1
Année Huìlìème.
PRIX D'ABBONNEMBNT par an
Italie ............L. 3
Tous les pays de l'Uniun
de poste ... . >6
Amérique' , . . » 9
On s’abonne :
t^our VIntérieur che» MM. le«
pasteurs et les libraires de
Torre Pellioe.
Pour r£dciérteit»’tìu Bureau d'Ad- \
minisUatioD.
N. 50,
15 Décembre 1882
Un ou plusieurs numéros séparés, demandé^ avant le tU
rage 10 cent, cbaciin.
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ainsi : A la Direciion du !Té»nom,
Pomaretto iPinerolo) Italie.
Pour l’ADMTNISTRATlON adresserainsi ; A rAdministration du
Témoin^ Pomaretto {.Piuerolo)
Italie.
LE TEMOIN
ËCHO DES VALLÉES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
yoM-s.iiie isr(^,iemotns. Acib.s ), S.
Suivantia véHti av<e la charité. Er'. 1,IÏ.
I Soïnmaix’e.
15 Décembre. Qu’est-ce qu’un clérical?
—i Correspondance, — Va vieuï livre vaudoïs.''— A propos de quelques observations sur l’antiquité des Vaudois, d’après
leurs anciens mannscrils. M^üe/. — Chronique locale. — Reçue poHtique. — Souscription eif ftfTeur dés inceWlé» tsw-era-1
uissahl.“'^'^ t.."-''
' 15 Iléoemlbre
QU'EST-CË mm CLËIUCAL?
Il y a bien peu d’épithètes qui
soient d’un usage aussi fréquent
et aussi général, dans les langues
modeï’nes, que celle de clérical,
sans que ceux qui en usent le
plus libéralement, .hommes et
journaux, se soient jamais donné
la peine d’en préciser nettement
le sens. C’est qu’aussi la chose
n’est pas aussi facile qu’elle en a
l’air. — Un ami exprimait un jour,
en notre présence, le regret que
notre correspondant qui signe Jacques, en citant dans une de ses
dernières lettres, quelques explications de ce terme, aussi fausses
chez son interlocuteur vaudois,
que chez le catholique, n’eût pas
lui-inéme, avec le bon sens qu'on
lui reconnaît généralement, donné
la vraie définition du cléricalisme.
Nous n’avons rien eu de plus pressé
que de lui adresser une proposition dans ce sens.
Sà réponse a été aussi catégorique et 'aussi négative que possible. <( Ce n’est pas de ma compétence; j’ai bien pu dire que
telle et telle chose n’était pas,
selon moi, du cléricalisme, que
si^'e me trompais, je ne pouvais
que souhaiter à mon pays qu’il
en eût beaucoup. Mais je ne me
risquerai pas plus loin ».
Dans le fond”, 'nous ne sommes
pas trop surpris de la réserve de
notre ami ; de plus habiles et de
beaucoup plus haut-placés que
lui ne sont pas inoins embarrassés
lorsqu’ils doivent justifier leurs
jugements téméraires sur certaines
personnes qui ne leur plaisent pas.
Nous àvons lu, un de ces jours,
une jolie anecdote que la nature
de notre feuille ne nous permet
pas de reproduire. Il nous est resté
cette parole d’un haut dignitaire
de l’Etat', à propos d’une accusation de cléricalisme lancée à la
légère. <( Si celui-là est clérical il
2
rv\ I
396
serait à souhaiter, pour le bien
du pays, qu'il y en eût un grand
nombre de pareils ».
Comme il n’eSt pas possible
qu’une Excellence ait emprunté
l'expression -dont s’est servi notre
ami Jacques, nous voyons une fois
de plus que le bon sens révèle
beaucoup de choses et qu'il peut
en tenir lieu dans bien des cas
— tandisque rien ne le peut remplacer. .
Qii’est-ce donc qu’un cUrir.al?
