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Année Sixième.
3 Sèplembre 1880
LE T
N. 80
ÉCHO DES VALLÉES VAUDOISES
Vous Vrie È'eyes témoins
Paraissant chaque Vendredi
Actes î, 8, SuiiJant la vérité avec irt charité. Ei>i ], 15.
PRIX D'ABBONNKMENT PAR AN Italie . . .. L. 3 Tous les pays de TUnton de poste . . . > 6 Amérique ... » 9 On s'abonne i Pour Vlntérienr chez MM. les pasteurs et les libraires de Torre Pellice. Pour VEectèrieur au Bureau d* Ad- ministiation. Un ou plusieurs numéros sépa- rés, demandés avant le ti- rag‘6 10 cent, chacun. Annonces : 25 centimes par \ i gne. Le-'t envois d'argent se font par lettre recommandée ou par mandats sur le Bureau de Pe- rosa Argentina.
Pour la RÉDACTION adresser ainsi: A la Direction du Témoin, Pomaretto (Pinerolo) Itali*® Pour rADMINISTRATION adresser ainsi ; Al'Administraiion du Temoiît, Pomaretto ( Pineroio) Italie
Sonxmair*e.
Nos ancieiis Synodes. — Correspondance. — EBcoro do la Glorieuse Rcotrée.
— iVottPeiie.î religieuses et faits divers. —
Itovue polüi(]ue.
NOS miîm mam
{Voir le num. 54).
Le 19 juillet 1780 s’ouvrait
au Poraaret, avec l’assistance/ —
on ne disait plus comme autrefois
sous la présidence, — de M. l’Intendant Pagan, le 48® Synode convoqué depuis la Rentrée. Nous
aurons à parler dans notre prochain n.", de celui qui va s’ouvrir
à ' La Tour le 6 septembre courant
et il nous a paru intéressant de
rapprocher ici ces deux assemblées
tenues à un siècle d’intervalle.
Celle de 1780 se composait de
38 membres, savoir de 11 pasteurs
et de 27 députés ; les églises de
St. Jean et de St. Germain étaient
ueiiücs, comme on disait alors, et
il ne faut pas oublier que quelque fût le nombre des délégués
d’une église, ils n’avaient ensem
ble qu’un seul vote. Ce Synode
qui a duré deux jours n’a eu à'
s’occuper d’aucune question un
peu importante, ce qui n’érapêche
pas que nous rte trouvions dans
ses actes quelques faits curieux
et intéressants. A l’art. 5 on censure certains particuliers de Prarustin qui avaient recouru a^Pféfel
( c’était le titre que l’on dBnhaitAu
Juge-Mage ou président du tribunal
de la Province ), pour faire annuller
la nomination d’un ancien,|faite, dit
l’Assemblée, avec toute la régularité possible, et l’on prie ce magistrat de laisser un libre cours
à l’élection, comme l’a fait son
illustre prédécesseur dans un cas
précisément pareil, — Ce n’était
donc pas la première fois que l’on
recourait à ce que nous pourrions
nommer le bras séculier ou l’autorité civile, contre les actes réglementaires d’une autorité ecclésiastique.
Nous regrettons infiniment de
devoir ajouter, que de pareils
actes se sont répétés parmi nous
jusqu’à ce jour, à la honte de
ceux qui les commettent, quelque
2
fois aussi au grand préjudice d’une
portion de l'e'giii^ oi^ de l’eglise
entière. Pour bieftides gens qui
tiennent cependant à Stre comptés
comme Vaudois, le clioix n’est
jamais douteux, lorsque deux intérêts, ou deux devoirs se trouvent
en présence et paraissent s’exclure
l’un l’autre; c’est toujours l’intérêt religieux qui est sacrifié.
