se présente vêtue des
plus brillantes couleurs. « Arrachez
des rives de l’Arno, s'écrie t-il, cette
2
~266.
jeune plante, l'Ecole de Théologie;
elle ne fait qu’y languir. Transportez-la de nouveau au pied du Vandalin, logez-la dans la Maison Vaudoise, et vous la verrez croître et
prospérer ».
■ér «
Telle est l’étrange proposition
contenue dans la brochure du docteur R. Pour la soutenir, il fait le
procès au Synode de Pomaret (1860)
qui a décidé le transfert de l’Ecole
et dont l'enthousiasme n’a pas eu
la réflexion pour compagne, et à
la ville de Florence qui n’offre pas
un milieu ecclésiastique et social
favorable à l’école.
Quel l’on se soit, en 1860, bercé
de certaines illusions que le temps
devait détruire, cela est bien possible. On ne prévoyait pas, à cette
époque, le triste morcellement de
l’œuvre protestante en Italie. Alors
que le vent était à l’unité nationale,
on ne pouvait songer aux divisions
ecclésiastiques qui no-us sont venues du dehors.
On avait espéré un développement plus rapide.des églises nouvelles; on avait compté que l’École,
professeurs et élèves, animée de
l’esprit missionnaire, serait un
moyen puissant d’évangélisation
dans la'ville; c’était un noble idéal,
qui ne s’est réalisé qu'en partie.
Toutes les institutions^ aux jours
de leur printemps, sont chargées de
fleurs dont un bon nombre ne donneront pas de fruits en automne.Estce toujours et uniquement la faute
du terrain qui les porte?
*
« ★
Toutle monde savait en 4860 que
Florence n’était pas un Edimbourg,
ni même une Genève, au point
de vue religieux et ecclésiastique.
Aussi ne s’avisait-on pas de lui demander ce qu’elle ne pouvait donner. LeSynode de Poniarel est parti
du point de vue de la nécessité,
pourTfilglise Vaudoise, « de devenir
toujours plus une église mùsionnair»»; et le développement de
l’œuvre d’évangélisation, pendant
les 28 dernières années, a montré
qu’il ne s’était pas trompé, fia plupart des élèves sortis de Florence
ont été appélés à travailler dans
le champ de la mission en Italie.
S’est-on trompé lorsqu’on a cru
qu’un séjour de trois ans à Florence
serait une préparation convenable
pour des étudiants vaudois se destinant à l’évangélisation de leur
patrie? Là est la question. M. Revel
n’hésite pas à répondre: on s’ést
trompé. Mais sa démonstration'nons
a paru bien superficielle.
*
* *
On aura beau dire que l’école
est une « partie intégrante du Collège », que la Tour est la Genève
italienne etc.; lorsqu’un élève y
a passé huit et même neuf ans, recavaut et commençant à donner,
nous croyons qu’ un changement
d’air ne peut que lui faire du bien.
Se figure-t-on un jeune homme qui
n’a jamais mis le pied hors de se.s
vallées, qui n’a jamais visité de
ville, qui n’a jamais vu de près uu
centre catholique, qui ne connait
le catholicisme que par les livres,
qui possède l’italien à demi, lancé
tout à coup, après 11 ans d’études
à La Tour, dans une ville italienne
poury faire une œuvre? A supposer
môme qu'on pût l’envoyer une an-
3
267
née à Florence, comme le propose
M. Revel, n*est-il pas vrai que ce
jeune Immme est à plaindre ejt que
sa préparation ne peui,être qu’incomplète? S’il manque à Florence
d’être un centre protestant, elle
peut du moins donner une idée du
catholicisme pratique, de la société
italienne actuelle,, de ses aspirations, de ses plaies, de ses besoins.
Si les églises florentines sont petites, elles possèdent une vie plus
fraîche, plus abondante, moins conventionnelle que celle des églises
plus anciennes, 11 sera toujours
utile à un ifutur ouvrier d’entendre les nouveaux convertis raconter
leurs luttes, leurs doutes, leur joies,
et leurs douleurs, comme aussi de
voir ;’i l’œuvre, d’une manière un
peu suivie, des ouvriers plus anciens, et nousajoutoDS desouvriers
de différentes dénominations.
