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• V. année
?3 Juillet 1S69.
N.^ 99.
L’ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialement consacrée aux intérêts matériels et spirituels
(le la Famille Vaudoise.
Que toQtea les choses qui sont <rérliahle9........ eccupent
vos pensées — ( Philippient., IV. 8.)
PRIX d’abonniheht :
Italie, U domicile {'tm an) Kr. 3
Suisse.................»5
France.................» 6
Allemagne . . , . . . » fi
Anfrleterre, PayS'lIas . • 8
f’ti nuinéfo xéparé : 5 cent
f'n »îMWc»*o arriéré : 10 cent.
BUREAUX D*ABORITEIIENT
TopRp.-PFr.r.icE ; Via Maestra,
N.-12. (Agenzia bibliografica)
PiONKRof. : J. Chiantore Iinpr.
Turin :.7.J. Tron, via Lagrange
prJ>s le N. 22.
Fuorbnck : Libreria Evangelica, via de'Panzani.
t ANNONi'ES : 5 cent, la ligtie
I ou portion de ligne,
s Lettres et envois franco. S* a\ dresser pour l'administration
J at» Bureau à Tnrre-PeVice ,
î via Maestra N. 42. — pour la
} rédaction : â Mr. A. Revel
I Prof, h Torre-Pellice
SOMMAIRE — L’Espagne et la Bible. — Evangélisation. — Biographie: Matthieu
Turin. — Chronigue locale. — Chronique politique.
L’ESPAGNE ET LA BIBLE
On nous écrit :
Il n'est pas de journal évangélique qui ne se soit occupé, durant ces derniers temps, des progrès du règne de Dieu dans la péninsule Ibérique. Vousmême, cher Mon.sieur, à plus d’une reprise, vous en avez entretenu vos lecteurs.
— L’Espagne ouverte providentiellement à la liberté politique, l’a été du même
coup à la prédication de l’Evangile. A l'heure qu’il est le combat semble
engagé, pour tout de bon, à Madrid, Séville, Barcelone, Cordoue, Grenade etc.
Plus d’une douzaine d’évangélistes, dispersés ça et là, sont sur la brèche.
C’est bien peu quand on pense à l’étendue de la moisson et que do tous côtés
on pousse le cri : « Donnez-nous la Bible et des bonHnes pour nous l’expliquer ».
Moyennant une large distribution de Saintes Ecritures, cela a suffi cependant pour allumer un incendie tel que tous tes efforts des prêtres ne
réussiront pas à le dominer. La parole de Dieu se glissant dans toutes les
classes a produit l’effet d’une terreur panique sur les esprits rétrogrades et
cléricaux. Leur effroi ne nous étonne guère. Ces gons-là savent mieux que
personne, que leur empire doit sa conservation à l’exil de l’Evangile et qu’il
va s’évanouir avec le retour de ce dernier. Lai Bible ne parle que de JésusChrist, et garde le silence le plus complet sur la Vierge et les Saints, comme
elle se lait au sujet des prêléutious exorbitantes qu’affiche le prétendu suc
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cesspur de Pierre. Voilà pourquoi à ^ome , pu n’a pap manqué de déclarer
oJ)Scur8 et dangereux les Livres saipts. Cela explique en outre la raison pour
laquelle les foudres etlesanaÜièmqs4P Vatican sont, depuis nombre de siècles,
au service de quiconque ose répandre , où seulement laisser lire au peuple le
volume sacré. La Parole de Dieu circule et l’Angélique Pie IX, dans son allocution du 25 juin, s’en afflige en gémissant sur l’Espagne, cette fille ingrate,
qui a déchiré le sein de sa très-sainte mère l’Eglise. En effet c’pst bien la peine
de se lamenter, puisque désormais, même sur le sol classique de l’inquisilion
on refuse d’obéir au jésuitisme du père Claret et de croire encore à la vertu
toute puissante de la chemise de suor Patrocinio !
