1
Huitième auuée.
N. 19.
16 Mai 18T3.
L'ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialemenl CAflsacrée aux inléréls matériels et spiritoels
de la Famille Yaudoise.
Que toutes les oboses qui sont véritables....... oooupeot
vos pensées — ( Phiîippiens., IV. 8.)
PBIX D ABOKMIMCIIT :
Italie, à domicile (wu an) Fr. 3
Suisse................* 5
France................» 6
Allemagne 6
Angleterre, Pays-Bas . « 8
Vn numéro separé : 10 cent.
Un numéro arriéré : 10 cent.
BUREAUX D*ABONtftaUVT
ToRRR-PBr.i.tCE : Via Maqatra,
N.42. (s\genzia biblioff^ftdti)
PiGNERoL ; J. ChieattOPe Impr.
Turin :J.J. via Lagrange
près le
Klorencb ' libreria Evangevia da'fq^ani.
ANNONi-ES : 5 cent, la ligne
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S’adresser pour l'administration
au Bureau <1 Torre-Pelile«,
via Maestra N. 42 — pour la
rédaction ; à Mr. E. Malan
Prof, a Torre-Pellico.
Sommaire.
Le Catéchuménal. — Uo songe. — Programme (le la reforme calholique. — Les
hôpitaux — Chronique mudoise. — Chronique Politique.
LE CATËCHUHÉl^AT
La question du Catéchuménat
est une de celles sur lesquelles
y Echo des Valléesest déjà plus d'une
fois revenu. Elle est à l’ordre du
jour de nouveau, tout spécialement
dans notre Eglise. Dans la plupart
de nos paroisses l’enseignement
catéchétique continue à se donner
traditionnellement, et, selon les
dispositions règlementaires , de la
Toussaint à Pâques. Aux approches
de cette solennité , l’exeaaen a lieu
devant le Consistoire et les catéchumènes qui sont jugés suffisamment instruits, sont admis à la
réception et ensuite à la communion. Dans quelques autres paroisses l’enseignement estprolongé
jusqu’à la Pentecôte ; ^ns quel(jues-unes déjà cettejgswuction religieuse est donn^i^endant to^^te
l’année, le dimanche au moins.
Mais cette instruction est encore
insuffisante, et elle n’est généralement suivie (^e par un très petit
nombre d’enfanls. Il y a certainement quelque petit progrès, dans
quelques paroisses du moins ; d’abord il y a l’exaiﻫ*:^-il y a plus
de courage aussi d’e la part des
Consistoires à repousser les catéchumènes insuffisamment instruits et préparés et dont les
dispositions ne sont pas ras.suraiites; il y 'a aussi, et c’est ici
surtout qu’est le progrè.s, de la
, part des parents une intelligence
plus grande des motifs de refus
de leurs* infants. ,
Mais que nous sommes loin encore' de l’abolition du catéchuménat I Les enfants vont aux exer■dîices catéchétiques en vue d’étre
admis à la communion , c’est-àdire , bien souvent, trop souvent,
en vue d’être dispensés à l’avenir
d’assister au culte, de communier,
de prier, de lire la Bible , de s’occuper encore de questions religieuses et de songer au salut de
/
2
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leurs âmes. — Ainsi qu’on l’entend
souvent, non seulement chez nous,
niais ailleurs aussi de la part de
bien des jeunes gens , ils s’abstiennent de tel divertissement mondain
pendant qu’ils sont catéchumènes;
il^s s’imposent une privation momentanée; mais, c’est avec l’intention et le désir de prendre leur
bonne revanche dès qu’ils seront
reçus; alors plus de contrainte,
plus de scrupules. Ce n’est* pas
avec de telles dispositions, avili
de semblables éléments que l’Eglise peut et doit se recruter; il
i'aut détruire, à tous prix, de tels
préjugés. Ce n’est pas au baptême
des enfants , c’est au Catéchuménat
tel que nous venons de le décrire
que nous devons nos Eglises de
mondains, d’hypocrites et d’indifférents. Il faut abolir ce Catéchuménat, établir pendant toute l’année, et surtout pendant l’hiver,
une instruction religieuse claire ,
positive, solide ; que cette instruction soit suivie de l’examen, qu’il
y ait chaque année quatre ou cinq
époques d’examen et non une seule,
que ces examens ne soient plus
suivis de la réception solenelle, à
qrande orchestre, qu’ils ne donnent
droit qu’à une déclaration d’instruction suffisante, délivrée par le
Consistoire et que la réception au
nombre des membres actifs et
adultes de l’Eglise et à la communion soit l’affaire des besoins
religieux de chacun. Voilà le but,
selon nous, il faut y viser; nous
devons nous efforcer de produire
cette conviction,dans notre peuple,
nous n’y arrivons pas du jour au
lendemain;'mais nous devons y
arriver, si nous voulons sortir de
l’Eglise tout y va, pour avoir une
Eglise, assemblée des croyants.
