1
s eptlème année.
rv. 14.
5 Avril 18T2.
L'ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialement consacrée aux intérêts matériels et spirituels
de la Famille Yaudoise.
Que toutes les choses qui sont véritables.. occupent
vos pensées — ( Phiîippiens., IV. 8.)
PRIX o’abonnsheht :
Italie» h domicile Cun an) Fr. 3
Suisse...................>5
France................» 6
Allemagne 6
Angleterre , Pays-Bas . » 8
Vn numéro séparé 5 cent.
Vn numéro arriéré : 10 cent.
BUREAUX D’aBOMNEHENT
Torre-Pelì.ice ; Via Maestra,
N.42, (Agenzia bibliografica)
PiGNERoL : J. Chlantore Inipr.
Turin:/.J. rron, via Lagrange
près le N. 22.
Florence : Libreria Evangelica, via de'Panzanì.
ANNONCES : 5 cent, la ligne
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S’a
dresser pourl'administrationau Bureau à Torr.e-Pellice,
via Maestra N. 42 — potir la
rédaction .* à Mr. E. Alalan
Prof ■ k Torre-Pelice.
Sommaire.
Le 5 avril. — L’évan^félisation et la politique. — Nouvelles religieuses. — Chronique locale. — Chronique politique. —
Aux émigrants. — Souscription pour la
Société Biblique de Rome. — Souscription pour les Missions. — RecoDSomeot.
— Annonce,
LË S AVRIL
C’est le premier jour de cette
semaine, le dimanche de Pâques
que notre Seigneur Jésus-Qhrist
est ressuscité. C’est un des faits
de l’histoire du Sauveur sur lesquels nous avons les témoignages
les plus certains et les plus clairs.
Jésus, mis dans le sépulcre neuf
de Joseph d’Ariraathée, en sort le
troisième jour, dès le matin, victorieux de la mort; et il est vu
et reconnu par les saintes femmes
et ensuite, à plusieurs reprises, par
ses disciples; et le plus difficile
à convaincre, Thomas, est obligé
de s’écrier, après avoir mis le
doigt dans les marques de ses
plaies: mon Seigneur et mon Dieu!
L’apôtre Saint Paul, à qui. le
Seigneur glorifié s’est montré sur
le chemin de Damas, considère la
résurrection comme un des faits
les plus importants de l’histoire
du Sauveur. « Jésus, dit-il, a été
pleinement déclaré fils de Dieu en
puissance, selon l’esprit de sanctification, par sa résurrection d’entre les morts ». Rom. 1, 4. « Il
a été enseveli et est ressuscité le
troisième jour ». 1 Cor. 15, 4. Et,
« si Christ n’est point ressuscité, notre prédication est vaine,
et notre foi aussi est vaine». 1
Cor. 15, 14. « Dieu a ressuscité
Christ ». 1 Cor. 15, 15. — La
résurrection est pour lui la preuve
la plus puissante de la divinité du
Sauveur et de l’accomplissement
de l’œuvre du salut. Si Christ n’est
pas ressuscité, il n’est pas le fils
de Dieu, il n’est pas le Sauveur,
et Dieu, son père, n’a pas accepté
son sacrifice ; notre foi est vaine et
nous sommes encore dans nos péchés. Mais Christ est ressuscité,
oui, il est réellement ressuscité.
Rien n’atteste pour nous avec plus
de force la résurrection du Seigneur
que le changement subit extraordinaire qui s’est opéré dans l’âme
2
-106
et la vie des apôtres, immédiatement après la re'surrection ellemême, changement qui , avec le
don du Saint Esprit, a produit la
fondation de l’Eglise. Pendant la
passion les disciples étaient découragés ; après la résurrection ce
sont des héros. A quoi attribuer
ce prodigieux changement si ce
n’est à un évènement extraordinaire, à la résurrection? 11 serait
impossible d’expliquer autrement
cette étonnante révolution qui s'était operée dans leur esprit et qui
les fit passer do plus profond abattement à un enthousiasme intrépide et même à un courage étonnant en face des ennemis.
