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Olnqulème aimée.
IV. 48.
9 Décembre 18TO.
L'ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
. Spécialemenl consacrée aux intérêts matériels et spirituels
de la Famille Yaudoise.
Que toutes les choses qui sout véritables. occupent
vos pensées — ( Philipjiiens.t IV. 8.)
pEix d’abonhement :
Italie, h domicile Cun au) Fr. 3
Suisse...........f • 5
France................» 6
Allemagne 6
Angleterre , Pays-Bas . » 8
TJn numéro séparé : 5 cent.
Un mtméro arriéré : 10 cent.
BOBEAUX D'ABONNEMENT
Torrb-Pelmce : Via Maestra,
N.^, (Agenzia bibliografica)
PiONERoL : J. Chlantore Impr.
Turin :J.J. Tron, via Lagrange
près le N. 22.
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ANNONCES : 5 cent, la ligne
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S’adresser pour l'administration
au Bureau à Torre-Pellice ,
via Maestra N. 42. — pour la
rédaction: â Mr. A. Kevel
Prof, h Torre-Pellice.
Sommaire
Uectification. — Origine de l'Eglise libre
d'Ecosse. — Evangélisation. — Appel en faveur des Missions du sud de l'Afrique. —
Nouvelles de BI. Salomon. — Cljrtniquc politique.
UECTIFICATION.
La Rédaction de VEcho des Vallées a reçu, à propos d’un article
inséré dans le numéro 46 (p. 456),
une réclamation fort étendue qu’il
ne lui est pas possible de publier
à cause de son étendue même.
Mais elle s’empresse d’en profiter
afin d’apporter à l’article en question (A propos d’un anniversaire)
certaines rectifications qu’elle juge
équitables.
P h'Union Chrétienne de *** ne
s’est pas occupée spécialement de
VEcho ; - J
2® La séance ne s’ést point ouverte par la lecture de 1 Corinthiens XIII, mais dô' ii Cor. xi. Dès
lors, tout ce que l’article renferme
d’observations suggérées par l’énoncé du chapitre n’a pins aucune
raison d’être ; et la Rédaction , au
nom de l’auteur, en témoigne ici
un regret sincère aux personnes
intéressées et à la Société de l’Union en général ;
3” La personne qui a cru devoir désavouer VEcho des Vallées
se défend de V avoir chargé à plaisir.
On lui avait attribué à tort des
articles qu’elle n’avait pas écrits,
et une part dans la rédaction qu’elle
n’avait plus. — De là sa déclaration publique, empreinte peut-être
d’une certaine indignation.
Quant au point capital, l’accusation contenue dans le Rapport,
et qui seule a fait prendre la plume
à l’auteur de l’article, — il ne peut
être parfaitement tiré au clair que
par une citation textuelle, 1 es impressions étant fort diverses. Si l’on n’a
pas cité de noms propres, il faut
tout au moins que l’on explique la
mention sur la‘ même ligne de
professeurs du Collège, et d'élèves
détournés de V Union et prenant
ensuite le chemin de la pinte et
du jeu. S’il n’y a eu dans cette
juxtaposition aucune intention blessante , tant mieux ; en ce cas l’article tombera tout entier, et la
2
-468
Rédaction , au nom de l’auteur ,
n’hésitera pas à le, rétraçtçir comma
erronéi et çxc^sif^
La Rédaction«
P. S. Les lignes qui précèdent
étaient écrites lorsqu’à paru une
Rectification signée par le V. P.
de V Union. Cette rectification laissant subsister le point capital, avec
nouvelle adjonction de qualificatifs,
nous abandonnons la Société et ses
représentants à leurs rancunes privées et publiques. (Réd.J
Origin« de l’Eglise libre d’Ecosse.
Il est des institutions qui oiît
pris une telle place dans le royaume de Dieu , et donné une si forte
impulsion à la vie religieuse, qu’il
y a toujours plaisir à les revoir à
leur origine. De ce nombre est VEglise libre d'Ecosse. Voici comment
un journal eu racontait dernièrement la naissance.
