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Année Sixième.
5 Mars 1880
N. 10
LE TÉMOIN
ECHO DES VALLEES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Vous »n« serez témoins. Actkh !, 8. Suivant la vérité avec la charité. Kp. 1, 15,
PRIXD’ABBONNEMENTPARAnI s »bonne: T O Pour l'Intérieur cïie^ MM. les ‘ ^ pasteurs et les libraires de Tous les paya üe l'Uuiuti Torre Pellice. de poste . . . / ^ S 1 pour l’JtiïtieriewrauBureaucl’Ad-j Amérique . . ' ^ mînislvation. j \ Un ou plusieurs numéros sépa- i rés, demandés avant le ti- } rage 10 cent, chacun. , Annonces : 25 centimes parllgne. | Les envois d'argent se font par 1 lettre recommandée ou par ^ mandais sur le Bureau de Pe- ' rosa Argentina. |
Pour lu REDACTION adresser ainsi: A la Direction du Témoin , Pomaretto (Piiierolo) Italie. Pour l'ADIpNlSTRATION adresser ainsi : AT Administration du Témoin, Pomarelio i Pinerolo) Italie.]
L Sommaire.
Le Synode vaudois do 1839. — Correspondance. — La version Second. — Nouvelles religieuses et faits divers. -— Revue
politique.
îW,
LS SYNODS umm DS \m
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Ce qai prouve’:que la préoccupation. prifioipaOe du Synode était
en effet - d'’assarer à l’Kglise un
ministère à. tous égards bien préparé , c’est d’abord l’art. .13 de
sesi Actes, puis aussi et tout spécialement l’art. 4 de la Discipline.
L'art.' '13 des Actes porte ce qui
suit: «iPour exercer une surveillanoe plus active et plus efficace sur les jeunes vaudois qui
étudient à l’étranger pour le St.
Ministère , la Table est charge'e
de prendre au nom du Synode les
mesures •qu’elle croira les plus
prudentes et les mieux concertées
avec les corps enseignants sous
la direction desquels il y a des
étudiants vaudois». Avec la meilleure volonté du monde, cette recommandation à la Table serait
demeurée impuissante , si le Synode n’avait pas voté l’art. 4 de
la Discipline ainsi conçu : L'Eglise
Vaudoise consacre elle-même ses
mini.sires. Nous revenions ainsi à
la pratique suivie par les yaudois pendant plusieurs siècles.
Il était en outre statué que les
candidats, demandant à recevoir la
oonsécration , devraient présenter
à la Table des certificats des Académies , Universités ou Écoles ,
où ils ont étudié, constatant leurs
bonnes moeurs et qu’fis/bnt les
connaissances requises /par ces
Écoles, Académies etifniversités
pour y recevoir l’imposition des
mains — Restait encore une condition importante à remplir ; « le
récipiendaire devrait s’engager par
écrit à ne prêcher ’et enseiginel*
que conformément aux doctrines
exprimées dans la confession de
foi de l'Eglise Evangélique Vaudoise ». C’était là de précieuses
garanties auxquelles fut ajouté
plus tard, l’examen de foi et de
convictions religieuses à subir devant le Corps des pasteurs. L'Egalise Vaudoise se retrouve enfin
k
2
-14.
en possession régulière de toute
sa liberté, et elle ne pourra s’en
prendre qu’à elle-même si elle ne
sait pas sauvegarder dans son
sein la , saine doctrine et la discipline scripturaire.
Nous n’entrerons pas dans le
détail de toutes les modifications
que la Discipline de 1839 a apportées à celle de 1833, d’autant
plus que, cette fois encore, on ne
pensait pas avoir fait une œuvre
définitive. Aussi les Synodes suivants, de 1844 et de 1847 la corrigèrent-ils sur beaucoup de points,
tandisque celui de 1851 31 )
décida de nommer une Commission de cinq membres pour préparer un projet de discipline , à
soumettre par la Table aux paroisses six mois avant l’ouverture
du prochain Synode. Nous voulons cependant, en terminant, en
mentionner deux qui témoignent
de la sollicitude pour les paroisses
et d’un plus grand souci des besoins religieux à satisfaire.
