1
Année XIII®.
PRIX D'ABONNEMENT PAR AiT"
Italie....................L. 3
Tous los pays de T Union de
l)Oste . . . » 6
Amérique du f?ud . . . » 9
On .s’abonne:
Alt bureau tV Administration ;
OliGîî I\ni. les Pasteurs .
Chez M. Ernest Robert (Pignerol) et
à la Librairie Chiautore et
MascarelÎi ( Pignerol ).
L’abonnomont part du If Janvier
et ee paie d'avaneo.
N. 12.
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le tirage 10 centimes chacun.
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l'Administration à M. le Pasteur H. Bosio — SaÍ7it Germain^
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payé 0,25 céntimos.
LE TEMOIN
ËCHO DES VALLEES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
VoVêS me nere» bliMinx. Actei 1 , B.
la vérité mee la diavfié. Eph. iv, Ift.
Siom ma lr*e
üii aulid jiibilü. — Currespondanc/:. —
SlissiiHis. — Un iiouvrau lémoignajin
il iiiiiilaaii' Elisalinlli Thompson. —
Clininique mudoise. — Soiiscriplioii.
m AUTRE JUBILE
Par une rare et heureuse coïueitience, le mois de mars de cette
année marque le jubilé ou cinquantième anniversaire de la consécration au Ministère de deux hommes
appartenant à deux églises presbytérienne.s, mais tous les deux
écossais et tous les deux chauds
amis de l’Evangéli-sation italienne
et de rKglis Vàudoise.
La semaine dernière, à Livourne,
l’on célébrait le jubilé de l’excellent doct. Stewart qui appartient
à l’Eglise Libre d'Ecos.se; — la semaine prochaine et précisément
le 29, à Edimbourg, l’on fêtera
celui du doct. Andrew Thompson
pasteur de l’Eglise Unie Presbytérienne d’Ecosse.
La lettre que la Table Vàudoise
vient d’adresser à cet autre vétéran
de l’armée de Christ et que nous
sommes heureux de pouvoir mettre sous les yeux des lecteurs’,
indique mieux que nous ne pourions le faire les motifs que noufeavon.s, comme Vaudois, de joindre
notre voix à celle de nos frères
d'Ecosse pour félicit r le docteur
Thompson en celte heureuse occasion et pour bénir Dieu de notis
avoir suscité cet ami.
Sj nous sommes fidèles dans
l’œuvre qui nous a été confiée,
le Seigneur ne manquera certainement pas de nous susciter de
nouveaux amis, pour remplacer
ceux dont l'âge affaiblit les forces
et que le Maître appelle, l’un après
l’autre, à entrer dans son repos.
Lellre an Doct. Andrew Thompson
Très honoré Docteur et cher frère,
Bien que, depuis fort longtemps,
c’est-à-dire, depuis le moment où
l’Eglise Vàudoise a jugé nécessaire de
2
90.
confier à un Comité spécial la direction de son œuvre d’évangélisation
italienne, la Table n’ait plus eu, ou
n’ait eu que rarement l’occasion de
correspondre avec vous, elle ne vous
a pas oublié.
El comment l’aiirail-elle pu, sachant par le témoignage unanime de
tous les délégués de l’Église, comme
par celui des jeunes étudiants qui
font un séjour dans votre ville et
même par celui de quelques-uns de
ses membres qui ont eu le privilège
de vous revoir, que tel vous avez
été, il y a quarante ans, tel vous êtes
encore aujourd’hui, l’ami de l’Eglise
Vaudoise et lui donnant, dans toutes
les occasions qui s’offrent à vous, des
témoignages de votre cordiale sympathie?
Si l’Eglise Presbytérienne Unie d’Ecosse persévère dans la voie de la
libéralité chrétienne en faveur de
l’évangélisation italienne faite par
l’Eglise Vaudoise, nul n’ignore que
c’est grâce à votre légitime influence
et à l’autorité incontestée avec laquelle vous n’avez cessé de plaider
sa cause.
