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Quatrième Année.
9 Août 4878
N. 32
LE TÉMOIN
ÉCHO DES VALLEES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Vous me serez témoins. Actes I, S.
Suivant la vérité avec la charité. Ep. 1, 15.
PRIX D'ABBONNBMENT PAR AN Italie . . . . L. 3 Tous les paj's de rUoion de poste . , . > 6 Amérique ... >9 On s’abonne: Pour VJniérieuT chez MM. les pasteurs et les libraires de Terre Pellice. Pour r.KiciériiW'T au Bureau d'Ad- ministration. Un numéro séparé; 10 centimes. Annonces ;25 centimespar ligne. Les en'oois d^argent se font par lettre recommandée ou par mandais sur le Bureau de ! roso- Argentina.
Pour la RÉDACTION adresser ainsi: A la Direction du l’émoi«, Pomaretto (Pinerolo; Italie. Pour l’ADMINISTRATION adresEcrainei : A l’Administration in remnin, Pomaretto IPinerolo) Italie^
Sommalr©.
Le libéralisme et la tolérance du nouveau Pontificat. — Nécrologie. — La Colonie vaudoise du Rosario Oriental. —
Eclaircissement bibliqne. — Correspondance. — Plus de condamnation! — RecMe
politique.
LE LIBÉRALISME ET LA TOLÉRANCE
du nouveau Pontilicat
C’est un très curieux et très
intéressant document, ou monument , que cette instruction que
lé‘Vicaire general, ou carditíalvicaire, vient d’adresser, au nom
du pape, aux curés dejóme.
Léon XIII est « graademéi^^arri
des persécutions que la'*iùté
Eglise de Jésus-Christ aoufiPre maintenant partout, et très affligé des
eff^r^s qui se font, à Rome même,
pour arracher du cœur des ré^
mains le précieux trésor de la foi.
L’une des choses qui remplissent
d’amertume , le coeur paternel du
St. Père, c’est l’impudence avec
Î4|uel|u Ids hérétiques de sectes
diverses sont vends s’étefelir ici,
à Rome et y font école d’hérésie
afin de pervertir ce peuple et spécialement de tendre des pièges à
la jeunesse imprévoyante'‘et se
pliant facilement à l’hérésie comme
au vice ».
Tout péché et tout blasphème,
dirait’ volontiers ce pécheur infaillible;^ peuvent être pardônhés,
même à assez bon marché, il y a
un péché irrémissible parceque
celui qui le commet ne noué rapporte plus rien, c’est le péché
contre le St. Siège, qui consiste
à prêter une oreille bienveillante,
à un enseignement autre que celui
de Rome papale. C’est Tahomination de la désolation. — Il y a
certainement de la présomption,
môme de Timpudence de quelque
côté, — mais ce n’est certes pas
du côté des chrétiens éva'ngéliques
et des nations protestantes qui
assurent à'chacun toute la liberté
nécessaire pour qu’il puisse servir
Dieu selon ses convictions et manifester même publiquement ses
croyances. La curie romaine prétend au contraire que tout lui est
dû et qu'elle-même ne doit rien
2
.250
à personne. Elle institue des paroisses et des diocèses, inpartihus,
là même où elle n’a point encore
d’adhérents et pousse les hauts
cris ( si elle le peut elle les fait
pousser à d’autres ) lorsqu’on s’avise de lui opposer le moindre
obstacle.
En entendant l’écho des gémis-,
sements du pape, et sachant quelle
en est la cause , nous avons fait
un curieux rapprochement. Il y
a dans nos vallées, une Commune,
où lorsqu’un cui^é y fut placé, il
n’y avait d’autres catholiques romains que deux ou trois douaniers,
quelques bergers qui venaient passer dans les alpages trois à quatre
mois d'été, et enfin la servante
du curé lui-même. Sous le rapport du travail comme sous celui du
traitement, le poste était excellent.
La confiscation des biens de quelques vaudois avait fourni le revenu nécessaire. Dans une autre
des communes vaudoises une profusion d’enfants trouvés mis eu
nourrice d’abord et laissés ensuite
à des conditions avantageuses pour
les nourrissiers, a assez accru la
population catholique pour que
l’on ait pu y établir deux centres
d’activité, dont l'un dans le boulevard fameux des anciens vaudois.