A' l’art t nous lisons celte étrange
prescription venue de , nous ne
savons trop quel pays, ou de quelle
église et qui nous paraît être demeurée lettre morte, à moins
qu’elle ne signifie autre chose que
ce' qu’elle semble indiquer « Aucun mariage ne pourra être béni
que les, contractants n’aient participé l’un et l’autre à la Sainte
Cène • • ^
Une curieuse décision est celle
qui est mentionnée à l’art. 15: «Les
propriétaires des bancs de l’église
(ceux qui les avaient fait construire à leurs frais ) pourront bien
en contracter (les vendre ) mais non
du sol où ils sont placés, lequel ne
leur appartient pas, mais à l’église
on corps, laquelle pourra^ dès qu ils
auront aliéné le bois qui est leur
seule propriété, disposer de la
place par Îe moyen de son consistoire, et aura soin de le faire
en faveur de ceux qui en auront
le plus ,besoin , sané distinction
ni de riç,hes ni de pauvres •. Môme
aujourd’hui cette règle, qui h’a
jamais été abolie et dont“la justice
est incontestable, pourra être rap.
pelée avec raison et appliquée en
plus d’un lieu et à bieii des gens
qui ,prétendent avoir hérité le
droit de s’asseoir dans nos temples
à pne .place réservée à leur famille de génération en génération.
Mais ce qui nous a particulièrement frappé dans les actes de
ce Synode de 1780, c’est le fait
mentionné à l’art 8. Deux pasteurs
M. Jacques Peyran et Paul Appia
ont été accusés, dans une dissertation manuscrite en langue latine,
d’avoir prétendu baptiser sans eau.
Ils accusent, à leur tour, d’irnpo.sture l’auteur ou les auteüfs
de la déposition que l’écrivain
anonyme allègue dans son pamphlet. Ils ne peuvent assez s'étonner qu’une pareille imputation dont
la réalité aurait soulevé toute
leur église et leur aurait infailliblement attiré une déposition ignominieuse, ait pu trouver_,^qUélque
créance. Us déclarent, et tous leurs
collègues avec eux, qu'ils regardent
t'eau élémentaire {l’élemenl de
l’eau), comme si essentielle au
baptême, que si elle manquait ,
quelques actes que l’on pratiquât
et quelques paroles que l’on prononçât, il serait absurde de qualifier uno pafeifle cérémoriie du
nom dé baptême ; de plus ils
tiennent que l'eau doit être versée
sur le corps du baptisé , et par
celui-là même qui prOnOfice les
paroles; Je te baptise ètc,.,. Ils
trouvent bien étrangè qu’on lebr
oppose le prétendü catéchiStne iblilulé « la sainte liberté de^ ehfarits de Dieu et frères dé Jésui
Christ, — oeuvre refutée par M.
Drelincourt ét que Î’od óróit être
d’un jésuitè défit on dit le nortii
Enfin l’Àssémbléé se déclare
édifiée du support qüô l’église de
Rodorët {ët Pf'alÿ), a eh pour
son pasteur, et la prié de le lui
continuer jusqU’âü procháin Synode, avec promèsSe forhaellé ué
la pourvoir àloré d’un âlilre fifi-
3
.287
nistre en émérilant le dit pasteur.
Celui-ci lie manque pas de protester
en signant les actes, qu'il n’entend
luillement accepter l’ediiéritation
aussi longtemps .qu'il sera en et,at
dq servir une église.
Corrcsponbance
JWaiismiir ic Direclew du Témoin,
Si j’avais pensé que je cimseiais un,
si grami ‘élomienienl à vol.re corresnomJatil anonynié qui a voiiiii faire la
crilique des quelques mois que j'ai
éçrils sur la Glorinm ncntrée, je n’aurais pas manqué de bien expliqi.ier que
nos pères.en renirant dan.s nos Vallées
en IGSO, ont iliarclié par la foi , et
ont agi selon les prmcipe9;(ln droil el
de la jnslice.
ils avaient été çriiellement el injiislemeni inassaçrés el expnl.-iés à câii.'ie
que, non .senlçmenl ils jirofessaienl les
principes de l’KvnrtgÎle,’mais qu’ils le#
praliquaicnl. Âucime puissance sur la
terre ne pouvait les rélabitr dans leur
pairie, et nos pères oui criéà'I’Eientcl,
à Celui qui n’a pas besoin du nombre
[tour vaincre,, qni a eiilendn leii* cri,
el à cause de rCvangile donl ils éiaieiU
les fidèles lémoins, il les a exaucés
selon ieup foi^ selon ses promessés ;
car la foi est la verlu qui saisit les
pi’Oniesses inimiiabte.s de Dieu, Ainsi
à mon avis , dan.s la gloriénse reiilrée
île nos pères, il s’agit de la revendication du droit le pins sacré, qni avait
été violé de la manière la pins cruelle
el la plus oulrageanie.
linfin je no trouve .rien dans mon
pelil éciil qui puTsse prêler le fiaiic
a la docli'iné ¡nlcrnaîc de.s jésuiles, et
je ne Iroiive pas non pins dans lajetire
anonyme Targumenl sur leqnelse fonde
rauieur pour accuser mort écrit; mais
si les jésuiles abuspul île la vérité ,
cola ne veut pas dii'e'uiie je doive la
lejeicr.
