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Art/entina. ; i
Pour U K'adrespei*
ainsi: A laPirection dii Tetnoi'»<i
Pomarctto (Pliierolo) Italic.
Poor rADMllilSTlUL'^ION atlresvflyainsl: A l’AdminJf?tration du
Temoifi^ Pon>arets.f> Pinerolo)
Ilaiio.
ÊCH0 DES VALLEES VAUDOISES
, Paraissant chaque Vendredi
Voits' #H<i ierez iviwinai. Actes 1 > 8.
A’isîfifmi la areti la ch'Jt'fiè. JSph. îv, 15,
?!^ommaiA*e
!.. ■'
18 octobre 1685 - 18 octobre 1885. — Le
Comte (le Shaftè.sbury. — La vieilis Ntholo
[LéribéL '^'üiie petîtereclificàtioii. — Pour
firocisloH. Chroniqm •umdoke._^\:
■'Pé'ilïles,:^^^—7tisp«c ptdMitlUe, A'vis.
lO Ootolïre
18 octobre (688 ~ 18 octobre 1888
■■ y,V±S£'SSSS? ' .,• •■'Il
* Le 13 avril i 598 Henri de Navarre,
devenu Henri IV Roi de France,
signait l’Edit dê Nantes, accordant
aux réformés pleine et entière
liberté dé conscience et liberté de
culte 'presque complète. C'était
l’édit d’un roi, jadis protestant,
devenu catholique ’•uniquement
parce que « Paris valait bien une
messeip d’un roi qui, au müi
de ses nombreux dérèglementl
n’avait pas perdu le sens Mé^ 1'
quité, et qtii‘désirait, par dessu%
tout, rendre à s||p royaume la
paix, si longtemps troublée par
les guerres* de religion. On peut
s’imaginer avec quelle joie cet
édit fut accueilli par les protestants, qui « avaient rais 40 ans à
le conquérir par le martyre, 30
ans par. les armes, et auxquels on
a, calculé*|qu’,ü .ccrûtaii. près
600.000 vins» C^). Et cette joie ne
devait plus leur ôtreiôtée , car,eet
acte juste et bienfaisant fut revêtu ,
du grand sceau de cire verte, •
que l'on n'apposait qu’aux édits j
perpétuels et irrévocables.
Quatre-vingt-sept ans après,
le 18 octobre 1685, le petit fils
d’Henri IV, Louis le Grand, grand
surtout par son orgueil %t par ses
débauches, dans .le but, san.s
doute , d’expier ses péchés en assurant le triomphe de l’Eglise
Romaine, émanait un décret connu
us le nom de « Révocation de
dit de Nantes ». En voici les
spositions principales : Suppression de toutes les libertés de conscience et de culte accordées aux
Huguenots — démolition immédiate de tous leurs temples
■Ci
(') Cbristianismo au SIX* siècle. N. ilu l'ootobi'c.
2
____330
défense de s’assembler où que ce
soit pour s’y livrer à n’importe
quel exercice religieux, sous peine
de confiscation de corps et de biens
— ordre aux ministres qu^pe
veulent pas abjurer de sortir du
royaume au terme de quinze jours
après la publication de l’édit, et
défense d’accomplir pendant ces
quinze jours aucun acte de leur
ministère, sous peine des galères
— clôture de toutes les écoles
réformées — injonction aux parents d’envoyer leurs nouvean-nés
à l’Eglise, pour y être baptisés
par ses prêtres et de les élever
dans la foi catholique, etinvitation
aux magistrats à prêter main forte
— ordre aux exilés volontaires
de rentrer en France dans l’espace
de quatre mois, sous peine de la
confiscation de leurs biens défense à tout sujet réformé d’abandonner le royaume, sous peine de
la galère pour les hommes et, pour
les femmes, de la confiscation de
corps et de biens — faculté faite
aux réformés de demeurer dans
les villes et de s’y livrer à leur
commerce, sans être inquiétés à
cause de leur religion, à condition
«de n'y point faire d'exercice, ni
de s'assembler sous prétexte de
prières ou de culte de la dite religion »,
Voilà l’Edit: et ses conséquences? Des temples tombanfen ruine;
des bûchers enveloppant de leurs
flammes les ministres qui n'avaient
pasvoulu abandonnérleurs églises;
les galères du roi se peuplant des
plus nobles des hommes qui s’y
trouvaient mêlés au dernier rebut
de la société, des assemblées, re
cueillies au désert, surprises' et
taillées en pièces par les dragons
de Sa Majesté; des enfants enlevés
à leurs pères et mères , et apprenant, dans les couvents, à maudire
la religion et même la personne
de ceux auxquels ils devaient la
vie; des femmes enfermées dans
des donjons perdus,* et soumises
à toutes les privations, à toutes
les souffrances de corps et d’esprit
qu’il est possible d’imaginer; des
familles sans nombre rejetant loin
d’elles ce misérable droit, qui
leur avait été concédé, de rester
dans la patrie à condition de
mettre leur lumière sous le boisseau, et bravant la mort pour
atteindre les peines et souvent le
dénûment absolu de l’exil. Elle est
parvenue jusqu’à nous, il nous
serçble l’entendre, entrecoupée 4»
sanglots, celte plainte des persécutés : *.
