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TEMOIN
ECHO DES YALLÉES VAUDOISES
Paraissant chaque Jeudi
Vou» ma serez témoins. Aet. 1,8. Suivant la vérité avec la charité. Eph. IV, 15. Que ton rëgne vienne. Hatth. VI, 10
Sommaire:
Alliance évangélique. — Franz Delitzch. —
Lettre de la Hollande. — Chronique Vaudoise. — Nouvelles religieuse. — Revue
politique.
ALLIANCE ËVANGELIQUE
Malgré le temps incertain et les
chemins affreux, un nombreux auditoire se forma le soir du 47 cour,
à la Tour pour entendre M. Arnold,
.secrétaire du Comité international
de l’Alliance Evangélique.
Présenté à l’Assemblée par M. H.
Meille, qui le traduit, M. Arnold
nous parle d’abord du but de cette
vaste association qui est celui de
l'éaliser l’unité du corps de Christ,
« C’est un beau spectacle dit-il que
de voir des nations dont la race, la
langue, les mœurs et même la couleur du visage sont différentes, a'^'oir
la même foi. Il ne s’agit pas de fopdre en une seule, les dénominations
qui peuvent gdrder chacune son nom
et ses vues particulières en fait d’organisation ecclésiastique; mais bien
plutôt d’unir étroitement ensemble
les enfants de Dieu qui suivent les
doctrines fondamentales de l’Evangile. »
« Manifester l’unité entre les chrétiens c’est réaliser le désir du Chef
de l’Eglise qui demande à Dieu que
ses disciples soient un comme Lui
et le Père sont un, afin que le monde
croie que c’est le Père qui l’a envoyé (Jean XVII, 21). »
« Aussi l’Alliaace Evangélique estelle chère au Seigneur qui l’a abondamment bénie et qui lui a permis
de répandre sur toute la terre les
nombreuses et fortes branches de
son grand arbre. ».
Nous ferons connaître un peu à
la fois à nos lecteurs ce qu’a fait
l’Alliance Evangélique pendant les
45 années de son existence pour
manifester l’unité de l’Esprit par le
lien de la paix, soit par l’organisation des réunions de prières pendant
la première semaine de l’année, soit
par son intervention en faveur des
chrétiens opprimés, soit par le moyen
des grandes conférences internatio
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nales. De cette manière les faits
intéressants que nous raconta M.
Arnold seront aussi portés à la connaissance de nombreux lecteurs qui
n’étaient pas là pour les entendre.
Pour le moment, qu’il suffise d’ajouter que la prochaine grande réunion des représentants de l’Alliance
Evangélique va avoir lieu D. v, à
Florence en Avril 1891. Ce projet
a déjà obtenu l’assentiment des
branches de l’Alliance Evangélique
de l’Allemagne du Nord, de l’Allemagne Occidentale, de la France,
de la Suisse, de la Hollande, du
Danemark, et de la Turquie; et M.
Arnold est venu de Londres pour
concerter avec la branche italienne
les arrangements nécessaires.
« Si, conclut M. Arnold, l’Alliance
ne verra pas à Florence, comme à
Copenhague, le roi, la reine et les
princes de la maison royale aux
séances, nous avons cependant la
conviction que votre Souverain bienaimé et son Gouvernement verront
la chose avec bienveillance. »
« Il est un vieillard, qui n’en sera
probablement pas charmé, mais ce
n’est pas pour lui que l’on va se
reunir, mais pour
tenir bien haut
le drapeau de l’Evangile,. »
« Sans provoquer en aucune façon
ceux qui ne partagent pas nos vues,
il s’agira de faire flotter le drapeau
de l’Evangile, et de placer, par l’organe d’orateurs distingués, la vérité
positive devant le public italien et
de montrer combien l’Evangile est
une doctrine claire, définie et positive ».
Des branches sont constituées à
Florence, à Rome, à Naples, à Venise, à Milan et à Turin, et pour
que l’invitation officielle parvienne
à Londres de la part de toutes les
branches italiennes, il est désirable
qu’une branche se constitue sans
retard dans nos Vallées. La chose
nous semble aisée, car les éléments
y sont, l’esprit d’alliance évangélique
y est; depuis de longues années nous
répondons aux appels du Comité
central, en tenant partout des réunions de prières pendant la première
semaine de l’année, comme aussi en
tenant nos populations au courant
de ce que fait l’Alliance Evangélique
dans le monde.