*
* *
Malgré les difficultés q'ue M. le
prof. R, se plait à exagérer, trois
années-à Florence doivent donner
a des étudiants en théologie le moyen de se perfectionner dans le
maniement de l’italien. Si de recevoir toutes les leçons en bon italien,
d’entmidreprêcher et parler italien,
de parler .soi-même et de lire constamment l’italien, de converser
en ville et en campagne avec des
toscans, en un mot, de respirer l’italien par tous le»pores et pendant
trois ans de suite, si tout cela ne
Suffit pas pour qu'un élève arrive
.a,le posséder, .c’est un signe qu’il
,p’est pas fait pour être un prédi‘^ateur. Or tous ce.s moyens-là, nos
„^îèves les possèdent à Florence, et
Ceux qui le veulent sérieusement,
l’expérience le prouve chaque année, arrivent à parler et à écrire l'italien d’une manière très correcte.
Que s’il se trouve des jeunes gens
capables de s’obstiner à parler leur
dialecte, et décidés à fouler aux
pieds l’occasion qui leur est offerte d'acquérir un bon accent, cela
prouve seulement que les subsides
del’église sontquelquesfois donnés
bien mal à propos.
Au point de vue de la langue,
comme à celui de la connaissance
du champ de travail, et de..la vie
religieuse et ecclésiastiq ue des congrégations sorties du catholicisme,
Florence peut donner à nos étudiants ce que la Tour ne pourra jamais leur apprendre.
Et si, après avoir vécu d’abord
dans un centre vaudois, comme La
Tour, puis dans un centre, catholique évangélisé comme Florence,
nos futurs ouvriers ont encore le
privilège d’aller passer une année
dans une ville comme Edimbourg,
Glasgow, ou Berlin, nous ne croyons
pss qu’ils soient si mal partagés én
fait de préparation.
Que seuleiment, à la Tour et à Florence, tous ceux qui le peuvent,
professeurs et membres des Eglises,
fassent ce qui dépend d’eux pourla
culture intellectuelle, sociale et religieuse de nos étudiants, et, pour
peu que leur vocation soit sérieuse,
ils sortiront de nos établissements
bien équipés pour la bonne guerre.
★
* *
Si leCentenaire delaReutréeuous
rappelle un devoir, c’est bien celui
de poursuivre avec courage et avec
foi l’évnngélisation de notre patrie.
Le célébrer en sonnant! la'retraite.
4
-Î08
en nous repliant vers nos montagnes, serait, à nos yeux, de la part
de l’église vaudoise, un acte d’ingratitude et de lâcheté impardonnable. H. B.
M. 0. B. inUSTON
St. Jean le 28 août 1888.
Monsieur le Rédacieur,
me demandez de vous envoyer
pour le Témoin une notice biograptipique de Mr, Daniel B. ,ülustun
qui vient de rendre son âme à Dieu,
le 16 août courant, à Saint Jean. Je
ie fais volontiers, seulement elle sera,
forcément, très incomplète.
Mr. D. Muston naquit à La Tour le
21 novembre 1821; son père aimait
l’instruction, il dirigeait en hiver une
école de quartier, c’est là que le jeune
garçon apprit à lire. Il suivit ensuite
avec succès les écoles élémentaires de
La Tour et le collège. Son père, voyant
son désir de s’instruire, pensa alors à
lui faire poursuivre ses éludes, et aidé
de quelques amis il put l’envoyer en
Suisse, à l’Ecole de théologie de Genève. Malgré sa faible santé, il put
achever ses éludes et obtint en 1848
son diplôme de licencié en théologie,
et fut consacré la même année par
le Corps des pasteurs Vaudois.
