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sixième année.
2S. 4.
27 Janvier 18'M.
L'ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialemeet consacrée anx inléréls matériels et spiritnels
de la Famille Vaudoise.
Que toutes les choses qui sont véritables....... oceii{>eui
vos pensées — ( Philippiens., IV. 8.)
PRIX d’aborheheiit :
Italie» k domicile (un an) Fr, 3
Suisse....................*5
France....................>6
Allemagne 6
Angleterre, Pays-Bas . » $
Un numéro séparé : 5 cent.
Un numéro arriéré : 10 cent.
B0RE4HX D’aBOBHEVENT
Torbr-Pbli.ice : Via Maestra,
N.42. (Agenzia biòiiogra/ica)
PiONEROL : J. Chiantore Impr.
Turin :J.J. Tron, via Lagrange
près le N. 22.
Florence : Libreria Evange¿tea, via de'Panzani.
ANNONCES : 5 cent. la tigne
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S’adresser pour l’administration
an Bureau à Torre-Pelllce,
via Maestra N. 42. — pourJa
rédaction : k Mr. B. Malan
Prof, k Torre-PeUlce.
Sotamairo.
Le 23 janvier 1871. — Correspondance.
Chronique locale, — Chronique politique.
LE n JmiEB 1871.
( Y. le N. SJ
Nous avons rappelé, en passant,
la cause principale de l’écliec qu’a
subi, il y a quelques années, la proposition de supprimer le second
alinéa de l’art. 9 de notre Constitution. La question n’est cependant
pas demeurée stationnaire; loin de
là, puisque la solution définitive
pourra en être obtenue aussitôt
qu’on le voudra sérieusement. Et
c’est pareeque telle est notre conviction, que nous croyons utile de
rappeler les résolutions successives
que nos Synodes ont adoptées, afin
d’atteindre sans violentes secousses
ce but voulu de tousEn 1864 le Synode (art. xsxsl)
renvoie le Rapport de la Commission nommée pour l’examen de la
question de la libre nomination à la
Commission nommée dans ce Synode
pour la préparaticm des réglements,
en lui recommandant de faire tous
ses efforts pour concilier le principe
de la libre nomination des pasteurs
avec l’intérêt de toutes les paroisses.
En 1865 , le Synode , art. xix ,
1° admettant le principe de la libre
nomination des pasteurs et celui
d’une compensation pécuniaire en
faveur des paroisses les moins favorisées, pour l’entretien de leurs
pasteurs, invite les paroisses à se
prononcer sur ces deux points. Leur
adoption équivaudra à l’invitation
adressée par les paroisses au Synode de déterminer la quote-part
de chacune d’elles dans les contributions à fournir , et de régler le
mode de prélèvement et l’application de ces contributions.
2° Le Synode charge une Commission de cinq membres de préparer un tableau approximatif des
contributions des paroisses , et de
la distribution des fonds recueillis
par elles, et charge la Table de
faire parvenir aux paroisses ce tableau à temps pour le vote sur le.s
principes de la résolution ci-dessus,
; six mois, au moins, avant le pro-
2
K26>
chain Synode. En cas d’adoption
par les paroisses des principes de
la résolution précédente , la même
Commission est chargée de présenter au prochain Synode un projet
pour leur application.
En 1866 (art. xv des Actes), dans
le but d’assurer dans un prochain avenir (les contributions pécuniaires n’avaient pas été du goût
de la majorité) à chacune des paroisses de r Eglise Vaudoise le
degré de liberté qu’elles peuvent
raisonnablement désirer, le Synode
invite chacune d’elles à s’occuper
sans retard de la constitution d’un
fonds spécial destiné à subvenir aux
besoins du culte et de l’instruction
dans son sein. Ce fonds sera alimenté, soit au moyen de collectes
régulières , soit par des souscriptions volontaires , et administrées
par le Consistoire,
En 1867 , le Synode adopte le
réglement de la paroisse dont le
§16 est ainsi conçu: «Si un tel
ministre (en fonction ou impositionnaire) ne se trouvait point et
que la paroisse (de 2^® classe) dût,
pour cette raison , se trouver sans
pasteur, la Table pourrait, d’oflSce,
prendre à l’Evangélisation le dernier des inscrits sur la liste pastorale , travaillant à cette œuvre , et
l’affecter au service de cette paroisse , pour aussi longtemps qu’il
ne pourra pas être pourvu autrement à cette vacance , sous peine ,
s’il refuse, d’être rayé du rôle des
ministres de l’Eglise Vaudoise » .
