1
sixième armée.
N. 53.
29 Décembre ISTI.
L’ECHO DES VALLÉES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialement consacrée aux intérêts matériels et spirituels
de la Famille Vaudoise.
Que tuutes les choses qui sout véritables.,
vos pensées — ( Phiîippiens., IV. 8.)
occupent
PRIX d’abonnement :
Italie, k domicile (un ou) Fr. 3
Suisse................» 5
France................» 6
Allemaprne 6
Angleterre, Pays-Bas . » 8
t'n numéro séparé : 5 cent.
Un numéro arriéré : 10 cent.
BOREADX d’abonnement
ToRRK-PEf.r.iCR : Via Maestra,
N . 42. (Aoenzia bibliografica)
PiGNERoL : J. Chlantore Impr,
Turin :7.J. T*/-oh, via Lagrange
près le N. 22.
Fr.ORENCR : Libreria EvangC’
lica. via de'Puiizani.
ANNONCES : 5 cent, la ligne
ou portion de ligne,
iiettres et envois franco. S’adresser pourradniinistratioD
iiu Bureau d 7'orr.e-Pellice,
via Maestra N. 42 — polirla
rédaction .* â Mr. E. Malan
Prof • h Torre-Pelice.
Sonimair'o.
L’année 1871. — Question d'Angrogne. —
— Correxpoyidance. — Nouvelles religieuses. —
Chronique politique. — Souscript. Stewart. —
Id. incendiés d’Angrogne. — A7inonc^s.
VKMU 1811
L’année 1871 a vu se dérouler
beaucoup d’évènements, les uns
heureux, les autres tristes. Ce n’est
pas une année exceptionnelle, si ce
n’est peut-être pour l'énormité du
mal. Elle s’est ouverte au milieu
d’une des plus grandes guerres
des temps modernes. Chaque semaine, presque chaque jour, nous
apportait la nouvelle d’une bataille
meurtrière. La paix entre la France
et l’Allemagne est venue clore cette
première phase de l’année. Les conditions onéreuses de cette paix
furent pour la France la perte de
deux de ses plus belles et plus
riches provinces, l'Alsace et la
Lorraine, et une indemnité de
cinq milliards; plus encore que sur
ces pertes matérielles notre pensée
se porte aujourd’hui auprès de ces
centaines de mille de morts et blessés des deux nations.
Après la paix avec la Prusse ,
la France a été en proie à une
guerre civile qui a ensanglanté les
rues et les environs de Paris. Ce
sont de bien tristes journées que
celles ou cette capitale était en
flammes, non par la main des
Prussiens,mais par celle des Français eux-mêmes, des pétroleurs et
des pétroleuses, les instruments
de la Commune et de l’Internationale.
L’année 1871 a été plus heureuse
pour l’Italie qui a achevé son unitication nationale, commencée en
1848, menée à bonne fin par l’entrée de nos troupes à Rome en
septembre 1870 et consolidée par
le transfert du Gouvernement dans
sa capitale définitive et par l’ouverture solennelle du Parlement
auquel le roi Victor-Emmanuel a
déclaré, le 27 novembre dernier,
que notre œuvre est terminée.
La divine Providence, sans la
volonté de laquelle, il ne tombe
pas un seul cheveu de notre tête,
a permis ou dirigé tous ces évènements, laissant aux hommes la
responsabilité de leurs actions selon
2
-410
lesquelles ils seront jugés, au
grand jour des rétributions. —
Mais déjà sur cette terre le jugement de Dieu s’est exercé pendant
la dernière année; ses fléaux se
sont promenés d’une mer à l’autre
mer, d’un pôle à l’autre pôle;
le choléra, la lièvre jaune et surtout les incendies. Et, sans parler
de ceux de Turin, de Genève,
de Paris et de bien d’autres encore, rappelons seulement ceux de
Chicago et des forêts du Visconsin.
