1
Olnqulèzne année.
IV. 33.
19 Août 1870.
L'ECHO DES VALLÉES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialement consacrée aux intérêts matériels et spirituels
de la Famille Vaudoise.
Qu6 toutes les choses qui sont véritables.occupent
vo% pensées — ( Phili-ppiens.t IV. 8.)
PRIX D ABOVHSMENT :
Italie, a domicile (un an) Fr. 3
Suisse................* 5
France ..................«6
Allemagne ......ad
Angleterre, Pays-Bas . a 8
Un numéro séparé : 5 cent.
Un numéro arriéré : 10 cent.
BUREAUX D’aBOHRCMEHT
ToRRB-PBr.LicE : Via Maestra,
N. 42, (Agenzia bibliografica)
PioNERoL : J. Chlantore Impr.
Turin :J.J. Tron, via Lagrange
près le N. 22.
Florence : Libreria Evange^
lica, via de'Panzani.
ANNONCES : 5 cent. la ligne
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S’adresser pour r ad ministration
au Bureau à Torre^Pellice ,
via Maestra N. pour la
rédaction : & Mr. A. Revel
Prof, a Torre-Pellice.
Somnaalx^e.
De l’éducation chez les anciens Vaudois.
— La couverture piquée. ~ Chronique locale.
— Chronique politique. — Annonces.
DE L’ÉDUCATION
comme l’entendaient et la pratiquaient
les anciens Tnsdois.
L’éducation est la science direc*
trice de la vie. Elle devrait être
connue non seulement de ceux qui
enseignent, mais de toute personne sans exception. Qui est-ce,
en effet, qui n’a pas sa part d’influence à exercer sur son semblable et en particulier sur l’enfance? Les pères, les mères surtout , devraient en avoir fait une
étude, séçieuse; car s’ils ont occa, sion quelquefois de mettre en pra*
tiqueIps s^utresconnaissances qu’ils'
ont pu acquérir,leurs connaissances
pédagogiques leur sont, d’une.npjplicatiçn de tous lesijours et. de
toutes des heures. Pourrait-on du
reste seulement,cqmparer entr’eux
les moyens des),inés à opérer sur:
la matière ou sur, Ips. nombres et
les moysus destinés, à agir sut
une âme immortelle dans le but de
lui faire atteindre sa destinée, la
perfection?
Et pourtant , il n’y a pas de
science moins cultivée que celle
de l’éducation. Sans parler des
écoles primaires où il n’en est pas
question, quoique l’on pût, ce
nous semble, sous une forme queÎ^
conque y , introduire les notions
les plus indispensables relatives à
l’éducation; quel cas en fait-on
dans les établissements d’instruction secondaire et supérieure ! L’étude en est réservée à ceux-là
seuls, dont le but spécial est de
foi^mer les personnes qui se vouent
à l’enseignement. Ailleurs ce serait un hors d’œuvre. On justifie
aisément son ignorance a ce sujet.
,Voyez, dit-on, les systèmes d’é(ducation sont i si nombreux , si
différents ,, si incertains qu’il vaut
mieux ne les pas connaître et s’en
itenir.à l’instinct et à la raison qui
sont .des guides plus sûrs. Nous
.Çis, saurions partager cet avis. Est.01^,, beaucoup plus ^sûr, en matière
.^é'^decine qu’en matièr,â d’édncationi y,, a-t-il là moins â’bésiUh
2
-258
tion , moins d’incertitude !. Toutefois l’on ne conteste pas Tutilité,
la nécessité d’étudief la médecine.
Il y a du reste eh‘"édüpatioñ,
comme dans les autres disciplines
philosophiques, des principes acquis , dont la bonté et la vérité
ont été démontrées par une longue et laborieuse expérience. L’ér
ducation de l’être humain ne se
fait pas toute seule ; elle exige
l’action de l’homme sur l’homme;
de cette action peut dépendre la
félicité ou le malheur des individus ; et ce ne serait que dans
une affaire aussi capitale qu'’ôn
prétendrait se passer des enseignements de l’expérience, de l’observation et de l’étude, pour suivre
chacun en tâtonnant une route
isolée, remplie d’incertitudes et
d’hésitations !
Un enseignement pédagogique,
'bref si l’on veut, mais substantiel
serait selon nous, un complément
tfès désirable à ajouter, soit aux
études licéaîes, soit aux études
théologiques.
