1
IVouvlènae année
N. 26.
Vendredi 3 Juillet 18T4
L'ECHO DES VALLEE
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spéeialemeul coosacréie aux intérêts matériels et ispiri
de la Famille Yaudoise.
Que toutes les choses qui soat véritables
vos pensées — ( PhiHppiens., IV. 8.)
C/3
CÜ*
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3
PRIX d’abonnement :
Italie, A domicile l'un an) Kr. 3
Suisse..................» 5
Prance..................* ^
Allemaprne..............■ d
Angleterre , Pays-Has . • 8
Un nitméio séparé : 5 ceut.
Un numero arriéré : 10 cent.
BUREAUX d’abonnement
PiGNERoL : C'hez Chiantore et
MascareUi Iraprimeurs.
Florence : Librerìa Evangelica, via de'Panzani.
Notre Conslilution est-elle presbytérienne. — Catéchisme de Pictet. — Sur
l’usage (lu Catéchisme. — Poé.iie: Minuit.
— Chronique mudoise et locale. — Chronique polilique.
um COñiSTITUTION
est-elle Presbytérienne?
IK
L’Eglise Vaudoise se divise en
Eglises particulières ou l’aroisses
et chaque paroisse se subdivise à
son tour en sections et quartiers,
dont le nombre varie en proportion
de son étendue. (Const. 6. § 5. 7).
Comme nous avons dans un
précédent article assigné une date
précise et très moderne (1848
la transformation du Bureau,
de la Table) du Synode
corps con.stitué, de mêm
vons-nous déterminer l’inst
est né le système paroissial ;
remonte pas au delà de 1827.
« Jusques'là, lisons-nous dans le
compte-rendu du synode de 1864
(pag. 57 et suiv. ), jusques-là on
/T'
3
3*
ANNONCES: 20 cent, la ligne
ou portion de ligne,
î.ettres et envois franco. S'a
dresser pour radministration
et la réduction a la Direction
de VEcho des Vaîlees, Torre
Pellice.
n’avait jamais désigné les cominunauté.s vaudoises par le nom
de paroisses qu’elle.s acceptent
maintenant , mais par celui d’égiises ».
Le mot paroisse est un emprunt
fait au système épiscopal: la réunion d’un certain nombre de paroisses constitue un diocèse. Or le
mot et la chose sont parfaitement
étrangers au génie presbytérien,
lequel ne comporte ni le fractionnement du congrégationalisme ni
l’effacement des églises au profit d’un pouvoir central. Nos communautés ont toujours eu en principe une existence indépendante;
elles ont toujours été des églises
jusqu’en 1827; le lien fédéral qui
a uni leurs intérêts et leur a donné
action commune, ne doit pas,
conséquent, annuller celte
d’indépendance qui leur est
îssaire, en faisant passer sur
lies le niveau du système paroissial. En un mot il doit exister
autant d'Eglises qu’jl y a de co.ngrégations réunies autour de là
parole de Dieu.
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-208-
Quund on se demande ce qu’est
au fond laporo/sse, on se prend à
regretter plus vivement encore
reffaeement des églises. La Paroisse
qu’est-ce autre chose qu’un territoire d’une étendue plus ou
moins grande, exactement dessiné
sur les contours du territoire communal? Commune et paroisse, c’est
l'endroit et l’envers ou bien Venvers et l’endroit de la même pièce
de drap, mesurée à tant le mètre
carré. C’est l'étendue de la paroisse
( Const. §7) qui détermine la formation du Consistoire , comme
l’étendue de la Commune détermine la formation du Conseil.
Ainsi donc la paroisse, comme la
commune, a ses limites visibles,
marquées tantôt par la lisière
d’un bois, tantôt par le cours d’un
torrent ou d’une bialera, tantôt
par la crête d’une montagne, tantôt
par une route ou une borne. Quoi
d’étonnant que la notion évangélique d’église ne soit plus comprise comme elle devrait l'être?
On l’a réduite i n’exprimer plus
rien q’une conception matérielle;
affaire de tirer les gens au cadeau.