Mais c’est en vain que les réactionnaires espagnols se remuent, et que les
entrailles du très-saint père s’émeuvent. Tant que le Seigneur conservera à
l’Espagne sa liberté, les chrétiens ne se feront pas faute d’en tirer parti au
profit de l’évangélisation de cette terre infortunée. Les principaux centres
évangéliques ont vu se constituer des comités, dont le but est de venir en aide
à l’œuvre de la régénération espagnole. Ici l’on s’occupe, avant tout, de préparer convenablement des évangélistes, comme à Lausanne; là on solde de
pieux colporteurs ; ailleurs tous les efforts tendent à la discussion des livres
inspirés. Aussi la Société Biblique de Londres, à elle seule, a assumé la tâche
de fournir sous le moindre délai possible, un million de Bibles et Nouveaux
Testaments. Ou le voit, en face de ces portes que Dieu a ouvertes, les évangéliques de tous pays ont compris que leur devoir était d’entrer et de répandre
à pleines mains la semence divine.
Le dernier rempart de Rome est donc forcé. Une fois aux prises avec
l’Evangile, on comprend les angoisses de la papauté, car 1e coup pourrait
bien être, en définitive, fatal à son existence. Après une attaque si sérieuse,
on sent que la lutte deviendra acharnée. Loin donc de se relâcher, les chrétiens
doivent nourrir le feu. Il s’agit du salut des ames et de la délivrance religieuse
de tout un peuple. Chaque égli.se évangélique doit y concourir en envoyant
soit des ouvriers, soit des offrandes.
Vous avez ouï les instances des divers comités espagnols. Ils demandent,
comme de raison, qu’on leur vienne en aide pour le triomphe de l’œuvre. —
Plusieurs de nos congrégations italiennes on répondu à l’appel, en remettant
leur obole entre les mains de la Société qui imprime la Bible par millions
d’exemplaires. De leur côté les Vaudois ne sont pas restés en arrière. Relevons
tout d’abord que le dernier Synode des Vallées, par l’organe de son bureau
faisait exprimer à nos frères d’Espagne la chrétienne sympathie de notre
Eglise pour l’évangélisation de leur pays. C’était déjà quelque chose. On attend
maintenant que nous n’aimions « pas de paroles ni de langue, mais par des
effets et en vérité ». Les quelques collectes ou souscriptions individuelles qui
ont eu lieu, ne sont pas tout ce qu’on a droit d’exiger de nous. Cette mince
fraction de l’Eglise qui a commencé de prêter un concours efficace , pour la
diffusion de l’Evangile en Espagne , donne un exemple digne d’étre imité par
tout ce qu’il y à de chrétiens pieux dans nos Vallées II serait superflu d’ajou-
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— ‘2.%
1er qu’il appaitieul aux condiicleiirs des troupeaux île prendre l’initiative, et
de fournir les renseignements nécessaires sur des faits qui s’accomplissénl
fort loin de nous.
Vous qui nous exhortez à donner généreusement, objectera tel lecteur, vous
ignorez apparemment que nos montagnes sont d’une pauvreté devenue proverbiale. Eh bien non I Cette pauvreté , derrière laquelle maintes gens se retranchent pour qu’on ne touche pas à leur bourse, elle né m’est que trop
connue; Mais voici qui vous surprendra. Je sais comme vous que non seulement les Vaiidois ne sont pas riches, mais je soutiens qu’ils ne le furent
jamais. Et pourtant il y eut une époque, dans notre histoire, où nos pères
surent recueillir la jolie somme de quinze cents écus d’or afin de donner une
Bible aux chrétiens de langue française. — Voulez-vous avoir la clef de cette
enigme? Au temps dont je parle, malgré le peu d’aisance, on savait donner
de bon cœur et dans Jla mesure de ses propres forces, nul excepté ! Laissez
que chacun donne aujourd’hui de la même façon, ne fût-ce que la pite de la
veuve et les quinze cents écus d'or ne tarderont pas d’arriver.
Agréez etc.
On nous écrit de 'N'eniso le 13 juillet 1869 ;
Mon cher ami !
Voici quelques mots sur Venise, la reine sans couronne de l’Adriatique.