Plusieurs de ces évènements ont
manifesté les pensées des cœurs des
hommes, révélé les plaies de l’humanité, et fait connaître l’internationale rouge, société très nombreuse d’environ 3,000,000 d’hommes, qui se recrute surtout dans
la classe ouvrière, qui nie Dieu,
la famille, la propriété, et se propose de renverser l’ordre de choses
existant, jusque dans ses fondements, en pervertissant le peuple
des villes. A côté d’elle existe
l’internationale noire, celle du Syllabus ou des Jésuites qui nie aussi
la liberté, la patrie et la famille, qui
substitue à la vraie une conscience
artificielle et qui s’attaque surtout
au peuple des campagnes qu’elle
éloigne, autant qu’elle le peut, des
sources raffraîchissantes et fortifiantes de l’instruction et de l’éducation par la parole révélée de Dieu.
— Une réaction a commencé à se
faire contre ces deux périlleuses
tendances, ennemies de la vérité et
de la libertés On sent la nécessité
do retourner aux sources de la vie
qui est le pur Évangile de JésusChrist. Nous assistons à une protestation énergique .¡contre l’absolutisme jésuitique J et le dogme de
rinfallibilité. Les associations anti
infaillibilistes se multiplient en
Allemagne et ailleurs au sein du
catholicisme. Le principe de la séparation de l'Eglise et de l’Etat
fait aussi des progrès, surtout
dans les pays protestants et nous
l’avons vu à l’ordre du jour non
seulement dans les assemblées politiques en Suisse et dans plusieurs parlements de l’Allemagne,
mais aussi dans les assemblées
religieuses comme celles de Darmstadt, de Berlin et de Nîmes. On
sent de plus en plus partout que
la religion doit être une affaire
individuelle, de la conscience et
du cœur, et que c’est cette religion
seulement qui a les promesses de
la vie présente et celles de la vie
à venir, qu’elle seule peut mettre
une digue au torrent des passions
des socialistes et des communistes
qui menacent la société et la famille, qu’elle seule nous rend
agréable à Dieu et nous introduit
et nous maintient dans sa communion. La charité de l’Evangile
dans les ouvriers et les pauvres,
comme dans les maîtres, et les
riches,, peut résoudre efficacement
la question sociale; car la charité
est ingénieuse et active.
Mais qu’est-ce que la famille
"Vaudoise a été pendant 1871? Elle
a beaucoup reçu du . Seigneur :
saisons fertiles, paix, liberté, instruction , prédication du pur Evangile ; elle n’a pas été tout à fait
étrangère à ce qui s’est passé
autour d’elle ; au point de vûe
spirituel, il s’est fait du bien certainement dans son sein; la parole
de Dieu n’est pas retourqée à
Lui {^blièrement sans effets; toutefois, que de lacunes, que,' d’indifférence, que de mall Au milieu
3
-411
de nous aussi les pensées secrètes
des cœurs ont été manifestées et
que de déceptions ! Nous n’avons
pas encore ressenti, pendant 1871,
dans nos Vallées, le souffle puissant de l’Esprit de Dieu, et c’est
sans doute parce que nous ne
l’avons pas demandé au Seigneur
avec instance et avec persévérance.
LA QUESTION D'A;^GR0G!\ë
s’il est vrai que \’Fcho des Vallées, 'en
passant momentanément entre les mains
d’un membre de la Table, n’est pas devenu l’organe offleiel de cette dernière,
mais est un journal indépendant , il est
évident que dans le cas actuel, si nous
pouvons parler pertinemment de la question d’Angrogne, c’est (jue nous y avons
malheureusement été un peu mêlé comme membre de la Table. — Nous tenons
d'abord à déclarer que nous étions de
ceux qui considéraient M. Poët comme un
des régents des vallées les plus capables
et les plus assidus à leur tâche, et nous
lui en avions rendu le témoignage en
plusieurs occasions; même, il y a quelques années, nous avons engagé pos collègues à lui offrir un poste de confiance
plus élevé que celui de régent paroissial;
et depuis le commencement de cette déplorable question, nous lui avons donné
personnellement des marques indubitables
de notre attachement, sans lui laisser
ignorer jamais que nous étions esclaves
de notre devoir et que malgré nos relations ancieDnes, nous n'y manquerions
pas. quoi qu’il nous en coûtât.