Le Synode de 1833 (art. 4 de
la discipline) avait divisé en trois
classes îles quinze paroisses des
vallées , assignant les deux de
Massel et^’^odoret, de fondation
très récente , à la 3“®, celles de
Praly et Maneille à la seconde
et les onze autres à la'P®. Le Synode de 1839 réduisit les classes
à deux, en plaçant Praly, Rodoret
et Massel dans la 2® et faisant
passer Maneille dans la 1®.
Sous l’empire de la Discipline
de 1833 l’office de pasteur était
presque une sinécure ; qu’on en
juge par ce programme de ses
fonctions obligatoires ; « Chaque
pasteur est tenu de faire une prédication le dimanche, un service
sur semaine de Pâques à tout
Juillet, un catéchisme public et
un catéchisme particulier de Noèi
à Pâques, un examen dans chaque
quartier en automne, la visite des
écoles, l’oraison funèbre des principaux chefs de famille, lorsqu’il
y est invité au moins douze heures
à l’avance , et qu’il n’en est pas
empêché par d’autres fonctions
plus importantes , les visites des
malades et en général les fonctions qui sont du devoir des pasteurs.
Le Synode de 1839 iijouta un
catéchisme public au service du
dimanche après-midi et robligatiou
au pasteur de faire lui-même les
services funèbres dans le cimetière,
ou les cimetières de la paroisse,
en lisant ou récitant un formulaire qui serait préparé à cet efFet.
— Ce qui avait motivé cette dernière prescription, c’était la coutume anti-chrétienne et souvent ridicule de raconter aux vivants les
faits et gestes du défunt, énumérant ses titres et ses vertus , —
accompagnant ce panégyrique de
quelques fades recommandations
à bien vivre pour bien mourir.
Désormais il y aurait pour les
vivants des instructions et des
exhortations tirées de la parole
de Dieu et non de l’exemple de
mort. Un peu plus tard cependant
il la été décidé que la lecture du
formulaire serait facultative aux
pasteurs et obligatoire aux régents.
Cette faculté laissée aux pasteurs
les induit, sans qu’il s’en doutent
et sans qu’ils le veuillent, à
faire des distinctions souvent peu
justifiées, ou bien elle les expose
à d’amères critiques lorsqu’ils ne
font pas ces distinctions.
3
.75
Í?r(irres:ponbanee
.. .. P'üvrier 18H0.
Cher el honoré Monsieur,'
J’élais très sûr, qu’avec un peu de
palience, vous finiriez par obienir ce
que vous demandez depuis si longlemps eL que je vous ai tant souhailé,
savoir quelques correspondants. Vous
en avez déjà deux ou trois qui , à ce
qu’il me semble, auront moins de
peine que moi à dire clairement ce
qu’ils veulent. Si Praruslin et Bobi
commencent, je ne comprendrais pas
que sept à huit autres paroisses s’obstinassent il se taire.
Si moi-même de qui depuis si
longtemps vous n’aves plus rien reçu,
je me décide à vous écrire aujourd’hui,
c’est seulement pour faire part d’une
observation que j’ai faite en lisant dans
le dernier numéro du Témoin votie
petite correspondance datée de Maneille
et que vous publiez sous le titre de
Chronique Vaudoise. Est-ce voti'e correspondant qui écrit les paroles de la
fin, ou bien vous qui les ajoutez?
Quel dommage qu’il n’y ail pas un
plus grande nombre de jeunes gens que
l’on ptll envoyer un peu partout au
secours des pasteurs ou des paroisses!
Vous serez peut-être un peti surpris,
si je vous confesse que je ne suis pas
tout à fait de cet avis; el, pour que
ni les pasteurs ni les paroisses ne se
scandalisent de mon dire, je m’explique.
