1
Cumple-couranl avec la Posit
PKÏX D’ABONNKMENT PAR AN
Italie . . . . Fp. 3
Etranger ... » 6
Allemagne, Autriche-Hongrie,
Belgique, Brésil, Danemark,
Egypte, Hollande, Suède,
Suisse, etc., en s'abonnant
à la poste . . Fr. 3
On s’abonne;
Au bureau d’Administration;
Chez MM. les Pasteurs ; et à
llmp. Alpina à Torre Pellice.
L'abonnement pari du 1. Janvier
______et ge paye d’avance,
Année XXI. N. 47.
21 Novemlire 1895.
Numéros séparés demandés avant
le tirage, 10 centimes chacun
Annonces: 20 centimes par ligne
pour une seule fois — XÔ centimes de 2 à 5 fois et 10 centimes pour 6 fois et au dessus
S'adresser pour la Bééaotlon à M.
le Prof. H, Meille, Torre Pel^
Hccy et pour V Administration
à M. Jean Jalla, prof., Torre
Pellice»
\ Tout changement d^adresse eal
I__ Pf^ïé 0,10 centimes._____
LE TEMOIN
É(]HO DES VALLÉES VAUDOÏSES
Paraissant chaque Jeudi
Vous me serez témoins. Act-1,8. Suivant la vérité avec la charité. £ph. IV, 15. Que ton règne vienue. JHatth. VJ, 10
O ni m a I r e :
La perte du premier amour — La Società
GiirStave Adolphe (Suite et lin) — Notre
premier raissionnaire on Chine — Le
protestantisme en Italie : Les Vaudois
— Un acte d'intrusion —■ Nouvelles
do M. Davit et autres— îylaison hospitalière de S. Remo — Revue Politique
— Avis.
U PERTE OU PREMIER AMOUR
...Qu’il puisse y avoir des oscillalions dans une vie chrétienne, et que
l’amour y demeure plutôt à l’état
latent, toujours prêt cependant à se
manifester, quand les occasions lui
sont propices ou la nécessité le lui
impose, c’est ce qu’il est aisé de
comprendre. Mais ce que l’on né
peut admettre c’est qu’à une période
de zèle, de feu, d’amour en succède
une autre de complète froideur et
indilïërence, c’est que la flamme se
transforme en un lumignon qui fume
à peine. Ceci est une anomalie dont
on ne saurait rechercher avec assez
de sollicitude les causes. Ne seraitce pas que votre amour n’avait pas
un vrai fondement? C’était le produit
d’une émotion, de l’imagination, plus
que d’un besoin profond du cœur.
Pierre croyait aimer lorsqu’il s'écriait : « Lors même que tous seraient
scandalisés à cause de loi, je ne le
serai jamais ... Seigneur, je suis prêt
à aller avec toi en prison et à la.
mort » ; mais ce nq fut qu’après
avoir « pleuré amèrement » après
que Jésus l’eut regardé qu'il sentit,
par son péché lui-même, combien
Jésus lui était précieux et qu’il put
lui répondre en toute sincérité: «Seigneur tu sais toute chose, lu sais
que je t’aime ».
Mais admettons même que votre
amour soit véritable ; pourquoi donc
a-t-il perdu une partie au moins
de son intensité? Ali! c’est, mes
frères, que tout amour est un culte
et que tout culte requiert un sanctuaire, Tant, que le sanctuaire n’a
pas été souillé du regard d’un public profane, vous' avez éprouvé la
joie de la communion intime, qui
faisait dire à Rulberfoid: «O Jésus,
douceur de mon âme, comment
pourrai-je assez t’aimer? ». Mais peu
à peu, entraînés par le tourbillon
du monde, absorbés par vos occupations, vous avez laissé envahir le
sanctuaire; vous avez,^ moins lutté,
moins prié et, par conséquence,
moins aimé. Si vous avez continué
à faire des œuvres ce n’était plus
les premières, car il ne s’y déployait
2
- 378
plus le même esprit, le même zèle.
Vous avez fait des œuvres d'amour
auxfjuelles il manquait l’esprit d’a
rnour, et votre foi, n’étant pas con
linuellement exercée s’est allfaiblie
et atrophiée; elle est devenue une
habitude. Or l'amour ne peut devenir une habitude sans perdre son
énergie.