Les premières plaintes sur la conduite
du régent paroissial d’ Vngrogne parvinrent à la Table dans le courant d’avril
dernier, et le pasteur d’Angrogne lui demanda à cette époque une visite pastorale
extraordinaire. La Table la fixa au dernier
lundi de ce même mois, mais le Consistoire insista auprès du pasteur pour qu’elle
n’eût pas lieu et celui-ci crut dervoir céder
à ses instances. Au Synode de mai, une
phrase du rapport du Consistoire appela
l’attention de l’assemblée sur la condition
morale de l’école paroissiale et le Synode
la raccomanda à la surveillance spéciale
de l’administration. En outre, pendant
l’assemblée, une lettre parvint è la Table
contre .M. Poét. Mais comme dans cette
lettre on n’articulait aucun fait précis, la
Table l’eût considérée comme non avenue.
Cependant nous crûmes devoir porter celte
plainte, en voie tout è fait réservée è la
connaissance du régent. Quelque temps
après, à la suite de l’attilude que prirent
quelques anciens (pii retirèrent, par une
lellre adressée à la Table, leur signature
mise au pied du rapport annuel, M. Canton
insista (le nouveau pour que la Table
s’occupât do l’état moral de la paroisse
d’.Vngrogne ou l’œuvre de l’édification et
surtout de l’éducation morale et religieuse
était paralysée par la conduite du régent
paroissial. La Table entrevit alors la profondeur du mal et en connut la cause principale, lorsque des pièces lui furent transmises , dénonçant des faits très graves
d’inconduite. M. Poët informé de ces accusations , se rendit n plusieurs reprises
auprès de nous, afin d’en connaître la
teneur et de nous communiquer des certificats d’autorités communales et scolaires
propres, selon lui, à le justifier de toutes
ces imputations. Nous lui déclarâmes, dè*
lors que ces certificats n’avaient pas pour
nous la portée et la valeur qu’il croyait.
— Nous ne pouvions communiquer à M.
Poët les pièces (|ui se trouvaient contre
lui dans les archives de la Table, car elles
appartenaient h l’admioislration qui les
avait mises sous scellé; mais nous ne loi
laissâmes pas ignorer quelle était la nature des accusations portées contre lui; et
sans nous permettre de lui donner un
conseil décisif, nous lui fîmes connaître
quel était te jugement de ta Table; ce fut
alors que M. Poët nous pria, en vertu de
nos anciennes bonnes relations, de l’avertir
dès que la Table croirait devoir prendre
une résolution et délibérer à son sujet,
car il désirait, disait-il, par dessus tout
qu’il n’y eût rien, le concernant, de défavorable dans les archives de l’Eglise.
Lorsque ta Table, dans sa réunion de
juillet, fut forcée de s’occuper de celte
triste affaire, ce qu’elle ne fît qu’à contre
4
-4ia
cœur et après avoir épuisé sou ordre du
jour, Dous u’oubliâmes pas l’engagement
que nous avions pris envers M. Poët, et
nous demandâmes à nos collègues de surseoir quel(|ues instants jusqu’à-ce que nous
eussions pu le faire avertir, et un de nos
collègues qui était aussi une ancienne
connaissance du régent, voulut bien se
charger lui-même de la commission peu
agréable de se rendre ;à Saint Laurent
d’Angrogne pour avertir M. Poét que, la
Table allait examiner sa question. M. Poët
s’y attendait, et dans cette perspective,
il avait déjà écrit sa lettre de démission
à la Table pour le l'novembre. Cette lettre
fut apportée par notre collègue et comme
elle avait été écrite d’avance, elle se
trouva être sans date. C’était le 12juillet.