Nos filles dans les monastères.
Nos prisonniers dans les cacliols,
Nos martyrs dont le sang se répand à grands
[ Ilots,
Nos confesseurs sur les galères.
Nos malades persécutez,
Nos mourants exposez à plus d’une furie.
Nos morts traînez à la voicrie
Te disent nos calamitez.
Il y aura deux cents ans, le 18
octobre, que la révocation de
•l’Edit de Nantes fut promulguée,
et il est naturel, qu’au sein des
Eaüses réformées de France cette
jff’^oit rappelée, et qu'ell^y
•^l%bjet des préoccupations ms
et les plus sérieuses.
Quelle occasion plus propice en
effet, pouvait s’offrir à nos frères,
de rechercher la source, d'où jaillit
la vertu puissante qui soutint leurs
3
----33L
ancêtres à travers l'épreuve du fer
et du feu, et les rendit plus que
vainqueurs — et de s’en approcher
eux-mêmes pour y boire à longs
traits! Quelle occasion plus favorable aussi de reconnaître les délivrances accordées par Dieu aux
enfants, en récompense de la fidélité des pères, et de s’en réjouir
avec toute espèce d’actions de
grâce! ‘
Et nous, non plus , nous ne pouvons pas laisser passer cette date
inaperçue. Nous aussi nous voulons
célébrer ce centenaire, et donner,
par là, à nos frères de France une
preuve nouvelle de l’affection vive
et profonde que notre Eglise a
toujours eu pour ses sœurs de
foi et de souffrance. Commentée
qui les émeut ne nous toucheraitil pas? Et puis, n’avons-nous pas
été"frappés nous-mêmes, les tout
premiers par cet Edit de révoca1 tion? Cette riante rive gauche du
‘ Cluson qui s'étend de la Pérouse
à Pignerol et tout ce val Pragela,
ils étaient à nous. Qui nous les a
I enlevés, qui y» a détruit nos tem' pies, persécutant sans pitié ceux
de nos pères qui ne voulurent pas
abjurer, donnant leurs biens à
d’autres, les condamnant à l’exil,
à la prison et à la mort? 0*01 a
effacé dans ces lieux toute trace
de la foi évangélique,? N'est-ce
pas Louis XIV, ses missionnaires
et|ses dragons ? Et n'est-ce pas ce
roi qui est l’auteur véritable,de
l'horrible persécution qui ravagea
les vallées de Saint Martin et'de
Luserne en l’année 1686? Si l'on
en doute, que, l’on lise les instructions envoyées par Sa Majesté ca
tholique à son ambassadeur à la
cour de Turin : « Vous devez lui
(au duc de Savoie) représenter
fortement que tous les ménagements qu'on aurait pour ces genslà ne serviraient qu’à les rendre
plus opiniâtres. Il doit, tout d’un
coup , leur retirer les grâces et les
permissions qui ont été octroyées
par ses prédécesseurs; ordonner
la démolition de leurs temples,
leur défendre aucun exercice de
religion, et, dans le même temps,
charger du logement de sestroupes
ceux qui seront les plus opiniâtres,... et il réussira d’autant plus
facilement par cette fermeté de
conduite, que ces misérables n’espéreront aucun secours, et que
quand même ils pourraient résister
aux forces du duc, ils jugeront
bien qu’il sera toujours appuyé
des miennes , pour l’exécution de
ce dessein ».