Au fond nous sommes en pleine
alliance évangélique, et il n’y a plus
qu’à revêtir de formes officielles les
éléments que nous possédons.
A notre avis, le plus tôt est le
mzeux.
E. Bonnet.
FRANZ DELITZCH
Franz Delitzch naquit à Leipzig le
28 Février 1813. Il professa successivement la théologie à Rostok, à
Erlangen et à Leipzig où il vient de
mourir, le 4 Mars. Ses commentaires
sur la Genèse, Job, les Psaumes, les
Proverbes, le Cantique des Cantiques,
l’Ecclésiaste, Esaïe, Habacuc, l’Epître
aux Hébreux lui ont assuré une
des premières places parmi les exégètes modernes. 11 étudia à fond la
langue hébraïque et les rapports
existant entre l’Ecriture et le Talmud,
comme en font foi ses ouvrages intitulés: « Histoire de la poésie Juive,»
« Jésus et Hillel » et plusieurs autres
de même nature. On peut dire, cependant, qu’aucun champ de la littérature théülogique ne lui demeura
étranger. Le dogmaticien se révéle
à nous dans sa « Théologie biblicoprophétique » et dans son « Système
3
- 91
de psychologie biblique; » et l’apologète dans son « Système d'apologétique chrétienne » et dans ses
« Nouvelles recherches sur la formation des Evangiles Canoniques ». —
Le docte théologien ne dédaigna pas
toutefois de consacrer son talent et
sa plume à des ouvrages qu’il destina au grand public et dans lesquels
il allia à une grande érudition et
une profonde piété, une très vive
imagination. Nommons entre autres:
« La vie des artisans au temps de
Jésus; » « Par la maladie à la guérison; » « Une journée à Capernaum.»
Nous empruntons au dernier de ces
ouvrages une page, où l’auteur nous
montre Jésus en prière sur la montagne: « Il aimait la solitude des
montagnes, et déjà plus d’une cime
de la Galilée et de la Pérée avait
été, le jour où il y était monté pour
prier, transformée en Béthel. Aujourd’hui ce ne fut qu’après avoir
atteint le sommet (c’était le soir) et
après avoir vu bien loin, à ses pieds,
le tourbillon du monde, qu’il eut le
sentiment complet du repos, succédant au travail de la journée. Sans
se fermer au monde extérieur, il
devint tout prière, et commença à
célébrer un sabbat intérieur. Son
iegard, se promenant sur les campagnes, le lac et les villages, leur
envoyait le salut de la paix. 11 se
sentait le centre de l’Univers et
répandait sur lui, dans toutes les
directions, les ondes de sa sympathie.
11 ouvrit ses bras, pressa le monde
sur son cœur, tomba, avec lui, à
genoux devant Dieu et le souleva à
travers le sang de son cœur, comme
une offrande d’actions de grâce.
Tantôt il touchait la terre de son
front, et sa chevelure s’étendait sur
elle comme un voile pour la couvrir;
tantôt il se levait avec effort, comme
si toute la terre tenait à lui, et il
se soulevait toujours plus haut,
dépassant, pour ainsi dire, sa stature
naturelle, vers le ciel. Il parlait, se
taisait, recommençait à parler. Sa
prière était un dialogue avec Dieu.
Le ton de sa voix était sourd. C’était plutôt un murmure qu’un son
articulé. Vers la fin cependant il y
eut un éclat, comme un chant de
joie, comme un cri de victoire, et
les parois de rochers le répercutèrent,,.. Enfin le mystérieux intercesseur se lève; il reprend d’un pas
rapide le chemin de la ville ensevelie
dans un profond sommeil; il arrive
à la maison dont la porte lui est
ouverte par la belle-mère de Pierre.