Ce fut au collège de La Tour que
notre frère débuta comme remplaçant
de Mr. J. P. Meille envoyé, par Mr.
le général Beckvvith, à Florence, pour
s’y perfectionner dans la langue italienne. Ce fut aussi pendant celle année
que le jeune professeur oblini la main
de E. Muston, sœur de notre historien, Mr. le pasteur Alexis Muston.
M™® Muston fut la compagne fidèle et
dévouée de notre frère.
L’année suivante, Mr. Muston succéda au Dr. Revel comme pasteur de
la paroisse fie Praly. Nous ne possédons
pas de détails sur le ministère de notre
frère pendant les 8 années qu’il passa
au sein de cette Eglise; grâce à sa
fermeté il put surmonter quelques
difficultés qu’il avait rencontrées dans
l’exercice de son ministère. Le rude
climat et les privations auxquelles on
est exposé dans nos paroisses de montagne avaient ébranlé la santé de notre
frère, qui n’élail pas des plus fortes,
ainsi que celle de sa compagne, aussi
accepta-t-il avec plaisir l’appel qui lui
fut adressé par la paroisse de Pramol.
C’est là où notre frère a exercé son
ministère pendant 26 ans, jusqu’au
moment où sa santé l’obligea à prendre
sa retraite dans la seconde moitié de
l’année 1884,
Sa prédication fidèle, simple et pratique n’y a pas' été sans fruit, plusieurs ouvriers de notre Eglise qui
travaillent dans les Vallées et dans le
champ de l’Evangélisation, comme pasteurs et instituteurs, ont reçu leurs
premières impressions religieuses à
l’Ecole du dimanche et aux instructions
catéchétiques de notre frère. Ces instructions ont été résumées dans un
petit catéchisme imprimé. Ce qui le
distingue de .ses prédécesseurs c’est
la simplicité de langage et la clarté
dans l’exposition de la doctrine.
Pendant une dixaine d’années, Mr.
Muston fut appelé par le Synode à
faire-partie de la Table comme modéraleiir-adjoinf, ou comme secrétaire;
étranger aux partis qui ont souvent
divisé nos Synodes à celte époque, H
fit partie des administrations qui représentèrent successivement l’un ou
l’autre de ces partis.
Après un ministère de 35 ans notre
frère dut prendre sa retraite, Nous
espérions que le repos, dont il allait
jouir dans sa belle campagne de Saint
Jean, entouré des soins de sa famille
et en particulier de sa chère Adèle,
comme il l’appelait, contribueraient
an l'établissement de sa santé. Il n’en
fut pas ainsi; ses forces allèrent toujours en déclinant jusqu’à ce que In
lampe s’éteignit faute d’huile, comme
il nous le disait lui-même sur son
de mort. Pendant ces 4 années de
retraite il ne lui a plus été possibl®
de nous donner une seule prédication»
comme il l’aurait désiré; obligé d®
passer presque tout son temps cbe*
lui, il consacrait ses journées à la lec'
5
.«69
lure et à la méditation, il aimait à
chanter avec les membres de sa famille nos psaumes et nos cantiques
qu’il connaissait presque tous. Son
cantique favori était celui qui a été
indiqué dans la lettre de faire part
et qu’il a encore chanté le jour de
sa mort avec ceux qui entouraient son
lit: Rien ô Jésus que ta grâce.
C’est appuyé sur la grâce de Dieu
et sur le sang de la croix que notre
frère a quitté ce monde pour entrer
dans son repos.
Vendredi dernier, 17 courant à 6
heures du soir, un modeste convoi
funèbre accompagnait au champ du
repos la dépouille mortelle de Mons.
Muston.
Le mauvais temps avait empêché
bien des personnes de la Tour et de
St. Jean de s’unir à nous. Une trentaine de membres de la paroisse de
Pramol ne s’étaient pas cependant
laissés arrêter par le mauvais temps,
ils avaient voulu, avec leur pasteur
actuel, Mr. Marauda, venir donner à
leur ancien pasteur ce dernier témoignagne de leur aifeclion et de leur
respect. D’autres Pramolins, du quartier de Peumian se trouvaient déjà
sur les hauteurs d’Angrogne, en route
pour St. Jean, lorsque l’orage les obügea de retourner sur leurs pas.
