1
Année Huilième.
PRIX D'ABBONNEMENT PAR AN,!
îtalie . . ■. h. 3
Tous IriS jmjs del’llriicm
de pusiË
Aiwériqiie
On s'Hbivïine ;
Pour r/iïiét'tO!*’ cheîî MM. ì«m
paateurs et les libraires de
Torre l’ellice.
Pour VExféi'fet<nni Üureaii d'Administration.
N. 49.
8 Décembre 188Í2
I Un ou plusieurs numéros sépa
I rés, demandés avant le ti
! rape 10 oent ohaonu.
i .ii,nnonceR: 25 uentînmes par lipne.
I Les eitDüiit d'arf/eni se fom, par
! Ifittve reconvnnndee ou par
' manda/-i sur le Bureau de Peyosa Argentina.
Pour la RÉDACTION ü,<ireHser
ainsi: A laBireciion du rcmotii,
Pomaretto fPinerolo) Italie.
Pour ]■ ADMINISTRATION adresserainsi; A T Administration du
Témoin, Pomaretto (PineroloJ
Italie.
LE TEMOIN
ÉCHO DES VALLÉES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Voué nie xeres témoins. Aotrs I« B.
-StitVÆMiîfl î?éW/é avâ^ la charité. Ef. J,15.
m ai r*e.
8 Déoombro. No.s Cimotières.— Un vieux
livre vaudois. — Une nouvelle piiblicalioQ sur les Vaudois, — CorresiionddiU'e.
— A propos de quelques observations sur
l’auliquité des Vaudois, d’après leurs anciens tnatiuscrils, fmiltj. — ftemte polüique.
S Deoemfere
a
PiOS ClIHËTIÈys
Nous avons publié, dans notre
numéro du 17 novembre, une correspondance de M. Am. Bert, pasteur émérite, au sujet de la bénédiction par l’Evêque du Diocèse,
de la moitié du nouveau cimetière
'communal destinée à recevoir les
morts, ayant appartenu au culte
catholique. Nous l’avons fait en
déclarant que le point de vue de
M. Bert n’était pas le nôtre, et
après avoir attendu pendant trois,
semaines quelqu’autre communication sur un sujet aussi intéressant pour les vaudois , nous allons
indiquer en quoi nous différons
essentiellement de notre honorable
correspondant.
Tout d’abord, nous ne voudrions
plus jamais entendre parler de
clergé [vaudois; car notre Eglise
n’a que des pasteurs et des ministres, et non des prêtres, formant une caste à part, ayant une
autorité propre et indépendante,
et un caractère indélébile. Les
ministres ne sont que ce que les
ont faits le Synode ou les paroisses. La prédication de la parole
n’est pas un privilège dont ils
soient seuls à jouir, et si l'Eglise
entend qu’ils aient seuls l’administration des Sacrements, c’est
une question d’ordre que l'Eglise
elle-même a le pouvoir de modifier, le cas échéant, même malgré
l’opinion du ministère qu’elle se serait donné, mais aussi sans qu’elle
ait le droit de le contraindre â
se soumettre.—^Le ministère chrétien a beaucoup de graves devoirs
à remplir, mais point de domination sur les héritages du Seigneur.
Après cela nous sommes assuré
qu’il n’y a pa.s lieu de craindre
que le Consistoire de La Tour, et
en particulier les pasteurs, soient
tentés d’imiter l’exemple dont se
plaint notre correspondant. Jamais , à que nous sachions, et à
aucune époque de leur histoire,
2
.388„
les Vaudois n’ont béni de la terre,
non pas même celle qui était mise
à part pour servir de champ de
repos, et ils ne commenceront
pas aujourd'hui.
S’ils ont pris, ou conservé, la
très louable'coutume de consacrer
au Seigneur leurs nouveaux lieux
de cufte par un service particulièrement solennel, même alors,
ce ne sont pas les murs ou le bâtiment sur lesquels ils invoquent
la bénédiction de Dieu; c’est la
parole lue ou prêchée, ce sont
les cantiques de louange et les
prières, en un mot, c’est le ser' vice divin qui sera désormais célébré dans cette enceinte, — On
ne peut pas dire d'un cimetière
qu'il est mis à part pour le service de Dieu , il l’est pour les
inorts afin que leur tombe soit
respectée, tout au moins jusqu’à
ce que le corps soit retourné à
la poudre d’où, il a été tiré.