Nul n’accusera les vaudois de
s’être opposés par la violence, ou
par l’outrage, à ces deux entreprises ayant pour but avoué de
les entraîner à l'apostasie ; l’eussent-üs voulu ils l’auraient vainement tenté, mais il ne l’ont pas
voulu et ils sont même allés jusqu’à téojoigiier spuveut une grande
bienveillance à eesi hommes qui
quelquefois u’enjétaientpas dignes.
Les temp sont chaugés mainte
nant et, par un juste retour des
choses d’ici-bas, les descendants
de ceux qui ont tant souffert spus
roppressioû et gémi des injustices
et des violences qu’on leur faisait
subir, goûtent la joie très légitime et très chrétienne d’entendre
leur ennemi séculaire gémir de ce
que l’Evangile est prêché jusqu’aux
portes mêmes, de son Vatican, et
ce qui n’est pas moins providentiel , prêché par des ministres
vaudois.
Le Cardinal Vicaire, qui a tous
les moyens d’être bien informé ,
nous donne la consolante nouvelle
que, à Rome, il existe maintenant
outre un certain nombre de temples et de salles de conférences ,
dix écoles et quelques pensionnats
et asiles dirigés par des protestants , dont le but bien évident
est de répandre le poison de leurs
erreurs en même temps que le
pain et les secours matériels qu’ils
prodiguent à leurs auditeurs et à
leurs écoliers,
, Cela nous rappelle que, il y a
quelques semaines seulement, plusieurs personnes d’une conacaune
voisine sont venues s’offrir pour
devenir membres de notre église,
si seulement on leur donnait un
prix suffisant. Leurs conducieqrs
très 'peu spirituels leur ont tant
dit qiie ceux qui embrassaient le
protestantisme se vendaient pour
un beau prix qu'ils ont fini par
le croire et qu’ils sont prêts à faire
Ijon marché de convictions* religieuses qu’ils n’ont à aucun degré.
Ce qu’il y a de plus grâve et
de plus burlesque dans la circulaire du Gardiual-Vicaire, c’est
l’excommunication majeurci fulminée *ppn seulement çoùtre, lejS
3
vSSl^
hérétiques de toute dénonaiaation ,
mais aussi contre ceux qui engagent les autres de quelque manière
que ce soit, à entendre les conférences des hérétiques , contre
ceux qui font connaître par la
presse le temps et le sujet de ces
conférences. Les architectes, entrepreneurs , maîtres-maçons qui
donnent leur concours à la construction de quelque temple protestant, commettent un péché mortel. Quant aux simples ouvriers
maçons comme il serait imprudent,
vu leur grand nombre, de les
traiter trop durement et que la
faim pourrait les pousser plus
loin qu’on ne veut les laisser aller,
les curés se borneront à les avertir
qu'ils feraient bien de ne prendre
part à aucun travail de cette nature. Les pères et les mères, enfin,
qui commettent le très énorme
péché d’envoyer leurs enfants aux
écoles protestantes devront être
par tous les moyens possibles
amenés à la repentance, et en attendant être privés des sacrements
dont ils sont tout-à-fait indignes.
Nous ne nous lasserons pas de
le répéter ; il faut être doué de
beaucoup plus d'imagination que
de jugement pour espérer que jamais la papauté adoucisse volontairement les rigueurs brutales de
sa superbe intolérance ni qu’elle
apprenne à l’école de Jesus-Christ
la douceur et l'humilité. Ce qu’elle
a été c’est ce qu’elle sera , jusqu’à ce que le Seigneur la détruise d’abord par le souffle de
sa bouche et l’anéantisse enfin
par l’éclat de son avènement.
NÉCROLOGIE
Mardi soir à quatre heures un nombreux convoi a accompagné à sa dernière demeure terrestre la dépouille
mortelle de J. D. Rostan^ ministre du
S. Evangile et évangéliste à Pise. Notre
ami avait succombé dans la nuit de
dimanche à lundi à la suite d’une
longue et douloureuse maladie supportée avec patience et résignation.