M. Poët l’avait préparée le jour même ou
les jours précédents, en prévision de ce
qui devait arriver. La Table, à la réception do cette pièce dans laquelle M. Poët
lui demandait, eu vue de sa démission,
sa pension de retraite, afin d’éviter un
scandale et comme elle n’avait du reste
par devers elle que des accusations qu’elle
n’avait pas encore constatées, accorda à
M. Poët sa pension et accepta sa démission. Nous portâmes nous-même avec un
de nos collègues à M. Poët qui l’attendait
dans le voisinage, la délibération de la
Table. Nous eûmes alors avec lui un assez
long entretien. M. Poët nous posa diverses
questions; sur le montant do la pension,
sur la possibilité de travailler ailleurs, sur
la faculté do rester à Angrogne comme
régentrommunal, car, disait-il, on ne veut
me laisser partir. Nous exprimâmes notre
conviction qu’il pourrait certainement encore travailler ailleurs; à la question
spéciale si la Table ne s’opposerait pas à
sa nomination dans une autre paroisse,
nous fûmes embarrassés de répondre, cependant nous crûmes pouvoir lui dire
qu’elle ne le ferait pas d’une manière officielle , puisque jusqu’alors elle n’avait
rien constaté contre lui dans ses archives, mais que naturellement nous ne pouvions pas répondre des appréciations individuelles; à la question s’il pourrait rester
à Angrogne comme régent communal, nous
répondîmes que nous ne pouvions pas
l’en empêcher, mais que la Table en
présence des faits dont il était accusé de
la part de diverses personnes d’Angrogne
et de la conduite qu’il était accusé d’avoir
tenue, serait mise dans le cas de faire une
enquête sur ces faits et de revenir de sa
délibération.
M. Poët alors nous demanda si les pièces qui existaient contre lui n’étaient pas
détruites, et nous lui répondîmes que nous
n’étions pas assez simples de nous désarmer ainsi avant d’avoir vu si lui-même
maintenait son engagement de donner sa
démission de régent à l’autorité compétente, ou aux autorités immédiates dont
il dépendait et de quitter .Angrogne le 1'
novembre.
M. Poët, quelques temps après, envoya
effectivement au Consistoire d’Angrogne
et au Conseil la copie de la délibération
de la Table. C’était une manière détournée de donner sa démission. Le Consistoire l’accepta à la majorité des membres
présents; quatre d’entr’eux ayant refusé de
prendre part à la délibération. Le Conseil
ne l’accepta point. Alors commença l’agitation , sur les places publiques et dans
les auberges. L’on inventa, pour donner
le change sans doute, les plus infâmes
calomnies sur le compte du pasteur et on
les colporta de tous côtés ; des anciens
eux-mêmes se firent les instruments de
ces basses intrigues; ce fut alors aussi
que des agents accrédités ou non accrédités parcoururent la Commune pour faire
signer des listes de souscriptions et assurer des voix en faveur du régent. On parla
de nouveau de la nécessité d’une visite
pastorale, mais on ne la demanda jamais
et la Table ne crut pas devoir se rendre à
Angrogne sans y être appelée, d’autant
plus qu’il s’agissait de faits si honteux, si
dégradants et si scandaleux, qu’elle n’aurait pas pu se permettre de les raconter
et de les examiner dans le temple et devant
le public.
La Table envoya cependant une délégation à Angrogne pour entendre quelques anciens qui avaient manqué, selon
elle, à leur devoir et dont quelques-uns
avaient déclaré dans un manifeste publié
dans un journal politique qu’ils se séparaient de l’Eglise si on ne faisait pas ce
qu’ils voulaient dans la question du régent.
5
-413
Plus tard la Table, désireuse de faire connaître à qui avait intérêt é les connaître,
les accusations qu'elle avait reçues contre
M. Poët, invita le Consistoire à une entrevue à la Tour et fit prier les conseillers de vouloir bien se joindre aux anciens.
Plusieurs anciens refusèrent de se rendre
à l’invitation de la Table et quelques conseillers seulement firent acte de présence.
Ces derniers n’étaient pas tenus de se rendre à l’invitation, mais il en était autrement des anciens. Aussi la Table en susspeudit-elle trois d’entr’eux pour insubordination et pour conduite peu en rapport
avec leur charge , et elle en invita deux à
donner les motifs de leur abstention. Il y
avait du reste un tel esprit de révolte, de
désunion ed de méfiance chez la plupart
des membres de ce Consistoire que l’on
peut bien dire que c’était un corps divisé
contre lui-même.
