1
Année XV*
λRIX D'ABQKîïBMEîîT PAU AK
Italie . . • . I* 3
Tori^ le®, pi^ye
PQBte ., * . • .
Amériqïie dw Sud- . .
On s’abpOTie!
An bureau d^Administratlon.-,;
Ohna MM*.les
Ohez M; BmRBt Robert fPlpneTolJ
0t; A U. lïjbralrlp ChiftniiiWîe ei-t
L abonnemput. part <^n 1- Jaflv4«r
et se paio à’avançe.
N. 39.
KnniérôÉ’ séparée demandée àTant
le Iji^ c^^Umpsi *ob^ou|[v.
Annonr.eg: ISO oenLiinoB par ligne
pour une seuie fois,—15 ®0ntiioes de 2 à 5 foie et 10 oètitlinee pour ti fois et au dessue.
S'adresspr oxiur. la l^ila«<io» ®*
l' idoVtnistratlotf à‘M. Paeteut. ÍL Bealo — 5«i‘rtf f/ennnt'n^
Cluson f'Pinerolo) Italie.
d'adroBB^ «et
centîmès. ' ■'
09
LE T
ECKQ V«|;,|.ËES «AUDSISES
Pafftissai^t o.baïque Vendredi
fe«i i>lt 4'^*.“'. l. ?■
i9utPaN¿ in vérité avec M oharité. Kph. iv, l&.
,c«a
5?>
Avis. — Aiiî lecteurs et amis. — De Frangins a Balsiile, — Discours prononcés par
W. MelHe pasieu.r- — Correspondance. -7Le capitaipe Cignoni. -- Souscription. —
Chronique Vaudûise. — Revue politique.
• A partit' tiu \r oqtobye prochain,
lout ce qui concerne la rédaciion
dq Tétnoin dqit être adressé à M\
h pastmr iJpNai
Torre Fetlice.
Tout ce qui regarde l'Afiimmstration (abonnements, adresses,
annonces) doit êtrq adressé k JH,
le pasteur J, P. Pqns
. Torre Fellice.
Aux lecteurs et petite
Après avoir éprouvé (Quelque anxiété au sujet de la petite feuille
que Dousdirigeons depuis quelques
années, nous sornruqs',l^PUi;,epx d^
pouvoir annoncer aujourd’hui aux
leetftura, que M. le pasteur Hkhri
Mullí de La Tour a bien vouJn
consentir à se chargée de la r^gaetipn j^a ififínpÍA, tfindis (^‘tjt_ç.,îd.. îj^
pasteur JE. P. Poss s’occupera de
l’administration. »
lin, j:pornai ser'V,ant, de lien ,'Çntr^
les qteinbrçs d^ )af?¡jpi1lq^^qd'9Í,s^
est d^sorkais indispanshibla; et
nous ne ferons pas à notre ami et
collègue, çliargé désormais de le
dirjgPt, l’ûddre ,de le pr^s,éd^r
cororoe uu jneonuu. Id- H. ¥eUle
n’estpoint novice dans l’art d’écrire
de.s íiyres et des article;^ de journaux. Les lecteur,s,qqi qn,t D.qd*?!?'
précier comme collaborateur du
T^mm, seï’iÇnt lîpr^p
consacrer uji,e paitÎC dpiSPn te,^p?
et de ses forces à la rédaction d,e
l’£cAo des Vallées. ^
' Ce n'est ¡pas
prenpps fidÇgiâ d,e çp j,ourp,al qui,
tout petit qu’il est, nous a souvent
epûté bien de la peine; pussi est9p dp .f9ud; du coeur !que puu| poq
haitpp^ de le vpir davenir/iparda'
bonté de Dieu, une source de béné
œ
«
O
a>
CO
s
P
W
SI
1
■n.
Q
a
2
•SJ y/s^s^srs/sfstVs^</s/\rsf>jsjs/>^sfs/\n/Vsfs,i
302.
dictions toujours plus abondantes
pour les Vaudois de tous pays.
H. Bosio.
; DE PRANGiNS A BALSILLE
Vaul-il bien la peine d’entretenir
les lecteurs du Témoin de l’excursion
que quelques vaudois ont faite à travers la Savoie, en suivant l’itinéraire
de la Rentrée? C’est ce que je me suis
demandé, lorsqu’on m’a parlé d’une
relation à écrire sur ce voyage. Je ne
vois, dans mes notes, rien de particulièrement intéressant: rien de bien
tragique,pas môme des aventures plaisantes; et quant à décrire le spectacle
qu’offrent au voyageur les montagnes
et les vallées de la Savoie, ce n’est
pas une chose qui soit au pouvoir de
la plume et de l’encre. Le plus optimiste de notre petite troupe m’a cependant suggéré'une raison valable
pour rédiger brièvement mes notes.