Le même réglement avait statué
au § 12 : « Aucune paroisse, à quelque classe qu’elle appartienne, devenue vacante, ne pourra être pourvue par le déplacement du pasteur
d’une autre paroisse ÿusqa’à ce que
cette dernière ait eu la possibilité
de se pourvoir à son tour ».
L’adoption d’un pareil réglement
ayant dû dissiper complètement les
craintes des opposants les plus sérieux, la libre nomination sera très
certainement proclamée , aussitôt
que le Synode pourra légalement
s’en occuper une dernière fois. C’est
donc aux paroisses qui la croient
bonne qu’il appartient de prendre,
sans retard, les mesures requises ,
en pareil cas , par la Constitution
elle-même.
Mais , au risque de les décourager, nous sentons le devoir de leur
signaler une condition, sans laquelle
cette conquête d’une précieuse liberté serait illusoire et demeurerait
stérile pour l’Eglise en général,
comme pour chaque paroisse en
particulier. Cette condition est simplement celle-ci, c’est que les paroisses, aussi bien celles de la plaine
que celles de la montagne, songent
enfin à offrir à leurs pasteurs une
position qui les élève au dessus
du besoin. C’est en vain , leur disons-nous, que le Synode vous aura
assuré le droit de-choisir votre pasteur parmi tous les ministres vaudois sans exception, si les avantages
que vous lui assurez sont absoluttient insuffisants pour l’entretien
de sa famille; vous ne pourrez équitablement exiger de lui qu’il vous
préfère à tel autre poste mieux rétribué et dans lequel il servira son
maître avec autant de succès qu’il
en pourrait espérer au milieu de
vous.
En vain vous ferez valoir la douceur du climat, la beauté du paysage, les chemins commodes , le
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-<27)
presbytère spacieux et comfortable,
si à côté de ces avantages qui ont
sans doute leur prix , l’homme de
votre choix a en perspective d'avoir
à peine du pain à donner à ses en*
fants pendant tous les jours de
l’année, et de devoir sans cesse
lutter contre le besoin ; ne vous
étonnez pas s’il est insensible à
votreappel,etdans le cas où vous lui
parleriez de dévouement chrétien ,
s’il croit pouvoir avec une conscience parfaitement tranquille exercer ailleurs son ministère.
Et pour que personne ne nous
soupçonne d’exagération plus ou
moins intéressée, nous dirons à titre
de renseignement, que le traitement
de qnze pasteurs sur quinze a toujours été inférieur à 1500 francs ;
et que celui des quatre autres n'a
atteint, ou m^me légèrement dépassé ce chiffre que par le fait des
allocations communales beaucoup
plus fortes, mais toujours précaires.
Nul n’ignore , parmi nous , que
les administrations de trois communes, dont deux sont parmi les
plus considérables des Vallées, ont
déjà supprimé ces allocations aux
pasteurs , et si nous sommes bien
informés , il ne paraît pas que les
paroisses elles-mêmes aient adopté
aucune mesure pratique en vue de
combler le déficit résultant de cette
suppression. Et l’on s’imagine marcher ainsi dans la voie du progrès
et se mouvoir désormais avec une
liberté plus grande !
Nous sommes persuadés quant à
nous, qu’une Eglisel, quelle qu’elle
soit, n’est véritablement libre, dans
le sens qui nous occupe > que du
jour où elle se rend indépendante,
en pourvoyant elle-même à l’entre
tien de son culte et de son instruction élémentaire. L’Eglise Vaudoise
est-elle entrée , ou tout au moins ,
semble-t-elle vouloir entrer dans
cette voie ? C’est une question que
nous proposons à l’étude et à la
sérieuse méditation de nos frères.
