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23 Février 1899
Année XXXIV. N. 8.
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N. To'urn, prof., Torre Pellice et
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L’ECHO
DES VALLÉES VAUDOISES
Paraissant chaque Jeudi.
Vous me sei'cz témoins. Aet. 1,3. Suivant la vérité avec la charité. Eph. IV, 15. Que ton règne vienne. Matt. VI, 10.
Sommaire :
JSLadame Jane Gilly — La fête du 17 Février
— Nouvelles de M. Henri Trou — Kevue
Politique — Annonces.
Madame JANE GILLY
(veuve du D.rW.S. Gilly, bienfaiteur des Yaudois)
C’est de sa paisible retraite Layer
Breton, à une heure de Londres, où
notre vénérée bienfaitrice vivait, depuis quelques années, avec son fils
Charles, que, le 12 courant. Madame
Gilly est entrée dans son repos. Son
départ, après quelques semaines de
faiblesse, plutôt que de maladie proprement dite, a été des plus tranquilles.
Parvenue à un âge très avancé, 94
ans et quelques mois, Madame Gilly
avait conservé, jusqu’ au bout, ses
riches facultés d’intelligence et de
cœur.
Elle continuait à s’intéresser à nos
diverses œuvres et à prendre une
vive part aux évènements vaudois.
Ainsi, l’année dernière, à l’occasion
du Cinquantenaire do l’Emancipation,
elle écrivait à M.lle Beckwith sa
fidèle correspondante, qu’elle aimait,
du reste, comme sa propre fille, des
paroles comme celles-ci : «Vous n’auriez pu me faire plus de plaisir qu’en
m’envo3"aiit tout ce qui parle (les
brochures du Cinquantenaire) du
passé et du présent des Vaudois.
Avec des larmes de doux souvenirs, mes yeux ont parcouru tous
les sujets traités dans ces livres, et
je les ai tous, et chacun, trouvés très
intére.ssants, car ils m’ont fait revivre un passé de soixante-qu^orze
années ! Je crois être la dernière survivante de ceux qui ont travaillé
avec mon cher mari et qui ont vu
l’accomplissement de ses plus ardents
souhaits et de ses ferventes prières
pour le peuple qu’ il avait pris sous
ses soins... Je ne puis voir et écrire
comme je le faisais jadis, mats mon
cœur bat avec ja meme force et est
toujours aussi chaud, Je suis reconnaissante pour la moindre nouvelle
que vous pourrez me donner. Que la
bénédiction de Dieu repose sur vous
tous et surtout sur le progrès de
son Règne en Italie. Je n’ ai pas
besoin de vous dire que mon cœur
et mes pensées sont toujours dans
les Chères Vallées »,
Nous emprunton.s encore quelques
mots aux dernières lettres adressées,
aussi, à M.lle Beckwith, sous les
dates du 2 g Novembre et du 20
Décembre derniers; «L’hiver ap-
2
— 58
proche et ainsi en est-il de la fin
de ma vie, car je suis entrée dans
ma quatre-vingt-quinzième. année !
Mais je suis remplie de reconnaissance, car je suis en santé et me
sens forte, vu mon grand âge ; ma
très longue-vie est toute faite de
miséricorde et de bonté... Cette saison
de l’année suscite une foule d’aimables et précieuses pensées dans mon
cœur, dans lesquelles vous et tous
les V'^audois occupez une chaude
place. Que le Tout-Puissant vous
bénisse et vous garde tous dans son
amour miséricordieux, telle est ma
constante prière ».
Ce sont les dernières paroles que
notre vénérée sœur a adressées aux
Vallées. C’est en aimant, en priant
et en bénissant que cette chrétienne
d’élite a pris congé de nous.
On sait que le Dr. W, S. Gilly,
chanoine de la cathédrale de Durham,
ayant entendu parler des Vau dois à
une séance de la Société pour la Fropaijidion de la foi, conçut le désir de
nous connaître de près. A cet effet,
il Visita les Vallées, en Janvier 1823,
et publia bientôt après son premier
ouvrage : Récit d’une excursion dans
les montagnes du Piémont et recherches
parmi les Vaudois etc.