En 1689, me dit-il, eut lieu la rentrée des 900 soldats, mais c’est en 1690
que le gros des Vaudois restés en Suisse,
et ailleurs, sont retournés aux Vallées.
Cette année, nous somm|s en petit
nombre pour notre excursion, mais
en 1890 il»y en aura sans doute bien
d’autres qui voudront refaire cet itinéraire, et une petite relation pourra
leur être utile. Du reste cela peut toujodrs encourager les recherches historiques qui sont loin d’être épuisées
suc tout.ce qui se rapporte à la Rentrée.
Dans cet espoir, j’invite le lecteur
à suivre nos étapes.
1 . . ■ ' j.. ♦
* ★
Yendredi, i6 août. —11 est 6 heures
du soir. Nous venons de monter sur
une barque venue de Nyon. Deux amis,
MM. H. Meille et D, Peyrot, que nous
voudrions entraîner avec nous, nous
accompagnent sur une autre embarcation. La journée a été bonne, riche
en émotions bienfaisantes. Là, sur la
plage de Promenthoux, encadrée des
grands arbres qui forment le bord de
là’ forêt de Prangins, se' dresse le joli
monument que,nous avons inauguré
ce matin. Un groupe de Vaudois avec
des bannières s’attarde sur l’endroit;
ils sont rayonnants de joie et d’émotion en nous saluant. À leurs bannières, qui s’agitent longtemps encore,
nous répondons par nos cris de joie,
et par nos mouchoirs. Sur la hauteur
à gauche de la plage, on aperçoit le
château des Frères Moraves et les grands
arbres sous lesquels a été servi le dîner. Plus loin encore la ville de Nyon
,dominée par son choteau, et, à l’airière plan, les vignobles de la Côte
dont a tant parlé Urbain Olivier, qui
vivait là tout près, à Givrins. Avec ce
beau soleil couchant, ce Léman si limpide et si calme, ces rives si belles
allant de Genève à Lausanne, à Montreux, et presque à Villeneuve, on est
tenté d’oublier que les Vaudois se sont
embarqués là dans des conditions bien
autrement tragiques. Pour eux c’était
la nuit, et le brouillard paraît s’être
étendu sur le lac. U y avait danger
à rester dans la forêt, et danger en
débarquant sur la côte de Savoie. Pour
nous le ciel est beau, le soleiL brillant, des amis nous saluent sur la
plage, nul ennemi ne nous attend. Frappante image des privilèges dont jouit
aujourd’hui notre peuple.
En approchant de la côte de Savoie,
nos deux amis vêtus de noir inclinent
vers Nernier, après nous avoir salués,
et nous abordons aux fournaises placées entre Nernier et Yvoire. Un alpenstock attire la barque contre un
quartier de roc, et nous sautons à
terre.
Tandis que nous nous représentons
les 900 Vaudois campant sur ce terrain
inculte et couvert d’herbes sèches, s’organisant en compagnies (1), par communautés, posant des sentinelles, at
(1) M.r l’avocat Perrero a encore affirmé,
dans son livre récent, dès ia page, que
les « protestants étrangers ont concouru pour
les deux tiers et plus, à la formation de
cette troupe armée nommée indistinctement
Vaudoise» (Rirapatrio p. t). Or on sait qu'il
y avait 13 compagnies de vaudois, 6 de
français et 1 de volontaires, mixte.
Avis à ceux qui seraient disposés à accepter, les yeux fermés, les affirmations de
cet écrivain clérical.
3
.303
tendant au rivage chaque nouvelle barque chargée d’amis, qu’ils n’ont pas
revus depuis longtemps, nous ne pouvons nous empêcher de trouver notre
troupe bien petite. Cela ne nous empêche pas d’être reconnaissants envers
M.r Basse, l’aimable consul italien de
Genève, qui nous a donné une lettre
de recommand^ion pour les autorités
françaises de la Savoie. Celles-ci ont mis
pour condition, que nous n’aurions
avec nous aucune machine photographique!... ce que nous avons religieusement observé, n’étant ni photographes, ni fils de photopraphes.