De nouveau si tard, ô Seigneur!
s’écrie-t-elle, en recevant la salutation muette de son regard. Elle le
conduit dans sa chambre. Il s’étend
tout habillé sur sa couche et tombe
aussitôt profondément endormi. Ses
pensées suspendent leur cours tandis qu’il contemple le plan éternel de
Dieu. Il repose dans l’amour de Dieu
et la paix de Dieu l’entoure comme
d’un manteau. »
H. M.
LETTRE DE LA HOLLANDE
Utrecht, le 10 Mars 1890.
Cher Monsieur et ami,
Voici quelques détails sur l’œuvre
missionnaire de mon pays, que je
vous avais promis pour le Témoin:
Il existe chez nous les sociétés ou
unions missionnaires suivantes:
1. Société missionnaire Néerlandaise, fondée en 1797. Elle a dix
agents qui travaillent dans les îles
de Java, Célèbes, Sumatra et Savoe;
le plus âgé parmi eux est à l’œuvre
depuis 1849. Dans une partie de l’île
de Célèbes, dite la Minahassa, où
presque tous les habitants sont des
convertis, la société a 119 écoles qui
sont fréquentées par 7162 élèves,
dont 4586 sont très-réguliers. Dans
cette même contrée, à Tomohon, la
Société a une école normale où se
forment actuellement 31 instituteurs
et un pensionnat et externat pour
jeunes filles avec 31 élèves.
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2. Société des Mennonites, fondée
en 1849; elle a quatre ouvriers qui
travaillent à Java et à Sumatra. Cette
société n’a pas d’établissement pour
former ses missionnaires; un d’eux
a fait ses études à St. Chrishona
près de Bâle, et deux à Barmen.
3. Comité de Java, fondé en 1855.
Il a trois agents qui travaillent à
Java et à Sumatra.
4. Eglise missionnaire d’Etmeloo,
fondée en 1859,par un pasteur nommé
Witteveen, homme très-pieux et zélé,
doué de dons exceptionnels qui lui
permettaient d’accomplir de grandes
choses avec de petits moyens. Après
sa mort, son église a dû céder une
partie de l’œuvre à d’autres. Elle a
cependant encore un missionnaire à
Java,
5. Union missionnaire Néerlandaise, fondée eu 1859; elle a huit
ouvriers qui travaillent à Java.
6. Union missionnaire d'Utrecht,
fondée en 1859. Ses huit agents évangélisent la Nouvelle Guinée . et les
îles d’Almaheira et de Boeroe.
7. Union missionnaire réformée,
fondée en 1859, avec quatre ministres
à Java.
8. Commission missionnaire de
VEglise Chrétienne réformée. Elle
a quatre ouvriers à Java et à Soemba.
9. Société missionnaire évangélique luthérienne. Ses deux envoyés qui
travaillent dans les îles Batoe (près
de Sumatra) ont étudiq à Barmen.
10. Union pour la propagation de
l’Evangile en Egypte, fondée en.l866.
Elle a deux missionnaires qui travaillent à Calioub prés du Caire.
11. Comité central pour le séminaire de Depok (Java). Ce collège
ouvert en 1878 pour former des évangélistes et des instituteurs indigènes,
avait, en 1888, 74 élèves.
12. Comité pour les îles Sangi et
Talaud, composé de membres de la
directiondes sociétés mentionnées aux
N.os 3, 5 et 6. Il a formé et envoyé
trois- missionnaires qui sont main
tenant payés par le gouvernement
comme pasteurs-auxiliaires.
Pour les Européens et les anciennes Eglises Chrétiennes dans
nos Indes, il y a des pasteurs et des
aides qui ¡sont salariés par l’Etat,
lequel subventionne également les
prêtres catholiques.
Chaque année, au mois de Septembre il y a, à Amsterdam, une
conférence convoquée par des députés de sociétés missionnaires et
d’autres corporations qui travaillent
pour les intérêts du royaume des
deux. On y rencontre ordinairement
des missionnaires ou d’autres personnes venues des Indes, Le bureau
de ces conférences publie une revue
très intéressante intitulée; Revue
Missionnaire Néerlandaise.
