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■V. année.
19 Février 1869.
N“ ».
L'ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialement consacrée aux intérêts matériels et spirituels
de la Famille Yaudoise.
Que toutes les choses qui sont véritables. eccupent
vos pensées — [ Philippiens., IV. 8.)
SOMMAIRE : — Nos misères. — Industrie; Graine des vers-à-soie. — Chronique
locale. — Correspondance. — Bulletin bibliographique. — Annonces.
NOS MISÈRES“'
Si comme quelques-uns voudraient se le persuader, cette grande misère
que j’ai relevée dans un précédent article ; l’absence à peu près complète de
sacrifices pécuniaires de la part de notre population en faveur de nos établissements charitables — avait pour cause son indigence, nous devrions être
assurés que tout ce qui, en sus et en dehors de l’argent, est nécessaire à
leur bonne marche et à leur prospérité, ils l’obtiendraient, sans faute , de
ceux au profit desquels ils existent.
Or est-ce le cas ?
Examinons.
Parmi les choses au moins aussi indispensables que l’argent à la bonne
marche et à la prospérité d’institutions de bienfaisance de n’importe quelle
nature, un personnel dirigeant capable, et surtout dévoué, doit être mis en
toute première ligne. Qu’il s’agisse d’hôpitaux ou d’orphelinat, d’ecole de
filles pauvres ou d’Artigianelli, là est l’articulum stantü tel cadenlis instüutionis', c’est par là que l’établissement répondra, ou ne répondra pas, au
but qui a présidé à sa fondation.
Eh bien ! ce personnel, le fournissons-nous ?
Oh ! que le cœur se serre et que le rouge vous monte au visage quand, à
cette demande, on doit répondre forcément t noix !
Oh ! que le cœur se serre et que le rouge vous monte au visage quand on
est contraint de s’avouer à soi-même que. des 8 ou 9 personnes qui, pendant
des années, ont été à la tête de nos différentes institutions, savoir : deux diaconesses à l’hôpital de La Tour; deux diaconesses remplacées depuis par une
(1) Voir notre n® 3 de 1869
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directrice à l’hôpital du Pomaret ; doux diaconesses à l’orphelinat ; une directrice à l’ecole de filles pauvres, un économe et une ménagère aux Artigianelli, — pas une seule n’était Vaudoise d’origine, que six nous
avaient été envoyées de l’étranger et que les trois autres nous étaient venues
de l’Eglise de Rome ! !
Et comment expliquer un fait si inconcevable , en même temps que si
profondémeat affligeant ?
Cette explication, faut-il la chercher dans le manque, parmi nous, de personnes disponibles pour une telle œuvre ?
Mais, sans parler de celles qui sont dans le pays, qui y restent, et dont
plusieurs n’auraient rien de mieux à faire que de se consacrer à cette noble
tâche , comment se payer d’une pareille raison en présence des centaines
d’individus, hommes et femmes, qui abandonnent chaque année leurs Vallées
natales pour aller chercher à l’étranger une occupation qu’elles affirment leur
être refusée sur leur propre sol ?
Ou bien, faut-il chercher cette explication dans un manque inné d’intelligence et de savoir-faire particulier à notre peuple ?
Mais, grâces a Dieu, l’intelligence et le savoir-faire nous le possédons à l’égal de beaucoup d’autres; preuve en soit la bonne réussite que font, à l’étranger, bon nombre de nos ressortissants, jeunes gens et jeunes filles, dans les
carrières fort diverses qu’ils y parcourent.
A quelle cause donc faut-il demander compte d’un fait aussi profondément
regrettable !
Et à quelle autre je vous prie, si nous voulons être sincères et ne pas nous
tromper sciemment nous-mêmes, si non à [ce manque presqu’absolu d’esprit
d’abnégation, de dévouement et de sacrifice, en vue de l’action, qui malheureusement nous caractérise ?
L’absence de cet esprit, dès qu’il ne s’agit plus seulement de résister et de
souffrir, mais d’agir, voilà la VTaie pauvreté de notre population, la vraie
misère de laquelle dérivent, non seulement celle que j’ai signalée déjà, mais
plusieurs autres que j’aurai à signaler encore !
