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Hnltlème année
N. 45.
12 Décembre IS'Î'3.
L'ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialement consacrée aux intérêts matériels et spirituels
de la Famille Vaudoise.
Que toutes les choses qui sont véritables.occupent
vos pensées — ( Philippien^., IV. 8.)
PRIX d’abohnbhent :
Italie, à. domicile (Mn an) Fr. 3
Suisse..................» ^
France..................»
Allemagne
Angleterre , Pays-Bas » 8
ütt numéro séparé : 10 cent.
Vn numéro arriéré : 10 cent.
BUBEAUX D AB0NNEMENT
Torre-Peli.ICK : Via Maestra,
N. 42, (Agenzia bibliogra^ca)
PiGNERoL : J. Ckianlore Impr.
Turin:./.7. Tron, via Lagrange
près le N. 22.
Florence : Libreria Evangelica, via de'Panzani.
ANNONCEES : 5 cent, la ligor
on portion de tigne.
Lettres et envois franco. S’a
dresser pour l’administrat'on
au Bureau cl Torre-PeìUcr.
via Maestra N. 42 — pourlrt
rédaction : à Mr. E. j\ialnit
Pro!’, h Torre-Pellire.
Sommaire.
Augustia (iros paslour d’Augroguc. —
Une réplique incisive. — Du culle de famille. — Nouvelles religieuses. — Chronique vaudoise. — Chronique politique.
AUGUSTIN GROS
Pasteur d’Angrogne
Vers la moitié du seizième siècle, un jeune lombard embrassait
la vie monacale. Nous ignorons
ce qui inspirait ainsi à Augustin
Gros — c’était son nom — une
telle résolution. Peut-être le désir,
eu tout point conforme à la tendance de ces temps-là, de gagner
la vie éternelle. Augustin ne tarda
pas à attirer sur lui l’i^ttention
de ses supérieurs qui nourrissaient,
à son sujet], les plus belles espérances.
Ces espérances se réalisèrent.
Le jeune moine devint un prédicateur éloquent , un professeur
renommé et bientôt, à cause de
sa grande culture d’esprit et surtout à cause de sou habileté dans
les discussions, il fut appelé à
quitter les murs du cloître pour
prendre la défense de l'Eglise romaine en butte, alors comme aujourd’hui, aux assauts des disciples
de l’Evangile. On se réjouissait
déjà à la pensée de voir les ennemis, ces damnés hérétiques vaudois , réduits au silence.
Mais Rome propose et Dieu heureusement dispose. Une vie nouvelle allait commencer pour Augustin Gros et faire de lui un
homme entièrement nouveau. Ces
luttes contre le,s barbes vaudois
déposèrent, peu à peu, dans son
àme, le germe bienfaisant qui devait, plus tard, se développer.
Aux prises avec la vérité proclamée par nos pères avec une si
grande force, le défenseur de Rome
passa par de rudes combats. La
vérité le serrait à la gorge. Il fut,
plus d’une fois, sur le point de
jeter le froc aux orties et de donner un adieu au pape et à la papauté. « Mais, pensait-il sans doute,
si je prends une telle résolution,
où trouverai-je désormais mon
2
-æs
pain quotidien? Me voilà riche,
entouré de considérations et d’égards, et, si je fais le pas décisif,
ceux qui maintenant m’honorent
me couvriront d’opprobres... Ma
vie ne serait-elle pas eu danger?»
Une grande tempête grondait
dans son cœur et elle y.gronda,
lui même l’a déclaré plus tard ,
pendant cinq longues et douloureuses années. Enfin, une maladie
conduisit Gros aux bords de la
tombe. Le combat intérieur recommença et, uu jour. Gros convaincu, c’est à dire vaincu, fit vœu,
si Dieu lui prêtait vie encore, de
renoncer, sans arrière pensée,, à
ses erreurs et à sa position. La
santé lui revint et avec elle la
force. Il se retira à Genève dans
le but d’y faire de nouvelles études et, à son retour aux Vallées,
devint, par sa consécration au .S.