Ce n’est certainement pas moi qui
nierai que dans certains cas, des pasteurs ou des paroisses n’aient besoin,
que quelqu’un vienne à leur aide.
Je crois aussi que deux ou trois, aumoins de nos paroisses ont une population si considérable el si disséminée
qu’il serait fort à souhaiter qu’elles
lussent partagées, chacune, en deux
paroisses distinctes et indépendantes.
Mais dans la plupart des cas et dans
les trois quarts des paroisses le secours
que l’on souhaite serait un mal plutôt
qu’un bien. Quant au pasteur lui-même,
si ce n’est lorsqu’il est malade ou in
firme, le secours d’un suffraganl risquerait fort de lui être en piège et
de l’encourager à la paresse. Quoique
je n’aie pas votre âge, j’ai déjà vu bien
des choses, dans les quelques paroisses
que je connais surtout; j’ai vu entr’auires ceci, c’est que lorsqu’un homme
a peu à faire, il fait ordinairement
moins encore, tandis que s’il est très
chargé d’occupations, il travaille plus
même qu’il ne s’en serait cru capable.
Vous comprenez que je veux parler
d’un homme consciencieux , qui prend
au sérieux les devoirs de sa vocation.
Autrefois, j’élais bien jeune, mais
pourtant déjà un peu en étal de comprendre, il y avait tel vieux pasteur
qui n'avait chaque dimanche qu’un
sermon à »prêcher; il avait donc tout
le temps de se préparer.] Eh bien ! ce
sermon qui durait de 20 à 25 minutes
était une misérable chose que les paroissiens étaient condamnés à enlenare
plusieurs fois dans le courant de la
même année. Maintenant les pasteurs
de nos paroisses ont chaque dimanche,
deux , trois et môme quatre .services",
j'ai eu l’occasion d’entendre prêcher
plusieurs d’entr’eux el je puis dire que
le plus faible de tous a plus d’évangile
dans sa prédicalion qu’il n’y en avait
autrefois dans les douze ou vingtquatre sermons qui venaient régulièrement à la suite l’un de l’autre.
Je veux donc dire et c’est par là
que je conclus, qu’il faut bien nous
garder de rendre la tâche trop facile
à, nos chers pasteurs, qu’il faut plutôt
les charger ( non pas au delà de leurs
forces ) afin qu’ils fassent pour nous
tout ce dont ils sont capables. C’est
pareeque je les aime que je dis cela.
Votre dévoué frère
Jacques.
La versii)ii Segonii.
Nous n’avons ni le dessein, ni la
prélenfiion de parler aujourd’hui de
tout l’important travail du savant professeur de Genève; c’est uniquement sur
les deux premiers Evangiles que nous
nous sommes, après beaucoup d’hé-
4
.76.
silation, décidé à exprimer noire opinion. Peut-êlre aurons nous plus tard
l’occasion de parler du reste du Nouveau Testament, et le loisir d’éludter
l’Ancien avec tout le soin qu’il réclame,
ce que nous n’avons pu faire jusqu’ici
d’une manière générale, nous pouvons
cependant reconnaître, dès maintenant,
que la version de l’Ancien Testament
laite par M. le prof. Segond, est pour
la fidélilé à l’original hébreu , un très
notable progrès, sur toutes celles de
langue française dont on s’est servi
jusqu’ici.
Quant au Nouveau Testament, et à
la petite partie à laquelle se bornent
aujourd’bui nos observations , nous
déclarons humblement ne pouvoir en
aucune manière nous unir à beaucoup
d’hommes infiniment plus compétents
que .nous, dans leur impatience de
voir celle version introduite partout
et prenant la place d’Oslervvald et
Martin. Nous avons une raison que
nous appellerons de sentiment; c’est
Osterwald ou Martin que les cliréliens
ont lu jusqu’ici et au u\oyen desquels
ils se sont instruits et nourris des vérités du salut. Ce sont ces versions
que citent tous les ouvrages d’édification publiés en jangue française depuis
iSO a 200 ans, suiloul dans notre
siècle, et ce n'est pas une ciiose de
peu d’importance que de jeter le trouble
dans des milliers d’intelligences peu
développées, en changeant brusquement les termes clans lesquels elles
ont compris et retenue la vérité.