Si tel est le mal, quel sera le
remède? Le Seigneur nous l’indique
lui-même dans ces paroles: « Souviens-toi d’où tu es tombé et te
repens ». Le souvenir des temps
passés, bien qu’il nous blesse douloureusement, est un remède excellent, car il ne constitue nas le remors,
mais le repentir. Descendre dans
son cœur, écarter le voile de l’amour
propre qui se fortifie en nous dans
la proportion où l’amour de Dieu
diminue; examiner consciencieusement chacun des cas où vous vous
conduisez autrement que jadis; reconnaître chaque omis-sion dans l’aocomplissement du devoir, chaque
négligence dans la prière, chaque
symptôme d’indillérence... cet exa
men ou, si vous voulez, cet mven
taire, douloureux sans aucun doute,
aura pour résultat de vous ramener
au vrai point de départ de toute
vie chrétienne, à l'humiliation selon
Dieu. « Celui à c]ui il est peu pardonné aime peu. » ; c'est pourquoi
fixez avec .soin l’étendue de notre
dette. Puis, sur ce fondement, rebâtissez votre sanctuaire et entourez-le
d’une double haie de vigilance et
de prière. Ne permettez pas au
monde de l’envahir et de s’y établir;
mettez à part une heure dans la
journée ou vous sentiez que vous
n’appartenez (|u'à Dieu; n’attendez
pas le retour de certaines époques
de r année pour alimentei' votre
communion; que l’holocauste du
cœur soit allumé tous les matins sur
l’autel de la foi; ne commencez pas
de journée sans avoir placé, comme
le fit Jean, votre tête sur la tête de
Jésus et sans avoir senti ses mains
étendues sur vous pour vous bénir.
Ce besoin constant de lui, créera
en vous un vif amour, qui alimenté
par les misères qui vous entourent,
ne tardera pas à s’enflammer en
une activité bénie, À mesure que
vous ferez les œuvres d’une fois,
avec l’esprit d’une fois, avec le but
d’une fois, c’est à dire celui de témoigner à Christ toute votre reconnaissance, vous sentirez croître en
vous la capacité et la force; alors
vous ferez tout ce qu’il vous dira.
Soufflant, par son Esprit, sur les
charbons à demi éteints de votre
cœur il ravivera la flamme et ses
étincelles allumeront d’autre feux
tout autour; « L’amour de Dieu est
répandu dans nos cœurs par le
Saint Esprit qui nous a été donné.
W. Meille
extrait du livre: Meditazioni per il
culto della Domenica e dei f/iorni
festivi, pp. 218-221.
La Soeiété Gustave Adolphe
(Sui te).
Nous avons cherchó à donner,
dans notre précédent ariicle, une
idée de l’œuvre de la Société Gusiaae Adolphe. Disons quelques mots
maintenant de son étendue et de
ses ressources. Le comité central
qui a sa résidence à Leipsig et dont
le président est le vénérable D’’
Fricke n’est que le point de r'allie^
meut de 2358 comités locaux - dont
526 de dames. La somme dépensée
l'année dernière a été de fr. 1561272.
Les dons faits par la Société-depuis
sa fondation (1832) jusqu’à ce jour
représentent une valeur de fr.
3923126‘J. A la lecture de ces chitfres, on se dematidera de quelle
manière des sommes aussi considérables ont été recueillies. C’est au
moyen surtout de colleetes systhématiques faites de maison en maison.
La Soeiété Gustave Adolphe est si ''
populaire en Allemagne, son œuvre
rencontre tant de sympathies, que
3
- 379
des collecteurs autorisés et payés
pour leur travail n’ont qu’à passer
de maison en maison et inscrire
les dons qui, dans un très grand
nombre de cas, se répètent régulièrement d’année en année. À côté
de ces collectes à domicile il faut
placer naturellement des envois
spontanés, des legs etc. etc. La Soc.
Gustave Adolphe compte de.s amis
payants parmi les classes riches et
parmi les classes les plus pauvres.
Qu’il nous soit permis de citer ici,
d’après le rapport que nous avons
reçu, quelques touchants exemples
de personnes ayant donné largement,
non pas de leur superflu, mais de
ce qui leur était nécessaire pour
vivre :
« Une pauvre veuve envoie, le
jour anniversaire de la mort de son
mari fr. 265 avec ces mots: « C’est
une joie au milieu des larmes ».