Ministère, un collègue certes bien
précieux de ces barbes contre lesquels il avait, dans les principales villes de la Lombardie', rompu
autrefois tant de lances.
Nommé pasteur de l’importante
paroisse d’Angrogne, Gros apporta
dans l’accomplissement de sa mission , un caractère franchement
décidé. Nos adversaires qui l’appréciaient à sa juste valeur et qui
connaissaient, et pour cause, ce
que notre hi.storien Gilles appelle
«la suffisance de]ce pasteur, surtout pour découvrir ©t rembarrer
les sophisteries des moines , » firent’ leur possible pour enlever
aux Vallées uu si vaillant champion. Ruses, flatteriesj magnifiques
promesses, défis, tout fut mis en
œuvre.’»Les chevaliers, les gcuver
neurs, les recteqrs des Jésuites
essayèrent,! mais en vain, i’attirer
Augustin Gros dans, leurs filets.
On l’invita, une fois, très-poliment
à se rendre à Pignerol afin d’avoir
une entrevne avec un célèbre théologien. Comme il refusait net, le
gouverneur de Pignerol, Nicolas
de Ponte, lui demanda s’il ne se
fiait pas de lui. «Je me fie de
vous, répondit le pasteur, mais
je ne me fie pas de la papauté et
des moines qui approuvent qu’on
n’eist pas tenu de garder la promesse aux hérétiques ». — Sur ce,
le gouverneur n’insista pas davantage et s’en retourna chez lui tout
morfondu.
Augustin Gros continua à exei’cer son ministère à Angrogne jusqu’à ce que, affaibli par la vieillesse , il remit à son fils le noble
fardeau de la paroisse qu’il avait
si fidèlement desservie. — Il mourut en 1608.
La vie de ce moine lombard,
plus tard pasteur d’Angrogne, est
un bel exemple de ce que peut,
dans une àme, l’amour sincère de
la vérité. Henri Selli.
ME RÊPMOVË INGISIVë
Dans les dernières j années du
siècle passé, le jeune pasteur'W.,
étant en route pour sa ville natale,
arriva, sans être attendu, chez une
sœur mariée, au moment où se
réunissaient chez elle de nombreux
convives, invitésfà dîner.
Il fut présenté à la compagnie
comme le frère de lai.nraîtresse
de maison, et fut placé à. table
3
-359
vis-à-vis d’un magistrat dont la
face rbugie trahissait son penchant à l’intempérance. — Longtemps le conseiller prit le haut
bout de la conversation avec une
assurance extrême, et se mit à
discourir de la manière la plus
légère et la plus profane. Une
jeune danie ayant parlé avec chaleur d’un prédicateur qu’elle avait
entendu à Magdebourg, le conseiller l’interpella vivement: «Je suis
étonné, dit-il, que vous ayez du
goût pour CCS idées sombres et
superstitieuses. De nos jours on
est beaucoup trop éclairé pour
écouter ce que la prêtraille nous
chante d’un Dieu ; il n'y a point
de Dieu et une femme jeune et
gaie comme vous ferait mieux de
nous parler de bal et de théâtre».
— La maîtresse do maison que
ces paroles mirent très-mal à l’aise
répondit d’un ton conciliant; «Prenez garde), monsieur, il faut que
vous sachiez que mon frère est
pasteur ».
L’incrédule ne se laissa point
déconcerter; car, se tournant du
côté du jeune prédicateur, il continua: « A.h! mon^cher monsieur;
nous nous comprenons , n’est-ce
pas? Je suis convaincu qu’un homme aussi cultivé que vous ne peut
que me donner raison. Il va sans
dire que votre position vous force
à prêcher toutes ces vieilleries ;
d ailleurs c’est peut-être ce qu’il
faut au peuple ignorant, mais n’estce pas? au fond du cœur vous
êtes de mon avis?» Le jeune pasteur fixa un moment sur le conseiller un regard calme et scrutateur, puis il lui dit;
« A.vant de vous répondre, il
faut que je vous fasse trois questions. Vous dites qu’il n’y a point
de Dieu; vous êtes donc un athée.