Nous avons ensuite une considération
très sérieuse de justice et d’équité. Il
n’est pas vrai que les traductions de
Osterwald et de Martin soient si imparfaites et ' si fautives. A part les
quelques passages dans les quels nos
anciens Iruducteurs n’ont pas eu à leur
portée le texte grec des meilleurs manuscrits pour coiriger le lexlo. reçu,
et ces passage.s ne sont pas noriibrcux,
nous voudrions bien qu’on voulût nou.«
donner un jour la li.sle des passages
dont le sens a été dénaturé par eux.
A l’objection que l’oii fait volontiers
sur tout en France, cela se comprend
que la Bible doit être présentée aux
nommes d’une certaine culture dans
\me langue qui ne blesse pas leur
goût délicat, nous opposons la crainte,
beaucoup plus fondée qu’on ne le croit,
que dans celte langue moderne on ne
soit tenté de renfermer nn Evangile
moderne ans.si.
Une troisième considération qui nous
fait donner la préférence à nos anciennes versions, déjà|considérablemenl
améliorées et que i’on peut aisément
améliorer encore, est la suivante. La
Bible est par excellence le livré du
peuple et non pas des savants et des
sages ; or le .style de nos anciennes
versions est populaire à un plus haut
degré que ceint de Segond, Oltramarc
et Perrot Gentil. Nous avons été plus
d’une fois désagréablement frappé de
voir la plupart des conjonctions systématiquement retranchées presqn’aiitant que dans la version d’OIlramare.
Or nous mettons au défi M. Segond cl
tous ses admirateurs de faire' apprendre
et réciter à un enfant ou à un homme
du peuple, les trois versets suivants,
sans qu’ils y ajoiilenl trois ou quatre
conjonctions (ÀIatth. xiii, 13). • Ce
même jour Jésus sortit de la maison
et s’assit au bord de la mer. Une
grande foule s’étaru assemblée aiipi'ès
de lui, il monta sur une Itarque, et
s’assit. Toute kf foule se tenait .sur le
rivage. 11 leur parla en parabole sur
beaucoup de choses, et il dit ». —
Ce style saccadé ne sera jamais populaire.
Nous avons noté un bon nombre de
cbangemenls dont quelques uns ne sont
ni heureux, ni justifiés, tandis que
d’autres nous paraissent mauvais. A
quoi bon remplacer le mot si connu
déjà de péager par celui de publicain
qu’il faut expliquer et qui ne rend pas
l'idée du texte? Le péager faisait essenlielletnent payer le péage, ou droit
de passage. Le mol de prêtre adopté
à la place de sacrificateur sonne aussi
mal que possible à l’oreille des protestants et nous douions que jamais ils
s’accoutument à 1e prendre dans le sens
que les versions modernes cherclienl
à lui donner. On n’explique absolument
rien en remplaçant le mol ew/ér ( lieux
bas ) par l'expression dé séjour des
morts qu’il faut expliquer aussi.
5
-•77
Menacer au lien de lànccr, directeur
auüeudetiocienr, sous mon nom au lien
de en mon nom, les branohés deviem
netU tendres an tien de sont déjà en
sève; livrer au lieu de trahir, vous
succomberez an lieu de vous serez scfflndalisés ; vêtements de nuit au lieu de
linceuls (Marc xiv. 51), etc., toutes
ces corrections et beaucoup d’autres
encore ne nous paraissent ni nécessaires ni utiles. — Mais il nous reste
à examiner quelques passages dans lesquels nous pensons que la coiTeclioii
ou la révision a été mauvaise, et c’est
ce que nous ferons prochainement.
iioiiuellea rciijjteusee
et faits divers.