À Sluttgard une femme dont le
cœur brûle pour les pauvres colonies allemandes en Galicie (Autridie)
avec leurs misérables écoles et leurs
maîtres, à la lettre, afl'amés, ne
cesse pas de recueillir et d’envoyer,
depuis nombre d’années, des dons
en argent, des vêtements, des livres
d’école et d’édification. Ces pauvres
gens voient en elle une mère en
Israël; ils la croient une personne
de haute distinction et écrivent à
la « gracieuse dame (gnädige Frau)
des lettres respectueuses do demandes et de remerciements. Or il se
trouve que cette « gracieuse dame »
est la femme d’un garde de police,
la mère de quatrii enfants, ce qui
ne rempêche pas d’avoir son cœur
■ et sa main ouverts pour secourir
les enfants de Dieu ».
« Une pauvre femme tira de sa
caisse d’épargne, c’est à dire de son
mouchoir, un mark (fr. 1,25) et
garda pour elle 10 centimes ».
Un collecteur écrit: «Je reçus
un soir la visite d’une veuve très
pauvre ; elle n’avait pu venir de
joui’, à cause de son travail. Elle
se soutient à peine avec ce qu’elle
gagne (35 cent, par jomr) en pelant
des pommes de terre dans une caserne, Elle put néanmoins économiser 3 mark (fr, 3,75) qu’elle
m’apporta pour le, fonds de bâtisse
de nouvelles ■ églises. Comme ses
yeux brillaient de joie en nae remettant l’argent et en me priant
de ne pas la nommer I ».
11 ne nous reste maintenant qu’à
donner un tableau des œuvres entreprises par la Soc. Gustave Adolphe
depuis 1832:
Communautés secourues 4183
Nouvelles églises et chapelles 1857
Nouvelles écoles 807
Nouveaux presbytères 720
Bâtisses réparées 718
Terrains achetés 171
Dettes payées 1412
Subsides à des fonds d’église
ou d’école . 1073
Salaires de pasteurs 569
Salaires de maîtres 1599
Subsides à des séminaires 58
Secours divers 1709
Pourvoi temporaire de pasteurs
dans des postes dépourvus 578
Loyer de locaux 126
Mobiliers d’église 1156
Prédicateurs itinérants 38
Subsides à des instituts de catéchumènes, d’orphelines et
de diaconaisses 517
Subsides à des caisses de pensions pour veuves 30
Subsides pour réparations,de
cimetières 78
Notre eglise Vaudoise reçoit annuellement de celte .société plus de
fr, trois milU, Qu’il nous soit permis de lui exprimer ici notre vive
reconnaissance.
H. M.
4
- 380
Notre Premier Missionnaire
en Cliine
Nous recevons du nouveau missionnaire
Alfonso Argento la lettre suivante que
nous ne voulons pas traduire de ciuvinte
de la gâter.
China Inïand Mission
Neioington Green
London N.
Lunedì, 11 Novembre
y^grcgio ’direttore,
Pei doiierâ se prima d’ora non ho
preso la penna per indirizzarle due
parole.
Veramente la ragione, per cui non
Le scrissi prima, è siala di potere
ringraziare senlitamenle Lei della
premura che si prese per me e di
cui Le leslimonio la più viva graliIndine, insieme agli amici lulli delle
Valli per le lire dÙ9,90 spedite per
rne al pastore, Sig. Golia Mauro, e
dai' loro nello stesso tempo un breve
cenno della mia vita in Londra in
connessione colla mia missione futura.
Dal 1° Settembre insino ad ora,
per me è stalo un conlituio studio
di preparazione a quella grande
missione deirEvangeItzzazione fra i
pagani in China.
Quindi, come ben comprenderà,
di Londra como' citlà mi son curato
ben poco.
Durante questo breve spazio di
tempo lio potuto sempre più evidentemente esperimentare la fedeltà
del Signore e ja sua meravigliosa
assistenza inverso ((uelli che camminano nei suoi .Statuti e coiiliilano
fedelmente in Lui. — Ed invero,
prima che lasciassi Girgepti, sapevo
che, giunto in Jmndta, avrei dovuto
subire un esame orale dinnanzi al
Con.siglio dolía Missione (gli scritti
l’avevo falli in Girgenli), ma nessuno
qui avendomene più fallo parola,
temevo che quello significasse disapprovazione e per conseguenza
non essere accettato come Missionario per la China.
