1
Huitième année
f
N. 3».
12 Septembre 1873.
L'ECHO DES V«LLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE*
Spécialement consacrée aux intérêts matériels ét spirilnels
(le la Famille Vaodoise.
Qua toutes les choses qui sont,véritables.......occupent
vos pensées — ( Philippiens., ÏV. 8.)
PRIX d’abonnement :
Italie, k domicile f»« rt«) Fr. ^
‘Puisse................» 5
France.................» 6
Allemagne..............>6
Angleterre , Pays-Bas . • 8
Un numéro séparé : 10 cent.
Un numéro ai‘riéré : 10 cent.
] BDBEAUX d’ABONNEMSVT
\ Torrr.Pet.ì.ice : Via Maestra,
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Ì PiGNERoi. : J. Chiantore Impr.
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> PéORENCE : Libreria Evange
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ANNONCES : 5 cent, la ligne
ou portion de ligue.
Lettres et envois franco. S’adresser pour l'administration
au Bureau Ct Torre-Pellicê,
via Maestra N. 42 -—pourU
rédaction ; à Mr. E. Malan
Prof* k 1 orre-PelHce.
Sommaire,
Le Synode. — Séance des amis élranKers. — La messe à l'intention de feu
Mens. Marie Laurent Renaldi, évêque de
l’ignerol. — Nouvelles religieuses. — Diters.
Chronique vaudoise. — Chronique politique.
LE SYNODE DE 1873
Bien des personnes voyaient arriver le Synode do cette année
avec une certaine appréhension.
On s'attendait à des-orages, à des
discussions irritantes. Rien de semblable n’a eu lieu. Bien des questions délicates étaient sur le tapis;
à certains moments les choses menaçaient'de prendre une mauvaise
tournure; mais de différents cotés,
pour ne pas dire de tous les côtés,
on y mit tant de bonne volonté ,
on fît preuve de tant d’esprit de
douceur et de-conciliatiou que les
orages ont été conjurés. Ctiacuu
sentait lé dang^,^ôtJmme aussi
sa respousabiiy evoir d’éviter ce qui nuire à l’é
dification. —C5Èéifiis ce qu’il y
avait à dire a été dit ; ou a pu en
faire son profit,; les questions ont
été traitées à fh .satisfaction générale, et si bi'Jn des choses restent à régler et à faire, on s’est
pourtant entendu pour l’essentiel.
Nous avons quelque raison d'espérer que nous nous sommes
coinjjris et que la confiance, qui
n’aurait jamais dû être ébranlée ,
est rétablie. C’est le 2 septembre
que le Synode a été ouvert, à 10
heures du matin, dans le temple
neuf de N Tour par une bonne
prédication d M" J. P. Micol, pasteur de Villes -che, sur 1 Cor. III, 6.
Paulplanle, el .>voHos arrose, mais
Diÿu donne Vac 'oissemenl.
L’cyrateur nous a fait un discours
simple, pratique et édifiant; il a
sant doute contribué à disposer
les membres du Synode à leur
œuyre , comme aussi à diFiger les
évangélistes, les pasteurs et tous
les ministres de l’Evangile dans
l’accomplissement de leur charge.
Planter, telleaest particulièrement
la tâche de l’évangéliste; arroser,
c’est celle du pasteur. Mais l’évan
U
2
-250
géliste doit être pasteur et les
pasteurs dans nos paroisses ne
peuvent se passer d’être des évangélistes.,Les uns et les autres sont
ce qu’ils sont par la grâce de Dieu
qui veut qu’ils soient ouvriers avec
lui; mais c’estle Seigneur qui donne
l’accroissement, qui bénit et fait
fructifier le travail, à sa louange
et à sa gloire.
Le bureau provisoire composé
de M. Lantaret pasteur, H. Meille
évangéliste, Gardiol pasteur, Tron
Elie et Berger ass(;sseurs, a reçu
les mandats des députations, les
a reconnus valides, a constaté que
le nombre des membres de l’assemblée était de 82, ensuite a présidé à la nomination du bureau
définitif, composé de M"Tron professeur jorésideni, Aug. Malan évangéliste vice président, Michelin pasteur secrétaire, Chambeaud et Guigou régents, assesseurs.
Les opérations préliminaires accomplies , l’ordre du jour appelle
la lecture et l’examen des rapports
de deux paroisses au moins. Sont
tirés au tour les noms de la paroisse de Praly et de celle de S‘
Germain. La lecture du rapport
du consistoire de Praly dònne lieu
à un entretien sur les contributions
volontaires de cette paroisse et
particulièrement sur l’absence de
celle qui doit être faite annuellement en faveur de la caisse de
retraite des régents, à l’égard de
laquelle 10 paroisses .sur 16 .sont
en faute, sur le cufte de famille,
sur les visites d’écoles et sur la
bibliothèque paroissiale.
La lecture du rapport du consistoire de S‘ Germain' provoque
des observations sur les réunions .
en plein air, qui, cette année encore, paraissent avoir été appréciées et bénies dans cette paroisse,
et sur le chant sacré, qui, nous
dit le rapport, est presque- aboli
à S' Germain , parceque, dans les
recueils maintenant en usage, la
musique n’accompagne que le premier verset et que l’on n’est pas
assez développé pour chercher.la
musique où elle est indiquée. Nous
pensons que le mal est plus profond; et nous l’attribuons au manque de goût musical et plus encore
à la faiblesse de la piété et du
besoin d’adoration denotre peuple.