Nous lisons dans la Semaine Religieuse :
Italie. — l/ex-jésuile Citrci, établi
maintenant à Naples, y mène une existence très retirée et très studieuse; il
a commencé la publication d’un ouvrage sur le Nouveau Testament ; les
deux premiers voJumes donnent le.iexle
latin, des Evangiles et des Actes d’après
iu’ Vulgale , la traduction italienne en
regard, et des notés. Un troisième volume contiendra les lipîtres. L’auteur
vent réveiller la conscience dirélienne,
mais h sa manière, en faisant renaître
les institutions et les idées du MoyenAge. Cependant il lui arrive de défendre une meilleure cause; il déplore
la profonde ignorance qui règne en
Italie au sujet de l'Evangile : les doctrines de la Rédemption ne sont pas
portées en chairo; le' Nouveau Teslament est, de tous les livres, le moins
lu.
Le P. Curci réclame le retour à Christ
et à l’Evangile; et, poui' mieux connaître les écrits sacrés , il consulte les;
travaits de la science proleslaiile, donl,
A renièudre, les catholiques devraient
profiler largement, avec les précautions voulues. Il se sert lui-mèmo des
commentaires de M. Godet et même
dé ceux de M. Reuss.
Suisse. — M. le professe«!’ Godet
de Ncuéhâtel a publié le premier volume de son interprélalion de l'EpUre
de St. Paul aux Romains. Êe'iM qui
prtt l’avantage d’avoir lu ce prenmer
volume souhaiteront ardemment le
second. En attendant ils feront bien
d'étudier la première partie de cet
excellent ouvrage. Les livres de monsieur Godet ne sont pas de ceux qu’on
se lasse de relire et de méditer. —
L’EpUre auùc Romains fait suite à l’interprétation de l’Evangile selon St. Jean
qui en est à sa seconde édition, à
celle de l’Evangile selon St. Luc et
aux études bibliques qui comprennent
deux séries; la premiêré sur l’Ancien
Te.stamenl contient des éludes sur Job,
sur les quatre grands propbèles eic.,
la seconae, dès éludes sur l’origine
de nos quaire évangiles, sur JésusChrist et son œuvre, sur lés quatre
principaux apôtres et soi' rApocalypse.
Par ces nombreux écrits, auxquels
nous espérons qu’il ajoutera ptosienrs
autres, avec l’aide de Dieu, M. Godet
aura rendu un grand service à la science
clirétienne , et à tous ceux, suriotil ,
auxquels la langue’ française est plus
familière que la langue alfemande. Les
ouvrages de M. Godet joignent au mérite de l’érudition , de la science et
de la fidélité, celui d’être écrits dans
un langage pOr et dans un style clair
et élégant. Los vues neuves y abondent
et Ies= applications pratiques sont faciles à tirer. Mais ce sont des ouvrages
de science, qui supposent chez ceux
qui s’en servent un ceilain développement et des éludes préparatoires.
Un théologien qui êst bien digne
aussi de noire reconnaissance c’est
M. Louis Second de Genève, traducteur de la Bible. Nous avons sous les
yeux un exemplaire du Nouveau Testament publié à Genève. M. Second
conserve la division ordinaire en chapitres et en versets, mais il inlrodüii
en même temps la division ôn paragrapliés, d’après le contenu qu’il indique en tête de chacun d’eux. Celte
seconde l’épariiiion nous paraît bonne
et toul-à-fail propre A faciliter aux
lecteurs rintelligeiicc des livres saints»
6
.78.
^■WwVirvV'w^vV.v^b'v*wi
fôcüuc pUttque
, Miatie. — Le roi a reçu les dépulalions du Sénat et de la Chambre
des députés, chargées de lui présenter
les réponses au discours de la Couronne. Sa !V|ajesté a exprimé l’espoir
3ne les deux Chambres marcheront
’accord et qu’ainsi la loi de l’abolilion de l’impôt sur la moulure et la
loi électorale pourront être menées à
bonne fin.