La sera del 19 Ottobre, dopo la
mia consueta pregtiiera al Padre
Celeste andai a letto. Dormii placidamente e come ri.sposta alle mie
richieste, durante la notte, sentii
come il Signore Iddio preavvisarmi
che fra due giorni avrei dovuto
presentarmi al Consiglio. La mattina
mi alzai da letto un po’ turbato.
L’indomani a cena, tanto per togliermi ogni dubbio, chiesi al Sig.
Sloan (segretario della China Inland
Mission pres.so il quale abito) intoruo
al tempo in cui sarei partito per la
China; e la risposta fu: « Io non
saprei dirle nulla al proposito, perché
Martedì dovrà presentarsi al Consiglio ». Restai di sasso, perché mi
rassicurai che quelle eireltivapiente
erano le parole del Signore da me
sentite la notte precedente.
A. dir vero la risposta del Sig.
Sloan mi scoraggiò alquanto perché
(confesso la debolezza della mia
ledè) dubitavo deU’esito del mio
esame. Quindi subito dopo cena mi
diedi a sfogliare alcuni libri; ma fu
inutile perchè non sapevo su quale
pagina soffermarmi. Cosicché, per
far'la finila, posi i libri da canto, e
misi il mio caso nelle mani del
Signore, ed aperta la Bibbia a caso,
mi cadde sotto gli occhi il seguenle
versetto: « Non vi spaventale e non
vi amarrile; non ti ho io fatte intendere e dichiarale queste cose ah
antico? » (Is. 44, 8),
Meditai alquanto, su questo versetto e piangendo di gioia, prbsiralomi, ringraziai e j)regai Iddio di
pormi le sue parole nella mia bocca.
L’indomani alle 6 p. m. jiassai
dinanzi al Consiglio radunalo in
una sala della « China Inland Mission Office » e composta di qinque
persone. — Il presidente lenendo dinnanzi a sé un protocollo ove stavano
le mie prove scritte, la mia fotografia,
ecc. m’ineomiiieiò a fare tante svariate domande, e di mano in mano
che rispondevo, gli altri, ciascuno
alla sua volta, mi andavano espo'
neiido tutti i pericoli cui andavo
5
- 381
inconti‘0, la vita di privazioni, di
Fatica, di solitudine, il disprezzo dei
Cliinesi, la nessuna protezione, il
proltabile marliiào, ecc. eco.
Vedendo però che lispondevoloro
secondo le parole che il Signore
Iddio m’inspirava, mi chiedevano
in base a che tenevo rermo il mio
proponimento; e qui m’era d’uopo
citar loro versetLi biblici assicurando
loro che,se fedeli servitori, troveremo
in Cristo e nella sua Parola abbondanza, assistenza, coraggio, gioia,
foi'za e pazienza che oltrepasseranno
di gran lunga tutto ciò che sacrilìchiamo per lui. E finii dicendo che
non dobbiamo temere di coloro che
possono uccidere il corpo, ma che
non potranno mai uccidete l'anima.
Dopo quasi un’ora d’incalzanti
domande e risposte aiulato sempre
daH’Assistenza divina, il presidente
Mr. Howard chiuse con una chiaccherata in francese ed accomiatandomi in italiano.
Giunto nella mia camera m’affrettai ad aprire la Bibbia per sentire
le parole del Signore ed ecco il
versetto che primo mi cadile sotto
gli occhi : « E ho messe le mie parole nella tua bocca ; e ti ho coperto
con Tombra della mia mano » (Is.
51 ; 66).
D’indomani fui chiamalo airUfficio
ove mi fu detto essere io stalo accettato, e quanto prima, probabilmente in Dicembre o Gennaio lascerò
Londra per Timmenso Campo Chinese in cui il Signore mi cliiama e
donde spero, D. V., tenerla informala dell’opera mìa tra i Pagani
d’esso Impero.
Intanto pregandola di ben volere
porgere i miei coidiali grazie e
saluti ai fratelli delle Valli ed esortarli a pregare per me, salutandola
rispetlosftmenle, mi creda.
Suo in Cristo Gesù
ALFONSO ARGENTO.
Le prMantisine en Italie; LesVAUDOIS
(Correspondance du Journal de Genève).
Mardi dernier, ici à Florence,
l’école de théologie vaudoise a rouvert en une séance simple et belle.