La Table avant de délibérer au sujet de
■M. Poét qui avait pris à Augrogne une
attitude que n’avait pas laissé supposer
sou offre de démission , voulut l’entendre
afin de ne pas le condamner sans l'acoir
entendu, comme elle a été accusée de
l’avoir fait ; elle lui lit connaître sa manière de voir sur la question, lui énuméra
ses torts et ses fautes, lui donna lecture
des principales pièces qu’elle avait contre
lui. M. l’oél nia d’être coupable de ce dont
on l’accusait, ou plutôt s’écria en ricanant: «n’est-ce que cela? » Et lorsque le
.Modérateur lui eut dit que les enquêtes
que la Table avait faites et les informations qu’elle avait prises étaient de nature
à ne plus lui permettre de rester à Angrogne qu’au préjudice do la moralité et
de l’éducation, et que s’il persistait, la
Table était obligée de le destituer ( dans
ce moment il n’était pas encore régent
communal, mais paroissial) et d’annuler
sa délibération par laquelle elle lui avait
accordé la pension. M. Poët demanda 20
jours de temps pour se décider; on lui
en donna 15, de fait 18. C’était tout juste
le temps nécessaire pour connaître le résultat de la votation du Conseil pour la
nomination du régent. Alors M. Poët transmit à la Table, pour toute réponse, sa
nomination ou sa confirmation par la maorité du Conseil communal. Alors la
Table le destitua, non point parce qu’il
avait été nommé régent communal, mais
parceque, ayant manqué de fait à sa parole de se retirer comme régent pour le
31 octobre, elle devait délibérer et tenir
compte des accusations portées contre lui
et dont elle avait alors constaté la réalité
et la gravité. Ce n’est pas le régent communal qu’elle a destitué, mais le régent
paroissial et le régent pensionné par elle,
qu’elle venait de reconnaître indigne de la
pension, à teneur des réglements. La Table
devait prendre cette mesure, à moins de
perdre la confiance de l’Eglise et des gens
lionnêtes qui n’ont pas perdu le sens moral. Elle le devait en particulier aux régents eux-mêmes qui lui ont commis leurs
intérêts pour ce qui concerne la pension.
Elle invita, après cela , le Consistoire à
pourvoir pour le service du temple dès le
premier dimanche, et à nommer un autre
régent paroissial. C’est ce que fit le Consistoire ; mais son instituteur ne put ouvrir
l’école, parceque les clefs du local de l’Eglise étaient entre les mains du régent
d’abord, puis d’un conseiller de la majorité, membre de la Commission des écoles
communales (il n’y a pas d’écoles communales pour les enfants catholiques). En
attendant, il fallait que la délibération de
la Commune fût approuvée par les autorités supérieures. La minorité du Conseil
avait envoyé une protestation contre la
décision de la majorité. Des informations
turent demandées, en voie réservée,
avons-nous appris, par le Sous-Préfet au
Syndic d’Angrogneet au Modérateur. Nous
sommes persuadé qu’ils ont répondu selon
leur conviction et conformément à la vérité; mais le Conseil provincial scolaire
n’ayant trouvé dans les pièces officielles
et officieuses qui lui ont été soumises que
des accusations vagues et génériques, natureiiement porté à soutenir dons toute
son efficace le droit de l’autorité communale sur les écoles et la position du maître
élu conformément aux lois, encouragé encore à le faire, assure-t-on,par les recommandations officieuses de personnes désireuses do voir s’établir partout, n’importe
à quel prix, par quels moyens et à quelles conditions, des écoles qui n’aient plus
rien de vaudois, a approuvé la délibéra-
6
-414
tfon de la majorité du Conseil communal
d’Angrogne ; et le lundi 27 novembre,
l’école do M. Poët a été ouverte par ce
régent, assisté par les conseillers de la
majorité dans le local du Consistoii’e.
Nous appelons cette école, l’école dé M.
Poët, car elle n’est pas communale dans
ce sens qu’elle n’est destinée, pour le moment, qu’aux enfants vaudois , puisque
l’école catholique existe toujours et est
subsidiée par la Commune. Les catholiques
ne veulent pas plus de l’école deM Poët
que n’en veulent les quelques parents
d’enfants vaudois qui appartiennent réellement à l’Eglise d’Angrogne, et qui ont
le courage de leur opinion. Nous savons
qu’il y en a de ces derniers, et il y en
aura toujours plus à mesure qu’on fera
connaître aux membres de la paroisse le
vrai état de la queslion.
Car, disons-le à la décharge d’un bon
nombre de nos frères d’Angrogne, Un ne
savent ce qu’ils font-, ils sont dans l’illusion et dans l’ignorance; on a voulu qu’on
le crflt sur parole et on ne les a pas
éclairés. A qui incombait ce devoir? au
pasteur et à ses collègues du Consistoire.