Doux et aimable par caractère, il l’était
devenu d’une manière plus élevée sous
l’influence de l’Evangile. 11 n’a pu consacrer que peu d’années à l’œuvre de
l’Evangélisation qui lui tenait tant à
cœur, mais dans ces quelques années
il a été entre les mains de Dieu un
instrument béni pour amener au Seigneur bien des âmes et pour édifier
par sa parole convaincue la petite
Eglise de Pise qui pleure maintenant
sa perte, il avait reconnu que le Seigneur avait abrégé sa carrière, aussi
écrivait-il à la Commission d’Evangélisation :
« Je espérais pouvoir travailler quelques années peut-être à l’œuvre du Maître et lui consacrer les forcés et les
connaissances qu’il m’avait accordées,
mais le Seigneur m’a donné ma démission et je vous la transmets. » La
douceur et la solidité de son caractère
l’avaient fait aimer des personnes avec
lesquelles il avait eu des * .pports, ses
collègues, ses condisciples, et ses
supérieurs, comme les membres de
son troupeau. M. Félix Bovet de
Graiïchamp près de Neuchâtelj, qui
avait fait sa connaissance pendant im
séjour à Pise, l’appréciait hautement;
notre ami a eu quelques jours avant
sa mort, la joie de recevoir la visite
de ce chrétien et de cet homme de
cccur.
Les derniers mois de ia carrière terrestre de notre frère ont été très pénibles ; il souffrait comme un martyr,
la fièvre le rainait, la soif le dévorait
et rien de liquide ne pouvait entrer
dans son corps ; mais sa foi l’a rendu
victorieux de ses souffrances corpo-
4
^252-^
relies; il paraissait toujours heureux
et il avait pour ceux qui le visitaient
une parole amicale et un sourire de
reconnaissance. Ses dernières heures
ont été très calmes, la fièvre et les
douleurs avaient cessé et à la demande
de son frère auquel il seniblail vouloir parler, il dit à deux reprises qu’il
s’entretenait avee son Seigneur.
Nous laissons à d’autres le soin de
dire plus complètement ce qu’il a' été
et ce qu’il a fait, et nous terminons
cette courte notice en disant avec le
frère qui a parlé sur sa tombe: La
mort a été pour lui comme pour
l’Apôtre «ii pain, parcaque Christ était
sa vie; et nous répétons avec un autre
frère ces paroles de l’Ecriture Sainte;
« Que notre fin soit semblable à la
sienne. •
U COLONIE VAUDOiSE
da Rosario Oriental
/’Suite et fin/.
1
Considérations générales. Nous
sommes arrivés, très-honorés Messieurs,
à la partie la plus difficile de notre
rapport. — Gomme partout, il y a
parmi nous du bien et du mal. Il arrive quelquefois que les jeunes gens
partent avec leur cheval de la maison
paternelle pour aller vivre dans les
campos, hors de la colonie. Gourant
d’une localité à l’autre, mangeant un
3eu partout, puisque, presque partout
’on offre ce qu’on a dans la maisoii,
dormant où la nuit les surprend et ne
mettant la main à l’œuvre que lors(ju’il faut avoir de l’argent pour satisfaire un vice ou une mauvaise habitude , ces jeunes gens ne sont plus
guère que des vagabonds. Les, pufperies ( les auberges d’ici ) continuent
à être passablement fréquentées le dimanche, noins cependant,^qiie par le
passé. Dc_ même, lors des trilles, c.à-d. le jour où chaque colon bat et
rentre ses blés, il se commet souvent
des excès et quelquefois même la journée ou la soirée se termine par une
danse.
f
— L’égoïsme a également de profondes racines parmi nous. — L’on
craint par dessus tout de contribuer
pour un autre , ou plus qu’un autre,
Le plus souvent avec de pareilles dispositions le fardeau retombe de tout
son poids sur le petit nombre des
biens disposés. A cela ajoutons la
division , l’animosité entre colons ,
et lia médisance, qui en découlent .
comme l’eau d’une source. Les partis j
se sont réconciliés, il est vrai, mais
le feu couve encore sous la cendre I
et peut se rallumer au moindre pré- 1
texte. L’on s’est pardonné en disant :
Je le pardonne mais prends-loi garde.
— Quand nous pensons à ces choses,
à l’impureté et aux scandales qu’on
pourrait encore signaler, nous sommes
forcés de reconnaître qu’il nous faudrait un missionnaire soutenu par quel que société du dehors pour former
petit a petit une église et non pas un
pasteur qui se trouve en face d’une
église déjà formée et responsable de
son honoraire.
