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Cinquième. Année.
40 Janvier 1879
N, 2
LE TÉMOIN
ËCHO DES VALLEES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Vous me &efez témoins. Actes 1, S.
Suivant la vérité avec la charité. Ep. 1, 15.
PRIX D’ABBONNEMENT PAR AN
Italie . . . L. 3
Tou* le» pays de PUnion
l de poste ...» 6
Amérique ... » 9
On sVbonne :
Pour VJniérienr chez MM. les
pasteurs et Îos libraires de
Torre Pellice,
Pour VEcctérieur aü Bureau d’Admiulstiation.
Un numéro séparé: Jo centimes.
Annonces : 25 centimes par ligne.
Les envois d'argent se font par
lettre reaminandée ou par
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rosa Argentina.
Pour la RÉDACTION adresser ainsi: A la Directi«'n du 7'émoin t Pomaretto (Pirierolo) Italie.
Pour TADMINISTRATION adresser ainsi : AEAdministration du Tétnnin, Pomaretto (PiîferoloJ Italie.
Sommaire.
La Colonie vaudoise de Missouri. —
Palestine. — Correspondance. — L'AotiChrlst. — Nouvelles religieuses et faits divers. — Revue politique.
La Colonie Vaudoise du Missouri
Les lecteurs du 'Témoin n’auront pas oublié cette fraction de
la Colonie vaudoise du Rosario
qui, en 1875, le pasteur Monsieur
J. P. Salomon en tête, quitta la
République de TUruguay , pour
aller planter ses tentes dans l’Etat
de Missouri (Amérique du Nord)
et plus d’une fois se seront demandé quelles en avaient été les
destinées.
Une lettre très récente de M‘‘
Saloüoon lui même à l’un de nos
amis qui a bien voulu nous la
communiquer, nous met. à même
de donner satisfaction à cette plus
que légitime curiosité. La voici
dans sa plus grande partie :
Pierre City
Lawrence Coun'try-Hissouri.
Bien cher Monsieur,
...... Notre colonie augmente
chaque année, tantôt une famille,
tantôt deux. puis des individus
égrenés viennent planter leurs
tentes au milieu de nous. Nous
sommes bien' un spécimen de ce
qu’est l’Amérique toute entière,
c’est-à dire un composé de toutes
les nations. Nous comptons neuf
familles vaudoises, une belge, une
française et une suiêse, tous parlent français et c’est dans cette
langue que nous célébrons le culte
tous les dimanches, excepté lorsque je prêche dans des églises
américaines.
Nous vivons dans notre coin
S'O du Missouri dans la plus parfaite tranquillité et c’est avec la
plus parfaite assurance que je fais
quelquefois vingt, trente ou même
quarante milles à cheval ou dans
ma carriole pour prêcher ou assister à des réunions de Synode
ou de presbytère. Sous ce rapport la différence entre le N, pt
2
.10
le S. de ce continent est comme
du jour à la nuit.
Nous ne sommes qu’à 30 milles
de la Nation, nom que l’on donne
aux indiens civilisés , rassemblés
dans un magnifique état que l’on
appelle le territoire indien, 11 y
a là les tribus des Choctaws, des
Chewkecs, des Sioux, des Sénécas,
qui ont leurs écoles, leu'rs journaux , leurs églises et qui pourraient enseigner sous plusieurs
rapports des églises très anciennes.
Nous sommes à 1200 pieds au
dessus de St. Louis et 1500 au
dessus du niveau de la mer, dans
les montagnes d’Ozark que la
vieille chère Géographie de Guinaud disait « âpre et stérile »
si je me souviens bien. — Or
dans ces stériles montagnes vous
trouvez dans les forêts vierges des
ceps grimpant sur les chênes et
chargés d’excellents raisins. Les
pommes, cerises, poires, prunes,.
tous les légumes et les céréales
y viennent très bien. N’allez pas
cependant vous figurer des montagnes comme Vandalin ou la Vachère , nous les appelons de ce
nom parceque la Géographie le
dit et aussi piarceque nous sommes
plus haut que le Missisipi, mais
le terrain est parfois très plat et
ailleurs légèrement ondulé. Bien
des noms de villes dans notre
voisinage nous rappellent l’Italie.