Mais M. Canton qu’on nous dépeint comme si terrible, a été trop endurant. trop
patient, trop débonnaire et surtout trop
taciturne. Mais l’action du pasteur et du
Consistoire a été paralysée par le manque
tl’pntenle et de confiance réciproque. k\o\xtons à cela que c’étaient des faits dont
on ne pouvait pas parler du haut des toits,
sans en avoir des témoignages bien positifs.
Nous avons exposé .simplement, et sans
doute d’une manière incomplète, la question d’Angrogne, mais en toute vérité et
sans haine et sans passion, et telle que
nous la connaissons. — Nos lecteurs qui
ont lu les libelles auxquels nous avons
déjà fait allusion, pourront juger entre la
Table et l’auteur ou les auteurs anonymes
do ces fouilles. Ils verront quel compte
ils doivent faire dos gros mots qu’on nous
lance à la tête de la cachette oh l’on se
fient prudemment blotti. Ils verront si la
Table a réellement commis une infamie,
si elle a agi d’une manière inique etjésui'
tique, eX par sentiment de vengeance. Aucun
membre de la Table n’avait de vengeance
à tirer, ni de M. Poët, ni des anciens
d’Angrogne, et celui qui écrit ces lignes
en particulier peut se rendre le témoignage
de n’avoir accompli, ainsi que ses collègues
qu’un devoir bien pénible, qu’ils accompliraient toutefois encore et aussi longtemps qu’il y sont forcés par la charge
que l’Eglise leur a confiée.
Nous l’avons dit du reste à M. Poët en
particulier, et celui-ci nous connaît assez
pour ne pas croire qu’il pût en être autrement. — Ce qui nous afflige le plus
dans tout ceci, ce n’est pas l’existence de
la soi-disant école communale; mais c’est
qu’elle se soit établie de cette manière et
sous celte forme, et plus que tout autre
chose encore, c’est l’affaiblissement du
sens moral dans notre population. Nous
avons déjà eu des luttes pour des questions de dogmes ou dos questions ecclésiastiques; nous avons vu, dans ces occasions une partie de notre population se
prononcer pour l’erreur ou pour les idées
faussesel contre la vérité; mais on pouvait
l’excuser jusqu’à un certain point, parce
qu’il y a des questions que le peuple no
comprend pas dès l’abord et pour lesquelles il ne se passionne pas; mais que dans
une question morale, oh s’il s’agit du vrai
intérêt de la jeune génération, on puisse
rester indifférent, et même excuser et justifier des actes au plus haut point répréhensibles: voilà ce qui est profondément pénible. Car que reste-t-il encore quand on a
confondu le bien et le mal, quand on a
détrait les principes de chasteté, d’obéissance, et de tempérance?Rien. «Mangeons
et buvons». Alors à quoi bon la prédication,
l’instruction religieuse, l’éducation. Adoptons sans autre les principes d’une société
impie; Plus de Dieu, plus de famille, plus
de propriété. Voilà oh ne seraient pas éloignées d’en venir certaines personnes qui
ont joué, d’un peu loin et du dehors, un
rôle dans cette queslion d’Angrogne. —
Quant à nous, nous avons encore meilleure
opinion de la grande majorité de la population vaudoise; et nous sommes sûrs que
le jour viendra, et bientôt, oh celle d’Angrogne aura honte de s’être laissée séduire comme elle l’a été et d’avoir agi, à
bien des égards, comme elle a agi.
7
-415
Correeponiraiice.
Nous publions volontìprs, en lui lionnant uotre entière adhésion, la lellre suivante qui nous arrive de Naples au dernier moment.
Avis imiwrlant à tous les Lecleiirs.
Monsieur le Rédacleur,
Je me permets de vous adresser ces
quelques lignes, persuadé que vous y
donnerez une importance non moins
grande <|ue celle ijue j’y attache moimême. Que les lecteurs y pensent avec ce.
sérieux qui est dé aux devoirs (le tout
individu envers la société eu général, alin
de délouruer le niai (jue nous allons signaler.
Dimanche prochain aura lieu In recensement de toute la population du royaume,
dans leiiuel, entre autres choses, clna(|ue
habitant est censé désigner la religion à
laquelle il appartient.