Donc, tout bien compté, nous ne
sommes que huit; cependant avec
un peu d’imagination, nous finissons
par nous persuader que nous représentons les trois Vallées et les églises
de la Mission. M.r le pasteur H. Tron
est de Massel (Val S. Martin), je suis
de Pramol (Val Pérouse) M.r le pasleur Hiigon et ses deux fils, Alexandre
et Joseph sont du Val Luserne, quoiqu’ils n’y soient pas tons nés, Mr. Octave Charbonnier appartient à (a pa
roisse de Turin, ainsi queM. V.Mourglia,
et M.r Robert Brochet est membre de
rEglise Vaudoise de Rome. En outre,
il y a parmi nous des pasteurs, des
étudiants, un futur banquier, un indùslriel-ariislc, et un docteur en médecine. L’entrain ne peut manquer
dans une troupe aussi variée, et où
la jeunesse est en majorité. ,
Pour e-ssayer le sac et .les jambes,
nous quittons à 7 h. les fournaises,
et enfilons la grande roule qui passe
par Yvoire, longe le petit golfe qui
s’étend entre les pointes d’Yvoire et de
Thonon, et arrive par Excenevex et
Filly à Sciez.
Il est plus de 9 h. lorsque nous arrivons chez M.r le maire-aubergiste.
En insistant, nous parvenons à obtenir
trois lits pour 8 personnes^ et bonne
nuit! n. B.
i) \:hf..:) .-’’¡1 •.
DISCOURS PRONONCÉ
par M.r W. Meillb jjqs/ÊMr
au dîner donné à la Tour le^3 septembre
AUX NEO-CHEVALIERS
Je considère comme un devoir et
comme un privilège de répondre aux
toasts si divers qui ont été portés,
en rendantbomraageàl'attitudedigne,
respectueuse, pleine de courtoisie et
même de sympathie â notre égard de
la fraction non-vaudoise de la population de La Tour péndant les.dernières fêtes, et dans Poccasion .qui
nous réunit, et en remerciant de tout
mon cœur toutes les classés de la société qui sont ici représentées pour
la démonstration cordiale et précieuse
â nos cœurs qu’elles ont voulu nous
faire, à l’occasion de la distinclioii qui
nous a été accordée. Distinction, d’àuleurs, sur la portée de laquelle j’ai'de
suite cherché à ne pas me faire ¿'’illusions, pour ce qui me concerne. Je
n’ai eu, en fait de mérite, que celui
de l’obéissance. La Table m’a dit: Parlez, et j’ai parié. S’il y a queTqué'mérite .dans ce que j’ai pu dire le septembre, j’en jugé d’après le précepte
apostolique. «Qu’y a-t-il que tu ne
l’aies reçu, et si tu l’as reçu, pourquoi
l'en grorifies-tu? » Le fait personnel
étant ainsi exclu, il est évident que
Sa Majesté, en m’accordant celte distinction, a voulu honorer non pas un
individu, mais un peuple, le peuple
vaudois dont j’ai eu l’honneur d’être
Tinterprêle dans cette journée mémorable; un principe, le- principe du
respect à la liberté de conscience, que
nous devons être tous prêts à admettre
les uns envers les autres, quelles que
soient d’ailleurs nos convictions particulières. Mais tandis que mon coeur
est plein de reconnaissance pour cet
qcte généreux du souverain, quj séniÉle avoir voulu sceller les fêlés dont
nous entendons encore l’écho lointain,
par un sourire de bienveillance royale,
il est pénétré d’un autre sentiment
plus austère, plus solennel ; et sur le
seuil de ce qui va devenir notre pasèë,
4
je sens Iç besoin de sonder ce qui va
être tfcitrfe àitfelifir.
El cpmtnp le, v,o,^ageur, qui a gagné
le faîfe ia éôlhhe, s’aùaVofe à reighi’ider d^Muéifo iîii, el à fnesurér le
chenain qu’il a.déj^ parcouru, s’il voit
au dessÙB'^dé^ui uhiiiél'Sei'e devant
ses yeux un splendide horizon, per,mettez^ qu’nf'riv^ ioe p.oinl de notre
l^istdjji^ cpjqnjie Eglise pi corn ni,e peu'pié,,^spns Î^qipiesSron eriçore récente.
'd(f tbqs l'es iéhioiÿnagés de bienveillance ',doiiii^_^Wus iivons été eniourés,
%lin.diri(énàn,t .ou^’estbn’éjî î|e6it a attendi'e dp hbus? 0,uéHe
rbii ié.n'a yons-hoüs jinsipa rcou rue.'Mes
i^légu’^s dans nos montagnes: iolérés,
'mgrs peu'cdrinn^ l rua 1 .cornpris, éma,ncip^s, niais éhVouiés encor des .pré¡•jï’Fél \nq1n)jfjeux./d’iÌDfe. 'opinion, pubjiqué'po,u,écl,airée, çii.uri mol, tenus
éh 4phdrS|,d'e la viee^ du mouveinent
‘'najiîqnial. ^l aujoupdituj, messieurs,
qn nous,a fiiit,,toucher dii doigt qu.e
nqiis .comptons ,pôVu’ qiiëi'que chose!
