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Olzuiuièzne année.
IV. 1.
7 Janvier ISTO.
L’ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBD05IADAIRE
Spécialement consacrée anx intérêts matériels et spirituels
de la Famille Vaudoisc.
Qae toutes les choses qui sont véritables. occupent
vos pensées — < Phiîippiens., IV. 8.)
PRIX D ABONNEMENT I
Italie, â. domicile ('vttan) Fr. 3
Suisse...................5
France.................* 6
Allemagne..............» 6
A=ngieierre, Pays-Bas . » 8
Un numéro séparé : 5 cent
Un numéro arriéo'é : 10 cent.
BUREADX D’ABONNIHENT
Torrr-Peu.ìce : Via Maestra,
N. 42, (Agenzia bibliogriifica)
PiGNERoL : J. Chlantore Impr.
Tl’Rin \J.J. Tron, via Lagrange
près le N. 22.
Fr.oRENCR : Librerìa Evangelica, via de’Panzani.
ANNON(’ES : 5 cent, la ligne
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S’ adresser pour radministrution
au Bureau à Torre-PelUce ,
via Maestra N. 42. — pour la
rédaction: à Mr. A. Hevel
Prof. U Torre-Pellice
Soniniair'e.
Quelle heure est-il f — Idées claires pour
les esprits peu au clair. — Variétés: La fête
de Noël en Allemagne — Evangélisation —
Chronique locale. — Chronique politique.
QUELLE HEURE EST-IL?
Nous consumons nos années
comme une pensée. Nos jours reviennent à soiæante-dix ans, et, s'il
y en a de vigoureux, à quatrevingts ans ; même le plus beau de
ces jours n'est que travail et tourment; et il s'en va bientôt et nous
nous envolons.
Voulez-vous rendre sensible,
ami lecteur, cette vérité si commune et presque banale , que le
temps , « cette image mobile de
l’immobile éternité, • est tout ce
qu’il y a de plus fugitif ?
Divisez la vie d’un vieillard de
quatre-vingts ans comme le cadran
d’une horloge ; chaque heure sera
d’environ sept années. Quand un
enfant est âgé de sept ans, il est
une heure sur le cadra^mde sa vie;
quand il aura quatorze'^s, il sera
deux heures; s’il à vingt
un ans, il sera liiHgltheures et
ainsi de suite. De cette manière
vous pouvez toujours connaître
l’heur.e de votre vie, et peut-être
la vue seule de la pendule vous
y fera quelquefois penser. D’après
ce calcul, tel est mort â minuit;
tel autre a onze heures, et tel
autre à dix. Bien peu ont entamé
le cadran une seconde fois. A quelle
heure vous ou moi nous mourrons,
n’est connu que du Dieu qui sait
toutes choses.
Combien de pensées sérieuses
peut inspirer la vue d’un cadran !
En entrant dans une nouvelle année, n’oubliez pas de vous demander: quelle heure est-il?
La sagesse humaine vous dit:
« Le temps, c’est l’étoffe dont la
vie est faite ; » ménager son temps,
c’est donc être économe de ses
douze heures de vie. Elle dit aussi:
« Le temps c’est de l’argent;» ménager son temps est donc être
économe de ses propres ressources.
Mais, dirons-nous avec Bossuet,
« 11 est tard de ménager quand
on est au fond; rien de plus essentiel que de travailler .de bonne
heure. Il faut le temps, de la jeu-
2
-(2)
nesse ; celai qui reste au fond
n’est pas seulement le plus court,
mais le plus mauvais, et comme
la lie de tout âge ».
La sagesse divine dit à son tour:
N'y a4-il pas douze heures au
jour? Pendant qu'il est jour, il
me faut faire les œuvres de celui
qui m'a envoyé; la nuit vient dans
la quelle personne ne peut travailler.
Que notre prière soit donc comme
celle de Moïse: Enseigne-nous à
tellement compter nos jours, que
nous en puissions avoir un cœur
rempli de sagesse ! — Et que le
bon plaisir de VEternel, notre Dieu,
soit sur nous, et dirige 1 œuvre de
nos mains: oui, dirige l'œuvre de
nos mains !