Dans le dernier recensement de 1861
on a indi(|ué cette distinction avec les
mots ambigus CaltoUco et Acaltolico', en
d’autres termes catholique ou pas catholique. Il semble donc (|ue tous ceux qui ne
professent pas la religion catholique sont
des négations! .Vinsi du moins l’aura cru
feu le savant directeur et chef du recensement de 1881.
Les temps sont changés. Cette fois-ci
l’on sera prié de mieux remplir les bulletins, et nous osons espérer que ce mot
odieux Acattolico ne sera plus introduit
dans nos volumes de statisti()ue oirieielle.
Jusqu’ici tout va bien , mais alors le
reste est entre nos mains.
Les rationalistes ne dorment pas. Ils
ont déjà envoyé à leurs partisans l’avis
de se souscrire comme tels. Et nous,
comment nous souscrirons nous? Je l’ignore. Les uns Vaudois: les autres Emngéiiques-, les autres Protestants; d’autres
enQu Méthodistes, Chrétiens primitifs,
Plymoulhisles, liapthistes et une foule
d’autres choses encore.
Hélas ! et il y aura toujours plus de
vingt deux à vingt trois millions de Catholiques.
Les temps sont extrêmement solennels.
Ou nous sommes à Christ ou nous ne le
sommes pas. Laissons donc de côté et
Paul et Apollos. Que tous nous oublions
nos idées restreintes et particulières pour
nous souscrire avec hardiesses les soldats
de Christ, et afin de pouvoir nous unir,
à n’importe quelle église évangélique nous
appartenions, que ce soit convenu comme
mot d’ordre de nous déclarer Protestants
Evangéliques seulement, sans antre qualification, ni de vaudois, ni de VVesleyens
ni de quoique ce soit. Ceci ne nous empêchera nullement d’itre ou de rester vaudüis comme par le passé.
Amis de l’Evangile ! divulguez fi tous
ceux (jui sont autour de vous cette lettre,
(jui aurait pu émaner d’une plume plus
autorisée que la mienne, mais puis(|ue jiersonne n’a parlé jus(|u’au dernier moment,
c’est moi qui parlerai. No négligez pas
cet appel. Vous ignorez peut-être toute la
portée de cette déclaration, qui, en faisant
savoir que nous sommes tous unis, nous
donnera une nouvelle force poui’pcotoier
contre notre ennemie formidable, l’église
de Home. Et qui se refusera de protester
contre, elle?
M. le Itédacteur, pardonnez, je vous en
prie , la liberté que je me prends , et si
vous le jugez bon. envoyez également des
exemidaires de VEcho a tous les pasleurs
des autres églises évangéliques de l’Italie
(]ui sont à votre connaissance. Je connais
trop bien vos principes larges et chrétiens
pour hésiter à vous faire cette invitation
que vous aurez le mérite d’avoir approuvée
et adoptée.
Une chose seulement. Le jour du dénombrement de la population approche à
grands pas. Qu’on se le dise, et pas un
moment de retard.
Agréez, M. le Rédacteur, les sentiments
de ma considération distinguée..
CUGLIEL.MO JeRVIS.
Le 25 décembre 1871.
fiouücUcô religicusee
GENÈVE. La société Evangélique de Genève vient de faire une perte nouvelle et
fort sensible en la personne de M. Ch.
Labarthe, son secrétaire. M. Labarthe avait
remplacé, pendant un trop petit nombre
d’années, M. L. Quiblier dans cette position si importante d’agent général. Il
jouissait de toute la confiauce des membres de la Société et était l’ami des nombreux évangélistes que dirige cette institution. Les dernières heures n’ont été
qu’une action de grâces.
BALE. — Dans la première assemblée
publique de la section bâloise de l’ünion
évangélique, M. le pasteur E. Stehelin
démontra que le christianisme dit libéral
8
-416
n’est point une nuance de la foi chrétienne,
mais une nouvelle religion, aboutissant
à la négation des vérités bibliques sur
Dieu, le péché, la rédemption et l’immortalité de l’âme. Il déduisit de cette triste
réalité que l’union des deux tendances
religieuses opposées ne saurait se maintenir, et qu’elle fînirait par fausser toute
idée de vérité dans les populations.
