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Année Septième.
47 Juin 4881
N. 24
LE TÉMOIN
ÉCHO DES VALLÉES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Vous nt€ Sérei témoins. Actes 1, 8. Sui^antîa vérité avec la charité, Ep. 1,15#
PRIX ABEONNEMENT PAR AN Italie - . ■. L. 3 Tous los pays de rUoion do poste ... *6 Amérique , . . » P On s’abonne : Pour VIntérieur chez MM. lea pasteurs et les libraires de Torre Pellice. Pour l’.ffccfme«»*auBureau d’Ad-1 ministration. Un ou plusieurs numéros sépa- rés, demandés avant le ti- rage 10 cent, chacun. Anuonces: 25 centimes par ligne. Les envois d'argent se font par lettre recommandée ou par mandats sur le Bureau de Pe- rasa Argentina.
Pour la RÉDACTION adresser ainsi l A la Direeiiou du Témoin r Pomaretto (Pînerolo) Italie. Pour l’ADMINlSTRATION adresser ainsi ; A l’Administration du Tewoi«, Pomarelto t Pînerolo) Italie
^oinixiaia?e.
17 Juin. — Xll® Conféreiico du Val Pélis.
— jVos \oTigines, Uuo considéralion do
plus. — Correspondance. — Furies ouvertes. — liemie polüique.
IT Juin.
Le salut à bou marché.
Gagner, gagner encore, donner
le moins possible pour beaucoup
recevoir, c’esl le but suprême que
se sont proposé la plupart des
hommes, nous osons dire, celui que
se proposent naturellement tous les
hommes, sans une seule exception.
S’il y en a, grâce à Dieu], un certain nombre i|ui regardent plus haut,
qui poursuivent un but plus noble
et plus digne de l’homme qui a été
« fait en âme vivante », c’est parce
qu’ils l’ont appris; que pour eux,
en grande mesure « les choses vieilles
sont passées et que toutes choses
ont, au moins, commencé à être
faites nouvelles »1
Mais que de peine il a fallu pour
les convaincre que le contrat qu’on
leur offrait était excellent et qu’il aurait été insensé de ne pas l’accepter! Pour eux comme pour tous
ceux qui suivront leur exemple, se
vérifie celle parole du Seigneur;
(t Le royaume des cieux est forcé
et les violents le ravissent».
Le salut par les œuvres n’est pas
une doctrine propre a1i jifcTàtsme ef
au catholicisme; c’est plutôt un
principe purement humain ; cela est
si vrai que, même après en avoir,
reconnu la fausseté, les chrétiens'
les plus sincères ont besoin d’une
vigilance continuelle pour ne plus
le pratiquer. Que sera-ce lorsqu’après
l’avoir longtemps suivi, on est invité à le rejeter comme funeste au
salut.de l’âme! On ne s’y décide
pas sans une très vive s||isliânce et
sans de longs combats. L’expérience
prolongée que l’on a faite de son
incapacité â suivre la volonté de
Dieu et à mériter qinsi le ciel, pro,duit, l’Esprit Saint aidant, le sentiment de son péché et le besoin de
la grâce de Dieu. Mais comme on
n’ouvre d'abord les yeux que sur
ses imperfections, ce n’est qu’un
secours que Ton. attend, qui sup-
2
190.
plée à ce qui manque à la justice
de l’homme. On est près du royaume
des cieux, mais on n’y est pas
entré. C’est toujours un marché que
l’on est disposé à faire, un fort bon
marché, car l’on donne peu pour obtenir ce que l’on croit être excellent,
mais enfin l’on donne quelque chose,
qui n’est pas du tout si mauvais. La
vanité n’est pas trop blessée, l’amour propre son frère, fils de l’orgueil, n’est pas trop froissé. Si l’on
est sauvé c’est en partie par son
propre mérite, n’importe que ce
soit en très petite partie.
Seulement, il y a une petite difficulté à laquelle on n’a pas pensé.
Dans ce contrat comme dans tous
les autres, il faut que les deux
parties contractantes soient tombées
d’accord. Or ici l’autre partie ne
l’est pas du tout; elle ne marchande
pas; c’est à friæ fixe, à prendre
ou à laisser. Celui auquel nous avons
à faire nous offre ce qu'il nous faut,
non seulement au meilleur marché
possible, mms sms argent et sans
aucun prix.