1DËËS CLAIRES
pour les esprits peu au clair.
V. — DU DEVOIR DE MANIFESTER
LES CROYANCES RELIGIEUSES.
Il y a|, dit Pascal, plusieurs manières très différentes, quoique
également bonnes, d’être convaincu ; mais il y a toujours an
moins une de ces manières à la
portée du plus ignorant et du plus
simple des hommes. 11 appartient
donc à tous de manifester leurs convictions religieuses et de se rendre
les uns aux autres un compte clair
et exact de leurs croyances respectives. Ce devoir, tout le monde le
réclame ; cette nécessité, tous les
hommes la subissent ; ce besoin ,
personne n’y peut être étranger.
Cela résulte , d’une manière générale, de l'importance de la question religieuse. A première vue, on
ne dirait pas qu’elle est partout
présente ; et néanmoins , en interrogeant l’histoire, on s’assure sans
peine que toutes les grandes phases da l’humanité correspondent
ou aboutissent à une grande révolution de la pensée religieuse. C’est
que malgré les préoccupations des
sens et des distractions de la vie ,
l’homme est sans cesse ramené à
l’idée de l’infini ; isolé, par une
cause quelconque, du monde extérieur et mis, pour un moment, en
présence de soi même, il sent alors
que Dieu est l’idée des idées, la
vérité des vérités, que Dieu est le
pain de la pensée. Tout, sans réserve, tient à ce seul point ; il n’est
aucun individu qui ne soit prêt à
en convenir. Suivant que Dieu est
ou n'est pas, et suivant ce que Dieu
peut être, l’homme sera tel ou tel.
Telle sa croyance, tel lui-même.
Ainsi le besoin qu'éprouve la
société de connaître la conscience
de l’individu est un besoin naturel;
et comme l’idée de Dieu est l’idée
Suprême, la société a souci de savoir quelle place et quelle forme a
cette idée dans l’àme des individus
qui lui appartiennent. De la, un
premier motif du devoir et de la
nécessité de proclamer ses croyances religieuses , de rendre compte
de ce que l’on est, en un mot de se
nommer, afin de pouvoir être connu.
La société ne peut vouloir dans son
sein des énigmes vivantes; la croyance d’un membre de la société ne
peut rester pour ceux qui l’entourent ni un mystère ni un équivoque;
la société ne sait ce qu’elle a en
nous qu’âutant qu’elle sait ce que
nous sommes par rapport à Dieu.
Ce qui doit beaucoup plus donner
3
-(3)
à notre conviction religieuse l’expression la plus franche et la plus
individuelle , c’est notre respect et
notre amour de la vérité , dans les
opinion^, dans les discours, dans
les faits. Mais ne pas se mentir à
soi-même, ne pas mentir aux autres,
ne point mentir les uns aux autres,
ne point faire de la vie un mensonge multiplié, est une tâche trop
au dessus des forces de l’homme
naturel. Tout en invoquant la vérité comme le besoin de la vie, il
se sert du mensonge comme de la
nécessité du moment ; son fond est
une fausseté inépuisable ; il se
complaît dans les fictions. La société , à bien dire, n’est qu’un mélange de fiction et de réalité^ prise
dans son ensemble, elle est païenne,
ainsi qu’au temps où les apôtres
pressaient le devoir de vérité comme étant la base même des relations sociales'restaurées par l’Evangile de Christ. Mais nos rapports
avec Dieu, notre personnalité la
plus intime, notre liberté, le droit
même de Dieu , tout cela n’est pas
fictif ni conventionnel; et dans cette
retraite où les faits portent leur
vrai nom chacun, sans péril pour
la société, peut paraître ce qu’il
est.