.<5 À'o.péit’pie qujj,racciieil'!îtil avec'tant
d^neolion le Roi Ghaiies Albert fit
éféyér'iin Viiônhmenl plps unique que
ili(i;^,‘n^ôniim.éhi,d'un 'rôi à son peuple,
taillis 'que ce sprit h’abìuielìemeni les
•peuples bjli jés/.élêycri itiix dois. Mais
"auipur'dmii Vest Îe'roi qiii vient mettre
.SiïjPipri^ flans «oire monumenttpour
nd^, faire'sentir qu’il est'une seule
,ét’'fçé.rii(ej,'qhojse,.'avee'son peuple; anjèyid’hui c’ést le rôi, non. plijig'errant
, ,,tis nô^ montagnes, él se réfugiant
daps la idèmeure d’ûn ' vaudois, mais
jîe roi.j^sÎegp'arit àplQuinnal, dans' sa
jR'qrri'e infaqgiple.'qtii, dans .ta personne
,d^ .sjoqd'r^.jpVé^èpfan^, 'réçoil
li(é ma vaudois, dé
"pâté,, ' rio n'pii s. au. parlement >ubàlpin.,
..mais'nàliôpri dp cel
JIeri,iji, Arpapd,'qui jiprès avoir é un
des plps lier.ôiqués adversaires de Vic7
jîqr'A'pi^dép JI, 'ep^ dpyînl un des of'{îc(ei’S fésplus,apprécies,.,^Àujd
'c'est, ]a p.à tîqp ,topie Jtf liéfie ‘,qni, par
t’"'’£pnp',de' sësi’épréseniàntg' les plus
ïi;^, V i ë n C nq p s, scii-êV, î a'; i na i n e i
is dire: ï VÔiis êlés' urip .fraction
.H'
nous
vivante delà famille italienne puisque
vous avez foujôuis sft allier là'foi au
pàliiôlisme; nous rie votfs connaisstoris.pqsjü'squ’ici, et mai n ic'naril nous
vous aimpris ». Alijôùi'd’hui c’est une
presse libérale, éclairée, qui rechérche
nos'origines, qui refait nôtre histoire,
qui exalle noire courage et les,principes qui nous rendirent Vainqueurs.
Wo.us ne somrhes ;plüs à la berline:
ôn nous met, hélas! sur un piédestal
'béâucoup trop éïèvé! El quand ,je
pense à fout cela, ie fne demande avec
un 'cœur tremblant soiis le jpoids de
cétle'grande resporisabililé ; «Comment
pourrons-nous dignement répondre à
Paítenle de la naliôn et du roi?»
je'dis du roi. el n’en-eussé-je d'atilre
'pPeuVe que l’es'quelques lignes qiidl
a'bien vôlilu me faire adresser derriiéremeiil par son chef de Cébirtet,
'elfe serait plüs que stiÎTisafife pour
nôus faire seritîr lUiilés nosóbíígátions:
« Les sénliménl's que vous‘ayez éxpririiés, 'dit-il, dépeignent'au vif ceux
dirpeil^fe Vaudois si a'ffecliôiirié et
dévoué, "et qui a crû et a 'él'é élevé
dâns'PamôUc'pbUr Dieu, pour le roi
él ' pour ' l'a p'affie. Gés 'VerUié'riUxquélles les populations, dont'vous'avez été
l’inlerprêle , doivent feur caractère
foft et aimable, serônl pour elles, ainsi
qiie'le s'ouhaît’eie foi, une garantie
assurée d'Un avenir prcispêfe, pdUr
ia'^'tàîH èl le bîén-êlte de lapàtHet.