Le retour de Jésus-Christ à la
vie est le gage assuré de sa victoire sur la mort et de notre immortalité. L’Ecriture le dit: JésusChrist a mis en évidence la vie et
l’immortalité par son évangile. Pour
nous chrétiens, de ce sépulcre qui
a rendu sa proie sort une voix
éloquente, la voix du fils de Dieu
qui nous dit: «Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en
moi vivra quand même il serait
mort ». Oui Jésus-Christ est mort
pour nos offenses et est ressuscité
pour notre justification. Nous pouvons maintenant nous écrier avec
l’apôtre Saint Paul: « ô mort! où
est ton aiguillon? ô sépulcre, où
est ta victoire? Mais grâces soient
rendues à Dieu qui nous a donné
la victoire par Jésus-Christ notre
Seigneur ». ^
f i . -.J
Lltansélisalion et la polillqné
, |En lisant dans la çorrespqndance
récit de la part qu’ont prjse l^M.
Sciarelli, Gavazzi e Conti à la procession dans laquelle on a promené
et porté au Capitole le buste de
Mazzini et le compte rendu de la
séance de la Fratellanza artigiana
dans le local de l'Eglise libre,
nouss nous sommes demandé si les
évangélistes vaudois étaient soli daires de ces actes et des opinions
manifestées par ces messieurs. La
prudente réserve du correspondant
de VEco ne nous permettait pas
de rien affirmer à cet égard. Cependant nous avons vu avec plaisir
que M. J. P. Pons déclarait ne
vouloir être que le relateur fidèle
des faits ; nous avons ensuite trouvé
dans une lettre de M. Ribet à
VEglise Libre un désaveu plus explicite.
Voici en quels termes s’exprime
le correspondant de ce journal:
« Je regrette, dit-il, de devoir
dire que ce que plusieurs des partisans de Mazzini admirent le plus
en lui, c’est précisément ce que la
morale la plus élémentaire condamne. Nous en avons eu une nouvelle preuve dernièrement à Rome.
En effet, la Commission qui organisa l’importante manifestation qui,
accompagna le buste de Mazzini,
traîné sur un magnifique char, de
la place du Peuple au Capitole ,
avait fait inscrire sur des placards
qui entouraient le char de triomphe, parmi plusieurs autres noms,
ceux d’Orsini, de Milano et de
Barsanti. Les deux premiers sont
des régicides, et le dernier, soldat
dans un de nos régiments, s’unit,
il jr a quelques années, avec des
mazziikiens pour attaquer un corps
de garde à Patie. Que deviendron^-^ipous, si nous nous pcrnaet-
3
-107
tons d’exaller l’insubordination,
l’assassinat et le régicide ?
J’avoue que j’ai été péniblement
surpris en apprenant que MM.
Gavazzi , Sciarelli et Conti qui ,
précisément à l’heure où avait
lieu la manifestation mazzinienne,
auraient dû célébrer le culte avec
leurs congrégations , suivaient le
convoi de Mazzini , à l’ombre du
drapeau de la Società operaia, et
approuvaient implicitement par
leur présence des principes et des
actes que l’Evangile condamne.
Soyons cependant indulgents à
leur égard. Sortis du catholicisme
romain et des cloîtres, ils sentent
le besoin de saisir toutes les occasions pour protester, de quelque
manière que ce soit, contre un
passé qu’ils déplorent, et dont ils
furent les victimes.
Malheureusement, ils ne se sont
pas bornés à assister à la manifestation populaire de dimanche
dernier. Mardi, 19 courant, M.
Sciarelli, pasteur méthodiste, qui
se mit à la tête d’une fraction de
la Società operaia, réunit dans le
local de la Chiesa libera, ou flottait un drapeau sur lequel était
écrit le nom de Mazzini, une nombreuse assemblée devant laquelle
il prononça, ainsi que MM. Gavazzi et Conti, des discours où, à
travers quelques idées excellentes,
on arrivait, je ne sais trop comment, à faire l’apothéose de Mazzini.
Je regrette profondément ces
faits, surtout parcequ’ils peuvent
donner aux romains une idée complètement fausse de nos Eglises
évangéliques.
Les prédicateurs de l’Evangllç
devraient toujours se rappeler qu’ils
sont ambassadeurs de Celui dont le
règne n’est pas de ce monde; et
par conséquent, ils devraient éviter de s’inféoder, comme pasteurs
et directeurs d’églises, aux partis
politiques. Jésus-Christ n’a pas
envoyé ses apôtres à un parti politique, mais à tous les hommes ».
Jusqu’ici M. Ribet. Nous approuvons complètement son langage et nous sommes certain que
notre frère ne le tient pas seulement en bon français, mais aussi
en bon italien, toutes les fois que
l’occasion s’en présente et qu’il
peut le faire avec charité et prudence.