Mais parlons de choses plus réjouissantes. Le culte de famille , tout en
étant bien loin d’être général, existe
dans quelques maisons. Plus d’un colon
apporte sa contribution aux diiicres
bien avant qu’on la lui ait demandée.
On ne s’adresse jamais en vain à ces
personnes. Après avoir contribué elles
souscrivent encore, et sans se lasser,
pour faire face à des besoins nouveaux.
L’on trouve aussi des jeunes gens sérieux et qui s’occupent avant tout de
la seule chose nécessaire.
Ajoutons encore que quelques catéchumènes se sont côtisés entr’eux pour
acheter une robe au pasteur qui préside le culte à la Paz. Personnellement
le pasteur n’a qu’à se louer des colons
qui lui ont témoigné de plus d’une
manière leur estime et leur affeclion.
Il;, y a donc plus d’un sujet d’encouragement et plus d’une consolation.
L’œuvre à faire est grande et de
beaucoup supérieure aux forces tl’un
seul homme. Que Dieu veuille dans
sa bonté mettre au cœur de plusieurs
personnes la résolution d’aider le pasteur dans l’accomplissement dej'sa lâche
et de travailler à l’instruclioa et à l’é-
5
difîcalion de tous les membres de cette
paroisse. C’est la prière que nous lui
adressons en terminant ce rapport.
Golonia Valdense, 31 mai 1878.
D. Armand-Ugon.
Ont signé à l’original dont nous
avons extrait celte copie les membres
du consistoire:
D. Armand-Ugon, président. — Jean
Daniel Bonjour ancien, — Barthélemy
Berton ancien, — J. Daniel Gönnet
ancien, — Jean Daniel Revel ancien,
— Jean Pierre Arduiu ancien, — Paul
Pons ancien, — Timolhée Dalmas ancien, — Jean Bonjour ancien, —-Antoine Tourn ancien.
El les membres de la commission
des diacres':
Jacques Gille, — Jean Barthélemy
Durand, —Jean Daniel Rivoire, —
Poëi Etienne, — J. E. GeymonStl, —
Gourdin David, — Elisée Bertinat, —
Jean Negrin, — Paul Bonjour,^ — Et.
Cesan.
Le rapport qui précède a été lu à
l’assemblée électorale le 24 mai 1878.
— L’assemblée reconnait qu’il dépeint
assez fidèlement l'état moral, social et
matériel de la colonie. 11 n’a donné
lieu à aucune objection, si ce n’est à
l’égard de certaines expressions dont
on n’avait pas bien saisi la portée.
Extrait du procès-verbal de la séance
du 24 mai 1878 de l’assemblée électorale de celle paroisse.
Golonia Valdense, 31 mai 1878.
’ D. Armand-Ugon.
ËclaircissemeDl biblique
'Nous avons publié, dans notre n° 29,
une lettre de notre bon ami Jacques
sur la question soulevée par le Cristiano
Evangelico relativement à la [portée de
r. TiMi II, 15. Nous aurions pu dès
lors exposer brièvement notre propre
opinion à cet égard; mais il nous a
paru plus intéressant d'attendre jusqu’à
ce que beaucoup d’autres eussent fait
connaître la leur. Le Cristiano récapitule dans son dernier numéro et ap
précie les 7 explications qui lui sont
parvenues, y compris celle de notre
frère Jacques, et se prononce naturellement en faveur de celle qu’il a
donnée lui-même parce que, dit-il ,
elle lui parait plus conforme aux lois
de l’interprétation grammaticale et historique. Quant à celles proposées par
M. Bryant-Barret et le correspondant du
Témoin, elles lui semblent s'éloigner
considérablement du contexte, vu qu’il
est question da'ns ce passage, non du
but et des normes du mariage, mais
d’une certaine condition par le moyen
de laquelle, ou à travers laquelle ( par le
milieu de laquelle J la femme peut être
sauvée.
Quoique nous n’éprouvions aucun
besoin de justifier de tout point et de
faireiidire la lettre de notre ami Jacques;
il nous semble, n’en déplaise à notre
savant confrère, que c’est précisément
celle idée de condition Jpar laquelle
ou dans laquelle le salut de la femme
s’obtient, qui y a été formellement
indiquée. A moins que nous n’ayons
saisi qu’imparfailement sa pensée, notre
correspondant n’a pas voulu dire -que
S'' Paul ait simplement rappelé à la
femme l’ordre primitif de Dieu et le
devoir qui en découle pour elle. —11
n’est pas question pour l’apôtre d’insister sur un devoir, sur une ;obligation
absolue, mais uniquement de préciser
le milieu, ou la sphère dans laquelle
la femme est appelée à se mouvoir
en déployant les qualités, en exerçant
les dons spéciaux qu’elle a reçus.