Ce n’est pas nécessairement, ni
môme d’ordinaire, un croyant,
c'est-à-dire, un hqmme qui vit et
se nourrit de ce qu'il croit, quoiqu’il puisse lui arriver d’être intolérant, même cruel, par exception, envers ceux qui ne croient
pas ou qui croient autrement que
lui. Ce qui, à nos yeux,;caractérise
le clérical, c’est le souci qu’il a
de sa dénomination, de son église,
de sou système religieux , le zèle
ardeüt qu’il déploie à leur service,
et sa froideur ou son indifférence,
son oubli presque ab.solu de Dieu,
de sa parole, de ses droits, de
sa gloire, que le vrai croyant doit
placer au dessus de tout le reste.
Dans ce sens, il nous est arrivé
de rencontrer du cléricalisme chez
des plyraouthistes, aussi bien ^ue
chez des membres des différentes
dénominations protestantes. Il y
est partout où l’on a tenté d’imposer, sinon par la force, au moins
par l’autorité de l’Etat, ou d’un
corps constitué, une manière uniforme de sertir Dieu et de travailler à son salut; partout où
l’on a statué qn’un acte religieux
cesse d’être agréable à Dieu s’il
est accompli dans telle enceinte
plutôt que dans telle^ autre, ou
que le même Evangile dévient
dangereux pour les âmes , s’il n’est
pas prêché par les personnes officielles désignées pour cet office.
Dans toutes ces misères et aes
étroitesses que, grâce à Dieu, les
Vaudois ne connaissent plus que
par ouï-dire, nous voyons de tristes manifestations de l'esprit clérical pour qui la gloire de Dieu
vient en dernière ligne, lorsqu’elle
n’est pas entièrement oubliée.
Mais si, par une déplorable inconséquence, l’eSprit clérical se
montre même au sein des sociétés
religieuses qui proclament les deux
grands principes du salut par la
foi au sacrifice expiatoire de JésusChrist, et de la parole écrite de
Dieu, comme règle souveraine des
croyances et de la vie, ce ne peut
jamais être que pour un temps et
très exceptionnellement. Si l’on
veut étudier le cléricalisme chez
lui, le voir fonctionner et prospérer et dominer sans contestation , il faut regarder à l’Eglise
Romaine dont le Pape est le chef
suprême. Au sein de cette Société
religieuse, ce n’est que par exception et par nue inconséquence réprouvée hautement par le Chef,
que l’on peut être libéral dans le
meilleur sens du mot. La règle
est d’être clérical, c’est-à-dire, de
tout subordonner à la prospérité
aux intérêts et à la gloire de l’église. Une chose n’est bonne, une
loi n’est acceptable que si l’église
et son chef en sont bénéficiés.
Par contre, au dire des jésuites
qui sont les plus conséquents au
principe papal, une chose peut
être mauvaise en soi, comme le
mensonge, le vol, ou le meurtre,
mais elle devient méritoire si elle
concourt à l’honneur et à la domination de l’église. — Combien
d’hommes éminents en Italie et
ailleurs, qui ont travaillé et souffert pour l’indépendance de la
patrie et qui sont morts excommuniés, non pas qu’ils fussent
des mécréant.s omdes p'ayens, mais
simplement parcecfu’ils avaient la'
prétention de- rencîre à César ce
qui lui appartient et d’avoir concouru à revendiquer les droits
légitimes de l’Etat. En réalité nous
pensons que tous les membres de
3
„,.397.
✓W\>\iXrwv^/v»W\/v'V»^W\/WJ ‘
»WWT.rv'wrWvwN.r»
la Chambre et du Sénat, tous les
magistrats et employés qui ont
prêté serment de fidélité ,au Roi
et à la Conslitution , sans la réserve expresse des droits de l’Eglise et du Pape, sont par ce fait
seul tombés sous le coup de l’excommunication .
Si donc ils n’ont pas eu recours
à quelque réserve mentale, ou
qu’ils n’aient pas été en quelque
manière déliés d’avance fie leur
serment, aucun d’eux ne peut
être appelé clérical dans le sens
propre de l’expression. Le prêtre
doit l’être nécessairement et sans
exception; il sy est engagé, il. y
a été longuement préparé. Il peut
l’être de bonne foi, se persuadant
qu’il n’y a de salut possible pour
l’homme, ni de prospérité pour
une nation, que sous la dépendanc.e absolue et sons la direction
constante .et minutieuse du Pape
et de ses délégués à tous les degrés.