Ainsi ne dissimulons point ce
que nous croyons , et n’aflSchons
point ce que nous ne croyons pas,
de peur que nous ne corrompions
la source profonde, l’unique source
d’où quelque vérité peut, goutte à
goutte, filtrer dans le sein de la
société et entretenir quelque fraîcheur dans , sa constitution desséchée. Car voilà le point : il faut que
tout mensonge, toute fiction légale
soient eâ-eux-mêmes regardés com
me un mal ; il faut que quelque
part au moins , l’esprit de vérité
réside et que ses droits soient formellement réservés. S’il est défendu
à l’individu lui-même d’être vrai,
où est l'homme moral dont on prétend extraire le citoyen ? où est la
moralité ? où est la morale ? où est
la société elle-même ? Elle ne pourrait, il faut l’avouer, supporter
l’éblouissement de vérité immédiatement offerte à ses regards ,
mais elle en supporterait moins
encore l’absence totale ; elle n’a
jamais pu la repousser en principe,
et le jour où elle adopterait le mot
funeste; Qu est-ce que la vérité?
serait son dernier jour.
La sagesse renouvelée du paganisme recommande . il est vrai,
d’afiîcher la croyance qu’on n’a pas
et de déguiser celle qu’on a ; cette
sagesse regarde la religion comme
une maladie incurable , la tolère ,
la flatte comme une manie dangereuse ; et s’honorant de cette condescendance , elle met l’hypocrisie
au premier rang des vertus civiques. Mais est-il possible, avec des
croyances sérieuses , de se prêter
à cette comédie ? Ce sacrifice ne
peut être qu’inutile et honteux.
Pour que la société puisse croire
à la vérité absolue , il faut qu’elle
ait sous les yeux des gens qui croient à cette vérité. Rendez donc à
César , c’est-à-dire à la société, ce
qui appartient à la société ; mais
gardez à Dieu ce qui est à Dieu ;
et pour cela, — car il n’est pas
d’autre moyen , — publiez hautement et humblement la foi qui vous
fut donnée.
4
-(4)
®arietcô.
La fêle de I\oël en Allemagne.
f Voir N. Si de 1S69J.
II. -- EN PLEINE RUE.
Dès la fin de novembre on commence à remarquer un petit changement dans la vie ordinaire; les
rues sont plus animées; des étalages , quelquefois bizarres , mais
le plus souvent splendides et du
meilleur goût, se forment peu à
peu dans les vitrines des magasins;
on commence à entendre de côté
et d'autre le mot de iVoc/. à le voir
écrit en grosses lettres par ci, par
là; puis cela augmente .augmente,
jusqu’à ce que la préoccupation, et
aussi l’inquiétude de Noël , a pris
possession de tous les esprits. Partoutc’est Noël; on ne voit que Noël,
on ne parle que de Noël, on Be
pense qu’à Noël.
Rien de plus intéressant que le
spectacle que présente une ville
comme Berlin, par exemple, dans
les quelques jours qui précèdent la
grande fête. Ce mouvement extrabrdinaire dans les rues, cette foule
affairée, ces papas et ces mamans
chargés de paquets, ces bruits, ces
cris, ces rires, ces exclamations, ce
vacarme continuel des voitures qui
se suivent sans interruption mais
quelquefoisne seressemblent guère,
- depuis les plus brillants équipages
à deux chevaux jusqu’à la misérable charrette du marchand de
pommes , attelée de sa femme et
d’un chien, — se croisent, se bousculent, et arrêtent souvent la circulation pendant plusieurs minutes;
cea orgues de Barbarie qui exé
cutent alternativement Loréleif,
VHif'mne de Garibaldi et le Premier amour ; ces violons, ces
dûtes, ces basses, ces chants de
Noël, — il y a certainement de quoi
donner du vertige au plus solide.
Puis vous verriez des groupes
de personnes des deux sexes se p.â-'
mant d’aise et souriant d’une manière qui n’est pas toujours spirituelle, devant quelque vitrine où
l’on peut voir une vingtaine de
singes en chocolat (grandeur naturelle) qui, instruments en mains,
sont censés donner un concert, —
ou bien des poupées de toutes les
formes et de tous les costumes,
poupées dont plusieurs savent jaser
et jaser comme de grandes personnes, s’il vous plaît. Réunies autour
d’une petite table, ne faisant rien
de leurs petits doigts, ou presque
rien , mais s’occupant, paraît-il ,
beaucoup des passants et de leur
prochain , elles représentent, à ce
que m’ont dit des malins, une société de couture.