*Voiis' l’enteÛdez,'Messieurs,'le'R‘oi criimple sur noUs'poUr la glôtreétla prospérité de la'patrie. Gomme les iWarins
hâlés'de NelS'ôn'se'inlîrént le*ftr cœur
frévnir d'ôrgueil 'qulând, â la'VèîHe de
la' ha lai 11 e 'd e ' T rà fa Iga r, leur Cittri mandant en'èhéf lerir'adressa cèspia'rolôs si
grandes,' parcequ'’e'1'les Sônt'si 'Simples :
« Mes enfants, l'Angleterre Co'mpteq'u'e
chaoim de vous fera son devoir ! » ainsi
nos cœtirs doivent bondir d’une fierté
légitime, mais sentir (profondément
leur responsabilité quand le Roi vient
nous''dire: «Vaudois, je compte sur
vous!», quand nous sentons les yeux
de tout un peuple se porter sur nous
pour voir si nous sommes réellement
tels que nous avons été, plus que dépeints, idéalisés!
Quel sera donc notre devoir dès au-
5
^305
jourd’htti? Quel sei-n .le résuUat des
év.énemenls donl nous a.vo<ns été les
héros (bien involonlaires? Quel esl
l’idéal que nous allons nous pro,poser ?
Est-ce la pioire, les honneurs, les positions influentes? El pourquoi pas?
« 1) y a de la gtoii'e pour tous!» s’écriait Victor Emanuei, alors que, an
1859 les zouaves cherchaient a le reteñir loin du fort de la mélée. El
pourquoi les•Vaudois.nechercheraientils ,pas à se distinguer, icnmme :plusieurs d’entre eux l’ont dqjàToil, dans
les rangs de l’armée, dans la magistrat ure, 'dans les sciences, dans lecoi'ps
législatif et dans les adminisiralious
(publiques? A une condition toutefois :
qu’ils.ne recherchent jamais leur propre gloire, mais celle de l’Evningile,
dont ils ne peuvent oiiblier qu’ils doivent être partout les représentants j
d’un principe bien .différent de toutes ¡
les théories mondaines à propos d’am-i
'hilibn. I
Car l’on ne peut se cacher que, dans,
les hautes sphères, l’apparence rem-j
porte soiivenl sur (la f réalité, les qua-!
lilés brillantes sur les mérites solides,
et comme les plus belles perles se.
trouvent dans les cachettes les plus!
profondes de l’océan, il n’est pas rarel
de voir les hommes ‘de vraie valeur'
dépréciés ou négligés. 11 fout que'nous
nous opposions à celte tendance, en
Cherdhailt'notre gloire dans rirumilifé,
Poire force '(fans le ‘lîésir que notre
irill'iien.ce soit un progrès de plus pour
la vérité, notre joie dans'I’ap'prôbniion
dé'nôtre co’nscienice plus ique dans
celle des grands (le ce 'monde. Au niilieu de tant dtalliages, il' faut que nous
«OHsrméflirions'(ées ■hommes'solides,
(ion l-lai maxime' Constante consiste en
ces ''mots ; ' 'Être ei- ñon iparáílre.
Notreiidéal stíra-i-il de nous assurer
ides! avantages économiques et une positton plus Tnarquanlei dans < le commeree? El pouimuoi' no'Us fermèiwnsnirtjs' C<e! porte?I Pourquoi <>de .'nouvelles maisons induslrieftes Vaudoises,
comme celles que nous possédons.déjà
en .diverses villes.'de rilaUe, ne'vien•dl aionl-edles, pas monI rer • à-..nolre peupie que l’Evangile est un prinei'pe éminem;fnonPfécondaioor?iA'tune condi
tion cependant. C’est.queilà aussi notite
lacüivile soit marquée au coin de ce
principe qui seul peut faire de nous
des hommes modèles, quelle que soit
d’ailleurs la position que nous occupons dans la société. Les idées d’qp¡porlunisme et d'intérêt individuel ont
irqp cours de nos temps pour qiilil
soit inutile de relever l’idée de conscience et la notion du devoir.
Ce qui rapporte, ce qui est avanla;geux, voilà qui prime plus encore que
ce que Dieu veut, et «e que la loi
nous impose. .A nous, fauteurs de la
liberté de Gonsience, de lui rendre don l
son empire en face de nos concitoyens
el dansiiios Iransaclions avec eux, et
de lies étonner par ce sens moral, à
bases inébranla,bles de droiture et de
force, qui seraient une revendication
éloquente de la valeur demolre foi.
Mais pour le laire avec force, il nous
faut en revenir, à .nos origines ; il nous
faut, par une conduitediréprocbable,
par une moralité et un degré d’insIruclion supérieure, par une foi et une
cbarilé vivantes, par une recherche
du bien inséparable du Roi et de la
patrie, (¡faire reluire la lumière dans
les lénèbl^es » Pour cela ihne faut pas
.garder le. chandelier mystique sous le
boisseau. Bannis, soupçonné?, isolés si
longtemps, noms nous sommes habitués
insensiblement à vivre à l’écart ; nous
nous sommes faits notre petit cercle
d’idées, notre petit ambiant particulier.
