1
Année XV*
l’UIÏ D-ABOKUBMENT PAR AH,
Italie..................Ij 3
Tous les pays do rtJoiou de
poste . . ■ .
Amérique du Sud
ÛTi s'abonne :
Au bureau d’Adminiatratioii ;
ChftM les Pasteurs ;
Chez E. Ënieat Robert ( Piguerol^i
et à la Librairie Ciilantore et
îlaacarelll l'PtgniH'Ol ).
li'Abonnement part du 1* Janviér
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N. 21.
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Qlu»t>n l'PlueroloJ Italie.
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payé 0,25 centimes.
LE TEMOIN
ËCHO DES VALLEES VAUDOISES
ob li-’
Kfm.v me eefea (éinoine, Aotbs i
... . .. «^-V..
Paraissant chaque Vendredi
Suivahi In vérité avee la charité, üpb. iv , 15.
o^.
^^ommajro
Gommunicirtion ofiîcieFte*.'Les fêtes du Bicentenaire: — Évangélisation, — Missions.
— Les Ualiens et la république de la Plata.
— Bicentenaire de la rentrée. - Chronique
Vauduise. — Revue Politique.
Communication Officielle
Les fêtes du Biceutenaire
Le programme des fêles du Bicentenaire de la Glorieuse Rentrée étant
désormais arrêté, nous croyons utile
de le faire connaître, dès maintenant,
au public, du moins dan.s ses grandes
lignes. . ^ ’
LajCQÏncideneé du calendrier de 1689
avec celui de l’année où rîpus sommes,
jointe A d’autres raisons d'ordre praliquey a porté les Administrations à s
fixer comme suit l’ordre'^ et la date
des Fêtes que nous comptons célébrer,
s’il plail à Dieu, et auxquelles sont ^
conviés les Vaudois et leurs amis de
tous pays;
1. Le vendredi 16 août (date du
départ en 1689), inauguration du monument de Frangins.
2. Le lundi au soir, 26 août, feux
de joie dans toutes les Vallées.
3. Le mardi, 27 août, (arrivée à la
Balsille en 1689), à .9 Ii2 du matin,
inauguration de l’Ecole-Monument de
Balsille et, à 10 heures, grande assemblée dans les près au pied du
château.
4-, Le mercredi 28 août, à 9 h. du
malin inauguration d’une plaque corarnémorative dans le temple de Pral
qui fut le premier où les Vaudois célébrèrent leur culte en 1689.
5. Le dimanche 1®‘‘ sempt,embre(Serment de Sibaud en Ì689, ) à 10 heures
du matin, grande assemblée à Sibaud
(Bobi) et inauguration de la Pyramide
qui s’y élève.
6. Le lundi 2 septembre, à tO h.
du matin, à La Tour, inauguration
de la Maison Vaudoise, suivie, à 2
heures de l’après midi, de l’ouverture
du Synode.
Pour la Table et 1a Commission
d’Evangélisation
.1, P. Pons, Modérateur.
M. Prochet, Prèside««.
Evangélisation
Milan, 15 mai 1889.
Cher Directeur,
Les jours se suivent et se ressemblent pour moi et je les trouve tou
jours si remplis d’occupations qu’il ne
2
J62
m’a pas été possible jusqu’à aujourd’ui, malgré la meilleure mlenlion du
monde (que je te prie de ne pas mettre parmi les' cailloux de l’etiiér), de
t’écrire quelques lignes pour les lecteurs de noti’0 cher Témoin, qui s’intéressentà l’œuvre de l’Evangélisalion.
Bien souvent je pourrais t’expédier
quelques notes sur le travail qui se
poursuit à Milan, car la bonté de Dieu
nous accorde de temps à antre des
succès encourageants, quelques bonnes
poussées qui nous transportent sans
nous faire croire que c’est nous qui
donnons l’accroissemetii. Je suis à un
petit degré Paul, un autre est Apollos, et tour à tour nous plantons et
nous arrosons, mais c’est Dieu, oui
c’est lui seul qui donne l’accroissement.