Tu ne désires pas que je la décrive, je pense, car cela intéresserait médiocrement les lecteurs de l’Echo. — Ils n’en sont pas , d’ailleurs, à se figurer,
comme certaines bonnes âmes, que nous menions ici une vie de poissons ou
que nous ayons à nous retrousser la jupe ou le bout des pantalon.s pour ne
pas nous mouiller lorsque nous piétinons par la ville. Une personne qui venait
du continent s’écriait en entrant dans Venise : « Oh ! mais ce n’est pas ce que
j’imaginais • je croyais que l’on devait marcher ici comme dans les prés,
lorsqu’ils sont mouillés! ». Et cependant cette personne, toute simple qu’elle
est, en sait plus long sur l’article géographie que certain curé qui m’honorait
un jour d’une bonne visite. Ce curé, très-indigné de l’ignorance de ses confrères , venait me dire qu’il était de la race élue , de la sacrée phalange des
prêtres de l’avenir, qui sont libéraux, polis, amateurs de la vérité et de la
paix, ainsi que des sciences qn’ils possèdent ou qu’ils ne possèdent pas. Un
moment, il fixa sur moi ses doux yeux blonds, et me dit : — d’où êtes-vous ?
— Je trouvai qu’il ne donnait point là une preuve absolue de politesse, mais
il ne s’en aperçut pas, et je lui répondis : Monsieur le curé, je suis Vaudois.
— Qu’est-ce que cela ? fit-il ; où sont-ils les Vaudois ? — Dans l’arrondissement
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de Pignerol, province de Turin. — Ah ! c’est ça , votre pays est dans les environs do Cagliari !
Mais je ne voulais pas faire de la géographie, autrement j’aurais à dire quelque chose do cet autre curé qui raconte à ses ouailles que les Vaudois
habitent la vallée d’Aoste, et se sert de cet argument pour prouver comme
quoi nous sommes les plus crétins parmi les hérétiques. Parlons d’autrechose.
Venise mérite que nous lui rendions un témoignage qui l'honore sans doute
plus qu’elle ne l’imagine : elle a accueilli la prédication de l’Evangile mieux
que ne l’espéraient ceux qui avaient connu l’ignorance,, le fanatisme, là corruption qui régnent généralement dans notre malheureuse patrie. Elle nous
a reçus à bras ouverts, comme si elle n’avait pas oublié nos vieilles relations.
On lit, en effet, quelque part dans l’histoire, que nos barbes visitaient jadis
l’Eglise évangélique de Venise (1). Et le célèbre Paolo Sarpi affirmait, ainsi
que le rapporte un livre tout récent, « que dans notre ville 12 à 15 mille personnes étaient disposées à se retirer de l’Eglise romaine. C’étaient, remarquait-il, des gens élevés de père en fils dans la connaissance de Dieu, soit
qu’ils fussent venus des Grisons leurs voisins, soit 'qu’ils fussent ks restes des
anciens Vaudois ». Aussi aimons nous à croire que sans être des revenants ,
nous sommes revenus à Venise, et non pas simplement venus. Quoiqu’il en
soit, nous avons été bien reçus, et nous ne sommes point tentés de secouer
la poussière de nos pieds, grâce à Dieu. Je ne veux pas dire que tout soit
couleur de rose, mais ne sait-on pas que les roses qui n’ont point d’épines
ne sont pas les plus belles ni les plus agréables ? Là-dessous il y a de la philosophie profonde que nous pourrions étendre, appliquer et exploiter, mais je
ne veux pas non plus faire de la philosophie. Venise, ai-je voulu simplement
dire, ne fait point exception, quand même elle ne soit pas sur terre. Les
prêtres nous font une guerre intéressante ; ils témoignent de notre existence
et leurs invectives nous valent plus que des recommandations. Il faut voir
comme le chanoine Berengo nous gronde, tous les dimanches, du haut de la
chaire de la grande basilique. L’autre jour il demandait à voir les certificats
théologo-catholico-papistiques qui m’autorisent à prêcher la religion. C’est un
de ses arguments ad hominem, qu’il ne se lasse pas de m’opposer. J’ai résolu de lui en ôter l’envie, et comme je suis au courant de ses faits et gestes,
je lui ai répondu : — je vous demande, à mon tour, de produire votre certificat de bonne conduite, signé par quatre honnêtes vénitiens qui croient avec
St Paul que ni les impurs ni les fornicateurs n’hériteront le royaume des deux.