« C’était en, 1843. Une grave
question ecclésiastique agitait depuis longtemps l’Ecosse. Malgré de
nombreuses et vives protestations
contre le droit de patronagec’està-dire le droit attribué soit au gouvernement civil, soit à un potable
appelé patron, soit à upe corporation , de itommer les pasteurs
sans s’inquiéter du consentement
des fidèles, le parienaent anglais
refusait d’aÉelir cet abus, C’était,
attenter à l’indépendançe et à ia
dignité de l’Eglise. Qpe faire ? *
Supporter le inal avec pattence.?
Attendre des jours meilleurs? Ç'é-i
tait le langage de la peur de la
timidité , de la prudcpce, Mai^ Ub
principe vital était engagé,, une
vérité nécessaire méconnue; il importai^ d’aiftrmér d*U9e manière
éclatante l’autoi^é de Christ sur
son Eglise. La prudesce. la politique eçuseillait de rester, la fidélité çomniandait de sortir.
Le 18 mai 1843, l’assemblée
générale de l’Eglise d’Ecosse se
réunit à Edimbourg, au milieu
d’un extraordinaire concours de
peuple , curieux de voir ce qui va
se passer. Après avoir donné connaissance de la décision gouvernementale , le président lit une
protestation solennelle contre l’intrusion de l’Etat dans un domaine
qui ne lui appartient pas, protestation signée par un grand nombre
de pasteurs et d’anciens. Cette lecture achevée, plus de 400 pasteurs et beaucoup d’anciens, le
Modérateur en tête , sortent de la
salle et vont fonder une nouvelle
Eglise qui deviendra la puissante
et florissante Eglise libre d Ecosse.
Cea hommes résolus fa,isaient
ainçi acte de dissidence., il est, vrai,
ils rQmPàifÇOt toq^ les cadres ecclésiaslqques, mais ils le faisaient
au nc«n d’qu inté,çêt supérieur :
celai déi la'''''érité. ils compiettaient
la plps grande imprudence ep renonçant délibérément et sans nécessité an paissant apppi de César,
mais ils faisaient acte de fqi en
s’appqyapt uniqviement snr Celui
qui a promis de donner toutes
choses à ceux qui rechercheraient
avant tout le reyiMae fie pieu et
. sa, jnsijice.. agissant ainri, en
; d®a?anl à leiqr- pays l’eXiemple
I d’EblPibes, prêts 4 te,qt saorifier à
. une ferme conviction, ijs loi ont
; yendn la plus grand service, et y
t ont révoillé 1 pour des, années et
3
-469
peut-être pour des siêclés, la vie
religieuse » fUEglièê libre).
Telle a èlé l’origine de l'Eglise
libre d'Ecûsse. Èn quittant l’Eglise
presbytérienne dite établie à cause
de son union avec l’Etàt, les quatre cents pasteurs qui avaient signé
la protestation contre le patronage,
avaient en même temps renoncé
à tous leurs temples, à leurs confortables presbytères et aux honoraires quelquefois considérables
que leur assurait le gouvernement,
et cela pour passer à une condition bien plus voisine de l’indigence que du bien être. Malgté
cela, l’Eglise libre d’Ecosse n’a
fait que s’accroître et prospérer
en tirant toutes ses ressources de
de ses propres membres. Les sommes d’argent qu’elle a collectées
dans son sein depuis les vingt sept
ans qu’elle existe, soit pour son
propre entretien, soit pour les œuvres qu’elle poursuit au dehors,
soit pour venir en aide aux églises
du continent qui, à l'exemple de la
nôtre , ont recours à elle , s’expriment par millions et dizaines
de millions. L’année dernière ôette
Eglise comptait déjà 87Î congrégations avec pasteurs consaorés,
plus un certain nombre de stations
dirigées par des évangélistes non
consacrés. Quand elle aura fait sa
fusion aveu l’Eglise Presbytérienne
Unie, qui compté elle aussi en-'
virón 500 congrégations Vivant de
leurs propres ressourOeS, lès deux
sœurs formeront un ensemnle dé
1400 églises complètement înddpendantes de l.’Etat, ét obligées,
par leur fconstitution mdme, à Se
maintenir continuellement en éVèü.