Pour une foule de petits incidents,
qui abondent dans la marche progressive d’une église vivante, je crois que
si la parole est d’argent le silence est
toujours d’or, et je n’ai jamais sn pour.-,
quoi jl faudrait'faire gétpir la presse
pour annoncer urbi et orbi, qu’ici on
a célébré nn baptême, ou béni un
mariage, que là pr* ^ présidé un service funèbre et que plus loin encore
on a prêché l’Evangile. Cela est naturel, très naturel, et lorsqu’un pasleur QU un évangéliste ont accompli
leur devoir à ce sujet, cela est encore
la chose la plus naturelle du monde.
D’ailleurs, si lu me permets de
dire toute ma pensée, je crois voir
un danger très réel, pour la vie spirituelle surtout, dans les articles ou
dans les notes nécrologiques qui encombrent les colonnes de certains journaux. II ne sera bientôt plus permis
au plys hunfible et ignoré membre
d’une église évangélique italienne de
mourir, sans que son église, ses parents, ses frères et ses amis se complaisent à en Dre noir sur blanc, toute
la foi, toute la résignation, toute la
patience, tous les mérites, brodés sur
un canevas de vanité ou d’orgueil sectaire fort peu évangéliques. Laissons
les colonnes des journaux pour la commémoration des luminaires que Dieu
nops accorde, pour exposer la vie des
pères de l’Eglise que le Seigneur sait
faire surgir au temps favorable: leur
exemple et leur science unie à leur
foi nous feront du bien, mais laissons
partir pour la patrie céleste nos frères
et nos sœurs qui nous devancent, sans
leurinfliger des éloges posthumes qu’ils
désavoueraient. Et voilà «pourquoi
votre fille est muelle», cher Témoin,
et pourquoi sur une foule de faits qui
se succèdent dans notre église, le silence est toujours d’or.
La semaine qui précède If Pâque
cbrélienne, et que Von appelle là semaine sainte, a été réellement sainte
et bénie pour notre église. Nous avons
eu le bonheur de recevoir d’une manière solennelle et émouvante, devant
un auditoire immense, il nouveaux
membres de l’Eglise, instruits par les
pasteurs, et qui avaient fait des examens .satisfaisants devant les différents
membres dn Conseil d’Egüse- Quatre
autres nouveaux membres, dont deux
infirmes et retenus chez eux, ont aussi
été admis pour la S.*“ Qène de Pâques,
ce qui porte à %{ le nombre de nos
nouvelles recrues. Peut-être le Seig.neur nous en accordera encore quelques-uns à Pentecôte. Je ne crois pas
que la prudence pastorale nous invite
à l’amour ou à la passion du chiffre,
aussi veuille croire quO cette, passion
ne nous a pas hantés et surtout que
nous ne nous sommes pas trop pressés dans l’acceptation de ces nouveaux
convertis de toute âge, de toute condition, et même do quatre différentes
confessions religieuses. Ce dernier fait
est curieux en lui-même et je ne le
note que comme tel, car toutes les
âmes sonl du Seigneur; mais jé crois
J[u’it s’est pfésqnté pour la première
ois dans nos églises missionnaires.
Il y avafi an effet parmi les 17 réci
{liendaires du Vendredi Saint une jeune
sraëlile, pa,f moi baptisée la veille, un
jeune éinqiant grec orthodoxe, quatre
jeu II es ca lécb u m ènes a ppa r lep a n t à des
lamilies protestantes et onze catéchumènes sortis du çatholicisme. Les quatre autres reçus étaient tous comme
ces derniers.
Ce fait n’esl'il pas Ipuchanl et remarquable, propre à nous faire sentir
3
163
toute la puissanee de l’araouf de Dieu
oui veille sur notre œuvre, qui la
dirige, et la bénit malgré nos faiblesses el nos infidélités? Il y a parmi
nos nouveaux membres un jeune homme> infirme dés l’âge de deux ans, il
s’est réjoui pour sa réception et pour
sa première Communion comme il ne
l’avait jamais fait pendant toute sa vie
triste, pénible et monotone.