Heureusement pour nous ce système n’est pas appelé à fonctionner en dehors de l’étroite enceinte
des Vallées, et la lourde terminologie qui le représente n’a pas la
chance d’être adoptée par les nouvelles églises. J’espère qu’il ne
leur arrivera janjais de s’appeler
parrocchie, de nommer leurs pasteur des parrochi et les fidèles des
parrocchiani. Et quant à la désignation Eglises particulières, ôn
ne feùssira à la traduit'e ni dans
le langage du Nouveau-Testament,
ni en italien, non plus qu’en latin,
ni eu une langue quelconque.
(A suivre). A,. Revel.
Quelques unes des afTirmations contenues dans l’article que nous publions
étant formellement contredites par les
faits, nous no pouvons nous dispenser de
la faire suivre des observations que voici :
1. Que le mot paroisse soit un emprunt
fait au système épiscopal, cela peut être
vrai, lexicologiquenient parlant, mais
dans le fait et en réalité cela ne l’est pas.
L’Eglise réformée de France n’a jamais
en dos velléités épiscopales, surtout à le
fin du 17' siècle et pourtant l’on peut
s’assurer rieu qu’en lisant le fragment
d’un auteur de 1703, publié dernièrement
par l’Eglise Libre, que l’on se servait indifféremment des mois de paroisse ou
d’église pour désigner une seule et même
chose. C’est là aussi ce qui se passe chez
nous. Eu tète des Actes Paroissiaux l’on
lit toujours: Eglise Etangélique caudoise
de.... ou plus simplement: Eglise vau
doise de .... et jamais: Paroisse dé...
Les quelques consistoires assez ricbes
pour se passer la luxe d’un peu de papier
avec un en-téte pour leurs actes officiels,
y ont tous fait également imprimer: Eglise
évangélique vaudoise de... Avant de se
préoccuper du nom à donner à la chose,
avisons aux moyens d’avoir des églises
véritables, et alors peu nous importerait
que l’on conservât ou que l’on banntt à
perpétuité le nom de paroisse qui n’aurait plus aucun inconvénient.
9. k Nos Eglises ont toujours eu en
princifie une existence indépendante; elles
ont toujours été des Eglises jusqu’eu
1627 ». Nos paroisses sont tout aussi indépendantes maintenant qu’en 1827, elles
soot des véritables églises bien pins,
beaucoup plus qu’en 1827. — Les faits
et gestes des pasteurs et des (principaux
de Balise de ce tempS-là, que l’on enleîiw encore raconter par quelques vieillards le prouvent surabondamment. Nos
églises sont même trop iudét>cndantes les
unes des autres, puisqu’il n’y a pas de
liens qui les relient entr’elles et que l’antoritë centrkie ne se fait presque jamais
3
-109
sentir, desorle que si nous iionchons vers
un extrême c’est vers le congrégationalisme et DOD pas vers l’épiscopalisme.
C’est là ce que déplorait cet hiver, un
journal qni vient do monrir et dont le
témoignage à cet égard no peut-être'
suspect.
3. I.a paroisse est, il est vrai, un territoire d’une étendue plus ou moins grande
mais rien de plus erronné que d’affirmer
qu’il * est ezacCement dessiné sur les contours du territoire communal » et que
« commune et paroisse, c’est l’envers et
l’endroit ou bien l’endroit et l’envers de
la même pièce de drap, mesurée à tant
le mètre carré ». — Une telle assertion
prouve chez son auteur une ignorance
presque complète des limites et de l’étendue des paroisses vaudoises. Quelques
exemples le démontrereut avec une entière évidence. S. Germain paroisse comprend les communes d’Envers-Portes, de
Saint Germain ot le tiers de l’Envers-Pinacho; le Pomaret paroisse comprend les
autres deux tiers de l’Eovers-Pinache,
Pinache, Pérouse, Pomaret et un village
de Riclaret; Villesèclie comprend le reste
de Riclaret, Bovil, la moitié de Faët et
une partie de Traverses. Quant au Périer
il offre l’exemple le plus frappant du
genre puisqu’il comprend le Périer, Saint
Martin , une partie de Traverses, la moitié de Faët, Maneille et deux villages de
Praly. Dans une seule commune l’on
compte doux paroisses, presque deux et
demi. Tel village qui est partagé en deux
par la limite communale appartient en
entier à la même paroisse, tel autre d’après sa propre volonté a été détaché de
la paroisse de sa commune et agrégé à
une autre, un troisième aurait imité son
exemple si la diaconie de la paroisse qu’il
aurait désiré quitter n’avait pas été plus
riche que celle de la paroisse à laquelle
il devait s’agréger.