Il!\ SOUE
Il y a des personnes qui ne donnent aucune importance aux songes, ne les considérant que comme
le jeu fortuit de la rencontre fortuite de je ne sais quelles circonstances également fortuites. Il eu
est d’autres qui leur donnent une
iMportance exagérée, excessive ,
qui en font la règle de leur conduite, qui les réduisent en système;
faisant de leur interprétation un
véritable art soumis à des règles
plus ou moins invariables ou plutôt plus ou moins varfables suivant
les circonstances de lieu, de temps,
de manière etc. Ces derniers, selon
moi, sont des superstitieux dignes
de pitié qui se trouvent sur la
même ligne que les divins, les
diseurs de bonne-aventure et ceux
qui consultent les morts, toutes
gens dont les pratiques sont formellement condamnées par mille
déclarations de la Parole de Dieu.
Mais, selon moi, les premiers
sont aussi dans l’erreur et s’insurgent contre une foule de faits rapportés dans la Bible, ainsi que
contre nombre de faits qui arrivent
journellement et qui nous sont attestés par des personnes dont la
bonnefoine peut être mise en doute.
Combien de cas ne pourrait-on pas
citer qui ne peuvent êtres niés
que par ceux dont le système
préconçuSiveugle la raison I
Mais ce J^ec^pas ce que j’ai l’intention de faicè. J’observe seule-
3
-l47
ment que le songe, étant tout au
moins un phénomène fort mystérieux dont l’explication n’a encore
été donnée par aucun philosophe ,
il mérite d’attirer notre attention.
Les songes, d’ailleurs, contiennent
souvent des avertissements très
sérieux dont nous ferons bien de
tirer avantage. C’était le cas pour
le songe de la femme du gouverneur Ponce-Pilate relativement à
Jésus; c’est le cas pour celui que
je vais rapporter et pour bien
d’autres que je pourrais rapporter
encore , si je ne craignais de
passer, aux yeux de quelques-uns,
pour un esprit superstitieux et
crédule, ce que, grâces à Dieu,
je ne suis pas.
Le piège le plus fréquent que
le chrétien rencontre sur sa route,
c’est d’être exposé, dans tout ce
qu’il fait pour le service de Dieu,
à se rechercher lui-même, a faire
une large part à son moi. Son
égoïsme se glisse partout comme
un serpent venimeux pour empoisonner toute son activité.
C’est ainsi qu’en paraissant n’avoir en vue que Dieu, le chrétien
associe sa propre personne au but
de ses actions, tellement qu’elle
en devient souvent le but principal,
le centre même. Ce danger est
toujours présent; il exige une lutte
continuelle, et il ne faut rien moins
que la force qui vient d’En-Haut
pour reporter la victoire et donner'
à Dieu seul toute la place.
S’agit-il d’une collecte pour une
œuvre de bienfaisance, pour faire
annoncer la Bonne Nouvelle à ceux
qui ne la connaissent pas encore?