Les magasins regorgent d’acheteurs et d’acheteuses ; il y en a
plus d’un où la foule fait queue
à la perte. Une dame me disait
avoir dû attendre une heure et
demi avant d’être servie. Il est
vrai que c’était dans la première
fabrique de pains d’épicesdeBerliir.
Qr le pain d’épices joue un trèsgrand rôle dans les fêtes de Noël;
on en mange huit ou dix jours de
suite, on s'en goinfre, on s’en dégoûte, on s’en rend malade pour
toute l’année.
Quelques places sont littéralement changées en forêts de petits
sapins; fraîcheur, verdure, parfum,
tout y est;, l’illusion est complète-
5
-(5)
Mais qu’on s’approche d’un de ces
arbres , qu’on le touche un peu
brusquement, le voilà qui culbute,
entraînant avec lui non-seulement
ses proches voisins, mais toute la
forêt. Ces malheureux n’ont point
de racines; ils n’ont qu’un piédestal artificiel.
Mais c’est le soir surtout qu’il
faut aller faire une petite excursion
sur la place du Château et dans la
rue Large, où les marchands ont
dressé leurs boutiques en plein
vent. C’est ce qu’on appelle le marché de Noël, petite ville de baraques
improvisées, illuminées par une
infinité de lampions et de lanternes en papier de, couleur. Là, à
côté des pyramides de bonbons
variés et appétissants d’un joli petit
pâtissier blanc comme la neige, on
peut voir quelquefois les monceaux
de perruques, de chignons et de
barbes d’un malheureux perruquier
à la chemise sale , aux habits gras
et râpés et aux cheveux pommadés.
Ajoutez les marchands ambulants,
grands et petits, ordinairement misérables et déguenillés à faire pitié,
qui , sur tous le tons , vous crient
leur marchandise: petits moutons
à laine blanche, fleurs artificielles,
ballons captifs , polichinelles, bretelles et lisières. Les uns ont la
voix faible et lamentable, d’autres,
une voix rauque ou criarde; d’autres font entendre une cantilène
monotone sans jamais reprendre
haleine; d’autres encore, à l’aide
d’un sifflet, s’efforcent d'imiter de
leur mieux le chant du rossignol
ou de l’alouette ; d’autres enfin exécutent sur un accordéon ou sur un
flageolet un air de Dante plus ou
moins infernal. La foule est bruy
ante et compacte; on se presse on
se pousse, on se coudoie, on se
bouscule , on se renverse , on s’étouffe. Avec cela on folâtre, l’on rit,
l’on plaisante, on s’amuse, et quelquefois aussi l’on se querelle et l’on
se bat de tout son cœur. C’est un
vacarme, un tohu-bohu indescriptible. Et si on lève un peu la tête,
on voit se dessiner vaguement dans
l’ombre comme un fantôme géant,
le sombre et majestueux palais
ro}^! qui domine la place; et un
peu plus haut que le reflet rougeâtre des lanternes, un vaste ciel
noir comme l’encre et si bas, si bas,
qu’involontairement on se sent
frissonner.
Il n’y a pas un Berlinois qui ne
croie de son devoir d’aller passer
au moins -deux heures à son cher
« Weihnachtsmarkt » ( marché de
la nuit de Noël ), au risque d’en
revenir sans bourse ni montre , et
avec un œil poché ou une côte enfoncée. J’y ai même vu tout un
pensionnat de demoiselles. Quant
à moi, je m’y suis toujours trouvé
mal à l’aise; j’y suffoquais, je brûlais d’en sortir au plus vite, de
fuir cette agitation fébrile et de
me trouver dans une rue silencieuse et tranquille où l’on pût
respirer 1
fd suivre).