Mais le point sur lequel nous
nous trouvons en parfait désaccord avec M. Bert, c’est lorsqu’il
affirme que les lumières modernes
et la fraternité auraient dû conseiller à la Municipalité de La
Tour de rendre toutes les toml)es
communes aujjjjeux cultes, fl’avoir
en un mot un cimetière absolument communal. Malheureusement
dit-il, des idées moins larges ont
prévalu et Ton a négligé une occasion unique de faire un grand
pas en avant. —Or, ce sera étroitesse de notre part, préjugé invétéré dont noms n’avons pas su
nous défaire, comme d’autres,
doués depliisile largeur que nous,
mai.s il nous parait au contraire
que la Municipalité de La Tour
e.st allée t2’op loin, dans la voie
des concessions aux lumières modernes. — Qu’on veuille bien se
souvenir que nous parlons des
Vallées, et que ce que nous allons
dire s’y rapporte exclusivemept,
ou à peu-près.
Puisque la loi communale et les
règlements d'hygiène obligeaient
la Municipalité de La Tour à éloigner du bourg les deux cimetières , il eût mieux valu, selon nous,
etü eût été plui-conforme aux principes ¡du vrai libéralisme, qu’elle
donnât à chacune des moitiés, à
peu près égales, de ses ressortissant.s, son cimetière particulier,
réservé pour la sépulture de ses
morts. La dépense aurait été un
peu plus forte, pa.s trop pourtant,
et beaucoup d’inconvénients auraient été prévenus.
Nous ne trouvons, pour notre
part, rien d’extraordinaire dans
l’acte religieux par lequel le clergé
catholique a pris possession <le
la part de cimetière que la Commune lui a assignée. Nous sommes
trop ami de la liberté religieuse
la plus large, pour trouver mauvais que nos concitoyens, dont
nous ne partageons pas les convictions, en usent selon' leur
croyanoe. La question d’ordre public, d'encombrement dés.<-rùes,
ou des routes, ne nous regarde
pas; c'est affaire-de police. .V
moins que la Municipalité ne se
décide à faire établir un chemin
particulier, donnant accès au cimetière, il est évident cjue, dans
une Commune aussi populeuse et
où les décès se suivent de prés,
lorsqu’ils ne s’accumulent pas, il
faut s’attendre à ce que la roule
de La Tour aux Chabriols soit,
toutes les semaines, parcourue
par des convois funèbres, montant
ou descendant, pour se rencon-’
trer parfois à Ste. Marguerite. On
a dû prévoir ces inévitables rencontres.
M. Bert aurait voulu, semblet-il, que toutes les sépultures fussent uniquement civiles. — Nous
doutons que les. catholiques eussent voulu se soumettre à une
pareille condition. Quant aux vaudois nous e.'ipérons que jamais ils
ne l’accepteront, de quelque part
qu’elle, vienne. Les sépultures sont
des occasions extrêmement précieuses pour le pasteur, qui .sait
3
,.„.889-^
qu'il doit prêcher la parole en
temps et liors de temps. Jamais
il ne se trouve en présence d’auditoires plus nombreux et plus
recueillis qu'à l’occasion de certains services funèbres qu’il doit
présider. ^Même lorsqu’il s’agit de
la sépulture des petits et des pauvres , il est nécessairement appelé
à insister sur la vie et l’inimortalilé, rnise's en évidence par l’Evangile, Puis aussi, ce n’est pas
un petit bonheur pour lui que
d'avoir l’occasion de parler de
péché et de rédemption à des
personnes qu’il ne voit qu’au cimetière et qu’il chercherait en
vain dans le temple.