De son côté, V Eglise presbytérienne établie, tout aussi puissante,
puisqu’elle se compose de 1250
congrégations, montre bien qu’elle
ne veut rester en arrière de ses
sœurs cadettes , ni pour la vie ni
pour la liberté d’action. Dans le
courant de juin de l’année dernière , cette Eglise a effectivement
voté une pétition au Parlement
portant la demande que dorénavant
les églises puissent nommer librement leurs pasteurs , sans dépendre des patrons. Ici encore pasteurs
et anciens se sont trouvés d’accord
sur ce point important, car dans
l’Assemblée générale, où siégeaient
281 membres, les écclésiastiques
ont voté la pétition dans la proproportion de 69 sur cent , et les
anciens dans la proportion de 67
sur cent. Nous ignorons quel a
été le résultat de cette démarche,
mais ceux qui connaissent un peu
les chrétiens d’Ecosse, savent àssez
qu’ils ne se donnent pas facilement
pour battus. Ainsi pendant que
d’autres essaient d’arriver à la
vie par la liberté, eux arrivent à
la liberté par le seul besoin de
vivre et de servit leur Maître et
Sauveur.
0tJánig¿ibatbtt.
Les lecteurs de l'Echo ne liront
pas sans intérêt lés détails suivants
sur l’historique de la station de
Venise :
L’œuvre de TEvaugélisation a
commencé à Venise vers la fin de
Tannée 1866. le pasteur M®
Dougall écrivait à ce propos ( le
4
-470
15décembre) kVEvangelicaî Christendom ;
« Ici comme ailleurs c’est le
colporteur humble et illetré qui a
frayé la voie à l’évangéliste capable ».
Il annonçait en même temps l’arrivée de l’évangéliste vaudois M.
Turin et le succès de ses premières
prédications, ajoutant qu’il n’était
que juste que l’ancienne Eglise
des Vallées fût la première à prendre
racine dans ce nouveau sol, et que
Dieu avait accordé une bénédiction
encourageante aux travaux de l’Evangéliste.
Le 14 janvier 1867 le même
journal parle du bon accueil fait
à M'' le prof. Appia de Florence,
dont le discours , prêché dans l’église allemande, reçut les louanges
de la presse.
Vint ensuite M'' A. Gavazzi à
côté duquel ne cessa de travailler
un évangéliste vaudois. Cet évangéliste est de nouveau M' Turin;
l’un et l’autre ouvriers s’employant
avec une capacité rare et avec un
succès extraordinaire à la prédication de l’Evangile, le premier mettant au service de Dieu sa virile
éloquence , le second sa piété fervente et sa riche expérience pastorale ; tous les deux travaillant
d’une façon indépendante , si bien
que la salle des réunions se trouve
comble longtemps avant l’heure,
et quantité de personnes sont obligées de se retirer, faute de place.
Au mois de mars de la même
année M' Turin fut remplacé par
M"" E.; Combe ; et les réunions présidées par lui étaient toujours fort
nombreuses, alors même que M.
Gavazzi présidait simultanément la
sienne propre.
MM. Gavazzi et Combe étant
partis, l’œuvre tout entière fut
continuée par M'Ribetti, remplacé
de nouveau au mois de mai par
M'' Turin. Enfin la Commission
jugea à propos d’appeler définitivement à Venise M*' Combe, à l’œuvre du quel vint s’adjoindre celle
des instituteurs.
Après avoir évangélisé il s’agissait de former une église , tâche
importante et délicate reposant sur
le choix et la préparation des éléments. C’est là que se révèle la
vitalité de toute œuvre et se pose
la base de tout progrès ultérieur.