Lorsque je lui demandai ( note?
qu’il ne s’exprime que diffioilement
et avec des efforts inouïs); Crois-tu
au Seignenr Jésus-Cbrist comme à ton
Sauveur? il me répondit: ïVo» solo
credo in Lui, ma w amo tanta! Ah!
j'ai rarement vit un jeune nouveau
converti prendre part à la Cène du
Seigneur avec une émotion aussi profonde et touchante 1 On aVail dû faire
fabriquer tout exprès pour lui un calice d’argent pour qu’il pût boire à
la coupe de la nduvelJé alliance el son
premier mouvement, après le service
divin,, fut dé me donner cette coupe
pour les malades de l’asile qui ne
peuvent se soulever sur leur lit lorsqu’ils désirent lâ Communion à la fin
de leur vie. Je peux bien écrire ceci :
je ne nomme ;personHê et la modestie
de mon pauvre jeune ami est à l’abri.
A Pâques et dans les premiers jours
qui suivirent nous avons célébré la
SainteCènequatrefois. Auditoires nombreux, recueillis, qui remplissaient
ad litleram le temple de S. Giovanni
in Conca et le local des faubourgs
Garibaldi, Volta, Tenaglia. A l’exception de quelques pesonnes absentes,
retenues chez elles, ou peu disposées,
pas plus que huit ou dix, tous les
membres de l’Eglise ont participé à
la Cène avec joie, avec délices, je dirai
presaue avec un entrain solennel. Dieu
soit »éni! C’est lui qui nous accorde
ces joies-là, que le monde, hélas, ne
peut même pas soupçonner, outre qu’il
ne peut les comprendre. Qu’on dise,
qu’on écrive, qu’on imprime à l’étranger que l’œuvre de l’EvangélLsalion en Italie, languit, qu’elle se traîne
Îténiblement sur deux béguilles, qu’il
àut un nouveau Luther sorti du clergé
catholique, pour amenei' les masses à
Christ, comme si l’Evangile ne suffisait
pas; il y a bien des !acunes,)bien des
faiblesses, souvent même des recuis
douloureux, mais en somme, le bras
Dieu se révèle toutefois, il accomplit encore des proues.ses et nous
gardons dans nos cœurs ces témoignages de son amour comme l’avare
qui gàide ses joyaux dans un écrin
et qui les contemple el les énumère
avec jouissance et avec avidité. Pure
jouissance et sainte avidité qüe les
nôtres, et Dieu nous les accorde.
P. Longo.
Missions
üriE Consécration au Lessôuto
Tfibaila-'MDr'éna, le lU avril J8H9.
Cher ami,
Sous ce titre, permets-moi de l’envoyer quelques détails sur l’événement
qui a donné un caractère particulier
à la conférence que les missionnaires
de la Société de Paris viennent d'avoir
sur celle station. Pour le fond, ils ne
différeront pas sensiblement de ceux
auxquels les lecteurs du Témoin sont
habitués, mais le cadre en est essentiellement différent, et à cet égard,
ils pourront offrir un certain intérêt.
La conférence était réunie depuis
le mardi, 2 courant, el cela suffisait
pour donner une animation plus grande
que d’ordinaire à la station si coquettement placée, et si bien tenue de
Mr. Germond. Plus de vingt blancs (y
compris les dames), réunis sur le
même point du pays, avec leurs wagons
à bœufs, leurs caris et leurs cltevaiix,
c’est quelque chose qui ne se voit
guère plus d’une fois par an au Lessoulo. Mais le samedi suivant, l’animation devenait presque du brouhaha
par l’arrivée de quelques centaines de
gens des annexes, dont les allées el les
venues, ainsi que les conversations nocturnes autour des maisons, ne Iroublèrônl pas mal le repos de quelques
missionnaii'es Ce n’était rien, cependant, en comparaison du lendemain,
4
le grand jour de la fête.'Dès le lever
du soleil, jusqu’à l’heure de,service, et
même encore pendant celui-ci, ce ne
fut qu’une suite continuelle de groupes
de personnes, les hommes à cheval,
les femmes à pied, arrivant de tous
les côtés. Aussi, l’assemblée a-t-ellé
été évaluée à trois mille persotmés
environ.
Un des derniers à arriver, mais à
temps cependant pour le service, fut
le grand chef de la région, le célèbre
Lérolholi, (c’est-à-dire la goutte d’eau,
etc. pas la maladie), fils de Lelsié.