A Utrecht, il y a une société d’étudiants de l’université, qui travaille
pour la mission et qui publie une
revue mensuelle. Cette société, dont
un des membres séniors est maintenant le ministre des colonies, a
pour devise les paroles de l’oraison
dominicale-: « Que ton règne vienne! »
Chaque année, en été, il y a de
grandes réunions missionnaires en
plein air; une au centre, une au
nord et une au sud du pays. Elles
attirent des milliers de personnes,
qui se groupent autour de divers
orateurs. On y vient de bien loin.
Les sociétés de chemins de fer organisent des trains spéciaux à prix
trés-réduits. Il y a des bandes de
minsiciens bourgeois ou militaires qui
accompagnent les chants religieux.
Ceux-ci sont imprimés pour la circonstance et forment une partie du
programme, dont il faut se munir
pour pouvoir entrer dans l’emplacement réservé aux réunions. Ce
programme se paie de 60 à 80 centimes qui servent à couvrir les frais
considérables occasionnés par l’arrangement de ces fêtes.
Pour finir, je vous dirai que les
Indes Néerlandaises ont une population d’à-peu-pré.s 27 millions et
qu’on y compte 237,000 chrétiens.
5
_ 53
Recevez mes salutations sincères,
et que Dieu soit avec vous et tous
les chers frères Vaudois.
Votré tout dévoué
G. A. Hulsebos.
Chronique Vaudoisc
Turin. ■— Rapport da la paroisse
pour l'année Ì889. Nous y glanons
ce qui suit: « La crise financière
qui travaille notre ville a passé
comme un tourbillon sur notre
Eglise et n’ a pas épargné, dans
leur fortune, plusieurs de ses membres ; la maladie elle aussi a fait
ses victimes. À 24 reprises nous avons
dû prendre la route du cimetière
pour y accompagner la dépouille
mortelle de plusieurs membres de
notre congrégation »..
À la suite du décès de M. S.
Craponne et des démissions de M.
Turin-Boër, l’assemblée a élu comme anciens MM. Paul Robert et
Charles Vola. — « Deux membres du
Consistoire ont eu l’aimable pensée
d’offrir à l'église de Cosmopolita (Uruguay) un témoignage d’affection fraternelle, sous forme d’un petit service
de S.le Cène ». — Relativement aux
cultes, «on semble éprouver beaucoup de difficulté à se trouver ponctuellement à l’heure fixée pour le
commencement du service », Par
contre « les 28 moniteurs et les 129
élèves de l’école du dimanche sont
toujours à leur place et, continuent
à donner au pasteur beaucoup de
joie. 11 y a de l’entrain, de la cordialité ; les enfants sont heureux de
venir à leur école, d’avoir leur petit
musée de Missions.... » « Les 10 centimes prêtés à nos enfants sont devenus 696 francs.... ». « Nous voudrions que les parents prissent une
plus grande part aux diverses œuvres
auxquelles les enfants s’intéressent».
L’Hôpital a donné l’hospitalité à
131 malades (avec 2673 journées de
présence). Pour la première fois il
se trouve en présence d’un déficit
de frs. 1300. — La chambre pour
domestiques a abrité 42 jeunes filles
Vaudoises et 2 Suissesses. — Pas de
grands changements », c’ est ainsi
que se dot le rapport de Turin et
que pourrait se clore le rapport de
toutes nos paroi.sses, «hélas 1 c’est
bien là l’histoire monotone, et tou
jours vraie, aussi pour ce qui re
garde l’état spirituel de notre congrégation. Chaque fois que nous arrivons à la conclusion d’un nouveau
rapport, les paroles du prophète se
font entendre à notre cœur avec une
nouvelle force : « La moisson est
passée, l'été est fini et nous ne sommes
pas sauvés! » (Jérém., VIII, 20).