Nous n’oublions pas que nous
avons pris l’engagenent de répondre à la lettre du 30 décembre
dernier , publiée dans notre 2** N"
et que nous n’avons pas un seul
instant perdu de vue. Nous avons
dit que cette lettre soulève, entr’autres questions , celle d’une participation plus grande de la paroisse
à des frais de culte. Si', lorsqu’une
grave maladie a réduit le pasteur
de Pramol à l’absolue impossibilité
de continuer, même la plus petite
partie de ses fonctions , tandis que
sa maladie même, jointe à l’entretien de sa famille, ne loi aurait pas
permis de renoncer volontairement
à une portion quelconque de son
traitement, si, disons-nous , la paroisse de Pramol avait offert de
faire quelque sacrifice en vue d’obtenir un ministère aussi régulier
que possible , qui sait si la Table
n’aurait pas de son côté réussi à
trouver un homme et l’argent qui
aurait manqué ? Des cas pareils à
ceux de Pramol et Prarustin sont
assez fréquents au sein de notre
Eglise , et bien loin de se donner
quelque peine et, au besoin, de s’ira
poser des sacrifices afin de se re
pourvoir , dans le plus bref délai
n’y a-t-il pas telles paroisses qui
spéculent sur la durée de la va
cance afin d’obtenir de la Table de
quoi réparer le presbytère ou le
temple ? Cette spéculation peu honorable ne constitue pas la règle ;
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nous croyons pouvoir l’affirmer
très positivement, mais elle est loin
d’avoir été un fait isolé. Nous concluons donc, sans espérerjque l'on
puisse nous contredire , que notre
Eglise a un long chemin à parcourir et beaucoup d’obstacles à vaincre avant de pouvoir, à bon droit,
s’appeler une Eglise libre et tirer
le meilleur parti des libertés qu’elle
possède déjà. (A suivre)
©orrispotiirance.
Nos correspondants nous pardonneront de ne pas insérer leurs
lettres dans ce numéro en faveur
de celle qui suit de M'' Salomon, par
laquelle il nous donne des nouvelles
de son heureux voyage et de son
arrivée, en même temps que de notre
Colonie du Rosario. Quand VEcho
n’aurait aucun autre mérite que
celui de porter à la connaissance
de nos frères des faits aussi propres à
les intéresser, il rendrait des services asse? grands pour que nous
nous estimions heureux de le continuer,
Pomaret, le 17 janvier 1871.
Mon cher Rédacteur,
Donnez, je vous prie, une place
dans votre prochain N° de VEcho
des Vallées à la lettre ci-jointe de
M" Salomon, pasteur de notre Colonie du Rosario. Tous ceux qui
s’intéressent à cette paroisse trsmsatlantique de l’Eglise Vaudoise
liront avec le, plus^ vif intérêt les
détails qui y sont contenus. Et moi
qui connais les lieux et les hommes
dont il nous-parle., je suis heureux
de pouvoir déclarer arec une entière confiance que - Salomon
s’est montré à tous égards l’homme
qu’il fallait à ce poste (The right
mon in the right place)
Votre tout dévoué
P, Lantaret Modérateur.