Mais il y a un détail de voire activité chrétienne vers lequel notre pensée s’est reportée dès le moment où
une amie dévouée el de vous et de
nous, nous à informés du jour où
votre Eglise vous préparait une fêle
pour le,, cinquantenaire de voli e Consécration au St. Ministère. — Au
moment où la Table vaiidoise faisait
tous ses efforts pour compléter et
améliorer l’enseignement à son Collège de La Tour en vue de préparer
de bons élèves aux éludes théologiques, c’est vous, cher et vénéré docteur^ qui lui avez, el pendant nombre
d’années, fourni l’honoraire d’un
excellent professeur d’italien, dont
les services ont été et nous sont
encore extrêmement précieux. El ce
qu’il y a de parliculièrernent intéressant dans ce très grand service rendu
à l’Eglise vaudoise et à son œuvre
d’évangélisation italienne, c’est que
vous avez eu l’heureuse idée d’y associer les enfants de votre école du
dimanche. Car c’est en leur nom que,
année après année, vous adressiez
à la Table le subside recueilli el,
sans doute, complété par vous.
Nous n’avons donc pas besoin de
beaucoup d’imagination pour nous
représenter que dans celle assemblée
accourue pour vous féliciter el se
réjouir avec vous, il y aura un bon
nombre de ces chers enfants de votre
école du dimanche, devenus des pères
el des mères de familles préparés par
vous à aimer l’Evangile el à s’intéresser à ses progrès dans le monde
entier. — C’est aussi sans effort d’imagination mais par un simple élan
du cœur que nous qui avons le pn'vilège honorable de représenter l’Eglise Vaudoise, nous nous transportons par la pensée, — ne pouvant
le faire anlremeni, — le 29 c. au
milieu de vos nombreux amis, collègues el fi'ères, pour vous offrir avec
eux le Iribnl de notre vive reconnaissance el de notre respectuense
affection chrétienne.
A l’expression de notre joie el de
notre gratitude envers le Seigneur
qui vous a fortifié pour une longue
activité h son service, nous unirons,
et dès aujourd’hui nous unissons nos
vœux ou plutôt nos prières, afin
qu’il lui plaise de prolonger encore
vos jours si précieux pour votre Eglise
et pour tous vos amis, parmi lesquels,
nous vous prions, Très honoré Docteur et cher frère, de compter vos
liés humbles el dévoués
Les Membres de ea 'Pable.
Correepoiibimcc
Lettre de Toscîane
Dans le train outre Rome et l*'loreni;e
2S maivs 1887
J’ai peu de chose à ajouter à ma
première lettre. Le discours du docl.
Stewart en réponse à toutes les adresseS qui lui avaient été présentées
fut des plus inlére.«siirifs. Apré.'s avoir
remercié l’un après l’auli'e tous ceux
qui étaient accourus à sa fêle, il fit
3
^91
l’hisloire de la congrégation écossaise
de Livourne, rappelant, avec affection
Ions ceux qui avaient été ses compagnons d’œuvre, et donnant à Dieu
seul la gloire de tout ce qu’ils avaient
pu accomplir ensemble pour son service. .l’exprime à mon tour le vœu
que les adresses et le discours qui
leur servit de réponse soient réunis
dans un petit volume en souvenir durable de cette belle et heureuse journée.
Il serait peu aimable de ma part de
faire venir l’eau à la bouche aux lecteurs du Témoin en leur décrivant le
’ menu du magnifique dîner auquel
un des anciens du docteur Stewart,
M. Robert Henderson, nous avait conviés pour le même soir dans la splendide salie à manger du Grand-Hôlel.
.l’ai mieux que cela d’ailleurs à leur
offrir. Le dîner fut suivi d’un certain
nombre de toasts, dont la liste dressée d’avance, était entre les mains de
chacun. Selon l’usage anglais chaque
toast donnait lien à deux discours:
celui du proposant, et celui de la
personne désignée pour lui répondre.