« Toujours la même chose, mon
Dieu ! est-ce bien là ce que Tu attendais de nous? Où sont les réveils
de bon aloi, les, conversions bien
franches, les consécrations bien entières? où est ce zèle qui consume,
où sont ces âmes qui se réjouissent
de leur salut, ces pécheurs qui brisent leurs chaînes, ces cœurs brûlants d’amour entraînés, par cette
parole : « Il faut que je fasse les
œuvres de mon Père pendant qu’il
est jour ! »
«Seigneur, tu le sais; lu connais
les tiens I Mais s’il faut en juger
d’après les apparences extérieures,
une froide routine et un formalisme
desséchant ne visent que trop à faire,
d'une Église qui pourrait être vivante, un lumignon fumant ! Oh, que
le cri de nos cœurs à tous soit:
Esprit du Dieu de vérité,
EclairS'Qous par ta clarté
Et nous embrase de tes QammesI
Il a été collecté dans la paroisse,
pour ;
Fonds culte Fr. 9872 —
Missions » 4491,40
Évangélisation » 1586,85
Artigianelli » 4930 —
Société des Demoiselles » 4200 —
Diaconie (legs, rentes et
dons publics exceptés). » 1087 —
6
- 94
Pour les incendiés
d’Aiguille » 733,50
Pour la «Gloi'ieuse Rentrée » (2™° versement) » 7399 —
Total Fr. 31299,45
Beîazione annua suU'andamento
dell'Istituto « Artigianelli Valdesi ».
Le Comité de cet établissement a
perdu trois de ses membres par la
mort de MM. C. de Fernex et S,
Craponne et par le départ de M. R.
de Salis. Les bienfaiteurs de l’institution ont maintenu leurs contributions; quelques-uns même les
ont augmentées. Il y a eu quelques
cas d’insubordination qui ont nécessité l’expulsion de tels élèves particulièrement rétifs; mais tout est
bientôt rentré dans un ordre que
la nouvelle institution des chefs de
dortoir concourt efficacement à maintenir. Nous regrettons que parmi
nos élèves il y en ail qui ne se font
aucun scrupule de détourner à leur
profit une partie de leur gain. Il est
vrai qu’aux suggestions de leur mauvais cœur s’ajoutent les conseils de
ceux qui devraient les conduire sur
le chemin dé la droiture. C’est ainsi
qu’une mère disait dernièrement à
son fils: Si Von te donne quelque
chose, tu nias pas besoin de lé dire;
c’est autanl de gagné pout toi; et
qu’un maître insistait auprès de son
apprenti pour qu’il gardât pour lui
une bonne-main: C’esi un établissement de charité lui disait-il, ils
n’ont pas besoin dépareille misère]...
« Notre famille », lisons-nous dans
le Rapport, « manque encore de la
mère tant désirée, d’une personne
qui, remplie d’amour pour cette
œuvre, prenne en main la direction
matérielle de la maison et y introduise cette propreté qui en serait
le plus bel ornement. A combien de
portes n’avons-nous pas été frapper
déjà? Ici et là on nous a fait espérer.... pour l’avenir, mais en attendant ce sont toujours les mêmes
deuxou trois dames,auxquelles revient
le labeur de se rendre deux ou trois
fois par semaine à l’établissement
pour recevoir le linge et le rapiécer ».
Ces dames sont vivement remerciées,
ainsi que l’inspecteur M. A. de Fernex
qui a fait don à rétablissement de
plusieurs objets très-utiles; entr’autres, d’un assortiment complet d’écuelles et plats en fer galvanisé.
L’exercice passé a commencé avec
36 élèves; il en est entré depuis
lors 8 et en est sorti 14, dont 7 après
avoir fini leur apprentissage de 4
ans, et 7 pour avoir été rappelés
par leurs parents ou renvoyés.
Nous avons actuellement 10 apprentis menuisiers, 4 maçons, 4 cordonniers, 3 mécaniciens, 3 serruriers,
3 tailleurs, 1 graveur, 1 ferblantier.
un fabricant d’instruments de chirurgie . . . Tous nos 32 élèves ont
été influencés, mais fous se portent bien maintenant. 11 a été dépensé pendant l’année L 15.413,96,
ce qui donne L. 1,11 par élève et
par jour. Les comptes se ferment
avec un en-caisse de L. 3.999,05.