Très honorés Messieurs et chers Frères,
Le Seigneur a été avec nous pendant
notre longue traversée; il nous a gardés
de tout danger et a grandement béni notre entrée dans notre chère Colonie. Voilà
ce que je tiens à vous dire tout d’abord
pour que vous sachiez que vos prières en
notre faveur ont été exaucées. Le mal de
mer, il est vrai, nous a fait passer d’assez mauvaises journées, nous retenant
parfois assez longtemps au lit. Heureusement pour nous, nous avions obtenu d’être tous dans la même cabine oü les
moins malades pouvaient porter du secours aux autres. Il y avait, nous a-t-on
dit, 800 passagers, plus une centaine
d'hommes d’équipage et de service, sur
un des plus petits bâteaux de la Compagnie , à notre sortie du détroit de Gibraltar. Nous passâmes une journée à SaintVincent, une des îles arides du Gap vert;
la chaleur y était étouffante, pas la moindre
brise pour nous rafraîchir, et la mer
unie comme si, au lieu d’eau, nous avions
eu de l’huile pour nous porter. La seule
chose qui nous faisait plaisir .était l’eau
glacée à d^euner et à dîner; mais en
arrivant sur la ligne, elle nous manqua
complètement, et nous n’eûmes plus jusqu’à Rio-Janeiro que de l’eau tiède pour
nous désaltérer. Ajoutez à cela l’inquiétude
que nous donnait l’avarie de Thélice qui
perdit une clavette et qu’un coup de vent
aurait emporté avec le gouvernail, si
nous avions eu le mauvais temps, et
vous aurez une idée de notre situation
jusqu’à notre entrée dans l’immense port
de,Rio. Le bruit continuel do l’hélice,
glissant sur son arbre en fer, et frappant
contre.le gouvernail et contre le navire,
n’était pas une musique très rassurante.
5
Malgré cela nous filions nos 9 tuœnds à
l'haure généralement, et Celai qui fait des
vents SOS anges, les retint de sa main
paissante, ensorte qu’aucun mal ne nous
arriva.
A Rio il nous fallut rester 14 jours, et
nous pûmes reprendre notre course vers
Montevideo. C’est ici que les dangers sont
les plus grands; les bancs de sable changent continuellement de place et se trouvent parfois à 29 milles de l’endroit oü on
les avait trouvés dans un voyage précédent; le pampero commence à souffler
avec force, mais heureusement en proue
toujours. Si un seul de ces terribles coups
de vent nous avait pris de flanc, nous
aurions coulé à fond, à ce que nous disait le capitaine. Sur le pont impossible
de rester sans courir le risque de fortes
ablutions d’eau salée, dans les cabines
on avait naturellement fermé les houblots;
et deux mètres cubes d’air ne sont guères
suffisants pour six personnes pendantquelques jours. Aussi ce fut avec une joie indicible qu’au bout de cinq jours nous
nous trouvâmes, remontant la Plata, les
yeux tournés vers le Cerro qui a donné
son nom à la capitale de l’Uroguay. Après
48 jours de navigation et d’arrêt forcé
nous mîmes pied à terre. A l’hôtel de
Paris ! Pasquet n’y était plus, mais au lieu
d’un vaudois, nous on trouvâmes doux;
Gardiol de Prarustin et Toum de Rora.
Ce dernier partit avec nous pour la Colonie, quittant le service de l’hôtel. Nous
n’avions pas, comme Monsieur Lantaret,
le choix des moyens de voyager. La terre
était moins sûre que la mer, puisque la
guerre civile avait éclaté depuis le mois
de février et que Montevideo était bloquée
du côté de l’Union. Il fallut passer 4 jours
à l’hôtel, séjour qui fit une profonde saignée à notre bourse, puis recommencer
avec le mal de mear. Ici encore, sur la
Plata, Dieu dans sa bonté nous accorda
un bon voyage; une journée suffit pour
nous amener sur le Rosario oii nous passâmes une partie de la nuit. A six heures
du matin nous mettions piedt à terre,,
pour tout de bon, cette fois, au port de
la Colonie ; et nous nous mîmes à courir,
vers la maison à terrasse que . nous indi
qua M. Costabel, comme étant la pulpéria do M. Griot qui nous reçut, ainsi que
sa famille, de la manière la plus cordiale.