Tous les évangélistes, sans exception , ont eu au début des assemblées fort nombreuses ; la diflSculté
est de les maintenir et de transformer en église un auditoire fort
souvent hétérogène. M' Combe,
après avoir invoqué le secours d’en
Haut, se mit résolument à l’œuvre.
Six ou sept,mois durant, il présida chaque jour des réunions dans
deux locaux différents, et il eut
la joie de constituer une église
florissante.
Tombé malade, il requit un aide
qui lui fut envoyé. Le travail ne
diminua point pour cela ; et bien
que la chapelle d’aujourd’hui soit
aussi vaste que peut l’être celle
de M' Carasco à Madrid, il fut
plusieurs fois nécessaire d’ouvrir
quelque porte de, l’appartement
contigu pour assurer des places à
la foule des auditeurs,
i Ces faits témoignent que la bénédiction divine a reposé sur l’œuvre deVenisei.,.
En même temps l’église s’est
constituée; elle s'est donné un
Conseil, d'administration et un Co-
5
-471
raité des écoles ; elle a inauguré
des réunions de prières privées et
publiques, à domicile et dans la
chapelle ; elle a une réunion de
moniteurs ze'lés pour l’école du dimanche, une Union de la jeunesse,
et une réunion mensuelle de ses
propres membres pour débattre en
commun ses intérêts matériels et
spirituels.
Ainsi, « comme la pluie et
la neige descendent des cieux et
n’y retournent plus qu’elles n’aient
arrosé la terre et l’aient fait produire et germer , tellement qu’elle
donne la semence au semeur et le
pain à celui qui mange ; de même
la Parole de Dieu ne retourne
point à Dieu sans effet, mais elle
fera tout ce en quoi II aura pris
plaisir et prospérera dansles choses
pour lesquelles II l’aura envoyée
( Esaïe Lv ) ».
Un mot encore. L’Eglise de Venise s’est constituée dans la plus
entière liberté-, ni la Table Vaudoise ni la Commission d’Evangélisation ne sont intervenues d’aucune façon, par des ordres ou .autrement. L’évangéliste lui-même,
bien que ministre d’une Eglise que
l’on se plaît à représenter comme
esclave de ses traditions, n’a pas
été inquiété pour s’être défait de
la robe au .milieu de la cité des
Doges togati. En un mot, ici comme
ailleurs, l’on a fait une application
rigoureuse du décret synodal que
nous ne nous lasserons point de
citer : ..
« Le seul but de l’Eglise Vaudoise en faisant annoncer., l’Evangile hors dei son sein est d’obéir
à l’ordre du Seigneur ; « Prêchez
l'Evangile à toute créature, » et
d’amener les âmes à la connaissance et à l’obéissance de JésusChrist ; et elle n'a en conséquence
aucune prétention de leur imposer
sa forme ecclésiastique ».
Ce décret à été rendu à La
Tour , Vallées Vaudoises, le mois
de mai de l’année iS55, par le
Synode Constituant. Ceci soit dit
afin que personne ne s’imagine que,
au dix-neuvième siècle, l’année
1855 est tombée dix années plus
tard, en 1865, comme M” Gavazzi
l’a écrit, sans doute par erreur.
L’Evangile en Espagne.
Dans une récente conférence tenue à Genève, M” Carasco, pasteur
d’une des congrégations de Madrid,
a donné sur les églises évangéliques des détails du plus haut intérêt. En voici deux ou trois. —
L’œuvre en général a fait, celte
année , de grands progrès. A Madrid, une salle, qui a des places
pour mille personnes , est toujours
comble, et beaucoup d’auditeurs
n’y peuvent entrer. — Une femme
âgée, qui depuis 80 ans n’avait
entendu que le prêtre, et seulement depuis deux ans l’Evangile,
a rendu compte de sa foi et de
son espérance d’une manière parfaitement satisfaisante. Une autre
femme nommée Elena, de son lit
de douleur où l’a couchée la maladie , a pu amener déjà plus de
trente personneq;à aller entendre
la prédication de l’Evangile à la
chapelle, -rt A une leçon de chant
organisée par M” Carasco, on demanda des vêtements pour une
pauvre.femme malade. En quittant
6
-473
la salie une femme donna une )*obe,
et une autre son châle. Les écoles
évangéliques sont très fréquentées.