4. Ce n’est pas Vélendue, mais la population déjà commune qui détermine la formation du Conseil ; l’un et l’autre de ces
facteurs déterminent également la formation du Consistoire ot nous ne savons
commeatJ.on pourrait procéder autrement
parmi nous. Si le cas se présente, et il
l'est présenté oet hiver, l’on scinde eu
deux un quartier trop vaste , qu’un seul
ancien n’aurait pas pu visiter et parcourir.
5. « Quoi d’étonnnaul que la notion
d’église ne soit plus comprise comme elle
devrait l’êlro? ». En considérant le.s progrès que l’on a fait surtout depuis 1827
et même depuis 1848 et môme encore depuis 1855, nous nous conientons de répondre h CO point interrogatif (?) par
trois points d’admiration (!l! ).
6. l.’F.gliso vaudoise a déclaré à plusieurs reprises ne pas vouloir imposer sa
lourde terminologie aux Eglises saurs de
l’Italie, ni « son système destiné à fonctionner seulement dans l’étroilo enceinte
de ces Vallées* d’oii sont pourtant sortis
et partis les ouvriers d’une a-uvre d’ovangélisalion qui est longue et large comme
l’Italie et qui est libre de se constituer et
de s’organiser comme elle l’entenil, sans
cesser pour cela, de faire partie de I’Eolisb
EVAKGèLIQUE ViUDOISE.
D. A. U.
Voici les observations que M' A. R.
nous envoie en réponse à celle (|ui sont
contenues dans le N. 24 de l’Echo.
« Mon second article a été jugé digne de
(juelques courtes observations critiques,
auxquelles je m’efforcerai ilo repondre
avec la même sobriété. « Nous avons hésité, nous dit le rédacteur, à publier
l’article qui précédé pareequo nous ne
sommes pas du tout d’accord avec son
auteur». Réponse; Un journal qui se
propose de représenter l’opinion publique
devrait s’interdire les hésitations de ce
genre; car elles peuvent faire douter de
son libéralisme. Ri vous n’imprimez que
ce qui est d’accord avec vos opinions,
quel gré vous en saura-t-on? (1)
G) Un journil est toujours responsable ,
du moins en partie, des articles qu’il publie,
même lorsqu'il» lui viennent d’amis qui ne
sont pas au nombre de ses collaborateurs
ordinaires. Les hésitations de l'EcAo provenaient non de ce que l'art, en question patronait des idées qui ne sont pas les siennes,
mais de ce qu'il croyait qu'une pareille question était tout su moins inopportune, L’Echo
accepte même les leçlns qu'on lui donne ,
4
-210
1. « L’exégèse rfe l’art. 11 est forcée ».
Nous n’avons pas fait l’exégèso rie l’article II, Dous en laisserons à iraiilres le
soin. Nous avons simplement constaté
l’exactitiirio riu mot aussi.
2. «L'Eglise vaurioiseestprésbytérienne
à sa manière ». R. L'Eglise vaurioise a
déjà eu plusieurs manières ri'ètre presbytérienne; la maniero d’avant la réforme,
la manière riu 16* et du 17' siècle, la
manière riu 18* et la manière actuelle qui
laisse beaucoup à désirer.
3 « L’Eglise vaurioise a besoin d’être
représentée par l’uoo des commissions
exécutives ». R. Nous sommes d’accord
sur ce point.
4. « La guerre faite à l’art. 5 a probablement on vue surtout l’art. 22 ». R.
Nous} ne sommes pas affligés d’un œil
louche; quand nous regardons à l’art. i5
nous n’avons pas ou vue l’art. 22.
5. « Avoir établi que le Modérateur ne
serait plus président du synode, constitue
un progrès ». R. Confusion n’est pas progrès (1).
6. « Certaines Eglises sont atlachcos à
do grandes traditions historiques qu’elles
tiennent à conserver ». R. Très bien riil ;
mais quant aux grandes traditions qui
datent de 1827, 1839, 1838, 1855 , nous
avouons ne pas avoir le moindre enlhonsiasmo pour elles. a. r.
S‘ Germain, le 30 juin 1874.