Le drapeau fut hissé sur la pulpéria et
sur la cure en construction et à notre retour du bateau où nous fîmes un second
et un troisième voyage pour chercher nos
enfants d’abord et nos effets ensuite; nous
trouvâmes une quantité de colons qui
nous attendaient. L’accueil qu’on nous flt,
fut tel qu’il est impossible de le décrire
et les larmes nous vinrent aux yeux, en
passant ainsi de la société polie mais
froide du voyage, à la chaleureuse amitié
de frères et de compatriotes. Le paijuet
de lettres vaudoises fut ouvert, et le plus
grand nombre put ainsi avoir des nouvelles des parents et des amis de nos lointaines vallées. Le deux novembre est pour
nous une date mémorable; ce jour où pour
la première fois nous vîmes les ranchos,
les coráis, les alambrados, et où nous entendîmes notre patois entremêlé d’un bon
nombre de mots et de tournures espagnoles. C’était un mercredi matin ; les jours
suivants furent employés à visiter les maisons et les ranchos voisins , entr’autres
l’habitation de M. Morel. Le dimanche suivant je prêchai sur Col. /, 2 « Qiic la
grâce et la paix nous soient données de la
part de Dieu notre Père et de J. C. notre
Seigneur. Le galpón de M. Griot était
plein, en dedans et en dehors, quoique
le soleil fût ardent. Les tas de blé et de maïs
avaient été mis dans des sacs et les sacs,
placés deux à deux, l’un sur l’autre, sur
des lignes parallèles servirent de sièges à
ceux qui purent pénétrer dans l’intérieur.
A l’issue du service je convoquai pour le
jeudi une assemblée officieuse d’église. La
division était rentrée dans la colonie; et
les partis quoique moins acharnés qu’avant la visite du Modérateur, n’en étalent
pas moins bien tranchés. Le parti de la
Paz avait continué à bâtir la chapelle
jusqu’à l’épuisement des fonds que possédait le petit Consistoire de la petite minorité.. La majorité avait de sou côté
collecté dans son sein; et le résultat en
était la jolie cure avec toit à sotéa (terrasse), composée de quatre chambres,
dans laquelle nous pourrons, s'il plaît à
6
-(30>
Dieu, entrer avant Noël. Quelques amis,
entr’autres M. Revel, redoutant cette convocation et craignant les paroles acerbes
qu’ils disaient ne pouvoir entendre, ne
voulurent pas assister à cette convocation.
Heureusement tout se passa de la manière
la plus calme, au grand étonnement de
tout le monde; le calme n’était pas cependant le silence. On parle ici beaucoup
plus que dans nos assemblées d’église aux
\allées. Les queslions à examiner furent:
1» Division de la Colonie en fquartiers
et réorganisation du Consistoire;
2 Lieux et heures du culte;
3o Bibliothèque.
Pour le 1" point, deux plans furent
présentés; je n'indiquerai que celui qui
fut approuvé par la grande majorité: a)
De la Paz jusqu’à la colonie Suisse, entre
laroute royale et le Monte, deux quartiers;
b) au centre, entre le chemin royal et le
Saraudi, du port à la colonie Suisse, trois
quartiers; cj au delà du Sarandi, la Colonie neuve, deux quartiers. — La question suivante me donnait quelque souci.
Une lettre de M. Carreras m’invitait à faire
le culte dans son galpón; je lui avais répondu, en le remerciant de son offre et
en lui disant que c’était du ressort de
l’assemblée, qui serait prochainement convoquée, d’établir les heures et les lieux
de culte. On discuta vivement la question,
et on résolut de chercher un autre local
provisoire jusqu’à l’achèvement du temple de la Paz. Voilà pour ceux d’en bas,
comme on dit ici. Pour ceux d’en hofit,
M. Griot offrit son galpón jusqu’à la récolte seulement, car alors les galpons
sont tous occupés par les blés et nous
serons à la rue, à ¡moins de mettre la
main à l’œuvre de suite pour la construction d’une école à Valdesia ( terrain acheté