L’Evangile, la loi de la liberté
ne prescrit, en effet, aucune constitution politique, il est au-dessus
de toutes. Saint Paul nous dit :
« Que toute personne soit soumise
aux puissances supérieurjes ». Le
chrétien doit obéissance et soumission aux autorités établies de
Dieu; il a autre chose à faire qu’à
conspirer, toute sa vie, contre les
puissances constituées; il cherchera la liberté, il revendiquera
ses droits, mais par des moyens
honnêtes.
Dans le cas actuel, nous accordons, avec presque tout le monde,
à Mazzini le mérite d’avoir été
l’apôtre de l’idée de l’unité de
l’Italie, d’avoir maintenu cette idée
vivante, mais, comme chrétiens et
comme italiens, que de faits ne devons nous pas désapprouver dans
sa vie ! Du reste ce n’est certes
pas lui, ni son parti, qui ont fait
l’unité de l’Italie (ils n’y seraient
pas parvenus ), mais c’est le parti
libéral modéré, c’est la monarchie
constitutionnelle qqi nous accorde
une liberté pleine et entière, comme
4
-108
on n’ea jouit que dans les Etats
les plus privilégiés.
La liberté religieuse, la plus
précieuse pour nous, a fait, depuis
1848 , dans notre patrie, autant
de progrès que l’indépendance nationale et la liberté politique.
Nous devons quelque reconnaissance et quelque respect à un
Gouvernement qui non seulement
a eu l’idée de l’unité de l’Italie ,
mais qui l’a faite et qui lui a
donné Rome pour sa capitale, à
un Gouvernement qui a rendu possibles des discussions religieuses
publiques , comme celles qui ont
eu lieu dans la ville des papes,
l’établissement d’une Société Biblique Italienne et la prédication
de l’Evangile de la part des diverses nuances du protestantisme.
La petite Eglise Vaudoise, dont
quelques,personnes voudraient abolir et affacer même le nom, par
son constant martyre d’abord, ensuite par la revendication légale,
modérée, mais également persévérante des droits de la conscience,
n’est certainement pas étrangère
à la conquête de la liberté religieuse dont jouit, grâces à Dieu,
notre belle patrie' tout entière.
ÜouoeUes rcitjgteusea
■;i II <n.";
L’abbé Michaud n’est pas le seul prêtre
français qui, avec le P. Hyacinthe, ait
nié l’infaillibijité pápale'. M. Îunqua', prêtre
de Bordeaux ,'et lie chanoine Mouls ont
adhéré aux mêmes principes par une -dé-:
marche publique. ' ; ' /f' <di •Ltpfit i
.'iti
Nous lisons dans l’Eglise tÀbré: ' b
La principauté de Monaco fourmille de
prêtres romains'qui s® disent obligés de
fuir la capitale d’Italie, et se posent en
victimes de la persécution. Ou a laissé,
paratt-il, à ces infortunés le temps do
faire leurs malles qui sont vastes et nombreuses.
Le Consistoire de Genève a accordé au
Comité de l'iloion Evangélique nationale
l’usage do ses temples pour les fêles de
Pâques à Peutecôte. Les libéraux voulaient
repousser celte demande, eu alléguant
pour motif qu’on n’accordait jusqu’ici cet
usage qu’aux pasteurs sur leur demande
même et non point à un comité. Malgré
l’opposition des libéraux,- l'autorisation a
été accordée par 18 voix contre 12.
M. Puaux, l’auteur de l’Anaiomie dii papisme, est à Rome. Il a parlé dans la réunion générale <Ies Evangéliques, et a donné
dans la chapelle vaudoise de via dei Pontefici, une conférence oh il a prouvé que
Saint Pierre n’a jamais été pape. H a
invité le père Trullct à discuter avec lui,
mais il n’a pas été, à cet égard, plus
heureux que nos évangélistes. Le père
Trullet ne s’attaquera pas à si forte partie.
Eglises métliodlste en Italie. D’après une lettre de M. Piggotl
adressée à Ì’Evangéliste de Nîmes, les méthodistes ont en Italie 19 stations, dix
ministres italiens régulièrement établis et
deux missionnaires anglais. Des ;dix ministres italiens 8 sont des anciens prêtres
ou des anciens moines.