N’oublions pas que nous sommes le
sel de la terre, et que, sans qu’il perde
de sa saveur, il faut qu’il se mélange.
Nous avons pour cela plusieurs portes
ouvertes devant nous; les admiiiislralionsipu.Miques, une'presse éclairée et
honnête, les puhlicaltoBS. périodiques,
les associali(îns, les conférences populaires, etc.
.11 faut que nous entrions courageusement dans : la i mêlée, ne cachaînl
jamais notre drapeau, et cherchant
à:-faire connaître non pas nous, mais
Ifti.principeodont nous lavons iété des
dépo&ilaires,‘ éli donrH*us sommes les
repi'ésenitanls, et. celat¡pour, la gloire
de Dieui el le saint des âmes. Voilà
notre œuvre dès aujourd’hui, iVaudois !
Comme nos torrenis descendent de
6
.-306
nos rnonlagnes pour apporter la fertilité aux plaines du Piémont, il faut
qu’un (lux puissant, ¡rrésislible de
vie ehrélienne parte de ces Vallées,
s’étende jusqu’aux plages les plus lontaines do la patrie pour y faire naître ces fleurs de foi, d’espérance et
de clinrité, aussi précieuses pour l’ilme
que le sont pour un cœur patriotique
les trois couleurs de notre drapeau.
— Sous celte bannière tous les cœurs
doivent s’unir. — Tous les Italiens
sauront faire fortement leur devoir,
écrivait dernièrement le roi au représenlanl du peuple de la capitale «car
il est impossible, qu’en dehors des limites de la patrie, la Inlle des partis
puisse se poursuivre dans de nobles
cœurs». Ces fortes paroles, adressées
il Rome à l'occasion du 20 septembre,
trouveront un écho chez tous les italiens, quelle que soit leur dénomination religieuse, ou leur position sociale;
et nous, les tout premiers nous nous
unirons, dès aujourd’hui, par un serment solennel, pour travailler à la
prospérité matérielle et morale, et pour
défendre jusqu’au bout l’intégrité de
cette Italie qui a été, pendant longtemps, pour les uns une utopie, pour
les autres une expression géographique, mais nui est aujourd'hui pour
tous une suolime réalité.
Îïeniive, -!--t septembre
Mmsieiir le Uédacteur,
Dans le N.“ 38 du Témoin et dans
le compte-rendu de la séance de la
Société d’IIisloire Vaudoise, on me fait
dire une grosse erreur que je n’ai
point dite, savoir qu’en 1688 le pont
de S. Maurice en Valais n’existait pas!
Je n’ai jamais dit pareille chose; ce
pont est beaucoup plus ancien que
1688; mais ce que j'ai dit c’est que
ce pont était fortifié et toujours gardé,
et que les Vaudois, bons militaires,
n’auraient jamais fait la sottise d’attaquer un pont qui ne pouvait pas
être pris sans artillerie, et que quel
ques hommes pouvaient défendre contre une armée. C’est pour cela qu’ils
essayèrent de traverser le Rhône à
lUarsaz (et non Vérolliaz) fi douze
kilomètres en aval de S. Maurice, et
où existait et existe encore un bac.
Les Valaisans se trouvant en forces
derrière ce bac, les Vaudois renoncèrent à leur entreprise.
On ne dit pas non plus dans l’article en question que j'ai parlé de la
famille Balthasar, et cela pour répondre à une accusation comme quoi un
Suisse protestant aurait trahi les Vaudois; or j’ai démontré que le Balthasar
qui courut à Genève dénoncer le départ des Vaudois auprès du résident
de France, était Transylvain de nation,
officier au service de France et catholique néophyte.
Veuillez, je vous prie, insérer celte
rectification dans le 7'émoin et recevoir
l’expression de ma considération la
plus distinguée.
Adolphe Gautier
LE CAPiTAlKE CIGNONI
iV. N. 56 J
L’Eglise Elboise était donc fondée,
et c’était sur le fondement inébranlable du Rocher des siècles qu’elle
avait jeté ses bases, c’était sur celte
parole qui subsistera lorsque les deux
et la terre auront passé. Voilà pourquoi les persécutions qui suivirent ne
purent l’abaUre.
Le souffle de la liberté avait cependant apporté ses bienfaits aussi à la
Toscane, et noire Eglise avait pu envoyer à l’île d’Elbe deux'de ses évangélistes, Gregori et Piccinini qui se
sont maintenant endormis dans la paix
du Seigneur, lis tinrent des réunions
à PorlofeiTaio, et ils vinrent à Rio
Marina pour consolider et pour édifier
l’église naissante.