Invitez les gens à mettre privémeût
leurs offrandes dans une caissette
à cela destinée; ce sera le moyen
d’obtenir le moins possible. Faites
circuler les diacres de banc en
banc dans toute l’assemblée pour
demander à chacun son obole,
vous obtiendrez quelque chose de
plus. Ouvrez une souscription et
annoncez que les noms des donateurs ainsi que leurs offrandes
seront publiés, vous obtiendrez
alors le plus possible. Pourquoi
cela? C’est que daus le premier
cas Dieu seul était témoin; dans
le second, un homme voyait, et
dans le troisième plusieurs peuvent
constater la libéralité dont on aura
fait preuve. Il y en a sûrement ,
je le sais, qui ne tiennent à voir
leurs dons consignés par un rapport, que pour s’assurer de l’ordre et de la fidélité des administrateurs; mais ce n’est pas le
plus grand nombre.
Le piège de la recherche de nous
mômes nous poursuit dans les petites choses comme dans les grandes; il se trouve caché partout:
Chante-t-on les louanges de Dieu?
on se préoccupe souvent davantage
de l’effet produit sur les autres
par sa propre voix que des paroles que l’on prononce. Donnet-on une explication, présentet-on une réflexion, une exhortation? On se préoccupe de faire
sentir la perspicacité de son esprit
plus, peut-être, que d’exercer une
action salutaire sur les âmes. —
Prononce-t-on un discours de longue haleine? Ah I quel rôle important le moi se préoccupe d’y jouerl
dit qu’un jour un auditeur de
Massillonlui ayant fait compliment
4
-148
sur la beauté du discours qu’il
venait de prononcer, le célèbre
prédicateur lui répondit: vous ne
me dites là rien que le diable ne
m’eût déjà dit plus éloquemment
que vous.
Oui, le serviteur de Dieu tout
spécialement est exposé au danger
de se rechercher lui-même là où
Dieu seul et le salut des âmes devraient être l’objet de ses préoccupations.
Ecrit-il un article de journal pour
l’édification des lecteurs, écrit-il
un cantique, une pièce en vers
dans le môme but, parle-t-il dans
une assemblée? Sa personne, son
moi y veut avoir sa large place ;
sa gloire veut au moins s’associer
à la gloire de Dieu si ce n’est s’y
substituer.
Voilà la cause qui trop souvent
paralyse l’œuvre en apparence la
plus dévouée, qui stérilise les plus
grands efforts, qui empoisonne
l’aliment spirituel ainsi distribué,
qui empêche la bénédiction de
Dieu et, surtout, qui attire la malédiction de Dieu sur le malheureux qui a conservé dans son àme
un pareil interdit.
Il y a une quinzaine d’années
qu’étant dans une ville d’Angleterre
j'entendis le récit suivant de la
bouche d’une personne bien informée et qui, si ma mémoire ne
me trompe pas, connaissait personnellement les hommes en question ; Un pasteur, ayant l'habitude,
pendant la belle saison, d’aller se
recueillir dans son jardin et s’y
préparer pour le service de l’après-midi , se trouva un dimanche,
contre son habitude, accablé d’un
pesant sommeil auquel il ne put
résister; il s'endormit la tête appuyée sur la table~de pierre à
côté de sa Bible, et il se mit à
rêver. Dans son rêve il voyait se
présenter à lui son collègue le pasteur de l’église la plus voisine, lui
disant d’une voix mystérieuse :
«Je suis mort, je viens de mourir ». — Que mes dites-vous, lui
réponditile reveux stupéfait, vous
êtes mort? mais du moins vous
êtes bienheureux. — « Vous vous
trompez », répondit le mort «je
suis au contraire rejeté de Dieu
et extrêmement malheureux ». —
Comment vous malheureux, vous
que tous considéraient comme leur
modèle! Combien je suis bouleversé par ce que vous me dites I
Mais qu’elle est donc la cause de
votre rejection et de votre malheur? — Cette cause n’est point
celle que l’on pourrait supposer :
J’ai été actif dans mon ministère;
j’ai beaucoup travaillé; j’ai été fidèle administrateur de tous les
intérêts qui ont passé par mes
mains; j’ai prêché avec soin la
vérité, la pure vérité; mais mon
malheur, ah mon malheur! c’est
qu’en ayant eu l’air de ne prêcher
que Jésus-Christ, je me suis prêché moi-même, toujours et partout moi même; voilà pourquoi
je suis rejeté et'malheureux ».^
L’émotion était trop forte, le
pasteur se réveilla en sursaut et
s’efforça de secouer l’horrible impression qui lui restait en se pré-'
parant pour le culte qui allait
avoir lieu; il partit bientôt après
,pour se rendre au temple situé-à
un^ certaine distance de sa de*
5
-149
meure. L’effrayante scène le poursuivait malgré lui , lorsqu’à sa
grande stupéfaction la première
personne qu’il rencontra lui-dit :
« Eh 1 savez-vous? Monsieur X est
mort; il a expiré il y a environ
une heure ». Le pasteur, tirant sa
montre, vit que c’était an moment
même où ce Monsieur X lui faisait
en rêve sa redoutable apparition.