Au lieu donc de s’éloigner du contexte , les explications de M. BryanlBarret et de notre ami Jacques sont
précisément celles qui y tiennent de
plus près. Qu’esl-ce, en effet, qui a
donne lieu à l’energique protestation
de l’Apôtre ? Ge ne peut être que la
tendance qui a dû lui être signalée,
au sein des églises d’Asie, comme il
avait eu l’occasion de la voir lui-même
chez les Gorinthiens, à donner à la
femme, ou à lui laisser prendre, dans
les assemblées, une place et une autorité qui n’étaient pas faites pour elle.
«^Que la femme, dit-il, écoule Tins-,
iruclion en silence, avec une parfaite
soumission. Je ne permets pas à la
6
-254 V
femme d’enseigner, ni de prendre
aucune auiorité sur l’homme; mais je
veux qu’elle se lienne dans le silence;
car Adam a élé (formé le premier,
Eve ensuite , et ce n’esl pas Adam qui
a été séduit, mais ta femme s’étant
laissé séduire s’est rendue coupable
de transgression. Néanmoins, la femme
sera sauvée en devenant mère,' pourvu
qu’elle persévère dans la foi, dans la
charité et dans la sainteté avec modestie ». — Nous avons cité le[passage
dans son entier pour montrer la liaison
intime qu’il y a entre la conclusion et
le commencement.
11 y a une émancipation de la femme,
émancipation légitime et nécessaire;
l’Evangile la proclame et S* Paul, d’accord avec S‘ Pierre, la veut mieux
que tous les Salvalore Morelli de tous
les siècles.
Toute dépendance sous laquelle la
femme serait dans l’impossibilité de
travailler à sa propre sanctification est
illégilirnecomme aussi toute contrainte,
provenant de la part des hommes, qui
J’empéoherait d’esercer les dons spér
ciaux qu’elle a reçus pour les faire
valoir au service du Seigneur. En
iésus-Ghrisl les distinctions du juif et
du gree, de l’esclave et du libre, de
l'homme et de la femme, n’existent
plus. U n’y a pas deux manières d’être
sauvé ni deux manières de se préparer
pour le ciel, de même qu’il n’y a pas
peur le corps humain deux manières
de respirer et de se nourrir.
Mais d’un autre côté , la mission de
la femme dans le royaume de Dieu
sur la terre, est essentiellement autre
que la mission de l’homme. Lorsque le
Sauveur choisit douze apôtres d’abord,
puis soraante et dix disciples pour les
envoyer deux à deux devant lui prêcher
l’Evangile et guérir tes malades, il ne
donne une mission pareille à aucune
des saintes femmes qui i’ont suivi de
Galilée, l'assistant de leui\ biens non
pas même à sa mère, le modèle de
la femme |chrétienne. C’est dans le
silence qu’elles [apprennent et par des
actes plutôt que par desdiscours qu’jelles
témoignent de leur foi et de leur
ardent amour pour le Sauveur.
Il est arrivé, très-exceptionnellement,
que des femmes ont héroïquement
combattu , en l’absence des hommes,
ou dans les mêmes rangs avec eux ,
pouïr défendre la famille menacée, la
ville ou le village serrés de près pjir
l’ennemi, sans que personne en ait
conclu que le métier des armes et le
service militaire leur conviennent aussi
bien qu’à l’homme. Dieu s’est de même
servi, et se sert encore exceptionnellement de femmes pieuses pour accomplir!, même au loin, quelque important ministère évangélique, sans
que l’on puisse conclure à une aptitude
égale à celle de l’homme, ni surtout
à une mission commune, sur ce point,
à jl’un et à l’autre. Le milieu dans
lequel la femme est appelée à se mouvoir en reine, en y déployant toute
la richesse de ses aptitudes spéciales de
patience, de douceur, de persévérance,
de dévouement et d’ardente affection,
c’est la famille; or il n’y a pas de
Emilie sans maternité. Si donc l’Apôtre
a voulu dire quelque chose c’est ceci,
nous en sommps convaincu, que la
femme ne peut nulle part, et dans
aucune situation, accomplir plus sûrement sa mission qu’en se renfermant
dans le cercle des devoirs de la famille.