Dans les conditions actuelles,
qui sont déjà très anciennes, les
pasteurs pourraient, quant'à leur
cours d’études obligatoires, i^diier
même en quoi consiste réducatioft.
Il nY a ¿aère, dahs leurs disciplines théologiques, que la théorie
de la catéchisation qui touche d’un
'peu près à la pédagogiei et' bêla
uSt bien insuiBBsànt. Les-pasteurs
'devraient connaître la sdenbe' et|
1‘árfi' de l’éducation non séuléiaeht
fioür eùx-mêmes» mais efacorè ^bur
es autres. C’est àloiss qu’ilS ponrràîenl ', par ‘ nu enseigneuient spe■'¿iar donné attx adultèS et SU'ítbiit
"áüx jeunes ^ tnèfesY®®datft‘^îéfs
soirée^ d’hiver, suppléer au défaut
de l’iùstructiOn élérireataiiè,’ qui,
mêèbe avec le meilleur vouloir
des maîtres, ne petit fburnir les
notions nécessaires à cet égard ,
soit parce que le sujet est trop
grave, soit surtout parce qu’il
est trop au dessus des préoccupations de l’enfance.
Or, il faut bien qu’on se le
dise, c’est l’éducation dans la famille qui forme l’homme ; celle de
l’école est très insuffisante; quelque excellente qu’elle paisse être ,
sans l’éducation domestique elle
laissera toujours l’individu incomplet.
Il y a des peuples chez lesquels l’éducation des enfants dans
la famille est plus ou moins passée
dans les habitudes. Ainsi en estil en Angleterre et en Ectfese, par
exemple, où rien n’est négligé
pour rendre le home '( l’intérieur
de là famille) agréable aux enfants,
et en faire tiû sanctuaire où l’on
travaille au perfectiohUement de
toutes leurs forces et 'de toutes
leurs' facultés. Ainsi en' ést-il en
Amérique 'dans lès ‘Etats-Unis du
nord ainsi éricOre cheï les Allemands , surtout les Allemands du
nord. Et, pour le dîre'èa passant,
sï'cès peuples'86'^sont'montrés et
se montrent si raillants daus les
gUbrrés pôttŸ'défendre IbUts droits,
noU8®ne péUsbÚS psis qu’il faille
ëU‘’bl«i«lièr la cause tiniquément
dáus'ltetír^áómbréi èt'dans la peribctibii 'de letirff^'à'rines, "mais la
cause sélùn nous doit
ètté'bhérchée 'dànS lU' trempe vi■'géUÿfeUâô' et hárttmníqUé qui a été
abtiUèévdès' leut^prëmiêre ètiïànce,
à Heaiis ’faCultési’^'C’nSt aU * foyer
3
-259
domestiqùe qu’il faut faire remonter
la première cause de^Jeur valeur.
En France et en Italie on confond trop encore l’édueation avec
l’instruction ; ce qui n’est que
l’instrument ou le moyen devient
le but; quand on a fait donner
beaucoup de leçons à un jeune
homme, à une jeune fille, on
croit lui avoir fait donner une
bonne éducation. C’est une grave
erreur : l’instruction est un excellent moyen d’éducation, mais il
n’est pas le seul; et même, s’il
n’est accompagné de deux autres
puissants moyens qui sont la discipline et l’exemple, il perd luimême toute son excellence.
Hébien ! c’est ce que nos pères
comprenaient mieux peut être
qu’on ne le comprend aujourd’hui.
Nous n’avons pas beaucoup de
données sur le système d’éducation
qu’ils mettaient en usage ; mais
les indications que nous trouvons
dans les quelques docmnents parvenus jusqu’à nous, sont dignes
de. nos sérieuses méditations. Ils
s’occupaient .essentiellementv il
est vrai, de l’éducation morale et
religieuse des enfants plutôt, que
de leur éducation physique et in-i
tellectuelle ; mais c’était aussi l’es-'
sentiel. En effet pour un peuple
d’agriculteurs et de bergers , l’dducation physique s’accomplissait
snfSsamment sans qu'on eût à y
donner des soins particuliers ; et
quant à réducatiom intellectuelle^
il jr était suppléé par l’éducation
religieuse qui est en même temps la
meilleure éducatio'n intellectuellei
NouSi u’en I. Youlons i pour. preuve
que- les exemples assez nombreux
de I peraenqea .qu l ont acquia i t Un
développement intellectuel remarquable par la. seule étude des
vérités religieuses. Lorsque John
BtwiAN composa son immortel livre du Pélérinage du chrétien,
il n’avait lu que la Bible, le
livre des martyrs de Fox, le commentaire de Luther sur l’Epître
aux Galates et un ou deux autres
livres de piété ; et quel admirable
développement intellectuel ne devons nous pas constater dans cet
auteur !