par M. Lantaret). Heureusement M. Baridon nous apprenait que nous pouvions
toucher de suite à Montevideo 150 livres
stgs., somme suffisante pour les achats
des tuiles, du boisage etc. à Montevideo,
et 200 livres dans trois mois qui suffiraient
pour payer les briques et la main d’œuvre. ( Les corvées ont commencé et la
semaine prochaine, les briques, le sable
et la chaux seront sur place). L'assemblée
comprit que si> l’on p’empioy&i^ pas l’argent de M. Pend|etou_ponr un lieu de
culte central, on ne pourrait le toucher
de long temps, et qu*une école ferait utile
pour tous les partis. Pour les heures de
culte, on proposa 10 h. a. m. pour le centre, et 3 h. pour la Paz. Mais ces derniers
se plaignant je leur dis 'que je n’avais
pas d’objection à aller chez eux le matin
à 8 h. — Pour la bibliothèque on décida
de réunir dans la cure les livres qui sont
chez M. Morel et ceux qui sont chez M,
Rével, si ce dernier y consent. Le lendemain 11 novembre, je reçus une lettre
signée J. D. Bonjour et Geymonat, Consistoire représentant la minorité, qui m’invitait à remercier M. Carreras au nom de
la majorité mais non de la minorité. C’était, dans l’esprit de quelqu’un qui les
avait poussés, une réparation belle et
bonne. Je me rendis chez eux le lendemain pour leur demander des explications»
ils me dirent qu’ils n’avaient nullement
l’intention de se séparer, mais, comme
je leur fis remarquer que je ne reconnaissais à la Colonie aucun Consistoire
dont je ne fisse pas partie depuis mon
arrivée, et qu’un consistoire, m’écrivant
comme il l’avaient fait, constituait [une
dis.sidence. Ils consentirent à retirer la
la lettre, et même M. [Bonjour nous dit
qu’il préparerait son galpón pour le culte
jusqu’à l’achèvement -du temple, et dès le
5 décembre, nous nous y rendrons.
L’école que nous allons bâtir et qui,
nous l’espérons, sera prête dans 3 mois,
aura 18 mètres de long sur 9 li2 de large
et 4 de haut.
Nous avons eu ici aussi la sécheresse,
et les blés étaient bien courts à notre arrivée; mais grâces à Dieu, il a plu deux
fois déjà assez fort, et les blés se sont
élevés. La récolte sera passable et rendra
assez d’argent, car les céréales sont chères.
On sème encore du maïs ,• en • mangeant
déjà des pommes de terre nouvelles. Les
cerises commencent à miïrir et comme
nouveau venus, nous avons peine à nous
croire à la fin de novembre. Les fruits
sont bien beaux, mais on ne peut guère
compter sur leur récolte, car des ouragans, tels que celui que nous avons eu
7
-m
vendredi 18 courant, jonchent la terre.
La vigne est belle sur lesiuchillas (tertres) mais elle a gelé dans les bas-fonds.
Nous avons eu la sépulture d'un enfant
de trois mois, fils d’Henri Costabel, et 9
baptêmes. Il y aura encore une Vingtaine
d’autres enfants à baptiser au moins;
quelques-uns courent déjà tout seuls. 11
y a très peu de gens sérieusement malades: le climat nous convient, ainsi qu’aux
enfants. Le pays me plaît et la manière
d’y voyager aussi, quoique les premières
courses, au trot ou au galop, ne laissent
pas que d’être fatigantes.
Je n’avais pas encore fini ces lignes qu’un
violent orage éclata subitement et voilà
encore de la bonne pluie pour le blé et
pour les autres récoltes. La pluie est sauvage comme tout le reste dans l’Amérique
du Sud; un colon disait l’autre jour qu’on
la tire à coups de fusil, tant les gouttes
passent avec rapidité et toujours en biais.
Jamais perpendiculairement.
J’aurais écrit plus tôt, mais la diligence
est très irrégulière et les lettres s’égarent
dans ces temps de troubles politiques. J’attendais le départ de Tourn pour Montevideo, mais il n’est pas parti encore et
comme nous irons, M. Griot et moi, probablement la semaine prochaine dans la
capitale, je porterai ma lettre, en y ajoutant encore quelques mots.