Son escorte est nombreuse et, quoique
dans le costume rien le distingue d’un
simple bourgeois, on voit immédiatement, à son maintien plus que digne,
à l’air servile des hommes qui le suivent, et au silence qui se fait partout
dans la foule qui s’écarte sur son passage, que c’est un des potentats de
la nation. Un de ses vassaux, Mokhelé
fils de feu Moletsané, le chef principal de la tribu des Balaoungs est
aussi là, mais son attitude est beaucoup plus modeste. Il est arrivé une
heure plutôt, et n’a qu’une suite d’une
dizaine de chefs, ou conseillers. Il est
en fedingote, gilet et pantalons noirs,
si bien qu’en le voyant j’ai cru, au premier abord, que c’était quelque catéchiste à son aise. Passons sur les autres grands personnages, à l’exception
de son altesse Ma-Lelsabisa, autrement
dite Munella, d’après son nom de fille.
Son père était le fameux Lésavana, ou
Ramanella, un des grands chefs du
district de Léribê, mort l’année passée
et elle est devenue, un peu irrégulièrement, paraît-il, la premiéreferame
en rang de Lérolholi, ce qui lui vaut le
titre de luofoumahadi. (Les noms et
mots indigènes sont écrits comme op
doit les prononcer en français ; reine,
princesse). Et elle le porte bien, avec
son air presque aussi hautain que celui
de son mari! D’ailleurs, elle aussi est
entourée de toute une cour, et elle
se distingue de toutes les autres femmes
par son magnifique châle et par la
calotte à broderie de grain.s dores, qui
orne sa tête plus qu’elle ne la protège.
Pour en finir avec les toilettes, j’observe que presque toute cette foule
est habillée. On est décidément beaucoup plus civilisé dans ces parages
que dans les nôtres. Ceux dont la semi-nudité témoigne ce qu’ils sont encore, disparaissent ici dans la masse
de ceux qu’on pourrait prendre pour
des chrélien.s. Je n’ai presque pas vu
d’hommes dans ce cas, et relativement
fort peu de femmes. Dans le Nord du
Lessouto, c’est tout juste le contraire,
et voilà pourquoi il est toujours très
risqué de juger des conditions générales d’un peuple d’après ce que l’on
voit de lui à certains endroits seulement. Ici il y avait même quelques
chapeaux haute forme, et une quarantaine de parasols. Vu la raoltitude,
ifme's’agissait pas de se réunir dans
le temple; On le ifil donc en plein air,
sous les ombrages de la station, comme
à nos fêtes du 15 août, on le fait sous
ceux de nos thontagnes.
Au moment d’ouvrir le service, une
centaine de jeunes genset jeunesfilles,
membres de la classe des catéchumènes, vinrent chercher à la maison
des séances, les missionnaires et les
deux candidats, qui étaient le docteur
Eugène Casalis, fils aîné du vénéré
Mr. Ca.salis de Paris, et’^Ir. Louis Germond second fils de noire cher collègue de Tabana-Moréna.
Le cortège se forme. Précédés par
cette bande de chanteurs, nous nous
avançojtis deux à deux ayant en tête
le président de la Conférence Mr. Dieterien et le prédicateur désigné Mr.
Duvoisin, suivis des candidats, et nous
allons prendre nos places respectives.
Le culte commence par une'prière
de Mr. Ellenberger et la lecture de
la Bible. Suit un chant, puis vient
la prédication de Mr. Duvoisin sur
2 Cor. II. 16 fin et Philip, iv. 13.
Avec la chaleur qui le distingue, l’orateur expose les difficultés du ministère évangélique et le moyen de les
surmonter.