J’attends encore la réponse.
Notre Eglise est bien établie et prospère. Les réunions sont toujours magnifiques bien que la chaleur excessive nous force à les faire courtes... et pas
meilleures pour cela. Je m’attendais à voir nos gens déserter quelque peu,
(I) A propos, je veux dire k tes lecteurs que le dialecte vénitien a comme le nôtre
le mot barba pour désigner une personne respectable. — Les barbes possédaient
même une maison à Venise, • ’
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duraiil l’été, et c’est l(" contraire qui arrive ; tellement ([lu l’iiutre jour plu
sieurs de nos frères, qui n’y mettent pas malice, me proposaient sérieusement
de laisser mon habitation à la disposition du public.
Malgré cela, l’école, tant celle de la semaine, que celle du dimanche, est
peut-être la meilleure partie de notre œuvre. Son influence bénie est pareille
à la rosée qui tomberait sur un terrain brûlé. Et nos chers catéchumènes, qui
viennent commencer,, sous la canicule, une instruction lente et régulière qui
doit les préparer à devenir un jour membres de notre église... n’y a-t-il pas
là de quoi réjouir ceux qui demandent à Dieu que son règne vienne ?
Nous visons désormais à consolider, autcmt qu’à conquerir. Nous veillons
à garder l’union et à développer toutes les forces de l’Eglise. Nous nous elforçons d’encourager les sacrifices di borsa e di pelk, comme on dit. Ainsi, nous
avons ; contributions pour les pauvres et les malades, pour le culte, pour l’école, pour les besoins accidentels ; en outre, des frères qui lisent les Ecritures
aux catéchumènes qui ne. savent pas lire et essayent do les leur expliquer ;
des frères et des sœurs qui s’entr’aident et se réunissent avec les maîtres
d’école pour développer le chant ; d’autres qui sont moniteurs ou monitrices
à l’école du dimanche et qui se réunissent avec le pasteur (m vue do l’unité
de l’enseignement; d'autres enfin, qui ne pouvant guère faire autre chose et
désirant être utiles, montent 1a garde à tour de réle à la grande porte, veillant
au dedans et au dehors afin de garantir le bon ordre et la tranquillité. Et je
n’ai rien dit des diacres, et pas môme fait allusion à tel d’entr’eux qui me
devance auprès des pauvres et des malades ; rien dit non plus de tel frère ou
de telle sœur qui lisent l’Evangile aux personnes infirmes et les assistent, soit
à l’hôpital, soit dans les maisons particulières.
Ceci est quelque chose, je crois, mais je suis certain qu’il y a encore des
dons à découvrir et à utiliser en vue du progrès intérieur do notre église.
Nous sommes à la piste, et s’il plait à Dieu, nous les dénicherons. Tous les
membres de l’Eglise n’ont pas encore empoigné leur spécialité ! Il faut que
tous les éléments soient mis en activité, et que celte activité devienne de plus
en plus intense ; il faut que l’eau coure, qu’il ne reste pas un seul étang :
alors l’Eglise sera saine , forte, vigoureuse et viable.
Ace sujet, je voudrais citer quelques lignes que m’écrivait l’an tlcrnier un
vrai Vaudois, qui est né, qui vit et qui mourra sans doute, — aussi tard que
possible, — dans nos Vallées. — « Ce qui nous tue, disait-il, c’est de n’avoir
rien à faire, rien à dire, rien à payer ni do notre bourse, ni de notre personne.
Donnez beancoup à travailler à votre jeune troupeau et à chacun de ses
membres ; leurs pauvres, leurs malades, leur culte, leur évangélisation, leurs
missionnaires, le règne de leur Maître et Sauveur, que tout soit mis à leur
charge et sous leur responsabilité ».
Le Vaudois qui m’écrit ces mots s’y connaît, je t’assure. Vrai puits de sagesse, il serait taillé pour siéger dans notre Commission d’évangélisation, s’il
n’était pas quelque peu semblable à nos puits de Venise , que l’on n’ouvre
pas à toutes les heures ni pour tout le monde. — Addio.