Veuillez agréer. Messieurs et chers frères, les salutations respectueuses et fraternelles de votre tout dévoué en Christ,
J. P. Salomon- Pasteur.
Ckrontque Slaubobe
Réunions d.© prières. Nous
nous attendions à recevoir de MM. les Pasteurs quelques communications sur les
réunions de prières de la première semaine de janvier. Nous avons attendu en
vain. Ce n’est cependant pas qu’elles aient
partout fait défaut; il y en a eii à S‘ Jean,
a la Tour, à Pomaret, et dans différents
quartiers. Nous regrettons qu’à la Tour,
en particulier, ob ces reunions ont été
très fréquentées pendant plusieurs années
passées dans une des salles du Collège,
elles l’aient été très peu, cette année,
pour n’avoir pas été annoncées et par le
manque d’entente entre les personnes qui
auraient pu les diriger à l’édification d’un
grand nombre de personnes.
Tvirln. Nous recevons sur l'Œntre
des Demoiselles Protestantes pour la protection de l'enfance pauvre les détails intéressants que voici, et nous sommes heureux de les porter à la connaissance de
nos lecteurs:
Cotte excellente Association a publié, il
n’y a pas longtemps, son douzième rapport annuel, duquel il résulte que, dans
le cours de son dernier exercice 1869-1870,
elle a dépensé, pour les différentes œuvres
qui constituent sa sphère d’activité, la
somme de fr. 3972, 93 cent. De cotte
somme, fr. 1090 ont été consacrés à ce
que le rapport appelle avec raison «la
partie la plus nette » de l’œuvre de la
Société, et qui consiste à acheminer vers
une carrière honorable et utile le plus
grand nombre possible d’enfants qu’elle
protège. — Une autre somme de près de
500 fr. a été consacrée à envoyer, durant
les trois mois des plus fortes chaleurs,
sur les collines des Vallées vaudoises,
une quinzaine d’enfants plus ou moins
maladifs et malingres, en vue de fortifier
leur santé, et celle-là aussi nous semble
une dépense fort bien entendue. Disons
en autant des 450 fr. dépensés à faire distribuer, pendant l’hiver, une excellente
soupe par jour aux nombreux enfants do
l’école enfantine, et quelques bons de
combustible et de pain aux familles les
plus chargées d’enfants, d’entre les plus
pauvres.
Les deux catégories de dépenses sur
lesquelles nous aurions, pour notre part,
quelques réserves à faire sont; l’une,
colle des subsides et nourrissages pour
lesquels n’auraient pas été dépensés moins
de 983 fr. et l’autre, celle des vêtements
et chaussures, se montant à la somme
considérable aussi de fr. 933 , 90 cent. —
Qu’on donne des subsides pour nourrissage, quand, pour des raisons légitimes,
la mère ne peut absolument pas nourrir,
c’est très bien; qu’on accorde des subsides, mais réduits de moitié au moins,
aux mères qui nourrissent elles-mêmes
leurs enfants, quand elles sont véritablement pauvres, c’est très bien encore.
Mais pour les autres subsides, surtout
s’ils sont réguliers, nous nous permettons
de douter que, d’en donner autant qu’on
le fait, ce soit la chose la mieux entendue.
Et ce à quoi, selons nous, la Société
devrait dépenser moins encore qu’en subsides, c’est en chaussures et en vêtements
distribués aux enfants. Dans un très grand
nomnre de cas , nous dirions presque
dans la plupart, ce qu'elle fait sous ce
rapport se réduit tout simplement à dé-
8
charger les parents d’une jcesponsahilité
qui leur revient, et dont il ne faut les
exempter que quand ils.,ne peuvent, pas
absolument y faire face .eux-mêmes. Et
alors que ce soit la charité individuelle
plutôt que la Société qui intervienne. Les
sociétés qui s’assument cette tâche, tout
on se proposant de faire beaucoup de
bien, courent grand risque de faire au
contraire beaucoup de mal, et lè mal,
entre beaucoup d’autres, de tncr ta reconnaissance. — Il arrive encore assez
souvent, quoique bien moins souvent
qu’il ne le faudrait, ({u’on éprouve ce
sentiment pour des personnes ; il est bien
rare qu’on l’éprouve pour des sociétés.