De tous temps il y a eu des gens
de votre opinion, mais on en disingue de trois sortes. Les premiers sont les philosophes, les
penseurs qui ont cherché la vérité
avec toute la force de leur inteligence. .\près avoir bien réfléchi
‘t avoir examiné ces que.stions de
tous côtés elles leur ont paru de
plus en plus insolubles, et désespérant do trouver la vérité, ils
ont fini par dire : il n’y a point
do Dieu. Est-ce là votre cas?» —
• four ça, non, répondit en riant
le personnage ainsi interpellé, rien
n’est moins de mon goût que la
philosophie ». — U y a aussi eu
des époques, continua le pasteur,
et la notre est de ce nombre, où
l'incrédulité a trouvé de puissants
adeptes |qui cherchent à démolir
tout ce qu’on avait tenu jusqu’à
eux pour vrai et pour sacré; ce.s
hommes défendent leur cause avec
éloquence; la foule aveugle met
son honneur à les croire sur parole et à suivre la mode, en se
faisant leur écho; il en est même
parmi leurs partisans qui , tout
en imitant leur langage impie et
frivole., ne peuvent arracher de
leur dbnscience un dernier reste
de foi. Appartenez-vous à cette
catégorie?» — «Non, répondit le
conseiller avec aigreur, je ne me
fais l’écho de personne »'i* '— La
troisième classe d’athées, poursuivit le jeune homme, est composée de ceux qui se sont longtemps et sfus scrupule abandqn^és
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à leurs convoitises et à leurs voluptés, s’enfonçant à plaisir dans
les souillures du péché. 11 vient
un moment où le Dieu saint et
juste secoue leur conscience; alors
ils voudraient étouffer la voix qui
les avertit et les condamne , afin
de se débarrasser de la crainte
que leur cause la mort et le jugement, et, pour cela, ils se persuadent qu’il n’y a point de Dieu et
que tout est fini avec la mort».
Cette fois le ,'pasteur n’eut pas
besoin de demander si c’était là
son cas. Les yeux de tous étaient
fixés sur le moqueur’, qui n’osa
répondre une seule parole. Mais
le silence involontaire qui suivit
dit assez liaut qu’il en était bien
ainsi.
(L’ami chrétien des familles).
DU GULTË DU FAIIIUË
Dans la première année de mou minislère, raconte le pasleur Buchsol de Berlin.
Je prêchai un jour sur le culto de famille;
après le service, un vieillard qui se permettait de tutoyer tout le jnonde, s'approche de inoi et me dit : « C’est cela ;
aussi longtemps qu’on ne priera pas au
repas et qu’on ne célébrera pas le culte
de famille, tout le reste sera vain ; aussi,
il faut que tu répètes ton sermon, jusqu’à ce que l’on ait commencé à faire le
culte domestique ». Je suivis le conseil
du vieillard et je répétai ma prédication
cinq fois de suite, avec de légers changements et feu donnant pour excuse le
conseil du vieillard. Après la cinquième
fois, celui-ci vint me Iroiiver et me dit:
« Cesse maintenant, cinq familles ont déjà
commencé ».
Ce vieillard , quoique un peu original,
avait mis le doigtsurl’une des plus grandes
plaies de l’église ide nos jours. Ce qui lui
manque en effet le plus, c’est gue les faniU
les quijn’ont pas encore entiérèment romp u
avec le christianisme ne sont plus pénétrées de la crainte du Seigneur' comme
aux jours d’autrefois ; c’est que cette piété
simple et vivante qui rendait nos pèrés
capables de renoncer è tout pour l’amour
de la vérité , semble bannie de la plupart
de nos maisons. On pourrait sans doute
indiquer bien des causes à ce triste état
de choses; mais nous croyons, ne pas nous
tromper en affirmant (|ue la principale
vient de ce que le culte domestique n’est
pre.sque plus célébré nulle part.
ilouDcllco
Il© «le Oor*s©. — L’évangélisation de la Corse, initiée par des colporteurs et par MM. I.nwis, a été entreprise
avec (|uelque succès par le missionnaire
Andrault qui a établi des réunions régulière à Ajaccio dans le lieu de culte du
pasteur anglican. Mais la prédication de
l’Evangile a trouvé un meilleur accueil
dans l’intérieur de l’tlc, et parlicnlièrnmeut à li.