Six ans plus tard, accompagné
cette fois par Aladame Gilly et quelques autres membres de sa famille,
le bon Docteur revint aux Vallées,
et arriva à La Tour le 22 Juin 182g.
Il séjourna-ici près de deux mois,
logé chez M. le pasteur et modérateur Pierre Bert, à S.te Marguerite,
et visita toutes les paroisses, même
les quartiers les plus éloignés, cherchant à se rendre un compte exact
de l’état matériel, moral et spirituel
de notre peuple. Le résultat de cette
enquête est consigné dans un nouvel
ouvrage ; Recherches Vandoises dtirant
une seconde visite aux Vaudois du Piémont beaucoup plus étendu que le
premier et illustré de vuçs et cro
quis, dus au crayon exercé de Madame Gilly elle-même.
Il faut lire ces deux ouvrages pour
se faire une idée des trésors d’indulgence, d’amour et de généreux
dévouement qui étaient renfermés
dans le cœur du Dr. Gilly. Jamais
étranger ne s’attacha plus promptement et plus fortement à nous, jamais visite ne fut plus riche en
conséquences heureuses et bénies,
pour notre Eglise, que ne le fut celle
du D.r Gilly. Il plaida si chaleureusement la cause des Vaudois, qu’un
Comité, fondé à I.ondres dès 1825,
prit immédiatement en main nos
intérêts. C’ est encore des écrits du
Docteur Gilly que Dieu s’est servi
pour nous donner le plus grand de
nos bienfaiteurs, le Général Beckwith.
Pendant plus de trente ans l’infatigable Docteur a travaillé au relèvement de nos églises et surtout
pour le Collège, dont il a été le
fondateur.
* *
Ȕ!
Il y aura quarante-quatre ans en
Septembre -prochain que le Dr. Gilly
est mort. Mais 1’ amour qu’ il nous
portait et l'intérêt qu’ il nourrissait
pour les Vaudois ne sont pas morts
avec lui. Sa noble et digne veuve,
qui l’avait déjà vaillamment secondé
pendant plus de trente années, a
reçu des mains défaillantes de son
époux cet amour, comme un précieux legs, et elle l’a gardé intact
jusqu’ à sa dernière heure.
Pendant plus de quarante années
Madame Gilly a continué à gérer,
avec intelligence et une ponctualité
scrupuleuse, h fonds qui porte le
nom de son mari, et qui est consacré
à former le traitement de deux professeurs et à fournir un subside à dix
élèves du Collège. Ce ne fut qu’après
qu’elle eut dépassé les quatre-vingt
dix ans que cette fidèle amie prit
les mesures nécessaires iDour garantir
au Collège la jouissance perpétuelle
des avantages matériels que le. Dr.
lui avait procurés.
3
69 —
Mais Madame Gilly a fait bien
plus encore : Suivant d’un œil ouvert
et d’un cœur sympathique chacune
de nos institutions, nos divers établissements et tous nos besoins, elle
était .toujours en première ligne, dès
qu’il s’agissait d’un encouragement,
d’un secours ou d’un conseil. L’âge
loin de la refroidir ou la laisser
indifférente, semblait avoir encore
augmenté son affection et sa tendresse
pour les Vaudois,
Il faut avoir eu le privilège de
la voir et de l’entendre dans son
salon de Neoern Jioad, ou à Laijer
Breton, pour comprendre ce qu’ il y
avait en elle d’exceptionnel. Après
6o ans qu’elle avait visité nos Vallées
pour la première fois, elle nous racontait ce qui l’avait impressionnée,
comme si la chose s’était passée
d’hier seulement. C’était sans doute
de la mémoire, mais surtout la mémoire du cœur.