Nous (Le Témoin) avons jeté un
coup d’œib sur les dons en argent
provenant des Vallées. Hélas, c’est
peu de chose. Les dons en nature
semblent aussi être au rabais. Honneur d’autant plus à_ ceux qui se
sont mantenuti vivi. Les 860 kg. de
pommes de terre qui ont été envoyés des Vallées ne sont cependant
pas à mépriser, et c’était une année
mauvaise! Que sera-ce si l’année
présente est bonne! Comité des Artigianelli, déblaie les caves, car c’est
à peine si elles pourront contenir
les avalanches de pommos-de-terre
qui partant de Massel et de Bobi et
grossissant tout le long de la route
viendront s’y engouffrer! Etablis aussi
des tablars pour les châtaignes et
réserve quelques coins de corridor
pour quelques petits tonnelets, car
vois-tu, ton œuvre est tou|ours plue
appréciée aux Vallées, et on veut te
le prouver]
7
— 95 —
Nouvelles Religieuses
Une scène de sauvagerie. — C’est
en France, à Château Bourdin, dans
le département des Deux-Sévres que
la scène suivante se passait, tout
récemment. M. Lacuve, évangéliste
de Partheiiay, y tenait, dans une
modeste chambre louée, une conférence annoncée quinze jours à l’avance. « Aussitôt la séance ouverte,
des cris, des vociféralion.s, des sons
de cor interrompent l'orateur, qui
en présence du tumulte, quitte la
salle, suivi de ses partisans, et se
réfugie, par une porte de communication, dans la salle de ses hôtes.
Les assaillants furieux sortent dans
la rue et pour arriver à l'orateur,
objet de leur haine, ils reviennent
à la charge, enfoncent la porte du
maître de la maison et cherchent
partout sous les lits et jusque dans
le four M.etM®. Lacuve qu’ils y croient
cachés. Apprenant que l'Evangéliste
et sa femme ont réussi à se réfugier
chez r aubergiste Guichard, où iis
doivent passer la nuit, les fanatiques
s’y rendent, trouvent la porte fermée, r enfoncent à son tour et se
trouvent en présence de l’hôtelier
qui, debout au pied de l’escalier conduisant à la chambre de ses locataires, leur déclare qu’ ils devront
passer sur son corps pour arriver
à eux. Immédiatement saisi, l’aubergiste est jeté sur une table, criblé
de coups et ce n’est qu'à l’intervention courageuse de sa femme, qui,
malade, se lève de son lit pour aller
à son secours et à celle de son beaufrére, que son jeune fils, âgé de 9
ans était aller prévenir, qu’il doit
d’échapper à ces forcenés. Après
avoir ainsi assouvi leur rage, au
moins en partie, ces mandataires du
curé, oublient M. et M.® Lacuve,
tremblants au premier étage ».
Ces scènes brutales étonnent, à
la fin du fô.™® siècle, même au sein
de populations ignorantes, placées
sous la direction des prêtres, et il y
a à s'attendre que lâ justice saisie
de l’alîaire saura donner une salutaire leçon à ces émeutiers et à
ceux qui les ont excités, et qu’ elle
leur enseignera à respecter la liberté
et la vie des citoyens inotfensifs.
I,e Temps, journal politique de
Paris, a raconté les mêmes scènes;
mais sans nommer l’Evangéliste,
Et l’Univers, l’organe le plus noir
du cléricalisme français a reproduit la relation du Temps en la faisant suivre des réflexions suivantes
qui méritent la plus grande publicité:
« Assurément ces incidents sont regrettables et il faut souhaiter qu’on
en prévienne le retour. Mai's le meilleur moyen d’en prévenir le retour,
ne serait-il pas que les évangélistes
protestants s’abstiennent d’aller provoquer chez eux les catholiques, dans
les pays qui ont le bonheur d’avoir
conservé toute Vardeur de leur foil »
Voilà, dit l’Eglise Libre, à laquelle
nous empruntons ce récit, comment
ces scènes de sauvagerie sont qualifiées. « incidents regrettables} »
Cette feuille cléricale a des trésors
d’indulgence pour les bons catholiques de Château-Bourdin. D’après
le Temps, il y avait à. la tête des
agresseurs, le sacristain et plusieurs
chantres de l’église, c’est-à-dire,
des gens qui sont tous serviteurs du
curé. Au fait, les vrais coupables
sont les évangélistes protestants qui
vont « provoquer chez eux par une
paisible réunion où ils prêchent
l’Evangile à qui veut l’entendre,
des catholiques qui « ont le bonheur
d’avoir conservé toute l’ardeur de
leur foi! » Dévaliser une maison,
assommer les gens, cela s’appelle
« l’ardeur de la foi », C’est admirable! Qu’ont-ils donc à se plaindre
ces partisans du pape, quand ils vont
annoncer leurs doctrines chez des
Chinois ou au milieu de tribus païennes de l’Afrique? J.es sectateurs
de Confucius ou de Boudha ou
d’autres divinités païennes ne pourT'aieiit-ils pas se servir, avec tout
autant de raison, des mêmes exprès
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‘-s'Iì:.;-i -¿:
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sions lorsqu’ ils voient les missionnaires catholiques s’établir dans leur
pays? Brûler une station missionnaire et en massacrer le personnel,
n'est donc que l’expression de populations qui ont le bonheur d’avoir
conservé l’ardeur de la foi \ C’est la
mission catholique qui a tort et le
meilleur moyen c’est qu’elle reste
chez elle eu FranceMI j, r.