D’auive |»at'Tje dîiat Ion jours que
je crois tout, pe.qüè dd l’l'xi;i,iure par
ceqiie c’est Dieu qui le dit, et non
parce que je comprends loiil, car je
comprends imparfailernciil, je vois confusemenl comme à travers un miroir;
en sondant rEcriim e j’aperçois ses profondeurs insondable.s. Je trouve dans
TEcrilnre bien des cas. analogues P des
(Jaits de la glorieuse renl'rëe qui sont
écrits pour mon insirnetion el pou pas
afin que je les juge. Apraam iroiivanl
la famine en Canaan descendit en
ligyple, el de crainte qu’on ne le luAl à
cause de la beauté de Saraï il dit qu’elle
étajl sa sœur. Je me garderai bien de
juslifier Abraam ou de le condamner
fin que Dieu a justifié, on de penser
qu’il a mis de l’eau an mçmtin des
jésnile.=. L’Ecriture l’ciid lémoignagc
3Lie Moïse a été fidèle dans fii niaison
e Dieu , mais cela ne signifie pas qu'il
ait approuvé tous .«es actes. Je trouve
donc ilaiis la glorieuse rentrée comme
flans l'bisloire des saints de l’Ancien
et dtr Nouveau Teslamenl dont l;i foi
est célèbre, de.s iiistriicliûris el dep encourngemenls à mareber par là foi ,
mais la perfection ii’esl. qtPen Çjirisi.
A Tavenir nous serons appelés '^
vjafw jé pionde, et pré.'senlemenl pous
sommes ¡ippelés à étiidiér l'es dos,siens
pour noire propre instniclion., « Ne
jugez point afin que vous ne soyez
point jugés ».
Nous avons aussi d,e nos, jouis^ des
liommes .dont la foi" est cèiè.bre el
exemplaire, qui .saiis donle tendent A
la perfection , mais ils n’y arriveront
paÈ avant la résurréctio.n. Par la foi
Te vénérable pastçur Müfier élève des
milliers d'orplielins ne «lémandanl rien
A personne qti’:i Dieu. Par la foi l’excellenl pasleur lîosl entrelienl des cenlaiiie.s de malheureux infimies, «lemandant à Dieu qu’il ouvre les cœurs
et le.s bourses des personnes appelées
à concoui'ii" à l’erilrclieii el an développcmetil lie .son insHiution. Et enfin
pour rendre aussi témoignage ù la vérilé et gloire à Dieu , nous disons que
par la foi le gcnéi'al Beckwilb de glorieuse liiémoire, a rclbr'mé noire insIruclion publique, nous a réveillés de
notre ,tor|iciir, afin que nous ne fu.ssions pïis englonlis dans les lénèbre.s
de ce siéclej'il a piéparé la mission
4
ilalienne, il se repose mainienani de
ses travaux dans le sein de son Sauveur, et l’Eglise Vaudoise conlinue son
œuvre.
En relisant la Glorieuse Rcnlrée, je
pensais que Dieu aurait transporlé les
Alpes dans la mer plutôt que nos pères
dans nos Vallées pour continuer à faire
briller le flambeau de l’Evangile aux
portes de l’Jtalie, d’où il devait s’étendre en son temps jusqu’au de là
de l'Adriatique. Satan à voulu éteindre
,ce ñambeau , et si Dieu a permis qu’il
lut un moment éclipsé, c’êiail pour
manifester sa puissance et sa gloire
par la glorieuse rentrée. D’autre part,
il faut que l’Ecriture s’accomplisse ;
«Jean est saisi d’un grand étonnement
en voyant la prostituée montée sur la
bête enivrée du sang des saints et des
martyrs de Jésus, » (Ap. 17, 6). I! me
I larde de voir de mes yeux dans la
gloire ces témoins fidèles de l’Evangile
dont la prostituée a répandu le sang
dq sa main; de les voir, dis-je, avec
leurs robes blanchies dans le sang de
Agneau. '
Une remarque qui n’écliappe pas au
lecteur de la Glorieuse Rentrée, c’est
l’humilité du héros de la foi qui a
dirigé celte campagne, qui du commencement â la fin s’efface pour donifer à Dieu toute la gloire. Arnaud à