Puisque les ministres, appelés
à présider les sépultures doivent
saisir avec empressement ces occasions pour s’acquitter de leur
ministère, il eut mieux valu , de
toutes manières, que les deux cimetières de La Tour fussent assez
éloignés l’un de l'autre pour que
les services religieux ne courussent aucun risque de s’interrompre et de se troubler l’un l’autre.
— Nous aurions même voulu que
dans chacun des deux, il y eût
un abri suffisant pour que, malgré le mauvais temps, les services
religieux pussent' être paisiblement célébrés.
Lè meilleur et le plus sûr moyen
de maintenir la paix et la bienveillance mutuelle entre les concitoyens professant des religions
plus 011 moins différentes, n'est
pas de les ^obliger à se faire des
concessions réciproques (aucune
loi n’y parvient) ou à taire, leurs
convictions, mais plutôt de laisser
à chacun la liberté de les manifester, sans préjudice de la liberté
de.s autres et de l'ordre public.
Nous voulons pour nos concitoyens exactement la même mesure de liberté que nous réclamons
pour nous, môme lorsque nous
avons lieu de croire qu’il.s en
feront un usage que nous ii’approuvoiis pas.
C'est notre manière de comprendre la liberté de conscience
et de culte; elle est vieille de
plus d’ui) demi siècle et il n'est
pas probable que nous ayons ni
le temps ni le besoin de la modifier.
lia vieux livre vaudois
.le l’appelle vieux parceqii’il est
daté du mois de mars 1741 et qu’il
a, par conséquent, achevé sa
année. —- Je l’appelle vaudois parcequ’il a été écrit par un pasteur
vaudois cl, en faveur d’une église
Vaudoise. Il mérite d’être connu à
un autre litre encore: c’est le premier livre qui ait été oiTert à la
Société d’Histoire Vaudoise. Au haut
de la première page on lit, en effet;
Ex lihris J. Weitzecker, et plus bas :
Donné à la Société d’Histoire Vaudoise
le H Avril 1882.
C’est un volume do 180 pages, petit
format, portant pour titre principal ;
Le Fidèle Communiant, avec un soustitre d’une douzaine de lignes dont je
vous fais grâce. L’auteur est David
Plan « pasteur de l’Eglise Vaudoise ré_
fugiée à Waldensberg, en Allemagne,
dans le comté d’Usenbourg-Wechtersbach ».
Le D‘‘ Muston nous raconte que cette
colonie a été fondée en 1G99 par de.s
exilés vaudois sortis de Mentoulles,
en Pragela; ils avaient quitté leur patrie dans l’automne dei()98, avaient
passé l’hiver en Suisse, et le printemps de 1699 dans le pays de Darmstadt. En 1700 ils n’étaient pas encore tous réunis. Le pays où Us
s’établirent étant pauvre et les exilés
devant s’y établir à leurs frais, ils
no purent avoir dans les premières
années de leur résidence ni temple,
ni école, ni maison pastorale. Ce no
fut qu’en 1739 que, grâce aux secours
étrangers collectés par leur pasteur,
Barillon, ils purent enfin inauguier
leur temple. Le discours de dédicace
fut prononcé par le paslenr David
Plan, l’auteur du Fidèle Communianl.
Mais ce n’était pas tout d’avoir un
temple; il fallait encore pourvoir à
4
-3Ô0-.
l/wVV^/Wt/’VWV^A/Vk^^^V'l/\/^/WWW^W\A/vwN
l’entretien du Pasteur. Dans les premiers temps on lui avait assigné 50
arpents de terre et 25 au maître
d’école. Ces terres rendaient en tout
75 florins sur lesquels il fallait encore en prendre dix pour sonner les
cloches et monter l’horloge.
Une petite pension leur fut accordée par Guillaume III d’Angleterre
mais ne fut pas de longue durée.