Après un chant, la parole est donnée au Dr. Casalis. 11 n’a pas besoin
de se faire connaître. C’est un enfant
du pays et il y a 25 ans qu’il y travaille. Quand il y est revenu, après
ses études, il pensait qu’il y servirait
suffisamment le Seigneur et les hora-
5
.165------
mes en remplissantfidèlement ses fonclions de médecin. Mais bientôt il se
trouva, par les circoslances, engagé
dans le ministère de la Parole. Il crut
alors que c'était là tout ce qu’il pouvait désirer de mieux. Soigner les
corps et prêcher aux âmes, cela ne lui
aurait-il pas à jamais suffi? Il n’éprouvait aucun besoin de faire plus, si bien
que lorsque, à un moment donné,
ayant reçu pour un temps la charge
d’une station, la consécration lui fut
offerte, il la refusa. Depuis lors, l’ex
Eérience lui a maintes fois prouvé comien le ministère de la Parole est
incomplet lorsqu’il ne peut pas être
accompagné de l’administration des
Sacrements^ et voilà pourquoi il s'est
senti poussé à demander à ses collègues cette consécration, à laquelle il
ne>tenait nullement dans le passé. Il
peut ainsi s’appliquer, dans un certain sens, ce que le Seigneur ditià
Pierre d’après Jean xxi. 48.
Mr. Louis Germond se lève à son
tonr et l’assemblée est invitée à être
tout particulièrement recueillie pour
ne pas l’obliger à forcer trop sa voix.
Mais celle-ci se montre plus forte qu’on
ne croyait. Le sentiment qui remplit
son cœur et qui le pousse à parler
est celui exprimé dans Ps. cxvi. 18.
11 a désiré, dès son enfance, servir le ,
Seigneur et lorsqu’il fut envoyé en
Europe, il commença des études dans
ce but. Mais le SeiMeur l’appela à
une autre école, celle^e la souffrance.
Pendant neuf années, il a été malade,
et à plusieurs reprises il s’est \/u aux
portes du tombeau. - Revenu au Lessouto, il y a trois ans, il s’y est trouvé,
une fois encore, en face de la mort.
Mais depuis lors, les choses ont changé,
sa santé s’est améliorée, au point de
lui permettre de s’engager dans l’œuvre, et de pouvoir espérer dans une
guérison complète. Voilà pourquoi il
tient à «louer le Seigneur dans cette
grande assemblée».
11 le loue aussi à cause des voies
par lesquelles il l'a conduit. Loin de
se plaindre de ses années de souffrance, il les bénit. Celle écolè de
l'épreuve a été plus utile pour lui que
n’eussenl pu l'êlre les études les mieux
suivie.s et les mieux terminées, car
elle l’a rapproché de Dieu beaucoup
mieux que n’auraient pu le faire celleslà. Il demande maintenant à Dieu la
sagesse pour conduire son peuple.
En entendant ce jeune frère, aux
traits encore maladifs et amaigris, il
semblait entendre un ressuscité, et
l’impression a été profonde. Beaucoup
de larmes coulaieni.
Vient un chant, puis les candidat«
se lèvent et le président leur fait prendre les engagements d’usage. Us le
font en étendant In main sur la Bible.
Puis vient la conséêralion proprement
dite, lorsque les candidats s’agenouillent et que tous les missionnaires les
entourant de près, étendent sur eux
la main droite, pendant que l’un d’eux
(Mr. Mabille) prononce la prière. 11
se relèvent, chacun leur serre la main
et un chœur très beau et parfaitement
.exécuté, sous là direction de monsieur
Marzolf, met fin à la touchante cérémonie.'Qu’elles étaient belles ces voix
de nègres et comme elles auraient fait
honneur à n’importe laquelle de nos
églises, par leur justesse, par leur
ensemble, et par leur précision!
L’après-midi, eut lieu le service de
communion; 560 personnes y prirent
part, et en voyant défiler tous ce.s
communiants, je me disais: Quand
vena-t-on quelque chose de pareil à
Léaibé ?
Excuse, cher ami, la manière dont
celle lettre a été écrite. J’ai préféré
faire mal que ne rien faire du tout.
La conférence a fini hier au soir, à
40 heures, et ce malin presque tous
nos frères sont partis. Nous partirons,
ma femme et moi, demain matin D. V.
Nou.s ne retournerons pas directement
à Léribé. Nous passei'Atns par Herrnon
où je laisserai ma femme quelques
jours et d’où je me rendrai, avec notre
frère Mr. Ghrislol, à Bélhulie pour
remplir un mandai dont la Conférence
nous a chargés. Je vais un peu mieux
de santé. Reçois etc.