la brèche, Janavel à genoux dans son
cabinet de retraite et d’exil, tous les
deux avaient la conscience de leur faiblesse qui a fait leur force ; et nous
voyons réalisées en eux ces paroles du
Seigneur; « si deux d’entre-vous s’accordent sur la terre, tout ce qu’ils
demanderont leur sera donné par mon
Dère qui est aux deux » ( Matth. 18
19 J. Salomon.
Encore de la Glorieu'^e Renlrée
On le voit, la question que nous
avpns'soulevée avec ce sujet, n’est ni
sans intérêt ni sans importance ; disons de plus que c’est une question
délicate et assez compliquée, un vrai
nœud, et ce nœud nous croyons qu’il
faut, si possible , le défaire paliem
menl, et non pas le couper, même
avec des passages de l’Evangile.
A con.sidérer de plus près la chose,
il nous semble que pour juger sainement de la conduite de nos pères en
lb89, il faut examiner leur guerre défensive sons les deux aspects qu’elle
présente : d’abord chacun d’eux défendait sa propre vie menacée par des
ennemis, personnels ou non ; c’est là
le côté individuel de lachóse; ensuite
et surtout il ne faut jamais oublier
que celle poignée de soldats n’était
pas un ramassis de gens quelconque,
unis par le sort des armes ou le désir
de pillage , mais qu’ils, se battaient
pour un but commun : c’était là les
derniers débris d’un peuple, qui luttait
pour l’existence; c’est là ce que nous
pourrions appeler le côté social de
cette bute.
Considérée d’abord au point de vu'ii
indivi(iuel et réduite à sa plus simple
expressfèn , la question se résume et
se pose ainsi ; D’après la loi de Dieu
et plus précisément selon l'Evangile, le
chrétien a-t-il le droit de défendre sa
vie cl la vie des,- siens et cela même au
prix de la vie de l’ennemi ? — Nos
lecteurs nous rendront celte justice
que nous "ne cherchons pas à atténuer
les difficultés et que nous voulons la
vérité toute nue et crue ; et, en guise
d’arrhes, commençons par reconnaître
3ue certains passages de l’Evangile cités
ans sa lettre par un Vaudois du Piémont sont contre nous, si on les prend
à la lettre, selon nous cependant tel
n’esl point leur véritable sens. Dans
l’interprétation de certaines paroles de
Jésus, il ne faut pas oublier qu’il aimait parfois à donoer à ses sentences
une forme paradoxale, c’est-à-dire',
que pour mieux les graver dans la
mémoire de ses auditeurs, il exprimait
sa pensée sous une forme absolue,
d’où il faut dégager le sens spirituel.
Il serait oiseux de citer tous les passages qui sont dans ce cas; ils sont
d’ailleurs assez connus ; bornons-nous
à i’nn des plus frappants: « Celui q"i
ne hait pas son père, sa mère, etc..ne peut être mon disciple». Celte parole prise à la lettre el appliquée tejía
quello suffirait à défigurer l’Evangila
5
-289
el à compvomeUre sa cause. 11 en est
(le même du passage Mattii. v , 89,
41 et d’autres analogues, qui d’après
quelques-uns signifieraient que le chrétien doit se résoudre è subir en silence el sans bouger, toutes les avanies
el les injustices que le caprice ou la
méchanceté des hommes invenîeraient
contre lui. Mais la pratique a bien vile
raison de ces exagéralions. Est-il donc
vraiment nécessaire, pour observer le
conimandemenl de J. G., non pas selon
la lettre, mais selon l’esprit, qu’un
chrétien , pareeque chrétien, se lais.se
souffleter grossièrement pai’ le premier
venu el le remercie peui'êlre encore
pour sa peine ; faut-il donc qu’il se^
laisse dépouiller par un voisin escroc
ou un enragé plaideur? El vous-même
qui êtes vaudois de cœur et qui avez
bien raison d’être plus chrétien que
vaudois, certes vous n’ignorez pas celle
autre parole de Jésus qui fait parlie
du même passage et périme la même
vérité sous une anlre Torme ; « Donne
à celui qui le demande el ne le'détourne point de celui qui veut emprunter de loi». Irez-vous donc, en
iidèlé disciple de J. G. et pour lui obéir
ouvrir votre bourse et votre maison
h tous les mendiants et vagabonds qui
viendront y mettre le siège, vous rendrez-vous caiilion de tous les banqueroutiers et enfants prodigues ? Un tel
programme pratiiipié à la lettre par
l’ensemble des cbréliens les livrerait
pieds et poings liés aux mains des méchants qui les laisseraient et cette fois
ad lüLeram sur la paille n’ayant que des
yeux pour pleurer leur misère et nous
ne -voyons pas comment cela contribuerait à l’avancement du règne de
Dieu.