Un premier service fut présidé à
la maison par le pasteur de la paroisse
qui esquissa à grands traits le ministère de celui qui venait de nous quitter, dans les deux paroisses de Praly
et de Pramol. Sur le cimetière MM.
Proehet, président de la Commission
d’évangélisation, Turin pasteur à Gènes
ancien condisciple de Mr. Muston, et
Appia prirent successivement la parole pour exhorter et consoler les parents et les amis du défunt.
Les membres de la paroisse de Pramol avaient demandé de porter euxmêmes la bière jusqu’au cimetière, et
plusieurs d'enlr’eux mêlaient leurs
larmes à celle.s de la*faraille, ayant,
disaient-ils, perdu eux aussi leur père.
C’est qu’en effet Mr. Muston n’avait
pas seulement accompli au milieu d’eux
les devoirs du pasteur envers ses parûsisiens, mais il avait, par ses soins
et ses conseils médicaux, sauvé la vie
d’un grand nombre d’enlr’eux. Obligé
de soigner sa faible santé il avait
appris à soigner aussi celle de ses
paroissiens, et leur avait ainsi rendu
de grands services.
Les enfants de notre frère me chargent de remercier toutes les personnes
qui leur ont témoigné leur sympathie
dans leur grande épreuve, et d’une
façon toute particulière, les membres
de la paroisse de Pramol, qui sont
accourus avec tant d’empressement à
sa sépulture, et ceux qui auraient
voulu s’unir à eux et en ont été empêchés par le mauvais .temps.
Votre tout dévoué
: K. GAY.
Le 15 août à Pian-Pra
L’assemblée du 15 août, au Val
Luserne, s’est formée sur les hauteurs
de Pian-Pra, au même endroit que
28 ans passés. Le ciel était, vers neuf
heures, un peu couvert et chacun en
élail bien aise; quand il se découvrit,
les ombrelles et les parapluies durent
s’ouvrir pour arrêter ses rayons brûlants.
Mr. Gardiol pasteur à Bobi invita
l’assemblée à chanter le cant. 48, prononça une prière, et lut Rom. ch. xii.
après quoi Mr. Romano prit la parole
et fil un discours sur la nécessite d’un
réveil religieux parmi nous; monsieur
Bonnet,continuant le même sujet,parla
des moyens d’obtenir un réveil, et
Mr. Turin, des obstacles au réveil.
Mr Appia, le seul d’entre les pasteurs
présents, croyons-nous, qui ait pris
une part active à la fêle de 1860,
bien que ses cheveux, après vingt-huit
ans, aient passablement blanchi, nous
a parlé, presque pendant une heure,
avec une force de voix et une vigueur
d’esprit remarquables, du réveil et
des missions, nous faisant voir que
celles-ci avancent à grands pas, et
qu’ils nous convient de ne pas rester
en arrière. Mr. Pons de Naples nous
a ensuite entretenus de l’œuvre d’é
#
6
270^
vangélisation dans notre patrie, et
nous a donné quelques détails que l’on
ne peut pas toujours faire entrer dans
le cadre d’un rapport, ou dans les
chiffres d’une statistique, -mais qui
pi'ouvent que notre œuvre est appréciée par plusieurs de nos concitoyens.
En attendant des fruits plus abon*
dants, il est du devoir des églises et
des familles Vaudoises de lutter, par
la prière, avec leurs enfants qui annoncent l’Evangile en Italie. Monsieur
Prochet, en derriandant pour deux sous
de patience, se fu écouter encore bien
que rhidi fût là. Il nous exhorta, à
son tour, à prendre un intérêt vivant
à l’œuvre d’évangélisation, car elle
pourrait bien se faire sans nous, mais
malhétir à nous, si nous allions être
indifférents ou négligents à son égard.