Ecoutez plutôt ce qu’en dit Plan dans
son Epître dédicatoire: «Je suis pasteur d’une église vaudoise en Allemagne , qui est du nombre de celles qui
furent fondées il y a plus de 40 ans,
par le secours du roi Guillaume II]
de glorieuse mémoire. Chacun sait
le zèle que ce Monarque a toujours
fait paraître pour l’avancement de la
piété et de la religion... Les Vaudois
réfugiés en> Allemagne qui jouissent
encore des pensions que ce grand
Prince a établies pour fournir à l’entretien de leurs ministres et de leurs
maîtres d’école,... sont des témoins
vivants de la piété de ce défenseur
de la foi. Malgré une si pieuse fondation et la démence de S. M. régnante, mon Eglise a cependant eu
le malheur d’être peu à peu dépouillée
de cette bénéficence royale et l’on
vient de lui ôter encore une petite
pension qui était restée à son maître
d’école.
« J’entrepris le voyage de Londres,
à la sollicitation de mon troupeau,
pour tâcher de recouvrer cette pension, mais j’eus la moftii\cation de
voir un si long et pénible voyage,
sans aucun succès, et d’être même
retenu ici tout l’hiver par la mauvaise
saison. Ce fut le séjour que j’ai été
obligé de faire dans cette ville qui
me fil entreprendre cet ouvrage (Le
Fidèle Communiant). Et comme la
disgrâce arrivée à mon église la met
dans la nécessité de recourir à la
charité des bonnes âmes pour augmenter un fond qu’elle a acquis par
les contributions de plusieurs, mais
qui ne saurait encore suffire à l’entretien d’un ministre et d’un maître
d’école... j’ai voulu le seconder de
mon côté, en publiant ce livre, des
tinant à ce sujet ce que la bénédiction du Ciel voudra m’accorder ».
Le livre de D. Plan était donc, en
plus d’un sens,”* une bonne action.
Nous essayerons de donner une idée
de son contenu dans un prochain
article. Z.
Une nouvelle pnbltcalion
sur les Vaudois
Ce qui va suivre est l’analyse que
nous avions entreprise, il y a quelques mois (voir les numéros 10, 12,
17, 20 du Témom) de l’intéressant
ouvrage de M. de Rochm-d’Aiglun,
chef de bataillon du Génie français,
intitulé: Les Vallées Vaudoises, étude
de Topographie et d'Histoire militaires,
commençant par l’évènement connu
sous le nom de Glorieuse rentrée et
que notre auteur, dans un langage
plus exclusivement militaire, appelle
la cam’^ofjne de i689,
Le récit de cet évènemept, un des ,,
plus mémorables de l’IIisloire Vaudoise, a été fait d’une manière trop
complète et trop circonstanciée, pour
qu’il y ait beaucoup à y ajouter. Mais
comme confirmation de ce que nous
avions déjà, le livre que nous étudions
abonde en documents d’une grande
importance et d’autant plus intéressants à connaître que c’est la première fois qu’ils ont vu le jour.
Un de ces documents, d’origine
vaudoise, auquel notre auteur a puisé
largement,, est une relation de la
Rentrée, écrite au jour le jour, par
un nommé Robert, capitaine de la
compagnie de Pramol, mort assez
longtemps après, officier au service
de Hollande, traduite plus d’un siècle
après du hollandais en français, par
M. le chevalier L. Geymet, vaudois
lui-r.même et lieutenant colonel. de
cavalerie au service des Pays-Bas ;
cette relation n’existait jusqu’ici qu’en
manuscrit, dans la bibliothèque de
la Société d’histoire du protestantisme
français, à laquelle notre historien,
M“' A. Muston en avait fait don, et
5
^391
c’est là que M. de Rochaz a pu en
prendre connaissance.
Les autres, en assez grand nombre,
se composent essentiellement de rap;
ports de Catinat et de son lieutenant
Feuquières au puissant ministre Louvois et de lettres de ce dernier aux
exécuteurs de ses ordres, de mars à
juin 1690.
Le i'ragmenl ci-après, détaché du
premier de ces documents, de la relation du capitaine Robert, nous donnera une idée de ce que fut, pour
les Vaudois, l’hiver passé à la Balsille
où ils avaient cherché un refuge, des
privations et des souffrances qu’ils
eurent à y endurer, et de l’énergie
vraiment admirable qu’ils y déployèrent.