î-iuiss©. — M' et M™’ Cermond sont
sur le point de repartir pour le pays des
Bassoulos. Outre leurs trois plus| jeunes
enfants, ils emmènent avec eux M""I.amberly de Montbéliard et cinq ou six autres
personnes. Nous regrettons que M. P. Cerinoüd n’ait pas pu nous faire une visite,
comme il en avait été question, et nous
demandons au Seigneur d’être avec lui
et les siens pendant son long voyage. M.
et M”“ Germoud laissent, pour la seconde
fois, des parents qu’ils no reverront probablement plus sur cotte terre, non pas
en vue de faire fortune ou de mener une
vie facile et agréable, mais pour obéir à
l’ordre du Maître et eu mémo temps à la
voix de leur conscience qui leur fait un
devoir d’aller annoncer rEvangilô' aüx
pauvres Bassoutos.''C’pst là une oeuvre de
dévouement, s’il y en a une sur la terre ;
et toutefois ils en donnent la gloire au
Seigne«r.
5
-361
Sur la propositoa du Docteur Roemer
de Zurich, lie dimanche vient d’être reconnu comme jour de repos dans le projet
de constitution fédérale Suisse, par 46
voix contre 34.
L’an passé ce même principe avait]été
rejeté par une majorité de 2 voix.
Ooixove. Une dépêche télégraphique est venue jeter l’angoisse, puis la
consternation dans la ville do Leuève. Elle
annonçait que dans la nuit du 22 novembre, à deux heures du matin, le paquebot
la Ville du Havre, avait été coulé à fond
par une collision avec un navire anglais
le Lockmrn , que 226 personnes avaient
péri et (|ue 87 seulement avaient été
sauvées et amenées à Cardilï par le navire américain le Tramenlain. Or, déjà
la veille, le bruit s’était répandu que
depuis 17 jours on était sans nouvelles
de iM. le professeur Pronier qui avait annoncé sou départ do New-York sur la
Ville du Havre. Une dépêche reçue de
Cardilf a changé les appréhensions en
une triste certitude. Ce terrible évènement,
qui a fait tant do victimes, a été pour
Cenève un deuil public. La famille de iM.
Pronier, sa digne femme et ses cin<| enfants en bas Age ont ôté et sont les objets
do la plus vive sympathie. Les étudiants
do l’Oratoire, dont M. Pronier était l’un
des professeurs les plus distingués ont
publié dans le Journal de Genève une lettre
de regrets vraiment touchante dans laquelle ils rendent à leur jeune professeur
le témoignage le plus affectueux..
« M. Pronier, dit la Semain-e religieuse,
était l’un de ces hommes qui savent se
concilier l’estime et raffoction de ceux avec
lesquels ils se trouvent en rapport. Comme
professeur de théologie à l’Oratoire, il
occupait une place distinguée par ses
connaissances et par sa manière d’enseigner. Comme chrétien, il unissait à nne
foi vive une bienveillance inspirée par un
amour vraiment fraternel. Comme simple
citoyen et dans ses rapports sociaux, on
retrouvait topjours en lui l’homme consciencieux, aimable et dévoué ». C’est à
l’âge de 43 ans que Dieu l’a rappelé. Sur
le môme navire se trouvait aussi M. Carrasco, ce jeune paateur espagnol si dé
voué pour la cause de l’Evangile dans sa
patrie. Il avait été élève de M. Pronier,
ayant fait ses études à l’Oratoire de Genève, oh il avait reçu la consécration en
1869. Sa mort est aussi une grande perte
pour l’église évangélique en Espagne oh
il exerçait une influence bénie.