Le Royaume des cieux ne se vend
ni ne s’achète; nul ne le possède
ni par droit de conquête, ni par
droit de naissance; c’est un don
de Dieu, non point parles œuvres,
afin que nul ne se glorifie. 11 faut
que l’homme soit radicalement guéri
de cet oipjeil qui l’a rendu si misérable erqu’au lieu de prétendre
acheter et mériter, il reconnaisse
qu’il est pauvre, misérable, aveugle
et nu, et qu’il accepte humblement
et joyeusement ^ésus-Christ qui lui
est fait de la part de Dieu sagesse,
justice, sanctifîcalien et rédemption.
Un proverbe commun à toutes
les langues nous avertit de nous
défier du trop bon marché. Nous
disons aussi à ceux à qui le royaume des cieux est offert: ouvrez
les yeux bien larges, examinez avec
soin les conditions de l’alliance à
contracter. Et si vous sentez le besoin de faire, de travailler, de combattre, ne craignez pas que l’occasion vous manque, car si Christ
vous a rachetés gratuitement c’est
afin que désormais vous ne péchiez
plus et que vous marchiez dans
les bonnes œuvres préparées pour
vous.
X!!'^ GONFÊltlS^CE Dl VAL PELIS.
La douzième conférence du Val
Pélis s’est réunie à Bobi, le 6 et le
7 du mois courant. Toutes les paroisses du district, sauf celle de Turin,
y étaient représentées. Il y avait vingt
sept membres, dont, huit pasteurs.
Le sujet mis en discussion a été:
a De l’organisation de nos écoles du
dimanche ». Un excellent rapport sur
cette question, excellent surtout par
son côté OTatique, présenté par Monsieur H. ..Tron, a mis les membres
de l’Assemblée sur la voie d’une discussion ou plutôt d’un entretien simple
et édifiant.
Nos écoles du dimanche ont fait
des progrès dans nos Vallées, depuis
qu’elles y ont été introduites. Toutefois, au moins dans quelques paroisses, elles n’ont pas encoi’e pris
racine, et si le pasteur et le régent
et peut être deux ou trois autres personnes venaient à se retirer de cette
œuvre, elle cesserait par là même
d’exister, sans que la population eû t
même l’air de se plaindre — C’est-àdire que nous avons aussi,[à cet égard,
comme à bien d’autres, beaucoup
trop d’indifférence ou de laisser aller.
Aussi beaucoup d’enfants ne profitent
pas encore de l’école du dimanche,
ou n’en profitent que très-rarenient
et fort peu. Il est vrai que les dis^
tances à parcourir et la dissémination sur les Alpes, pendant la saison
3
~191
d’été, sont de vraies difficultés, mais
l’activité chrétienne peut y trouver
remède.
Une chose essentielle, est évidemment de persuader les parents de
leurs devoirs en ce qui concerne
l’instruction religieuse de leurs enfants. Lors du baptême de ceux-ci,
ils ont fait des promesses, qu’il estbon
de leur rappeler. Ce sont les parents
qui font les enfants ce qu’ils sont:
les sauvages font des' sauvages, les
raahométans font des mahométans,
les voleurs font des voleurs, et nous
chrétiens nous devons faire des chrétiens. Nous devons nous intéresser à
leur salut pour qu’ils s’y intéressent
eux-mêmes. Au lieu de négliger pour
la moindre petite affaire, d’envoyer
leurs enfants a l’école, ils doivent bien
plutôt les encourager à s’y rendre,
même les y accompagner le plus souvent possible. Au Villar, avec beaucoup de persévérance l’on a obtenu
sous ce dernier rapport, quelques
bons résultats. Seulement les parents
n’accompagnent pas précisément les
eilftints, mais ils viennent après eux
et arrivent trop tard, de manière que
cela nuit à l’attention et au recueillement.
Si les parents doivent tous, sans
exception, faire leur devoir, les monitrices et les directeurs doivent rendre l’école du dimanche attrayante.
Les enfants se laissent facilement attirer, et plus d’une fois on les a vus
lutter avec les parents pour avoir la
Sermission de se, rendre à l’école.
n peut se servir de fêtes et de cadeaux pour les attirer, mais ces
moyens sont tout à fait secondaires.