Monsieur le Rédacteur,
Comme les sections du catéchisme de Pictet que je vou« ai
transmises , pour être insérées
mais il entend être le seul juge (peut-être
se trompe-t’il souvent) lorsqu'il s'agit d'imprimer un article qui pourrait l'entraîner
loin de son but. Les faits prouvent que souvent il a publié des articles aux quels il n'aurait pas pu souscrire. i
(2) C'est la plus étrange des manières de
raisonner que de croire que là où l'on sépare deux choses aussi distinctes que préaidenidu synode et modérateur, comme nous
l'entendons, l’on n'obtient qu’un peu plus'de
çeofuaion et Ton nf réalise pas un progrès.
dans l'Echo , ne sont qu’un spécimen de.stiné à faire connaître ce
livre, mon but sera atteint si vous
voulezbien encore publierles deux
suivantes : Sect. et VI®. Tout le
reste est de même clarté en concision jusqu'à la XXV® et dernière.
Je savais à l’avance que ce catéchisme .serait pour les uns ou
pour les autres, trop long, trop
court, trop peu méthodique, trop
peu onctueu.v , trop sec. Je n’ai
pas eu la prétention de produire
au jour une œuvre qui plût à tout
le inonde et encore moins à ceux
qui la voient avec des yeux d’auteur.
Nos populations sont bien différentes de Turin à Rodoret. Nos
étudiants de collège ont d’autres
besoins que nos ouvriers de fabriques, et nos écoliers assidus de
deux ou trois paroisses que ceux
de nos gardeurs de moutons qui
n’entrent dans nos écoles que les
jours de neige.
Il y aura donc toujours de bonnes raisons pour rejeter le meilleur catéchisme ou pour adopter
même le moindre.
Dans l’occasion , l’on passera
aux voix comme l’on a déjà fait,
et dans le sens le plus absolu,,la
volonté de Dieu sera faite. Agréez...
' P. Monastieb Pasteuff.
CATÊCHISHE DE PICTËT
'éi.
“J
:l ,
Section V.
jPouvonâ nous accomplir là loi
J K i '11,10 "3"' U 'GIT
R. Non,, à,I cause de noti’e eprruption naturelle.' : n .
5
^11.
D. Quelle est la source et la cause
de cette corruption ?
R, Le péché d’Adam, de qui nous
naissons tous.
D. Comment cela ?
R. C’est qu'Adain ayant perdu l’image de Dieu , il n’a. pu nous
la communiquer, et qu’il nous
a tous engendrés pécheurs à
son image.
D. Combien y a-t-il de sortes de
péché ?
R. Deux : le péché originel et lé
péché actuel.
D. Qu’est-ce que le péché originel ?
R. C’est celte inclination au mal
que tous les hommes ont dès
leur naissance.
D. Qu’est-co que le péché actuel?
R. Ce sont les fautes qu’ils commettent tous les jours, par leurs
pensées , par -leurs paroles et
par leurs actions.
D. Comment distingue-t-on encore
le péché ?
R. En péché d’omission et péché
de commission.
D. Qu’est-ce que le péché d’omission ?
R. C’est de pas faire ce que Dieu
a commandé.
D. Et celui de commission?
R. C’est de faire ce qu’il a défendu.
Section VI.
D. Que mérite le péché 7
R. La mort.
D. Combien ÿ à-t-il de sortes de
mort ?
R. Deux : la mort temporelle et la
mort éternelle.
D. Qu’est-cequelamorttemporelle?
R. C’est la séparation de l’ame et
du corps.,
D. Qu’est-cc que la mort éternelle?
R. C’est la séparation de l'aine
d'avec Dieu.
D. Que devient le corps séparé de
l’càme ?
R. li est enseveli pour ressusciter
au dernier jour.
D. Et où vont les âmes en quittant les corps ?
R. Elles vont comparaître devant
Dieu pour rendre compte de
leur vie passée.
D. Que deviennent ensuite les
âmes des méchants ?
R. Elles sont précipitées dans
l’enfer.
D. Et celles des fidèles ?
R. Elles sont élevées dans le paradis.
D. Qu’entendez-vous par l’enfer?
R. Un lieu de tourments ineffables
et éternels.
D. Et qu’ost-ce que le paradis?
R. Le séjour de la glorie et la félicité éternelle.
D. Pouvons-nous être reçus dan.s
le paradis sans être auparavant
purifiés de nos péchés ?