Ce qu’il y a de souverainement
triste et ce que le chrétien ne
peut considérer qu’en tremblant,
c'est l'obstination de beaucoup
d’hommes revêtus d’autorité pour
le bien des pe'uples, à, faire une
guerre insensée au sentiment religieux , à la conscience chrétienne
dans ses manifestations les plus
légitimes, et cela sous prétexte
de combattre le cléricalisme. Le
cléricalisme se moque d'eux, car
la persécution le fait prospérer.
Le sentiment chrétien, quoique
plein'de confiance dans la victoire
finale de la vérité, gémit et soupire en présence de cet aveuglement des sages du monde, et
plein de compassion pour eux, il
demande à Dieu de leur ouvrir
les yeux.
®orrc0|ïonbattce
N’élanl nullement autorisé à expliquer la pensée de noire correspondant Y, en sa lettre du 16 novembre'
dernier, nous lui avons communiqué
celle de M'’ M. Proebet insérée ci après,
ensorle que nous pouvons clore, dès
aujourd’hui, ce petit incident, ou
cette digression, et revenir aux que.slions dont notre feuille s’occupe de
préférence, si non exclusivement.
I Red.
' fi iic5i>fiinîjre I88Î.
Monsieur le Directeur,
Votre corresüondant F a profilé de
la maxime de Talleyrand, car il a su
si bien tourner et rclourner les phrases principales de sa lettre, qu’il a
réussi à les rendre susceptibles do
trois interpréLalipris, une bonne, une
mauvaise et une indifférente, comme
dans le catéclnsrae du bon Ostervald.
M’étant assuré que la première interprétation est celle qui rencontre le
plus d’adhésioirs je viens vous demander rhospilalité pour ces quelques
ligues que je qualifierais du nom de
ï déclarations.».
Il semblerait donc que ceux qui ont
volé pour M'' S., lors des dernières
élections, se seraient inclinés, si non
prosternés devant le veau d’or. Or il
se trouve que je .suis du nombre de
ceux qui .ont donné leur vole à Mr S.
et j’ai, cependant, l’inlirae conviction
de ne m’être rendu coupable d’aucun
acte d’idolaii’ie vis-ii-vis de ce ....vil
métallo che fa commetiere più d‘ un
[allô, et qui, bien employé, peut accomplir des grandes et belles choses,
.le suis bien placé pour le savoir,
.l’ai voté pour M'' S. ;
4. P.ii'ceqiie je le crois honnêlc
homme. Je ne suis pas pessimiste,
mais je me suis servi de mes yeux
et de mes oreilles pendant ces vingt,
dernières années, et quand je rencontre un vrai honnête homme je le
noie. '
2. Parccquc je le crois inleüigenl.
L’universiléde Leipziget ccllcdcRome
4
.~s398v'
ne lui auraient pas octroyé le titre
de docteur si M'" S. était" un ignorant; la preuve estasses claire pour
qu’il ne soit pas nécessaire de la développer. L’on peut être savant docteur
et piètre député au Parlement, m’al-on dit — je le savais, — mais il est
clair pour moi que l’homme le plus
courageux et le plus robuste n’apprendra jamais à nager s’il ne se met
jamais à l’eau. Je n’oublie pas que
Cavour (et il s’entendait en hommes)
avait affublé Urbano Rattazzi d’une
de ces énergiques et intraduisibles
expressions piémontaises, que je rendrai par le mot « imbécille'»; et l’histoire a montré combien il s’était
trompé sur son compte.
3. Parceque je le crois indépendant
et par caractère et par la fortune.
(Ceci ne veut pas dire que j’ajoute
foi aux racontars, qui parcourent les
vallées, à ce sujet; il n’y a que les
contes de fées dans lesquels on ramasse les perles par boisseaux et les
raillions par dizaines).*Je ferme la
parenthèse et je complète ma pensée.