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- - ^: )8 —
mmm l)\ MOT SIR MATTHIEl TLRIK.
Qiioitiufl nous ayons consacré déjà nn mot à Mr Turin, nous pensons (|ue
les lignes suivantes ne seront pas inutiles;
Le 24_du mois passé, s’éteignait à Turin, après une assez longue maladie,
supportée avec la patience et la paix du chrétien, la vie d’un homme dont
les traits principaux nous semblent de nature à intéresser nos lecteurs VaUdois.
Mr Matthieu Turin avait eu dè.j son enfance de sérieuses impressions Chrétiennes, dues, après Dieu, à l’influence et à l’exemple de sa pieuse mère,
qui avait été elle même réveillée à salut lors du mouvement religieux qui
suivit la visite de Félix Neff à nos Vallées. Il avait à peine terminé le peU
d’études c^u’on peut faire, dans une nombreuse école communale, et été reçu
à la Ste Cene par l’excellent Mr Bonjour de S‘ Jean qu’il partait pour Marseille,
ville helas ! trop célèbre parmi les vaudois, par le grand nombre de nos
jetines gens qui y ont été et y vont encore chaque année s'y corrompre et
s’y perdre. Il y connut toutes les misères de la vie de garçon de Café et de
garçon d’hôtel, et toute l’amertume d'une vie qui se passait loin de Dieu,
et quoiqu'il eiit pu y réaliser quelques économies, avec lesquelles il s’est
fait remplacer dans te service militaire, il y serait probablement mort comme
tant d’autres à toute vie religieuse, si la bonne Providence de Dieu ne l’avait reconduit à la maison. Pendant 3 ou 4 ans il fit, d'abord avec son cher
parent Mr Paul Turin, négociant en filoselle, puis seul, le marchand ambulant dans la Savoie et daus la Suisse Française. Plusieurs d’entre les pasteurs
et Instituteurs des Vallées se rappellent encore, la joie qu’ils éprouvaient en
le voyant arriver à Genève et à Lausanne, disposé à leur remettre l’argent
dont ils avaient besoin, à la condition que les parents le lui restitaeraie.it à
la maison, et peuvent rendre témoignage à la parfaite loyauté, à la serviabilité , à la constante bonne humeur de ce compatriote qu’ils ont tous aimé.
C’est à cette époque que se reveillèrent chez lui les sentiments religieux de
son enfance, soit grâce à l’influence des cultes qu'il pouvait maintenant fréquenter dans les Vallées et en Suisse, soit surtout grâce aux impressions
profondes que produisirent sur lui la mort de son cher père et de sa chère
mère. Son affection pour les auteurs de ses jours a toujours été grande,
mais pendant la maladie de l’uu comme de l’autre elle a été inépuisable.
Pas même un cœur de femme n’aurait pu déployer en faveur de ces chers
malades plus de tendresse persévérante ni plus de soins intelligents. — C’est
pourquoi Dieu le bénit, selon sa promesse, en faisant cesser sa vie itinérante
en lui donnant une excellente femme, qui le rendit heureux pendant un bon
nombre d’années, et eu lui permettant d'ouvrir a Turin, en compagnie de
son cher frère Paul Turin une petite maison de commerce, qui peu à peu
s’agrandit jusqu’à donner du pain non seulement à lui et à sa famille mais à
plus de 300 ouvriers. Cette maison de commerce est une fabrique de tricots ,
a machines tournantes, la Ire de cette espèce établie à Turin, distinguée par
une médaille d’honneur dans presque toutes les expositions industrielles de
notre nation. À. cette manufacture les deux frères^purent en peu de temps ajouter
une filature de coton, petite il est vrai, mais’ la Ire de ce genre dans la
ville de Turin, vrai bijou de filature, qui eut l’honneur de la visite de pluaeurs grands personnages de l’état, en particulier des deux Princes de la
famille royale.