Appel CD faveur de la Mis^iou
dix Sixd do 1'Afrlq.u.o.
Au milieu des épreuves terribles
par lesquelles passe la France, que
devient la Société des Missions de
Paris ? Et depuis l’investissement
de cette grande capitale, comment
peut-il être pourvu aux besoins permanents de son œuvre , et notamment de la belle mission du Lessouto
(sud de l’Afrique) ?
Telle est la question que se pose,
dans une récente circulaire à ses
églises, la Commission des Missions
de l’Eglise Evangélique libre du
Canton de Vaud, et que s’était déjà
posée , avant élle , M. Léon Pilatte
dans son journal L'Eglise Libre.
De son côté , M. Casalis , dans une
lettre partie de Paris, par ballon
monté, le 18 octobre 1870, écrit
ces mots , beaucoup plus vrais encore maintenant qu’ils ne l’étaient
alors : « La proléfigâtion du siège
commence à nous inspirer de vîtes
inquiétudes au sujet de nos inissionriaires du Sud de l’Afrique*.
Le reste se devine aisément : tine
pressante invitation aux chrétiens
à venir en aide à cette portion des
missions françaises. Gomme c’est
précisément au Lessouto que les
Vaüdois s'intéressent plus spécialement depuis nombre d’ahnéôs,
nous croyons répondre au désir de
plusieurs en ouvrant, dès amourd’hui dans notre j ournal, une
criptién au profit de la Mission'
française- du Sud de l’Afriquè.
N’eussiotis-nous qu’une centaine dé
francs au bout du mois courant ^
nous «ommes certains que cette offrande serait bien reçue , et de la
V. Table à qui nous la remettrions,
et de- ceux à qui elle est destinée.
L’essentiel, cette fois plus que jamais, o’est la. prom/ptitudè.
On peut faire parvenir les dons à
Mi le Prof. Barthélemi Tron à La
Tour'-Pelliee, qni les publiera s’ils
arrivent avant Noël.
RÉÇO ROÜR LA MISSION
Aü Stb DE I’AFRIQVE.
ST et'M“* B. Tron-Caifus . fr. 5
NôiivelleB de M. Salomon.
A partir dé Gibraltar, d’où il avait
donné les nouvelles que nous avons
publiées dans le courant d’octobre,
M. Salomon a écrit deux autres
lettres, la première de la côte de
l’Afrique, la seconde des côtes
d’Amérique. Nous donnerons de
chacune quelques lignes.
* Iles du Gap vert, Ile de S. Vincenti Lundi 26 seplembre 1870. —
Le nom de Cap Vert trompe radicalement , car le port où nous allons n’est qü’un rocher. 11 n’y a
ni arbres, ni arbrisseaux, ni herbe,
ni un brin de mousse. Il ÿ a une
semaine aujourd’hui que nous sommes entrés dans l’Atlantique. Nous
avons soufiert deux jours, puis on
s’y est fait. Les enfants sont très
bien , sauf une éruption de boutons
aux bras et Sur tout le corps. C’est
qu’il fait une chaleur à vous cuire,
la nuit principalement quand nous
sommes daus notre étroite cabine,
qui n’a pas plus de deux mètres en
tons sens-. Vous ne pouvee vous
faire àncene idée de l’ennui d'un
pareil voyage l on a la tête trop
faible pour lire, ou pour penser à
quoi que Ce soit d’un peu suivi, et
7
-^73
la conversation, máme avec ïes pas*
sagers les plus instruits, est sans
intérêt. On existe, on ne peut pas
dire de vivre. Aux repas, où nous
sommes plus de cinquante à la fois,
la sueur tombe à grosses gouttes
de tous les fronts ; et nous ne sommes pas encore à l’Equateur ! Cependant le temps a toujours été
favorable, et la mer point trop mauvaise. Dieu soit béni pour sa bonne
protection !