Revue Politique
Italie — A l’occasion de son 46’
anniversaire (14 mars) le Roi a reçu de nombreux télégrammes de
félicitation de toutes les parties de
ritalie ainsi que des souverains et
des gouvernements étrangers.
La Chambre des Députés a volé
un crédit de 17 millions et demi de
francs pour la fabrication de fusils
et pour la construction d'une fabrique qui devra fournir à l’armée la
nouvelle poudre sans fumée. Elle a
également approuvé une réforme de
la loi postale qui marque déjà un
progrès sensible, sur les dispositions
en vigueur jusqu’ici.
Afrique—Ménélik a ratifié la convention additionnelle au traité avec
l’Italie et la convention signée à
Naples le l.'" octobre 1889 entre
Crispi e Makonneen. Le roi d’Ethiopie est maintenant dans le Tigré, et
l’on pense qu’il va recevoir la soumission de ras Mangascià. Quant à
Alula, quoique son armée soit dans
un état de profonde désorganisation,
il ne se hâte pas de se soumettre,
de peur d’être enchaîné et conduit
en Italie pour être traité comme il
l’a mérité par sa conduite.
France. ~ Le ministère Tirard
a donné sa démission, à la suite d'un
acte de blâme donné par le Sénat,
à la grande satisfaction de la Chambre des Députés qui n’a pas eu à
se donner la peine de le renverser
elle-même, comme elle n'aurait pas
manqué de le faire si elle n’avait
été prévenue. Le Cabinet a été reconstitué sous la présidence de Freycinet, ministre de la guerre; Gonstans
aura l’intérieur; Ribot l’étranger;
Bouvier, les finances; Barbey, la
marine; Bourgeois, l’instruction, etc.
Il est à regretter que Spuller, qui,
comme ministre des affaires étrangères, a fait preuve de tant de prudence, ait été laissé tout-à-fait de
côté.
Allcma§;ne. — La Conférence
ouvrière s’est ouverte à Berlin le
15 cour. Le ministre du commerce
Berlepsch, l’a inaugurée en saluant
les délégués au nom de l’Empereur.
L’Assemblée, par acclamation, a confirmé la présidence au même ministre. Le réglement de la Conférence prescrit que les discussions
auront lieu en français; que les
questions spéciales pourront être
renvoyées à une autre commission
nommée par la Conférence; que la
votation se fera par appel nominal
des Etats, en suivant l’ordre alphabétique; enfin que les discussions seront tenues rigoureusement secrètes
pendant la durée de la Conférence.
Le prince de Bismark, l’illustre
chancelier de l’Empire est démissionnaire. On ne connaît pas encore
bien les raisons qui l’on conduit à
cette grave détermination, mais il
paraît certain qu’ellq n’a pas seulement été causée par l’âge et le besoin de repos. On sait que l'œuvre
de Bismark a été facilitée par la faveur inaltérable et la confiance que
lui ont toujours accordées Guillaume
I d’abord et Frédéric III ensuite.
11 ne parait pas qu’il y eût le même
accord entre le Chancelier et l’Empereur actuel.
Ernest Robert, Gérant.
Torre Pellice, Imprimerie Alpina.