Ün homme intelligent, même tolérablement honnête, court grand risque
de subir une iniluence indue quand
de certain côté, git quelque chose qui
pourrait le tirer de la gène ou lui
rendre la vie plus facile. La richesse
seuk ne devrait jamms ouvrir les portes du Parlement, mais quand elle
s’unit à ce qui précède elle est un
facteur utile pour garantir l’indépendance du représentant du peuple.
4. Parcequ’il est Vaudois. Eh bien
oui! n’en déplaise à la Roche de Cavour, je le répéterai, s’il le faut: parcequ'ii est Vaudois. Il y a quelques
années, j’étais assis sur les moelleux
coussins de Montecitorio, causant avec
un député qui, maintenant, représente
l’Italie auprès d’tine puissance étrangère. Je n’oubiierai pas de sitôt la question que me fit l’onorevole à brûle
pourpoint: «Gomment se fait-il que
vous n’envoyez pas un des vôtres a la
Chambre ? — N’avez-vous pas une tête
parmi vous?« — Ce ne sont pas les
têtes qui manquent parmi nous, pensais-je, c’est autre chose. Je ne de
dis pas à mon interlocuteur.... et ne
le dirais pas encore aujourd’hui, —
Oui, je voudrais un vaudois à la
Chambre, parceque une petite peuplaude protestante comme la nôtre,
aura, pour longtemps encore, des
intérêts qu’aucun catholique, pour
libéral qu’il soit, ne pourra jamais
apprécier à leur juste valeur. D’un
autre côté ce ne serait que juste et
un hommage rendu au principe tant
préconisé delta rappresenlanza delle
minoranzc. Nous avons à la Chambre
des catholiques plus convaincus que
le pape, des athées, des matérialistes,
des panthéistes, des positivistes, des
déistes, des juifs et.... pas un protestant. Or les protestants commencent a être assez nombreux en Italie
pour avoir le droit de désirer avoir
un des leurs au Parlement. Un sur
cinq cent-huit! ce n’est pas trop, ce
n’est que juste.*... ’
Je ne veux pas entamer une discussion avec Y, ni avec la Roche; ce
n’est ni le le mips ni le lieu. J’ai tenu
à faire ma déclaration, d’autant plifs
que je suis persuadé que je n'ai fait
qu’exprimer les sentiments de la majeure partie, si ce n’est de tous, les
4840 qui ont volé comme moi.
Sur ce, je vous remercie pouf l’hospitalité que vous-avez bien voulu donner à ma lettre et vous prie d’agrôér les
salutations respeclueses et cordiales
De votre dévoué
Matteo Phochbt;' ‘
.. P difcembre 18S2.
Mon cher Directeur,
Il ne rn’est pas souvent arrivé de
m’exprimer si mal, ou d’être si mal
compris, que dans ma lettre du 48
novembre dernier. Ce n’est pas encourageant pour un homme qui ne
demande pas mieux que d’avoir un
motif légitime, ou un bon prétexte
de se taire.
Passe encore si j’avais été compris
de travers par do plus ignorants que
moi ! Mais non ; loin de là ; d’après
ce que vous me dites, et ce que j’ai
sous les yeux, ce sont des hommes
d’esprit, "qui me font dire ce qui ne
5
A,^WWWWvwx.^
.—399
m’est jamais venu à la pensée. Ou
encore, s’il s’agissait de ces hommes
qui traitent do sottise tout ce qui
n’est pas d’accord avec leur esprit 1
Rien de pareil; ce sont des hommes
d’assez de largeur pour apprécier
même ce à quoi ils n’avaient pas euxraêmes'^pensé. —- Evidemment, c’est
donc moi qui devrai avoir tort; mais
comme j’en ai déjà bien assez de
réels, sans en accepter d’imaginaires,
je plaide non coupable. J’en appelle
pour cela'aux lecteurs du Témoin,
et comme ils ont probablement oublié, ou que même ils n’ont pas
noté les expressions dont le sens aété dénaturé, je les reproduis ici:
« Puis il y a un trait de leur caractère (desVaudois) commun, peut-être
(j’aurais dû laisser le peut-être) à
celui de beaucoup, d'autres, c’e,st que
l'encens qu’ils brûlent parfois devant
tm veau d’or étranger n’esl jamais de
première qualité, tandis qu’ils rendent
au leur propre, ■ s’il leur arrive de
s’en être fait un, petit ou grand, un
culte sincère et cordial ».
