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■V* année
9 Juillet 1869.
Ny *ï.
L’ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialement consacrée an\ intérêts matériels et spirituels
de la Famille Vaudoise.
Que toutes les choses qui sont véritalÏÏes......... eccujient
vos pensées — ( rhilippiens., IV. .S.)
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rédaction : â Mr. A. Her el
Prof. U Torre-Pellice
SOMMAIRE — Du culte domestique. — L’Evangile en Espagne. — Evangélisation. — Biblioi/raphie — Glanurca. — Correspondance. — ('hronique politique.
DU CULTE DOMESTIQUE.
On nous écrit:
Au commencement de la 2® page du N« 2.5, l’Echo dos Vallées par le d'an
ancien affirmant que l’agriculture est elle-même un culte rendu au Créaleur; et
pour que l’on ne se trompe pas sur la personne en question, l’Echo cite le
rapport de la Table (p. 5) oii cet ancien est clairement désigné. Le but que
se propose l’auteur de cet article est évident; il veut montrer au public, que
l’ancien du chef-lieu de Rorà ne comprend nullement la signification du culte
domestique. Qu’il me soit donc permis de donner à ce sujet quelques mots
d’explication.
Le dernier rapport du Consistoire de Rorà, que j’ai moi-même signé, dit
en parlant du culte de famille: ce culte dignement célébré acec lecture et prière,
et même, si possible, avec explication et chant, ne doit être que l’expression de
la piété du ccmr qui se résume dans le mot amour. Voilà ce que, de concert
avec mes collègues, je désire pour le bien de cette paroisse.
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— 218 —
Je dirai maintenant à la personne scandalisée de m’entendre appeler du
nom de culte l’agriculture elle-même ; ouvrez, a la page 236, le livre intitulé
le Braconnier dont Descombaz est l’auteur, et vous lirez ce qui [suit:
Aimi l’agriculture est un culte perpétuel que l’espèce humaine rend au Créateur
en perfectionnant son œuvre. Ce culte a ses dogmes, ses mystères, ses fêtes, ses
solennités etc.
Il est impossible de supposer qu’en faisant cette citation, l’auteur ait pensé
([u’il suffît à une famille de piocher un champ pour que le culte domestique
soit pratiqué; et si, à la dernière visite pastorale, j’ai moi-même relevé une
phrase que je venais de lire, ce ne fut que pour faire voir comment des
hommes instruits peuvent donner à une même expression des significations
très-diverses. Ainsi Calvin appelle du nom de culte même le serment. M"" Descombaz fait consister le culte de famille dans la simple prière lorsqu’à la
page 205 du même livre il dit: On ignore ce qu’est le culte de famille, la
prière en commun. SF Muston, dans l’Israël des Alpes, parle dans le même
sens à propos de la prière que les Vaudois faisaient soir et matin, et cette
même idée se trouve dans beaucoup d’autres auteurs de renom. Faut-il donc
s’étonner qu’en voyant ce que portent des livres dont la lecture nous est recommandée, le public parmi nous ait de la peine à se former à l’idée, dernièrement exprimée par un membre de la Table, qu’il n’y a de culte domestique que là où se trouve une explication régulière de la parole de Dieu faite
par le père de famille ? Certainement il serait à désirer qu’un tel culte fût généralement pratiqué. Mais, pour le moment, je continue à croire que la simple lecture d’un chapitre accompagnée d’une prière constitne un véritable
culte de famille. Et plût à Dieu qu’il y eût dans les Vallées beaucoup de familles agissant de la sorte tous les jours de la vie.
Rorà, le 29 juin 1869.
Tourn David ancien.
Nous ne pouvons que nous associer à la conclusion de
M” l’ancien Tourn : « la simple lecture d’un chapitre, accompagnée d’une prière, constitue un véritable culte de
famille ». On ne peut cependant s’empêcher de regretter
que la question n’ait pas toujours été envisagée avec la
même clarté ; il est évident que la définition de l’agriculture , culte perpétuel rendu au Créateur par l’espèce humaine
n’a rien à faire céans ; la création animée et inanimée,
toutes les œuvres de Dieu, sans excepter l’homme et son
activité, louent le Créateur; mais cela ne peut nous dispenser de notre service raisonnable.