|( ici les deux frères voulurent séparer leurs intérêts et à pautir de ce moment commence une 3® période de la vie de Matthieu Tunn ; période marquée par des épreuves sensibles et destinées à mûrir sa foi et a le préparer
pour un monde meilleur. D’abord il perdit sa jiremiôre femme à la quelle »
était très-attaché et qui méritait son aftection sous tous les rapports. Ensuite,
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?D9
la guerre d’Amérique avec la manque crise du colon, et de l'argenl, aniem.
uou pas des pertes considérables, mais uu évident arrêt dans la marché
ascendante de la prospérité de sa maison. Puis il eut des indispositions assez
graves et dut assister à la mort de plusieurs de ses proches parents. Voilà des
circonstances qui accompagnées de la grâce de. Dieu, et sous l’influence bénie
des prédications et des visites pastorales de M"" Meille ont décidé le cœur de
Mattliieu Turin à se donner entièrement à Dieu. Il eut le bonheur de trouver
une seconde femme selon son cCeur, et nous pouvons le dire avec humilité
et avec joie, selon le cœur de Dieu, qui ne contribua pas peu aux progrès spirituels de son âme. Aussi lorsque vint la maladie qui devait le conduire à la
tombe, il se montra soumis et résigné à la volonté de Dieu, yuoqu’il ne pût
bientôt plus digérer aucune nourriture, il n’eut pas de terribles soutfrances
à endurer, et nous l’avons vu plusieurs fois-joindre les mains et les lever
vers le ciel, en s’écriant les yeux pleins de larmes que Dieu avait été très-bun.
trèg-bon! envers lui. Le dernier jour de son pèlerinage terrestre, il a réuni
toute sa famille autour de son lit, a demandé qu’on fit le culte de malin
comme à l’ordinaire, puis en embrassant et en bénissant ses enfants, il donna
à tous les siens rmdez-com dans le ciel ; où il sera plus facile d’adorer le
Seigneur Jésus, puisque nous le verrons tel qu’il est. Il donna à tous quelques
paroles de conseil et d’exhortation soit pour la vie présente soit pour la vie
a venir. Puis comme il était fatigué il prit avec plaisir une cuillerée de vin de
Champagne. Quelqu’un se courba vers lui et lui récita quelques strophes d'un
cantique qu’il aimait beaucoup à chanter dans son enfance:
Exaltons la charité de Dieu qui dans sa bonté
Donne à nous pauvres pécheurs, son propre Fils pour Sauveur.
Jésus! sois le bienvenu. Hosanna Dieu du salut!
Fais un éternel séjour, dans mon cœur par ton amour.
Queje ne sois point confus, quand tu viendras ô Jésus
Mais que j’aille tout joyeux contempler ta face aux deux.
Il sourit à ces paroles et dit Amm, du fond de sou cœur; après quoi il
s’endormit au Seigneur, sans donner le moindre signe de souffrances et
d’agonie.
Pendant plus de 6 mois les sœurs de charité qui dirigent une maison de
refuge pour les femmes repenties, et aux quelles Matthieu Turin a toujours
donné du travail, ont envoyé presque chaque semaine prendre des nouvelles
du malade et n’ont jamais cessé de réciter à son intention soir et matin un
potór et un ane Le malade, quoique personnellement Icontraire à la récitation
des Ace Maria, ne parlait jamais des ces sœurs sans la plus vive émotion.
Les ouvriers et les ouvrières de la manufacture qui semblent avoir eu pour
Matthieu Turin un amour filial, se montraient inconsolables le jour de sa
mort. L’Esprit de Dieu a accompagné les paroles prononcées par Mr Meille sur
la tombe, eu présence d’une grande foule d’auditeurs qui étaient a peine retenus un peu a l’écart, par la Garde nationale, dont Matthieu Turin était un
des officiers, car quelques personnes ont témoigné que pour la première fois
de leur vie elles avaient contemplé un monde supérieur à celui dans le quel
ils avaient vécu jusqu’alors. Dieu veuille bénir cet événement solennel et les
impressions, qu’il a produites soit pour la famille du cher défunt, soit pour
tous ceux qui l'ont connu et aimé.
(iPhtontquie locale.