Les membres de l’Eglise s’élèvent au
chilfre de 683 ; les élèves des écoles à celui
de 616 et les auditeurs réguliers à celui
de 1200. Los stations les plus importantes
sont celles de Padoue, de Naples et de
Rome. Dans celte dernière ville, les membres de l’Eglise sont au nombre de 31,
outre six catéchumènes; le nombre des
auditeurs est limité par l'étroitesse du
local.
i station vaudoise deRoin©.
Dix nouveaux communiants ont été admis
dans l’Eglise, et d’autres se préparent pour
l’époque de la Pentecôte. Actuellement
5
-109
DOtre statioa de Rome ne compte pas
moins de 50 communiants. Les auditeurs
réguliers sont, dans chacun des deux locaux , de 80 à 120 personnes.'
ILi’écol© laïqu-O. — Dans ce moment, une question s’agite partout, c’est
celle de VEcole laïque. Quelle est la valeur
de ces termes ? On leur donne trois sens
différents : pour les uns , l’école laïque
est simplement opposée à l’école ecclésiastique, dirigée par une église particulière; -- pour d’autres c’est celle dont
les ecclésiasiastiques sont exclus en tant
qu’instituteurs ; pour d’autres enfin , c’est
celle dont on bannit toute idée religieuse,
comme s’il n'y avait pas des laïques trèsreligieux.
C'est cependant à ce dernier genre d’écoles qu’on voudrait arriver. Mais est-ce
possible? Il ne s’agit pas ici de l’enseignement supérieur ou l’on peut opérer la
division des études; il s’agit de l’enseiment primaire donné à des enfants par
un seul maître. Celui-ci pourra bien enseigner certaines branches, sans y introduire l’élément religieux , par exemple
l’arithmétique; le pourra-t-il pour d’autres
branches, en particulier pour la langue?
Il faudra alors effacer du vocabulaire tous
les mots qui se rattachent à la religion ;
Dieu, immortalité, prière, etc. Cela môme
ne suffira pas, car on ne peut changer le
texte des livres qu’on met entre les mains
des enfants. Alors le maître devra se taire
quand il sera questionné ; — et l’enfant
pour qui l’étude faite à l’école constitue
la science, sera conduit à penser que tout
ce qui se rattache à la religion n’a aucune valeur. — Et qui aura-t-on pour
instituteurs? Des indifférents, des incrédules ; car on sera conduit aussi à chasser
les laïques religieux.
Comment s’opposer à cette fâcheuse tendance des gouvernements? Il faudrait que
le peuple, dans sa majorité , fût attaché
à la religion. Il faudrait que chacun fût
persuadé que les points communs entre
les églises sont les plus essentiels. Mais
c’e.st précisément le contraire qui a lient
habituellement. Que faire donc? Maintenir l’école chrétienne, enseigner aux élè
ves les éléments de l’Evangile en posant
le fondement, savoir Jésus-Christ, et en
laissant ensuite chacun élever sur ce fondement l’édifice de sa foi. Donc, par la
liberté, il faut soutenir les écoles chrétiennes.
M. Ernest Navillk
dans la Semaine religieuse.
ffihroittque locale
Monsieur le Rédacteur,
La Tour le 25 mars 1S72,
Permettez à un père de famille de raconter aux lecteurs de VEcho des Vallées
comment on exerce la police à la Tour,
surtout vers la partie plus au (touchant
de ce bourg, entre la piazza Municipale et
la piazza délia Fiera. Pendant la journée
il n’y a rien à dire, tout va son traiu
avec plus? ou moins de bruit, des coups
de marteaux, des roulements de chars,
c’est le signe de l’activité et cela ne vous
dérange pas trop, surtout cela ne vous
nuit pas. — Mais lorsqu’après une bonne
journée de travail, vous vous retirez chez
vous bien fatigué, et ayant bien besoin
do tranquillité pour que votre esprit et
votre corps puissent reprendre les forces
et l’énergie nécessaires, savez-vous. Monsieur, ce qui arrive? Après avoir mis vos
enfants au lit, fermé soigneusement portes et fenêtres , vous vous réjouissez de
pouvoir enfin goûter pendant quelques
heures d’un repos réparateur. Vaines illusions! Dix heures ont frappé, il y a uu
moment; et déjà l’on commence à entendre quelques buveurs sortis des gargotes
voisines, entonner d’une voix rauque une
de ces vilaines chansons que la jeunesse
apprend si vite. Il vous faut (^n prendre
votre parti pour cette première fois, et
attendre que onze heures sonnent, — c’est
l’heure proverbiale et légale ob tout le
monde, même les ivrognes doivent avoir
sommeil, ou respecter celui d’autrui. —
Enfin l’heure tant désirée frappe ; vous
vous dites avec un certain bonheur: il y,
aura bien deux gendarmes pour faire une
tournée et faire rentrer dans le silence
ces tapageurs qui vont et viennent depuis
près d’une heure en poussant des cris qui
feraient plus d’honneur à des brutes qu’àdes créatures humaines 1 Eh bien encore
une ibis, il n’est pas question de gendarmes (jui viennent rétablir l’ordre public; ou s’ils passent, ils ne dérangent
nullement cette lie (car je ne saurais trop
quel oom donner à cette masse de gens de,
6
-110 —
tout âge que les trop nombreuses échopes
à vin déversent dans nos rues après onze
heures du soir), et vous voilà à recommencer de plus belle votre veille forcée.