Les deux Chambres ont accordé au
ministère pour la troisième fois l’aurisation de percevoir les impôts, les
budgets n’ayant pas encore pu être
enlièremeni discutés et approuvés. Une
sous-commission a été nommée pour
soume.llre à une sérieuse étude le budget de l’entrée.
Le lieutenant Bove, qui a pris part
à l’expédition suédoise dans les régions polaires, est le héros du jour.
A Rome et surtout à Naples il a été.
l’objet des ovations les plus enthousiastes de la part de la jeunesse scolaire.
Le tunnel du Golhard est achevé.
Dès samedi les ouvriers qui travaillaient du côté d’Airolo se sont rencontrés avec ceux de Göschenen. Mais
ce n’est que lundi, premier mars,
que les derniers obstacles ont été emportés. Ainsi en 7 ans et demi cette
œuvre gigantesque a été accomplie ,
pendant que le percement du Fréjus
a requis plus de treize ans. La longueur du tunnel du Golhard est de
14.920 mètres, plus de 2000 mètres de
plus que celui du Mont-Genis. Les cloches ont annoncé l’achèvement de ce
travail ; et des l'êtes publiques célébreront ce nouveau triomphe de l’esprit
et de l’activité humaine. La gloire appartient à Dieu avant tout.
W^ranoe. —. Le Sénat a 'nommé
sénateur inamovible M. Lemoinne l’un
des plus distingués publicistes français,
rédacteur Ayi Journal des Débats.
Le Sénat discute la loi sur la liberté
de l’instruction supérieure, déjà approuvée par la Chambre des députés.
Les deux points principaux de celte
loi sont celui qui révoque l’article de
la loi de 1875 qui accorde aux Universités catholiques le droit de faire
partie avec les Universités de l’Ëlat
des commissions qui confèrent les
grade.s. Les Universités catholiques ci’.après le nouveau projet peuvent subsister , mais la collation des grades
appartient exclusivement à l’Etat et
aux Commissions désignées par lui et
prises parmi les membres des Universités de l’Etal; l’autre point encore
plus brûlant est celui qui ôte le droit
d’enseignement aux corporations religieuses non autorisées , le fameux
article 7 de la loi Ferry. C’est supprimer les établissements des .lésuiles
qui ne comptent pas moins de 20.000
élèves dans leurs écoles, et un plus
grand nombre de pensionnats de jeunes
filles élevées par des religieuses. M.
Chêneslong et plusieurs autres orateurs
se sont constitués les apologistes des
Jésuites et des religieuses; M. Pelletai)
a défendu la loi et en a attaqué avec
force les adversaires. M. Jules Simon
a parlé le dernier comme rapporteur,
et sans être partisan du parti clérical
et monarchique , a repoussé l’art. 7®
de la loi au nom de la liberté pour tous.
^ Il règne à Paris une certaine agitation au sujet de l’arrestation de l’étudiant Hartmanjeune russe accusé
d’être l’auteur de l’alleniat de Moscou
contre le czar. Harlrnan doit avoir confessé son crime. Le gouvernement russe
demande l’extradition du coupable. Le
parti avancé, Victor Hugo à sa tête ,
s’y oppose. La question est celle de
savoir si l’allentat contre l’empereur
est un délit commun ou un délit politique.
Atte§nagne — On a fait grand
bruit dans les journaux d’un article
de la Gazette de l’Allemagne du Nord,
organe officieux de M. de Bismark.
Ce journal, sans doute afin de justifier
aux yeux du public l’augmentation de
l’armée et les dépenses que cet accroissement de forces nécessite, a parlé
des fortifications élevées par la Russie
sur la frontière de l’Empire et de l’alliance probable entre la France et la
Russie.