Qu’elle laisse à l’homme les luttes du
dehors, soit pour l’existance de la famille, soit pour la défense et la propagalion de la vérité. Sa part est aussi
belle iet aussi glorieuse qu'elle peut
la désirer- C’est elle qui pose les premiei’S fondements, qui r^and les premiers germes, d’où sortirent en temps
convenable les hommes dont Dieu se
servira pour accomplir de grandes
choses auprès et au loin.
Quant aux lois de l’interprétalion
grammaticale, nous savons aussi, depuis
un demi siècle, que la^iréposition dont
se sert l’Apôtre a les deux significations
principales de par le moyen et au travers oa par le milieu de..., et ce sont
précisément ces deux sens réunis,.dans
notre passage qui ne nous laissent
aucun doute sur la pensée de l’Apôlre.
Ce n’èst pas en s’affranchissant arbitrairement de la position, inférieure à
quelques égards, que Dieu lui a faite,
mais en y demeurant humblement,
7
-.255
c’est en accomplissant fidèlement les
devoirs que cette position lui impose,
que la femme chrétienne (c’est d’elle
seulement que S* Paul parle ) assure
son salut, qu’elle « affermit sa vocation
et son élection ».
Correeponbance
Nous avoiHS un faible pour les communications que des compatriotes nous
envoyenl du dehors, et c’est ce qui
nous fait publier l’appel suivant adressé
èi ses amis des Vallées par un jeune
étudiant de l’Oratoire de Genève.
I c La moisson est grandie
mais..il y a pe.u d'ou
viîie.ra'».jjMAT’iW IX.,3,7)
Le nombre des pasteurs diminue 1
Tel est le cri que pousse l'élise à
peu près partout. E.n eftet il y a pénurie de pasteurs et d’évangeüsles.
C’est pourquoi je m’adresse particulièrement à vous tous, cher jeunes amis
des vallées; à'vous les jeunes hotiinies,
la jeune armée, glorieux de porter
haut le drapeau de l’Exangile, k l’instar de nos ancêtres. Qu’est ce qui
vous arrête? Les obstacles? — I! n’en
est point qui subsiste devant un appel
de Dieu. En avantl vous dis-je.; faute
d’ouvriers l’église se meurt dans plusieurs endroits. Que vous manque-t-il
lorsque vous avez Christ? Qu’est ce
qui peut vous arrêter?
Les dépenses, les longues études, le
temps perdu jusqu’ici, la résistance
de vos parents, peut-être? Ne craignez
pas, ne reculez plus; Christ n’est-il
pas au-dessus de toutes ces difficultés?
Si vous avez souci des âmes qui périssent, ne consultez ni la chair, ni le
sang et mettez-vous à l’oeuvre.; toute
chose s’aplanira en son temps. Allons !
à l’œuvre. Mettons notre sève, notre
patriotisme, notre poésie, toutes nos
généreuses aspirations au service de
la vérité, de celte vérité qui doit réaliser notre bonheur et celui de nos
semblables.
Oui, chers amis, ouvrons nos yeux
et nos cœurs; assurons-nous par quelques années de sérieuses éludes des
devoirs que nous avons à remplir.
En avant ! donnons l’assaut avec l’élan
et l’ardeur de nos vingt années. Jeunesgens, réveillons-nous, voici notre belle
tâche qui se prépare. Levons-nous
donc ! regardons à l’avenir. 11 s’agit
d’un effort digne des hautes déstinées
qui nous sont réservées. Unissonsnous, provoquons le concours de tous
les amis de l’humanité, pour agir énergiquement contre la marée montante
de la corruption, du matérialisme, de
l’incrédulité, pour maintenir ou relever
l’édifice du vrai protestantisme que
tant de mains s’efforcent d’abaiire, et
pour résister (au flot envahissant des
joies malsaines, triste et funeste spectacle de notre société frivole.
En avant! car Dieu nous l’ordonne.
Ne nous laissons pas entraîner par
le tourbillon des affaires du monde et
rattrait du plaisir. Déployons les ailes
que nous avons reçues pour nous élever
vers ces grandes choses qui ne passeront point; qui embrassent la vie présente aussi nien que la vie à venir,
En avant! jeunes pionniers chrétiens.