J. Weitzecker.
• t
6
166
LES ITALIENS
et la République de la ríala
Gênes, le 10 mai 1889.
Cher ami et frère,
Je viens de lire dans un des meilleurs journaux anglais un article intéressant, pourtant le titre ci-dessus
et dontj’ai pensé vous donner un çouii
extrait, qui peuL-êlre pourra intéresser
aussi nos lecteurs vaudois, — En voici
la substance:
« Pendant que M. Grispi j soutenu
par la partie la plus forte et la plus
résolue de la nation, verse, presque
sans résultat, sang et trésors sur la
côte africaine de la Mer Rouge, une
autre partie de ses compatriotes, plus
pauvre et plus humble, prend silencieusement mais sûrement possession
d’une des plus riches et des plus fertiles portions du globe. L’Italie a combattu pour avoir un simple pied à
terre à Massaua, et après ¿années de
IU II es sanglan tes, el I e n’y possèdelqu’u n
morceau de terrain que les fusils de
ses soldats pourraient couvrir, pendant que ses émigrants se répandent
sans difficulté sur les grandes plaines
d'alluvion de l’Amérique du Sud, et
convertissent par un procédé plus facile et plus sûr, la République Argentine en «un état italien. Celle république peut demeurer espagnole de
nom el d’apparence, mais sa population sera fatalement bientôt tout-àfail italianisée. Comme les Hollandais
à New-Jork, les Français à la Nouvelle
Orléans, les Espagnols dans le Texas
et la Californie vont sé perdant dans
la race Anglo-Saxonne, parce que, si
celle-ci ne l’a pas habitée la première,
elle s’y est cependant montrée ta plus
forte, ainsi les Espagnols de la Plata
.sont destinés à être absorbés par les
colons italiens.
Il résulte d’une statistique possédée
par le Gouvernement Anglais, que plus
d’un million et demi de colons, dont
les deux liei's sont Italiens, se sont
établis dans les provinces Argentines
pendant ces 30 dernières années. Le
croisement des races par le mariage
est d’une fécondité extraordinaire, et
l’oii peut dire sans exagération que la
moitié de la population a du sang italien dans les veines. Il est tellement
vrai que t’influence ilaliennè tend à
dominer dans la vallée de la Plala,
que le gouvernement du pays, pour
empêcher, si possible, l’accroissemenl
de cette influence, cherche à faciliter
de toute manière l’immigration des
Belges, des Hollandais, desÂlIemandset
des Suédois! Mais malgré cela, dans 10
ans les italiens y auront une forte majorité, el la fin du siècle verra un puissant Étal italien, habité par un peuple
de race italienne, y maintenant la'civilisation italienne et occupant le centre
naturel du commerce d’une moitié du
Nouveau Monde.
» Les terres que les italiens sont en
train d’acquérir .sans lutte el. sans dépenses, sont les plus riches du monde.
Imaginez une plaine de 300 mille
lieues carrées, formée d’un terraind’alluvion profond el riche, couveil de
hautes herbes, el ça et là de bouquets
de chardons. Telle est la grande vallée du Parana et de ses affluents, qui
forme plus de la moitié de la superficie de la République Argentine. Le
climat y est le meilleur dont on puisse
jouir, tempéré toute l’année, et favorable à tous les fruits de la terre. La
vigne et les arbres fruitiers y croissent facilement. Le colon n’y est pas
obligé de commencer par abattre les
arbres de la fofêt. Le terrain n’allend
3ue la charrue pour fournir d’abonanles moissons.
» Il n’a pas besoin d’être inondé
chaque année comme l’Egypte, et le
soleil n’y est pas d’une chaleur insupportable pendant 6 mois, Quajîid les
italiens auront réussi à occuper ce
pays, ils ne seront pas le peuple le
moins bien partagé, quoiqu’il^ aient
commencé pms tard que les autres à
émigrer. Ils auront un pays grand
comme 10 fois l’Angleterre, el capable
de contenir 100 raillions d’habitants.
Mais l’Italie qui a communiqué au
moude moderne les arts, la science et
le commerce, a bien mérité celte riche
pari des biens de la terre».