11 est bien vrai que ce n’est pas au
milieu denos montagnards qu’on pourrait trouver chaque année les sommes
nécessaires pour cette œuvre; mais
ce qurimporte, c’est que chacun fasse
ce qui est en son pouvoir. Et pour
cela, quéfaraour de Christ nous presse
et nous'possède. Vous avez eu soin,
dit-il, d’ouvrir vos ombrelles et vos
paraplüiés'poûr vous abriter des rayons du soleil, et vous avez bien fait.
Il y a un soleil plus brillant que
celui qui nous éclaire en ce moment,
c’est le boleil de justice, faisons attention de ne rien mettre entre Lui et
nous, afin que sa lumière pénètre dans
nos cœurs et y apporte la vie.
Mr. Paul Long prononça, à la fin,
une prière, et tandis que l’assemblée
chantait le ps. 138, quelque anciens
et quelques pasteurs faisaient une collecte pour les missions, qui a produit
fr. 96.
Nous regrettons une seule chose,
c’est qu’un trop grand nombre de
personnes soient arrivées un peu tard,
et que plusieurs, même parmi celles
qui étaient là au premier moment,
rie se soyent pas donné la peine d’écouter, mais aient trop souvent, par
leurs conversations à haute voix, nüj
à l’édification de l’assemblée. Un peu
de respect, un peu de bonne volonté
feraient éviter tout cela; pourquoi ne
pas se souvenir qu’il s’agit d’un culte?
Nous craignons qu’il n’y ait là un
esprit profane qui peut faire plus de
mal qu’on ne pense.
Entre trois et quatre heures de l’après midi, quelques personnes ayant
manifesté le regret de ne pas avoir
une seconde réunion, il fut décidé
d’en convoquer une aux Rivoires. Une
centaine de personnes s’y trouvèrent.
MM. Prochet, Appia et Sautter parlèrent encore du réveil. Ce dernier nous
dit aussi deux mots sur les Vaudois de
Marseille. Tout en tenant compte des
exceptions, il nous déclara que les
Vaudois ne font pas honneur à leur
nom. Ils sont attachés à une doctrine
saine, dit-6n, mais quant à leur conduite.,.. Il est à craindre qu’il n’eln
soit d’euxetdeleiir doctrine,comme de
celui qui au printemps a mis dans sa
malle une bonne couverture de laine,
espérant la retrouver en automne en
bon état. Mais quand il va la tiret',
voilà, elle est toute gercée. 11 faut
plus qu’une bonne doctrine, il faut
que christ soit vivant en nous.
Nouvelles du Zambèze
Après avoir longternps tardé, le courrier du Zambèze est enfin venu nous
donner des nouvelléfede nosatifis. Elies
sont bien douloureuses, êt 'doivent
nous pousser à redoubler nos prières
eh leur faveur. Nous ne pouvons publier, cette semaine, que la pfèmiérè
partie des extraits qu a bien voulus
nous envoyer M. Jean Jalla. Elle ès.t
relative aux missionnaires', tandis que
la seconde pariera surtout du pays ét
de l’œuvre. '' ' Réd.
Seshékd, 28 jancier iS88.
Voilà bientôt un mois que nous avons
expédié en Europe le dernier courrier
et depuis lors un événement de famille
est venu changer quelque peu notre
mode d’existence et ajouter un élément
de plus à notre bonheur: c’est la naissance de notre petite Marguerite, survenue le 13 janvier. Dans ces circonstances, Dardiernousa été extrêmement
utile et sa présence ici nous a tous
beaucoup tranquillisés. Ce pauvre gar-
7
«L
çon est toujours malade: depuis son
arrivée à Naiolo en septembre il n’a
pas eu une seule bonne journéé; la
fièvre s’est saisie de lui avec une ténacité effrayante. Venu à Seshéké pour
nous, mais aussi dans l’espoir que le
changement d’air lui ferait dii bien il
se sent aujourd’hui plus malade que
jamais : la fièvre le reprend tous les
deux jours et lui enlève le sommeil
et l’appétit, ses pieds enflés par l’hydropisieMe tourmententet ne le supportent plu.s; avec cela il a une toux affreuse qui l’empêche de rester étendu.