Le temps presse. « Là moisson est
grande, rnajs il y a peu d’ouvriers ».
Prions le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers:, de bénir ceux
omil a déjà appelés, demandons lui
de bénir et défaire prospérer la moisson
elle-même, mais pour cela n’empêçhons
pas nous-mêmes trexaucement de nos
soupirs en Lui refusant nos personnes,
et la main sur la conscience « pour-.
suivons la course qui nons est proposée,
regardant à Jésus, le chef et le consommateur de la foi!» (Heb. xil j ).
Genève, &1 juillet 1878.
Fréd. GermanbT'. I
plus de .^ondamnaiioa l
« Il n’y a donc maintenant aucune
condamoaiion pour ceux qui so,o,t en
Jêsus-Ghrist, lesquels ne marclieni point'
selon la chair, mais selon fEspril».
UOM. viu, 1,
8
,256----------
Ce n’est’ pas au jour du jugement
que la condamnation du pécheur commence. A ce moment elle commencera
d’avoir son plein effet. La condamnation commence dès ici-bas pour le
pécheur qui refuse de croire. « La colère de Dieu demeure sur lui » ( Jean
III, 36 ). Dieu est irrité contre le méchant , et c’est à cause de son long
support qu’il nous épargne de) jour en
jour et ne nous retranche pas de la
terre des vivants. C’est pure miséricorde si Dieu ne précipite pas nos
corps dans le sépulcre et nos âmes
dans la géhenne chaque fois que nous
l’offensons.
— Comment pouvons-nous échappera
la colère que nous avons attiré sur nous?
— Uniquement par Christ. Ce n’est
que pour ceux qui sont en Christ qu’il
n’y a plus de condamnation, pour tous
les autres la condamnation demeure,
et ils ne sont pas encore passés de la
mort à la vie.
' Comme le pécheur est condamné dès
ici-bas, le^croyantestjuslifiédès cette vie.
11 n’y a plus de|condamnation pour
lui, son péché est entièrement effacé.
Toute action mauvaise, toute parole
condamnable, toute pensée impure est
effacée par la grâce de Dieu. Oh !
qu’heureuse est la condition du croyant
dès ici-bas ! Nous n’avons pas besoin
d’attendre la fin pour savoir que notre
dette est payée. Mais dès le moment
où nous allons à Christ, nous sommes
justifiés par' sa grâce, par la rédemption qui est en Jésus-Christ.
Cela ne veut point dire que nous
puissions dès ici-bas atteindre la perfection. Tant s’en faut. Ndus péchons
tous ^les jours de plusieurs manières
et nous avons besoin' chaque jour de
demander pardon à Dieu.
liaiie. — Le Roi et la Reine ont
eu à Milan une réception des plus cordiales et des plus brillantes ; une toute
semblable les attend à Venise où ils
devaient arriver mercredi dernier. Avec
Leurs Majestés se trouvent le président
du ministère Cairoli et la plupart de
ses collègues, ainsi que Nigra notre
ambassadeur à St. Pélersbourg. — L’agitation en favenr de Vitalia irredenta
semble s’être un peu calmée, en partie,
sans doute, en suite du peu d’écho
qu’elle a rencontré auprès des Trentins et des Triestins trop bien gardés
pour pouvoir répondre aux manifestations dont ils étaient l’objet.
Le traité -de Berlin est signé par
toutes les puissances, excepté peutêtre par la Turquie. L’Angleterre est
très influente à Constantinople et l’on
prétend que non contente de la cession
du Chypre, elle vise encore à celle de
ríle de Tenedos.
Aitentagtte. — Dâns les élections
pour la diète de l’empire, les conservateurs et les cléricaux semblent avoir
gagné des sièges pendant que les socialistes en ont perdu. On né peut pas
encore dire si le gouvernement aura
la majorité. Si Bismark par ses concessions au St. Siège et par un concordat se concilie le parti du centre,
c’est-à-dire, le parti catholique, une
forte majorité gouvernementale serait
obtenue, mais ce serait au dépens de
la liberté et du protestantisme.
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ËaNEST Robert, Gérant et Administrateur
Pignerol, Impr. Chiantore et MascaréiÎL