F^onaa.r'et. Les examens annuels, à l’Ecole Latine du Pomaret, ont été
satisfaisants, ainsi qu’on peut .s’en assurer par les chiffres qui suivent : — Sur
8
— ?40 —
16 élèves qui ont pu se présenter aux exameus, 15 ont obtenu Ta promotion,
— sur les 15 promus, 3 l’ont été avec distinction, 2 avec complète satisfaction,
et 10 avec s itisfaction. — Trois élèves ont achevé leur trienniuia et pourront
continuer leurs études au Collège de La Tour; ils ont obtenu, le Ir89il00,—
le 2d 88|100, — le 3^ 8I1IOO.
L’examen d’introduction a été subi avec succès par 11 nouveaux élèves, appartenaut: 3 à Uodorel, 3 à Villesèche, 3 à Pomaret, et 2 à Massel.
dxcontque poUttque.
Lus étudiants des lycées de Naples ont fait récemment une demi révolution
dans le vain espoir de se soustraire à l’examen de grec qu’ils trouvaient trop
diflicilc. On raconte que parmi les autorités scholastiques dont ils réclamaient
la déchéance quelques uns d’entr’eux glissaient aussi celle des classiques grecs
et criaient ingénument ; « morte a Senofonte ».
La semaine deruièro a eu lieu à Rocca di Papa, près de Frascati, l’exécution
capitale d’un liabitaut de l’endroit, certain Martini, que le tribunal de Rome
avait condamné inexorablement à la guillotine pour homicide politique, commis en 1867, lors de l’expédition Garibaldienne dans l’Agro Romano. Un brigadier qui, selon la coutume romaine, faisait entourer de sentinelles la maison
du condamné, fut tué par un frère de Martini qui crut venger ainsi la mort
du condamné et put se réfugier dans une forêt voisine, où personne n’osa le
poursuivre.
En face de ces événements nous aimons à signaler la grâce gue le Roi vient
de faire à un infortuné coupable dont l’arrêt de mort prononce par les Assises
de Macerata attendait aussi son exécution.
Le comte Mastai vient de mourir à Sinigaglia , sa terre natale , au bel âge de
89 ans. Il était frère de Pic IX, dont il n’était que de 10 ans plus âgé.
Le bruit couru de la démission forcée du commandeur Ferretti, procureur
général près la cour d’appel de Milan est entièrement controuvé. Ce haut
fonctionnaire, auquel a maintenant succédé Robecchi, avait volontairement
demandé sa pension de repos depuis le 19 avril dernier.
lerantte. Le nouveau ministère est constitué, mais on le considère un
ministère do transition, car aucun représentant du tiers parti en fait part.
Du re.stc quatre anciens ministres restent au pouvoir, ce sont le marquis de
la Roquette pour l’intérieur, Mr Magne aux finances, le Maréchal Niel au
département de la guerre et le comte de Genouilly à la marine. Le ministère
d’état est aboli. Rouher a accepté la présidence du sénat. La prorogation de la
session extraordinaire du Corps législatif est très-anormale, car ce Corps n’était
pas encore définitivement constitué, 55 élections restant encore à convalider.
La presse libérale proteste avec raison contre cette politique à surprises.
Angletex-i'e. Le conflit entre les deux Chambres s’accentue de plus en
plus. Les Communes repoussent un à un tous les amendements portés par la
Chambre des Lords au bill sur l’Eglise établie d’Irlande.
Sixè<l©. Un grand incendie a détruit en grande partie la petite ville de
Gefle, située à 14 milles au dessus de Stokolm.
Aixtrlolx©. Des troubles ont éclaté à Brünn en Moravie, à l’occasion
d’une grève d’ouvriers. La troupe a dû faire usage de ses armes. On déplore
quelques morts.
Elspagrne. Après la crise, le ministère a de nouveau été définitivement
constitué. Le prince de Reuss qui en est toujours le président en a annoncé
la formation aux Cortès en les assurant qu’il suivra fidèlement la politique de
la révolution et se montrera énergique contre toute réaction. De Cuba point de
nouvelles.— .Au Mexique les élections Rirent généralement favorables apuare?..
Pignerol, J. Chiantore Impr.
A. Revel Gérant.