Ce que J. G. condamne dans ces
versets, c’est d’abord l’esprit de contention, de querelle, d’animosité; c’est
ensuite celle justice selon le monde ,
légale, froide, roide, impitoyable, en
un mol la justice pbarisaïque. Ce qu’il
recommande c’est l’esprit de support,
de patience, de renoncement, c’est l’amour de la paix même au prix de
quelque perle matérielle. Mais de lé à
celle absolue passivité on apathie,
qu’on nous recommande tant il y a la
même différence qu’entre la tempérance et l’abstinence, c’est-à-dire que
les vérités chrétiennes cmnme les venus
doivent se préserver de lonle exagérnlion, sous peine de perdre leur caractère, et, ajoutons, leur force.
Dans les autres passages cités le
Seigneur el ses apôtres après lui,
cornballeilt l’esprit de vengeance, le
mauvais levain de la haine, du ressenlissement qui se trahit soit par des
actions, soit simpl^ement par des paroles
menaçantes cl injurieuses; ils recommandent l’amour fraternel , la tendresse, î’biimililé. Remarquons-!e, c’est
dans le!.u’s relations avec leurs frères
en la foi, que les :lchrétiens doivent
s’inspirer de tels sentiments : point de
doute que ces mêmes vertus ne doivent les animer dans leurs rapports
avec le monde ; mais nous ne voyons
pas que ces passages condamnent la d(ifense personnelle et ordonnent au chrétien de se laisser pacifiquement égorger
par le premier venu. En effet, même
dans des circonstances moins graves,
le chrétien est tenu bien souvent de
faire respecter son droit et de s’employer énergiquemeiil pour ne pas se
laisser mettre le pied sur le cOu el à
cela c’est son caractère môme de chrétien qui l’oblige, il ne doit y apporter ni haine, ni ressentiment, contre
la personne qui lui a fait du tort; en
un mol il doit être exempt d’égoïpie,
el pour cela s’inspirer de l’esprit de
charité. Voilà ce que Jésus demande
de ses disciples et certes c’est beaucoup , c’est plus qu’il ne semble à
première vue, car c’est parfois celle
charité même , la seule loi du chrétien, qui lui fait un devoir el lui donne
par conséquent le di-oü d’exiger une
réparation et la punition du coupable.
Quant au passage Matth. xxvi, 52,
évidemment le sens littéral n’est pas
le vrai, car il y a_eii des monstres,
des tyrans qui ont répandu à flots le
sang des chrétiens , qui s’en sont
abreuvés et qui cependant, loin de
périr (Je mort violente, sont morts
tranquillement dans leur lit, témoin
Louis XIV, le roi aux dragonnades. Le
disciple qui cédant à une impétuosité
irréfléchie, lira son épée et frappa si
6
-290 —
juste et si fenile, n’élnil pas dans un
eas de défense personnelle, puisque personne ne vAulail allenle.rà sa vie; d'ail- ■
leursquand.eela.'uuail été, nous veiTons
(|ue son curartére de discipie de ,1 ésus, le
(■.aradère des ennemis et .les inotifs de
celte perséciilion lui auraient diçié line
ligne de .conduite qiu eût abonli ñ la
mori, acceptée volontjaii'euienl et sans
défense, niais cela ne sa.urait préjuger
fies cas tout différents. Knliii tirer
i'éiiée pour défendre Celui qui dans le
cours de son mirJlstère , avait donné
aux siens surioiil tant de signes sa
puissance , éudi la preuve d’une foi
d,éfaiî!anlc , .si ce, n’est mourante; de
plus c’élail de la [lai't de ce disciple
monlrer qu'il n’avait encore rien compris du plan de .t)ieu et surtout de la
nécessité de la moi'l de son Maîli'e.