MM. Lorriaux, Cook et Weiss, pasteurs
de Paris, qui so Irouvaient parmi les passagers , ont pu échapper à ce grand désastre. Mais M. Weiss était grièvement
blessé à la tête et à la poitrine. — Une
lettre adressée nu journal le Temps par
l’un des [)assagers, qui a été sauvé comme par miracle, donne des détails navrants
sur la scène de désolation (|ue présentait
la Ville du Havre pendant les dix minutes
d’intervalle entre le choc fatal et la perte
du paquebot.
Ou assure que, le vaisseau anglais le
Tockearn qui a investi la Ville du Hâxre,
follement endommagé a coulé a fond lui
aussi, mais ses passagers auraient été
sauvés.
— Aux amis de la Bible. La nouvelle
version de. rAiicien-Testament que M. le
pasteur .Segond. docteur en théologie ,
avait entreprise, depuis plusieurs années,
sur la demande de la vén. Compagnie des
pasteurs, vient de paraître en deux beaux
volumes in 8",
Inslüulion lies diaconesses de .Saint Loup.
Le rapport annuel de celle institution accuse un état prospère au point de vue
matériel. Quant au personnel de la maison
des diaconesses; il y a eu, dans le courant de l’année, un décès et deux démissions. « Une diaconesse, M"’ Emma Chopard, dans l’œuvre depuis quatre ans
seulement, a succombé à un typhus qui
l’a moissonnée dans la force de l’àge, dans
le plein développement de son activité .
hôuorée et chérie de tous. Toutes les
classes de la .société protestante de Turin
étaient représentées à son convoi ; d’émouvantôs paroles furent prononcées sur
sa tombe creusée dans un emplacement
acquis par le Consistoire; pas un œil qui
restât sec au milieu de ce grand concours ». Il ■ qv;
6
L’hospice de Saint Loup a reçu, pendant
l’année 249 personnes et l’Asile des enfants 51; en tout 300.
Le rapport se termine par ces paroles
touchantes adressées aux amis de l’œuvre,
qui assistaient à l’assemblée générale;
« Mais enfin qu’étes-vous venus voir,?...
Vous n’êtes pas venus voir, vous êtes
venus participer; vous êtes venus vous
associer à raffirmation libre et joyeuse
de la charité chrétienne, de cette charité
sans préjugés, comme sans entraves, qui
plane au dessus de nos rivalités ecclésiastiques, politiques et sociales, sans laquelle les plus savantes théories no seront que des théories, et qui féconde les
essais , même les plus ignorants. L’aflirmation do cette charité qui est le sel
de la terre et l’intime récompense do
qui l’exerce humblement, voilà, chers
bienfaiteurs et amis , ce que vous êtes
venus au désert encourager par votre
présence; voilà ce que, de retour chez
vous, vous conlinuerez à soutenir par
voire sympathie efficace ».
(2nxronii|UC 0Iituhot6C
tja Toixi-*. Dimanche dernier, l’assemblée électorale, composée de 124 votanls sur environ 300 inscrits, a ¡irocédé
à la nomination du pasteur de la paroisse.
M. Weitzecker évangéliste à Naples, a été
nommé au premier tour par 10-2 voix sur
124. Nous nous attendions à un plus grand
concours. Que la nomination d'un ancien,
que celle des députés au Synode n’excitent
pas un très grand intérêt, nous ne l’excusons pas, mais nous en prenons jusqu’à
un certain point notre partie, à cause de
la fréquence et même deda périodicité de
quelques-uns de ces actes *5 mais qu’à
l’éléctioü du pasteur un librs seulement
des membres électeurs se soient présentés’, nous ne pouvons l’attribiaer qu’à l’iudiflérence et a® manque d’intérêt pour
nos affaires religieuses et eoqléliastiques,
à moins que (ce quo nous avons quelque
peine à i admettreijolatt précipitation trop
grande,' seilon noua, de cetle nomination,
soit pour quelque chose dans l’absteu
tion de plusieurs. Ce serait un motif de
plus de regret. Qu’on n’excuse pas cette
apathie en disant qu’on a. fait la même
chose sans ceux qui manquaient et qu’on
s’en rapporte à ceux qui y étaient pour tout
ce qui a été fait. C’est là la justification
des paresseux et des indifférents qui n’en
est pas une. Le résultat aurait sans doute
été 1e même; et ce n’est pas ce dont nous
nous plaignons, car te choix d’un pasteur
qui a laissé de vifs regrets à Turinl, à Pise
et qui en laissera à Naples et dans l’Evangélisation en générai, est un bon choix.