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- 219
L’E\4KGiLË EN ESPUNE
On nous écrit de Oenèvo le 17 juin :
Les détails qui suivent sont dûs à Antoine Carhasco, jeune espagnol
élève de l’Oratoire de Genève, qui a reçu, dimanche passé, l’imposition des
mains, et qui a donné, lundi au soir, 14 juin, sur l’évangélisation en Espagne
une conférence dans la salle de la Réformation.
L’on tient, à Sc>vllle, des réunions évangéliques trois fois par .semaine
et l’on a pu en outre, y fonder une école pour les adultes fréquentée par .t.i
élèves et une école destinée à l’instruction des femmes. — Voici IVIalafia !
L’œuvre semble marcher assez bien. Le lieu de culte est on ne peut plus
modeste. Les fidèles se réunissent en effet dans une cour pour écouter les
paroles de vie éternelle que l’évangéliste leur annonce depuis une fenêtre. —
Il a été possible, mais avec grande prudence, d’établir de petites réunions à
Burgos même, cette ville où le fanatisme a fait massacrer le gouverneur
sur les marches du temple. Quoi d’étonnant, puisque Burgos a le privilège de
posséder 3,000 prêtres sur une population de 30,000 habitants ?
A VallacTollcl les étudiants acceptent, avec empressement et avec sérieux, les traités religieux et les Nouveaux Testaments qui leur sont distribués
et l'on constate, ce qui est un motif d’espérance, que plusieurs d’entre eux
entretiennent avec les évangélistes, une correspondance assez régulière.
Mr Carrasco a donné', à Valladolid , sur la liberté des cultes , des conférences
suivies d’abord par 2000, ensuite par 3600 auditeurs qui applaudissaient, pleins
d’enthousiasme et vivement émus , lorsque l’orateur après avoir établi, d’après
l’Ecriture, la liberté de conscience, abordait la question au point de vue historique et montrait, surtout pour sa patrie, l’influence fatale qu’a toujours
exercée et qu’exercera toujours sur l’état, son union avec l’Eglise romaine.
San, Sélbastlen, Oarthagèno, O or doue , Bareelonne, Léon, Tolède accueillent aussi, d’une manière favorable
les messagers de la bonne nouvelle. — valence, Or'enade, Alicante , Sarragosse demandent avec de vives instances, un pasteur
protestant. Mais hélas! la moisson est grande et là aussi, comme chez nous, les
ouvriers en ce moment fort peu nombreux, ne peuvent répondre à tous les
appels qu’on leur adresse.
Transportons-nous à Madrid. Dans la capitale du royaume les traités et
les Bibles se vendent en public ; et 1e jour de l’ouverture des Cortès 3000
Epîtres de Pierre et 3000 Evangiles selon S‘ Jean furent distribués. Un local
assez vaste réunit chaque dimanche plus de mille personnes dont sept cents
sont toujours les mêmes. Permettez-moi une anecdote. Le maître du local
avait demandé, pour le céder, la somme de 12,000 réaux ; mais à peine eut-il
appris que son local devait servir aux réunions évangéliques, il augmenta le
prix convenu , et exigea alors 14.000 réaux. On fit comme de droit des récla-
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mations. « Esl-ce <|ue , répomlit notre espagnol, ma conscience ne vaut rien? *
Chose étonnante, mais facile comprenOre ! Les mêmes personnes, qui peu de
temps auparavant, voulaient renvoyer leur prêtre parcequ’il employait vingt
minutes à réciter la messe, pour te remplacer par un autre qui, mieux doué,
pîU expédier l’alTairc en quinze minutes, assistent maintenant, sans témoigner
la moindre impatience au culte évangélique, qui dure parfois une heure et
demie. On, — curieux personnage qui souvent n’a rien vu, et par conséquent
ne devrait rien dire, — ou a l’habitude de répéter que les Espagnols sont un
peuple fanaticpie à l’excès. Cette appréciation est fausse. Il règne actuellement
dans l’Espagne autrefois si fanatique de Philippe II, une indifférence glaciale
et un athéisme révoltant. L’Eglise Romaine a perdu beaucoup de son prestige,
fin ne l’aime plus. Un fait qui peut, à lui seul faire connaître l’esprit qui
anime la population de la péninsule Ibérique, c’est que 1a municipalité d’une
ville dont je n’ai pu saisir le nom, demande, pour la célébration du culte,
un pasteur protestant. Le peuple, précédé dans cette vie de liberté par tous
les hommes bien pensants , veut maintenir a tout prix , la liberté des cultes;
plu-sieurs appellent même, de tous leurs vœux, la séparation de l’Eglise et
de l’état. Vous savez que JP Castelar, jeune député républicain, a prononcé
dans les Chambres , sur la liberté des cultes, un discours plein de vigueur et
d’éclat. Ce que vous no savez pas peut-être c’est que ce député a reçu, à ce
sujet), sept cents télégrammes et huit mille lettres de félicitations. Cent villes
lui ont accordé la bourgeoisie. Que dira l’Eglise romaine? Elle fera sans doute
chorus avec le parti papiste espagnol, qui à l’issue de cette séance oii il avait
été battu par le jeune et brillant orateur, s’en retournait tout morfondu chez
lui, en murmurant: quel malheur! quel malheur! — Nous au contraire,
remplis de reconnaissance envers Dieu, nous crions tout haut ; quel bonheur !