Ceci nous atnèiie à étudier une seconde catégorie de passages se rappgi'ilaot ¡il désiis pris cotnme modèle
du clrrélien.
Cn uffel, on ngus oppose l’exemple
de j. C., de ses spuffrances , de sa
mori, et ,1’on gonctut,: puisque le Sauveur,,n’q pas usé de la moindre résis,lance, les cbréliens à leur tour doivent
renoncer à défendre même leur vie.
Tout d’abord, eiUandons-no.ns sur ce
mol de résistance; .«ans doute Jésus
n’a ¡pas ed é employer contre ses enneinis des prunes nifitérieUes ; sa puis- .
Svancp .cl.|a pròiecliou spéciale dont il
joujs.saii ,dp la part de sqn Î’ère le garantissaient anffisarpment conli'e leurs
entreprises, au besoin, et ce cas s’est
présenté p¡lus ,d irne fois. A iNazaretli.
il a éçbappé par la fuite à la fureur
aveugle de ses côneitoyens ; celte fuite,
sigitiilic Le besoin d’éoligpper au ,danger
de mort qui le menaçait;,mais la.fuite
n’est pas,possible *ii tous, ni toujours;
dans ce cas que faire? Quani à npus,
à supposer pour un moment que ge
moyeii naturel d’écbapper au (langer
eiil maiifiué A J. C., nous n’hésitoiis
pas .à croire qu’ii eût fait usage de
sa piiissaficê potii' se déliviau' ile ses
adversaires ; ,el .pourquoi cela ? Tout
simplement pareeque son heure n’était
• pas encore vçiiue! ICii effet c’est.cette
pcicséc qui dirige la condiiilc de Jésus
à l'égard (io sgs adversaires. .C’est par
trop naïf de nous citer la scène rapporUie par St. Jean comme prouvant
l’absence de toute rési.slancg de la
part de Jésics. 11 nous semble au coiiiraire que si ce récit prouve quebpu;
cliose, c’est que Jésus avait non .seulement la puissance mais aussi le di'oil
de résister et c’est poit.r con.vaincre
ses ennemis de cela , que par une'
simple parole (en araméen ) illes fait
tomber par terre. Pourquoi donc Jé.-uis
n’a-t-il lias usé pleinement de son di oit
et de sa puissance po.ur se débarrasser
de tous cos gens violents cl liainenx?
La réponse est très-simple ; parccqne
son lioiire était venue. Pour comprendre la vie de Jésus, n’oubüous pas
que sa mission , .son but étaient précisémenl de soaffi'ir et de mourir ,
c’est pour cela qu’il est o.xpr.essément venu , pour le sacrifice de la
croix. Jesms n’avait dope pas à défendre à ce .moment décisif nne vie
qu’il voulait (loaner pgiir le sabd de
!’Luim.anité ;*'-''’sa soumission volontaire
.è Dieu .son Père lui ôtait ce droit et
toute résistance pour' échapper à la
mort élàit moralement iinpo.ss,ib!e de
sa part car c’eût été conlredifè la volonté expresse et parl.iciiUére dç Dieu
à son égaiul.
L’élude de la vie ,de Jésus noms apprend que, autant il a montré de [lajiencc, de mapsuélude, de douceur,
à souffrir la moi;l, lorsques,on heure
fut venpe, autant il a déplo.yéjd’énergii.',
et c’était une énei;gie divine, pour
écliappor ,à ses bourreaux, aussi long.lemps que cette heure .n’avail pas sonné
pour lili.
,(á suivre J.
Marseille, 23 Aqi\t ISSO.
itf.oHSWur le Viredeur,
Une agréable noiiviîllc nous e.st parvenue naguère, de l’Italie. Une récompepsè bô'norifiqiie vient d’(ilie décernée
par S. M, le i;ôi lluinbeil à l’Eglise
réformée de Marseille, en la per.sonne
fin vénérable président du Consistoire,
M. I(i iiasigiir T. Dezier.
Les Vaiujois lésiilant ici, se rendent
parfailcment com|ile du motif cl du
7
-291^
biün-l'ondÆ de celle disüncliori, el ne
penvenl qidapplaiidir.