Nous avons'Verona, Aurora, Carthage, cette dernière est presque
italienne aussi, jouant un si grand
rôle dans l’histoire romaine.
Pùrre-City, le titre pompeux
que nous donnons au village où
se trouve notre bureau de poste,
est à sept milles de notre colonie.
Elle ne compte pas mille habitants,
mais avec un commerce qui est
au moins le double de celui de
Pignerol. Il y a une banque, trois
journaux, tout ce que l’agriculteur peut désirer en fait de machines agricoles. Il y a une église
congrégationaliste , une baptiste ,
une méthodiste , une presbytérienne et une catholique. On peut
y entendre parler l’allemand, le
suédois, le polonais, le russe,
l’italien , le flamand et même le
patois des Vallées.
Les émigrants qui réussissent
sont ceux qui arrivent avec quelque argent, et surtout avec la
bonne envie de travailler. Nos
colons vaudois donnent pour le
maintien de leur pasteur 60 dollars, et ce ne sont que quatre familles, qui les donnent, ce qui
fait 75 francs par famille outre
5 francs chacune pour les missions. Les autres familles sont
encore ou trop pauvres, ou trop
vaudoises pour penser à soutenir
leur culte. Nous étions en train
de bâtir, non ce n’est pas le mot,
de faire notre église quand le
froid est venu nous arrêter tout
court. — Nous espérions tant
l’avoir pour Noël ! Ce sera un
joli petit bâtiment, tout en bois,
toit compris, situé sur la colline
de la ferme que la Compagnie
du chemin de fer a donnée pour
le pasteur de cette église. Nous
la faisons nous mêmes et nous la
reprendrons dèslque le temps nous
le permettra. Nos hivers sont trè.s
inégaux , nous avons quelquefois
froid à pierre fendre, puis la semaine suivante on reste très bien
avec toutes les portes ouvertes.
L’église vaudoise compte de
chauds amis dans l’église près-
3
■ 11
bytèrienne d’ici, les autres dénomiiiaüoDS ne nous connaissent pas
du tout. Avant mon arrivée les
baptistes se pendaient à la chaîne
vaudoise de la succession apostolique et prétendaient que jusqu’à
la réformation nous ne baptisions
que les adultes et que nous les
plongions tout entiers. .
Depuis que je les ai détrompés
à cet égard ils tournent ailleurs
leurs regards et disent que l’église
romaine et l'église bapliste sont les
deux seules 'églises apostoliques.
Ne mériteraient-ils pas la funeste
bénédiction de Pio Nono s’il vivait
encore ? C'est l’église la plus
nombreuse mais aussi eelfe qui
compte le plus de pasteurs ignorants.
Nous avons après eux les darbistes
qui portent ici le nom de Campbelistes et qui se donnent le nom
de Chrétiens, Ils signeraient eux
aussi ce livre que presque tout
le monde aura oublié à présent
en Italie , le fameux livre Prinaipii delki Chiesa Cattolica Proiefitante e Crütkma. Rien de nouveau
sous le soleil. L'avenir cependant
est à l'église presbytérienne; il faut
voir aVec quelle ardeur elle pousse
ses conquêtes d’un océan à l'autre,
sa devise pour la mission intérieure est cette parole de Josué ;
« Levons-nous et possédons la
terre ». J'écrirais plus que Salomon
ne recommande d’écrire si je vous
décrivais la vaste activité que les
américains déploient pour toute
espèce d'œuvres, les écoles du
dimanche surtout. Aucune question
ne les trouve apathiques. — Nos
colons se sont gagné l’estime de
leurs voisins par leur conduite et
leur activité ; les enfants parlent
déjà tous anglais et le contact
avec les américains fera couler
un peu plus vite le sang de leurs
veines vaudoises. A l’école publique
nos enfants sont à la tête, ce qui
leur fait honneur, car il y a trois
ans ils ne savaient pas un mot
d’anglais.