Après avoir, pendant toute la belle
saison, bataillé dans les deux vallées
de St. Martin d’abord, et de Luzerne,
s’efforçant, mais en vain , de s’y établir «nous résolûmes, dit la narration, de chercher un lieu propre à
pouvoir Jjyverner. Celui qui parut le
meilleur était un coteau au pied de
la montagne du Clapié ; il a nom
Quatre-Dents. 'Je crois que c’est sa
forme qui lui a fait donner ce nom
là. Ce côteau a quatre pointes en
forme de dents que nous faisions
servir de bastions et demi-lunes,
la seconde commandant la première,
et la dernière toutes les autres; la
.situation est au dessus du village
de la Balsille. Nous y fîmes quelques retranchements et des baraques que nous creusâmes dans la
terre. Afin dei les rendre moins sujettes au froid, nous les couvrîmes
avec de* la paille, du gazon ou des
planches. Treize jours furent employés à cet ouvrage, pendant les
quels nous n’eûmes pour toute nourriture que des choux et des raves
que nous faisions bouillir sans sel,
sans graisse, ni beurre; souvent
même on les mangeait* sans leur
donner le temps de cuire ».
Pendant quelque temps, les battues
qu’ils poussaient jusques dans le Dauphiné, à travers de hautes montagnes
couvertes de neige, leur fournirent
le plus indispensable en fait de vi
vres; mais le moment vint où — soit
à cause de la cliûte excessive de neiges , qui rendait ces battues impossibles, soit à cause de la surveillance
dont ils étaient les objets de la part
des ennemis — la plupart du temps,
ils étaient « obligés de s’en retourner,
après n’avoir gagné autre chose qu’un
plus grand appétit ».
« Etant de retour à notre fort, continue Robert, nous ne savions plus
3lie devenir. Nous étions environnés
e montagnes toutes couvertes de
neige, ayant les ennemis sdr toutes
les avenues, sans aucune provision.
Dans cette dure extrémité, n’ayant
aucun secours à attendre du côté des
hommes, nous élevâmes nos cœurs
et nos mains à Dieu, dont la providence et la bonté infinie avait déjà
pourvu à nos besoins, avant que nous
l’en eussions requis. Il avait conservé
une espèce de manne dans notre affreux
désert; ce qui nous fit voir qu’il n’abandonne jamais entièrement ceux
qui se sont véritablement confiés en
lui. Voici le fait. Lorsque nous arrivâmes aux Vallées, il y avait des
champs sur la hauteur, qui n’avaient
pas encore été moissonnés, et où la
pluie avait fait coucher le grain sur
la terre ; la neige avait ensuite tout
couvert. Ceux qui connaissent ce payslà n’ignorent pas que ces hauteurs
sont couvertes ordinairement six mois
de l’année (par la neige); mais, par
un effet tout particulier de la Providence, dans le temps que nous étions
à la veille d’expirer de faim, il survint un vent du midi qui faisant fondre la neige qui couvrait^ le grain
qu’elle nous' avait conservé, nous fit
voir que Dieu était toujours pouri
nous. Par ce moyen aussi admirable
que particulier, nous eûmes de quoi
faire du pain pendànt tout le temps
que nous fûmes resserrés de toute ’
part, les ennemis nous laissant aussi
en repos, à cause que la neige rendait les chemins impraticables.
» Je ne dois pas omettre, continue
notre narrateur, la conduite que (pendant tout ce temps) nous tenions'en-'
vers nous-mêmes. En général elle
était fondée sur une parfaite intelli-
6
„362.
.fWtAAAAAAAAA/Ws^ A
gence; aussi, quoiqu’on fît, quoiqu’il
arrivât, chacun était content. Nos
baraques renfermaient chacune une
compagnie, qui était comme une famille sous le même toit... M. Arnaud
nous faisait trois sermons par semaine
et la prière deux fois par jour, quand
nos ennemis nous en laissaient la liberté. il ne parlait aucun détachement, qu’après avoir imploré le divin
secours du ciel, cl lorsqu’ils étaient
arrivés quelque part, pour y passer
la nuit, ils ne SC couchaient, ni ne
se levaient, sans avoir prié de nouveau.