Qu’il soit porté remède à cet état de choses; qu'une aussi grave lacune soit
comblée ; que l’obligation du dévouement, du sacrifice, nous apparaisse une
bonne fois, comme le fruit que doit porter, avant beaucoup d’autres, la foi
que nous professons; qu’il devienne « certain » pour nous, comme il l'était pour
l’Apôtre, que « comme un est mort pour tous, tous donc sont morts ; et qu’il
est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes,
mais pour Celui qui est mort et ressuscité pour eux » ( 2 Cor. v. 14. 15 ).... et
alors, l’avenir de nos différentes Institutions de bienfaisance sera, à tous
égards, pleinement assuré, alors argent, tête, cœur et bras, tout se trouvera
au sein même de notre Eglise, sans avoir, constamment et pour toutes choses,
à recourir à l’étranger; et alors, tous ensemble, nous pourrons célébrer,
avec de vives actions de grâces, une belle fête en Guilgal, parcequ’un grand
sujet d’opprobre aura été roulé de dessus nos épaules.
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industrie.
GRAINE DE VERS-À-SOIE
Nous lisons dans le Moniteur des soies qu’une bande de contrefacteurs
italiens composée, dit-on , de cinq personnes, et pilotée dans le midi de
la France par un sieur R..,, courtier à Marseille , a fait de nombreuses dupes
en vendant de vieux cartons des années 1865, 1866 et 1867, fabriqués ou
achetés à Coni. A défaut d’argent ils échangeaient leurs graines contre les
marchandises les plus variées, telles que fer, chiflbns, épicerie, étoffes ¡etc.
Un exemple frappant entre beaucoup d’autres; un sieur Vernier, charretier
des environs de Montélimar, séduit par les brillants bénéfices qu’on lui faisait
entrevoir, n’a pas hésité à donner cheval, voiture et harnais en échange de
71 de ces fabuleux cartons.
Un seul de ces industriels, Andrea Goytre, natif de Pignerol, a pu être arrêté;
il est actuellement détenu à Montélimar.
Un autre du nom Rivalto , originaire d’Alexandrie , prévenu à temps, a pu
mettre les .Alpes entre lui et le procureur impérial. — Avis aux acheteurs !
— Nous lisons dans le même journal : « La graine d’importation ayant souffert plus ou moins pendant un long voyage, tend généralement à éclore de
bonne heure, c’est-à-dire aux •premiers jours d’avril.... Par contre les naissances plus tardives donnent des insectes plus vigoureux, plus robustes, et ils
ont pour nourriture une feuille plus développée, plus substantielle....
« Nous allons donner une preuve évidente des avantages d’une éclosion tardive. Une paysanne du Canavese suit ce système depuis bien des années et
elle a pu de la .sorte conserver jusqu’ici intacte notre ancienne race indigène.
Chai|ue once de graines lui donne régulièrement cinq myriagrammes de
cocons d’excellente qualité. On l’a priée de conserver 60 onces de sa graine
sur la récolte de 1867 et elle y a consenti. La graine étant confectionnée, elle
la remit à qui de droit et garda par devers elle la quantité qu’elle a l’habitude
de mettre à l’éducation. Appliquée à la récolte de 1838, sa part a donné un
très-bon résultat au double point de vue de la qualité et de la quantité. Les
autres 60 onces furent réparties entre plusieurs éducateurs et elles ont donné
un mince résultat.
« Les éducateurs avaient suivi pour cette graine de race indigène la même
méthode que pour la provenance si précoce des japonais , tandis que la paysanne s’en était tenue à l’ancien système et n’avait mis sa graine à l’incubation que vers le commencement de mai ».
(Shront(|uc locale.