Veuillez, s’il vous plaît, présenter à M. votre père ainsi qu’à
M™® voire mère les plus cordiales
salutations de ma femme et les
miennes. Le petit bambin que le
premier baptisa à Aoste en 1865
est maintenant un grand garçon
parlant américain comme s’il n'avait jamais fait autre chose , sachant labourer, conduire les chevaux, galoper ' comme tout le
monde ici et fréquentant l’école
publique maintenant. Ah ! si les
vaudois, vingt ans passés, étaient
venus se fixer ici au lieu d’aller
au milieu des gauchos, quelle différence il y aurait dans leur colonie ! Les lois des Etats-Unis sont
empreintes du sentiment religieux
quoique dans leur constitution
comme dans le livre d’Esther on
ne trouve pas le nom de Dieu.
Le dimanche est très bien observé
et il y a une bonne amende pour
qui travaillerait ce jour là.
L’ivrognerie, le grand fléau des
races anglosaxonnes y est combattue par les taxes énormes que
doivent payer les fabricants et les
débitants de boissons enivrantes.
L’opinion publique est si forte
que peu de personnes qui se respectent oseraient boire du vin, ni
même du cidre.
11 faut cependant que je m’arrête on vous serrant cordialement
la main , ainsi qu’à tous les
membres de votre famille qui se
souviennent encore de nous.
i.
4
.12.^
Rôgardez aussi encore une fois
pour moi Castlus et Vandalin que
je ne verrai probablement plus
quoiqu’eux et les Vallées soient
profondément gravées dans mon
coeur. Croyez-moi votre tout dévoué
20 décembre i87S.
John P, Salomon.
Palestine
Un correspondanldu New-YorkChristmn Advócale adirme que le l’elour
des juifs en Palesline n’est plus une
question ouverte, sur laquelle on
puisse encore discuter, mais qu’il est
entré dans le domaine des faits actuels.
Lés juifs, dit-il, reprennent possession
de leur ancien patrimoine. — Il y a
80 ans que la Sublime Porte n’aulorisail le séjour de la ville .sainte qu’à
300 israélites au maximum. Il y a 40
ans que la restriction du nombre fut
enlevée, mais les juifs durent tous résider dans un quartier spécial de la ville
qui portail leur nom.Maiscelle dernière
reslriclion a disparu à son tour il y a dix
ans, et depuis lors les juifs ont acheté
tous les terrains à vendre dans Jérusalem, et ont môme construit des rues
entières, des maisons en dehors des
murs. D’aprè.s le iémoignage do Sir
Moïse Monlefiore, zélé isiaélile , beaufrère’des Rothschild , et riclie banquier
de Londres, qui a fait sept fois le pèlerinage de Jérusalem , la ville sainte
est devenue une ville juive.
Les synagogues et les liosplces juifs
se multiplient. Les israélites allemands
n’y ont pas moins de 16 associations
de charité; et dans l'intérïeui' de la
ville on compte déjà 28 Congrégations
religieuses. Deux journaux oui ¡été
fondés. Dans riiôpilal Rothschild et
d’autres hôpitaux Israélites, on soigne
annuellement 66.000 malades. Une
juive de Venise a donné 60.000 francs
pour fonder une école d'agriculture en
Palestine. Enfin, le baron Rothschild ,
lors du dernier emprunt de 200 mil
lions que la Turquie lui a fait, a pris
pour garantie une hypothèque sur la
Palestine toute enlièi'e. Aussi la population de la Palesline a.t-elle doublé
depuis dix ans, uniquement par l’émigration israélile.