J. D. C.
PROGRAMME rfe/«r<^/brmecai/iO%î/e,
d’après la dernière conférence du
père Hyacinthe.
Nous voulons, a dit le père Hyacinthe,
donner le programme des catholiques libéraux non pour l'imposer, mais pour le
discuter, et comme le demandait le professeur Muozinger, dont la mort récente
est un deuil pour toute la Suisse libérale,
nous nous efforcerons d’unir à l’énergie
de la volonté la prudence et la modération.
Le point de départ du mouvement ’catholique , c’est le 18 juillet 1870, ou fut
proclamée la définition de l’infaillibilité
et de la domination universelle du pape,
jour néfaste qui souleva toutes les cousciences éclairées.
Eu face d’un tel fait, il y avait deux
partis à prendre: ou bien se désintéresser
des questions religieuses pour tomber dans
l’individualisme et la libre-pensée, ce qui
eût été marcher à une défaite certaine,
car comment combattre avec l’armée de
la poussière contre une armée fortement
organisée? Ou bien il fallait s’entendre'
pour opposer un plan de défense. Mais lequel ? Il y en a trois :
r Loplan théiste, c’est-à-dire celui de la
religion naturelle, qui garde la croyance
en un üieu unique, la foi en la conscience
morale et en une vie future indéflnie. Ce
ne serait pas une œifvre originale, elle a
été tentée inutilement en France et en
Allemagne; elle ne peut s’organiser sous
la forme catholique, parce qu’elle mauqueraiUalors de siacôrité et de logique.,,
Le théisme est une grande philosophie ,
mais pas une religion : son Dieu est un
Dieu abstrait, sans entrailles, éloigné de
l’homme, ce n’est pas le Père céleste qui
prend soin de tout, ce n’est pas le Dieu
de la conscience et du cœur. Si je voulais
organiser le théisme, j’irais au mahométisme ou plutôt au judaismo pour adorer
le Dieu des anciens patriarches qui a dit:
«Je suis Celui qui suis ! ».
2“ Le plan proteslanl. Il a toutes mes
sympathies, car il s’appuie sur l’Evangile.
Le protestantisme a mis en relief la grande
vérité chrétienne de la communication directe (le l’âme avec Dieu ; sur le trépied
sacré de la Bible, du Christ et de la conscience, il a rallumé la flamme qui doit
éclairer le monde ; mais il n’a pas assez
tenu compte de l’Eglise et de la permanence du Saiut-Esprit dans l’Eglise , qui
nous a transmis la Bible comme la parole
(le Dieu, .4yant un corps et une âme, j’ai
besoin d’une religion concrète. Il me faut
le réseau magoilique des sacrements embrassant toute la vie, il me faut une hiérarchie historique et solide, à travers laquelle je puisse , malgré les vices et les
crimes de ceux qui en ont fait partie,
remonter d’auneau en anneau jusqu’à l’origine de l’épiscopat, c’est-à-dire jusqu’à
Celui qui a dit: «Je vous envoie comme
mon Père m’a envoyé !» Il me faut des
symboles de ma foi, et j’aime à voir ces
grands docteurs, ces grands conciles œcuméniques qui l’ont formulée.