Le principe qui était à la base
de l’éducation pour nos ancêtres,
c’était de reconnaître la corruption
originelle des enfants.
« Les enfants qui naissent, aux
pères, àharnels, doivent être rendus
spirituels à Dieu par discipline et
par enseignement ». Nous trouvons dans cette sentence à la fois
le point de départ, les moyens et
le but de l’éducation. Le point de
départ c’est de considérer l’enfant,
non point comme un innocent, nn
petit ange qu’il faut seulement
préserver de la contagion du. mal,
mais comme une créature déchue.
Tjeprqduisant l’image de son père
selon la chair, ayant en lui le
gqrme de tout mal, ayant besoin
non seulement d’un développement,
mais d’un entière transformation.
Ce qui est né de la chair est
chair ; ce qui est né de l’esprit
est esprit ». La. naissance naturelle tétait • selon nos pères , la
naissance cha/mdle et le but de
l’éduoation , c’était d’amener l’en^t. à; la naissance spirituelle, à
la. régénération par l'Esprit de
Dieut-j i a , .
.»( Qu’ajTive-t-il, ài ceux qui méoonnaiasent cette vérité humiliante
4
-260
il est vrai, mais fondamentale ?
Ils élèvent un édifice sur le sable;
ils vont à fin contraire et se procurent les plus amères déceptions.
Ils obtiendront peut-être quelques
beaux semblants , quelque brillant
extérieur qui s’évanouira bien vite
en fumée. Ils ont cultivé des
plantes sauvages et lorsqu’ils s’attendent à recueillir une abondance
de bons fruits, ils ne trouvent
que des fruits pleins d’acerbité et
d’amertume : « On ne cueille point
des raisins sur des épines , ni des
figues sur des chardons ».
f A suivre ).
LA GOUYERTURE PIQUÉE.
Le récit suivant, envoyé à un
journal anglais par une des pieuses
femmes qui se dévouent au soin
des malades dans les hôpitaux militaires , prouve une fois de plus
combien l’amour des âmes rend
ingénieux et sait multiplier les
moyens de leur annoncer l’Evangile.
« Dans l’une des caisses qui nous
furent envoyées par la Commission
sanitaire, se trouvait une couverture piquée remarquablement douce
et légère. « Quelle bonne et jolie
couverture ! on sent qu’elle a été
faite à la maison ». — « Voilà qui
va faire rire nos pauvres patients,»
dîmes-nous en l’examinant ; et en
effet les fit rire, mais en fit aussi
pleurer quelques-uns. En la déployant nous y trouvâmes attaché
un billet conçu en ces-mots : « J’ai
fait cetté' couverture biblique pour
un lit d!hôpital ; car j’ai pensé que
tout en faisant du bien au pauvre
corps'j'ellé pourrait parler à Vâme
immortelle des * malades ; car'ces
paroles sont si 'belles, si bonnes et
si pleines du baume de la consolation ! Puisse-t-elle être en bénédiction aux jeunes gens de l’armée,
parmi lesquels j’ai un fils!» Oh!
puisse-t-il en être ainsi, m’écriai-je
avec émotion, car certainement elle
a été faite avec beaucoup de larmes
et de prières !
Cette couverture était faite de
morceaux d’étoffe ajoutés les uns
aux autres ; des carrés d’indienne
alternaient avec des carrés de calicot blanc. Sur chacun de ces derniers on avait écrit un passage de
la Bible ou quelques beaux versets
de cantiques. Dans le carré du milieu se trouvait en lettres assez
grosses pour attirer l’attention du
^us indifférent cette parole certaine et digne 'd’être reçue avec
une entière confiance : Jésus-Christ
EST VENU DANS LE MONDE POUR SAUVER LES PÉCHEURS ; au dessous on
lisait cette prière qui devrait être
la nôtre à tous : O Dieu, sois apaisé
ENVERS MOI pécheur! Au haut de
la couverture, tout à portée des
regards du malade, se trouvaient
les plus belles promesses, les pa»
rôles les plus propres à consoler
et qui exprimaient lé mieux l’amour
de Dieu. J’y lus, entre autres ; Dieu
a tant aimé le monde qu'il a donné
son Fils unique afin qm quiconque
croit en lui ne périsse point, —
Venez à moii<vous tous qui ètes fatigués et chargés, et je vous soulagerai. Holà, ooMS tous qui êtes
altérés [ ‘venez! auicieauic. J’ai
cherché' VEternel et il m’a entendu
etm^a dMivréde toutes mes frayeurs.