Aucun vaudois ne pourra lire ces
7
167
lignes sans penser avec amour à noire
colonie du Rosario, qui semble être
appelée parlaProvidence divine à faire,
en Amérique, une œuvre semblable à
celle que l’Eglise mère fait en Italie.
Nous sommes heureux de savoir qu’un
bon nombre de jeunes vaudois se préparent pour révangélisalion, sous la
direction de le pasteur Hiigon. Et
nous demanderons au Seigneur de
remplir de son Esprit les ouvriers de
notre Eglise en Italie, en Amérique et
en Afrique, afin que nous ayons l’honr
neur de contribuer, pour notre faible
part, à la gloire de notre bien-aimé
Sauveur et à l’avancement de son règne.
Nous avons eu dimanche Mr. le pasteur Svensson, missionnaire Suédois
à Massauaetaux environs, qui à prêché
le malin dans la chapelle Écossaise,
le soir dans notre chapelle, donnant
tous les détails désirables sur son œuvre
au milieu de nos soldats. i
i. D. TuriH, past.
Bioenteoaire dç la Rentrée
Nous devons remettre à plus tard
la puhircalion de quelques listes de
souscriptions qui nous sont parvenues,
mais nous ne voulons pas priver nos
lecteurs d’une nouvelle qui réjouira
le cœur de tous les Vaudois: c’est
que §. M. Uiinibert I, notre bien
aimé souverain, a voulu prendre part
à la célébration du Bicentenaire de la
Rentrée, en envoyant au Modérateur
de noire Eglise cinq mille francs,
qui doivent être répartis entre la Maison
vaudoise et le Collège. Nous espérons
pouvoir publier bientôt ia noble lettre
qui accompagne le don royal.
<!TlironiC[tte ©aubobe
Mercredi, 22 courant, à 10 h. du
malin s’est réunie, à Pignerol, la conférence générale a laquelle assistaient
tous les pasteurs â l’exception de deux
qui en ont été empêchés par l’état de
leur santé. Bon nombre de repré.sentanls des églises et un pubblic aussi
nombreux, que l’on pouvait raison
nablement le désirer, s’y trouvèrent
aussi. Le programme était de nature
historique et aurait exigé, de la part
de ceux qui sont charges d’un chapitre de la brochure historique relative à la Rentrée, l’exposition succinte de leur travail. Mais ces travaux
n’étant pas tous prêts, c’est sur Mr.
D. Peyrot qu’e.st retombé le plus lourd
fardeau. Avec l’aide de sa belle carte,
il nous a conduit de Frangins àSibaud
en nous instruisant.
L’on s’est occupé ensuite de divers
détails concernant les fêles du Centenaire et le Recensement de la population vaudoise.
Le malin, les dépêches de Rome publiées sur les journaux de Turin annpnçaienl que le Roi avait destiné
5000 francs au Collège Vaudois. L’Assemblée fui agréablement surprise
d’apprendre que ces dépêches étaient
très incomplètes et que le don du Roi
était un témoignage de bienveillance
donné au peuple Vaudois à’l’occasion
du 2'"® Centenaire de la Rentrée. Aussi
les evviva h Humbert 1 ont ils été
empreints d’un enthousiasme, spécial,
lorsque, au diner, le piésident M. D.
Gay, porta un toast â S. Majesté.
un autre toast fut porté à la santé
des deux doyens absents pour cause
de santé, MM. le Doct. Laniaret et
Ant, Gay.
En creusant les fondements de l’Ecole de Balsilie, on a trouvé une médaille en cuivre avec l’inscription :
Madonna di Loreto et Santa Casa di
Loreto. La prétendue maison de la
Vierge, ti-ansporlée par les anges, de
Nazaret à Loreto, se trouve gravée sur
la médaille dont nous ignorons, au
reste, la date exacte.
Eeuttc polittijuc
itatie. ~ Le grand événement de
la semaine c’est le voyage du roi Humbert, son arrivée à Berlin et l’enthousiaste accueil dont il est partout l’objet.