Le secret du succès c’est la persuasion du devoir et l’amour.
Pour avoir autant que possible tous
les enfants il nous faut nécessairement
multiplier les écoles du Dimanche.
Et pour cela même nous avons besoin
d’un plus grand nombre de personnes qui s’occupent de l’instruction
religieuse des enfants. Les anciens
et les régents doivent tous y prendre
un intérêt vivant. Et alors même
que les premiers ne seraient point
en état de diriger une école, ils
devraient l’encourager au moins par
leur présence. De plus nous devrons
former des moniteurs, c’est là une
œuvre de la plus haute importance.
Le régent du Pra du Tour a profité de
l’après-midi du dimanche pour répéter, avec dix catéchumènes, les
leçons de préparation qu’il fait avec
les moniteurs; il a réussi à en faire
entrer quatre au nombre de ces derniers. Il nous faut viser à retenir
dans l’école du dimanche, le plus
grand nombre possible de catéchumènes admis à la Sainte Cène. Et
comme nos gens sont en général
assez indécis et lents, il nous faut
parfois les prendre par l’habit, afin
de les amener à devenir actifs.
Quant au programme de nos écoles
du dimanche , l’idéal pourrait bien
être la liste internationale, mais en
tenant compte de l’état actuel du
développement de nos enfants, il vaut
mieux nous en tenir, au moins pour
les écoles du dimanche les moins
avancées, à la Genèse et à Saint Luc.
C’est dire qu’il faut revenir à ce que
l’on n’aurait pas dû abandonner. Une
commission nommée par la Conférence, est chargée de préparer un
travail pour la mise en pratique de
ce dernier programme; et le bureau
doit s’entendre avec la Conférence du
Val Saint Martin, sur la voie à suivre pour la formation d’un Comité
Central destiné à sui'veiller et encourager la bonne marche de nos écoles
du dimanche.
NOS ORIGINES.
Une cousidéralion de pins.
V.
On demande pourquoi la littérature vaudoîse, n’apparaît qu’à l’arrivée de Valdo.
D’abord elle a pu se produire auparavant; toutes ses productions ne
nous sont certainement point parvenues. Les premiers essais d’une littérature naissante, tombent presque
4
.192^
toujours dans l’oubli ■ cela devait
surtout arriver lorsque les écrits, ne
se perpétuant que par des copies à
la main, on cessait de reproduire
des essais de moindre valeur, pour
recopier de préférence des ouvrages
plus importants. La Noble leçon fut
de ce nombre: Lo Novel Sermon Aoï\.
être du même temps, puisque sa
prosodie est la même. Lo despreezi
del Mont, quoique fidèle aux assonances, présente déjà des rimes plus
régulières. Ce sont nien là les caractères d’une littérature en progrès;
rnais non les piemiers essais d’une
littérature naissaule. On sait que toutes les littérature^ ont commencé par
la poésie. - Et les progrès littéraires sont visible.« dans ces anciens
poèmes, qui se succèdent sur des
rythmes de plus en plus parfaits:
La Barca d’aboi d; puis Lo novel
confort, en quatrains monoriraes: Lo
Payre Eternal, en tercets; et finalement l’Avangeli de li quatre semenez,
cette vaste et ingénieuse paraphrase
de la Parabole du Semeur, qui par
la souplesse du style, la richesse des
rimes, l’ampleur des développements,
et la délicatesse des pensées, me
paraît être le plus parfait des poèmes
vaudois.
.Te n’entends point dire par là qu’il
soit le plus récent, il est des littératures qui débutent par leur chefd’œuvre: Homère et Dante en sont
la preuve. Ce n’est point par rang
d’âge, mais par ordre de mérite littéraire, que je parle ici de ces poèmes,
selon mes propres et très-contestables
appréciations.
Quelle que soit du reste la classification que l’on adopte à leur égard,
on ne saurait disconvenir que cette
floraison si abondante peu après la
venue de Valdo, peut-être même en
partie antérieure, n’aît dû^avoir, pour
se produire, une source 'de pensées,
de sentiments, de connaissances et
de culture, précédemment acquise.
Mais pourquoi ces germes antérieurs n’auraient-ils pas éclos plus
tôt?