Selon un autre usage religieusement
observé dan.s des circonstances analogues, le premier toast fut porté
I par l’amphytrion à S. M. la reine
Victoria, qui elle aussi va célébrer
dans quelques semaines le jubilé sémiséculaire «le son « ministère de Dieu
. pour le bien », selon la belle expression de St. Paul. Le .second eut pour
objet nos souverains et la famille
royale d’Italie, et tant l’un que l’autre
de' ces deux toasts furi'Ul portés, tout
le monde se tenant debout, et avec
de sonores vimls. Le cher et vénéré héros de la fêle fut salué en
troisième lieu. Puis vint le tour de
l’Eglise Vaudoise, des autres Eglt.scs
Evangéliques, des Sociétés Bibliques
d’Ecosse et de Londres, du Comité
Continental de l’Eglise Libre d’Ecosse
et du Presbytère d’Italie, de la Société des Traités religieux, des amis
de l’Evangélisation italienne, etc. Les
dames ne furent certes pa's oubliées,
et qui aurait pu dans un jour semblable oublier la bonne Madame Stewart, à laquelle son état de santé ne
permettait pas d’assister au diner?
Le sentiment de tout le monde à son
égard fut très bien exprimé par Mr.
Will, lorsqu’il rappela les paroles
d’un Ecossais, qui, au moment de
quitter le toit bospilalier des Stewart,
serrait la main du docteur, en lui
disant: — «Docteur, je vous suis
infiniment obligé d’avoir une si brave
femme ».
Je finirai par une autre citation.
Elle est prise d’une lettre du docteur
Stewart lui même, dans les toutes
premières années de son séjour à
Livourne: « Comme missionnaire dans
ce pays, je suis obligé par mon devoir envers mon Eglise, et paf celui
plus élevé encore que j’ai envers mon
Maître qui est aux cieux, de faire
tout ce qui est en mon pouvoir pour
répandre l’Evangile parmi les indigènes de l’Italie».
Ces belles paroles contiennent la
clef de la longue et utile vie du doct.
Stewart. Chacun de ceux qui l’ont
connu de près reconnailra sans peine,
qu’il a été jusqu’au bout fidèle au
noble but qu’il s’était proposé au
commencement de sa carrière.
A. Meille.
Missions
tintraUs (le fieux lettres üe H. Coillard
adressées à HIJI. J. I*. N. et H. il.
l^efula, Haut Zambèso, 27 ostob. 1886.
.... J’ai lu avec avidité toutes les
nouvelles (touchant l’Union de l’Eglise Vaudoise avec l’Eglise Libre),
que j’ai pu recueillir ça et là dans ,
les journaux. Je puis bien comprendre
qu'il en coûte à plusieurs d’entre
vous de renoncer à votre titre d’Eglise Vaudoise pour celui d’Eglise
d’Italie. Il semble que c’est briser
avec un passé des plus glorieux. L’esorit de Dieu dirigera ou aura dirigé
es discussions et les décisions de
votre Synode de celte année, pour
qu’elles soient à sa gloire et jpour
l’avancement de son règne en Italie,
f.
4
-9a.........
Dans cette question j’ai senti comme
sj j’étais-Vaudois moi-mêrne Je n’ai
pas ce privilège; mais je suis hugue^
not, donc leur frère, et c’est quelque
chose que ce lien de parenté. Je ne
puis vous dire combien nous avons
été touchés, ma chère femme et moi,
du fait que votre Synode s’est souvenu : de nous, en prières. Et Dieu
vous a exaucés, et exaucés, comme
il: le fait toujours, bien au delà de
votre aUente, Vous priiez pour que
Dieu rétablît ma chère compagne, et
voilà c’est à elle et à nous tous qu’il
a donné une bonne santé. Nous avons
eu une année remarquablement bonne.
Nous sommes l’étonnement des marchands et de tout le monde.
Le contraste est frappant entre
notre expédition et celle des jésuites
et aussi celle du doct. Holub. Lui
aussi, le doct. H., a perdu plusieurs
hommes. Et maintenant il revient de
chez les Mashikulumhos, où ces sauvages l’ont complètement pillé et lui
ont tué un de ses hommes. Il a tout
poi’du, ses instruments, ses vêtenaents, ses provisions, etc. Il a usé
de représailles, mais tout de même,
il a dû l'ebrousser chemin, mendiant
sa nourriture, avec une jeune femme
les pieds nuds et endoloris, et son
monde (2 hommes) dans l’état le plus
pitoyable de misère et de maladie.