M. le prince de Bismark est toujours encore retenu chez lui par des
7
79
l'Iuimalismes qui le ('ont beaucoup
souffiir. L’empereur inquiet, a résolu
de donner à M, de Bismark comme
adjoint, ou comme vice-chancelier le
prince de Hohenlohe, ci-dcvanl ambassadeur à Paris, — Le j'appel momentané du prince de Hohenlohe n’a
cependant rien de menaçant pour la
paix entre la France et l’Allemagne.
Une question qui passionne singulièrement les allemands dans ce moment c’est celle des juil’s. 11 v en a
pas moins de 600.000 dans l’Émpire
et près de 45.000 à Berlin. Gomme
partout ils s'occupent essentiellement de
commerce, en Allemagne depuis '1870
ils sont devenus riches et|influents. Ils
sont banquiersopulenls, journalistes actifs; dans l’enseignement, dans les administrations, partout ils ont su se créer
des positions brillantes. On les distingue
en juifs orthodoxes et réformés. Ces
derniers sont rationalistes et marchent
de pair avec les rationalistes protestants et catholiques et avec les libres
penseurs ; ils ont joué et jouent un
rôle dans la lulle contre les catholiques
cléricaux et les orthodoxes protestants
en général contre tous les conservateurs. El il est certain que par le journalisme dont ils se sont en grande
partie emparés, par leurs ouvrages,
par leur enseignement, ils ont contribué
à démolir les croyances évangéliques.
Mais iis n’auraient pas exercé une aussi
pernicieuse influence, s’ils n’avaient
pas eu des complices dans l’Eglise
évangélique elle-même. Les attaques
contre les Juifs sont iparlies des orthodoxes évangéliques, des catholiques
et même du parti national allemand pur
sang, ou du parti leulomane. C’est au
nom de la nationalité germaine que l’iiistorien libéral Treischke s’écrie en terminant un article contre les juifs :
«ries juifs sont noire malheur». —
Cependant M. Treischke ne réclame
pas des mesures contre eux ; il n’en
est pas de même du prédicateur de
la cour Stöcker. « Que faire ? demande M. Stocker, si le judaïsme moderne continue de se servir, comme
il le fait , de la double puissance de
la presse et du capilal|au détriment et
pour la ruine de la nation, une cata
strophe est inévitable. Il faul qu’Israël
renonce à la prétention d’être le maître
en Allemagne...... L’orthodoxie jhive
avec sa circoncision est une docirine
finie : le judaïsme réformé n’est pas
une religion juive. Quand jsi'acl aura
reconnu cela, ■ il mettra de côté sa
prétendue mission et ces.sera de vouloir ravir leur ciiristianisme aux peuples qui lui ont accordé l’hospilalilé
et les droits de citoyens.... s Puis il
ajoute :
« Les vices sociaux que le judaïsme
entraîne à sa suite ne peuvent être
réprimés que par la voie d’une sage
législation organique». — Il propose
dififérenles mesures économiques que
nous passons sous silence , puis des
restrictions mises à la nomination des
juges israëliles ; il veut que les maîtres
juifs soient chassés des écoles élémentaires afin de fortifier aulanl que pos.sible l’élément germano-chrétien. Tels
sont les moyens à employer contre la
pullulation dn judaïsme[et son invasion
dans la vie allemande.
« 11 y va , dil-il, de l’avenir, du
génie et de la fortune de la nation.
Retour au droit et à ¡’économie germaniques , retour à ta foi chrétienne;
là seulement est le salut. Que chacun
fas.se son devoir et Dieu nous aidera».
— Bien des écrivains juifs ont répondu
à M. Treilscdike et Stöcker, et surtout
le grand historien des juifs M. üraetz
et Oppenheim.