D’abord, nous l’avons dit, il peut
en être éclos qui n’aient pas survécu:
puis toutes les éclosions ne réussis^
sent pas: enfin les habitants de ces
montagnes, avaient probablement plus
d’intérêt à se faire oublier, qu’à attirer sur eux l’attention.
La venue de Valdo, avec ses disciples,-en augmentant leur nombre,
et sans doute leursrelations, accrut
leurs forces, doubla leur zèle, remua
les esprits: dont elle hâta peut-être
la maturité, comme fait le vent sur
les blés; et l’exemple de courageuse
résolution, donné par la venue de
ces nouveaux frères, dut vaincre un
peu cette timidité naturelle aux isolés,
aux opprimés, dont on retrouve assez
souvent des indices, dans l’histoire
ultérieure du petit peuple vaudois; de
là, par exception, à cette époque d’accroissement subit, un élan d’expansion inattendue, qui fit éclore les
germes de poésie, cachés jusqu’alors
dans une vie silencieuse, et qu’on vit
soudain s’épanouir dans ces poèmes.
Une dernière observation.
TjCS disciples de Valdo, qui, répartis en plusieurs groupes, allèrent former diverses colonies, n’ont nulle
part laissé des ouvrages semblables:
ce qui semble indiquer qu’ils n’en
portaient pas les éléments en eux.
En outre, ils ont partout disparu :
non, par la mort sans doute, mais
par suite de leur absorption dans
le milieu oi'i ils entrèrent, et dont
ils prirent la nature, différente probablement de la leur.
La même chose, a du arriver dans
nos vallées. Les français sont devenus
italiens ; mais comme le milieu dans
lequel ils se fondirent, avait déjà un
caractère semblable au leur, ils purent s’y laisser absorber, sans cesser
d’être ce qu’ils étaient; aussi s’y
sont-ils maintenus, an moins par le
nom qu’ils avaient apporté , et qui
devint celui du peuple similaire qui
les avait accueillis.
Mais pour les accueillir, il fallait
qu’il existât, et pour produire des
ouvrages comme ceux que nous venons de rappeler, il fallait qu’il régnât déjà cnez ce peuple une culture
susceptible de les produire, or une
pareille culture ne peut avoir lieu
5
•l93
que dans le sein d’une société capable de la donner ; c’est à dire
déjà stable, homogène, avant des
idees communes, Tes quelles sont
presque toujours traditionnelles (du
moins en fait de doctrine ), et ces
idées témoignent ainsi du passé dans
lequel elle se sont formées. D’autres
éléments encore sont nécessaires à la
production d’une littérature; il lui
faut un public, un but, des sympathies ,^ces éléments n’ont-ils pas dû
eux-raêrnes prendre du temps pour
se constituer? La Société à laquelle
ils appartiennent est par conséquent
de beaucoup antérieure à leurs manifestations littéraires.
En admettant donc que ces fleurs
de poésie ne fussent écloses qu’au
souffle de Valdo, il serait encore indispensable de reconnaître , qu’elles
sont sorties d’un terrain préparé avant
lui.
L’origine des Vaudois indigènes, est
donc antérieure à celle des Vaudois
immigrés. A. Muston.
lîRiiATA,
C est par une étrange n^éprise que flans
n" 52. Hn Témoin, page I7û, une traduction,
tout-à-faii nicorrecte de qUeltjues vers du
poëme vaudois la Barca n'a pas été remplacée
par la vraie. Lacaysou n'est pas la ciiauson, mais
la cause ou t'aison^ cagione. La rendra en rasson
veut dire: enrendre raison Au lieu do lansor
il faut lire: Ïîîwîci?' — iai/i,
Quelques-uns mettent leur temps à savoir
la cause des faits ¡le ce monde ]>our en rendre
raison. Ils mettent leur trésor et dépensent
leur temps en mondaine science et louange
des gens.