» Dans nos baraques, dès la pointe
du ¡Olir, quelques-uns lisaient un ou
plusieurs chapitres, ensuite on chantait quelques psaumes, qui étaient
suivis d’une prière. Cela était réitéré
trois fois le jour. Voilà de quelle manière nous passions notre vie, dans
celle montagne ».
Correepottbatue
Stuttgart, lîO novembre
A Monsieur le Directeur du Témoin
Pomaretto.
Je'vous envoie quelques lignes que
vous emploierez si vous le croyez
convénabte, avec ou sans modifications selon le cas et à votre gré.
Monsieur et Irès-fionoré fré'e,
Bibelkràntze et Pietisten Slunden û
Stuttgart, et les Vaudois du Wurtemberg. — Ce sont des réunions évangéliques. Les premières, cercles bibliques se tiennent à tour chez les
membres de la société. Les secondes
ont lieu lorsque« l'occasion s’en présente et se tiennent dans des locaux
ouverts au public. J’ai eu le privilège
ces jours-ci de pouvoir assister à ces
réunions. Dans Je cercle biblique on
s’entretient familièrement, en attendant que les membres soient tous
réunis. On prend une petite réfection
ensemble, puis on lit à tour un verset chacun jusqu’à la fm du chapitre.
Le président fait l’exégèse (l’explica
tion) pratique de cc qui a été hi.
Chacun peut ajouter ses propres refléxions à ce qui a été lu et à ce qui
a été dit. C’est énorme le bien , l’enseignement que l’on retire de ces explications pratiques, faites par de.s
vieillards d’une grande expérience
chrétienne. Les heures des jnelisles
sont des réunions fraternel les d’édification. Tout y est simple et sans
prétention. Celle à laquelle j’ai eu le
privilège d’assister se tenait dans la
Chapelle d’une grande instilulion. pour
jeunes filles. C’était après la sépulture de la femme d’un professeur.
La Chapelle ne pouvant contenir tout
le monde qui y était accouru, el.c’étail à 3 heures de l’après-midi »ubn
organisa de suite une autre réunion
dans une salle voisine.
On chante, on prie, on lit un verset
ou une péricope et puis les personnes qui le peuvent présentent quelques réflexions toutes pratiques. Il,y
avait dans celte réunion des prélats,
des docteurs, des pasteurs, des professeurs, des institutrices, des damés,
des bourgeoises , des servantes , des
diaconesses, des négociants, des ouvriers, d’anciens missionnaires, en
un mot un public mêlé, des frères!
Quelle intensité de vie religieuse dans
ces âmes ! Quel christianisme vivant
et évangélique I Ce sont là les cercles
et les sociétés qui coopèrent aux missions chez les payens, à la mission
dans l’intérieur de l’AHemagne, à l’évangélisation en Italie, en Espagne et
ailleurs, aux institutions philanthropiques et aux œuvres pies de tous
genre. C’est là que l’on voit se réaliser la pensée du Christ, que la foi
transporte les montagnes. La montagne qui pèse sur la conscience, le
poids du péché a été Iransporléidans
la mer. L’impossible est devenu possible, une réalité.
Dans mes courses dans le Wurtemlierg j’ai aus^ eu l’occasion de iàire
une visite à nos frères vaudois établis dans ces contrées. J’ai même dû
envoyer une carte postale au modérateur de l’Eglise Vaudoise pour le
saluer de la part des vaudois de
Schônenberg, anciennement « Les
7
..„„.393
Mûriers, » colonie fondée par Henri
Arnaud. C’est dans la petite église en
ruine où sa voix a retenti pendant
près de 20 ans que repose le héros
vaudois. C’est même sni’ sa tombe
que .j’ai écrit nia caile postale, entoure par les notables, le syndic
Bonnet, tes conseille!'.'; Talmcm, Eiellon
et Bouc, debout et le bonnet à lu
main , ..... c’était émouvant ! Soit les
hommes, soit les femmes ont encore
le type vaudois ti'cs-prononcé. Mais
ils ne savent plus ni le français, ni
le patois, —^ sauf (luolques mots,—
ils parlent le'patois .souabe.