Cette guerre d’allemand, comme,on
l’a appelée, contre les juifs ne paraît
pas êire bien vue en haut lieu , car
les juifs de Berlin ayant organisé, il
y a quelques semaines, dans leur
splendide synagogue ( sans'conlesie le
plus bel édifice religieux de la ville)
un concert de bienfaisance qui a produit environ 15000 marks pour les
malheureux habitants de la Silésie,
l’empereur, l’impératrice et le prince
impérial y ont assisté. En acceptant
i’inviialion , le prince impérial aurait
dit à l’un des membres du Comité
qu’il était bien aise de pouvoir témoigner ainsi de la répugnance que lui
inspire l’agitation anlisémilique actuelle. — Malgré cela la question m'est
8
.80
ni résolue ni eflilerrée, le débat s’agrandit et devient sérieux.
ttuamic. — Un très imporlant oukase vient d’être pnbüé â St. Péiersbonrg. Le but de cet acte impérial est
• de mettre un terme aux actes criminels qui tendent à ébranler l’ordre
social et politique en Russie ». A cet
effet le gouvernement général de Pélersbourg est supprimé provisoirement
et il y est substitué une commission
exécutive supérieure. Dans tout l’empire les procès politiques ressortiront
i cette commission; les autorités locales devront lui prêter leur concours
et les ordres du président seront exécutés-sans réserve. C’est donc un état
de siège pour tout iie grand empire ;
c’est un pouvoir dictatorial s’exerçant
sur tonte la Russie. Le président de.
cette compiission est le général Loris
Melikof, connu pour sa haute culture
et ses vues libérales.
Il n’est pas vrai que l’empereur
Alexandre ait l’intention d’abdiquer.
Il est trop chevaleresque et trop courageux, dit uncorrespondanl du Temps,
pour céder devant la menace on reculer devant le péril.
Il était sur le point d’accorder des
libertés à ses peuples quand a eu Heu
te nouvel attentat. Ou dirait que les
nihilistes veulent rendre vaines ses
bonnes intentions aiin de pouvoir sévir^
encore contre lui et en venir à leurs
fins. Cependant Alexandre II est le plus
libéral et le plus humain des czars.
Avant même son couronnement^, il appela l’altention de la noblesse de Moscou
sur la nécessité d’améliorer le Sort des
serfs; il indiqua nettement son dessein d’aboiir dans un temps donné le
servage en ajoutant quhl valait mieux
que les réformes vinssent d'en haut
que d’en bas. il iravailla à ce projet
pendant qualie ans , et, après l’avoir
bien mûri, il le mil à exécution. Vinrent ensuite d’importantes rérornies
judiciaires, comme aussi rabolitiou
de.s punitions corporelles et de la
marque au fer rouge. L’instruction publique eut un large part dans le programme libéral de l’empire. La durée
du service militaire fut réduit de 25
ans à six. — On a de la peine à comprendre la haine, dont est l’objet
Alexandre II, à moins que le nihilisme
ne se recrute dans les rangs de la
noblesse, surtout de la petite noblesse , dont l’abolition du servage a
considérablement diminué tes renies,
le pouvoir et t’influence. On croit que
le nombre des nihilistes n’est pas considérable, mais c’est une association
bien organisée et dont les agents sont
des personnes déterminées et qui ne
reculent devant aucun danger.
C’est le 2 mars que doivent avoir
eu lieu les fêles pour le 25® anniversaire du couronnement d’Alexandre 11.
Le général Mélikof a publié une proclamation très ériei'gique. Il déclaré ne
pas reculer devant les mesures les plus
sévères et ne promet pas une prompte
réussite.
Une dette de 2G00 francs grève encore sur le compte bâtisse du temple
de Goazze. Les moindres don.s serpfH
reçus avec reconnaissance et les donateurs peuvent déposer leur offrandes
chez MM. les pasteurs et évangéliste.«,
comme aussi citez M. le Banquier
Malan.
Ph. Cardon.
EhnesT'Robert, (iérant H Administra tmif.
PigBPFrti, impr. Ghianterc *li.Ma8carelJi,