Je me demande encore comment
on a pu nous accuser, moi d’avoir
parlé et vous d’avoir publié une grossièreté pareille à' celle qu’on nous
attribue, c’est-à-dire, d’avoir appliqué
cette expression'de veau d'or étranger
à l’inépuisable générosité des amis de
notre Eglise, grâce à laquelle nous
subsistons et nous faisons une oeuvre
appréciée par les Eglises sœurs, quoique nous en reconnaissions nousmêmes la petitesse? Si nous en avions
été capables, c’est à rhôpilal des
foux que nous mériterions d’être logés. Je' proteste hautement qu’en traçant les lignes ci dessus rappelées,
ma pensée n’a pas dépassé l’enceinte
de nos Vallées.
Il est tout aussi absurde, pour ne
rien dire de plus, de supposer que
par l’image du veau d'or, j’aie pu
dés'igner un homme. Je ne sache pas
que jamais on l’aît employée dans
ce sens; je crois même, pour autant
que je connais la langne française,
qu’eile ne le permettrait pas, G’eslà-peine si elle supporte que l’on traduise littéralement les expressions
bibliques de taureaux de Busan et
de veaux des peuples. — « Maïs alors
expliquez-nous ce que vous avèz voulu
dire ». C’est précisément pour cela
que j’ai pris la plume malgré mon
indolence bien connue. Je parle comme
un Vaudois qui ne connait guère que
scs vallées et je dis :
Quand un homme, vaudois ou non,
connu de moi, parvient à amasser
une grande fortune et que je le vois
salué chapeau bas, ventre-à-terre,
par les courtisans que la fortupè rassemble toujours, comblé de prévenances, accablé de^ compliments flatteurs, je ne Suis' jabiais tenté de
m’incliner comme cette troupe de
clients, plus ou moins aifamés ; si ce
n’est que ce privilégié de ,1a fortune
se soit montré 'riche par le cœur,
généreux sans ostentation, bienfaisant sans orgüeil. Dabs ' cê 'cas 'là je
m’incline intérieurement plus bas que
la foule des' avides, toujours un péù
jaloux, et je'bénis cet. hommê qiii
est un boii dispensateur des 'biens
qu’il a reçu de Dieu', tandis que pour
les autres il n’est que le possesseur
d’un veau d’or, dont iis s’approchent
avec l’afdent désfr Ue'de palper. Je
tiens pom’ un axiôme qub lœncens
que l’on brûle sous le nez d’un homme
parcequ’il est riche, est de mauvaise ’
qualité. ' ‘
Mais si moi, Y, j’avais réussi à
amasser de grandes richesses, et que
je n’eusse pas appris, à Téçol,e de
rEvangile, le cas et l’usage qùe je
dois en faire, ces richesses seraient
devenues mon veau d’or et je persiste à croire que dans ce cas je lui
rendrais, un culte sincère et cordial.,
L’étranger, quand il s’agît de ye'àu
d’or, c’est de vôtre (j’ëspqre que vous _
n’en voiliez point avoir), le notre, par’
manière de dire, c’est le 'nüèii'l'iil ]é
suis persuadé que votre jiropre expérience confirme l’exactitudd de notre
observation. '
Ce que c’est que dé savoir parler !
Il y a des gens qui d’uri signe vous
font comprendre leur pensée ; 'tandis
qu'il m’a fallu une heure pour expliquer quelques expressions aussi innocentes et aussi simples que bonjour!
6
.,..400.
Vous ne m’y reprendrez pas de si
tôt, bien que je ne puisse pas vous
en vouloir de ce qui m’est arrivé, et
que je sois, après, comme avant.
Votre dévoué
Y.
Un vieux livre vbiiiIa).«;
lî.