. Nos frères de Souabe se réjouis.sent
f tre visilés_ par les Vaudois des Vals, ils désirent ne pas être oubliés,
ont déjà Si.OüO marks pour consti'uire une Eglise neuve. Mais il y a
division dans la Commune au sujet
de remplacement. Les uns voudraient
bâtir sur l’ancienne église et y conservera sa place le tombeau d’Arnaud,
fî’uutres veulent construire dans un
autre endroit. Dans ce dernier cas,
qu’adeviendra-t-il du tombeau ? On
le conservera en tous cas, mais comment ! Su place ne serait-elle pas dans
le nouveau ¡liimple et au même endroit où Arnaud a été enseveli? Il
est difïiciie de .se prononcer cependant sans consullor M. l’arcbiiecle
C. F. Leiiis de Sluügarl, auteur du
plan de la nouvelle é.glise Quoiqu’il
en .soit, UO.S frère.s m’oni l'ait pi'omellre de venir à la dédicace du nouveau temple l’année procliaine, et ."i
Dieu le permet, je compte bien y
venir.
^ En descendant de chez Mr le pasteur'
Klaiber, le premier biograplm d’Arnaud , j’ai vu les vaudois de Pinacbi'.
Les mauvais clicmins m’ont etiipêdié
d’aller aux Serres, Une autre fois j’c.spére le visiter aussi, ainsi que ceux
de Gi'os Villar et Petit-Yillar, de Pérouse et d’ailleurs, et si vous le désirezjc vous en enverrai des nouvelb'.s
comme aussi sur l’organisalion et le
rouage, des puissanics sociétés de
jeunes gens.
Agréez, monsieur, mes salutation.s
fraternelles.
A propos lie quelques okservulious
sur l'iinliquilé des Vaiiilois,
d'après leurs aneieiis niamisciits
f Suite noir’ ,V. 4'^/.
Parmi ces nombreuses copies que
renferment les MS. V. il doit y en avoir
de plus anciennes les unes que les
autres; poiinail-on découvrir celle
qui a servi à.faire les autres, , ou
l'cconnailre à la diversité des récensions, s’il y a eu plusieurs modèles
au lieu d’un seul; et dans ce cas,
l'établir le texte d’après le quel ces
modèles auraient pris naissance?,,
Il faudrait, pour entreprendre un
pareil travail, avoir sous les yéux cl
coiuparer avec soin, tontes le rèçensions, ou copies existantes; ce qui
n’est pas réalisable aujourd’hui. Il
est cependant un de ces ouvragés
dont on peut déjà réunir à peu près
toutes les récensions connues: c’est
la Noble-Leçon. M’’ Gilly a publié en
1845, un texte comparatifde ce poème,
d’après la récension de Raynouard,
qui reproduit le MS. de Genève; celle
de Moi'land, empruntée aux BiSS. de
Charles J. Gay'
Minis. du St. Evangile.
Cambridge; et celle de Léger, tirée
sans doute du MS. dont if parle dans
son Histoire, (l*'" Partie page 23®).
Ce.s trois versions sont mises en regard l’une de l’autre, sur un tabi eau
à trois colonnes. M" le D'' Todd, a
bien voulu m’envoyer d’après le MS.
de Dublin, une reproduction, même
graphique, non du poème entier,
mais ebss passages qui importaient à
cette discussion. J’ai donc ainsi, sur
ce'siijel spécial, des élémotits suifisants', pour essayer d’une étude comparative.
Les quatre textes n’offrent qiie'dcs
variantes peu importantes; sauf au
sixième vers que je discuterai à part,
mais dont la vai ianle, rècenimenl découverte sur les MSS. de Cambridge,
n’a pas été reproduite par^Morland.
En revanche ils s’accordent tous pour
reproduire des lacunes ou des ad,¡onctions, que rend évidentes la mesiiro
fautive du vers, et le sens incomplet
ou alourdi de la phrase.