Sont, lus ensuite les rapports de
l’évangéliste de Como et deSanFedele et de celuide Venise. L’un et
l’autre contiennent des faits intéressants et édifiants. L’évangéliste
de Venise, dont l’Eglise compte 200
communiants, l’école du dimanche
76 enfants et les écoles sur semaine
73, fait ressortir les bénédictions
qu’il a reçues pour lui et pour son
cépvre dan s les réuni on s qu’il a eues
clans le sein de plusieurs familles,
10 à 12 au moins, qui ont bien voulu
y admettre, avec l’évangéliste,
leurs voisins et leur proches. Ces
réunions sont à la fois un excellent
moyen d’introduire le culte domestique et d’annoncer l’Evangile
aux timides qui p’osent pas encore
se rendre dans les lieux du culte
public et qui y sont souvent amenés, après avoir été ainsi évangélisés. Des explications demandées
et données sur -les rapports de
rœüyre de l’Eglise vaudoise à Ve'
•J
3
-251
Dise et celle de M. Wallace missionnaire parmi les Israelites nous
ontparu avoir satisfaitl’assemblée.
Ces conversations se sont prolongées jusqu’à la fin de la séa’nçe
du mardi; le mercredi matin, le
rapporteur de la Commission examinatrice de la gestion de la Table
a donné lecture de son rapport ;
comme cette relation ne formulait
point de blâme sur aucun des
actes de cette administration , le
Synode a pu passer sans retard à
l’examen de la gestion de la Table.
A propos des visites paroissiales
ou pastorales , une discussion est
engagée sur l’opportunité de leur
donner chaque fois un objet plus
particulier, c’est sur quoi la Commission d’examen avait appelé l’attention du Synode. On répond de
divers côtés queles visites actuelles
n’ont pas pour objet essentiel et
principal le régleme'nt de questions
d’ordre matériel, mais bien plutôt
le réveil de la piété. Nous passons
sous silence une attaque, à fond
de train, contre les visites paroissiales elles-mêmes, une telle attaque
ne saurait se rapporter aux visites
actuelles et à toutes celles auxquelles nous avons eu l’avantage
d’assister. Du re.ste si ces visites
n’étaient pas établies par nos réglements , il faudrait les établir ,
parcequ’on ne saurait s’en passer.
La partie la plus intéressante de
la séance de mercredi, et se rapportant à la relation de la Table
sur l’œuvre pastorale a eu pour
objet le culte de famille, qui malheureusement n’est pas encore
généralement et régulièrement pratiqué dans notre église. Un orateur
constate ce fait avec douleur. Mais
qu’y a-t-il à faire pour qu’il en soit
bientôt autrement? Il faut, dit-il,
venir au secours de n'o.s familles
qui ne savent ni s’édifier par ellesmêrae ni prier. Nous sommes ,
dit-il avec raison, trop spiritualistes. Comme moyen d’arriver au
but ou de nous en approcher, il
propose que le Synode procure à
nos églises, outre la Bible et la
liturgie , un Manuel pour le chrétien
ou \n, Journée chrétienne et un Manuel pour le culte domestique. Car,
observe-t-il, les gens spirituels ne
sont en grand nombre nulle part.
Ces manuels seraient d’un grand
secours pour établir le culte domestique. Un autre moyen, c’est
que les pasteurs et les anciens ,
dans les limites du possible, aillent présider dans les familles le
culte domestique ; un troisième ,
c’est d’engager les fidèles à porter
au culte public leur Bible ; un quatrième c'est que les anciens aient
des cultes réguliers dans les écoles
de quartier; un cinquième, ce sont
les réunions de prière à domicile
comme celle qui ont eu lieu dans
la Congrégation de Venise.
Tous ces moyens sont bons ;
mais ils ne doivent pas être employés exclusivement, surtout les
manuels, ainsi que le fait remarquer l’orateur lui-même qui les
avait proposés. — On n’a pas le
culte de famille , dit-on encore ,
parcequ’on n’est pas chrétien. Il
'faut travailler d’abord à réveiller
la vie, alors le culte de famille
viendra. Cela est vrai, mais c’est
bien le cas de dire qu’il y a ici
action et réaction ; le culta de fa-
4
-252
mille réveille et nourrit la,piété,
comme il en est aussi la manifestarton. — A quelqu’un qui avait
dit que dans les campagnes il est
fort difficile d’avoir un culte de
famille régulier et proprement dit,
on répond que la famille trouve
pourtant l’occasion et le temps de
se réunir trois fois par jour pour
la nourriture du corps , pourquoi
ne trouverait-elle pas un moment
du matin ou du soir pour celle
de l’âme, si elle en sentait vraiment
le besoin? Enfin, on conseille encore aux pasteurs d’avoir des réunions familières d’édification et de
prière avec leurs anciens, afin de
les rendre plus capables , qu’ils ne
le sont généralement, de travailler
à l’œuvre spirituelle.
(à suivre).
SÊàNCE DES DÉPITÉS ÉTRANGERS
Les Eglises étrangères qui ont
envoyé des représentants à notre
Synode sont les suivantes :
L’Eglise 'presbytérienne d’Angleterre, représentée par le révérend
Lundie ; l'Eglise presbytérienne
Unie d’Ecosse, représentée par M.
Mac-Gill; l’Eglise libre du Canton
de Vaud par M. Carrard, et la Société Evangélique de Genève représentée par M. Binder ; enfin
l’Eglise presbytérienne Etablie d’Ecosse,ainsi qu’up.groupe de l’Eglise
de Sainte Elisabeth. de Florence ,
se sont fait représenter à notre
Synode par des lettres.
M. Lundie. « J’éprouve un plaisir
tout particulier à. me trouver au
milieik de vous, car tant de liens
vous l'attachent à nous. J’ai visité
vos Vallées il y a, 19 ans et j’ai
prêché à Bobi dans la chaire du
regretté docteur Revel.
»Je suis pasteur de l’Eglise presbytérienne et je ci’ois qu’il n’est
pas indifférent d’être presbytérien
ou de. ne pas l’être ; je crois que
si nos frères de l’Eglise anglicane
étaient presbytériens ils ne seraient pas affligés par la plaie du
ritualisme. — Les ritualistes rétablissent la confession auriculaire
et même ils inaugurent des pèlerinages; or cela ne s’est jamais
vu dans une Eglise presbytérienne.