Le plan général du Fidêk Communiant de David Plan, est le suivant:
Il commence par nous donner une
idée des Sacrements en général et de
la Sainte Cène en particulier.
Les Sacrements sont, pour lui,
« des moyens extérieurs par lesquels
JésuS'Ghnst communique scs grâces
intérieures aux hommes». La Gène
est le mémorial du Sacrifice expiatoire
que Christ a olïert « non seulement
pour le bien des hommes et pour
leur avantage, mais en leur place,
par une véritable substitution qu’il
a faite de sa personne en la place
des pécheurs ».
Il traite ensuite de la nécessité ou
du devoir de participer à la Gène et
enfin de la préparation à la Cène et
des dispositions que doivent revêtir
ceux qui veulent communier dignement,
La partie la plus intéressante et
aussi la'plus pratique est celle où .il
s’efforce de montrer que la participation à la Cène est un devoir. Il le
conclut des paroles riiêmes du Seigneur, qui sont un commandement:
Faites ceci en mémoire de moi; il le
conclut encore du fait que la Sainte
Gène «est une source intarissable de
grâce pour ceux qui y participent
dignement. Pénétré, comme il l’est,
de l’importance qu’il y a pour les
chrétiens à profiter du privilège qui
leur est offert, il s’écrie au cbap. vn®:
«Rien ne marque mieux l’extrême
corruption du siècle, dans lequel nous
vivons, que la négligence funeste et
le mépris criminel que la plupart des
chrétiens témoignent pour nos sacrés
mystères». Puis se reportant aux
temps passés de l’Eglise: «Alors,
dit-il, les chrétiens bravaient la fureur de leurs tyrans et de leurs bourreaux, affrontaient tes dangers les
plus imminents et les supplices les
plus cruels pour jouir de ces douces
prérogatives, dans les déserts et dans
les cavernes de la terre. » « Que les
choses ont changé de face à la honte
des chrétiens!)) Et pourquoi négliget-on la S. Cène? «Les uns s’en éloigneut par un esprit de stupidité et
d’ignorance; les autres par un esprit
d’incrédulité et de Hhertihage; les
autres par un esprit de crainte et
d’avarice; les autres par un esprit
de doute et de défiance; les autres
par un esprit d’orgueil et de préférence. » Plan décrit chacune de ces
catégories de personnes comme le
ferait quelqu’un qui les connaît de
de prés. Aussi lorsqu’il parle de ceux
3ui abandonnent la Cène par esprit
c crainte et d’avarice, ses paroles
rappellent au lecteur l’histoire du
Pragela. «Je mets dans cette classe
ceux d’entre nos frères qui résistent
depuis tant d’années à la voix du
S Esprit qui leur crie : Sortez de Babylon.e, mon peuple! et que l’amour
du présent siècle relient dans un
royaume où ils sont privés du Mini-.
stère et des Sacrements. On n’a rien
négligé pour les faire revenir de leur
assoupissement et de leur langueur
spirituelle.... Malgré tout cela, la
plupart.... se sont obstinés dans leurs
apostasie. Ils l’ont faite sucer à leurs
enfants comme avec le lait...; par
une lâche timidité, ils se conservent
des biens temporels aux dépens de
leur âmes immortelles)).
Quant à ceux qui s’éloignent par
un esprit de défiance, ce sont ceux
qui allèguent leur indignité. « 11 faut
examiner si elle est l’eifel d’im sentiment de modestie et d’humilité, ou
si elle vient d’un fonds de niêchancelé»... Dans ce dernier cas'« cette
indignité étant volontaire, bien loin
d’excuser la conduite de ceux qui
s’en servent comme d’un prétexte
pour justifier leur méchanceté, l’aggrave d’avantage. C’est comme si l’on
(lisait: Je ne puis pas communier
pareeque je ne veux pas renoncer à
7
„,401-.
mes habitudes, parceque je ne veux
pas pardonner ceux qui m’offensent,
parceque Je ne veux pas faire le sacrifice de mes passions déréglées...
— Hélas! disent-ils, nous sommes
de si grands pécheurs ! -- C’est parceque "vous êtes de grands pécheurs
que vous devez vous jeter au pied de
la croix que la Gène vous retrace,
vous arroser de ce sang précieux que
Jésus a répandu pour les pécheurs...