C’est donc nous tout aussi bien
que nos frères de France, qui
avons le droit et le devoir de célébrer ce centenaire. Unis de cœur
et d’esprit avec eux« nous ne ferons
pas de ce jour un jour de récriminations. En le faisant, nous sortirions de nos principes, de nos
traditions , de notre tempérament
religieux. Nous n’avons dans le
cœur aucun ressentiment. Nous ne
gardons de cë passé terrible et
sanglant qu’une immense reconnaissance, envers Dieu qui nous a
■ amenés des jours meilleurs et en’^era,notre généreuse patrie qui a
^fioblement réparé ces grandes injustices. Nous ferons de cet anniversaire un suj et d’actions de grâce.
Nous parlerons du passé pour
4
relever les consolations de l’heure
présente. Nous rappellerons les
persécutions anciennes pour mieux
apprécier les bienfaits de la liberté.
Nous, en ferons aussi un jour d’humiliation, En comparant notre foi
,si peu sûre d’elle-mèrae à la foi
si ferme de nos ayeux, notre mollesse religieuse à leur zèle si fervent, nos complaisances pour les
péchés de notre,temps à leur
grande vigueur morale, nous, ¡demanderons,,à Dieu de ramener
le cœur des pères dans les enfants». (*)
Qu’ilnous soitperrais d’ajouter...
et nous demanderons à, Dieu qu’il
répare les brèches que l’eunemi
a faites à sa, sainte Sion;, qu’il
ramène ceux qui se sont égarés
et qui autrefois étaient des nôtres ;
qu’il replace le chandelier de
rEvangile là où il brillait jadis;
et que le Roi tout puissant nous
rende ce qu’un grand roi de; cette
terre nous a ôté; mais qui ne
sera jamais considéré par nous
coróme irrémissiblement perdu 1
iH.^ M.
('; A. Gout dans le « Christianisme aü XIX*
siècle ». N. du 1' octobre.
Le Ce mie de Shttflesbu ry
Les journaux racontent que la première demande des voyageurs, en débarquant, Jeudi dernifu-du bateau de
Foikesione, était: « Comment va Lord
Shafle.sbury ? » C’éibit'la demande que
l’on se faisait ce jour-lâ d’un bout à
l’autre du Iloyaume-üni, et la réponse
était malheureusement telle quaila
faisait prévoir le grand âge et la longue
maladie de cé noble philanthrope chrétien ; il se mouratt, sans agonie,
entouré des siens, pour chacun des
quels il avait un mot affeclueux,
à deux heures de l’après midi, sojj
âme s’envolait vers ce Sauveur qu’*'
avait si fidèlement et si activement
servi.
En Lord Shaftesbury l’Anglelerr®
perd le plus grand dé ses eiloyenS)
le plus noble de ses enfants, car bien
qu’il n’ait Jamais pris une part pro^
mineóte au gouvernement de l’Empii’*’
britannique, on peut bien'dire qt"3
nul homme n’a contribué autant qu®
lui à faire l’Angleterre ce qu’elle
est actuellement.
Né le 28 avril 1801, d’une nobl®
et puissante famille, il entra, à l’âg®
de 25 ans, à la Chambre des GoramuneSt
sous le norn dç Lord Ashley, et en
1851, à la mort de son père, il
prit le titre et le siège dans la Chambre
des Lords. J1 n’occupa dans deux d'
trois ministères que des postes d®
second ordre et pour peu de tempSi
refusant en fin d’en faire partie pour
travailler d’une manière indépendant®
au bien des classes déshéritées de Son
pays- , ■ - : !i) ■:ii ) ' ' ‘
Lorsqu’il entra dans la vie publique,
la grande agitation produite -,par
Wilberforce pour l’aifranohissetneDf
des noirs tirait à sa fin. Le jeune lord
Ashley, put encore aider, au triompbA
définHil de cette noble cause; mais
il s’aperçut bientôt qu’il y avait, dans
Je paÿS-même, des millions d’oüvriers
de, race iblanche dont le sort était
peut-être plus digue encore de piii®
que celui des nègres. C’était les ouvriers des manufactures astreints pour
un salaire insuffisant, à un travail supérieur aux lorces humaines, c’étaient
de faibles femmes , de pauvres enfants
sur),6ut, obligés dès l’âge de cinq ou
six ans, à seize et dix-huit heures
de travail par jour, et mourant par
centaines, à cause de l’excès de fatigue,
de l’insuffisance de nourriture, et de
l’insalubrité des fabriques ,et des habitations. Encore ceux qui mouraient
étaient-ils, les plus heureux ; car efl
faisant, en, personne, iune rigoureuse
épquête sur leur, condition, le* cœur
de lord Ashley s’émut ,d’une pitié pro-;
fonde à la vue decentaines eide milliers
de pauvres êtres rachitiques, malin-
5
, 333 ~
gres, souffrant de toute espèce de maux
et obligés de continuer quand même
leur rude labeur, aussi longtemps
qu’il leur restait un souffle de vie.