C’est pourquoi il va partir demain
pour Kazoungoüla afin d’essayer si un
second changement lui fera plus de
bien.
5 ft'erâr.
Mé'voici au chevet de Jeanmairet
qui a de nouveau une fòrte altaque
de fièvre; il a même divagué tout le
jour et nous ne savons guères que
faire, car les médecines agissent'difficilement sur lui. li a probablement
gagné cela en allant accompagner Dardier à Kazoungoula: en canot on est
tellement grillé par le soleil, même
avec une ombrelle ! car l’on voyage
du matin au soir et le long du fleuve
il n’y a pas triice d’ombre. C'élail cependant nécessaire vu la faiblesse extrême de Dardier. Pauvre ami ! il emporte un miste souvenir du Zambèze;
je ne pense pas qu’il y remette jamais
les pieds; s’il se.rétablit à Kazoungoula,il compte en repartir pour l’Europe, car il est convaincu que le climat du Zambèze ne lui ira jamais; et
puis se sentir ici seul, malade, privé
de tout ce qu’on était habitué à avoir
eit Europe, sans chez soi, certes ce
n’est pas gai.
i'/nidredi 10.
Jeanmaireti va beaucoup mieux mais
Madame est tombée malade è son tour
et leur fillette de seizemois est toujours encore prise par la fièvre; lundi
mâtiir l’ai été pris de coliques et de
maux de cœur affreux et j’ai été trèspeu bien jusqu’à hier. C’est incroyable
comme ici l’otl est vite jeté en bas et.
quelle peine l’on a ensuite à se relever. Sur ces entrefaites nous arrivait
mardi soir une lettre de M. Weslbeech,
le marchand, nous disant que Dardier
allait encore moins bien et nous demandant si l’un de nous ne pourrait
pas aller le soigner. Nous lui avons
envoyé des provisions dès le lendemain et lui avons expliqué l’impossibilité où nous étions de bouger soit
l’un soit l’autre. J’espère bien qu’il se
remettra, n’est-ce pas étrange que
notre docteur soit celui d’entre nous
qui supporte moins le climat ? Peutêtre Dieu veut-il nous dire par là qu’il
veut lui-même veiller sur nous Lui, lé meilleur Docteur, et que cela doit nous ■
suffire.
Vendredi 34,
Nous avons reçu aujourd’hui une
lettre de M: Westbeech nous donnant
d’assez mauvaises nouvelles de Dardier qui .s’affaiblit chaque jour. Mr.
W. est irés-inquiet et nous demande
de partir sur-le-champ en wagon afin
de le faire conduire au plus tôt à Mangwato, mais impossible, car de notre
attelage de quinze bœufs il nlen resite
plus que huit, et dans huit jours peutêtre auront-ils tous péri, Force nous
est d’aller l’un de nous à Kazoungoula,
C’est un voyage dangereux eljCe n’est
pas gai de laisser derrière soi une
femme et un enfant, ici où l’on peut
s’attendre chaque jour à tomber gravement malades. Mais Dieu y pourvoira et jo suis décidé à partir lundi
malin pour lâcher de remonter un peu
notre malade.
Dimçincha 4i mars,
C’estiavec le cœur bien triste que
je reprends la plume ce soir. Pensm
que ce malin en demandant par hasard à un homme de Mambova comment se portail Dardier, -sa réponse
fut: « If est mort, mort le 23 ». Il paraît que Mr. W. nous avait écrit, mais
jusqu’ici personne n’a osé se charger
de la lettre. Quel coup de foudre pour
nous ! Plus j'y pense, plus je seps que
ça nous est à tous un sérieux avertissement. Puissions-nous nous tenir toujours prêts! Pauvre Dardier! je regretterai toujours que nous n’ayons
pu l’assister à ses derniers moments ;
mais, avec la maladie une première
fois et la guerre ensuite, nous ne pûmes nous y rendre. Nous sommes aussi
8
-272^
paralysés dans nos mouvements que
rhomme le plus impotent. Cher ami!
comme cela a dû être pênibte de se
sentir peu à peu mourir loin de tous
les sieus ! Si je puis trouver un canot
et des hommes je compte aller à Kazoiingoula pour avoir des détails.