» Ici je me sens entouré des mémoires et des souvenirs les plus
sacrés ; Dieu qui vous a donné vos
montagnes et sa parole, vous donnera aussi la foi et le courage dont
vous avez besoin ; il est impossible que le Seigneur qui vous a
gardés et bénis ne vous accorde
pas un réveil: J’aime les souvenirs des Vallées , j’aime leurs martyrs. Mais ce qui nous intéresse
à vous, ce n’est pas votre pays,
mais la foi de vos pères. J’ai suivi
avec attention les discussions de
votre Synode et je suis enchanté
de l’esprit qui y règne. Dieu vous
donnera la sagesse nécessaire pour
résoudre vos questions les plus difficiles. J’ai béauconp aimé votre
discussion sur j.e culte de famille,
ce que vous avez remarqué chez
vous, nous l’avons aussi remarqué chez nous ; il en est de même
pour l’observation du Dimanche.
La non-observation du Dimanche,
voilà' ce qui caractérise les populations .catholiques ; la religion
de la famille,est pleine de bénédictions', car là l’amour dés frères
5
-253
et -des sœurs .est unie à l’amour
de Dieu ».
L’orateur fait encore remarquer
que nous avons une tradition qui
est, selon lui, nuisible à l’intimité
du culte de la famille, c’est celle
de la séparation des sexes dans
le culte public. Cette même observation a' aussi été faite par un
ni embre de notre Synode. Il termine
par cette belle pensée : « les orages
sont circulaires; au centre de l’orage il ii'y a pas de danger. Quant
à nous , nous nous trouverons
dans notre vrai centre dans le ciel».
Après cela il salue de la manière
la plus cordiale notre Eglise ^e la
part de l’Eglise presbytérienne
d’Angleterre.
M. Mac-Gill. « C’est avec un vif
plaisir que je viens au milieu de
vous. Vous avez eu précédemment
la visite de plusieurs -de mes corréligionnaires , lorsque vous étiez
dans le temps de l’épreuve. Nous
venons vous exprimer notre joie
de ce que vous pouVez dire maintenant: «J’ai traversé le Jourdain
avec mon bâton et maintenant je
retourne avec' cette liande ». Je
regrette vivement de n’être pas accompagné par le docteur Thorâpson
qui me charge de vous exprimer
son chagrin de ne pas être au
milieu de vous.
» Dieu a donné à votre Eglise un
système de gouvernement qui unit
la liberté et l’ordre. S’il m’était
permis d’exprimer l’opinion de
vos meilleurs amis 'en Ecosse, je
vous dirais avec quelle joig nous
saluerions l'union de tous les presbytériens d’Italie sous le même
drapeau. — Permettez moi de rap
porter deux faits de l’histoire de
l’Eglise que je représente, car nous
devons prendre exemple les uns
des autres. Il y a quarante ans,
nous avons discuté dans notre
Synode la question de savoir si
nous étions capables de.maintenir
un seul missionnaire en Jamaïque
et maintenant nous en avons 60
dans le champ de nos missions ,
plus 200 indigènes. Nous pensons
devoir attribuer aux missions le.
fait que nous recueillons deux fois
plus de contributions qu’auparavant. Nos 600 Eglises collectent
plus de 20.000 frs. par jour. Si
vous nous envoyez un ou deux
missionnaires ils seront bien reçus.
Nous ne nous vantons pas de nos
missions; nous faisons bien peu;
nous collectons 1.000.000, mais 400
personnes pourraient faire .cette
somme , laissant aux autrfes à faire
le reste. Votre glorieux passé vous
laisse une grande responsabilité ;
il y a un plus bel avenir dans ce
temple et dan,s vos cœurs que
dans le Vatican et le pécheur infaillible. Je vous recommande l’union avec toutes les Eglises évangéliques et tout particulièrement
avec l’Eglise libre, afin de présenter un puissant front de bataille
à la papauté ». ■ ••
M. Carrard exprime le plaisir
qu’il a éprouvé en assistant à nos
délibérations et implore la bénédiction de Dieu sur toutes nos
œuvres et spécialement sur celle
de L’Evangélisation de l’Italie.
.M. Binder. « Vos affaires sont devenues les nôtres, nous partageons
vos joies comme vos épreuves.
Notre'école de Théologie a subi
6
-254
üae perte douloureuse, M. Merle
eu était le deraier fondateur sur«vivant', et il a été un exemple de
fidélité que nous désirons suivre.
C’est avec le plus grand intérêt et
avec joie que j’ai entendu d’encourageants détails sur votreœuvre
missionnaire dont j’ai vu les commencements à Florence ».
M. Coolie. Après avoir rappelé
la mémoire du bienheureux DOct.
Guthrie, félicite l’œuvre d’Evaugélisation pour ses réunions d’avril
et l’Eglise vaudoise pour son organisation presbytérienne. Il recommande vivement aux Evangélistes d’avoir confiance en la puissance de l’Evangile bien plus que
dans la controverse.
Le président, M. Tron, répond
aux allocutions des cinq députés
avec beaucoup d’à propos. Â. M.
Lundis il dit que les Vallées sont
la Nouvelle-Angleterre, car partout nous trouvons des traces du
passage bienfaisant de nos amis
anglais et même dans ce temple.
— Dans la réponse à M. Mac-Gül
nous avons relevé ce mot de M.
Secretan: le foyer du monde est
le cœur de l’homme où. Dieu parle.
— Â M. Carrard, il dit: vous ne
demandez que des prières; vous
vous suffisez, ppur vos Eglises,
pour votre Evangélisation et pour
votre Ecole de théologie. — AM.
Binder, est-ce bien vous qui êtes
ici, vous qui vous êtes réuni
avec mous à Florence, autour de
la même table, dans un même
espoir et quelquefois dans un même
découragement. C’est Genève qui
nous, a,,donné la traduction de
Diodati. Merci pour les ouvriers
que vous "nous préparez! vous
pensez qu’il faut pour un ministre
de la Parole travail, préparation,
prières; nous sommes d’accord
avec vous. Comme nous , vous êtes
de ceux qui ne ])ensent pas qu’il
suffit du bois pour faire des flèches. "Nous avons sympathisé
avec vos pertes et vos douleurs.