En 1875, il y avait déjà 13.000 juifs
à Jérusalem seulement ; la valeur des
terrains, aux portes de la ville, a plus
que décifplé; les travaux de construction se poursuivent nuit et jour; et il
est à remarquer que les émigrants,
qui viennent en grande parlie de la
Russie, sont animés d’un enthousiasme
religieux très prononcé.
(íTorres|)onbance
B&rlin, le S janvier 1ST9.
Trèa honoré Monsieur !
J’ai vu avec un sensible plaisir que,
malgré vos craintes, l’unique journal
des Vallées continuerait à paraîti'e en
1879, et j’en remercie sincèrement
toutes les personnes qui vont contribuer
à sa conservatiou. Nous aurions élé
doublement peinés, nous vaudois à
l’étranger, d’être privés de notre feuille
hebdomadaire ; car outre qy’elle est,
pour nous, précieuse et indispensable,
elle est presque l’unique moyen dont
se servent nos bienfaisants amis, pour
se tenir au courant de ce qui concerne
notre Eglise. Pennellez donc que je
prouve ma propre reconnaissance éu
vous offrant celle légère obole, si
toutefois vous jugez à propos de l’insérer dans votre journal.
Noët est la fêle de la joie pour tout
chrétien,, mais surtourpoui- les enfants,
les pauvres et les affligés ; c’est ta fêle
allemande par excellence. On le.célèbre
ici, par loi ecclésiastique et nationale ,
deux jouis consécutifs; mais en réalité
dans les divers cercles, la fêle commence bien avant le 25 décembre, et
ne se termine qu’aprés le nouvel an.
Chaque église, chaque établissement,
chaque école, chaque famille même,
5
13
a son arbre de Noël, aussi dès le V
décembre rues, places el marchés
élaienldls converiis en vcries l'orêls de
pins, reudez-voiis général des papas
berlinois. Je vais essayer de l'aii’o une
brève esquisse de obacun des genres
auxquels je viens de faire allusion :
Veuillez d’abord m’aceompagnei-,
l’après-midi du 23 décembre, au majeslueux el (rop simple Dôme de Berlin;
là, au milieu de lroi.s à quatre cenls
enfants, tous pauvremenl mais propremenUvètus, un des prédicateurs de
la Cour ( Doct. Banr) est occupé à
diriger .les chants, ou bien à exciter
par des simples et nombreuses questions, les réponses empressées de son
impatient auditoire. La joyeuse troupe
est ensuite disposée trois à trois, et
conduite en chantant sur la galerie,
où irn grandio.se arbre de Noël et deux
autres plus modestes délimitent les
bancs couverts d'élrennes étiquetées.
Chaque enfant est placé devant le paquet qu’on lui destine, le directeur
entonne encore quelque chants, el enfin
il est permis à chacun d’emporter son
trésor. Ce n’est plus alors qu’une cohue
de jeunes blondins disparaissant avec
bonheur ^ et chargés de cadeaux , de
parents émus appelant leurs enfants
qui viennent de recevoir, dans plus
(Bun cas, la première bouchée de pain
de la journée, de curieux inq.)oriun.s
comme d’iiabilude, de généreux donateurs s’efforçant de rappeler à l’ordre.
C’est la paroisse du Dôme qui offre; à
ses enfants pauvres, im pain, quelques
bonbons, et suivant le besoin un livre,
une chemise, des souliers, des habits.