■Si Madame Gilly s’est occupée de
nous pendant trois quarts de siècle,
si elle nous a fait une si large place
dans son existence, si elle nous a
portés, comme une mère dévouée, sur
scs bras jusqu’à ses derniers moments,
n’est-ce pas parce que son bienheureux
mari, et elle avec lui, ont cru avoir
rencontré en nous des enfants de
Dieu, des fidèles disciples du .Sauveur!
Noblesse oblige. Soyons, et s’il le
faut, redevenons ce que nos meilleurs
et plus constants bienfaiteurs ont cru
que nous étions ou désiré que nous
fussions?
Samedi dernier les enfants et les
amis de notre vénérée Madame Gilly
ont accompagné ses restes mortels
à Norham, où repose depuis longtemps le Docteur Gilly.
Nous n'avons pas pu nous unir à ce
cortège silencieux, ni même tresser
une couronne, comme témoignage de
notre deuil et de notre profonde
gratitude.
Mais, au nom de l’Eglise Vaudoise
toute entière et du Collège de La
Tour, en particulier, nous prions M.
Ch. P. Gilly et M.me et M. BlackesleyGilly d’agréer les sentiments de notre
profonde sympathie. — Leur affliction
est aussi la nôtre, en attendant le
grand jour — où il y aura de la joie
pour tous aussi, « parce que nous serons toujours avec le Seigneur s> et
réunis à nos bien-aimés.
J.-P. Pons. •
La fête du 17 Février
D’apres les informations (pas très
complètes) qui nous sont parvenues,
le cinquante-unième anniversaire de
l’Emancipation a été célébré, sous des
formes diverses, dans toutes les paroisses, Quelques-unes en ont fait
exclusivement la fête des enfants,
d’autres ont donné à la commémoration un caractère plus général.
A la Tour on a réuni, comme
d’habitude, tous les enfants des écoles
(environ 400) dans le Temple neuf.
C’était beau de voir ce. petit peuple
aux costumes les plus variés, défiler
plein d’entrain dans les deux principales routes qui aboutissent au
temple. Comme ils étaient fiers de
marcher soun le drupem, avec la con- ■
science que ce jour, dont ils ne comprenaient pas tous la signification,
rappelait quelque chose de grand et
qu’eux, les héros de la fête, avaient
une mission à remplir parmi leur
peuple. , I
Un petit malentendu a privé ces .
petits soldats sans armes de 1' hon neur de se voir présenter les ¿irmes.
par des soldats un peu plus grands ■
qu’ eux, mais pas plus' dangereux
pour la paix du monde. Les enfants
sont entrés à 1’ église vingt minutes
avant l’heure fixée, et quand la compagnie du collège est arrivée, elle a
dû se contenter de présenter les
armes à quelques bourgeois des plus
pacifiques et à des enfants auxquels
4
Co
leur âge ne permettait pas encore de
se trouver parmi les héros de la
journée.
Dans le temple M. Pons a entretenu ce jeune auditoire des évènements que ce jour rappelait ; quelques chants ont été exécutés, puis
les enfants se sont rendus à .S.te
Marguerite pour achever la fête par
les récitations et leS chants préparés
pour la circonstance sous la direction
infatigable de M. Forneron, et consommer les modestes provisions qui
devaient constituer leur plus que
modeste repas de ce jour de fête.
Un dîner à la Pension Belle vue
et la traditionnelle soirée de l’Union,
ou plutôt des Unions, à Sainte Marguerite, ont complété cette fête, qui,
en somme, a été fort bien réussie.
Au Pomaret la fête a été célébrée avec l’entrain habituel. Voici
quelques détails que nous relevons
d’une lettre particulière ;
« Les enfants, grands et petits,
lavés, peignés, dans leurs plus beaux
habits, la plupart neufs, au premier
coup du tambour étaient sur pied et
s’acheminaient vers le pont de Pérouse à la rencontre de la colonne
qui arrivait de l’Envers. A dix heures
précises, le cortège, musique en tête,
débouchait sur la place de l’église
et passait, pour y entrer, au milieu
d’un public plus nombreux que je
n’ eusse jamais vu, qui, quand les
enfants eurent pris place, forma autour d’eux une magnifique couronne.