Ce que Wilberforce avait l'ait pour
les esclaves nègres , Lord ; Ashley le
fit pour les esclaves blancs. La: lutte
fut longue: .commencée en 1830, elle
dui'a jusqu’en 1853. Le terrain fut
disputé pas à pas; mais chaque nouvel
avaiitage était pour le noble lord et
ses, amis un nouveau point de départ
pour en. obtenir de plus grands. L’on
commença à défendre d’employer dans
lès manufactures des enfants de moins
de neuf ans, et de faire travailler
plus de 48 heures par semaine ceux
qui n’avaient pas treize ans révolus.
Plus tard on limita à six heures et
demie, par jour, le travail des ouvriers
de moins de dix-huit ans, et Pon
obligea les maîtres des fabriques à
ouvrir pour eux des écoles spéciales
et à les y envoyer au moins deux heures
par jour, Des" lois non moins sages et
iiumaines réglèrent aussi lei:travail
des femmes; enfin em 1853 les limites
extrêmes,du travail dcis enfants furent
fixées entre dix heures du matin et
six heures du soir, avec repos obligatoîfèl
Lord Ashley ne, tarda pas à s’aperçeypîr qu’il y avait des ouvriers malheiireiix ailleurs que dans les grandes
manufactures de coton. Il recommença
ses courses, ses enquêtes, ses travaux,
Il déscendit, en personne, dans des
ceiitaînés de mines de charbon, et y
découvrit ce que l’on peut bien appeler de révoltantes iniquités. Les
travailleurs y étaient le plus souvent
dans l’eau jusqu’aux g^oux, tandis
que de la voûte ruisselait sur eux
une pluie continuelle. Ici aussi le
!p,l le plus rude était celui de la femme
et do l’enfant, i J’ai trouvé, écrit-il,
une petite fille de six ans qui portail
quatorze fois par jour, 28 livres de
rmarbon à une hauteur pour le moins
égitle à celle de la coupole de Saint
Paúl ». Au travail excessif, s’iÿotttaient
dans les profondeurs de la mine, des
immoralités telles, que lord Ashley reconnüt la .nécessi té absolue de défendre
avix femmes de descendre dans les
mines à l’avenir. C’est maintenant la
loi; mais que d’efforts ne'fâllut-il
pas avant qu’on pût. portèr dans ces
ténébreuses profondeurs les réformes
les plus élémentaires.
La victoire une fois obtenue sur ces
deux grands champs de bataille, lord
Ashley, devenu maintenant comte de
Shaftesbury, s’attaqua à ce géant
monstrueiix qui s’appelle Londres. Il
en visita les quartiers les plus mal
famés, en sonda toutes les misères,
uniques au monde, rassembla de nouveau avec son énergie infatigable,
des documents, des statistiques, des
faits navrants, et mettant toutes choses au grand jour, réclama à. grands
cris un remède. La législation fit ce
qu’elle puti en s’occupant d’assainir
la grande ville, en facilitant l’émigration ; mais lordShaftesbury indiqua
aux chrétiens anglais le vrai remede
en fondant ces admirables EcoUs déguenillées (Ragged-SchooU), àiiXii il
oenieura jusqu’à la fin de sa vie l’infatigable patron. Nous avons entendu
évaluer à plus de 300,000 le no'mbre
des jeunes gens ‘des deux.sexes qui
ont élé^ de cette manière, arrachés au
vice, à la raisèi'e, à la prison, pour
devenir des ouvriei*snliles,.des marins
courageux, de fidèles domestiques,
de bonnes mères de famille.