« Oh!'dîmes-nous en nous essuyant
les yeux if que n’avons-nous de pareilles couvertures pour tous nos
5
-261
lits! Certainement que Dieu bénira nos malades et nos blessés aù
moyen de ces passages ; ils les li>
ront, alors qu’ils ne voudraient pas
lire autre chose ».
Peu après on amena un homme
atteint d’une pneumonie, et nous
étendîmes la couverture neuve sur
son lit. D’abord il fut trop malade
pour y prendre garde ; mais dès
qu’il alla mieux jele vis très-occupé
de ces passages. « C’est gentil de
les avoir sous-main,'» me dit-il en
me les montrant du doigt', un jour
que je me tenais près de son lit.
— « Vous en sentez donc le prix ? »
lui dis-je. « Oui, je le sens,» répondit-il d’un accent convaincu. —
« Connaissez-vous ces mots : um
lampe à mon pied, une lumière à
mon sentier ? * — » C’est dit de la
Bible, et j’en ai bien fait l’expérience depuis que je suis ici.»
Dès lors j’en ai vu un grand
nombre étudier la couverture, presque tous ceux qui passèrent dans
ce lit.
A son tour, un Irlandais fut couché sous la couverture. Il était presque rétabli, lorsque , posant son
doigt sur un passage, il demanda :
« Est-ce pour lire ?» — • Oui. » —
«Est-il possible! et qu’est-ce que
ça dit?» — Je lus: Et Dieu essuiera toutes larmes de leurs yeux,
et il n'y aura plus ni mort, ni affliction, ni cris, ni douleurs*,—
«Vous pourriez encore lire ça,» ditil en m’en indiquant un autre.
J'aime ceux qui m'aiment, et ceux
qui me cherchent de bonne heure
me trouveront. —-*^ « Pour sûr un
pauvre corps tout solitaire trouve
qu’il fait bon entendre ce que vous
lisez.» — • C’est bien vrai, lui dis-je,
il n’y a rien comme la Bible dans
les jours sombres et tristes. »
Enfin arriva celui qui avait les
premiers droits à notre couverture,
le fils dont la pieuse donatrice
parlait dans son billet. Ce fut une
étrange coïncidence; mais il en
fut ainsi. Durant toute une semaine
il était resté presque sans connaissance, lorsque je le vis baiser son
couvre-pied. Pensant qu’il délirait
encore, ou qu’il avait trouvé une
parole d’espérance ou de consolation qui répondait à ses besoins,
je m’approchai pour voir ce qu’il
baisait; ce n’était point un passage ,
mais un. carré d’indienne de couleur foncée à petit dessin cramoisi.
11 continuait à le regarder les
larmes aux yeux, et je le crus
en proie à des rêveries. Non, il
avait tout son bon sens; mais il
revoyait la maison paternelle, où
l’avait tout à coup ramené un petit morceau de la robe qu’il avait
vu porter à sa mère. Il le baisa
de nouveau et me voyant près de
lui, me sourit à travers ses larmes.
’ *« Savez-vous d’où vient ce couvre-pied ?» me demanda-t-il. —
« Ùne femme pieuse nous l’a envoyé, par la commission saniitaire. » — « Vous ne savez pas
son nom , ni de quel endroit il
vient? » — « Non; mais j’ai gardé
le billet qui s’y trouvait attaché. »
— « Voudriez-vous me le laisser
voir, quand cela ne vous dérangera le .chercher.
Sa m^ti tremblà ét seiâ fêvi'ès blan chirent en reconnaissant l’écriture
de sa mère. — « Je vous en prie,
lisezrle,moi bien lentement, > me
dit-il. ,Te le lus; il se couvrit les
6
yeux de la main, et pensant qa’il
désirait être seul, je m’éloignai.