C’est parceque vous avez encore tant
de faiblesse, que vous devez communier afin d’avoir part aux grâces qui
découlent d’une bonne et sainte cogiraunion ».
Arrivé à la dernière catégorie, il
écrit ces mots: «C’est une espèce
d’hoinrioes bien singuliers. On voit
aujourd’hui des chrétiens qui veulent
qu’on les regarde comme la partie
la plus saine de l’Eglise, pendant
qu’ils mettent' au même rang que les
lois de l’Evangile, les illusions de
leur esprit... les rêveries des visionnaires. Ces gens-là sc flattent d’avoir
l’Esprit de Dieu cl d’être supérieurs
à toutes les directions qu’on pourrait leur donner pour leur salut. Jls
vous diront, d’un sang froid , qu’ils
sont parvenus à un degré de perfection qui les dispense du ministère
évangélique et de l’usage de la sainte
Gène.... Ils me permeltronl de leur
dire qu’ils se livrent trop à l’orgueil,
et qu’ils n’éludienl pas assez la débonnaireté et l’humilité chrétienne ».
Les quelques citations que nous
venons de faire montrent suflisaramebl dans quel esprit évangélique et
prati(|]ie David Plan a écrit tout son
livre. z.
A propos fie qaeiques observations
sur l’antiquité des Vandois,
d’après leurs anciens inanuscrits
f Suite t'Oir N. 4,9y.
Trois vers plus loin (au 34™“),
au lieu d’une lacune sc trouve une
surcharge, c’est à dire l’adjonction
d’un mot qui est de trop dans le
vers, et inutile dans la phrase, ainsi
qu’à la pensée. L’auteur parle de
Dieu.
Plein de toute sagesse et de toute
bonté; voilà son vers. Mais Dieu est
aussi tout-puissant; le copiste a voulu
le dire, et il a intercale, entre les
deux hémistiches: et de^ toute puissance, ce qui allonge démesurément
le vers, ou plutôt le détruit complètement, et qui en altérant lamesure n’ajoute rien à l’idée.
Cette adjonction anti-prosodique,
se trouve reproduite sur tous les
manuscrits. L’auteur du poërae qui
est tout entier en vers alexandrins,
n’a évidemment pas laissé échapper
par mégarde, ou introduit volontairement ce vers de 18 syllabes; cette
énormité n’a pu venir que d’un copiste dénué du sens prosodique; et
c’est l’œuvre de ce copiste qui aura
servi de modèle pour faire les copies
que nous avon.s actuellement. On les
dit être du XV'-’ siècle; mais alors
môme, il faudrait admettre aii-moins
deux générations de copies défectueuses entre le XV“ siècle et l’origine du poème.
Je vais essayer de restituer tout
ce passage à sa forme prosodique
régulière; on verra combien l’idée,
y gagne en clarté et tous les vers
en harmonie. ,Tc prie pour cela ceux
qui s’iiuéressenl à ces questions, de
vouloir bien avoir sous les yeux lu
texte ordinaire de la Noble Leçon.
Les mots que j'ajoute ou modifie dans
ce texte, sont indiqués ici en caractères italiques; ceux que je,supprime
seront signalés par le texte qui les
■contient. Ce passage s’étend du vers
au 34® inclusivement. Le voici:
Per chascuna persotia , liiGal vol ben obrar,
Lo nom de Dio lo payre deo esser al ooinmenozar;
K apelar en ajuda lo sen glorios iUh., car
Ffih de Sancta Maria e solment O per la cam;
E lo Sanb Spirît, i|ue don« bon» vîh.
Aquisti (.rey, qu« fan la Sanota TrepiU »
Bnaytna un sot Dio devon oaser aura;
Plen de tota sapieneza c da tota. bouta,
Le premier hémistiche des quatre
premiers ver,s , est terminé par une
syllabe féminine, qui n’est élidée que
dans le quatrième, et constituerait
8
^402.
une syllabe de ti’op dans le vers,
d’après les lois de la prosodie actuelle,
mais celle-ci .ne comjite pas la dernière syllabe du second hémistiche
d’un vers, à désinale féminine, et
d’après la prosodie romane, on ne
la comptait ni au premier ni au second; la mesure^ de ces vers est donc
irréprochable.