Torre-Pellice Conférences populaires. V® conf., du mercredi 10 février. — Mr
le prof. H. Rollier a entretenu ses auditeurs de Valimentation, sujet aussi inté-
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ressaut qu’il est peu connu On peut trouver en effet des gens très-instruits ,
connaissant le grec, le latin, la géographie, l’histoire, les mœurs et coutumes
des peuples, la position exacte des régiments dans les plus célèbres batailles,
et qui ignorent ce qu'est l’estomac et à quoi servent les poumons. Aujourd’hui
encore c’est une lacune regrettable dans l’instruction élémentaire. Aussi ne
pouvons-nous qu’applaudir à l’heureuse idée qu’a eue Mr le prof. Rollier d’attirer notre attention sur ce sujet.
— Service postal. On se plaint de divers côtés de la manière dont se fait le
siîrvice postal, sur la ligne de Torre-Pellice à Turin. Plus d’une lettre s’est
égarée dans ce court trajet ; et nous pouvons certifier qu’elles ne renfermaient
pas de valeurs. Un manuscrit destiné à l’impression a subi le même sort. Et,
tout récemment, une lettre de change à titre sur un banquier de Turin n’a
pas été plus heureuse. Il serait bien temps que ce désordre cessât, à moins
qu’on ne veuille ouvertement encourager la contrebande en matière postale.
— Encore du service d’omnibus. Notre petit article du N» 3, reproduit par
la Cnzzetta di Pinerolo (dans son 4« ^"), a attiré à notre confrère une réclamation de la part de Vlmpresa Vigliani. Le directeur de la dite Impresa, M'
Urosso, prétend rectifier deux petites erreurs où nous serions tombés; malheureusement pour lui il n’y a pas d’erreurs à rectifier. Nous avons dit en premier lieu; grâce à la société anonyme chargée depuis le V janvier 4869 du
service de la poste, le trajet de la Tour à Pignerol s’accomplit trois fois
par jour avec une promptitude à laquelle on n’était pas habitué. Nous
prions la Gazzetta di Pinerolo de bien vouloir nous retraduire , et cela
mot à mot, afin d’éviter tout malentendu. Et M' Grosso verra sans trop de
peine qu’il s’agit ici, non pas d’atribuer à la Société anonyme l’honneur d’avoir établi la première le triple trajet, mais celui de le faire présentement
avec toute la promptitude désirable, ce à quoi certes on n’était pas habitué. Promptitude, célérité, rapidité, voilà tout autant de vocables dont
on avait perdu le souvenir et que la Société anonyme a bien fait de remettre
en circulation. Nous avons dit en second lieu: grâce à la concurrence, le prix
des places n’est plus que de 80 centimes] où est l’erreur? Avons-nous dit,
ainsi que le prétend M’ Grosso, grâce à la société Anonyme etc.‘l Ici M'Grosso
ha preso un granchio non piccolo ; il s’est imaginé que la concurrence
voulait dire, sans plus, la société anonyme : mais le mot n’est pas susceptible
de cette interprétation et nous n’avons pas, que nous sachions, exprimé la
chose en dialecte piémontais. Concurrence veut dire, en termes de commerce
« la rivalité qui s’établit entre les fabricants , les marchands, les entreprises
f impresej, sous le rapport de la qualité, du prix etc »; nous avons par conséquent voulu dire que la concurrence tourne au profit du public; et M'Grosso
ne peut l’ignorer, car c’est grâce à la concurrence qui lui a été faite depuis 1857 que Vimpresa Vigliani a dû réduire ses prix. Peu importe par qui
cette concurrence a commencé, et comment elle se maintient ; le public en
profite et voilà.