» Rio Janeiro. Brésil, 11 octobre
1870.
Voilà un mois, juste aujourd’hui , que nous nous sommes embarqués à Gênes, et que nous
vivons au milieu d’une foule de
monde de toutes les nations. Grâces
à Dieu, le temps a été bon, et nous
n’avons jamais été trop mal. La
chaleur a été très forte pendant
quelques jours, puis un bon vent
frais a commencé à souffler précisément à l’équateur , où. 'n.du.s aurions eu le plus à souffrir. Ce qui
nous a manqué le plus c’est l’eau
fraîcbe ; celle que nous buvions
était tiède, et nous repassio'ns dans
notre mémoire toutes les bonnes
fontaines o>ù nous avions boi 'à
souhait, ' ‘
Maintenant noua somme« a>n?^és
ici, à Rio Janeiro, pour huit ou
dix jours, XJnélice de notre bâti-'
ment s’étant dérangée. C’est un
miracle que nous ne l’ayons point
perdue en route. Si cet accident
nous* était arrivé en pleine mer,
noua ne serions pas mtcereJci, et
pas pins loin que hier au soir *
nous aurions essuyé une rude tem^
pête.
Comme vous le savez.,, noua som-*
mes tout près d’un millier de per
sonnes, y compris les quatre-vingt
dix hommes d’équipage, sur un
bateau qui fait maintenant son 37°
voyage et qui devrait avoir, au
plus, 400 passagers. Aussi nous
sommes serrés comme des harengs.
11 y a plus de 80 enfants audessous de huit ans, et plus de 120
qui n’en ont pas douze. Les nôtres
sont par là tout occupés à s’amuser.
Une bonne providence veille sur
nous, la nuit comme le jour.
Nous ne partirons d’ici que la
semaine prochaine, pour arriver
à Montevideo vers la fln du mois.
Nous écrirons de là.
LE CONCILE ET LA GUERUE.
Nous lisons dans Vltalie du 21 :
Une feuille de Munich a reçu
d’un membre du clergé catholique
la communication suivante :
« n n’y a aucun doute que lorsque le Concile a été convoqué au
Vatican, on avait déjà en vue la
guerre franco-prussienne. A Rome,
ainsi qu’en bien d’autres lieux ,
on l’envisageait comme inévitable.
Les Jésuites espéraient que la
France , alliée à l’Autriche , qui
avait soif de vengeance , anéantirait Confédération allemande du
Nord. Pour rendre cet anéantissement, plus complet, pu devait empêcher rAllemagne du Sud de secourir l’Allemagne du Nord, Ainsi
s’expliquent les excitations insensée« des feuilles ultramontaines
contre la, Pynsse ; elles provenaient
d’nn mot d’ordre du général des
Jésuites... Il ya sans dire que bien
des feuilles ultramontainesont suivi
eette ligne de conduite sans peutêitrq se rendre compte du' plan
poursuivi par kur parti. Encore à
8
-474
la dernière heure l’archiviste Jörg
exhortait l’Autriche à faire « son
devoir » et à s’interposer entre les
parties , c’est-à-dire à secourir la
France.
La victoire des deux puissances
catholiques devait donner au catholicisme une immense prépondérance sur le protestantisme humilié
par la défaite de la Prusse; elle
devait préparer, à l’aide du Concile , une politique nouvelle , et
l’empereur des Français, avec l’ai de
du pape infaillible, devait prendre
la haute main dans la politique européenne.
La France a succombé , et avec
elle, tout le plan de la papauté
et des ultramontains à échoué. Au
moment où le pape croyait avoir
atteint le comble de la puissance,
il a été précipité dans la plus misérable des situations.