Le lendemain, en m’approchant
de son lit, je me demandais s’il
n’aurait pas remarqué les passages écrits par sa mère, aussi bien
que le morceau de sa robe. En
eflfet, il les avait lus, car il m’en
indiqua un ; Mon père, fai péché
contre le ciel et contre toi et je
ne suis plus digne d'être appelé
ton fils. — « Je n’en suis pas plus
digne que lui, • murmura-.tdl. Je
posai le doigt sur le carré sui*
vant, et lus à haute voix; Comme
il était encore bien loin, son père
le vit et eut compassion de lui; et
venant à sa rencontre, il se jeta
à son cou et le baisa. Levant les
yeux, je vis son visage mouillé
de larmes; ses lèvres tremblaient,
et il se couvrit les yeux. Je le
quittai.
Quelques jours plus tard, alors
qu’il s’était déjà beaucoup fortifié,
il me montra le passage que je
lui avais lu, et me dit: « J'étais
bien loin, mais il est venu à ma ren*
contre et a eu compassion de moi. »
— * Vous sentes donc l’amour <du
Sauveur? » — « Il me remplit de
paix. » ■» i!)
J’écrivis à sa mère cette bonne
nouvelle, si propre à inonder son
cœur de joie; et depuis ce moment notre couverture biblique
nous est devenue encore^plns chère
et plus sacrée. *
Çttrontxjue loicaU«
*La réunion annoncée pour ie^ïi courant à' Côrribaribaùd a ~eu'lieu péor uh
temp's magm'flqne', 'Îe'soleil a presque
constamment été voilé par de ccnnpléisénts
nnages;, en sorte que l’on pouvait Jouir
d’une vue superbe sans être le moins du
monde incommodé par la chaleur. On a
calculé que les assistants étaient au nombre de'2500 à 3000 personnes environ;
c’était donc une réunion fort respectable.
Rien de plus pittoresque que de voir, le
matin lorsque l’assemblée se formait, cette
multitude de petits groupes arrivant de
tous côtés et se dégageant peu à peu des
buissons pour arriver sur le beau petit
plateau qui, depuis des années, sert de
point de réunion. Une estrade des plus
rustiques était dressée pour les orateurs
au pied d’un arbre; c’était une porte d’écurie soutenue par quatre piquets flcbés
dans la terre; point de siège pour se reposer ; la seule ressource était de s’appuyer contre le sapin au pied duquel
s’élevait l’éstrade; encore fallait-il user
modérément de cet avantage, car une
multituded’énormesfourmiss’étaientdonné
rendez-vous le long du tronc de cet arbre
et ne se faisaient aucun scrupule de couvrir aussitôt l’habit de ceux qui s’y [appuyaient.
Le programme publié a été exactement
suivi et plus ou moins bien rempli. Quelques orateurs que l’on avait eoûtume d’entendre en pareille circonstance étaient
absents et l’on nous a dit que même quelques uns de ceux qui s’étaient engagés à
parler ont été empêchés de prendre part
à la réunion.
Voici'quelques idées qui nous sont venues pendant la tenue de la réunion et
que nous nous permettons de suggérer en
vue d’une prochaine, assemblée comme
celle qui a eu lieu, si Dieu nous permet
d’y assister.
Il conviendrait de régler la marche de
la réunion assez longtemps d’avance pour
que tout pût être prévu et établi en bon
ordre. — Un stget précis et bien déterminé pris, soit dans les portions de l’E«ritur® qui seront lues, soit en dehors,
devrait être fixé à chacun de ceux qui
prenrssnt'rengagement de, parler dans la
réunion et cela assez tôt pour qu’ils aient
toiit lé foiÿi de à*y convenablement prépàféilt# seule indication deâ chapitres «lü'Snsûffisante, parce qn’én ce cas.
7
-263
ou ne peut faire qu'une préparation très
générale d’oü résulte toujours un discours
qui se ressent de l’improTisation. Il va
sans dire que quiconque a quelque chose
de bon à dire peut toujours prendre la
parole; mais il nous parait que c’est
manquer à une assemblée aussi imposante
et aussi solennelle que de [se présenter
devant elle sans avoir un certain nombre d’allocutions pas trop longues, mais
bien préparées. La séance (destinée aux
enfants doit être l'objet de soins tout
spéciaux. Et d’abord puisqu’il y a une
séance pour les adultes et une pour les
enfants, il serait à désirer qu’elles fussent
bien distinctes l’une de l’autre et que dans
celle destinée aux enfants, par exemple,
ou ne vînt plus s’adresser aux adultes et
faire la leçon aux parents en présence
même de leurs enfants.