Le bon capitaine Cignoni les reçut
chez lui, et c’est chez lui qu’ils Tinrent
les réunions. Sa maison était devenue
la chambre haute, les frères et les
sœurs s’y édifiaient, s’y instruisaient
7
.307.
invoquaient sur eux le nom du
Seigneur. Ce beau mouvement ne larda
pas à venir à la connaissance des ennemis de l’Evangile, auxquels,la parole
du Seigneur n’est pas agréable. Agissaqj, sous la pernicieuse influence du
parti noir, une foule d’hommes, de
femmes et d’enfants se réunit devant
la maison Cignoni, où les disciples du
Seigneur étaient paisiblement réunis
autour de la Parole de Dieu. Cette
multitude prononce des paroles de
blasphème et de menace, el bientôt
des pierres sont lancées contre les
fenêtres et les brisent.
— Qu'ils s’en aillent! s’écrie celte
foule ameutée, qu’ils partent! ou nous
brûlons la maison.
Et voilà des gens qui apportent des
fascines, même des femmes qui vont
chercher du bois près de leur foyer
pour faire un sacrifice de bonne odeur
aux narines dés prêtres. Il s’agissait
tout bonnement de passer par le feu
— de rôtir — ces courageux chrétiens
qui étaient réunis an nom du Seigneur.
Mais Dieu n’abandonne pas ceux qui
placent en Lui leur confiance. Par
¡’entremise de personnes influentes
du pays, nos deux évangélistes furent
sortis de celle maison el purent atteindre, entre deux gendarmes, Rio
Casiello, puis Longone et Portoferraio,
pendant que leurs adeptes rentraient
chez eux.
Bientôt les évangélistes relournèrent,
grâce à la protection de personnages
haut placés, qui ne partageaient plus
l’aveugle fanatisme des niasses Ignorantes.; La petite église étendit ses pavillons, bon nombre de personnes s’ajoutèrent aux réunions, à tel point
que le local devint trop petit. La nécessité de bâtir un temple s’imposait,
mais personne ne voulait céder le
terrain, et quand celui-ci fut trouvé,
des mécréants venaient de nuit remplir les fondements qu’on avait creusés
pendant le jour. Les murailles sortent
de terre, mais les ouvriers d’iniquité
les démolissent pendant la nuit; on y
place des gardes qui empêchent la
démolition; le temple est enfin achevé
èt on en fait l’inauguraiion le 24. mars
1863.
Ce qui vaut mieux encore, ce temple
est rempli d’auditeurs, bon nombre
desquels sont des adorateurs qui adorent Dieu en esprit et en vérité. L’Evangileestannoncéavecfriiil à Longone
et à Portoferraio, où une vingtaine de
personnes sont admises à la S.® Cène.
L’Eglise Elboise présente tout l’attrait
d’une Eglise de Christ dans les beaux
jours de sa première ferveui', cordialité, zèle, dévouement, joie dans les
épreuves. L’esprit de sacrifice s’y fait
jour aussi, car cette naissante église
a souscrit pour plus de mille francs
pour l’érection de son petit temple.
Il fallait aussi des écoles, et voilà
qu’un Nouveau Testament tombe entre
les mains de M.® Marianne Marlelli,
alors dévouée maîtresse d’une école
papiste. Elle passe une bonne partie
d’une nuit mémorable dans sa vie à
lire le livre de Dieu, à prier, à pleurer;
la vérité pénétré son cœur el elle embrasse l’Evangile. Le prêtre vient à le
savoir el d’une quarantaine d’enfants
que M."'" Marlelli réunissait dans une
école payante, il ne lui en reste plus
que huit.
Ce nombre s’élève graduellement, et
à noire arrivée en 1865 il était arrivé
à 35 dans une école devenue franchement évangélique, et où la Parole de
Dieu lient la place d’honneur. Le local
que nous louons, devient bientôt insuffisant, el il faut bâtir. Grâce au
généreux concours de M.r Jonathan
Richardson, RioMarina voit surgir deux
écoles avec une habitation pour l’évangéliste, puis deux antres écoles, vu
que les premières sont devenues insuffisantes. Un maître et-deux maîtresses d’école arrivent du continent,
el avec la maîtresse Marlelli, ils ouvrent quatre écoles qui avaient atteint
en 1874, époque de notre départ pour
An grogne, te nombre de 170 élèves.