— Ah, qui plus que nous n’a de rai¿dnfc.cLe croire à la « communion des
saints, » à la puissance de la prière!
L’Ange de l’Eternel campe tout autour de ceux qui le craignent et les
garantit, et au milieu d’une telle
armée, voilà encore les prières des
saints qui forment une puissante muraille autour du serviteur de Dieu et
descendent sur lui en rosée de bénédictions 1— Quelle position privilégiée! Ah, si seulement, comme vous
le dites, nous avions gros comme
un grain de moutarde de foi, de foi
vraie, audacieuse, qui croit aux miracles ! En théorie, elle est bien là;
mais en pratique, dans les détails
de la vie, où est-elle? Je comprends
toujours plus combien odieux, auJiyenx.du Seigneur, est le péché, je,
ne dirai pas de l’incrédulité, mais
du manque de foi. Il nous a fait de
si glorieuses promesses, il n’a jamais
manqué à sa parole — comment donc
oser douter? Savez-vous une impression douloureuse que j’ai remportée
d’Europe! C’est que le scepticisme,
comme un poison subtil s’est infiltré
dans toutes les veines de l’Eglise. Les
convictions fortes sont rares ; on nage
dans le vague, c’est la mode, et on
plaint comme des gens attardés, ceux
qui ont encore des convictions profondes et arrêtées. De là la faiblesse
de la prédication. Le malheur c’est
qu’on fait beaucoup de théologie en
dehors de la Parole de Dieu. Je me
sentirais poussé à répéter aux jeunes
gens ce conseil de l’apôtre: « que
la parole de Christ habile en vous
richement! »....
Le journal des Missions vous donnera
peui-être de nos nouvelles. En deux
mots les voici. J’ai laissé ma femme
a Sesheké pour les couches de ma
nièce qui ont eu lieu le 22 septembre.
— une petite fille. - Je suis venu seul
avec Middieton et Waddell pour ouvrir le chemin et préparer un abri
pour la saison pluvieuse. Mais le
voyage .a été bien plus diiïicile que
je ne m’y attendais. Au lieu de 3 à
4 semaines, il a duré 2 mois; et
encore avons-nous dû laisser en route
2 wagons qui ne sont pas encore
arrivés. Je les attends avec impatience pour les renvoyer à Seshéké,
J’y irai moi-même en canot pour
gagner du temps et lâcher d’amener
ma chère femme ici avant l’inondation annuelle du pays. Celte séparation qui pourrait se prolonger toute
une année, si ces plans ne réussissent pas, est pon.r nous, vous le
comprenez, un sujet de grande anxiété et d’angoisse. Je demande à
Dieu de nous épargner un sacrifice
qui, maintenant, semble au dessus
de nos forces. Si nous avions pu
voyager sans trop de difficulté et
que nous ne fussions pas menacés
par ta saison diluvienne, où tout
voyage devient impossible, ma:femme
serait venue seule avec la famille
d’Aaron, et moi j’aurais pu pousser
énergiquement nos travaux d’instal*'
5
93^
lation. Maintenant, c’est hors de
question. Je puis à peine parler de
l’œuvre qui est devant nous maintenant.
Je ne suis que comme un oiseau
sur la branche. Ce que je vois clairement, c’est qu’elle est grande et
difficile. Si seulement nous en avions
fini avec les bâtisses! Si seulement
quelque brave ami comme Middleton
voulait mettre au service de la mission
des bras vigoureux et nous décharger
des travaux agricoles, quel bienfait!
Il nous faut non seulement croître
notre blé, mais probablement aussi
celui de toute la mission, quelque
développement qu’elle prenne, car
on ne peut pas cultiver à Seskéké.
Je me dis que si je pouvais, d’un
bond, me transporter aux Vallées,
je n’en reviendrais pas seul.