quel bonheur !
Agréez, etc.
(ffüanig¿lÍ0ation.
Dans une réunion toute familière, à l’époque du dernier
S’j^node, un certain nombre d’Evangélistes nous ont promis
leur concours actif pour cette partie importante de notre
tache, qui consiste à créer un échange de communications
entre l’Eglise et ses nombreux ouvriers, entre les Vaudois
des Vallées et la Mission. Comment, répéterons-nous,
les Vaudois qui sont aux Vallées pourront-ils s’intéresser
d’une manière efficace à l’œuvre de l’Evangélisation , si on
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— 221
ne leur en parle? Et qui en parlera si non les ouvriers euxmèiues?
Ainsi, chers amis qui travaillez dans le champ du Seigneur,
rappelez-vous la promesse que vous fîtes au rédacteur de
VEcho, de lui envoyer, une fois au moins chaque deux mois,
une petite correspondance contenant des choses vieilles et
des choses nouvelles ; et imitez sans tarder l’exemple qui
vous vient de Brescia.
On nous écrit de Bresola, !>■ juillet 1869.
C’est sur le terrain des faits que vous m’attendez. Lorsqu’on parle de faits
on s’imagine trop souvent quelque chose de grand aux yeux de la chair, bans
le domaine spirituel, un fait peut être la conversion d’une âme ignorée du
monde, un changement de vie, une simple parole que les Chrétieus doivent
apprécier. C’est pour cela que Je n’hésite pas à vous communi([uer le trait
suivant.
Je fus appelé avant hier au soir à Guidizzolo pour y baptiser l’enfant de M.
P. F. instituteur-évangéliste dans cette petite localité. Devant moi était un
homme ayant la tournure d’un agriculteur. Son attention étaient intense. Il
croit à l’Evangile et .s’efforce de le mettre en pratique. Le culte terminé , ou
lui demande ce qu'il en pense: « Tout très-beau, très-beau », dit-il; puis il
ajoute, après réflexion: « cependant Je préfère les paroles à la cérémonie ».
Rien n’est plus simple pourtant que l'administration du Baptême ; et l’on
sait fort bien que les évangélistes simplifient beaucoup les formes de culte en
usage dans les Vallées. Cette parole me frappa profondément. Jamais Je ne
compris mieux qu’en ce moment-là que le vrai Christianisme est une vie intérieure et spirituelle; qu’il s’adresse tout à l’âme et rien aux sens. Quelle distance entre cet homme convaincu de la vérité de l’Evangile, ne tenant aucun
compte de la forme même d’un .sacrement, mais allant droit au fond, — et le
catholique romain qui s’attache aux cérémonies et fait peu ou point de cas de
la vie intérieure et pratique! — Je voudrais dire un mot de plus: l’Eglise, ou
mieux, la famille Vaudoise tient-elle moins à la forme extérieure de son
culte qu’au fond même de la religion ? — La question paraît étrange. « Il est
tout naturel qu’on tient plus au fond qu’à la forme », — est-on tenté de répondre ; mais ces paroles expirent sur nos lèvres quand nous voulons nous
étudier de près. Il ne s’agit pas de simplifier notre culte ou d’en modifier les
formes : que nos bons vieux se rassurent ; mais il s’agit de faire naître et croître
dans le cœur de chaque individu la vie chrétienne. C’est ce qu’il faut chez
nous comme ailleurs. Mais Je retourne à mon sujet.