— A M. Coolie, qui avait rappelé
la mort du Doct. Guthrie, il dit:
les anciens amis s’en vont et le
Doct. Guthrie en était un et des
meilleurs. Le Doct. 3tewart qui
depuis vingt ans n’avait, manqué
qu’à un ou deux de nos Synodes
est retenu Chez lui parla fatigue,
pour avoir travaillé pour nous.
Recevez , vous qui êtes un mezzo
Stewo/Tt, le témoignage et Tassurance de notre affection et de
notre gratitude et apportez-la de
notre part au cher et vénéré Docteur.
________________________I_________
La lllesse da 22 aottt
à rintention de feu flouseigucuf
UURENTHARlËGUaLAllE RËKALDl
Gvépe di Pignerol
A neuf heures et quart du matin, un
bruit de voiture, qui s’avance au petit
pas des chevaux vers l’entrée prineipate
de l’église métropolitainenous avertit de
l'arrivée de M'l’évêque Mooale de Saluces
qui doit dire la messe dans cette circonstance solennelle. Je m’attendais à voir un
élégant équipage et des domestiques en
livrée cotntne ceux que pessédaieat nos
évêques avant 1848; j’avais, au eontraire,
devant zn^J une modeste voiture à deux
chevaiflc etdeux domestiques, proprement,
mais simplement habillés. ,
Mods. de Saluces a dépassé de'quelques
I aaiBées>la.omqvtailtaiaa. Avant dapénétrer
7
-?55
dans l’église, il se tourna vers le peuple
pour lui donner sa bénédiction qui me parut
empreinte d’une certaine froideur. Pas
de peuple agenouillé sur son passage,
comme aux temps d’autrefois (Signe des
temps!). — Une foule immense qu’ou
peut évaluer à 4 ou 5 mille personnes se
pressait dans la grande nef et dans les
nefs latérales.
L’organiste et les éxécutants de la grand’
messe sont à leur poste. Les murs et les
colonnes tendus de noir, un grand dai de
même couleur qui surmonte le maîtreautel, disent bien qu’on est là pour uno
fonction funèbre.
Les colonnes de la grande nef portent
sur la face intérieure des inscriptions latines, presque toutes empruntées à des
passages bibliques, et qui font allusion aux
qualités du défunt prélat. J’en cite quelques
unes de mémoire, sans en garantir la parfaite exactitude; « De sa bouche procédaient les paroles de la sagesse et de la
force », en regard de celle-ci, celte autre
qui est une citation altérée d’un passage
de S‘ Paul; « Il s’est fait tout à tous pour
que tous .fussent sauvés ». « Il aima la
miséricorde, la douceur et l’humilité ».
«. Au jour de la tribulation il a été fidèle ». Une colonne de l’abside faisant face
à la grande nef- portait cet écriteau ;
Bonus pastor forma factus gregis ex animo.
Le jour arrive dans l’enceinte affaibli,
polarisé, et comme transformé par la lumière jaunâtre que des centaines de cierges
versent à, l’envi autour des lustres suspendus entre les colonnes.
Un coup de sonnette annonce que la cérémonie va commencer. Alors le récitatif
monotone de la messe dite par l’évêque,
alterne avec les notes rapides de l’orgue
et la savante composition musicale chantée
par dès voix d’élite. L’orgue gémit ou sanglote , les voix pleurent. Des cris déchirants s’échappent de l’orgue, ou bien ce
sont quelques notes vigoureuses suivies
d’un silence subit et solennel. Il iautavouer
que cette mise en scène est d’un effet
saisissant qui s’empare des sens et y répand une tristesse voluptueuse dans laquelle on se complaît. Unis quelle est la
part de la religion dans ce fracas funèbre ?
iamai& je u’ai été aussi frappé du v ide que!
laissent dans l’âme les cérémonies du culte
romain que dan.s celle occasion.
Des ondes sonores habilement combinées , de l’encens, de riches vêlements ,
de belles voûtes pour communiquer de
l’ampleur à la musique et au chaut; et
pour l’Ame pécheresse 'et gémissante,
luttant contre les étreintes du mal? Rien
que des instruments sonores qui ne disent
rien d’intelligible; rien que des voix bien
exercées qui chantent antoniali(|uement
de.s paroles iucomprises. Rien qu'uu simulacre du plus augusto sacrifice, qui se
soit accompli sur la terre et clos par ces
paroles sorties de la bouche du .Maître :
«Toutest accompli ». Un sacrifice au(|uel et
prêtre officiant et fidèle dévot font dire
tout excepté ce qu’il est réellement d’après
la Bible. Non l’église romaine ne veut pas
que les fidèles comprennent, mais qu’ils
croient. Il ne lui convient pas ()ue les
auditeurs saisissent le sens de ce qui est
dit ; ne sont-ils pas trop heureux d’en
sentir ou plutôt d’en pressentir vaguement
la portée 1
La sainte mère aime mieux , par ses
pompes religieuses , anéantir le fidèle qui
s’en va écrasé par le sentiment de sa petitesse et de lagrandqur de celui qui joue le
premier rôle dans ce culte fastueux ; le prêtre. Le catholique est ainsi mieux préparé
à l’obéissance aveugle qu’on demande de
lui. Que reste-t-il dans l’esprit du peuple
qui voit ce déploiemant des splendeurs
du culte romain pour son évêqne décédé?
L’idée du pouvoir dont-il était revêtu,
l’idée des richesses qu’il doit laisser après
lui pour couvrir les' frais de pareilles
obsèques. La notion du pasteur tondre et
miséricordieux pour ses brebis s’efface
nécessairement. L’image du prince terrestre prime celle de l’humble chercheur
d’âmes. L’abbé Bernardi, le panégiriste du
défunt évêque, ue nous disait-il pas dans
son oraison funèbre, pour justifier le vote
contraire de liions. Renaldi dans la proclamation de l’infaillibilité au sein du^concilé du Vatican, que, malgré ce cri sincère
de la conscience du prélat, le désir qni en
lui pouvait seul imposer silence à sa raison
alarmée en présence de la définition de ce
dogme, c’étaitcelui de voir l’église exaltée
en même temps que son auguste Chef.