0i)anjgéltsatton.
Sous le titre : Le protestantisme
italien à Naples, le « Chrétien
Evangélique » du mois de novembre
dernier renferme un article d’un
grand intérêt destiné à faire connaître l’état actuel du mouvement
protestant à Naples, à exposer pour
6
-(6)
quelles causes il n’a guère abouti,
et de quelle manière il sera possible à l’avenir de travailler un sol
pierreux et couvert d'épines. En
voici le résumé, à grands traits:
Le mouvement dans le sens évangélique date, à Naples, des premiers jours de la liberté, c’est-àdire de l’année 1860. Le père Gavazzi, ex-Carmélite, orateur politique plus qu’orateur religieux, prêchait alors sur les places publiques
ou donnait des conférences d’un
caractère essentiellement polémique; par son éloquence passionnée,
sa parole sarcastique, sa voix tonnante , il était capable de remuer
un peuple mobileet|souverainement
impressionnable, et la foule se montrait attentive. De son côté M“' le
marquis Cresi, élève de l’Oratoire
{Genève), réunissait autour de lui
un auditoire restreint, mais intelligent et cultivé ; et au bout d’un
an, l’école établie sous le nom
d’Asile Garibaldi dans le quartier
de Margellina, au milieu des pêcheurs et des marins , réunissait
une quarantaine d’élèves. L’entreprise était couronnée de succès.
En 1861 , quelques chrétiens
évangéliques français , suisses et
anglais fondèrent la « Société de
secours pour l’Evangélisation napolitaine ». Comme son nom l’indique, cette société n’entendait en
aucune façon diriger le mouvement,
mais simplement le seconder. C’est
ainsi qu’elle salaria l’institutrice
qui aidait M*" Cresi, qu’elle procura
au père Gavazzi et à ses successeurs des salles pour des conférences publiques, et fît imprimer
à ses frais des traités divers.
Au bout de quelques mois Ga
vazzi quitta Naples, et la Société
de secours fournit une salle pour
conférences à M’’ V. Albarella.
Bientôt les auditeurs de ce dernier
constituèrent la Società EvangeHca
italiana di Napoli; c’était aller
bien vite en besogne. En même
temps s’établissait une nouvelle
école fréquentée en quelques mois
par 80 garçons, auxquels Mr Buscarlet, pasteur de l’Eglise Libre
d’Ecosse, se chargea de donner
l’instruction religieuse.
Encouragée par ce succès rapide,
la Société de secours loua deux
grandes salles dans le quartier
S. Tommaso d’Aquino; elle y mit
une école, le jour pour les enfants,
le soir pour les adultes. Un homme
fort instruit, le docteur Boschi, se
chargea de la direction et Mr le
pasteur Roller de l’instruction religieuse.
En 1863, M*' l’avocat V. Albarella rentra dans la magistrature
et la Società EvangeHca lui donna
pour successeur Mr L. Ferez, ancien jésuite, homme souple, intrigant et dominateur dont on dut se
séparer violemment. Mr Cresi prêta
momentanément son aide ; puis
vint Mr G. Appia qui entreprit
d’organiser l’église, d’instituer la
cène et de donner à ses auditeurs
une solide instruction religieuse.
Màis sur la question d'église on
ne parvint pas à s’entendre et le
fractionnement s’augmenta.
Ce fut bien pis lors du retour
de M^ Albarella. Entrant en rapport avec Mr Jones, Wesleyen, jl
entretint et excita sans cesse l’antagonisme ecclésiastique des trois
œuvres en présence; celle de l’égUse Vaudoise (M'' Appia), celle
7
-(7)
de M*' Cresi et la sienne propre.
Sous l’influence de cette polémique,
la décadence commença; les honnêtes gens s’attristaient, la classe
moyenne abandonna le protestantisme , l’auditoire perdit ainsi les
gens cultivés et se restreignit exclusivement aux popolani.