C’est surtout pour l’œuvre elle-même
qu’il nous faut du secours. Nous attendons avec impatience Mr. Jalla,
mais je voudrais savoir qued’aulres
l’accompagnent. Il sera le bienvenu
cet ami, et sa compagne aussi, vous
n’en doutez pas. Il faudrait que noms
pussions faire marcher de front l’école et l’évangélisation.
Quand la poste arrive c’est un festin
qui nous déborde: puis, peu à peu, nous
faisons l’inveniaire de nos richesses
et cela nous fait vivoter jusqu’à la
poste suivante. Rien ne se perd des
messages qui ont traversé mers et
déserts pour venir jusqu’à nous et
tout est d’une fraîcheur et d’un parfum
comme au premier jour. C’est l’hisloire
des anémones que, du midi de la
France, l’on envoie dans des petites
boîtes, par la poste, à toutes tes extrémités de l’Europe.
 destination, quelques gouttes
d’eau, et les fleurs s’épanouissent,
comme jamais, sous un ciel et dans
des circonstances, qui ne sont pas
précisément les leurs. La prière, en
correspondance, fait l’office de l’eau
fraîche qui rend à la fleur ses couleurs
et son parfum....
Qu’il est différent le monde où
nous sommes venus vivre et travailler!
Vous, vous êtes dans une cité popu
leuse, belle et propre, où les conventions sociales vous coudoient à
chaque pas. Moi, me voici tout seul
dans line toute petite tente plantée
dans le sable sur un monticule qui
semble dominer le désert. Le roi
m’a fait visite le surlendemain de
mon arrivée. Il était, accompagné de
gens à pied cl à cheval Mais cette
petite cavalcade de 8 on 9 chevaux
avec 3 ou 4- selles en tout, aurait
pu donner le fou rire. Lewanika est
un homme d’environ 35 ans, ouvert,
communicatif et aimable.
Si ce n’était ses yeux, on aurait
de la peine à'croire qu’il est l’auteur
de toutes les atrocités qui se sont
commises dernièrement. Et les yeux
sont le miroir de l’âme. S’il continue dans les bonnes dispositions
où je le trouve, il y aurait de l’espoir
pour l’avenir de ces tribus. Mais ce
n’est pas à lui que noms devons regarder poui' nous donner confiance.
De fait, ces tribus sont dans nnétat
tel d’avilissement et de corruption
que nous nous découragerions cent
fois, si nous ne croyions à la puissance
de l’Evangile. Je lui ai rendu sa visite — j’ai été passer le 'dimanche
à la capitale; — ce n’est pas Turin.
Il faisait une chaleur suffocante. Nous
avons eu pourtant deux services,
c’est-à-dire, deux prédications, le
malin et tard dans l’après-midi. Je
suis étonné de l’attention avec laquelle les hommes écoutent.
Malheureusement les femmes qui,
le malin, s’étaient aventurées à venir
se cacher derrière un mur de roseaux,
sont restées absentes l’après-midi.
Nous sommes à 20 Km. au moins
de la capitale. Impossible de nous
fixer plus près, et ta santé avant
tout. J’espêre encore que la capitale
se rapprochera de nous, ce qui serait
assez facile avec un peu de bonne
volonté. Il faudrail seul'emenl trouver
une petite élévation dans la plaine
entre tes collines où nous vivons
et la rivière... Vous'¡me faites ve
nir i.’eau à la bouche en parlant de
raisins. Je pense qu’il nous faut
maintenant regarder au paradis pour
rnangei' du fruit.