N’y aurait-il pas moyeu d’introduire un
certain ordre parmi les enfants en les divisant en groupes placés sous la surveillance de moniteurs choisis sur les lieux
mêmes? Et puis, qu’on nous permette de
le dire, pour les enfants la réunion ne
revêt pas assez le caractère d’une fête;
elle ressemble trop à une interminable
leçon, ou si l’on veut à une très longue
école du dimanche. Pendant la séance du
matin, ne serait-il pas possible de trouver quelques personnes dévouées qui conduiraient les enfans à une assez grande
distance de la réunion pour qu’ils pussent'
se livrer à des jeux, admirer la belle na-,
ture, ou entendre quelle récit intéressant?
Les personnes qui s’occuperaient d’eux
seraient privées, il est vrai, de rouïç des
discours du matin ; mais si, comme nous
le proposerions, ces discours étaient écrits,
il leur serait facile de se dédommager en
partie en les. lisant.
Quant & la sianee destinée aux enfants
nous voudrions qu’elle revêtît un caractère de gaîté que nous appellerons sérieuse
malgré la contradiction qu’il y a dans les
termes, parce que l’idée «Ile-même est
vraie. Peu de leçons, peu d’exhortations
et données de manière à laisser une impression durable; ep revanche beaucoup
de récits de faits vrais, intéressants et
instrucISfe. Ce serait y pensons nous , le ^
moyen de rendre la fête plus profitable
et d’attirer à cette réunion un plus grand
nombre de personnes encore que par le
passé.
Le 29 courant aura lieu a Torre Pellice
dans une salle du Collège, l’examen de
concours pour donner un professeur aux
deux classes devenues vacantes par la retraite de UM. Revel père et Monastier.
(¡Throntquc
Fx*anoe ©t Allemag;iie. Les
trois batailles de Vissembourg, de Voerth
et de Forbach, plusieurs milliers de prisonniers, trois ou quatre généraux tués,
six mitrailleuses et trente canons pris par
les Prussiens, des morts et des blessés au
nombre de soixante mille entre vainqueurs
et vaincus, tel paraît avoir été le bulletin
de la guerre au matin du dimanche 7 courant. — Les huit jours qui ont suivi se
sont écoulés sans grande effusion de sang,
à l’exception du combat qui a eu lieu le
dimanche 14 aux environs du village de
Verny, à trois lieues de Metz. — Seulement, à cette date, l’armée allemande
s’était avancée jusqu’à la Moselle oîi elle
avait occupé Nancy, et Napoléou quittait
la ville de Metz pour se retirer à Verdun.
— A Paris le Corps législatif a eu, mardi
9, une séance toute grosse d’orage et de
colères dans laquello^ le ministère Ollivier
a succombé pour faire place au ministère
Palikao, composé de bonapartistes à outrance qui se sont donné la tâche de
sauver à la fois la dynastie et le pays.
■>- Les jours suivants on vote des remercîmenîs à l’armée et l’on adopte des mesures militaires d’une grande importance :
le cours forcé des billets de banque, un
Cr^it de mille millions pour la guerre.
’Troupes régulières, garde mobile et garde
nationale, cor;^ de volontaires, pompim's,
marins, douaniers, tout est appelé sous
les âmes; les séminaristes seuls sont é
KrgnéSv — Eu même temps le maréchal
za^e a pris la direction de Farmée; —
pturà^rÿ départements sont déclarés en
état ide .siège et Paris se met eu état de
8
défense en fortifiant son enceinte de dix
lieues. • J,,
— L’Allemagne n’est ni moins active,
iii moins disposée à tous les sacrifices;
mais elle parle peu dans ce moment, occupée qu’elle est au soin des blessés,
amis ou ennemis, qui sont restés sur les
champs de bataille après la victoire. Rira
de plus beau que le zèle que déploient,
en France comme eu Allemagne, les personnes charitables de tout rang pour aaou‘cir les maux de la guerre : partout des
comités de secours’, partout des hommes
et des femmes, qui accourent au chevet
des mourants, partout dns soins, assidus,
alfectiieux, muttipliésl ‘ A Bériîu e’est la
reine elle-même' qui s’est mise à la tête
d’une société de' dames et qui visite les
prisonniers à leur passage; — à Paris
c’est tout le monde qui travaille. — L’âme
n’est point oublié : les pasteurs s’offrent
comme aumôniers, des évangélistes,¿des
colporteurs apportent la Parole dé viè à
ces soldats qu’un jour peuWtre sépare
de l’éternité; les petits traités, les livres
de ta Bible se distribuent par milliers, ét
souvent celui qui annonce l’Évanmle de
la grâce le voit recevoir avec bonheur.