Enfin M"" Cresi dut se retirer
faute des ressources nécessaires à
son œuvre; M*" Albarella rentrait
de nouveau dans la magistrature;
etàM. Appia succédait G. Gregori
assisié de îvE De Vita, un des rares
prêtres sur lequel l'appréciation
avait été juste. Dès lors la communauté vaudoise et la communauté wesleyenne dirigée par M.
Jones, sont restées presque stationnaires; mais elles entrent dans une
vie spirituelle plus réelle. L’évangélisation a fait cependant quelques conquêtes en province; mais
elle a fait aussi une perte bien
sensible par la mort de l’actif et
pieux Gregori enlevé en 1867 par
le choléra.
L’auteur de l’article conclut en
disant; « l’évangélisation (à Naples)
n’a guère abouti; • mais il aime
à reconnaître tout le bien que fait,
et que peut faire, l’œuvre excellente des écoles évangéliques. Si
l’on ne peut espérer beaucoup de
cette génération, les enfants nous
appartiendront plus facilement. La
vie morale se relève lentement
avec l’instruction; l’école précède
et prépare l’Evangile.
Quant au présent, il est des
conditions nécessaires à remplir
pour rendre possible le succès.
D’abord il est de toute nécessité
de n’admettre dans le personnel
de r évangélisation que des hommes
d’un caractère honorable et éprouvé.
Dans l’œuvre de Dieu on ne peut
pas faire flèche de tout bois ; et il
importe surtout d’user d’une prudence excessive à [l’égard de la
gent cléricale.
A cette prudence doit s’ajouter
le plus grand sérieux dans l’admission à la cène; des hommes
qui formaient les églises il y a
huit ans, il en reste à peine quelques-uns dans chacune d’elles.
L’œuvre doit être faite essentiellement par des gens du pays,
au courant des mœurs et des habitudes intellectuelles et morales»
Pas de courses au clocher; mais
siège des places fortes.
Enfin la prédication , quoique
fidèle, doit avoir plus de substance,
et se méfier des improvisations,
des banalités, des affirmations superbes, et d’une polémique d’invectives.
Même à ces conditions, l’œuvre
d’évangélisation à Naples sera longtemps encore une œuvre difflcile.
Chrotttcjue locale.
Pram’s tin. Il y a, nous écrit-on,
une œuvre qui se fait ici et qui mérite
d’être encouragée : c’est celle de l’Ecole
du dimancbe.
J’ai assisté à la fête du Noël qui, depuis
quelques années, se donne aux enfants,
et j’ai été agréablement surpris de trouver
la grande école de S‘ Barthélemy « pleine
en dedans et en dehors ». Beaucoup de
personnes, craignant de ne pas trouver
place, avaient attendu depuis l’issu du service du matin jusqu’à 3 h. p. m. afin de
pouvoir assister à la fête.
Plus d’une centaine d’abonnés au Messager de l'Ecole du dimanche ont exécuté,
à intervalles, diíTórents chants sous la direction de Mil® G. qui seconde avec tant
de dévouement notre instituteur dans sa
8
-(8)
tâehe. Beaucoup d’enfants ont récité des
versetÿ en rapport avec la circonstance ;
et M'' l’Instituteur, s’adressant ensuite au
public, le rendit attentif à l’importance des
Ecoles du dimanche, le pressant à redoubler d’intérêt à leur égard. le Pasteur,
tout en exprimant son regret de ne pouvoir s’occuper de l’Ecole du dimanche,
parla daus le même sens ; et M'' G. exhorta
ensuite les enfants aussi bien que les auditeurs à tourner leurs regards, non vers
l’arbre de Noël seulement, mais vers l’arbre de vie.
Ainsi s’écoulèrent deux heures qui laisseront de précieux souvenirs. En un clin
d’œil l’arbre de Noël fut dépouillé et l’on
se sépara après une prière et un chant.
Nous avons une bien triste nouvelle à
donner à nos lecteurs.
M'le Docteur Louis oesanctis
a quitté cette terre le 31 décembre 1869,
vers 10 heures du soir.