Il faudrait trop de^place pour raconter, même très-brièvement, toutes
les entreprises philarilhropigues auxquelles lord Shaftesbury a mis la main
dans sa longue et utile carrière. La
seule énumération des Sociétés religieuses ou de bienfaisance dünt il
était président ou vice-président remplirait plus d’une colonne de nbtre
modeste journal. Ët parmi toutes cés
entreprises il n*en est pas une qui
n’ait été commencée et poursuivie par
pur amour du bien; pas une qui
ne soit conduite avec cet esprit pratique qui distingue les Anglais, pas une
qui n’ait'donné des'fruits excéllenls.
Même les grands 'manufacturieTs du
Lancashire qui voyaient, lont d’abord,
leuriruine dans les réformes réclamées
par lord Ashley, venaient ensuite lui
serrer la main et le remercier, car
tout en servant la cause de l’huma-
6
nité, il avait contribué à assurer à
son pays celle supériorité indnstrieiie,
qui provient d’un travail intelligent
et fait avec joie, par des ouvriers
contents de Îeur sort.
Et quel est le secret de celte longue
et utile carrière ? Ce secret c’est
TEvangile. Lord Ashiey avait, de bonne
heure, donné son cœur au Seigneur
et s’élail consacré corps et âme à le
servir dans la personne des pauvres.
Il était un de ces rares serviteurs auxquels le maître a accordé plusieurs
talents: position, fortune, capacités
variées et surtout la foi. De ces f cinq
talents d il a su faire le plus noble
usage. A un cœm- ardent de charité,
il unissait une forte intelligence
capable de concevoir les projets les
plus vastes, un tact pratique dont
on a peu d’exemples, même en Angleterre, et surtout une infatigable
activité. Peu d’hommes ont travaillé
autant que cet homme, auquel des
millions de ses semblables doivent de
jouir d’un peu de repos, après les
labeurs du jour. Car, comme on se
tourne vers le soleil pour avoir de
la lumière et de la chaleur, ou comme
l’on va à la rivière pour avoir de
l’eau; ainsi depuis cinquante ans on
s’était habitué, en Angleterre, à regarder à lord Shaftesbury toutes les fois
qu’il s’agissait d’une entreprise quelconque pour le relèvement des pauvres, ou le redressement de quelque
abus. Ses conseils, son appui, son
argent, son temps et ses forces, il ne
refusait jamais rien de tout cela aune
bonne oeuvre. Les dernières semaines
de sa vie furent occupées à distribuer,
entre différentes œuvres charitables,
une somme de 50000 livres sterling
(1 million et \\4 de francs) qui lui
avaient été légués dans ce but.
Nous n’avons eu le plaisir de le
voir qu’une fois. C’était le (i mai
dernier, au grand meeting"annue! de
la Société Biblique Britannique et
étrangère, dont il ôtait le president
depuis plus d’un quart de siècle.
Depuis douze mois, les médecins lui
défendaient de présider un meeting
quelconque; il avait enfreint leurs
ordres pouf présider, une fois encore,
cette Société à laquelle il portait par
dessus tout autre, un si vif intérêt.
Nous n’oublierons jamais avec quelle
émotion profonde nous vîmes ce grand
vieillard austère prendre place au fauteuil de la présidence. A sa vue, l’Assemblée tout entière se leva, comme
mue par une force irrésistible, et ce
témoignage insolite de vénération le
toucha au cœur. Il ne devait pas
parler, sa présence seule valait tous
les discours; mais i! ne put pas se
taire. Sa voix, d’abord faible, s’anima
et devint éclatante comme une trompette. C’est que ce discours, le dernier qu’il prononça peut-être, était
un véritable chant de triomphe. Avec
la certitude de la foi et l’accent d’un
prophète, il prédisait le triomphe final
de l’Evangile, et exhortait cette vaste
assemblée qui renfermait l’élite de la
Chrétienté anglaise à redoubler d’efforts pour porter l’Evangile aux classes
déshéritées, car jamais il n’avait vu
chez le peuple im si vif désir de
connnaître la vérité.
«Pour moi, dit-il en terminant,
tout ce que je demande au Seigneur,
c’est de mourir sous les harnais, »
(to die in harness). Son souhait a été
exaucé. Il n’a pas cessé un jour de
travailler au. bien de ses semblables^.