Sur le rapport de scs agenis consulaires, noire Augusio Sofiierain a clé
toiiclié du dévouement que les minisirés
de celle lîglisO et les hommes de bien
qui la composent, lémoignent a ses
sujets pi'olestanis , établis en grand
nombre au sein do cette florissante
ville,
lîn présence de cet acte royal nous
n’avons p’n rester indifférents, c’est
poniq'uoi une dépu talion de dix vaiidoifi s’ést présentée samedi péssé clie?,
le Consul général de S. M. le roi d'Italie, pour le prier de bién vouloir
iran'sn^'ôl'lré fi n'oire A\igviste Souverain
l’expression sincère de notre vive leconnaissance et l’assurance de notre
¡nébcanlable fidélité.
La dépïitatrori s’est e'st'fPïéè héUreuso
que celle occasion lui jièrrrtM'aussi de
présenter ScS rémefciements bidh sentis
au Consul gé'niérât MonSiOiit' le Cdminandeur Slrambio si Syrtipalbiquo aux
Vaudois, à CCÍ hOitimê qui dépuis si
longtemps honore avec «ne rare distinction le drapeau de fUalie et les
ionclions importantes dont il est revêtu. Pans sa sollioitude, vraiíOofi't pàlerhotic, il s’iniéresse iï tout cc qui
regarde le biefi-êlre dé la colonie italienne en général, et des Vaudois du
Piémont en partiOulier et il sait, an
besoin, les défendre avec énergie lorsqu’on les attaque injustement et qu’on
tes calomnie.
Piiissc-l-il longtemps encoi o OOcnper
le poste considérable que la conliance
de notre gouvernement lui a assigné
et. puisse notre Sonvehtin bien-aimé
cire partout représenté et servi paé
des hommes de celle valeur moratè
cl politique. C’est ie vœu ardent que
forment les Vaudois de Marséille.
Fr. Germanet.
ièointéilee réUjieuoée
et faits divers.
Suisse. — Le missionnaire vaudois
(du Canton de Vaud) M, Paul Berlhoud
frappé daiis sa santé et dans sa famille
( M. Berlhoud a perdu en peu de temps
sa femme et ses enfants ), ayant dû revenir an pay.s, son frère cadet , monsieur Ifenri Berlhoud, licencié en ibéologie de l'Cglise libre vaildoise, s’est
oli'erl coui'iigetisemeni pour prendre sa
place à Valdcsia ( nord*(kl Transvaal,
Afrique). Son départ doit être hâté le
plus possible, afin qii’i! puisse rejoindre
le missionnaire Creux avant la fin de
l’année, sans êire entravé par la saison des p'biics, suivie do celte des
fièvres. 11 sera consacré procbaiiioriieiu
dans ta eliapelte de l’Église libre de
lilorges , dont son propre père a été
le pasteur jusqu’à sa mort, et partira,
si pos.sible, avant la fin de septembre.
Tous les amis des mi.ssions et de la
mission vaiuloise en particulier, .'é feront un doux devoir de l’accompagriei'
do leurs pi'ières.
Le Journal de Genève en annonçant que quarante peisonncs de Berne
èont pafiies pour les lilàls-Unis, fait
suivre cette annonce du récit d’une
autre émigration (celle-ci pour l’Auslralie), qu’il ne sera pas hors de place
de mettre sous les yeux de nos lecteurs,: poHjv qu’à leur tour, ils le conir
muniquenl à ces gens tout autres que
rares dans nos Vallées, qui se figurent
qu’il n’y a qu’à émigrer, et même le
plus loin possible, pour en avoir fini
avec les dilïîciillés de la vie.
« Il résulte dés renseignemenls purvenus aint Autorités, que 82 émigrants
sont arrivés en Australie et ont été
installés 62 à Liki-Liki et 47 à l.aughlin. Des maladies n’ont pas lardé à
sévir dans la première dè ces stations,
et au prix des plus grands efforts, on
a pu obtenir des secours des îles voisines et emmener 41 colons, Pliisieius
de ceux qui ont été laissés sont morís;
9 de ceux qui ont été emmenés ont
succombé. Les souffrances qu’ont eu à
supporter tous ces malheureux sont
horribles. Pendant le trajet sur ruer
les vivres ont manqué; plusieurs émigranls sonl morts, d’autres ont cberclié
à gagner les côtes d’une île ; un seul
Survécut à l’expédition. Les colons de
la sialioii de Làughlin h’oni pas été
plus heureux; 5 sont morts; les autres
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iuiraienl égaienienl succombé sans les
missionnaires qui les on!, secourus ».