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— Les nouveaux syndics. Les syndics de nos communes ont tous été confirmés , à l’excepion de ceux de Faetto ( nouveau syndic : J. J. Poêt ), Perrero
( n. s. : Alexis Griglio ), Rodorelto ( n. s. : J. A. Breusa ), et Villar-Perosa ( n. s. :
P. Azzario). Seul le Syndic de Bobbio-Peüice n’est pas encore nommé.
Saint-Germain. Conseil Communal. Sur l’invitation du Comfce Agraire de Pignerol, le Conseil Communal de S‘ Germain a décidé d’établir des leçons sérales {chaque mercredi ) sur l’agriculture et l’économie domestique, au
profit de la classe ouvrière et agricole. Il a voté en outre une somme sufiisante pour fonder et entretenir une bibliothèque composée d’ouvrages traitant ces matières avec clarté et avec simplicité. Les leçons, ou plutôt les
lectures, seront données par le Régent communal et par le représentant du
Comice Agraire lui-même. — On n’a pas la prétention, cela va sans dire, de
tout innover; mais on est persuadé, à bon droit, que l’étude des méthodes
en usage en divers pays, mise en rapport avec les besoins du nôtre , ne
pourra manquer d’être utile à quelque chose, tant au point de vue matériel
qu’au point de vue moral. — Le Conseil communal de S‘ Germain a bien
mérité des ses administrés; et nous souhaitons que son exemple devienne
contagieux.
(Îomsponïrattce.
On nous écrit de la Haye, le 8 février :
Encore la question du baptême ! Un pasteur orthodoxe d’un village de la
Frise a osé, il y a un mois à peine, rebaptiser un enfant qu’avait baptisé un
pasteur libéral. Le consistoire , presqu’en totalité libéral, se tint pour offensé
et cassa le pasteur orthodoxe; celui-ci en a appelé et l’on attend le dénouement de l’affaire. De tous côtés le pasteur en question a reçu des lettres d’encouragement ; car l’on voit, non sans raison, dans ce petit débat de village ,
une étincelle qui peut provoquer un grand incendie.
— Entr’autres réponses à l’invitation du pape de profiter du futur concile pour
rentrer, ou entrer, dans le giron de la mère Eglise, il faut citer celle de Capadose. D’abord, il ne donne au pape que le titre de Monseigneur ; il fait remarquer ensuite que dans la lettre d’invitation papale ne se trouvent ni le
mot à!Eglise Romaine, ni celui de la vierge Marie ; témoignage, précieux à recueillir , de l’aversion profonde que ces deux mots, et les idées qu’ils représentent , n’auraient pas manqué de réveiller chez les protestants. Plus loin ,
par une ingénieuse et comique comparaison, il montre combien sonne creux
Vunité de l’eglise catholique. L’eglise catholique, dit-il, n’a qu’une unité apparente; elle est comme un jardin oh se trouveraiient toutes sortes d’oiseaux, sans
en excepter les hiboux ; mais elle a renfermé tous ces oiseaux pêle-mêle dans
une cage , tandis que le protestantisme les laisse voler en liberté. — Quant à
la vérité' de la doctrine, oh se trouve-t-elle dans l’Eglise catholique ? Par
combien de nouveaux dogmes n’a-t-on pas défiguré la doctrine des apôtres ?
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Lo pape actuel lui-même u’en a-t-il pas proclamé un qui transforme la religion
de Christ en une religion de Marie ? Que le pape travaille plutôt à amener des
incrédules a la vraie foi en Jésus puisqu’il se dit le vicaire de Christ !
— La derm'ère séance de M' Van de Velde sur la Palestine a été des plus intéressantes. Le sujet était : Jérusalem] après d’habiles descriptions, après l’explication de magnifiques planches représentant tantôt des croisés, tantôt des
pèlerins arrivant de Jaffa, tantôt des voyageurs venant de la Mer-morte, contemplant ainsi la ville sainte sous trois points de vue différents, l’orateur a
traité une question à l’ordre du jour parmi les voyageurs.
L’opinion de plusieurs est que le temple dit du S. Sépulcre est bâti sur l’emplacement même du tombeau où Jésus-Christ a reposé trois jours ; M^ Van de
Velde la rejette pour deux raisons :
1°) Ce temple est situé dans l’enceinte de la ville ; or rien dans l’Ecriture
ne nous porte à croire qu’il en ait été ainsi du « sépulcre neuf où personne
encore n’avait été mis ».