'Poici, d’après la Croix, un extrait d’une
lettre de M. Pearse sur l’Evangélisation
des^prisonniers de la Commune en France
« L’inspecteur nous conduisit aux forts
oii étaient les insurgés communistes. —
Après nous avoir introduits dans une
grande baraque il s’adressa, le chapeau à
la main, aux détenus et leur dit qu’une
dame anglaise et son mari, qui voj’ageaient dans le but de faire du bien aux
malheureux, avaient voulu les voir; que
Madame avait visité les prisonniers français en Allemagne, et qu’elle avait voulu
venir aussi vers eux, pour leur adresser
des paroles de consolation. Il ajouta qu’il
espérait qu’on l’écouterait avec une respectueuse attention. Ils formèrent un cercle autour de nous, et Madame Pearse,
pendant un quart d’heure , leur annonça
l’Evangile comme un salut présent, leur
parlant de l’amour de Dieu manifesté dans
le don d’un Sauveur. Elle insista auprès
d’eux avec une vive émotion, sur le par.
don, fruit de la foi au Fils de Dieu et sur
la condamnation et l’éternelle misère de
ceux qui rejettent l’Evangile. Plusieurs
furent touchés et des larmes coulèrent
sur beaucoup de joues. Il y en eut aussi
qui s’endurcirent et se retirèrent, ne voulant pas en entendre plus long. L’aumônier se tenait en dehors du cercle et
écouta jusqu’au bout avec un intérêt visible. Nous distribuâmes ensuite nos livres
et nos traités, avec cette seule condition
qu’on se les ferait passer de main en
main. La même chose se répéta trois ou
quatre fois, au milieu d’autres groupes
de prisonniers. Dans un autre dépôt oh
l’inspecteur nous introduisit ensuite, il
réunit tous les prisonniers au milieu de
la cour, et là encore la plupart écoutèrent
avec une profonde attention, et quelquesuns avec une évidente émotion.
(ÎThtontciue
Italie. — Les deux Chambres ont
continué à s’occuper de la discussion
des budgets de première prévision des
divers ministères, les ont approuvés et
ont commencé leurs vacances de Noël
et de nouvel an. Elle ne se réuniront
de nouveau que vers le 15 janvier. —
Le député de Pistoia, Civiiiini, est mort
pauvre après une douloureuse maladie à
Page de 33 ans, laissant une veuve et un
enfant et un riche héritage de regrets pour
ses qualités intellectuelles et morales et
pour son éloquence et son esprit qui
faisaient de lui l’un des meilleurs orateurs
et l’un des plus distingués journalistes.
Le ministère profitera, dit-on, des vacances
de Noël pour préparer le projet de loi sur
les corporations religieuses de Rome. —
L’Opinione annonce que la conférence de
Genève, relative au différent survenu entre
l’Angleterre et les Etats-Unis, a nommé
le délégué italien, le comte Sclopis, historien et diplomate distingué, pour son
président. C’est un honneur mérité, auquel
les étrangers depuis longtemps n’avaient
plus habitué l’Italie.
France. La grande nouvelle de la semaine, c’est la prise de possession de leurs
stalles à la Chambre de Versailles des princes d'Orléans, le duc d’Aumale et le duc
de Joinville, malgré le président M. Thiers
qui voulait les astreindre à garder pour
un temps indéterminé l’engagement de ne
pas faire usage de leur droit de siéger
parmi les représentants du peuple.
Les journaux cléricaux, surtout VÜnivers
font feu et flammes contre M. Jules Simon
ministre de l’Instruction publique, à cause
do son projet de loi sur l’instruction primaire obligatoire. Ils espèrent que si la
Chambre adopte , ce- qui est douteux, co
projet, les français le rendront inutile et
auront assez de patriotisme pour ne pas
vouloir imiter la Prusse.
SOUSCRIPTION
POUR LES PORTRAITS DU DOCT. STEWART
biste précédente Fr. 500 10
M' et M”' J. Pons de Brescia » 5
Total Fr. 505 10
SOUSCRIPTION
POUR LES mCENOIÉS d’aNGROGRE
Un ami des pauvres Fr. 20
E. Malan Directeur-Gérant.
Pignerol, Impr. Cbiantorc.