France. — L-e 28 dernier à M li.
(Iti malin, en présence d’une foule
nombreuse, et parmi laquelle on dis(inguait, assis sur des sièges parliculiérs, un évêfjjuKf anglican et le chapelain tnême de la Reine, l’e.': père
liyacinlhe bénissait le mariage de
M'baîné, prêlre démissionnaire, dont le
mariage civil s’élail accompli au préalable à la mairie de son quartier.
— Depuis de longues années, il était
d’usage, en France, que le ministère
des cultes proposât aux chambres une
augmenlaiioii de crédit spécialement
affectée à la création éventuelle de
nouvelles places de pasteurs, pendant
l’année.
Or cette allocation a disparu du budget' pour 1881. De là grande émotion
parmi ceux que préoccupe l’avenir de
l’Eglise réformée unie à l’Elal, et,
comme conséquence, pétition aux deux
Chambres, pour la quelle on réclame
le plus grand nombre possible de signatures. Quelque acte de bonne et
généreuse libéralité de la part d’un
certain nombre de membres riches de
cette Eglise qui n’en compte pas mal,
ne remédierait-il pas beaucoup plus
sûrement et plus efïicacément à ce déficit ?
Syrie. — D’après un correspondant
du Signal le protestantisme aurait fait,
ces dernières années, des progrès considérables , en Syrie, soit dans les
villes du littoral, soit dans la région
du Liban. Des établissements protestants de toute sorte se fondent cl répandent avec rinsiruclion, les vérités
du pur christianisme. Les progrès en
sont si éclatants , assure le correspondant sus mentionné ( peut-être avec
un peu d’exagération), qu’on peut prévoir déjà , qu’avant un demi ^siècle ces
vérités auront conquis les m“asses.
îJetïuc pUtii|Ui
JUatie. ~ Le roi Humbert s’est
rendu à Biella où il a logé dans le
château du député Sella. Partout il a
reçu l’accueil le plus cordial et’les
ovations les plus enlbonsiastes. Il a
assisté de là à l’inauguration du monument élevé à la mémoire de P. Micca
à Sagtiano. Malheureusement le temps
n’a pas toujours favorisé ces fêtes patriotiques. A Naples des désordres
assez graves ont eu lieu à l'occasion
des élections administratives. On accuse
l’autorité politique, de ne pas les avoir
prévenus et d’avoir laissé violer la liberté de réunion par la police. Une
enquête fera connaître jusqu’à quel
point il est vrai que le préfet Fasciolli
a favorisé le parti de Sandonalo. —
Le résultat des élections est du reste
tel que le désirait le parti de l’ordre
et de la liberté. Sa liste l’emporte sur
celle des partisans de Sandonato de
plus de 4000 voix. L’administration
dn comte Giusso est ainsi devenue
possible. Les ministres sont presque
tous à Rome où ils doivent s’être
réunis en conseil, soit pour les fails
de Naples, soit pour la question du
dazio consumo, comme aussi pour
d’autres questions de politique internationale, celle d’Orient et celle de
Tunis.
JPvanoe. — Le terme extrême accordé aux jésuites pour fermer leurs
maisons a expiré à la fin d’août. Dans
la plupart des cas ils ont été remplacés
par des laïques ou par des écclésiastiques aussi cléricaux les uns que les
autres.
Angtetevre. — Lord Gladslonc
est rétabli ; mais on assure qu’il ne
sera plus en état de faire des discoui's
de longue haleine.
AiMetnagwte. — Un parti national
libéral s’est formé pour soutenir les
libertés politiques et commerciales en
opposition à la prétendue réaction et
au proleclionisme du Grand Chancelier.
Monsieur W. Meille nous prie d’annoncer que pendant la semaine du Synode, on pourra lui remettre à La Tour
les objets que l’on destine au grand
bazar d’Edimbourg.
Ernest Robert, Gérant et Administrateur
Pigaerol, lmp. Ghianlore et Mascarelli.