Vu de l’estrade ou j’ étais, le coup
d’œil était vraiment unique, et je
souhaitais en mon cœur que notre
pasteur l’eût souvent sous les yeux
le dimanche pour entendre sa série
de discours sur la charité.
« Pour débuter, l’assemblée toute
entière chanta, ou mieux enleva le
cantique : 0 toi dont les Uenfaits ne
tarissent jamais... Puis les discours et
les chants et les récitations et les
dialogues s’alternèrent si bien, que
deux heures s'écoulèrent sans qu’on
s’en aperçut. On parla du roi Charles
Albert dont le nom se trouve au bas
de l’acte d’émancipation, et du Roi
des rois devant qui Charles-Albert
aimait à ployer le genou ; du devoir
et du plaisir qu’ il y a à travailler
à l’école, aux champs, à la boutique ;
on rappela que l’émancipation était
l’œuvre des descendants de nos persécuteurs et l’on exprima le vœu que
la religion, mieux comprise, devînt
un lien avec nos frères catholiques
au lieu d!êtrc un mur de séparation....
Il vous aurait fallu entendre les enfants crier : Vive le Ilot ! Vive l'Emancipation ! Vive la liberté ! Cela vous
aurait fait du bien comme à moi.
« Après la cérémonie nous avons
été nous asseoir ;iu banquet préparé
à la grande école pour environ 70
personnes, et entre dîner et causer
nous nous sommes entretenus jusque
vers six heures.... »
Villai*! — On nous écrit:
Il avait été décidé, vu 1’ absence
de notre cher pasteur, M. Tron, qu’on
ne fêterait pas comme d’habitude ce
jour mémorable. Mais tous n’ont pas
été de cet avis. La maîtresse de notre
école de l’Envers a voulu nous faire
une surprise. Elle a fait inviter tous
les parents de ses étèves à se réunir
le soir dans l’école. Dès la tombée
de la .nuit ce local (encore assez,
vaste) était comble. Nous avons à
peine le temps d’admirer les beaux
ornements de verdure artistement
arrangés tout autour de la salle, que
la série des travaux com'mence.
Chants, dialogues, poésies, non moins
de 45 pièces en tout sont exécutées
en une heure et demie, qui nous a
semblé quelques minutes. Le tout a
été bien choisi pour la circonstance,
ce qui fait honneur à la maîtresse,
M.lle M. Gönnet.
Il serait à désirer que toutes nos
écoles de quartier fussent dirigées
comme celle-là non seulement en ce
qui regarde la fête, mais surtout eri
ce qui regarde le bon ordre, la bonne
éducation et l’a.mour du devoir. Tout
le monde a été si satisfait de cette
5
61
soirée, que, le programme épuisé, on
ne pouvait sc décider à sortir. On
ne se sépara que lorsque l’ancien du
quartier (père de la m.aîtresse) eut
fait monter 'à-.^Dieu une fervente
prière et prononcé la bénédiction.
D. P.
Florence. — Nous recevons:
Pas plus qu’ailleurs on n’oublie à
Florence, dans la Congrégation Vaudoise, de célébrer le 17 Février. Toute
simple qu’elle a été cette année, la
commémoration laissera un souvenir
bienfaisant. C’ est le soir, dans la
Chapelle de Via Serragli, qu’on s’était donné rendez-vous, et à huit
heures le local était rempli.