Sur son lit de mort, il dictait encore
des lettres....
Maintenant, le grand athlète est
entré dans son repos, laissant an
monde chrétien le noble exemple d’une
vie toute en! i ère consacrée au service
du Seigneur. AuG. Meille.
La vieille Nlhoto (Léribé).
Nous nous permettons d’extraire
d’une^ lettre privée de M. Weitzecker,
les détails qui suivent:
«.... Au reste, il faut bien le dire,
pour tout ce qui est de blessure.s,
jîlaîes etc, les noirs .se remettent avec
une facilité étonnante et supportent
le mal admirablement. Ils doivent
avoir pour cela des nerfs beaucoup
moins sensibles que nous autres blancs.
Au contraire, quand il s’agit de ma-
7
,335,...
ladies, ils se croient tout de suite en
danger et j’ai dû arrêter les demandes
continuelles que l’on me faisait de
remèdes, pour le moindre rhume, en
faisant payer quelque petite chose
pour les médecines, ce qui cependant
comporte de nombreuses exceptions.
« Comme résultat spirituel des soins
donnés au corps, je n’ai jusqu’ici à
constater, d’une manière positive,
qu’une seule conversion. C’est celle
d’une vieille çaïenne qui, dans sa
jeunesse, a été la bonne de Madame
Mabille. Quand je vis, pour la première Ibis, celte femme, il y a un an
et demi environ, c’était encore une
païenne de la plus belle eau -, et dans
ses peaux graissées et ocrées, pour
tout vêtement, avec ses bras et sa
poitrine couverts d’ulcères et sa bouche qui en était attaquée au point
qu’il n’en sortait plus qu’un minco
filet de voix, elle offrait un aspect
passablement repoussant. J’entrepris
de la traiter aji moyen d’un dépuratif
du sang. Peu de mois plus tard, elle
était guérie. Il paraît que cette délivrance inespérée a touché son cœur,
car elle s’est mise à venir à l’église,
puis à s’habiller à la chrétienne, puis
a apprendre à lire, et maintenant
elle est des plus assidues au culte;
l’expression de son visage est devenue
tout autre et nous nous attendons,
d’un jour à l’autre à ce que la vieille
Nthoio fasse sa demande d’admission
dans la classe des „catéchumênès.
« Nous avons eu quelques autres
conversions, cesderniers temps encore,
qui m’ont bien encouragé. Evidemment
l’Esprit de Dieu travaille, malgré la
faiblesse de ses instruments. Mais je
puis vous dire que c’est une rude et
humiliante école que la vie missionnaire. On y apprend à se trouver si
peu charitable, si peu dévoué au Seigneur et si peu « ami des pécheurs »,
que souvent le découragement est
tout près d'avoir le dessus.
Que nos amis, nos frères, nos soeurs
des Vallées ne se lassent pas de prier
pour nous, car nous en avons grand
besoin...»
UNE PETITE RECTIFICATION
Cher Rédacteur,
Des amis m’apprennent que quelques-uns de nos collègues, parlant
par la bouche de la Commission d’examen de la gestion de la Table et
du Conseil de théologie, auraient
interprété ma proposition relative lî
rUnion des Eglises de façon à la croii'e
en désaccord avec mes précédentes et
immuables convictions sur ce grave
sujet. Leur soupçon est tout gratuit.
Ma proposition concluant à l’appel
aux Eglises particulièrement intéressées est, à mon avis, et à celui d’un
grand nombre, le moyen le plus sûr
d’arriver à une solution conforme à
ma manière de voir. Je m’étonne qu’on
ait pu s’y méprendrè.
Dév.
Em. Gomba.
Pour plus de précision
M. le pasteur Ribet, répondant aux
remarques dont nous avons accompagné sa lettre insérée dans le dernier
numéro, nous fait observer que le
Comité d’Ëvangélîsalion a essayé, avec
lui, de « la voie amicale» postérieurement à la décision qui le transférait
de Rome à Palerme. Nous prenons
acte de ce fait et déclarons clos l’incident. n. B.
dxroiii(|uc ®auboÌ0c
Compte-Rendu du Synode. — Celte.
brochure de 59 pages vient de paraître, Une lecture rapide nous a
convaincus que les discussions du ^ ♦
dernier Synode y sont fidèlement résumées. Le Bureau a, comme l’année
dernière, publié, à l’Appendice, avec
les discours des délégués étrangers,
les lettres qu'il était chargé d’écrire.