La Direction de l’Orphelinat nous charge
d'exprimer sa reconnaissance aux Vaudois
de Roclieplatle. Ils se sont souvenus de
la recommandation du Synode et ont fait
parvenir à cet établissement de charité
un sac et demi de pommes de terre , environ 9 mirlas.
— Elle prévient te syndic d’une des
Communes du val Saint-Martin, qui reprochait.dernièrement, entr’autres choses,
à la Direction de cet établissement de ne
pas donner tous tes jours aux enfants de
la viande et du vin , qu’elle attend sa
contribution, afin de pouvoir, en quelque
mesure, étendre, ce bienfait, au moins
aux pauvres enfants de sa Commune et
peut-être de sa famille, (jui, en échange du
morceau de pain sec ou de polenta froide
que cos pauvres filles devraient probableinont mendier de porto en porte . reçoivent dans rétablissement une nourriture
simple mais abondante,les avantages d’une
éducation chrétienne et une instruction
suffisante pour gagner honorablement
leur vie.
Que l’orphelinat ne réussisse pas (toujours à donner une constitutioù saí no et
robuste à des enfauts maladifs et, que tes
30 à 40 bouteilles d’huile de foie de morae
ne leur garantissent pas à tous.une santé
de fer, P’est une chose qu’on ne saurai t
raisonuajijpmeut exiger,
Puisque nous sommes sur ce chapitre,
indus nous permettons; nou« au,ssi,' encore
une observation. La voici; lorsque tes
jeunei'orphelines doivent êtrereçues dans
notre établissement, elles sont toutes pau-
7
vres et abanrionnées; les parents riches
on à leur aise les ignorent. Mais lors(|u’elles [ont [achevé leur instrucliou et
qu’elles peuvent gagner queli|ue chose,
quand, au lieu d’être à charge, ellos peuvent être utiles, alors les parents surgissent et la voix du sang so fait de nouveau entendre. Mais faut-il s’étonner que
cette voix'parle bien faiblement quelquefois au Ciciir de l’onfaiilf, surtout quand
il s’agit de parents éloignés ' Cette (jiiostion nous rappcdlo un mot d’un écrivain
distingué de la l'’rauC0. issu do parents
haut places, mais abauilomié dés sa uaissance aux soins d’une pauvre hlanchisseuse, il parviut à cire uu auteur célèbre.
Alors sa mère, la duchesse ou la baronne
de... sc souvient d’avoir un fils qui méritailtses caresses et son alleidiou. Mais clic
n’ohlicnt de ce fils pour loulo réponse
ipic ces mots; « Non la blanchisseuse ost
ma mère ».
Ajigi-ogiie. On nous assure que la
séance de l’Assemblée électorale dont
nous avons rendu compte, d’après les récits qui nous en ont été faits par des
spectateurs péniblement impressionnés,
n’a pas été aussi tumultueuse que nous
l’avons représentée. Au fond, l’opposition
à la votation n’a été sonleinie que par
une seule personne; il est vrai que c’était un père de nombreux enfants; il est
vrai aussi que les électeurs et les anciens,
à l’exception du président, n’ont rien fait,
ni rien dit pour quo le réglement fût respecté et pour que l’assemblée en vint à
l’objet pour lequel elle avait été convoquée; il est vrai... il y a encore beaucoup
d’autres choses qui sont vraies; mais
passons-les sous silence. Mainlenaul que
le Consistoire a généreusement ouvert les
listes électorales qu’il n’était obligé d’ouvrir qu’en mars, mais qu’il lui était facultatif d’ouvrir'aussi maintenant, il y a
lieu d’éspérer qu’à la prochaine couvocacation de l’Assemblée, tout marchera avec
ordre. '
Mais reconnaissons que nous sommes
fie singuliers électeurs. Nous voulons être
inscrits pour jouir'une iofs de notre droit,
quitte ensuite èt toujours et
même à ne jamais aller entendre le pasteur (|ue nous voulons élire, sans doute
pour nos femmes et nos enfants.