3” Le plan d’une réforme catholique. Si
nous ne voulons ni du théisme , ni du
protestantisme, gardons le catholicisme
avec l’ensemble des sacrements, avec la
hiérarchie, depuis le diacre jusqu’à l’évêque et au primat qui est à Rome, mais
pourrait être ailleurs. C’est ce qu’a fait
l’Eglise orientale qui, malgré sa (iécrépitude, a conservé les mêmes .symboles, la
même hiérarchie , les mêmes formes visibles que l’Eglise catholique. Le christianisme est la liqueur ou le parfum renferm é
dans un vase; si vous brisez le vase, quelque élpoit et fragile qu’il soit, la liqueur
ou le parfum se perdra. Sans doute, je
ne crois pas que toutes les formes de
4’Eglise aient été données par Jésus-Christ,
les hommes y ont eu une large part ; le
6
-150
Matlre a posé íes principes, donné les
principaux sacrements, établi l’unité de la
foi et de l’amour, mais il a laissé à l’Eglise, pour Être catholique, le droit de se
constituer. Donc, pour faire une œuvre
de réforme sincère et logique, il faut faire
une œuvre vraiment catholique.
La condition nécessaire de cette catholicité , c’est de ne pas se séparer de la
société catholique ; il faut rester dans la
maison pour la nettoyer, la restaurer, la
pacifier. Cela n’est pas facile, quand on
vous chasse en vous excommuniant; mais
toute excommunication injuste est par cela
même invalidée. On peut être frappé d’excommunication sans cesser d’être catholique, si l’on garde la foi catholique; c’est
ce qui est arrivé à certains cantons de la
Suisse pour avoir voulu conserves l’électiou de leurs pasteurs ; c’est ce qui est
arrivé à la vieille Eglise de Hollande; c’est
ce que savait aussi l’Eglise gallicane, reniée maintenant par les prétendus continuateurs de la tradilion en France, qui
sont les plus funestes des révolutionnaires,
car ils livrent leur pays à l'incrédulité et
à l’ultramontanisme.
[Extrait de la Semaine religieuse de GenèceJ.
Nous extrayons d'une brochure de M.
H. Germond le passage suivant;
SUR LES HOPITAUX
L’utilité, que dis-je? la nécessité des Hôpitaux est universellement admise, non
toutefois sans contestation. Le père des
doctrinaires, l’illustre Montesquieu, et M.
de Rémusat, qui n’eu restera pas le dernier, s’accordent pour blâmer le système
des hôpitaux; il engendre la misère, il
relâche les liens de famille. En termes
spécieux, ces brillants écrivains critiquent
une des plus saintes gloires de la civilisation moderne, et la critiquent injustement. — La civilisation antique ne connaissait pas les hôpitaux; je ne sache
pas que pour cela la plaie du paupérisme
fût moins large à Rome, ni les liens de
la famille plus respectés à Antioche. D’ailleurs, ses reproches ont le tort capital de
ne pas remouler assez, hau,t et 4e:ae pas
s’adresser à la charité elle-même. Il est
certain que si je suis assuré de périr,
délaissé sur une borne en cas de maladie,
cette perspective pourri devenir un aiguillon de prévoyance; il est positif que
si la mère voit, à n’en pas douter, que
personne n’interviendra dans les soins que
réclame son enfant inûrme, elle redoublera d’efforts.... à moins qu’elle ne fasse
autre chose... ce qui se pratiquait ouvertement dans un temps que je laisse aux
poètes la fantaSie de regretter, ün jour un
voyageur trouva sur son chemin un homme blessé et à demi-mort. Il banda ses
plaies du mieux qu’il sut, le mieux qu’il
put; puis il le transporta à la prochaine
hôtellerie, et, tirant un denier, il le donna
à l’hôte en disant: Fais le nécessaire; aie
soin de lui, et ce que lu dépenseras de
plus, je te le rendrai à mon retour. Ce
jour-là fut inauguré le premier, hôpital.