Transportons nous .maintenant à la
chapelle Morave, où l’on célèbre la
veille de Noël, la sainte nuit du Christ
( ChriitlnaclU ) par de continuelles
louanges : le pasteur entonne un chant,
lit les premiers verséis de Luc. a ,
entonne un .second cantique , el sans
autre préliminaire cède la direction à
l'orgue. Une iniroduclion mélodieuse
prépare les esprils el les cœurs, un
solo d’hommes, suivi de la réponse du
chœur, exalle la gloire de cette nuit,
im solo de femmes, suivi du chœur,
répond au précédent, puis toute l’as-,
semblée salue de son citant joyeux et
solennel l’apparition du Fils de Dieu
sur la terre. Les femmes de l’assemblée,
ensuite les hommes, puis l’assemblée
unie expriment ieui' stupéfaction à la
vue de l’armée céleste; le pasteur dit.
ne craignez pas, le chœur l'épète, tous
s’écrient : joie el salut ; on continue
às’entrerépondre; les cinq cenls enfants
entonnent VAlléluia, el ainsi pendant
une heure et demie ces milliers de personnes gioriiienl avec une angélique
harmonie , et de ravissants accords,
la venue de Jésus. Au moment où l’on
célèbre la divine Inmière que le Christ
nous apporte , les enfants se lèvent
tenant une chandelle allumée à la main,
chanif-iilfe Gloria; l'as.semblêe s’unit au
chœur ,, fel par un hymne d’action de
grîices met ainsi fin à ce sublime anniversaire.
Les hôpitaux de tous genres, les
élablissemeiils de bienfaisance , les
écoles du Dimanche de chaque paroisse
ont eu aussi leur arbre, que l’on se
figure trop bien pour que j’en parle
ici. .J’ai dit aussi que chaque société
avait en .son arbre; même les profonds
docteurs el les candidats en théologie,
n’ont pas dédaigné de redevenir enfanus
à cette occasion.
Au Domslifi deux de ces derniers
ont préparé un charmant arbre dans
leur cabinet d’études, l’ont disposé
sur l'harmonium transporté là pour
la circonstance, et ont ainsi salué i’entrée de leur,s camarades, épjwre en
tète, par mi des beaux cantiques de
Noël. Nous nous sommes assi.s autour
de la chambre, nous avons continué
à chanier la naissance de Jésus, jusci u’aii moment où l’on décida de rapprocher les tables. Les cadeaux furent
apportés alors, et chacun reçut la part
que Ic.s deux malins organisateurs Icii
dédiaient en .spirituelles rimes allemandes; ceux qui s’y senlirenl portés
firent ensuite leur petite allocution ,
et la soirée s’est terminée gaiement en
joyeux et paisthle.s entrcliens.
Mais ce qui e-'^t spécial à L’Allemagne
c’est que chaque lamiile, pour petite
qu’&lle soit, veut avoir son arbre de
Noël: que diriez-vous de ce pasteur
blanchi par l’âge, qui seul avec ses
deux filles, (ayant toutes deux passé
6
U.,
la irentaine) pare son salon, el éclaire
sa brandie de pin en fêlani d’une joie
toute enfantine la naissance de son
Sauveur? Et du grand docteur en
théologie el prédicateur de la Cour qui
s’associe an bonheur de sa nombreuse
famille en admirant le grand arbre
qu'elle a orné, en célébrant par des
chants el des prières l’ineflable don
de Dieu, et en se livrant ensuite à
tout l’abandon de sa gaieté et de sa
surprise à la vue des présents dont
l’arbre le comble ?
Je ne finirais pas si je voulais vous
parler seulement de toutes les fêtes
de Noël, auxquelles je viens d’assister
moi-même, quoique étranger, grâces
surtout à ce que je suisvaudois; mais
j’ai déjà trop abusé de vôtre patience
el je dois couper court. Le peuple
allemand m’a montré dans deux grandes
occasions, qu’il sait respecter el aimer
la manière chrétienne de célébrer ses
fêles, à l’entrée de l’Empereur, el à
Noël; la guérison de l’Empereur Guillaume est une grâce inestimable que
Dieu vient d’accorder à l’Allemagne;
l’arbre de Noël est le symbole de la
vie, de la lumière, de Î’amour abondant en fruits que Jésus-Cbrisi esl venu
apporter sur la terre. Quand le Seigneur permettra-t-il que nôtre obère
Italie soit ainsi nnnnime à rendre à
Lui seul les actions de grâces pour les
bienfaits qu’il lui accorde?! A nous,
vaiidois, d’y coopérer par notre exemple
el par nos parole.«.