Corrceponbaitcc
y
La lettre suivante, de laquelle nous
ôtons la date, est déjà si ancienne
que son auteur supposait que nous
ne la publierions plus; telle n’a jamais
(Hé notre pensée, mais nous avons
jugé qu’il valait mieux en renvoyer
la publication. (Rédaction).
isso
Cher Monsieur le Directeur,
Je ne suis pas du tout sûr que
cette lettre trouve un bon accueil,
auprès de vous d’abord, puis auprès
de vos lecteurs, si vous jugez à propos de l’imprimer. Quelqu’un dira,
peut-être, que je ne suis pas compétent pour soulever certaines questions
trop au dessus de ma portée, et que
je le serais beaucoup plus en parlant.
d’agriculture, d’élevage de bétail et
d’économie domestique, et même un
peu d’éducation et d’instruction
élémentaire. Gela serait parfaitement
vrai si j’avais la prétention de décider
(les sujets dont je parle et de faire
adopter par d’autre.s mon opinion ou
raôfl sentiment; mais je puis bien
affirmer que jamais je n’ai aspiré si
haut, et qu’au lieu d’imposer ma
manière de voir à qui que ce soit,
il m’arrive fréquemment de modilier
la mienne sur celle d’autrui.
Vous vous êtes déjà demandé où
j’en veux venir; le voici. Je veux
parler de sépultures et de services
funèbres, erîrÿ a lon^ëmpè que je
raurais fait, si je l’avais osé. Quoique je ne quitte jamais volontiers
ma commune, où j’ai de l’occupation
pour tons les jours de l’année, vous
savez, en partie du moins, quelles
circonstances m’appellent tantôt d’un
côté tantôt de l’autre, indépendamment des liens d’une parenté assez
nombreuse. Lorsque cela m’arrive,
vous savez aussi que j’ai à cœur de
profiter de toutes les occasions qui
se présentent à moi pour apprendre
à mieux connaître les différentes parties de notre chère église, pour
m’édifier, ou m’instruire. La vie est
si courte que si nous ne saisissons
pas tous les moyens qui nous sont
offerts pour croître en connaissance,
nous serons jusqu’à la fin, comme
des enfants. ' Voilà comment même
lorsqu’un devoir de convenance ou
d’affection ne m’y appelait pas, je
suis entré un très-granil nonibre de
fois dans plusieurs des cimetières des
vallées. 11 m’est arrivé souvent d’en
sortir édifié, quelquefois aussi avec
le regret d’y être entré. J’ai gardé
le souvenir ‘ très-précis de trois ou
quatre circonstances dans lesquelles
j’ai éprouvé un sentiment pénible et
JC dois, puisque j’en parle assez longtemps après, dire le motif de mon
mécontentement; le voici;
6
A peine i'Amen final était-il prononce, qu’un ami que j’avais à côte de
moi me dità l’oreille :'ï s’i} ne faut que
<c cela pour aller au ciel, il n’y a pas
« de risque que l’enfer se remplisse!).
C’était bien aussi l’impression que
j’avais repu. Le défunt (ou la défunte)
n’avait jamais été connu pour ses
convictions chrétiennes, ni pour ses
œuvres de piété. Il (ou elle) n’étaït
ni pire, ni meilleur que la généralité
des habitants de la localité. Sur son
lit de mort il avait demandé la visite
du pasteur qui avait, deux ou trois
fois, lu et prié auprès de son lit.
On l’en avait remercié, comme cela
se fait toujours; il n’y avait rien eu
de plus; des témoins l’affirmaient.
Mais c’était un homme (ou une femnae)
en vue dans la cotamune; appartenant
à l’une des premières familles, et c’est
pour cela, sans doute que très-involontairemmeîJL j® 1® croire,
h) défunt nous avait été révélé sur
le cimetière comme le plus vertueux
et lé meilleur des mortels, orné de
plusieurs vertus que de son vivant
nul n’aurait soupçonné en lui — entré
maintenant dans le repos où ses œuvres l’ont suivi.
Passe encore si Jésus-Christ avait
été absent de cette oraison funèbre;
mais il y était, et autant que j’en
puis juger, c’était le vrai Jésus, hors
dnquél il n’y a pas de salut, ensorte
que je me suis demandé (que Dieu
me pardonne cette pensée!) ce qu’il
avait bien pu faire en faveur de ce
défunt (ou défunte) qui ne s’était
jamais sérieusement occupé de lui.
Il m’est arrivé bien souvent de sourire en moi-mÈme, lorsque j’entendais raconter la vie du défunt à ceux
qui la connaissaient mieux que l’orateur, indiquer la date et le lieu de
sa naissance, la qualité de ses parents , les écoles qu’il avait suivies!,
les emplois ou charges dont il avait
été revêtu. Il avait été conseiller,
syndic, officier ou même capitaine
de la garde nationale, etc. Tout cela,
selon moi, est parfaitement inutile,
rassemblée le connaît et le pasteur
a quelque chose de bien plus important à dire aux vivants. Mais ce qui
est funeste aux âmes c’est cette con
descendance coupable pour la vanité
des parents qui tiennent par dessus
tout à ce que leur mort soit glorifié.