Cet homme déjà si bien pénétré de la vérité du Christianisme évangélique,
savez-vous ce qu’il était quinze mois passés? — Ecoutez. Lorsque le regretté
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E. Revel, votre frère, vint avec moi initier l’œuvre d’Evangélisation à Guidizzolo, ce néophyte lui demanda au nom de qui il parlait. « Les prêtres, dit-il,
nous parlent au nom du pape , et vous, au nom de qui êtes-vous ici ?» — « Je
viens vous annoncer l’Evangile de J.-C. ». — « Et quel est l’auteur de cet
Evangile ? ». — L’auteur, c’est Dieu, mais les Apôtres et les évangélistes l’ont
écrit ».
Pourquoi insistait-il tellement sur te principe d’autorité ? Je ne l’ai su qu’avant hier au soir; il croyait de bonne foi que cet évangile que nous prêchions
nous l’avions composé nous-mêmes ! — « Ah ! » ajoutait-il mardi dernier dans
sa simplicité, « vous pouviez aller vous promener, mais non pas composer
l’Evangile ! » — Chez nous, l’enfant de quatre ans sait vous dire que l’Evangile est de Dieu. La Bible, c’est notre Arche de l’Alliance ; mais que de mains
profanes qui l’ouvrent sans respect et la ferment avec indifférence! Il nous
importe trop peu qu’on nous devance dans le Royaume des cieux....
Au revoir à bientôt.
L’Echo publiera prochainement un article sur les examens
de l’Ecole de Théologie à Florence, et un autre article sur
la station de Grosseto.
A-vis ot rtemandes. — Le Comité des écoles évangéliques des Livourne a besoin, pour le 15 août prochain, de deux maîtres d’école, l’un pour
l'Ecole élémentaire, et l’autre pour l’écoie subsidiaire. Les régents qui désirent
concourir à ces deux places peuvent adresser leurs demandes à Jean Ribet,
pasteur à Livourne , via degli Elisi, N. 3.
r*r*opositioii de oolonisation Vaudolse en Italie,
par Jules Parise. — Turin, Baglione et C‘ : brochure de 14 pages. — Cet opuscule sera lu avec intérêt et avec profit. Justement préoccupé des intérêts matériels de notre population, qu’une émigration croissante nous met sans cesse
devant les yeux, l’auteur s’attache à démontrer que la colonisation dans le
midi de l’Italie fournirait à nos familles les moins aisées « un moyen aûr d’améliorer considérablement leur position ». II passe successivement en revue
les inconvénients de la colonisation lointaine et les ressources fécondes accumulées dans l’Italie méridionale ; et il termine en proposant une association
de défrichement qui pourrait devenir bientôt une société agricole. — Nous
reviendrons sur cet intéressant opuscule, inspiré, on le sent à chaque page,
par l’amour du pays natal.
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— -223
(Blanurea.
Un savetier. Un Vaudois, établi à Salto sur l’Uraguay , écrit à sa
vieille mère, restée au pays, une touchante lettre respirant une piété réelle
et un profond amour filial. Il se résume lui-même en ([uelques vers dont
voici la première strophe ;
Donc , je ne suis qu’un simple savetier ;
J’ai, pour tout bien et pour tout mobilier,
Quelques outils, un grabat, 1e Saint Livre.
Mais, si demain je manquais de quoi vivre.
Deux coups de mamanique, en iuvoiiuant Jésus,
Je me trouve bientôt plus riche que Crésus !
(fforresponbance.
ün militaire Vaudois noii.s écrit de Venise (pie lisant l’Iùliu
avec un vrai plaisir, il lui est venu l’idée de suggérer aux
parents des Vaudois qui sont sous les armes de s’abonner
à l’Echo des Vallées pour le leur expédier ensuite.