M. le prof. Geymonat, doyen des
pasteurs vaudois ici, présidait, entouré des divers orateurs qui prirent
successi\^einent la parole... «C’est un
“ 'Bmeilktus dit-il, plein de reconnaissance et d’humiliation, qui devrait
en un jour comme celui-ci monter du
cœur de chacun de nous jusqu’ au
trône de Celui cpii a délivré nos
pères du joug de toutes les servitudes humaines et nous permet de
vivre dans des conditions favorcibles
pour observer et pour répandre sa
Parole. » M. Aug. Meille rappelle
ce que doivent les Vaudois à quelques-uns de leurs plus grands bienfaiteurs étrangers et lit des fragments de lettres de la veuve du Dr.
Gilly, qui vient de s’éteindre à l’âge
de quatre-vingt-quinze ans. Jusqu’au
dernier moment cette fidèle amie des
Vaudois s’est intére.ssée à tout ce qui
les concerne, eux et leur mission.
Remercions Dieu pour nous avoir
suscité de pareils amis, qui nous ont
aidé à accomplir les devoirs nouveaux que notre émancipation civile
et religieuse nous indiquait clairement. M. le prof. Comba constate
que si les temps sont difficile.s pour
l’Evangélisation de Fltalie et s’il est
compréhensible que des gens de peu
de foi se laissent aller au découragement, il n’en est que plus nécessaire de briser toutes les chaincs qui
nous retiennent encore rives au péché et de nous consacrer à Celui
qui après nous avoir ouvert les portes
des cent cités et nous y avoir fait
entrer, y remportera de grandes
victoires par notre mo3mn, si nous
sommes des soldats fidèles, loaticnts,
attendant tout du Chef et lui donnant toute la gloire. M. le prof. Bosio
relève comme cpioi l’œuvre étant de
Dieu, les ordres et les promesses venant de Lui nous ne pouvons manquer, nous ou ceux qui nous suivront,
de recueillir avec chants de triomphe
là où l’on sème avec larmes. Et cela
malgré le terrain cpii parait si rocailleux.
Une prière de M. Jalla et la bénédiction donnée par M. Luzzi, terminent la célébration de l’anniveisqire cher à tout cœur vaudois.
Ajoutons que, bien qu’il n’y eût pas
un chœur sjrécial, plusieurs hymnes
ont été chantés avec beaucoup d’entrain par toute l’assemblée.
Z.
IouygIIgs dG 1. iGnri lion
(d’une lettre à M.me Tronj
Santa Fé, le 23 Janvier 1899.
Je suis arrivé ici samedi le 21 Janvier, après un voyage d’un iiiois dams
des contrées où il n’ y a point do
chemins de fer et où les courriers ne
font le service que trois .fois par mois.
_ Le jour de Koel, à 5 1[2 du matin,
j’étais à bord du Farana dans le but
de traverser ce ilouvo pour me rendre
à S.t Javier où, d’après ce que m’ avaient dit quelques porsonne.s, je x^ousais arriver vers 11 h., et comme
j’avais averti les frères do St. Javier
de mou arrivée, j’espérais les trouver
réunis et célébrer le culte de Noël
avec eux.
Nous traversons le bra.s priiieijral
du fleuve en une heure, nous débarquons dans l’îlo et nous montons sur
une voiture. Tantôt nous matdious
dans Jean, tantôt sur le see. Quand
6
je pensais aiTÎver au tenue du voyage,
vers I I li2, le voiturier (uu il. lllniic,
Savoyard) détourne sa voiture de la
route, arrête ses okevaux sxnis. un
grand arliro et se met à alhiinor du
feu poni' faire son dîner... nous ne
sommes on réalité qu’à mi-chemin. Je
grimpe sui' un arbre, où je m’arraiigo
de mon mieux pour attendre le départ du courrier. M. .Blanc coupe des
branclie.s, (ui fait des bâtons, enfile
sa viande dans ces bâtons et les
plante au'toni' du brasier ; il . prépare
ainsi un excellent rôti à la broche !
Il a du pain et même du vin. Quand
tout est prêt, il m’invite à dosceiidro
do mon arbre et à prendre part à
son repas... Wons reprenons ensuite
notre route toujours dans l’île, au
milieu des Imutcs herbes ; vers 4 li.
nous arrivons à la. jonction do doux
autres bras du Baratui, nous quittons
la voiture, nous prenons une barqtie
et vers .ô li. du soir j’arrive à St.