S’il a été un enfant de Dieu, mais
qui n’aît pas occupé une place éminente dans l’église, quelques mots
três-simpies et irès-rései’ves suffiront
pour lui rendre un bon témoignage
auprès.-des survivants. — Mais c’est
à ceux-ci que le discours, qu’on
appelle, je ne sais trop pourquoi,
« Oraison funèbre » doit s’adresser.
Si l’on peut leur proposer un exemple, ce sera tant mieux, mais il faut
qu’eux-mêmes ne le contestent pas. ■
Si un jeune pasteur m’interrogeait sur
le meilleur parti à tirer des services
de sépulture des morts, je lui dirais
sans hésiter : parlez le moins possible des morts auxquels vous ne pouvez faire ni bien ni mal, et parlez
très-directement, très-sérieusement et
très-charitablement aux vivants auxquels vous pouvez faire le plus grand
bien. Les gens incrédules et superstitieux (on n’est guère l’un sans l’autre)
éprouvent toujours au milieu des
tombeaux et devant une fosse ouverte un sentiment de crainte involontaire et ils sont mieux disposés qu’ailleurs à écouter les paroles de vie
éternelle. - Et d’ailleurs songez que
vous avez quelquefois parmi vos auditeurs sur le cimetière, des hommes
que vous ne verrez jamais dans le
temple ; aussi devez-vous profiter avec
emprcssemènl de cette occasion, unique peut-être, offerte à ces pécheurs
pour entendre parler du Sauveur.
J’ai encore là devant moi sur une
feuille, déjà un peu jaunie par la
fumée de ma cuisine, plusieurs petites observations sur le même sujet,
que je suis tout disposé à vous adresser aussi, lorsque j’aurai vu le sort
réservé à cette lettre,, devenue plus
longue que je ne l’aurais cru, mais
que vous saurez abréger.
Recevez, monsieur et cher Directeur, mes excuses et mes remerciments pour la peine que vous devrez
vous donner si vous publiezjces lignes.
Votre ruspectueusémmt déiJQué frère
Jacques.
7
.185
Turin , 9 juin 1881.
Cher Monsieur et frère.
Je ne d&ire nullement abuser de
la généreuse hospitalité du Témoin
pour des choses qui n’intéressent
qu’une partie du public auquel il
s’adresse; mais les circonstances m’obligent à vous demander encore un
tout petit coin pour la communication
suivante.
Aux Membres de l’Association pédagogique.
Chers Messieurs et frères,
Vu, d’un côté, l’époque un peu
tardive à laquelle a été fixée l’expo-'
sition didactique, et de l’autre, la
désertion périodique de nombreux élèves, qui succède aux examens d’avril,
rendant très-difficile, pour ne pas
dire impossible, la préparation de
travaux qui puissent être présentés a
l’exposition, le Comité a cru devoir
renvoyer à une époque qui sera fixée
Sar le prochain congrès, cette partie
e l’expôsition, et diriger, pour
cette année, ses efforts sur les livres
de texte dont un choix assez varié se
trouve déjà entre ses mains. La partie
I des travaux des élèves, ne pourra que
gagner à être renvoyée après l’expérience que chaque instituteur aura
pu faire d’après le choix des livres
qui seront exposés cette année. D’ailleurs la chose ayant été proposée par
le Comité, elle ne pourra manquer
aussi de gagner en utilité pratique
en passant au tamis du Congrès.
Le Comité saisit cette occasion pour
remercier bien sincèrement soit la
Table Vaudoise, soit le Comité d’Evangélisation qui, par leur appui plus que
moral, lui avaient permis de fixer des
prix d’encouragement. Sensible à ce témoignage de sympathie et de confiance,
ses efforts, comme jusqu’ici, tendront
à ce que ni oette sympathie, ni celte
confiance ne puissent lui être retirées.