Tel est, pour ce qui le concerne,
le vœu de vôtre dévoué
E. J. , C. TH.
I/Âiiti(ïhrist.
Ce nom éveille en nous un passé
plein de souffrances dont nous sommes
sortis vainqueurs par la grâce de Dieu ,
et un aveni-r, triste et lugubre. Il vaudrait la peine de présenter aux lecteurs du Témoin, une élude approfondie
sur ce sujet, mais comme l’on n’aime
guère voir une série d’articles porlanl
le môme litre, nous allons exposer en
peu de mois quelques vues touchant
cet adversaire du Christ , el fournir
ainsi matière à réflexion aux Vaudois
qui ciierchenl à comprendre leur Bible.
Nous connaissons le nom adorable
de notre Sauveur, el nous sommes
prêts à le confesser avec Pierre en
disant : . Seigneur, à qui irions-nous?
lu as les paroles de la vie éternelle ;
et nous avons crui, et nous avons connu
que tu es le Christ, le Fils du Dieu
vivant ». Mais voici quelqu’un qui s’appelle: Anti-Christ. Que signifie son
nom ? Anii signifie à la place de et
cowire. Ainsi dans le nom anli-hypalos
proconsul ou vice-consul. (Actes ch.
xiH, V. 7, 12^ «h/î renferme l’idée de
substitution, a la place de. El dans le
antikeimenos de la 11® ep. aux Thessal.
cb. Il, V. 3, 4, traduit par «celui qui
s’oppose », il y a dans anti l'idée d’opposition, contre. De sorte que l’on peut
traduire Arui-Chrisl, por vice-Christ ou
vicaire de Chiisl el par contre-Chrisl.
L’Anti-Cbrisl est nommé par St. Jean
dans sa première el seconde épîlre. li
est prédit el décrit encore parle même
apôtre dans l’Apocalypse, la bête qui a
.sept têtes el dix cornes ( ch. xiti ), el
par St. Paul dans sa seconde épîlre
aux Thess. cb. II ).
L’AntiChrisl, d’après St. Jean, .se
manifeste comme un menteur : * il nie
que Jésus soit le Christ, il nie le Père
et le Fils, il ne confesse pas Jésus-Cbrisl
venu en chair.
Si. Paul dans sa F® à Timothée, chap.
IV, décrit l’apostasie, —• abandon de
la foi chrétienne pour s’atlacber à des
esprits séducteurs el ¡aux doctrines des
démons, ~ et unit éïroiternent, dans
sa IF aux Thess. l’apostasie avec l'apparition de riiotnme de péché, le fils
de perdition, l’adversaire ou celui qui
s’oppose. Si ce dernier n’est pas nommé
l’Anli-Glirist , il ne saurait cependant
être autre chose. Car, en paroles él
en faits, il nie Jésus-Clirisl el il nie
Dieu, puisqu’il • s’élève au dessus de
tout ce qu’on appelle Dieu ou qu’on
adore, jusqu’à s’asseoir comme Dieu
dans le temple de Dieu, en se proclamgnl Dieu. «Il nie et méprise la loi,
il vient avec la force de Satan ; le
mensonge, la séduction, l’iniquité,
7
I
lotit Ini sert. G’esl l’homme de Satan
accompli et propre pour toute œuvre
mauvaise, tout juste le contraire de
l’homme régénéré et formé par la parole de Dieu.