6
lîN NOUYEAü TEMOIGNAGE
RENDU
à Madame iültsabetli Thompson
«Elie a donné aide à ¡dusieufs»
(Rom. "IG, 2): lei est le passage par
lequel se dot le faire part de la mort
de notre amie (1); et ce peu de mots
exprime d’une manière aussi frappante que véridique ce cju’elle a été
toute sa vie. «Elle a été appelée»,
m’écrit son frère, notre bienfailenr
lui aussi, «dans la demeure qui lui
avait été préparée. Elle est partie
dans la foi, dans ta paix et dans la
joie, après une œuvre merveilleuse
accomplie au service de son Maitre,
pendant un veuvage d’un demi siècle > ;
et cette assurance touchant son salut
ne peut être que partagée, et ce jugement relatif à son œuvre ne peut
être que confirmé par tous ceux qui
l’ont connue. Quelle foi en effet plus
simple, plus enfantine que la sienne;
et en même temps que d’œuvres chrétiennes qu’elle a soutenues de sa générosité princière; que de misères
matérielles et morales qu’elle a soulagées! Aucune main ne s’étendait
vers elle, qu’elle n’y laissât tomber
ce qu’il fallait et plus qu’il ne fallait
pour subvenir au besoin. Et que de
fois, soupçonnant des détresses qui
n’osaient pas s’avouer, n’a-t-elle pas
été frappgr discrètement à la porte
derrière laquelle elles se cachaient.
Si on lui ouvrait, c’était place conquise. Rien ne résistait au sourire de
son regard et de ses lèvres, au charme
de sa parole enjouée et afîecLueiise.
Quand eile reparlait, l’aisance était
rentrée au foyer et ceux qui avaient
reçu n’éprouvaient que de la joie,
aucun arrière-goût d’humiliation, car
on lui avait fait plaisir en acceptant.
Mais l’œuvre qu’elle semblait atfectionner le plus, c’était celle d’aider
la jeunesse peu moyennée à s’instruire,
à se faire une place au soleil, à atteindre une position honorable dans
la société. Ils le savent bien ces pa
fl) M.rne ThiiDipsan est morie k itrnjfîpe,
près d'Edinburgn^ le jeudi imuiiti, 3 mars
J887.
renis dont les ressources plus que
limitées, n’auraient jamais suffi ,à
faire suivre à leurs fils et à leurs
filles des cours dispendieux dans quelque collège ou pensionnat de grande
ville. Ils le savent bien ces étudiants
en théologie qui n’arrivaient qu’avec
peine à défrayer les dépenses nécessitées par une existence plus que
modeste. Quelle joie pour eux lorsque
leur parvenait une invitation à passer
une semaine on deux à Beeslack, la
résidence de M™® Thompson et de son
frère M. John Cowan. Ces deux amis
vous refaisaient votre homme en quelques jours. Ils lui refaisaient le cœur
en même temps que la santé; car ils
se doutaient bien, qu’à Edinbiirgh,
dans la pension, il se sentait isolé,
que la vie de famille devait lui manquer, et ils s’eflbrçaient, en y réussissant toujours, do remplacer auprès
de lui ses parents, et de faire de leur
maison sa maison, de leur foyer son
foyer.
Je connais un de ces jeunes gens
qui arrivait pour la première fois à
Beeslack, Se voyant d’un coup transplanté d’un humble parlnur dans une
splendide .drawing rooni, i! se demandait, non sans éprouver un sérieux embarras, comment i! se serait
présenté aux maîtres de céans. Mais
son inquiétude fut de courte durée.
Il entendit bientôt les pas de quelqu’un qui suivait le corridor en fredonnant une gaie chansonnette. La
porte s’ouvrit, et madame Thompson
entra, l’air riant, décidée à convaincre, du premier coup, l’étudiant
étranger, qu’il avait trouvé en elle
une seconde mère, El ce qu’elle fut
des le commencement, elle le resta
toujours. Et ce qu’elle fil pour celuilà , elle l’avait fait pôiir d’autres
avant, et eile le fil pour d’autres
après lui. C’était surtout les éludjanls
en théologie des Eglises des Vallées,
de la Bohême et de la France.qu’elle
aimait à secourir,:, à porter sur la
paumo de ses mains au dessus de
mainte difficulté et de maint découragement, à soutenir et à élever jusqu’à ce qu’ils eussent atteint ta position qu’elle désirait pour eux.