Depuis quelques jours déjàil se plaignait
d’une oppression inaccoutumée ; mais il
n’eu poursuivait pas moins ses travaux
ordinaires. Le mercredi soir il présida,
sans qu’il y parût, la réunion de prières
dans PEglise Américaine ; mais il racontait
ensuite qu’il avait eu de la peine à revenir
chez lui, à cause d’un accès qui l’avait
surpris en route.
Le 31 décembre il était dans son cabinet,
et bien que souffrant, il était gai et plein
d’entrain. Il se mit au lit de bonne heure ;
et au moment où les étudiants se préparaient à donner aux professeurs la sérénade habituelle, ou vint annoncer de la
part de M"“ D. que son mari avait eu un
évanouissement. On accourut, on le trouva
râlant et au bout de deux minutes il expirait. MC le Docteur Fraser qui avait été
mandé en toute hâte, n’arriva que pour
constater un décès auquel on se refusait
à croire. Impossible de se représenter la
douleur de M”' Desanctis et de ses enfants,
à la vue de ce départ subit.
Quiconque a connu le Docteur Desanctis
ne pourra que prendre une large part à
ce deuil qui frappe à la fois une respectable famille, l’Eglise, l’Evangélisation,
l’école de théologie et la presse religieuse !
(îltrontque foUtiquc.
'' Italie. Le conseil des ministres a discuté la grave question de la candidature,
au trône d’Espagne, du prince Thomas
duc de Gênes, et il a conclu dans un sens
négatif. Cette délibération, conforme, on
peut bien dire, au vœu général de la nation, et notifiée à l’ambassadeur d’Espa
gne, est inspirée en même temps par des
considérations politiques et par les sentiments qu’ont exprimes l’auguste Mère du
prince et son auguste grand père le Roi
Jean de Saxe.
Home. Les grandes discussions ont
commencé dans le Concile sur les premières questions concernant la foi et le
naturalisme moderne.
Mais la question sérieuse en ce moment,
celle qui entretient le plus d’ardeur fiévreuse, c’est ta question de l’élection éventuelle du pape. Depuis plus de trois siècles, tous les pontifes, au nombre de 37,
ont été italiens ; et les cardinaux italiens
prétendent en conséquence que le privilège d’être pape appartient à eux seuls.
De leur côté les cardinaux étrangers soutiennent fermement l’égalité de leurs droits;
selon eux, le S' Esprit ne peut descendre
seulement sur la tête d'un cardinal italien,
car le S. E. est polyglotte : il parle toutes
les langues.
Franoe. — Révolution pacifique.
L’Empereur s’est transformé en souverain
constitutionnel, et il a chargé M' Emile
Ollivier de former un ministère représentant fidèlement la majorité du corps Législatif et résolu à appliquer, dans sa lettre
comme dans son esprit, le Sénatus-consulte
du 8 septembre 1869. « Je compte, » a
ajouté l’Empereur, « sur le dévouement
du Corps Législatif aux grands intérêts du
pays , comme sur le vôtre ( M' Ollivier ),
pour m’aider dans la tâche que j’ai entreprise de faire fonctionner régulièrement le
régime constitutionnel ». M'Ollivier paraît
avoir promis d’effectuer le rappel des
troupes françaises de Rome.
Sxxlsse. Par suite de la mort du Président de la Confédération, M' Victor Ruffy,
la présidence sera remplie par M' Dubs
pendant 1870.
Allemagçne. Malgré le profond antagonisme et l’orgueil de race ¡'risum teneatislj qui séparaient les Franconiens
de Cobourg des Thuringiens de Gotha, les
deux microscopiques duchés de Gotha et
de Cobourg, jusqu’ici régis par un seul
souverain et par deux ministères distincts,
ont été fondus en un seul ! Population :
180 mille habitants.
Espagne. Son excellence le maréchal Prim s’amuse à la chasse.
PETITE BOITE ADI LETTRES
M*" R. W. S. Livourne. Rieevuto.
S. B. Ella. Rieevuto.
A. Revel^Gérant.
Pignerol, J. Chiantore Impr.