La Prusse, la France et
l’Angleterre ont signé le ô août xm traité
par lequel la Grande Bretagne s’engage à
déclarer la guerre à celle ras deux, puissances belligérantes qui violerait'lè' ferntoire belge. —La Belÿque profite dè cette
protection inattendue pour augmenter le
nombre de ses députés cléricaux, et pour
envoyer au pape sa jeunesse et deux
mitrailleuses.
Sspagne. Par un décret du 10 courant, le gouvernement espagnol accorde
une amnistie entière et générale aux condamnés pour délits politiques depuîâ le
S9 septembre 1868 jusqu’à ce jour.
Auti'lolio. Une dépêche du gpuvernement autrichien à celui de Rome, en
date du SO juillet, déclare frappé de caducité le concordat de 1855 et le regarde
comme abrogé. Le gouvernement I. et R.
rentre ainsi dans sa pleine liberté d’action,
afin d'être armé contre toute ingérence
éventuelle d’un pouvoir devenu exorbitant.
Bavière. On annonce que le ; premier maître des cérémonies du roi de
Bavière s’est retiré dü giron de l’Eglise
catholique à la suite de tl'aoceptation du
dogme de rinfaillibilité. ¡»r.: ob ,i n'nnn
Mazzini'vient d’être arrêté &
Païenne et oonduit 'à Gaëte. — La direction générale dqs gabelles porte à plus de
éiB inillions la valeur des importations du
premier semestre Ì8Ì6 et à 396 millions
a peine ceHe des espôrtations. Sur ce tu^d
l’Italie aura, pendant l’année courante ,
acheté pour cent millions de plus qu’elle
n’aqra vendu. -- La Chambre des députés
s’est réunie le 16. Le ministère lui a demandé un crédit de 40 millions pour faire
face aux éventualités et aux complications
qui pourront se produire tant à l’intérieur
qu’à l’extérieur. — La neutralité de l’Italie
paraît d’ailleurs assurée.
Borne. — La presse cléricale croit
savoir que le roi de Prusse a promis au
pape de garantir son indépendance et sa
liberté. Voyez donc oii l’infaillibilité va
chercher son appui ! — On raconte que
les soldats français en quittant Rome jetaient leurs médaillés de Mentana, peu
fiers, sans doute, de se montrer en France
Ornés de cette décoration.
Vünità cattolica voyant le saint siège
abandonné en même temps par la France
et l’Autriche, trahit son inquiétude par ce
sourire un peu jaune : Bravo ! les Empereurs très-chrétiens et tris-catholiques I On
ne sait pas encore si vous serez alliés
contre la Prusse, mais on voit bien que
vous l’êtes contre le pape. Le très-chretien
le poursuit comme roi temporel, et le
très-catholique comme chef de l'église. Le
premier saisit le prétexte de la guerre
pour le livrer aux mains de ceux qui l’ont
déjà spolié et qui disent vouloir achever
de le dépouiller. Le second profite du moment meme oh le pape est entre les griffes
de là révolution et gémit de cet abandon
imprévu pouf lui manquer de parole et
déchirer la dernière feuille des accords
solennellement conclus avec lui. O empereurs chevaleresques ! » — Les voilà bien
payés de leur peine les bons serviteurs
de la papauté.
SouscriptioD panr le Rosario
(temple, école centnle, presbytère)
* Report du. N. S9 . If. 274 00
Mademoiselle J. A. >3
-JÎT'l-' Jii
Total fr. 277 00
. IN TORBË-PELUCë
.-k Tendere
Casa eon giardino '
Ilirijgeisi ai sîg. Notaio Moretti.
la-i
A. RÉVBt Gérant.
Pignerol, Impr, Chiant(H!ei