L’idée est excellente ; et pour en favoriser autant que
possible la mise à exécution, la Rédaction de l’Echo annonce
qu’à dater du 2 juillet et du 26® — elle recevra des
abonnements de 6 mois, pour l’intérieur seulement, au
prix de fr. 1, 50.
On nous écrit de Campillon que la meilleure manière de
résoudre la question relative à l’enseignement technique et
professionnel, n’est pas d’établir une pension aux portes de
Turin, mais de créer aux Vallées mêmes une Ecole libre de
commerce et d’industrie, et de la fournir de professeurs nommés à la suite d’un concours.
11 est à espérer que la discussion amènera tôt ou tard
quelqu’idée vraiment pratique sur cet important sujet.
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-224 —
Ckrontquc pUttquc.
Les séances publiques de la Commission d’enquête ont donné lieu à beaucoup de dépositions incoucluantes et contradictoires. Il ne résulte pas jusqu’ici
que la preuve légale de la participation iHicite de MM. Fambri, Brenna, et
Civinini, les trois députés principalement inculpés, ait déjà été fournie. Néanmoins les compte-rendus de tous ces débats offrent depuis bien des jours un
champ très-vaste de suspicions et d’inductions à la presse quotidienne. En
attendant les partis se passionnent, les personnalités reparaissent et les duels
se préparent ; unique remède à tous ces maux sera la dissolution prochaine de
la Chambre et un appel immédiat à la sagesse des électeurs.
On a ouvert tout récemment à Florence un nouveau théâtre appelé du nom
du prince Humbert. C’est le second qu’on y a construit en moins d’une
année. Il portera à 299 le nombre des théâtres eu Italie. Nul pays n’est, sous
ce rapport, aussi riche que le nôtre. Les Chambres chôment, le commerce
souffre, l’industrie languit, les récoltes manquent, les impôts augmentent...,
mais on s’amuse... pour développer et perfectionner les beaux arts... et cela
parait nous suflire 1
Dimanche dernier, 4 juillet a eu lieu à la Villa délia Regina l’inauguration
solennelle de l’Institut national des filles des militaires. L’avocat Th. Villa, l’élo(lueut orateur de la gauche parlementaire, a eu l’honneur de prononcer
devant S. A. le Prince Eugène, LL. EE. les Ministres de l’intérieur, et de l’instruction publique et de toutes les autorités locales réunies, un magnifique
discours, dans lequel tout en rappelant le véritable but de l’Institution, il a su,
comme il le devait, stigmatiser au nom de la civilisation et de l’humanité
l’art toujours barbare de la guerre.
Espagne. L’exercice provisoire du budget que les Cortès viennent de
voter a donné lieu à des discussions économiques très-intéressantes dans les(pielles le principe du libre échange a de beaucoup prévalu sur celui du protectionisme. Tous les amendements tendant à augmenter les droits prohibitifs
ont été repoussés.
France. On continue au Corps legislatif la vérification des pouvoirs. De
légères escarmouches furent dirigées contre le Gouvernement, surtout à l’occasion de l’examen de l’élection des Pyrennées orientales que Mf Jules Simon
a fortement attaquée. Le tiers parti a déjà demandé d’interpeller le Gouvernement sur la nécessité d’associer le pays d’une manière plus efficace et complète à la direction des affaires publiques. De son côté la majorité'demanderait
aussi au Gouvernement de donner une force nouvelle aux institutions de l’Empire en développant l’action du contrôle parlementaire, par le rétablissement
de l’adresse, l’extension du droit d’interpellation, et en laissant à la Chambre
le droit d’élire son président et tous les autres membres du bureau. Il est
difficile qu’en présence de ces demandes, le chef de l’état puisse conserver
intacte l’immobilité du statu quo dans laquelle il aurait voulu se renfermer.
Allemagne. Le comte Bismark est en congé. Il a obtenu d’éfce dispensé pendant quelque temps de la charge de président du ministère, et s'esi
joyeusement retiré dans ses possessions de Varzin. On prétend néanmoins
qu’il a conservé les fonctions de chancellier général de confédération, qu’il
est particulièrement jaloux de remplir.
Pignerol, J. Cbuntobb Impr.
A. Revel Gérant.