8
-258
Ces quelques mots nous dévoilent le
caractère humain de l’Eglise de Rome;
elle vent triompher de tous les obstacles
terrestres, de tous les ennemis qui s’opl'Osent à elle, malgré le cri de la conscience qui proteste.
Les intérêts collectifs et terrestres de
l’Egli.se envisagée comme un parti social,
étouffent la conscience chrétienne même
chez les prélats.
11 n’en serait pas ainsi, quand, au lieu
de se, proposer pour but suprême VexaiUitinn de l’église et de son chef visible,
ils lourneraienî leui^s regards vers le chef
invisible qui est Christ, et vers lésâmes
qu’il veut sauver par son sang répandu
une fois sur la crois.
L’évêque Benaldi avait un beau caractère; une nature aimable et aimante;
doué d’une sensibilité exquise, toutes les
misères le, louchaient. Son libéralisme est
assez connu pour, .que je sois dispensé de
m’v arrêter; mais ce que, dans ma qualité de Vaudols, je ne puis me dispenser
de dire pour .en honorer la mémoire;
c’est que nous trouvons son nôm , le nom
de l’abbé Reualdi, parmi les signataires
de la pétition destinée à obtenir de Charles
Albert, de glorieuse mémoire, l’émancipation des Vaudois. Il fallait du courage,
et une bonté de cœur exempte de tout
calcul , à cette époque . pour qu’un prêtre
oâât se commettre dans une telle entreprise, Livré à lui*même, l’évêque défunt
aurait laissé son âme s’imprégner de la
vérité et de la substance évangélique ;
mais, roniprimé, dans ses généreuses aspirations, par la puissante organisation romaine, il a dê fléchir, et il a subi l’assimilation qui met les âmes catholiques'
romaines à l’unisson, et les place à ce
niveau commun qui laisse si peu de marge
â la dilatation de la liberté individuelle,
-Vgréez, Monsieur et honoré frère , l’exprCssion des sentiments affectueux avec
lesquels je suis votre reconnaissant ami.
. P. C.
,.i;.
.'1 ,1
1. 'Ili/
•qd ,,,c;
______
j->, içSfi.îj.'''
Üouüellee reltgteueea
ne ut 1)
Nous tirons des Blätter aus Spanien do
M. Fliedner, journal mensuel, les quelques détails qui suivent sur l’Eglise évangélique de ce pays.
L’œuvre en Espagne, nous est-il dit,
quoique provoquée par le besoin intérieur
d’une partie du peuple, est cependant
dans son essence une œuvre missionnaire
entretenue par des égiises et des comités
étrangers. Les égiises presbytériennes d’Ecosse et d’Irlande y prennent une part
vive et prépondérante. Leurs agents, persuadés d’avanccw que la confession de foi
et le catéchisme de Westminster avec une
constitution strictement presbytérienne,
sont les formes de la doctrine et de la
vie chrétienne qui répondent le mieux à
la parole de Dieu, ont montré, dès le commencement, la tendance évidente d’imprimer le carattère de leurs églises à
l’œuvre espagnole. — C’est pour cela que
des confessions de foi furent sitôt rédigées
ou plutôt traduites de celles des églises
presbytériennes d’Irlande et d’Ecosse. —
C’est pourquoi aussi l’on proposa au dernier Synode, d’adopter la traduction du
petit catéchisme de Westminster comme
confession de foi de l’Eglise d’Espagne.
— Mais la vie indépendante de la petite
église a réagi contre cette tendance. La
confession de foi a été essentiellement
modifiée l’année dernière, on a procédé
avec plus de prudence dans la nomination d’anciens et on a renvoyé à plus
tard l’acceptation du catéchisme de Westminster, auquel on a fait subir bien des
modifications dans les parties qui ont été
étudiées et discutées.
Le dernier Synode a senti le besoin dé
la constitution des églises. Celle qui avait
été adoptée, il y a deux ans, ne contenait
que les délibérations les plus indispensables. Nous donnons, dans ce qui suit,
.les points essentiels de cette nouvelle
constitution ; elle est essentiellemoot presbytérienne «t se rapproche le plus de celle
des Eglises presbytériennes d’Ecosse.
L’Eglise chrétienne d’Espagne n’a aucun autre chef que Jésus-Christ, aucune
"autre règle de la foi et de la conduite
I vit»«!
9
-257
que l’Ecriture Sainté. Elle est indépeudante de l’Etat, mais elle respecte les
autorités civiles et politiques, obéit aux
lois du pays et ne demande pour elle que
la jouissance complète de tous les droits
civils qui sont garantis par la constitution
espagnole ;
« Chaque église doit avoir, outre le pasteur’, quelques anciens qui lui servent
d’aides dans la conduite de l’ÎEglise et
quelques diacres pour l’administration des
affaires civiles...»
Quand quelqu’un veut devenir membre
de l’Eglise, il doit y être admis publiquement par les anciens', lesquels, après lui
avoir fait passer un temps d’épreuve, et
s’être persuadés de leur bonne conduite,
l’examinent et l’inscrivent comme membre, après qu’il a promis d’obéir à ses
statuts.
Les enfants des membres de l’Eglise
sont aussi membres de l’Eglise ; mais
ils ne jouissent des droits qui leur sont
dévolus, qu’après avoir été examinés
pour leur doctrine et pour leur conduite
par les anciens et après avoir fait une
confession de leur foi. — Le pasteur n’est
que le premier des anciens, comnne primus inter pares. Les anciens et les diacres
sont consacrés par l’imposition des mains;
ils sont nommés à vie au scrutin secret,
mais ils peuvent se démettre de leur charge. — Plusieurs églises s’unissent pour,
former un synode ou un presbytère auquel
appartiennent tous les pasteurs et un ancien de chaque église. Les presbytères
choisissent un président et un secrétaire
. et se réunissent au moins trois fois par
an. Il y a, chaque année, un synode général, anquel prennent part, vu te petit
nombre d’églises, tous les pasteurs et un
laïque do chaque église. — Le synode
nomme un modérateur, deux adjoints et
deux secrétaires qui forment aussi la Commission permanente d’un synode à l'autre.