2“) En marchant tout à son aise, sans se presser, l’on ne met pas plus de
quatre minutes pour franchir l’espace qui sépare le temple sus-dit du palais
de Pilate; or il est impossible d’admettre que la via dolorosa ait pu être parcourue en aussi peu de temps.
Agréez etc.
On nous écrit de Genève (13 février) :
Je viens), un peu tard peut-être, vous parler d’un grand conflit qui a eu lieu
dernièrement, au sujet de l’Ancien Testament, dans le canton de Neuchâtel.
Mf le professeur Buisson, attaché à l’Académie, dans un cours donné à
propos d’une réforme urgente qu’il voulait introduire dans l’enseignement
primaire , a publiquement attaqué cette partie de la Bible, en alléguant, pour
légitimer son audace, qu’on y trouve des faits immoraux dont le récit n’est
accompagné d’aucune parole de blâme ; de fausses idées scientifiques ; une
théologie qui fait de Dieu un être changeant, matériel, altéré de sang. L’on
doit donc , d’après ce fidèle écho du rationalisme moderne, bannir l’Ancien
Testament de la bibliothèque des enfants. Il a ainsi jeté le gant du défi à tous
ceux qui, comme notre Eglise, veulent encore tenir haut le drapeau du vimx
Christianisme.
Mf Godet, professeur de théologie , a aussitôt ramassé le gant, et dans une
admirable conférence prononcée à Neuchâtel et qui a été publiée depuis, il a
victorieusement répondu à ce téméraire libre-penseur. M'Godet a fait ressortir,
d’une manière évidente la sainteté de tout l’Aneien-Testament. « La main de la
Bible est rude; elle déchire les voiles; elle appelle les choses par leur nom. C'est
dégoûtant, dit-on. Il est vrai, et c’est pour cela que la Bible dégoûte du mal».
Il combat, et on ne peut que l’approuver en cela, ces littérateurs modernes
qui travaillent à forUier une société qui n’a plus de chaste que les oreilles.
—J’espère que vous saluerez avec moi l’apparition, à Lausanne, d'ane excellente biographie du théologien Jeun Diodati (1576-1^49), genevois de nais-
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sance, mais italien d’origine. Cette biographie, qui est due à la plume élégante
et facile de iF E. De Budé, nous retrace, avec intérêt, la vie de cet illustre
théologien, à qui, comme on le sait, ftotre patrie est redevable de sa traduction
de la Bible. Les portions de cet ouvrage qui pour nous italiens, sont surtout
revêtues de charme et d’attrait, se trouvent dans les chapitres consacrés ii
faire connaître, avec assez de détails, les rapports de Diodati avec l’Ilalie. Nous
le suivons, et des yeux et du cœur, dans les relations amicales qu’il eut avec
Sarpi, ce protestant travesti en moine, comme on l’a appelé ; nous assistons ,
avec émotion, à la part active qu’il prit à l’avancement du règne de Dieu dans
sa patrie originaire et spécialement dans Venise, cette ville où, d’après les
déclarations de Fra Paolo, en novembre 1605, douze ou quinze mille personnes
étaient disposées à se retirer de 1’ Eglise Komaine. Je souhaite à Emile
Combe un tel troupeau. L’auteur de cette biographie, après avoir montré
comment, par la force des événements, Diodati dut, malgré lui, donner un
adieu à .ses espérances sur l’Italie, se réjouit de ce que scs chers frères réformés
de l’Italie pensent maintenant, au sein d’une heureuse tranquillité, poursuivre
l’œuvre du XVI® siècle.
— Une décision des plus importantes a été prise récemment par le Grand
Conseil de Genève. D’après l’ancien règlement de police, tout travail en public
était défendu dans le canton, sous peine d’oinende, les jours du dimanche et
des fêtes religieuses. L’on a présenté des réclamations à ce sujet, et le Conseil
a finalement décidé que dorénavant l’observation du dimanche n’aura plus un
caractère légal ; mais que chacun, si bon lui semble, pourra travailler publiquement le dimanche. Il y a du bon dans cette décision , en ce que la question
de l’observation du dimanche, au lieu d’être un affaire légale, sera une affaire
de conscience. Il y a du mal aussi •. une telle loi porte atteinte à la tranquillité
du culte public. En effet il se pourrait qu’aux abords d’un lieu de culte un
marchand ambulant fasse, pendapt la célébration du service, un vacarme
épouvantable, ou que, comme on l’a dit dans une brochure, « un serrurier
raccomode son chaudron*.