Le 18 février nous avons enfin reçu
des lettres de Séfoula : les quelques
nouvelles sont assez bonnes, cependant MM. Goy etWaddell ont eu des
attaques de fièvre. M. Goy avait sa ferme presque achevée, elle est à quelques
cent mètres de Coillard. Il a réussi à
canaliser la Séfoula et espère beaucoup du terrain qu’il défriche.
Louis Jalla miss.
Clirontquc ©auboisc
Cosmopolita (Uruguay). —J’arfail,
écrit Mr. le pasteur Bounous, un voyage dans l’intérieur delà République,
J’ai été partout bien reçu et partout
aussi l’on m’a demandé de retourner.
Je n’ai pu le leur promettre, mais si
Dieu m’accorde vie et forces j’aimerais
fort revoir ces familles de protestants
disséminés à des distances considérables, et leur consacrer un peu plus
de temps. J’ai reçu la demande de me
rendre à 190 kilomètres d’ici pour
bénir un^ mariage ; je ne sais si je
Eourrai y aller, car nous sommes en
iver et si la pluie se met à tomber,
on ne peut plus traverser les cours
d’eau.
Réunion a Prmgins. — La Tribune
de Genève nous apporte, une brillante
et sympathique description de la fête
que les Vaudois de Genève et de la
Suisse romanda ont convoquée pour
le Dimanche 19 courant, dans le parc
du chàteaude Frangins. Nous regrettons de ne pouvoir l’insérer, cette
semaine dans nos colonnes, mais nous
)e ferons prochainement.
iïcoue politique
Soit dans te but de prendre, d’accord avec
te prince Bismark, quelques mesures relalivernentà la question de Massaua, soit pour
s’entendre touchant les affaires de Bulgarie
etc. Crispi, après avoir eu une entrevue
avec le roi, à Valdieri, (Cuneo), est parti
pour Friedrichsruhe. L’ambassadeur Italien
à Berlin, comte De-Launay, a été appelé à
prendre part aux discussions des deux Ministres d’état.
Espérons que le résultat de ces entrevues
soit tout on faveur du maintien de la paix,
mais évidemment, l’atmosphère politique est
chargée d’électricité. '
L’expédition probable, selon quelques journaux, de nouvelles troupes en Abyssinie,
destinées à laver la honte de Saganeiti, le
fait que la Turquie et la Russie semblent
plutôt donner tort à l’Italie à propos de l’affaire de Massaua, les paroles prononcées par
Guillaume II à un banquet réuni à Francfort,
à l’occasion de l’inauguration d’un monument
au prince Frédéric-Charles, savoir « que l’Allemagne, est disposée à sacrifier ses 18 corps
d’année et ses millions d’abitanls plutôt
que de céder une seule .pierre de sa conquête d’Alsace Lorraine»; enfin, le langage
violent du journalisme français contre l’Italie
et son premier Ministre, et l’élection simultanée du général Boulanger dans les trois
départements du Nord, de la Somme et de
la Charente Inférieure, et îles périls qu’un
triomphe définitif de cet enragé tribun pourraient occasionner à la France et à l’Europe
entière, voilà tout autant de symptômes bien
graves.
SAiiscriplion (t'acliôiis île ifrâces
pour le Bicentenaire de la Rentrée
.Te rendrai maintenant mes
vœux à ¡'Eternel en prséence
de tout son people Ps. 116.
Eglise de Pignerol
Mr. Jean Pierre, Michel, Lr. et
M"* Marguerite Long, «pour
le moment», . . . frs. 2500
Montant de la liste précéd. frs. 9295
Total Frs. 11795
Ernest Robert . Gérant.
Pignerol, lmp. Chiantore-Mascarelli.