Celte école ne fait pas grand
bruit. Elle ne compte que trois
professeurs, qui sont MM. Geymonat, Comba et Bosio; il est vrai
que du temps de Calvin vous n’en
comptiez pas davantage]. Elle ne
peut melli'e en ligne qu’une dizaine
d’étudiants: il Faut dire qu’ils sont
sérieux, attentifs et appliqués. Et si
su voix humble et pieuse n’est pas
accueillie dans les feuiiles, elle n’en
est pas moins intéressante. Elle repi'ésente un coin de cette Italie, et
non le moins vivant et le moins
caractéristique que j’ai mission de
vous raconlejN les Vaudois.
Les vaudois sont une racé d’honnêtes et de forts, doucement têtus,
candidement Obstinés à leur croyance.
Ils sentent le sapin; l’arbre qui
pousse sur le rpc, au sommpl. Il est
de plus beaux arbres; il h’eu e.st
pas de ¡»lus vigoureux. Il brave les
tempêtes et les hivers.
Et depuis des siècles qu’elle est
allumée, leur petite lumière n’a pas
cessé de luire dans les ténèbres.
Vous l’avez aidée à ne point s’éteindre ; et ils vous en gardent un
souvenir ému et l'econnalssant. Le
roi les aime. De lui-même, spontanément, brusquement, jl est venu
les voir à Torre Pellice. U s’est
découvert dans leur église, où il a
voulu entrer — « il n’y a pas lanl
d’affaires!» leur a-t-il dit. H a visité
leurs hôpitaux, leurs écoles, leur
synode. Et eux et lui parlaient le
dialecte des Vallées. Il se sentaient
en parenté d’esprit et de race.
I.a nation les aime, sachant la
foison de beaux exemples que cache leur petite histoire de culte,
d’âpre foi, de liberté jalouse. Le 20
septembre dernier, quand après tant
6
-.1
— 38â
d’autres leur baunière a passé, des
acclamations se sont élevées par
trois fois de la foule. On sentait que
c’était de la droiture et de la conscience qui passaient.
Eux, à leur tour,sont foncièrement
italiens. Et comment ne le seraientil pas, alors qu’ils ont appris à leurs
frères dTtalie comment on se bat
pour une idée, comment on meurt,
comment on vit? Leur histoire est
l’histbire anticipée de l’ilalie; ils
sont les aînés et les ancêtres des
patriotes du Risorgimeidû,
Aussi quand au mois de février
1848 le staluto de Charles-Albert
leur permit d’être, ils se tournèrent
spontanément vers ce pays qui leur
était donné. Ils l’aimèrent de lui
avoir aussi fort ressemblé. Et ils
résolurent de lui porter la parole
de vie, celle qui leur avait permis
de naître et de subsister.
Le protestantisme italien est leur
œuvre. Œuvre jeune encore, ébauchée seulement, mais qui a l’avenir
pour elle et qui marche gaillardement à son but.
La mission vaudoise compte à ce
jour — en dehors des Vallées, depuis
Turin jusqu’en bas comme ils disent — 50 pasteurs, 7 évangélistes
non consacrés, des maîtres d’école,
des lecteurs et des colporteurs: en
tout iSi ouvriers de foi et de devoir
qui sèment et qui récoltent. Son
domaine d’action se léparlit en cinq
districts, et dans toute l’étendue de
la péninsule, jusqu’aux Marches et à
la Calabre, jusqu'en Sicile, plus loin
encore, partout où il y a des Italiens, jusqu’en Amérique, jusqu’au
Zambèze Elle a une faculté qui
siège à Florence et qui consacre
chaque année des ministres; elle a
une imprimerie qui fonctionne depuis quarante ans et publie non
seulement des opuscules de propagande, mais des ouvrages de science
et de fond; ellè a tout au moins un
commencement de littérature évangélique. La Bible lui manque, elle
se sert encoie de celle de Diodati;
elle se propose d’en avoir une à
elle, adaptée au progrès de l’exégèse
et aux conditions de l’Italie contem
poraine.
Elle a des journaux, et elle a des
hôpitaux, des cuisines économi(;ues,
des dispensaii’es. Elle a surtout des
écoles, où l’on enseigne aux enfants
à prier Dieu et le rudiment officiel.
Celles de Florence accueillent 20U
élèves-, 180 d’enire eux sont catholiques.