A la même époque, l’église, dont
l’existence avait été mise en question
par une très pénible épreuve, comptait
83 communiants, el donnait de 700
à 800 frs. pour les collectes annuelles.
Maintenant que les vieux s’en vont,
que Dieu accorde aux survivants la
grâce d’imiter leur exemple de fidélité
à l’Evangile du royaume ! E. B.
8
„308
Stfirscri^fiím (faf líftirs de* {jriim'
pour le Bicentenaire de la Slorieuse RenUie
Paroisse de Pomaret (3® liste),
itfr. Jaques R'ibel feu Jaques (Faure)
fr. 2; Pierre R'ibet feu Abram^ 1,50,
Madame veuve Fowle, 2® don, fr. 25.
S. Germain.
Avondct Barlhélemi (eu. Jean Pierre,
1, J. Th. Peyronel fr. 10.
iSlironiijxie ®íiubot0e
La Tour. — Lundi dernier, dans la
Sïrande salle de via Beckwilh, a eu
lieu un dîner en l’honneur de MM.
J. P. Pons modérateur, Jos. Boër Syndic de La Tour, W. Meille pasteará
Turin, récemment décorés de la croix
de chevaliers de la Couronne d’Italie,
et de M. le chev. Arthur Peyrot promu
ofTicier du môme ordre,
La salle était complèiemeni remplie,
et le nombre des personnes qui ont
pris place, soit à la table d’honneur,
soit le long des trois autres qui s’en
délachaienl comme de longs rubans,
a dépassé le chiffre de 150.
Turin, Pignerol et les Vallées étaient
largement représentés. La vai'iété des:
professions était au.ssi grande que celle
des provenances. La population çaIholique a pris une large part à la
fête, (in remarquait parmi les présents
M. le chev. Don Petilti et deux autres
curés de La Tour.
Au dessert, après un toast A la famille royale présenté par le Président
inonsieùr le professeur Charbonnier,
M. l’avocat Vola a félicité les nouveaux décorés en faisant leur éloge.
Des toasts ont égalemeni été portés
par M. lei chev. Petilti, M. l’av. Poël,
M. l’aV. Mïd&naff. de syndic de Pignerol,
M. le comm. Beri, et d'autres encore.
Ces toasts ont été entremêlés de discours prononcés par les héros de la
fêle: M .Arth. Peyrot, M. 'le Syndic
Boër qui a rappelé les sentiments d’adrniPátiott de M. le Préfet de Turin à
l’Occasion des fêtes du Bicentenaiihe;
M. lè !Mbd. Pons qui a fait dés vœux
pour ique l’Eglise devienne toujours
plus populaire et te peuple loufour*
pins chrétien.
M. W'. Meiîle a prononcé, en dernier
lieu, un discours ptein d’à propos et
de fortes pensées que nous publions
dans une autre parliie du ¡ournat. Vers
la fin, M. le docl. Proch'el a proposé,
que la salie fCit appelée dorénavant
la salle des chevaliers.
EcDue ^jÿoUttqùe
tinlie. — Si la journie du 2()
.septembre ne figure pas encore parmi
les fêles nationales et passe mémo
presque inaperçue dans bien des vfikes
de la péninsule, Rome, du moins, ne
pourra pas de longtemps l’oublier.
Comme à l’ordinaire, elle a été fêtée
par une visite des autorités au Panthéon, avec déposition d’une couronne
sur le tombeau de Victor Emanuel, et
en ,outre par une procession nombreitse
à Porta pia. Les jo-uroaux enr^islrent
avec complaisance et le public a accueilli avec applaudissements celle
phrase de la dépêche du roi lue par
le syndic, marquis Guiccioli, et que
nous transcrivons en Italien: f«Oggi
non vi sono pericoli per la nostra
nnilA, ma se sorgessero, tulli gli ¡italiani faranno/oríemew/e il loro dovere,
non polendo in cuori leali allignare
distinzione di parte), oltre i confini
della patria».
La population de Naples a organisé
une démonstralion dé sympathie en
l’honneur de S. E. Crispí. Celui-ci,
vivement ému, a assuré ses visiteurs
qu’il serait toujours avec eux toutes
les fois qu’il s’agira de la cause de
la liberté, et qu’il saura la défendre
toujours avec eüx et pour eux. Une
démons!rn(ion de même nature va
.s’organise^ A Rome à l'occasion du
procbiiin retour du Président du Ministère, dont la blessure est presque
complèiemeni cicatrisée.
Ernest Robert, UératU.
Pignerol, lmp. Chiantore-Masc.areltî,