Nos pères ont eu l’œil ouvert sur
cet adversaire du Christ , dont parle
l’Ecriture. Il nous est aisé de comprendre cju’ils l’aient découvert dans
la papauté. Il nous ont laissé un traité
de l’Antéchrist, que nous pouvons lire
dans l’Appendice VHistoire'des Validais
par A. üfonaslier. Dans la définition
3u’ils en donnent, nous retrouvons les
eux idées de subsLitulion et d’opposition. 'Il est appelé Antéchrist, parceque,
couvert et orné de ( sous) l’apparence
de Christ et de ses fidèles membres,
il s’oppose ( contrarie ) au salut opéré
par Christ». Et de fait, la papauté ne
venl-elle pas se substituer a Christ de
diiïérenles manières, et par là nième
n’est-elle pas conlraire à la vérité, à
Christ et à son. œuvre? Lorsque le
>ape se fait appeler : IHo in terra, le
ainl-Père, le très Saint-Père, Sa Sainteté etc., vicaire de Christ, et s’affuble
encore du litre d’infaillible, et prétend
faire Ma loi, et changer les temps et
les saisons, ne prend s pas la place
de Dieu et ne s’élève-t-il pas contre
Dieu et contre son Christ ? Lorsque,
au sang de Jésus-Christ, à l’œuvre de
son Esprit, la papauté substitue des
messes , des indulgences , des prières
(véritables vaines redites), un purgatoire, et autres choses encore, n’esl-ce
pas être conlraire à Christ ? Quand à
l’adoration en esprit et en vérité, de
Dieu le Père et de son Fils J. C., la
papauté ajoute l’adoration de la Vierge,
des saints et des reliques, venues on
ne sait d’où, et lui donne en pratique
et en réalité la première place et parfois toute la place, et persécutent ceux
qui ne veulent pas se retidre à la messe,
n’esl-ce pas tout-à-fail contraire à
Christ? Si la papauté n’esl pas l’AnliGhrist, elle est cerlainemenl en première ligne parmi les Anti-Christs qui
ont contribué et qui contribuent à
former le mystère d’iniquité, l’homme
de péché, le fils de la perdition, l’AnliChrist par excellence.
(à suivre.)
fiouio^llca teltjgteu0e0
et faits divers
Mtaite. — Changement de Domicile.
Le premier numéro de celle année de
notre confrère, le Crisliano Evangelico, au lieu de nous venir, comme
précédemment de Florence, nous est
arrivé de Gênes, via Cnrlatone, 2, où
il a transféré son domicile, mais sans
rien changer ni à son formai, ni à
son programme ni aux conditions de
abonnement. Les mêmes vœux que
nous formions pour le journal à Florence ini sont acquis pour Gênes.
Un Sujet D’Actions »e Graces. Tel
est à nos yeux, le résuilal de la vente
au profil de la Société des demoiselles
jïrolestanles pour la protection de l’enfance pauvre, qui a eu lieu à Turin,
le et le 19 de Décembre dernier ,
et qui malgré la difficulté toute spéciale, financièrement parlant des temps
que nous traversons, a donné son
produit ne( de qnatremilleel deux cents
francs. ,
StiMe. — La Séparation de l’Eglise DE l’Etat, sous la forme moins
absolue de la SMppmsio» du budget
des cM-i/es,. est à l’ordre du jour des
cf^lihérations du Grand Conseil du
Canton de Genève. Noire vœu bien
sinfière est que la commission chargée
de donner son préavis sur ce projet,
se prononce pour l’acceplalion, et que
soit le Grand‘Conseil d^abord, soit le
peuple ensuite auquel, d’après la constitution , le projet doit être soumis,
en dernier ressort, la sanctionnent par
leur vote.
jprance. — Une Belle Soirée de
Noel. A Ghâtel-Censoix, déparlemenl
de l’Yonne, le soir de Noël , quatrevingt cinq personnes de celle localité
ont signé une déclaration ainsi conçue:
« les soussignés, reconnaissant que la
» religion catholique, apostolique et
» romaine n’est plus la religion du
» Christ professée par les. premiers
» chrétiens, renoncent au catholicisme
8
.16.