.Javi er où je m’arrête deux jours. Wous
eûmes là des ,ouïtes. J’ ai logé citez
un Long de i’i'amol qui a une auberge.’ Outre ce Long il y a un Hostau
de Bobi frère de fou Susaime Bastian,
quelques trumibres d’une famille Yinçon
un (lèymonat de la Ferrière et la
hllo de la seconde femme du père
Keymoiid.
Je partis de S.' Javier
cembre à, 11 li. du soir,
union ; il y avait pleine lune, la nuit
était magnlliqiie, L’ écli]tse avait en
lieu de b 1]2 à 10 h. au lieu de 10
à 2 h., c.omme en Europe. Je fis une
20.no de lieues, c.-à-d. 100 kiloin.
pour arriver à la Colonie Alexandra.
Cotte colonie est composée de familles
de Rorà, quelques-unes de Bobi et
une du Villar : la famille de Paul
Mcinet dont la sœur a épousé Etienne
Bertoii du Sarretas, Il fait saluer ses
parents. Do Bobi il y a .Ican Bertinat
qui est du 1812, sa femme est Pontet
sœur de Joseph do Hablon ; une famille Catalin, deux familles Grant,
des LaiitaretfComIte de.sCharbonnier.s).
J’ai vu le père et un frère de M.me
liolando. Il y a une IS.iic de familles
le 27 I)éaprès la ré
do Itorà,. 1’ouvn, Pavn.rin, Mtturglià..i
Nous avons eu un culte le 1 Janvier
à .Alexandra dans l’école de l’iiisbitiitour Salvageot, mais le temps était à
la pluie, poil de personnes ont pu y
assister. Le lundi 2 Janvier je siij/t
parti par le courrier qui va de -3t.
Javier à Recouquista 3 fois jui.e'mols,
pour las Gai'zas et Ocampo ; nous
n’atteignîmos que Malabrigo le premier jour parce que, arrivés au cours
d’eau appelé Gussano, il fallut décharger la voiture (la volante comme
on l’appelle ici) passer voyageurs et
effets en barque, les chevaux à la
nage et la volante dans l’eau. Le
jour suivant, aprè.s un voyage de 100
kllnin. nous arrivâmes à Rcconqnista
en traversant une autre rivière; on ne
voyait (pic la tête des cite vaux hors
de l’eau, elle entrait dans la voiture,
nous tenions les pieds appuyés sur
des traverses... mais tout a été très
bleu.
Le chemin do fer arrive à Reoon([iiista en passant à une telle distance
d’Alexandra qu’ il faudrait toute une
journée pour se porter sur la ligne,
et encore, cola ne serait possible que
quand la saison est favorable, et avec
des voitures particulières. De Reconqiiista à las Garzas, où sont établies nos
familles vandoises, il y a de nouveau,
pour aller chez les plus éloignés qui sont
2 lieues plus,loin que Ocampo, 100
kllotn. Je suis arrivé le mercredi 4 au
milieu d’un groupe assez nombreux.
Le jeudi nous avons tenu un culte
sous les arbres, le vendredi et le sii
medi, un Favatier et
sont
sa mere
allés m’accompagner avec leur voiture
dans les forêts de Ocampo en face de
Bella, Vi.sta qui est sur le Parana,
pour visiter un Rostan de la Tour
beau-frère de la veuve Rosine Rostan
liquoriste, cousin du colonel Malan.
Jja femme de ce Rostan est fille d’une
Long des Appiots mariée à un Buffa.
Ils ôtaient fermiers de M.me Yertu.
Ce Rostan fait saluer sa bolle-sœur
et son cüu.sin Malan. Il n’ y a pas
d’autres familles vandoises (on antres)
plus loin ; il n’y a que des forêts et
7
— 63
des indlvidas isitlés qui tnivaÜleiit.
dans les bois. Nous avons passé là
lino nuit logés, les uns dedans, les
autres dehors de la petite maisonnette.