Pour le Comité
J. D. Prochet.
Merci d’avance, cher M. Lantaret,
pour ce nouveau service. Si l’espace
était un peu limité, usez largement
du style télégraphique si vous le croyez
nécessaire. Agréez mes salutations
aussi cordkles que respectueuses, et
croyez moi
Votre bien sinccrement reconnaissant
J. D. Prochet.
Tories ouvertes
Dans une réunion tenue à Londres
le 26 avril dernieri un orateur disait
qu’il était à Madrid en 1865 au temps
de la reine Isabelle et qu’il assistait
à une réunion religieuse tenue dans
une maison particulière par six ou
sept amis chrétiens, Je me rappelle,
continua l’orateur, d’avoir proposé
dans l’innocence de mon coeur le chant
d’un cantique.
— Non, non, non, futril répondu
de divers cotés, non, nous ne le pouvons pas; les voisins nous entendraient.
On ne chanta pas.
A la fin de la réunion, quand nous
allions sortir pour regagner chacun
notre logis, on nous fit sortir deux
à la fois, laissant un intervalle de
dix minutes entre deux départs. Six
personnes sortant ensemble pouvaient
exciter les soupçons et susciter des
ennuis à ces chrétiens.
Quand je retournai à Madrid dernièrement, j’y trouvai des réunions
publiques et je vis que le portes sont
ouvertes à l’Evangile dans toute l’Es
E. On peut en dire autant de
î, dé la Chine et de tant d’autres
pays.
Qu’il nous soit permis d’ajouter à
ce qui précède (et que nous lisons
dans le Christian Herald,) le. fait que
le célèbre Livingstone partant pour
ses voyages d’exploration de l’Afrique
CentrE^é, voyages qui ont préparé
l’œuvre de ravangile dans ces vastes
régions, disait: Jem’envais ouvrirune
porte en Afrique; peut être je mour-
8
rai là-bas, mais veillez à ce que cette
porte ne se ferme jamais.
Le Seigneur nous a' ouvert aussi les
portes de toutes les villes et de tous
les villages de l’Italie. Bénissons son
nom et pchons profiter de la liberté
qu’il Lui a plu de nous accorder!
ïlemii |>oUtii[uc
_ Mintie. — La Chambre des députés a repris la discussion de la loi
électorale. Il paraît que le ministère ,
ainsi qu’il l’a déclare par la bouche
de Zanardelli et de Déprétis, est bien
décidé à établir comme critère de capacité électorale la 2® élémen taire et l’impôt royal de francs 19,80. La droite
prononce pour la quatrième élémentaire , qui a le désavantage d’,exclure
les habitants de la campagne où il
n’y a pas les deux classes élémentaires supérieures et d’être trop favorables aux villes. — Mais d’un autre
côté le voté universel vaut mieux
que ce que la commission et le ministère demandent ; si la Chambre
vote la nouvelle loi d’après ces principes, c’est un acheminement au vote
universel à courte échéance et cela
dans un pays où les deux tiers des
électeurs ne savent ni lire ni écrire.
Ont été désignés trente-deux nouveaux sénateurs.
Wranec. — Le Sénat, conti e toute
attente, a repoussé à une forte majorité (148 contre 114), le, scrutin
de liste adopté par la Cnambre. C’est
un échecpour Gambetta. On prétend
que Grévy a continué indirectement à
ce résultat et que Gambetta ne tardera
pas à prendre sa revanche. En attendantlaChambre des députés a repoussé
la proposition de Bardoiix tendant à
amener sa dissolution, autre échec
de Gambetta. Nous en félicitons la
république française, car ces deux
échecs retardent l’avènement du gouvernement personnel de M. Gambetta.
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l’Italie jusqu’au 31 mai ; pour les pays
de 1’ Union Postale jusqu’au 30 juin.
On souscrit à la Librairie Editrice;
chez le Pasteur de Pomaret ; à Florence chez M. Aug. Meille, au bureau
de V Ilatia Eoangelica \, k La Tour
chez M. le pasteur J. P. Pons; pour
la Suisse à l’Agence de la Société des
Ecoles du Dimanche, 1 Rue de la
Madeleine, Lausanne.
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I I e n r l A i’ n a u d
Cigiierol imprimerie Cliiantore et Mascarelli
Prix fr. 1,00
En dépôt chez le pasteur de Pomaret.
Ernest ftOBERT, Gérant et Administrateur
Piguerol, lmp. Chiantore et Mascarelli.