Tels sont tes points principaux de la constitution. En général on peut dire que ce
sont des formes tontes préparées pour
des Eglises qui sont eu formation. Cependant il y a lieu à une ^certaine' liberté.
C’est ainsi que les Eglises évangéliques
d’Espagne célèbrent les fâtes chrétiennes,
en dehors du jour dti Seigneui;. '
JUbers
Statistique de l'instruction publique. L’annuaire de l’instruction publique du royaume
d’Italie, publié dernièrement, contient pour
'’année 1872-73 les données suivantes :
Pour l’année scolaire 1872-73 étaient
inscrits dans les universiiés royales 5614
étudiants, 1333 auditeurs: total 6947; et
dans les Universités libres de Camérino ,
de Ferrare , de Perugia et d’Urbiuo 306
étudiants ou'auditeurs; dans l’Institut des
éludes supérieures 'à Florence 214 étudiants ou auditeurs; dans l’Académie scientifique littéraire de Milan 26, à l’Ecole
d’application pour les ingénieurs à Turin
173, à l’Institut technique supérieur de
Milan 209; à l’Ecole d’application pour
les ingénieurs à' Naples 185; 'à l’Ecole normale supérieure de Pise 41 , aux Ecoles
do médecine vétérinaire de Milan, de Naples et dé Turin 295.
Dans les 79 lycées royaux du royaume
4228 élèves; dans les 104 gymnases royaux
8462 élèves, dans les écoles techniques
royales 6162 élèves.
Quant à l’instruction primaire , ont été
ouvertes l’année scolaire 1871-72 41.713
écoles élémentaires (3413 de plus que
l'année précédente), dont 2157 privées.
— Ces écoles ont été fréquentées pa'T
1.723.007 élèves (145.3-53 de plus que l’année précédente) 960.517 garçons et 762.490
filles. Le nombre des maîtres et des maîtresses pour toutes ces écoles s’est élev é
au chiffre énorme de 4:3423 (3102 de plus
que l’année précédente), 33.212 maîtres
et 20.211 maîtresses; 34.309 pour les
écoles publiques, et 9114 pour les écoles
privées.
Il y a encore 90 communes sans écolo
publique pour les garçons et 603 sans
école publique pour les filles. — L’annuaire ne parle pas des écoles secondaires
privées,qui seraient, d’après le journal
la Critica, vues d’assez mauvais œil en
haut lieu.
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-958.
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F*éi*I©z’-!Vranellle. Le 26 août
dernier a eu lieu dans le temple du Périer
la consécration au Saint ministère de M.
J. J’ Tron de Massel. Nous apprenons que
M. J. J' Trôn a été nommé par la Commission d’évangélisation au poste _de San
Bartolomeo in Galdo dans le Napolitain.
M. J. P. Pons qui a été nommé, le 24
août, pasteur de Périer-Maneille par 80
voix sur 111 votants, n’a pas accepté cette
vocation et retourne à son poste d’évangéliste de l’église do Venise. Des autres
31 voix, 2f) ont été données à M. Monaslier.
Rorà. — Le Conseil communal do
Rorà, dans sa séance du 5 courant, a nommé définitivement, nous assure-t-on, M.
E. Poët régent des enfants vaudois de
celte commune, èt cela contrairement aux
déclarations les plus positives qui ont été
faites à nous-méme, que cet instituteur,
déclaré par la Table et par le Synode
déchu de son droit d’être mis à la tête
d’une école vaudoise, ne serait plus maintenu à ce poste où il avait été nommé
provisoirement et en suite d’informations
incomplètes; au mépris des promesses
les plus formelles de vouloir rentrer dans
l’ordre et marcher d’accord avec le Consistoire; et surtout au mépris des principes les plus élémentaires de l’éducation
chrétienne. Nous n’avops pas oublié une
visite qui nous fut faite, le 'printemps
dernier, par uu des hommes influents de
Rorà, et l’assurance qu’il nous donna que
M. Poët, qui avait déjà entre les mains sa
lettre de démission pour la fin dè l’année
scolaire, ne serait certainement pas maintenu à ce poste ; nous avons consigné la
conversation que nous avons eue avec lui
dans une lettre au pasteur à qui nous
demandions de bien vouloir porter quelques personnes sur le régistre des membres de la paroisse et sur celui des élec' teurs; nous avons relu cette lettre dans
laquelle nous constations des sebtiments
de regret pour ce qui s’était passé, des
sentiments de repentir, de piété et de reconuaissauce pour le pasteur et envers
le Seigneur qui envoie la maladie et la
guérison, et en présence de ce qui vient
de se passer à Rorà, nous ne pouvons
nous empêcher, nous aussi, d’être saisi
d’un sentiment d’iqdignation «t en même
temps de profonde tristesse et d’humiliation. Habitué à croire à la parole de l’homme, nous n’avons pas cru à la possibilité
de ce qui vient de se passer, nous n’avons pas'même pensé 'qu’on pût jouer
gratuitement,une aussi indigne comédie.
Mais les faits sont là, ils parlent plus
haut que toutes les suppositions.
Nous espérons que la Table et le Consistoire de Rorà feront leur devoir et ne
voudront pas être les complices de ceux
qui travaillent à ruiner l’éducation et les
quelques restes de moralité dans la paroisse de Rorà.