Les familles de las Garzaa comme
celles de l’Alexandra dont elles viennent sont origin&iro.s do ilorà et de
Bobi;ce sont des Tourn, dos Mourglia,
dos Pavarin de Porà — dos Pavaticr,
des Bertinat et des Geyinonat de
Bobi ; ils sont tous de la Perrière, ils
fout bien saluer leurs parents.
Le dimanche 8, nous avons eu un
culte chez Favatier ; il y avait près
de 50 personnes entre grands et petits. Je suis redescendu de las (larzas
quelques lieues à la, fois pour pouvoir
visiter d’autres familles établies plus
bas. Dans un jour j’ai fait 30 kilom.
à cheval, souvent au galop, pour saluer les diverses familles ; j’ étais accompagné par un jeune homme, petitfils de Barba Pons du Ciarniis. J’ai
trouvé par là une Reymond mariée à
un italien, elle a 12 enfants. Les
sabatistes-àdventistes ont fait une active propagande d.ans ces contrées et
quelques personnes ont été persuadées.
J’ai fait la dernière qiartie de la route
de las Garzas à Reconquista dans la
voiture de run d’outre eux, un italien,
Peverini qui a épousé une Cécile ïourn,
j’.avais dormi clioz eux et tenu un
culte le soir avant. Le 13 je repartis
de Reconquista avec le courrier do
Long, nous traversâmes les rivières
comme en y allant et nous arrivâmes
à Alexandra vers 8 h. dn soir, après
15 heures de voyage en bonnes conditions.
Le 15 Janvier nous avons eu un
culte en espagnol (dans le temple
anglican) présidé par M. Beux que
j’avais prié de venir me rejoindre à
Alexandra. Il y avait 80 personnes,
vaudois, anglais, allemands protestants
et quelques catholiques. L’après midi
autre culte en français' à 10 kilom.
de là: l’auditoire, aussi nombreux que
celui du matin,"était en grande partie
composé par d’autres personnes cpic
celles qui avaient assisté le matin.
Le lundi 16 nous avons été visiter
un Rivüiro des Pusines, M. Beux et
moi; nous sommes partis à 3 h. 1(2
conduits par un Mourglia, nous étions
de retour à !) henres du soir.
Le mardi 17 nous eûmes une réunion pour examinor si (k; ne serait
pas le cas de dmnander un pasteur à
poste fixe. Tons ont été d’accord, et
séance tenante, <m a souscrit 700 pesos,
3500 frs. annuels, pour l’honuraire du
pasteur. Même en tenant compte que
la monnaie argentine ne va.nt que la
moitié de la valeur do l’or, c’est beau!
- - On complétera aisément la somme
nécessaire, car il y a Malabrigo (à mieheinin entre Alexandra et las Garzas)
une 40.ne de familles allennindcs dont
plnslonrs veulent aussi contribuer.
J’ai dormi chez le frère de Mme.
Rolando du mardi au mercredi et
fait le matin une dernière course
dans la colonie (mur voir les vieillards.
Le jeudi, guidés par un Mourglia et
un Tourn nous avons été a Oalcha
où se trouvent les familles Tourn,
Forneron, Ro,stan, Rivoiro, Catalin do
Rorà et de Bobi; nous avons fait une
lOO.ne de kilom. souvent sans trace
aucune de clicmin. Partis à 5 h. du
matin nous sommes arrivés à 8 1(2
du soir. Le vendredi nous avons eu
deux cultes, un à la campagne, l’autre
à la ville et le samedi le train m’a
conduit à 8.ta Fè. — Je ne ()uis pas
assez rouHircir le Seignonr de oc que
je me suis tmijonr.s trouvé on (>arfaito
santé. On est étonné que je ne souffre
(uis de la chaleur. INous avons eu de
fortes avei'.ses, les chemins sont couverts d'eau. Si Dieu le permet je
()ars aujonrd’liui ()onr Goisslor où je
vais loger chez un 'rron de Yillesèche...