7
95
A cela ne se bornèrent pas, tonte
fois , les bienfaits dont nos Vallées
lui sont redevables Après s’être intéi’essée aux individus, le Seigneur
lui mit au cœur de s’inléresseï' à
riiglise toute entière; et sans mentionner ici ce qu’elle fit pour nos
différenles œuvres de bienfaisance et
de mission, je me bornerai à dire
que ce fut cette main de femme
énergique et aimante qui donna la
première impulsion au mouvement
qui aboutit à une augmenlatiin du
salaire de nos pasteurs. Elle sortscrivit elle-même, de la façon la plus
généreuse; elle s’assura la coo|)éi ation
de vert. Dr. Robertson de Greyfriars;
elle gagna à celte cause ses nombreuses connaissances, et le navire,
lancé sous de si heureux auspices,
ne t.'tida pas ;’t .arriver :ui port.
Madame Thompsotr est venue plu
sieurs fois aux Vallées. Elle aimait
notre ciel, nos montagnes, nos gens.
Tout en goûtant la vie de famille
qu’elle avait trouvée dans quelquesunes de nos maisons et y répandant
la lumière et la joie de .sa foi si
simple et si gaie, elle aimait à sortir,
à découvrir du pays, à interpeller
telle bonne femme sur la route, à en
visiter une autre dans son humble
demeure. «Ah! c’est vous», Irti disait un jour une petite vieille, « qui
avez eu l’honneur de me donner un
nouveau testament ». Ce que la chère
dame .put rire de ce quiproquo! Et
pourtant la pauvi'e paysanne n’avait
fait qu’exprimer la pure vérité. De
donner, de rendre tout le monde
heureux autour d’elle, c’était un plaisir, un honneur, car en servant un
de ces petits, elle servait le Seigneur
qu’elle aimait et dans les bras duquel
elle s’est doucement endormie.
Elle aurait beaucoup aimé revoir
encore une fois nos Vallées. Elle se
mit même en roule dans ce but,
mais arrivée à Paris elle sentit que
ses forces la trahissaient et qu’il
fallait revenir sur ses pas. Nous sommes assurés, toutefois, qu’elle nous
a suivis constamment de sa noble et
chaude sympathie, et que quelquesunes de ses ‘ dernières pensées ont
été pour nous. h. m.
Slironiquc êî/iubotec
Anghogne. — N’ayant aucun local
assez vaste que l’on puisse rhaulfer,
et les distances à parcourir étant
considérables nous avons pensé qu’il
n’était ni sage ni patriotiqued’exposer
la santé de nos plus jeunes compatriotes — les enfants de nos écoles,
en ayant la fête de l’Emancipation le 17
février, jour où il faisait très froid et
où la neige tombait à gros flocons.
S’il avait été question de sauver la
vie à quelqu’un, nous aurions pu
avoir la fête, ce jour-là, quand même,
mais comme quelques-uns de nos enfants sont morts déjà ensuite d’infirmités contractées le jour de la fête
en pataugeant dans la boue et dan.s
la neige et en gardant l’humidité
jusqu’au soir, nous n’avons pas pris
sur nous la responsabilité d’étre trop
courageux aux dépens de la santé
d’autrui, et nous avons, d’accord avec
les maîtres et avec les maître.sses d’école, renvoyé la fête à meilleure
époque.
On vient de lire les motifs pour
lesquels nous présenterions volontiers
an Synode la proposition de placer
la fête de l’Emancipation à une époque
de l’année où elle fût possible, plus
agréable et point dangereuse. La fête
du Slalulo n’a fait que gagner après
la décision du Parlement qui l’a
transportée de février en juin. Et
pourquoi n’en serait-il pas de même
pour l’Emancipation que l’on pourrait célébrer après Pâques au moment
de la clôture d’un grand nombre de
nos écoles, et lorsque les enfants
seraient plus disposés à la fête, ou
qu’ils viennent de terminer leurs
examens.
Pour cette fois, nous avons choisi
le 14 mars, jour anniversaire de la
naissance du Roi, et nos enfants ont
bien joui.
Chaque école arriva avec son régent
en tête et sa bannière^ au vent ; ceux
de deçà du Vengie allèrent ainsi à la
rencontre de ceux qui venaient du
delà, comme pour combler, si possible,
ce torrent qui a une histoire et dont
8
96 ....
I
le nom a une malenconireiise signification.