Noussavons sous quelles influences la
délibération que nous déplorons a été
prise. Sur quinze conseillers, dix étaient
présents; où étaient les autres cinq ? Nous
ne les louons pas de leur abstention ; loin
do là, nous les considérons comme de
vrais complices; quatre se sont abstenus
ou ont voté contre, six ont nommé le
régent. Si tous avaient été présents, ils
auraient été neuf contre six. S’il est vrai
'de dire que les absents ont tort; cela est
surtout vrai dans le cas actuel; car les
conseillers absents n’ignoraieqt pas ce
dont il s’agissait, et c’est grâce à leur
négligence, pour ne pàs dire davantage,
qu’une nomination indigne dq ,nom de
vaudois a été faite. Disons le ouvertement.
M. Poët est le régent non pas des six conseillers , mais aussi de ceux qui ne sont '
pas intervenus, ou qui étant intervenues,
se sont tus et ont laissé faire, c’est-à-dire
qu’il est le régent de la population vaudoise de Rorà, à laquelle revient toute
la responsabilité. Nous ne la croyions
pas tombée si bas !
La Tour. — Les commissions administratives nommées parle Synofie sont
composées comme suit: — 1. La Table;
HU. LAHU.aET Modérateur, ^
Etienne Malin M>d. adjoint,
1. |*ieFre Migol.Secrétaire,
^^:,£lisée CosTABBL m,
i. Ant. Micoi. m. l.
11
-259
2. La Commission des hôpilaus;
MM. D. Pellegrin Syndic,
P. Lantaret Pasteur,
P. Tron Professeur,
J. Niccolini Professeur,
B. Davyt Pasteur-Emérite.
3. La Commission d’évangélisation;
MM. M. Prochet Evangéliste,
E. Coure Professeur,
A. Revel Professeur,
.Aug. Malan Evangéliste,
T. CniEsi Avocat.
Valléeîs vaudolsess. — Nous
ne sommes pas riches. Ce h’cst pas d’argent que nous voulons parler mais d’hommes. Plusieurs de nos paroisses sont on
souffrance ou ont besoin d’ôtre secourues
sans retard. C’est Périer-Maneille qui est
sans pasteur, c’est Angrogne qui est dans
la même condition, c’est Poraaret dont le
pasteur a besoin d’un repos prolongé,
c’est la Tour dont le pasteur demande un
congé dont il a aussi un besoin urgent.
Et l’évangélisation ? Comment la Commission pourra-t-elle répondre aux demandes
nombreuses d’ouvriers? Quel appel plus
pressant pourrait être fait, tout d’abord
aux étudiants qui ont fini leurs études et
qui ne se pressent pas de demander l’imposition des mains ou du moins d’entrer
dans la vie active, puis aux pasteurs et
aux instituteurs vaudois de regarder autour d’eux et de chercher des jeunes gens
propres à entrer dans la carrière du ministère évangélique, enfin aux évangélistes. Les églises' de la mission doivent
donner un contingent, chaque année,
plus considérable à l’évangélisation. Combien d’élèves envoient-elle au Collège,
combien à l’école de théologie? Voilà ,
"nous semWe-t-il, l’objet le plus digue de
la préoccupation de nos frères qui travaillent en dehors des Vallées, et particulièrement à Florence.
Chronique plitique.
La nouvelle en est des plus officielles;
Le voyage de Victor Emmanuel à Berlin
a été décidé,V en suite d’une invitation
toute spéciale de l’empereur Guillaume.
On passera à Vienne et l’on fera semblanU
de visiter l’Exposition , après quoi l’on
ira à Berlin. Encore une fois, la nouvelle
est certaine. Ce projet a passé par bien des
traverses et a balancé pendant deux mois
entre le oui et le non. L’entrevue princière de Froshdorf (a probablement fait
pencher la balance, et nous n’en cachons
pas notre vive satisfaction. C’est qu’une
menace de sainte alliance libérale pourrait
faire avorter dans l’œuf bien des noirs
petits projets cléricaux, c’est que la fusion branle au manche, c’est enfin que
des précautions, prises à temps ont quelquefois prévenu de grands malheurs.
Aussi nous paraît-il, que l’honorable général La-Marmora aurait pu trouver sans
peine une occasion meilleure de mettre
au jour son ouvrage si longtemps promis,
surlesévènemenis de 1866, qui'comprend
deux parties, l’une diplomali(jue et l’autre
militaire, et qui n’est pas précisément un
hymne à l’alliance Allemande. La première
partie en a seule paru.
Notre presse officielle se refuse à voir
dans le voyage du roi, une menace pour
qui que ce soit, mais leurs articles do fond
reviennent tous à dire que c’est là un
avertissement. Nous ne chicanerons pas
«nr les mots. La presse étrangère le prend
sur des tous naturellement fort différents.
La cloche do l’Univers sonne un mépris
magnifique pour toutes les petites combinaisons de la diplomatie. Les adorateurs
du Sacré Cœur, les pèlerins, n’ont pas
besoin de se donner tant de peine pour
voir leurs désirs accomplis, et de fait, il
est clair qu’une piété qui redresse les
boiteux, une foi qui guérit les aveugles,
n’ont pas à penser à de telles mesquinilés ;
« Laissons » s’écrie d’un air de prophète,
le rédacteur de l’article en question « laissons à d’aulres le soin de s’appuyer sur
leurs chars et de se confier en leurs chevaux ; fussions-nous seuls contre toute
l’Europe, qous savons en qui nous nous
sommes confiés ». Heureusement nous le
savons aussi.
Le journalisme libéral trouve dans ce
fait une arme puissante contre ses adversaires et insiste avec une véritable cruauté
sur le peu de fondement des hâbferios légitimistes qui nous montraient le comte de
Chambord rangeant les nations à sa politique; ils montrent l’Italie et l’Allemagne
hostiles, l’Autriche indifférente, la Russie
mal disposée, et l’Angleterre aussi ; d’autres vont plus loin , et voient dans une
restauration un véritable casus belli, pour
l’Italie et l’Allemagne, prétendant même
avoir connaissance de notes po>ilivcs à
cet égard. Il y a dans ceci un qui prn qun,
très peu involontaire probablemeul, et la
chose dans ses justes ¡¡roportions ,se réduirait à ceci. Le gouvernement italien a
demandé au gouvernement français de
reconnaître le royaume tel qu’il est défitivement constitue et M. de Broglie se serait excusé sur le caractère provisoire
du gouvernement dont il est le chef réel;
de là, le.renvoi de la (question à l’etablissement d’un régime definitif en France.