Santa Fé est une ville magnifique
située sur un bras du Parana, sur
la rive gauche, et, sur le bras principal du fleuve, se trouve la ville de
Parana que j’ai traversée il y aura
un mois et demi; il y a environ une
30.11C de kilom. do l’ime à l’autre,
mais 011 distingue parfaitement les
maisons et les églises surtout. C’est
une vue magnifique,
8
64 —
Revue Politique
Jeudi dernici' ii 10 Ii, du soir, lo Président
de la lléiuibliqiie Française, Félix Faure,
çtiti u’était âgé que de 58 ans, succomba sous
le coup d'une bémoriagie cérébrale fnliuiiianl e
avec paralysie du côté ga.uclio. Quoique io
Président souffrît depuis bien longtemps d’une
maladie de coeur, riea ne faisait ])résager nne
catastrophe aussi imminente. Dans la matinée
du jeudi il avilit encore présidé le Conseil
des ministres. Plus tard, assis à sa table de
travail, il se plaignit avec son secrétaire particulier, de fortes doirleurs aux tempes, et il
dut interrompre plusieurs fois son travail. A
di.x henrc-s il était mort.
Félix Faure n’a pas été ce qu’on pourrait
appeler un grand homme d’état, et ce n’est
pas grâce à des mérités cxcoptiounels, qu’il
avait été élevé à la pins haute dignité de la
République, il ifeu est pas moins regretté en
France où il était devenu populaire malgré
ses adversaires qui lui reprocliaient d’être
trop décoratif, et à l’étranger où il avait .su
gagner des amis à sa patrie. C’est sous sa
présidence qu'a eu. lieu un des plus grands
événements historiques de celte fin de siècle:
l'alliance Franco-Russe, et nul ne saurait raéooimaître le rôle important qu’il y a joué. —
De spleudido.s funérailles vont lui être faites
aujourd’hui même aux frai,s de l’Etat, et toutes
les grandes puissances des deux hêmi,sphères
y seront représentées.
Im surlendemain du décès do Félix Faure
le Congrès, c. â d. les deux Chambres réunies,
siégeaint à Versailles pour l’élection du nouveau président. Vu l’état actuel de surexcitation des esprits en France, on appréhendait
des complioatioiis et des trouble.s sérieux, qui
auraient pu mettre eu danger F existence
même de la E.épublique, Heureusement le
calme régna pendant toute la durée du Congrès
et il ne fut troublé que p,ar quelque.? incartades sans conséquence de Deroulède, Dniinont
et consorts. Mr. LOUBET pré.sidcut du Sénat est élu au premier tour de scrutin par
483 voix contre 27!) données à Mélitie et 50
dispersées.
Le nouveau Président, sénateur et maire
do Montélimar, chef-lieu d’arrondissement du
département de la Drôme, a 60 an.s. Ce n’est
pas un incQimu puisqu’il a été ministre et
président du Hénat; il y a moins de huit jours
cependant qu’il n’aurait jamais songé d’arriver au poste qu'il occupe. — Le.s élections
présidentielles en France .réservent de ces
surprises. Les départements ont généralement
bien reçu la uomiiiatioii de M. Loubet, et la
]iresse étrangère qni voit en lui un homme
d'ordre, et surtout un cnractere, lui fait un
accueil des plus, sympathii|UOs.
L’autorité suprême dans les états n’est
une sinécure nulle part, et en France à l'heure
présente, moins que partout ailleurs. Lue pé
nible mai.s noble tâche attend le nouvel élu ;
la pacification des esprits, qu’il devra accomplir an milieu des clameurs et des insultes,
(dont il a eu les avant-goûts le jour de sou
élection) de,s nii,tionaÜste.s, anti-séniites, et
anti-Drevfusistes.
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