Supprimons les hôpitaux, sî l’on veut,
mais commençons par supprimer la charité. Ayons le triste courage de blâmer le
bon Samaritain. Et qui sait s’il ne fut pas
blâmé par les discoureurs de Jérusalem?
L’asile offert à la souffrance a donné lieu
à de dombreux abus; mais que ceux qui
coücluent de l’abus contre l’usage n’oublient pas que le père des abus c’est l'abus
des déductions (et des conséquences forcées). Grief contre les hôpitaux, trop peu
nombreux et trop grands. Avantages relatifs des grands et des petits hôpitaux,
désavantages de leur éloignement,
^Ixrontque Slaubota^
C’e.st accidentellement que nous avons
appris que les délégués pour l'émigration
en Italie devaient donner leur rapport à
S.te Marguerite, dimanche dernier à 1 li2
heure. Soit malentendu, soit confusion, il
y a eu bien peu de personnes présentes,
et surtout bien peu de colons.
M. Rollier, l’un des délégué.s, en son nom
et au nom do M. Jacques Pellegrin, rappelle que le but essentiel de leur mission
était de voir quelleis* conditions seraient
offertes aux colons vaudois près de Brindes
dans la propriété do M. Ferreri. Cotte pro-'
priété, dit-il, comprend un vaste terrain,
de 4009 journaux environ,, c'est une vaste
jplaii^, un peu élevée i peu de terre eut
7
-161.
beauconp d’endroils, et mime des rochers
à fleur de ferre. On peut y semer et y récolter du blé, du lin, de l’ôrge, de l’avoine
et des fèves; plus tard on pourrait y eoltiver la vigne et les oliviers. — Ce terrain,
tel quel, n’aiirait pas été é dédaigner,
puisque le blé y rend en moyenne seize
pour un. — Du reste point dé bois, mais
le pays est chaud, le bois h brfller e.st
peu nécessaire. Mais il ne convient pas
d’aller occuper les terres de M. Ferreri
aus conditions définitives qu’il a posées,
puisque ces ferres reviennent à francs
mille environ le journal, les meilleures du
moins; et i(ue les mauvaises, quoique
moins chères, sont plus chères encore.
Les délégués ont cherché ailleurs. L’intendant des finances de Rrindisi les a encouragés et s’est offert à leur faciliter leur
tâche, autant qu’il était en son pouvoir.
Ils ont visité et parcouru une forêt dans
la province de Bari à 4 heures de Barletfa
et è une égale distance de Foggia. Celte
forêt se trouve près de Minervino et est
traversée par une route consulaire; elle
contient 33.000 chênes grands eâ petits ,
pouvant valoir en moyenne 10 fra'ncs l’un.
Ou avait offert pour cette forêt 228.000
francs et elle devait être mise à l’enchère
pour le 30 avril dernier. Tout autour de
la forêt se trouvent environ 3300 journaux
de terres cultivées déjà , ou cultivables
qui seront aussi mis eu vente, et que l’on
pourra avoir, si ou est maître de la forêt,
à des prix très modérés, a environ .30 1rs.
le journal. C’est un pays sain, relativement
frais, s’élevant en coliine pour une partie,
et par conséquent propre à la culture de
la vigne. — Jusqu’ici la délégation ; les
appréciations qui suivent nous appartiennent. Il s’agissait, pour les délégués, de
trouver les moyens pécuniaires, ils se sont
rendus pour cela à Naples, d’abord, où M.
Ruscadet les a encouragés et recommandés, ensuite à Rome, puis à Livourne où le
D' Stewart a pris à cœur leur cause, l’a
recommandée , et leur a procuré ensuite
une lettre pour un banquier de Londres.