Et maintenant les mêmes individus qui ont comploté la ruine de
la Prusse et de l’Allemagne, n’ont
pas honte d’aller supplier le roi
Guillaume et Bismark en faveur
de la restauration de l’autorité
temporelle du pape.
(Siktontque
Italie. Le pape^ qui avait dégà une
fois excommunié l’Ilalie après les annexions de 1860, a cru nécessaire de donner
comme une seconde édition de sa, bulle
en lançant, un de cesjours (22novembre),
l’excommunication majeure contre toüs
ceux qui ont pris quelque part ou même
seulement « adhéré » à la chûte de son
pouvoir temporel. Les journaux du Royaume qui ont reproduit ce méchant docu*'
ment ont été saisis par les autorités ; et
lem gérants cités à comparaître pour
« d’offense au roi %>. Celle mesuré
a soulevé dans le public une grande émotion', les qns la désapprouvant comme
inopportune, les autres là défendantyous
prétexte que ce qui était permis aux prêtres n’était point permis aux journaux.
Le 24 novembre à Tum, la duchesse
d’Aoste a heureusement donné le jour à
un prince. Le comte de Turin (tel sera
son titre) a reçu le baptèine de Mgr.
Jean Balme évêq,ue de Ptolémaïs in partibus infidelium, avec les noms de Victor
Emmanuel'-Turin-Jean-Marie. La municipalité de Turin, représentée par le proSyndic et la Junte municipale a tenu le
prince sur les fonts sacrés.
tes dernières élections sont venues montrer une fois de plus de quels malheurs
pourrait nous menacer l’indifférence politique. Fort peu de députés ont obtenu
du premier coup la majorité nécessaire
pour être élus. Partout le nombre des
abstentions a dépassé les limites permises.
A Turin, par exemple, de cinq mille électeurs inscrits, la moitié seulement ont
rétiré leurs bulletins, et moins de deux
milles {1888 ) se sont présentés à Turne.
Malgré tout, cependant, on augure plutôt
bien de la Chambre qui va se réunir, le
5 courant au Palais Vieux de Florence.
France. Une autre forteresse, celle
de Thionville, a capitulé dans la journée
du 2» novembre. Les places fortes de
l’Alsace qui sont encore occupées par des
garnisons françaises, se trouvent maintenant réduites à trois : Bitehe, Phalsbourg
et Belfort. Bien que les 174 prussiens faits
prisonniers |à Châtillon-sur-Seine n’aient
pas pu voir ■« papa Garibaldi, » comme
ils l’appellent; Hs ont néanmoins été traités
avec beaucoup d’égards.
Les nouvelles de Paris sont de jour en
jour plus rares. La dépêche prussienne
qui avait annoncé pour le 21 novembre
le bombardement de cette capitale n’a
pas été confirmée depuis, et l’on assure
que les vivres abondent dans la ville assiégée.
Fspagiie. Le duc d’Aoste a fait savoir qu’il acceptait sa nomination comme
roi d^Espagne. On s’effraie quelque peu
pour lui des 60 voix que les Cortes du 16
novembre ont données à la république fédérale. Mais le nouveau roi aura un excellent moyen de vaincre les républicains ;
ce sera d’être encore plus - libéral qu’ils
ne le seraient eux-mêmes. Les chrétiens
évangéliques d’Espagne ne demandent à
leur roi qu’une chose ; le plus grand respect pour sa jHfopre conscience et pour
celle des autres.
La rtusistè ne démord pas de ses
prétentions à faire de la Mer-Noire ce
qu’elle était avant la guerre de Crimée,
un lac russe. L’Angleterre et l'Autriche la
itoenaèent d’une guerre d’accord avec la
Turquie. L’Italie ne s’est pas encore prononcée , et Is Prusse dit que cette affaire
ne la concernb pas. _____________________
’’ ' A. Rèvel Gérant. ~
Pignerol, Impr. Chiantore.