Or, des nombreuses misères du pauvre, le
manque de reconnaissance est une de
celles auxquelles il importe le plus de
l’arracher, si l’on y peut quelque chose.
Telles sont quelques-unes des réflexions
que cet intéressant rapport nous a suggérées et que nous nous permettons de
soumettre à l’appréciation des personnes
aussi intelligentes que généreuses et dévouées qui s’occupent de cette belle oeuvre.
La vente annuelle au profit de la société , vente qui constitue sa principale
ressource, a eu lieu le 21 et 22 décembre
dernier et a produit, nous assure-t-on,
entre la vente proprement dite et les dons
faits à cette occasion, une somme nette
de plus de 3300 fr. ce qui, eu égard à la
difiSculté exceptionnelle des temps < et à
la multiplicité des appels faits à la charité publique, est un résultat magnifique
et des plus encourageants.
Home. Nous avons la joie d’annoncer à nos lecteurs que M' Ribet a enfin
réussi, après beaucoup de recherches à
louer pour cinq ans un vaste et beau local pour les réunions du culte, dans la
via dei Pontefici à deux pas du Corso. Ce
local peut contenir environ 300 personnes,
et des chambres attigues pourront être
affectées aux écoles. . n
Cltrontqtte
Itallo. La Chambre des députés ne
S’est pas trouvée en nombre pour délibérer dès le 16, et s'est ajournée au 19,
selon les uns; pàr un manqtje de zèle
regrettable pour une assemblée oui vient
de sortir de Turne électorale, pour d’autres,
eu suite du parti pris de Imn nombre de
députés qui se refuseraient d’intervenir
aux séances pour aussi longtemps le
siéçe du gouvernement n’est pas feïilsféré à Rome et polir d’antres enfin, en
partie du moins, à cause dé la ridasse de
neige qui a .rendu, dans les.provinces
Ipmbaraes et vénifiennes surtout , les voyages impraticables ou très dangereux.
Le Député Bonght a présenté la relation sur le projet de loi du ^flnistèré sur
les garanties et les immunités à accorder
au pape ; et la discussion, sur cet important objet qui implique la question de la
séparation de l’Eglise et de l’Etat, a été
mise à l’ordre du jour pour la séance de
lundi 23 courant,
France. Les prussiens se sont avancés de Le Mans sur les traces de l’armée
du général Chanzy vers Vidal et Alençon
et se sont emparés de cette dernière ville
après nn court combat. Le Duc de Mecklembourg continue sa marche en avant
par Mayenne sur Rennes. A l’Est, dans
le Doubs, Bourbaki a livré une suite de
combats aux troupes du général Werder
fortement établi au midi de Belfort, mais
sans avoir pu parvenir à forcer aucune
de. ses positions, do sorte que les français, qui s’étaient avancés, ont jugé à
propos de retourner sur leurs pas, et c’est
le général Werder qui s’avance à son tour
à,la poursuite de sou ennemi.
Au nord le général Faidherbe a livré
au général Grbeben une bataille qui a duré
presque toute une journée, au midi de
S‘-Quentin; il a été obligé d’abandonner
ses po.sitions et de se retirer vers le nord
poursuivi par les prussiens qui ont fait
de 7 a 10 mille prisonniers. Un détachement allemand a occupé Tours. Le bombardement de Paris continue. Une forte
sortie du côté du mont Valérien a été répoussée.
Allemag^ne. Le roi de Prusse a
été proclamé le 18 Empereur d’Allemagne
du consentement unanime des princes et
des villes libres du nouvel empire. Ce
prince.a fait, à cette occasion, une proclamation par laquelle il fait connaître les
motifs de son acceptation de la couronne
impériale pour lui et pour ses successeurs. II se déclare disposé à défendre
avec fidélité les droits de l'empire et de
ses membres, à tutélef la paix, à soutenir
l’indépendance de l’Allemagne et à en augmenter la puissance.
SOUSCRIPTION
POUR m BATISSES ou KOSARIO
. liste I précédente
fr. 16
A. REVEi. Gérant.
.• »q.
Pigoérol , Impr. Gbiantore.