(ÎPItrontquc
Son Infaillibilité a donné le jour à une
nouvelle encyclique adressée urbi et orbi,
et quo peu dë personnes liront, vu sa longueur, et dont les insultés no se plaindront pas trop, vu sou innocuité ; beaucoup d’injures et pou do raison comme
do juste. Le latin du Pape, semé de passages de l’Kcrilure et surtout de citations
des Pères, a pour but d’annoncer au monde,
assez aveugle pour ne pas le voir par ses
propres yeux, que l’église catholique romaine est positivement revenue au temps
des grandes persécutions; Julien l’Apostat
était |)pu de ohose auprès des actuóles
perséculours de l'église.
Quanta l’Italie, elle est, pour le moment,
un peu laissée de côté, — il lui fallait
bien so remettre des émotions passées
— à ceci près f|u’Antoine le grand avait
prédit, quelque (¡uinze siècles passés,
qu’elle et le démon ne font qu’un. Eu ell'et
le démon déteste [dus quo tous les autre.s
chrélieus, les iiioiiios et les nonucs, c,o
quo i’Italie a évidemmeut do commun avec
lui puisqu’elle abolit les couvents, c’est
très clair.
Mais si, pour cetlc fois, nous ne sommes
pas trop malmenés, la Suisse ne peut pas
eu dire autant. Anathème à ce gouvernement cantonal qui . a l'audace do prier
monseigneur Gaspard , de s’aller faire....
nommer évêque ailleurs; anathème à ceux
qui ont osé défendre à mons. Lâchât, le
capteur d’héritages in extremis, do sortir
du pays dont il refusait de reconnaître les
lois! Honneur, trois fois honneur, à ces
prêtres et à i;o peuple, (fui supporte un
si cruel martyre avec une si rare constance.
« Notre Ame-, c’est le Pape qui parle,
est fort réjouie aussi de la conslauce des
fidèles'de l'Allemagne». On néglige prudemment d’ajouter qu’un grand, un très
grand nombre ,' hélas . do brebis se sont
déjà égarées dans les sentiers du vieux
catholicisme. Le vieux pontife exprime
l’espérance , évidemment peu fondée, que
le>sérénissimo empereur se ravisera, et
reconnaîtra enfin qu’il n’a pas do sujets
plus fidèles que ses sujets ultramontains!
L’effet de ce passage, est un peu compromis , à vrai dire par les témoignages
de sympathie et les bous sttuliails offerts,
par lies é-vêquos do iFrauee à leurs con
frères Allemands. Mais qu'y faire-^
8
-364,
Ob Dieu! garde-moi de mes amis.
Je me charge de mes ennemis.
La pilule qui paraît au saint (?) père,
la plus diiScilo a digérer — la bosse de
l’amour propre augmenterait-elle avec l’âge? — c’est l’opposition décidée qu’on a
faite à son infaillibilité, arrivé à ce point
douloureux la patience lui échappe.
« Mais ces hommes s’étant cucore avan^
» cés davantage dans la voie de l’iniquité
» et de la perdition , ont nommé pour
» pseudo évêque, un apostat do la religion
» catholique, Joseph Hubert Reinkens,
» qu’ils ont fait consacrer, pour (|ue rieu
> ne manquât a leur impudence, par ces
2 jansénistes d’litrecht, qu’eux-mêmos,
» avant de quitter l’église considéraient
» comme hérétiques et schismatiques....