8
394
; AAAA/VAAA/VW^
En voici des exemples:
Au trentième vers de la Noble Leçon
il manque le second hémistiche, dont
l’absence laisse non seulement le vers
incomplet, mais la pensée inachevée.
Voici le passage, cité à partir du
vers 28®:
Lo nom de Dio lo payr® deo esser al commeneza
IC apellar en ajuda lo aeo glorios dih, oar
Filh de Sancta Maria
15 lo ea&C Spirit que ima rione bona via»..
Le premier hémistiche du vers 30®
restant ainsi isolé, n’a plus aucun
sens. Léger a cherché à y remédier
par de légères modifications apportées
au vers précédent qu’il a ainsi disposé :
K apellar en aima lo sîo glorios filli» lo fìlli
De Santa Maria
Ce dernier tronçon de vers n’est
même plus maintenant un hémistiche
entier; et le vers qui précède est
devenu complètement faux; il perd
en outre de sa poésie, oar en mettant
en aima (de même) au lieu de: en
qjuda (en aide) on en enlève l’expression; puis sur la fin du vers, par la
répétition du mot füh; que Léger écrit
fiÛif on a prosaïsé à la fois l’idée et
la phrase.
Le MS. de Dublin, ou du moins le
copiste qui l’a tracé, s’y est pris autrement pour dissimuler la flagrante
lacune. 11-a mis. tout simplement le
vers Si*’, à la suite du tronçon qui
reste du 30®; et grâce aux abréviations,
le tout ne tient pas plus de place
qu’un vers ordinaire; la lacune n’apparait plus au regard, mais elle resie
dans la pensée ainsi que dans la phrase
et le poëme a un vers de moins.
' Celte lacune se retrouva»* donc
dans tous les manuscrits, qu’elle y
soit ou non dissimulée, j’en conclus
que tous les manuscrits sont des copies d’un texte" où cette lacune existait; et çe texte ne pouvait être celui
du manuscrit original, où certainement la lacune n’cxislait pas.
(Suite). A. M.
EctJUC poUtii|U€
Mlnlie. — La Cliainbrc a continué
la vérification des pouvoirs de ses
membres et nommé ses diverses commissions, répondu, ainsi que le Sénat,
au discours de la Couroune, mais elle
n’a pas encore commencé ses travaux
et n’a guère siégé qu’une heure par
jour. Un député d’opinions socialistes,
Falleroni, a refusé de prêter le serment exigé par la loi, et a été invité
par le président et par les questeurs
à sortir de la Chambre.
Mancini et Déprélis continuent à
être malades.
Sella est arrivé à Rome, où il a
présidé l’Académie des Lincei, et pris
part aux travaux de la Ch'ambre; il
parait décidé à rester dans la Capitale,
et est d’avis, ainsi que Minghetti, de
ne pas faire une fusion, avec la gauebe
gouvernementale, de manière à faire
disparaître la droite comme parti;
en restant ce qu’on est on peut appuyer le gouvernement dans tout ce
qu’il proposera on fera de bon.
Le ministère des affaires élrangèfes
s’est aflaibli encore par ia retraite db
l’hon. Blanc qui en avait, depuis plusieurs années la direction sous la responsabilité du ministre.
~ Frfittce, — Gambetta a été blessé
ou s’est blessé accidentellement en
maniant un revolver.
AÊtfftetevfe. —Les journaux expriment le regret pour le départ de
Ménabréa, et l’on attend avec impatience l’arrivée de Nigra.
Gladstone a réussi à faire adopter
tous les réformes qu’il a'proposées,
en vue d’assurer à la Chambre des
Communes la possibililé de délibérer,
sans être arrêté par quelques opposants intéressés à en cmpêcber les
travaux.
L’attitude de l’Angleterre vis-à-vis
de la France dans la question du protectorat de Madagascar est ferme sans
être provoquante.
Le procès d’Araby est suspendu;
l’agitateur égyptien sera envoyé en
exile, probabreiuenl au Sud de l’Afrique, dans les possessions anglaises.
Kii.vEsr lîoiiKKT, né.mnt etAdm'miatrntcHr
l'igiimil, lmp. Cliiaiiidre vl’Mascarelli,