t eJ. adhèrenl à la religion évangélique
» dile prolestanle, parceque elle pro» leste contre les abus, les erreurs et
» les superstitions ». Le même soir,
les signataires de celte déclaration se
trouvaient réuni.s avec plusieurs autres,
au delà de cent personnes en tout,
pour s’édifier ensemble, sous la présidence d’un évangéliste venu les visiter; et, de neuf heures jusqu’à minuit, Us ent écouté avec une véritable
avidité les enseignements qui leur
étaient donnés, s’associant avec entrain
aux chants et aux prières dont ils
étaient entremêlés.
Angteteww'e. — Gadbau D’Anniversaire. A l’occasion du vingt-cinquième anniversaire du mariage du
célèbre prédicateur Spurgeon', son
Eglise lui a offert un don de 125.000
fr. qui n’a été accepté qu’à la condition qu’il serait affecté en entier à la
construction d’un asile pour de pauvres femmes âgées.
Misère. La misère est si extrême
dans ce moment, dans tontes les
grandes villes de l’Angleterre et de
l’Ecosse, et plus spéci^emeiH-à*Londres, que la charité tarit publique que
privée est impuissante à en conjurer
les conséquences, et que dans cette
dernière ville, en particulier, lechilire
des admissions dans les asiles à l’ysage des pauvres dépasse de 50 OiO
celui de 1 an dernipr à celle épo^ie.
Eetïuc politique
MtaHe. — La semaine dernière a
été une semaine de repos pour la politique. — Déprélis, malade pendant
plusieurs jdurs, a repris la direction
des affaires de ses deux ministères. Le
général Médici , aida de camp du roi
Humbert, malade de pulmoriie aigue
a été en danger de mort. — Le nouveau ministre des finances prévoit lun
déficit là où son prédécesseur voyait
un excédant de recettes de 60 millions.
Il s'opposera naturellement à la suppression du wacimto, projet de loi
qui va être mis en discussion an Sénat.
Les premières occupations de laGhambre
des députés seront l’examen des budgets
de 18'79 et. les nouvelles constructions
de chemins de fer. — Le ministère
Déprétis espère avoir une majorité,
s’il est souteuii par le groupe de Nicolera.
M'rance. — Le résultat des élections du 5 courant a dépassé les espérances des républicains. Tous les
sénateurs républicains ont été réélus,
les sénateurs nionarchisLes ont été pour
la plupart remplacés, de sorte que la
majorité libérale au Sénat sera de plus
de 50 voix. — La république n’est
pins en danger, mais comme l’a dit
Gambetta, lés difficultés commencent.
Ces difficultés viendront de la. part du
parti radical ou rouffe.
Pour le moment, c’est lè parti républicain modéré qui , grâce à Gambetta , a le dessus. Garnbella se souvient du motde;M. Thiers : la république
sera conservatrice ou elle ne sera pas.
Le chef du parti rouge est, dans ce
moment Louis Blanc. Il est question
de mettre en accusation les ministres ^
dit du 16 mai, surtout de Broglie
et Fourlou mais ce serait agiter le
pays dans un esprit de vengeance. Le
ministère, soutenu par Garnbella s’opposera à ce projet ou parti ultra-républicain.
Il y aura, à la suite des nouvelles
élections sénatoriales, quelques modifications dans le ministère. MM. Borel
et Bardoux seront probablement remplacés. Mais Dufaiire et ses autres collègues seront, conservés.
AVIS
Il reste enoore au bureau du Témoin douze collections complèles dos
années 1875, 18'76 et 1877 du journal
qui sont en vente au prix de 6 francs,
les trois années réunies, et un nombre
égal de collections de 1878 à 3 francs
l’une, le port en su,.s
Ernkst Robert, Gércint et Administrateur.
Pignerol, Impr. Chiaotore et Masoarelli.