....« Nous donc, qui, quoique indigne,
» avons été mis à ce poste comme gardien
do la foi catholique, nous conformant
;> à l’e.xemple do nos prédécesseurs, en
> vertu du pouvoir (jui nous a été donné
» par le ciel (ü), non seulement nous dé» claroos i|ue l'élection du nommé J. II.
Reinkens, est illicite, vaine et toul-à-fait
» nulle, et que sa consécration est sa-» crilège, et non seulement nous la re» jetons et la détestons, mais, par l’au« torité du Dieu tout puissant, nous ox» communions,etanathematisonscemême,
-> Joseph , et avec lui tous ceux qui ont
» osé l’élire, qui ont prêté la main à sa
' consécration sacrilège.... Nous déclarons
» décrétons et commandons, qu’ils sont
» séparés de la communion de l’Eglise,
» et doivent être mis dans le nombre do
» ceux que l’apôtre a tellement défendu
» aux catholiques do fréquenter, qu’ il
proscrit même de ne pas les saluer ».
Seulement Pie IX se trompe de siècle,
s’il s’imagine pouvoir par une excomunication les isoler du reste du monde;
dans son for intérieur, il le reconnaît,
et c’est là ce qui le met hors de lui.
lin discours plus sérieux gue l’encyclique,
est celui où le ministre Saint-Ron propose
lie vendre un quart, à peu près, de notre
marine militaire, comme coûtant plus cher
à, entretenir que cela ne vaut. Notre marine n’est certainement pas à la hauteur
des temps ni des besoins de l’Italie. Peutotre avons nous enfin trouvé — rara avis
— le ministre qu’il lui faut.
Nous ne devons pas être riches en bons
ambassadeurs ! voilà que Nigra retourne
à son poste à Paris , où il est indispensable. Est-il aussi indispensable d’avoir
un ambassadeur auprès d’une puissance
qui nous tient depuis si longtemps la
dragée haute, à propos du sien? le|marquis de Noailles n’a pas encore quitté
Washington , que déjà on présente à l’assemblée de Versailles une interpellation sur
son départ pour Rome. C’est le fougueux
général Du Temple — général comme vous
et moi — qui se charge de la faire, et
le ministère on a accepté la discussion
dans huit jours. Nous verrons bien ce quise
dira à cette occasion. Est-il bien indispensable que notre ambassadeur soit là
pour savourer les aménités qui nous seront adressées, pour prouver que l’Italie
a l’amour propre peu chatouilleux?
Il est vraiment déplorable quo l’Italie
n’ait pas demandé au général Du Temple
la permission d’entror à Rome. Que n’y
a-t-on pensé?
Grands meetings en .\ngleterre. Ces
brouillons do cléricaux, ont commencé
trop à chanter victoire, pour un prétendu
retour de l’Angleterre, de la haute Eglise
du moins, dans le giron de Vautre. L’esprit anglo-saxon , patient jusqu’à un certain point seulement, s’est soulevé contre
ces prétentions insolentes, qui n’auront
servi à antre chose i|u’à faire donner à
.M. de Bismark de nombreux témoignages
d’admiration pour sa politique énergique,
la seule qu’il convienne d’adopter contre
ces enragés perturbateurs de l’ordre public.
Quand on se sera arrangé de manière
a les prendre partout par la bourse, ils
rentreront dans les droits sentiers.
L’affaire du Virginius n’est pas encore au
clair. La morgue espagnole rechigne à
souscrire à rarrangement pris entre gouvernants; se croiraient-ils encore au
temps de Charles-Quint? En attendant les
aft'aires sérieuses,celle de Carthagène, continuent à donner du souci. Le bombardement produit bien quelque effet, mais les
forçats de l’armée insurgée sont trop désespérés pour pouvoir céder; on craint fort
une seconde édition de la Commune d’incendiaire mémoire.
L’4mi Chrétien des Familles
Abonnement 3 fr. pour l’Italie. —
Excellent petit journal d’instruction
et d’édification paraissant à Montbéliard (Doubs) le et le 15 de chaque mois.
E. Malan Directeur-Gérant.
Pignerol ,'Impr. Chiautore.