Nous avons quelques doutes sur la
convenance et la nécessité de publie»'
8
.33«
loutes ces leUi’es ; d’autaat plus que,
souvent, là lâ'ehô du Buréau s6 limite
à donner communication officielle d’un
acte déjà inséré dans le compte-rendu.
11 nous semble qu’il suffirait de publier
les pluS jirapôi’lantes. Nous avons remarqu4 ,celle qui est adressée au
Président (de l’Âssembrôe générale de
l’Eglise;libre italienne qui s’èst ouverte, a Florence, mardi dernier."
Le nioment où un Jacob s’écrie,
resserré qu’il est dans‘lés bornes
étroites de son plan personnel : «Toutes
ces choses sont contre moi », est celui
où toutes choses, s’arrangent j dans le
plan étendu et prévoyant du Seigneur,
pour lui préparer la plus grande joie
peut-être qui ait jamais fait battre le
cœur d’uB'père.-'ï
L’heure de la croix, heure de bouleversement, de confusion et de ténèbres , dans la région des plans
humains, est, dans la région du plan
divin, jPheure : de l'ordre; de l’hayrnonie et,de ta délivrance: « Tout est
accompli »V ■' ■ r,
Le choléra cohtiriqé â faire quelques
victimes ; chaque jour, dans rEmjjie .
et daùs quelques provinces de la Lpipbardîe et de’ la Vénitie; il diminué
gradüellément à Palerme, où l’on. ,,,
espéré én'être délivré vers là Tin du.
foois. ,
ffanc'è.-^Les deux partis,, celui
de , la république et celui de la rofinai’chie Se préparent à la liitte pour
dirpanche procliain, jour fixé pour
les^ baUot'tàges,
Qnemion' L’pn
craint toujours plus que la question
de ,1a Roumélié ne puisse se décider,
que par fa'force. La Grèce, le Mon- ,
ténègrc»*et' la Serbie veulent profiter
de l’occasion pour augmenter ej, arrondir leurs territoires. La Russie s’est.
prononcée, à cause de cela, contre
l’entreprise du prince Alexandre, mais
le czàr rie poussera pa,s les choses
jusqu’A'lfe faire déposer. . ■
¿.Il v;!!
Il
ÿdlHtquc
MUHie. — Le Roi n’a plu.s quillé
Monza que pour se rendre à Milan
où il a eu une entrevue avec Déprétis
^ et avec le nouveau- ministre des affaires étrangères, le comte Robilant.
Il paraît que Déprétis espère se
trouver à Rome pour te SO courant,
où il y aura un conéeif atiquel tou^
les ministres ipre'ridrortl! part. ,
Il est question dé' clore la session
{Miiementaire et d'ouvrir la Chambre
des députés et le Sénat par un discours desia couronne, Lé miriistèré
se propose de tairé connaître par là
bouche du roi ses vues sur la politique coloniale ; eti'sur les j^lriricipales
questions de pal ili q Uri ' extéri eu re et
intérieureJ
..ij,, la.'i ..’10.«
La prochain conférence dli Val Sl. 1
Martin, aura liéu, D. V., mardii^ü
, courant apic' Guigou de Pral, dès'9
.heures du matin.
Le sujet à traiter est le suivant:
L’activité laïque dans VEglise,
La 3'™^® édition des Paauines et
Cantlqjues, avec supplément, est
mise envenle.auH eondiiionssuivantes;
De un à douze exemplaires, brochés,
chacun fr. 1,75. ,
Douze exeniplaires et au dessus,
chacun fr, 1,50.
Se trouve: chez M. Gill'es,, jjbraire a
;Là Tour; frères Jaiiier, Gorges, .
'St.'Gerffiairi; — docc,LA.NTAftf:r, past.;
Pomarcl, et, nous l’èsperons, se trou- ,()
vera bieritôt chez beaucoup d’autres
personnes que nous pourrons faire
connaître.
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Eiinest hoDurvT, Gérant et ytamiiiisiraictn*
Pignerol, Imprini. Cbi,'intore et Mascarelli.