Mais si ces amis raisonnaient avec le coeur,
les gens d’affaires raisonnent avec la tête,
quoique souvent aussi avec le cœur; c’est
sans doute le cas selon nous, de cet honorable banquier de Londres, qui s’est
montré disposé à donner le cas échéant
50.000 frs. pour l’Eglise Vaudoise et en
faveur de cette œuvre de colonisation,
mais qui n’a ni le temps ni l’opportunité
de se lancer dans une affaire qu’il ne
connaît pas et qui ne rentre pas dans la
sphère de ses opérations. Nous comprenons cela; nous l’avions même prévu, car
il n’est pas nécessaire d’étre sans cœur
et sans patriotisme pour savoir qu’on ne
peut prendre la lune avec les dents et
pour enti;evoir un peu ia marche de ce$t
sortes d’affaires. Aussi le banouier de Londres. après avoir bien examine la question,
a-t-il dû déclarer qu’il ne pouvait pas s’en
occuper , mais qu’il maintenait son offre
de concours pour la colonie vaudoise en
Italie. — L’entreprise a ainsi échoué, faute
d’argent. Aussi sommes-nous d’avis avec
la délégation qu’il est inutile d’aller visiter
des terrains si auparavant on n’a réussi
à former une société d’actionnaires ou de
capitalistes, qui puisse en faire l’acquisition. C’est ce (|ue nous avons toujours
dit, à moins (|ue quelque acfpiéreiir de
terrains ne fasse des conditions acceptables,
un peu meilleures que celles de M. Ferreri.
Nous désirons la fondation d’une colonie
vaudoise en Italie, mais il faut, pour que
la chose puisse être réalisée . (|ue nous
formions ici une société d’actionnaires, à
laquelle se joindront bientôt plusieurs de
nos amis étrangers; il faut pour l’Italie
plus encore que pour l’Amérique <|ue l’on
choisisse des colons bons travailleurs, de
vrais laboureurs sur l’activité et la moralité desquels ou puisse compter. — Il est ,
inutile de venir parler à nos gens de projets
peu ou mal môris; on ne fait par là qu’entretenir une agitation factice, que donner
des espérances vaines et t|ue travailler
pour M. Pendleton, et, ce (jui n'est pas
moins mauvais, (|u’entrelenir une attente
oisive. Cha(|ue projet manqué dans une
telle affaire et dans les circonstances actuelles est une grave erreur, et avec les
meilleures intentions, on fait le malheur
de plusieurs familles dont on voulait faire
le bonheur.
Après l’exposition do M. Rollier le colon
Beux a remercié les délégués au nom des
colons. M. Chambeaud a approuvé et s’est
réjoui de l’expression de tels sentiments
de reconnaissance; il exhorte les colons
à la patience et propose la nomination
par les colons eux-mêmes d’une commission de colonisation. Le colon Beux approuve à son tour et désigne les membres
de cette commission au nom des coloris
présents et absents, ce sont MM. Arnoulet
syndic, B. Malan de Saint Jean, Rollier,
professeur, J. Pellegrin, Voile Henri et
Jules Parise. — M. Chambeaud en prend
note. Nous avons ainsi deux commissions:
celle du Synode et celle des colons. Nous
les donnerions toutes les deux pour une
bonne société d’actionnaires
Nous publions ce qui suit, sans en assumer la responsabilité; il y a dans cette
proposition du bon, mais nous doutons
de son opportunité, à cause de l’éloignement des Airals-Rlancs et de l’inutilité des
bâtiments actuels pour üne Ecole Normale;
Uii© proposition. — On sait
quel esl, chez nous, le sort de U plupart
8
-152
des propositions et des observations qui
peu vent-être présentées dans les.journaux :
On laisse tout dire, on lit ou l’on ne lit
pas; on se garde en tout cas de rien répondre; mais l’on n’en tient pas plus
compte que si jamais elles n’avaient été
faites. Cependant toutes n’ont pas eu un
si malheureux sort. Quelques unes ont
été accueillies et mises en pratique. f2spérons que celle-ci aura le sort de ces
dernières.
En voyant délimiter les différents lots
de la ferme de l’Hôpital , j’en ai conclu
que la mise en vente serait prochaine, et
il m’est revenu à la mémoire une observation que me faisait, il y a i^uel((ties mois,
un professeur et qui me paraît être des
plus judicieuses.