Selon l’avis qui en avait été donné,
S. M. est partie dimanche 19 c. à 4,20
p. Il était accompagné par le prince
8
-168
de Naples, le Préaident du Ministère
hon. Crispi, le gén, Pasi, le comte
Gianotti et le secrétaire privé du roi,
commandeur Urbano Raltazzi etc.
A Luino, où le train royal est arrivé
vers les 7 h. du soir, S. M. a reçu les
hommages du commandant en chef de
l’armée Suisse, colonel Pfyffer, et de
quelques représentants de la Société
du Gothard'Bahn; une foule immense
l’a acclamé avec enthousiasme, comme
du reste, partout sur son passage.
A a. le roi arrivait à Goeschenen où il était attendu par le Président de la GonfédérationSnisse, Hammer, qui lui a offert un déjeuner au
nom du Conseil fédéral.
Mardi à 10,40 a., letrain royal faisait
son entrée à la gare centrale de Berlin.
L’emp^ereur, le prince Henri, le
prince Bismark, le gén. Moltke, les
Ministres de la Guerre et de la Marine,
les généraux de la garnison et une
foule de princes et d’illustres personnages attendaient. Guillaume II portait
le cordon de l’Ordre MililairedeSavoie,
et en outre, ainsi que le prince de
Bismark, le collier de la SS. Annunziata. Le roi et le prince de Naples
revêtaient l’uniforme des Hussards de
Hesse. Les deux souverains s’embrassent et se baisent, Humbert serre la
main au prince Bismark et est présenté aux principaux personnages de
la suite de l’empereur.
Le roi passe ensuite en revue la
garde d’honneur et s’achemine en
voiture avec son impérial ami; dans
une autre voiture se trouvent réunis
le prince de Naples et le prince Henri.
Les rues conduisant de la gare au
palais destiné h Humbert et à sa suite
sont admirablement ornées; partout
des drapeaux, des arcs de triomphe,
des décorations et ornements de toute
sorte, des troupes rangées des deux
côtés de la route et une foule immense
acclamant le roi d’Italie. Jamais, disent
les journaux, Berlin n’a accueilli avec
tant d’enthousiasme aucun .souverain
étranger.
Après les présentations à l’impératrice et à toute la famille impériale,
a lieu le déjeuner.
Dans raprès-'midi, le roi sort en
voiture et va visiter la tombe de Guil"
laume 1.
Vers les 8 h. du mercredi a lieu à
Tempelhof, près de Potsdam, la grande
revue des troupes, en tout 18.000
soldats.
L’empereur commande en personne
les divers régiments et en faU la présentation à Humbert qui ne peut s’empêcher d’en admirer la noble et martiale démarche.
Le diner de gala, fixé pour ce jour,
réunit 400 convives. Guillaume U boit
à la santé de son royal visiteur, de
la reine d’Italie, de l’armée italienne
et des deux nations amie*. Humbert,
à son tour, boit à la santé de son
aimable hôte, de la famille impériale, de la vaillante armée Allemande
et des deux peuples alliés.
Le Municipalité de Rome reconnais.sante de l’accueil enthousiaste fait à
notre roi s’eSt empressée d’adresser
ses remerciements au chef de la Municipalité Berlinoise.
Malgré l’absence du Président du Ministère, la Chambre des députés continue ses travaux, s’occupant du bilan du
Ministère de l’Agriculture; quelques
députés recommandent les écoles agraires comme très utiles, vu les tristes
condilinns dans lesquelles se trouvent
nos campagnards.
Le député Imbriani interpelle touchant un acte de vil espionnage dont se
serait rendu coupable notre consul à
Trieste, au détriment du Président de
la Chambre des Notaires de celte ville.
Le dèp. Gallo a présenté un projet
de loi tendant à obtenir que le 20
septembre soit déclaré fêle nationale.
AttetMa0t%e. — En suite d’une entrevue de l’empereur avec une députation des grévistes de Weslphalie, la
majorité des ouvriers a consenti a retourner à ses travaux.
La reine-mère de Bavière est morte.
Anf/lelerre. — La Chambre des
Communes a volé en S“"® lecture le
bül en faveur de l’augmentation de la
flotte.
Eiinest Robert . Uérani.
Pignerol, Imp. Chianlore-Mascarelli.