— Si l’espace dont je puis disposer me le permettait, je vous entretiendrais,
un peu au long des belles séances données sur la conscience, par Mf le comte
de Gasparin. M‘‘ de Gasparin, par sa parole sympathique, attire à lui des
foules immenses ( 3000 personnes ). Il a surtout fait sentir la nécessité de
de faire planer sur l’éducation toute entière l’austère notion du devoir. Quand
la conscience ne fait plus entendre sa voix il la compare à une batterie dont
les bouches seraieut éteintes l’une après l’autre sous le feu de l’ennemi. Une
règle qu’il aposée pour toutorateur, et dont il est lui-même la preuve évidente,
est que pour propager des convictions il faut en avoir,.
Agréez, etc.
Nous avons reçu un peu trop tard, vu la distance où nous sotnmes du lieu
d’impression, une lettre de Mr le Modérateur P. Lantaret, en réponse aux observations de Me J. J. Parander sur la visite pastorale de Prarusttn. Ce sera donc
pour notre prochain numéro. —(Red.)
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ISulktm btbitoigrâiphtque.
Il gluranaento ; ove si esamina sb e come si possa giurare. Tel est
le titre d’un opuscule de 28 pages dû à la plume de notre ami M'’ Emile Combe
évangéliste à Venise. — « Pourquoi, — se demande-t-il, — ma liberté seraitelle jugée par la conscience d'autrui?» Ici le juge paraît être un journal
évangélique libéral (qui n’est pas nommé), lequel prétend entr’autres choses :
1“ che i protestanti generalmente tdtti giurano ; ce qui nous a remis en mémoire une phrase demeurée célèbre oii se trouvait l’expression : « tous plus
ou moins bons » ; 2“ che gli antichi Valdesi non giuravano, come si vede nella
Nobla Leyezon ; ici M'' Combe n’a pas de peine à démontrer que le journal a
confondu l’idée du juron avec celle du serment, le bestemmiare et le giurare ;
3o che i loro nipoti d’oggi, non solo giurano, come vedesi dalla loro liturgia,
ma condannano noi ( chiese libere ) perchè non vogliam giurare. Ce qui est
faux, répond Combe ; « car moi-même, vaudois fils de vaudois, je n’ai
pas prêté le serment liturgique ; ce qui prouve que nos principes sont libéraux
et que nous ne condamnons nullement ceux qui se refusent à toute espèce
de serment ». M” Combe, en effet, n’est pas comme on pourrait le croire, une
exception à la règle. — Cela dit, M^' Combe interroge les Ecritures, ainsi que
tout chrétien vraiment biblique est tenu de faire ; il trouve 1“ que le serment,
non pas les jurons, est autorisé par l’exemple de Dieu lui-même (dans l’Ancien
Testament), par celui de Jésus-Christ et par celui de S‘ Paul ; 2® que la vraie
manière de prêter le serment, d’après les données bibliques, c’est de « lever
la main au ciel », mode suivi par les Vaudois eux-mêmes dans la prestation
du serment religieux ou liturgique.
L’opuscule que nous venons d’analyser, coûte 15 centimes.
iirioiioes.
On peut s’abonner au journal l’Eglise Libre (directeur-gérant: M.
Léon Pilatle ), au bureau de l’Echo des Vallées. — Le prix annuel,
pour l’Italie , est de frcs. 7 50.
Deux demoiselles vaudeises récemment retournées de l'Angleterre, désirent se placer en qualité d’institutrices pour enseigner le français ,
l’anglais et les principes de la musique.
Pour les informations, s’adresser au Gérant de l’Echo des Vallées.
Pignerol, J. Chiantore Impr.
A. Revel Gérant.