La maison qui abrite encore l’Ecole supérieure des jeunes tilles en allendant
qu’un local plus convenable puisse lui
donner asile, cette maison sera-t-elle plus
convenable pour y loger l’Ecole N,ormale
qu’elle ne l’est pour l’Ecole supérieure?
Si l’on y pense un instant il faut répondre;
non.
Les personnes qui enseignent dans cette
école savent combien l’on y est dérangé
par le bruit de la rue et des auberges
voisines, bruit qui sera plus insupportable
encore lorsque par le redressement de la
route l'espace qui se trouve aciuellement
entre la maison et la rue, aura presqu’entièrement disparu. Il y a d’autres circonstances qui rendent cette maison impropre
pour un établissement comme l’Ecole Normale; nous les indiquerons une autre fois
si l’on nous les demande. Elle serait en
revanche très adaptée pour divers établissements d’un autre genre et l’on assure
que mise en vente les acquéreurs ne
manqueraient pas. Que cette maison soit
donc vendue et que le prix en soit de■stiné à concourir à l’achat de la maisou
des Ayrals-Hlaucs qui forme un lot de la
ferme de l’hôpitat et qui avec les séparations indispensables , serait le local le
plus propice pour y loger l’Ecole Normale.
dtrontque |>oitttque.
Italie. — La Chambre des députés
a poursuivi la discussion générale de la
loi des corporations religieuses. De nombreux discours ont été déjà prononcés,mais
nous sommes encore loin des quarante
qu’on nous promet. L’opposition reproche
au projet minisiériel, même amendé par
la Commission, d’êire basé sur le vain et
dangereux espoir d’une rapprochement
avec la papauté, de vouloir concilier deux
choses inconciliables; le jésuitisme et leS'
libertés civiles et politiques. Les partisans
du projet, écartant tout soupçon de pression étrangère, considèrent la loi actuelle
•comme l’expression d’un pas en avant;
et disent qu’elle est du reste en harmonie
avec la loi des garanties accordées à la
papauté. — On ne saurait prédire le sort
de ce projet.
Un meeting, à la tête duquel se trouvait
le duc de Sermoneta et quelques autres
députés, dévait avoir lieu à Rome contra
le projet ministériel et en faveur de l’entière abolition de toutes les corporations.
Le ministère, l’ayant défendu, il s’en est
suivi une démonstration tumultueuse; de
nombreuses bandes se rendaient au Quirinal pour faire entendre au roi des paroles de désapprobation et contre le projet
de loi et contre le ministère. Ces bandes
se sont rencontrées avec la force armée;
il s’en est suivi des blessures, dont une
très grave, à ce qu’il paraît. — Nous ne
saurions approuver les assemblées de
peuple, même du peuple de la capitale,
destinées à forcer la main des représentants légaux de tout le peuple italien. —
Si Rome veut imiter Paris, c’en est fait
de nos institutions constitutionnelles.
Le pape est, assure-t-on, bien malade.
Les nouvelles de sa mort ont couru; elles
étaient prématurées, mais il paraît que
les membres inférieurs commencent à
être paralysés. — Il a encore reçu dernièrement une députation française, et
s’est trouvé plus mal, en suite de l’effort
qu’il a fait à cette occasion.
France. — Les élections partielles
sont radicales, excepté une qui est bonapartiste. — Les péleriuages recommencent avec une ardeur nouvelle.
Bspajçne. — Les élections générales
pour les Cortès constituantes ont eu lieu;
la très grande majorité des nouveaux élus
appartiennent au parti républicain'fédératif.
Allemagne. — L’Empereur, de retour de Saint Pétersbourg, se dispose à
se rendre à Vienne où il sera précédé par
l’Empereur de Russie.
Aiirionoe
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LA BIBLE, traduction de Lausanne, Fr. 6
LE NOUVEAU TESTAMENT id. » 1
E. Malan Directeur-Gérant.
Pignerol, Impr. Chiantoie.