R. Non: car rien de souillé n’y
saurait entrer.
D. Par quel moyen en sommes
' nous donc purifiés ?
R. Par le sang de Jésus-Christ qui
nous nettoie de tout péché.
m L11S4GE DU C4TÊCH1SME
1---------------
Puisque la question du catéchisme est à l’ordre du jour, nous
aimons à rappeler à ce sujet quelques idées de Vinet.
Le déclin des croyances chrétiennes, dit-il, n’a pas eu de cause
6
-*ìì
plus dil'ecte, ni de symptôme
plus évident que la substitution
absolue du catéchisme à la Bible
dans l’instruction religieuse de
l’enfance; et le réveil du christianisme dans les pays protestants
a dû tout ensemble être amené et
caractérisé par la préférence donnée :'t la Bible sur le catéchisme,
non pas exclu dès lors, mais ré
duit h son seul usage raisonnable
qui est de résumer la vérité biblique au lecteur de la Bible.
Quand la Bible aura été remise
à sa place dans l’éducation religieuse de l’enfance, il faudra s’occuper de la rédaction d’un catéchisme ; et ceux-là seulement le
feront bien qui auront d’abord
enseigné le christianisme d’après
la Bible ; nous croyons pouvoir
garantir que cette espèce de manuel sera dès lors conçu et rédigé autrement que les meilleurs
de ceux qu’on a employés jusqu’à
ce jour. Mais ce qui presse le
plus, c’est d’amener à la source
et de laisser boire ces pauvres
enfants à qui , jusqu’à présent,
on a administré goutte à goutte,
comme une potion médicinale,
cette eau vive affadie et m^ne
corrompue par son passage dans
ces longs et vieux tuyaux de fabri.
que humaine.
Minuit.
Il est minuit; dans son asile
Tout ce qui vit s’est abrité ;
lion œil 'dilate sa pupille
'Ht a^iwrçoit qa^bsourité.
Le sommeil règne sur la terre,
Et de ses invisibles mains
Il a clos en secret mystère
Les yeux fatigués des humains.
Partout domine le silence.
Tout glace Tàmo de stupeur,
Et Ifes ténèbres, voile immense,
ifa'couvrent tout de leur noirceur.
Mais, cependant que tout sommeille,
L'horloge, daus sa vieille tonr,
Fait parvenir h mon oreille
Uu sua qui résonne alentour.
Oh ! cesse donc, heure fatale !
De t'annoncer si bruyamment.
Suspend les coups dont l’intervalle
M’impressionne si tristemeut.
Et le marteau, sourd à ma plainte,
Répétant son funeste bruit,
Jusqu’ é son dernier coup qui tinte
Veut m'annoncer qu’il est minuit.
Mais dans cette heure où tout sommeille
Près du berceau de sou enfant,
Je vois une mère qui veille.
Les yeux en pleurs, le cœur tremblant
Hélas, sur ce pâle visage,
Avec un déchirant effort
Elle discerne le ravage
Du cruel baiser de la mort.
Ah ! dans cette heure où tout sommeille
Il est quelqu’un qui point ne dort,
ÜD ennemi qui toujours veille,
Et cet ennemi, c’est la mort.
J. D. Cbabbonnier.
(Snironique CHaubotae
et locale
Torre Peliioe. — Mercredi dernier, 34 juin, environ quatre-vingts personnes se réunissaient pour oflürir, — an
moyen d’un dîner, inutile de le dire, —
un témoignage de satisfaclion au syndic
M. Araouiet, <t l'occasion do n Domina-
7
-213
tioD de chevalier de la Couroone d’Ilalio.
Les discours et les loasls furent moins
nombreux qu’on ne. s’y serait attendu.
Personne, que uous sachions, ne s’en est
plaint. Le secrétaire do la Commune, M.