Quoi Iqu’il en soit, ce voyage a mis la
puce à Ioreille an pouvoir, et le iniuis
tre français des affaires étrangères, après
avoir, dans un discours tenu à Erreux,
12
-260
apprécié le mouvement fusionniste en
termes, peu loiiangeux, et avoir avancé
timidement que les pèlerinages allaient
peut-être un peu loin, M. de Broglie, disons-nous, s’est hâté d’envoyer M. Fournier à Rome.
Mais la fusion court bien d’autres dangers. Le Roi ne veut ni du drapeau tricolore, ni d’une constitution, ni de ceci,
ni de cela. Difficile à contenter l’enfant
du miracle, il faut que la France se donne
sans conditions, pour qu’il lui fasse l’honneur de l’accepter. Les prétentions baroques de ce personnage fout le désespoir
des monarchistes libéraux, et c’est pitié
de causer tant de peine à d’aussi braves
gens. En vain supplient-ils poûr un-petit
compromis, un pauvre petit compromis;
on donnera les .trois couleurs à l’armée
Qui ne peut partir sans elles.
Mais la maison civile de sa majesté,
conservera son chiffon blanc; on aura
une bonne et solide Chambre de hauts barons, comme en Angleterre à côté de la
quelle logera celle des Communes; en
vain rappelle-t-on Louis XVIII à sou obstiné de neveu; rien n’y fait, prières ni
supplications, raisonnements ni menaces.
Et que les scrupules-religieux ne le retiennent pas au moins ! Le pape est là
pour l’en délivrer, et c’est bien le moins
qu’il puisse faire; l’évêque Dnpanloup y
perd son latin, sa majesté ne veut entendre à fiersonne. Aussi dit-on que bien des
fusionnistes ont des idées noires qui tournent.... à la République; on y tournerait
à moins'.
Signalons pour mémoire le pèlerinage
des anglais à Paray-le-Monial et le dîner
donné par Charetle où celui-ci a rappelé
à ses ex-compagnons d’armes-que le régiment des zouaves pontificaux devait
continuer à se C(uisidérer comme organisé,
pour être prêt aü grand moment. Là dessus, entre la poire et le fromage, discours
enthousiastes sur le jour de la délivrance,
accents émus sur le trtete sort du prisonnier, et toast caractéristique d’un abl^
aux enfants des zouaves, pontificaux n^
ou à naitre. Le pape approuvera peut-être
médiocrement. que ses défenseurs renvoient la réalisation de leurs espérances,
à vingt ans d’ici, pour nous, qui n’avons
pas une foi si robuste rti la vue si longue,
— il est vrai que nous no portons pas do
lunettes , — nous répétons volontiers
après le fabuliste: '
Dans
ingt ans le roi, l'âne ou moi nous
[mourronè.
% }
Lp pape aupsi; peut-être.
Les fanfaronades cléricales n’ont pas
empêché Berlin de se mettre en fête, et
.l’inauguration du monument de la Vic,ctoirfi, :destioô,ià,éterniser'la mémoire des
hauts faits de l’armée Allemande, a été^
l’occasion de réjouissances et de félicitationa à la nation, à l’armée et aux alliés.
Eu même temps la politique d’opposition
aux ultramontains, s’accentue, et deux
éiiêques ont déjà dû comparaître en justice , et s’y sont fait condamner en contumace; si le haut clergé se révolte tout
entier contre les lois de l’état, on le punira en bloc, et si quelque évêque prétendait, à l’exemple de Mgr. Ketteler, ne
relever que du pape, le gouvernement
n’hésiterait pas, espérons-le, à le relever...
i^es fonctions.
L’*Angle.terre est loin d’avoir encore
mené àibien son différend avec les Ashantis, une peuplade courageu.se et féroce,
de la côte ^e Guinée, et le climat meurtrier de ces'contrées ne permet pas de
prédire une fin bonne et prompte de cette
guerre, en dé'pjt de l’expédition qui se
prépare. Le gouvernement de la reine a
certainement moins de difficultés à s’emparer des frégates espagnoles, mais il se
trouve probablement embarrassé de savoir que faire de ses captures; les deux
bâtiments séquestrés, l’Almansa etla-Vittoria, seront conduits à Gibraltar, où l’on
prendra le temps de statuer sur leur sort.
Le gouvernement Espagnol trouve qu’elles
sont plus eu sûreté là qu’ailleurs, et a du'
reste bien d’autres chats à fouetter. On
commençait à s’étonner do la durée du
ministère Salmerón : un mois de vie, c’est
très long____ en Espagne ; heureusement
ce noble pays vient de rentrer dans ses
habitunes. Crise sur toute la ligne. Salmerón qui a, dans le temps, fait je ne
sais <iuel discours eu faveur dé l’abolition
de la peine de mort, se trouve maintenant dans l’impossibilité de punir comme
il faudrait les intransigeants révoltés et de
rétablir la discipline dans l’armée; sa
conscience le mettant au pied du mur, il
-a donné sa démission et Castelar a prononcé, en ramassant son héritage, son
cent et unième discours silr la nécessité
d’êlm énergique.
li^ "wfflistes on? pris pour la seconde
fois Es®lails s’agitent dans plusieurs
villes, et as.siégent de nouveau Bilbao.
-A. vis.'
On demande une maîtresse pour l’Ecole
des jutes de S. Germain. — Honoraires :
Par la Table 324 francs ; par les trois
Corfimuhes de S‘ Germain, Envers-Portes
et Envers-Pniache fr. 50, avec logement.
Durée de l’école, 10,mois...
J, S’adresser à- M' MoiIastibk Pasteur. .
É. Malan Directeur-Gérant.
PignerolImpr. ChiantOre.
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