Grâce à d’aussi pui.ssants moyens
de propagande, grâce surtout à l’é
nergle cordiale et tenace de ces
hommes des Vallées, le protestantisme progresse en Italie. Leur foi
râblée et pour ainsi dire rustique
réveillle partout de.s indolences et
suscite partout des bannes volontés.
5000 catéchumènes se sont solennellemet ralliés à leur Eglise; si
l’on ajoute les adhérents, le nombre
est doublé. Entre eux tous, ils paient
quasiment 80000 francs de coiisations annuelles. Et ce n’est là que
de l’argent italien, de l’ar.gent de
pauvres houi’ses, de petites bour’ses
que vident les impôts.
Certes, ceei est déjà un résultat.
Il pouri-ait èti-e plus grand encore,
mais (juand on pense aux difficultés
innombrables contre lesquelles ,se
hutte une œuvre d’évangélisation
italienne, il y a lieu de se réjouir. ,
Et puis le progrès a été continu,
s’il a été lent. Il marche d’un pas
solide et certain, c^’un pas de Vaudois.
L’Italie n’e point de religion nationale. Elle n’a qu’üne religion
d’Etat. Les Vaudois voudraient donner à leur patrie cette religion acceptable, en conformité avec la
politique, avec les principes de libéralisme et de liberté qui l’on faite.
Ils sont loin de compte, sans doute.
Mais ils sont à l’œuvre. Et leur
empressement joyeux, qui s’allie
avec un patriotti.sme ardent, est fait
pour mériter la sympathie et pour
retenir l’intérêt.
7
383
Nos lecteurs auront remarqué
dans cette correspondance quelques
erreurs de détail; mais quelle équité, mieux que cela, quelle bienveillance dans le fond ! L’auteur de
cette lettre est, sans doute, M. Ph.
Monnier que nous nous permettons
ici de remercier vivement.
il
Un fait regrettable vien d’avoir
lieu dans le cimetière d’Angrogne
lors de l’enterrement d’une jeune
fille qui avait assisté quelques fois
aux réunions salutistes, sans avoir
cessé d’appartenir à l’église vaudoise.
C’est dans l’église vaudoi.se qu’elle
a été instruite comme catéchumène
et admise à la communion; elle a
joui de l’hôpital vaudois et le pasteur vaudois Ta visitée fréquemment
durant sa longue maladie. Rien que
les salutistes la visitassent aussi, la
jeune fille n’a jamais exprimé le
désir que ceux-ci prissent une part
active à ses funérailles. La famille a
expressément invité le pasteur yaudois à pré.sider tant à la demeure
de la défunte qu’au cimelièj'e..,
Par esprit de tolérance le paslour
a permis le chant d’un cantique,
chose qui lui a été poliment demandée. Mais voilà qu’aprés ce cantique,
une dame prend la parole sans la
demander et par surprise. Le pasteur qui présidait fait remarquer
qu’il serait poli de demandor la
parole au lieu de la'prendre sans la
demander et que S. Paul défend aux
femmes de prendre la parole dans
les assemblées.
Sur ce le pasteur s’en alla et rassemblée le suivit en sortant du cimetière.
Si un pasteur allait se présenter
en robe et eu rabat dans une réunion salutiste, y “prendre la parole
sans la demander, y trouver un
auditoire qu’il n’a pas réuni, jouir
en un mot du bien d’autrui; s'il y
avait,dis-je,un pasteur capable d’une
semblable impolitesse, on lui dirait
avec raison (|u’il est un iiitru. Nous
leur disone ioi, ce qu’on ne manquerait pas de nous dire si nous
nous rendions coupables d’un semblable acte d’intrusion.
Nous avons agi avec tolérance envers les salutistes, n’empêchant personne d’aller à leurs réunions, mais
(|u’ils viennent envahir nos lieux de
culte et y prendre la parole sans la
demander, cela ne nous semble pas
inspiré par l’esprit du Seigneur qui
veut que dans l’église tout se fasse
par ordre et que la femme se taise
dans les assemblées, (l Cor. XIV, 33,
34 ; I Tim. Il, 11 à 14).
S’il revient à la commune de
veiller au côté civil et matériel des
sépultures, le cimetière est proprité
de l’Eglise Vaudoise. D’un autre côté
le .synode s’uniformant aux déclarations de la Parole de Dieu s’est
prononcé (art. 4ü, synode 1894)
contre la parole prise par les femmes dans les assemblées publiques
mixtes. Que ces assemblées se tiennent dans les temples, dans les écoles
ou dans les cimetières — qui sont
pour nous des lieux de culte — c’est
tout égal.