En voici maintenant la traduction;
« Pour chaque personne qui veut faire
» un bon ouvrage, ( ou pour quiconque
» veut réussir dans son entreprise) le
» nom de Dieu le père doit etre (in» voqué ) en commençant. Et /ou doit)
3) appeler en aide son glorieux fds,
» car ce n’est que par la chair qu’il
» est fils de Sainte Marie; et le Saint
» Esprit qui donne (au nôtre) une
s bonne I direction. Ces trois qui for■a ment» la ¡Sainte Trinité, Comme un
a seulj. Dieu doivent être adorés plein
a,de toute sagesse et d.c toute bonté ».
11 n’y a ici aucune interruption ,
ni dansiila: phrase.'piidans la pensée
ni dans le vers; et/î’on peut espérer
que Joirsque s toutes ¡y es: parties douteuses de nos poëmes vaudois, auront
été étudiés avec un soin suffisant, il
sera possible de faire disparaître la
plupart des anomalies qui s’y trouvent
encorev-ti ‘ " A. M.
( .) L’adverbe sâulenient dojt s’écrire sola)nenl', si
je l’ai diminué d'une syll/tbe en l'épirivant
pôhï la mesure du vers, i/est que ces contractions
dans l’intérieur d’un mnt, sont admise« par la proBodie vaudoise, ainsi que par la poésie iCHÎienne.
Dan,s 2o ikjü^Î cbn/bri a la strophe ]7jmo on trouve
le mot éorit elôiruaimijui pü(ir Iji besoin
du Terts; et en italien y abondent.
ue locale
Torbe-Pellice. — D’inauguration
du chemin de fer qui unit le val
Pellice à Pignerol et à Turin est fixée
à mercredi, prochain, 20 décembre
courant Le train dit d’inauguration
partira de Turin à 9,10, et arrivera
à la, Tour à 11,40. Dès le lendemain
la ligne s'ara mise en service, aumoins
pour las voyageurs et pour leur bagage.
iScüUC |)oUttC|UC
JUalie, — La Chambre a vérifié
toutes les élections non contestées.
Le député élu, autour du nom du quel
il se fait le plus de bruit, est tou
i'ours encore Falleroni, nommé à
lacerata. L’hon. Pierantoni a proposé que l’élection de Falleroni fût
annulée, et que le Collège, déclaré
vacant , fût invité û sc nommer un
autre représentant. Mais le ministère
par l’organe de Déprétis, vient de
proposer un projet de loi, dans le
même sens, de sorte que Pierantoni
a retiré le sien. Il paraît que tous
les ministres ne sont pas d’accord à
ce sujet. Nous serions de l’avis de
ceux qui pensent qu’il faut annuler
l’électipn et laisser le Collège vacant
pour un an au moins, pour le pqnir d’avoir envoyé'à la Gharabbe
un député que l’on savait très bien,
comme c’est le cas de Macerata, ne
pasi vouloir se conforaiei: à'ilâ'loi.i <
Déprétis et Mancini sont toujours
encore indisposés, quoique le premier
ait fait une apparition a la Chambre.
M. de Giers, ministre des affaires
clfangéres de Russie s’est arrêté quelques jours à Rome, et il y a eu au
Quirinal un banquet en son honneur.
France. — La blessure de Gambetta a toujours encore quelque chose
de mystérieux. — L’état de santé de
Grévy laisse à dé^rer ; on parle de
son successeur dans la personne du
général Chanzy. ; ,
SOU.SCtUPTION KN FAVEÜR
P ES INCKNOIÉS
du village de ü'runissard fArvieuxJ
Souscription de quelques amis catholiques (Société La Banda) Pignerol
L. 31.
Ernkst Roiîkht, Gdrânt et Administrateur
Pignerol, lmp. Chiantore et Wascarelli.