Au temple, les enfants eurent la
première place, mais il y en eut
aussi pour les grandes personnes qui
prennent pour la fête un intérêt aussi
vif que celui qu’y apportent les enfants.
La leclure de la Parole de Dieu,
un bon discours de Mr. Peyrot, des
ebani s exercés pour la circonstance
par les soins de Mr. Guigou, une
collecte en faveur des victimes du
tremblement de terre pour.lesquelles
b\ pai'oisse a déjà donné un peu plus
de 220 francs; - voilà le programme
de la première partie de notre fête.
Après avoir fait honneur au repas
habituel consistant en un respectable
morceau de pain blanc, une bonne
tranche de Gruyère et une orange,
l’on se réunit de nouveau pour les
récitations, les dialogues et les chanls.
Dans la matinée rassemblée avait
adopté paracclarnalion un télégramme
([ui fut envoyé au Roi, pour lui souhaiter un grand nombre d’années
heureuses, et un règne long et béni
par le Seigneui'.
Voici la réponse qui nous est venue
de Rome, et dont connaissance a été
donnée à notre population:
«Pervenne all’alto suo indirizzo il
telegramma col quale la S. V. RI.™
a nome di codesta Popolazione Valdese inviava felici aiigurii a Sua
Maestà nella fausta ricorrenza del
Reale Suo Genetliaco.
» La Maestà Sua mentre gradiva
tale omaggio di aifettuosa devozione
mi affidava l’onorevole incarico di
rendermi interprete dei Sovrani suoi
ringraziamenti
)i Con distinta osservanza
¡1. Minisi'O d'ila Reai Cniia
Visone ».
Il faut dire encore que nous n’avons
pas laissé passer le 17 février sans
rendre grâces par un service religieux
pour les bieniails que le Seigneur
nou.% a assurés par l’Emancipation.
C’est en cette circonstance qu’a été
distribuée aux familles l’inléiessante
biographie de Barba Martin Gonin
pour laquelle nous remercions bien
cordialement Mess. H. et P. Meille,
amis constants des enfants vaudois.
E. Bonnet.
SOlISCIlll'TiO^
POUR AJOUTER UN DORTOIR
ET DES LITS À l’orphelinat VAUDOIS
Montant des listes précéd Fr. 1885,85
S. T., , ancienne orpheline 1) 15,
M. L, • » 5,
Mr . .1 Henri Poël (Cassas) » 1,
N. N, (Périer) . . . . D 1,
Mr . 1 e chev. P. Meynicr
( 2l farn. (Si. Germ.) )> 5,
A. R. » 4,
Total fr. 1916,85
poUttc|ue
Grâces aux affaires d’Afrique. et au dernier vote de la Chambre, les vacances de
nos honorables députés se prolongent, plus
qu'il ne faudrait, et no termineront, probablement, qu’après les fêtes de Pâques,
au déiriment d’une foule de graves intérêts.
Il est plus que temps que la grève finisse.
~ Outre les 1000 fusils dont parle notre
dernière revue politique, le général Gêné
aurait consignés à Ras-Alula6 chefs assaort us qui pour se soustraire aux poursuites
du Négus avaient eu la malheureuse idée
de se mettr" sous la protection des troupes
Italieunes; ces malheureux, assure-t-ou,
ont été immédiatement massaeré.s. Presque
tous nos journaux jettent, avec raison, les
hautes cris contre cet acte d’indigne trahison dont vient de se rendre coupable
notre représeulaut en Afrique.
h’aut-il s’étonner, après cela , si Ras-Alula
a manqué, lui atts.si, à ses engagements,
en retenant le capitaine Savoiroux, et en
exigeant pour sa délivrance de nouvelles
concessions?
-- l.e 22 c, l’Allemagne entière, etd’une,
manière toute spéciale, Berlin, a fêté, avec
entliousia.sme, le 90"e anniversaire de son
empereur.
\u dîner de la Cour ont pris part 90
princes, accourus de tous les coins de
I Europe. G'Italie était représentée par le
frère du roi, le prince Amédée.
EiiNiiST lîoBiîitT , Gérant
Pignerol, Impriiii, Ghiantore et Mascarelli.