Nous étions donc dans l’ordre en
protestant contre la violation des lois
divines et humaines.
E. B.
Nouvelles de Mr. Davit
ET AUTRES
Grâce .à un secours de 22 bœufs
envoyé par M. L. Jalla, M, le missionnaire Paul Ravit atteignait le
Zambèze le 8 Août. La travm'sée de
son expédition' dura jusqu’au 12. Le
14 il partit pour la capitale avec
Théodore et sa femme, évangélistes
bassoutos arrivés avec lui, et avec
les familles Jalla et Goy. Le voyage
en canot devait durer 17 jom-s. « Il
est exubérant de vie et d’entrain »,
8
384 —
écrit-on, « mais il est l'egrettable
pour lui et pour l’œuvre qu’il ne
soit pas marié. Tant qu’il sera seul,
il ne pourra toujours être qu’un
demi-missionnaire ».
(t Mes 3 jeunes élèves qui sont
au l.essouto », poursuit M. L. Jalla,
« ont été admis à l’école d'évangélistes, et Samata e.-^t le premier de
sa classe. Des 400 fr. que me coûte
leur pension, les 3j4 m’ont été
fournis de Genève et de Corcelles.
Dieu est fidèle, Lui, et si le secours
ne vient pas toujours d'où on l’attend, Il sait nous ci-éer des amis
même chez ceux qui n’ont jamais
vu notre visage ».
MAISON HOSPITALIÈRE DE S. REMO
Nous recevons le 3® rapport annuel sur la marche de celte œuvre
et nous constatons les progrès réa
lisés. par cette bienfaisante inslitution, Pendant le cours de la saison
1894 95 l’Asile a donné l’hospitalité
, à 42 domestiques momentanément
déplacées, 8 des quelles sont italiennes. IMus de la moitié des pen^ sionnaires ont été placées par l’Asile qui est maintenant connu de la
Colonie étrangère; les familles vont
avec confiance y chercher des domestiques.
Les personnes de service établies
à S. Remo peuvent profiter à certaines
heures de la salle de lecture et lire
à domicile les bons libres que l'Asile met en circulation.
La fêle de Noël a très bien réU.SSÌ; bel arbre, allocutions en deux
langues, priéies, chants, distribution
d’objets utiles et goûter fort apprécié.
L’adminisiraiion exprime sa reconnaissance à tous les bienfaiteurs
qui lui ont permis de boucler les
comptes dans des condì lions favorables et adresse un appel à leur libéralité en faveui' d’une œuvre qui
ne peut se soutenir avec ses propres ressources.
Les dons sont reçus avec reconnaissance par la Présidente, M.rae
J. Béchet (Villa Orsolina) et par le
Secrétaire Trésorier, Mr. Giovanni
Detrai, pasteur, (7 Via Peirogallo,
San Remo. Liguria).
E. B.
Ileviie Politique
[/attention générale se porte vers
l’Orient. I.es massacres d’Arméniens
ne cessant pas et la situation des
Européens établis dans l’Empire
Turc, étant, grâce au fanatisme
musulman, devenue des plus dangereuses, une intervention armée
des puissances est inévitable, .lusqu’ici une parfaite entente à régné
entre elle, au moins au dire de
Salisbury, le premier ministre anglais. Mais ce ne serait pas le premier cas où à la politique ouverte
s’ajouteraient des ententes secrètes
qui rendent impossible une action
commune. Une division de notre
flotte est partie pour Srayrne. Et
voilà de nouveau le paréggio de
nos finances disparu lorsqu’à peine
on te voyait approcher de loin.
TEMPLE DU CIABAS
Dimanche 24 Nov. à trois h. culte
avec prédication. Sujet: Le fardeau
de Christ vraiment léger; son joug
vraiment aisé.
~ DA VENDERE
IN LUSERNA SAN GIOVANNI
cascina di reddito di etiari 7,50
circa pai'i a giornate 19 1[2 circa
di antica misura composta di vigna,
campo, prato e boschi; con fabbricati facilmente adattabili per due
famiglie. Si vende anche in due lotti.
Rivolgersi, per trattative, alla Segheria Enilco Benech, in Luserna
San Giovanni.
J. P. Malan, Gérant
Torre Pellice — Imprimerie Alpina