Geymonat, commença par lire , d’une
voix un peu émue , l’adresse signée par
presque toute la municipalité, et dont le
sens est, en résumé, à peu près celui-ci :
« Si nous nous réjouis.sons toujours de
voir un de nos concitoyens, honoré par
notre Souverain d’une manière spéciale,
notre plaisir n’a jamais été aussi vif, que
lorsque nous apprîmes la distinction qui
vous a été accordée. Nous sommes convaincus que votre mérite n’est pas au
de.ssous de l’honneur qu’on vient de vous
faire, et puisque vous avez, pendant de
longues années, beaucoup travaillé pour
le progrès de ce pays , nous vous prions
quo vous voyez dans celte distinction un
encouragement è continuer è l'avenir
dans la voie quo vous ayez si bien parcourue dans le passé ». .\près quelques
discours assez brefs, le Syndic s’est levé
A son tour et a remercié en ajoutant que
« Ce peu qu'il avait fait, n’était que son
devoir; et que, puisqu’il .s’agissait de la
Couronne d'Italie, il faisil des vœux pourque cette couronne restât toujours dans
l’Auguste famille de Savoie qui a tant fait
pour le bien de la patrie ».
Un incident des plus désagréables à
marqué la suite do cette petite fêle ; nous
n’en disons pas davantage, dans l’espoir
que des mesures ont déjà été prises, pour
qu’un semblable scandale ne puisse plus
diiiormais se renouveler chez nous.
♦
Les élections communales de dimanche
ont donné les résultats suivants : sur 59
votants, M. Avallis a été élu avec 42 voix,
.M. Boer avec 36, M. Ceresole avec 32.
♦
La question de la crémation des cadavres laisse les habitants de Bobi très indécis; ils font en ce moment sur leurs
bèstiaux une petite expériunce qui consiste
à ne les enterrer ni les brûler, mais à
les laisser simplement exposés à l’action
do l’athmosphère. On nous raconte |qu’à
lii Sarcenaz on précipite les hôtes crévées
du haut d’un rocher, et puis, va comme
je te pousse ! on put réunir ainsi daûs
un seul endroit une cinquantaine de cadavres de brebis, chèvres etc....
pas d’idée de l’odeur que cela (ioü3® r
paraît-il, et nous engageons vivement les
propriétaires xie bestiaux à se décider
pour l’un ou l’autre des doux systèmes.
A ce que nous apprenons d’ailleurs, à la
suite des injonctions de la commission
sanitaire, on commence à se donner la
peine d’enterrer, et ce que uous venons
de dire, n’aurait plus que l’inlérét rétrospectif d’un fait-divers. s. i.
F*ôi'ou.so-"Afgentine. —Mercredi de la semaine, passée, la Pérouse
ordinairement si paisible et si tranquille,
nous dirions presque Méserte et morte.
avait l’aspect animé et vivant des jours
de foire. Un assez grand nombre do personnes, la plu(>art endimanchées formaient sur la place publique des groupes
divers suivant leur rang et leur condilion
sociale. A l’entrée de la ville l’on finissait
de rajuster un arc-de-triompheen verdure
décoré de drapeaux aux couleurs italiennes et portant un écriteau ainsi conçu;
Vient, O egregio Paitor!
Il Municipio, il Popolo
Di Perosa-Argentina,
Nell’apprezzamento
Dette tue esimie virtù,
A nult'attro tecondo
Festosamente ti accogti*.
L’on attendait évidemment quelqu'un
qui était ni plus ni moins que Monseigneur Vas.sarolli, évêque do Pignerol, qui
venait paître le Municipe et le peuple de
Pérouse-Argentine. Le lendemain Monseigneur visita Feoestrelles comme quelques
temps auparavant il avait ôté jusqu’au
Périer. Le but de ces tournées épiscopales est d’administrer le sacremeut do la
Confirmation et de faire connaître aux
populations le nouvel évêque.
4 TRAVERS LES JOURNAUX
Revue polUiqoe
La gauche parlementaire a pensé qne
le pays sentait le besoin fie quelque petit
8
-214
manifesle et elle s’est empressée de le lui
Oïlirtr sous forme d’un programme rempli
des plus séduisantes promesses. La gauche, inutile de le dire , est franchement
constitutionnelle et se range de grand
cœur sous la bannière de Savoie; elle
désirerait seulement qu’un plus grand
nombre de citoyens prit part aux élections
et même, elle ne verrait pas de difliculté
à aller jusqu’au suffrage universel, également en honneur en France et en Allemagne. Citer l’exemple de la France
comme encouragement à la pratique de
cotte institution aussi équitable qu’inopporlune, nous paraît un peu forcé. —
On nous promet aussi l’instruction obligatoire ; que l’on commence par lè, c’est
bien le vrai commencement. Enfin , s’il
faut l’en croire, la gauche au pouvoir se
montrera infinimont plus résolue dans sa
lulle coutre la papauté. Ceci est très bon.
Que les mêmes personnes qui allumeraient des bûchers pour nous si elles le
pouvaient, jettent des cris de paon , et
pleurent sur la liberté outragée, parceqne l'on a mis en prison pour quelques
mois des séditieux à leurs gages, ce sont
là figures de rhétorique, et ils sont eus
les premiers à en rire. Mais que les victimes des temps passés, maintenant au
pouvoir, ne sachent pas, n’osent pas sortir du sentier des ménagements à tout
prix , voilà qui est singulier. L’occasion
n’est elle pas excellente? L’Allemagne a
bientôt mis tous ses évêques en prison,
y a-l il un chat qui proteste en Europe?
Quant à nous, .sans leur faire le moindre mal, montrons leur que nous ne tenons pas plus qu’eux à une conciliation
désormais impossible, et puisqu’ils sont
ennemis, ne nous contentons pas d’être
indifférents. Ils ont leurs armes, employons les nôtres. Que l’on encourage l’élection des curés par le peuple, que l’on
refuse la solde à ceux qui se permettent
du haut de la chaire.ou ailleurs la moindre attaque contre le gouvernement; payer
des gens pour qu’ils vous insultent, la
chose est plaisante. Que l’on n’étende pas
enfin l’inviolpbililé qui a été volée pour
le pape seul, à tout le parti. — Si la gauche lefaisait réellement comme elle ledit,
enooro pourrait om crier vive la gauche.
Le document dont nous parlons se termine par une apologie, un peu risquée
à vrai dire, de la conduite parlementaire
de cette fraction de la Chambre. Il n’a
pas tenu à eux que l’Italie ne fût à l’heure
qu’il est, à l’apogée de la prospérité |financièrement, socialement et politiquemont parlant. Nous faisons beaucoup de
réserves.
Le pape, lui, n’en a plus envers qni
que ce soit. Il a déclaré dernièrement
aux pèlerins américains, que les EtatsUnis sont peut être le seul Etat oh son
autorité de pape soit encore entièrement
reconnue. Oui ! Comme celle du grand
Mogol, ni plus, ni moins. Ses décrets et
ses dogmes n’y suscitent pas de lutte,
c'est vrai, mais parceque les Américains
trouvent que cela leur est bien indifférent.
Les Américains ont mille fois raison.
Ce qui a peut-être occasionné cette
nouvelle, soi'tie, ce sont quelques observations Iransmises par l’Ambassadeur
français auprès -du Saint Siège au sujet
do l’e.xpression gouvernement pontifical
employée à dessein par Mgr. Meglia,
nonce à Paris. lors de sa réception par
Mac àlahon. Le nonce avait oublié d’ajouter in pnrlibns. — Rien de nouveau du
reste, en France, sauf une grande revue,
pompeusement passée à Longchamp, et
à la quelle prirent part, si nous ne nous
trompons, enyiron 40.000 hommes. Le
maréchal a adressé aux troupes un ordre
du jour dans lequel il rappelle aux soldats qu’ils sont chargés avec lui du maintien do l'ordre. E.spérons aussi qu’entre
tous ils sauront le maintenir. On commence à prendre des mesures sévères
contre les agissements du bonapartisme,
perquisitions, séquestres de papiers plus
ou moins importants, preuve certaine
qu’if commence à mériter d’élre craint.
Au reste, ce ne sont pas ces petits moyens
qui arrêteront ses progrès, ,• :i
Les nouvelles d’Espagne, sont mauvaise; le maréchal Concha, le vainqueur de
Bilbao, de l’énergie du quel on espérait
beaucoup’, a été tué dans une bataille
livrée près d’Esirella. Sagasta a pris la
présidence du Cabinet, et Zabala est parti
pour prendre le comniiandenipal de i armée du nord restée sans'chef. La dépêche de Madrid,, ajoute il est vrai, que
l’armée n’est pas ébranlée, mais doit on
le croire ? Excusatio non pelila, fit accusatio. ' •___________A
E. Mit» Directeuy-GéraBt.
PSgnerorimpr. Chiantore'at Maacarelli.