Si l’on est en santé, on se résigne encore
à entendre beugler, comme si l’on était
en pays sauvage, jusqu’à minuit; mais si
vous avez un malade auquel le repos et
une tranquillité parfaite ferait tant de bien,
figurez vous ce que l’on éprouve quand
le patient est réveillé en sursaut par les
cris de gens avinés qui semblent trouver
tout leur plaisir à troubler l’ordre et la
tranquillité publique et qui finissent très
souvent par des rixes. Les sentiments qui
s’élèvent dans le cœur, je ne vous les dirai
pas, mais je vous assure. Monsieur, qu’il
faut être doué de beaucoup de patience
pour ne pas se faire justice soi-méme.
Et ne croyez pas que j’ignore toute la
gravité de cette expression; mais je suis
persuadé qu’il y a une criante injustice
dans le fait que des administrés, ne dérangeant en rien l’ordre public, payant
régulièrement et ponctuellement les impôts, ne puissent pas jouir du repos auquel même les coupables ont droit.
Si vous pouvez accorder à ces lignes
une petite place dans votre Chronique
locale, vous obligerez infiniment votre
reconnaissant
E. Costabel.
Nous recommandons 'instamment cette
très légitime réclamation à qui de droit.
La Rédaction.
Angi*ogn©j La majorité du Conseil
communal, sur la demande de dix personnes , a délibéré d’accorder l’usage de
la Grande Ecole pour des réunions dissidentes qui ont commencé à avoir lieu à
peu près à l’heure du culte principal du
dimanche. La chose ne nous a pas surpris de la part de la majorité du Conseil
Communal d’Angrogne , à laquelle appartiennent deux des anciens suspendus de
leur charge ; — ces derniers justifieront sans doute leur conduite, dans cette
occasion, comme dans d’autres cas analogues, en alléguant que ce qu’ils ont fait,
ils l’ont fait comme conseillers et non pas
comme anciens. Ce que nous avons de la
peine à croire, c’est que l’autorité supérieure ait rnis son'ùwto à une semblable
délibération, à moins qu’elle n’ait pour
principe de laisser, toujouK et partout, aux
Conseils Communaux la responsabilité entière de leurs actes quels qu’îfô soient,
mais alors pourquoi la loi exige-t-il l’approbation de l’Autorité supérieure? Les
motifs que noos avons de douter de la
réalité de cette approbation de la part do
1 autorité politique et adininfétràftif» tiipé-'
rieure, c’est que nous avons des raisons
de penser -qu’elle n’admet pas que les
Con.seils communaux, ni que les Sous-Préfectures aient le droit d’autoriser des cultes
dissidents parmi nous dans les bâtiments
de propriété de l’Eglise Vaudoise et de
faire les généreux du bien d’autrui; c’est
qu’on a, en outre, refusé, au pasteur luimême l’usage du dit local pour tous les
services de l’Eglise, parceque c’était un
immeuble en litige, et enfin c’est que, si
nous avons été bien renseigné, le SousPréfet a eu lui-même sous les yeux les
titres de propriété du Consistoire d’Angrogne, lequel paie les impôts do l’école et
de la maison du régent, dont la Commune
a usurpé l’usage pour l’école communale
pendant la semaine et pour un culte dissident le dimanche. Cela dure depuis des
mois en l’an de grâce 1872 et sous le règne de S. M. Victor Emmanuel U.
Nous apprenons, de source certaine, que
dans une de nos grandes paroisses, sur
vingt et quelques catéchumènes qui se
sont présentés ou qui auraient pu se présenter pour subir l’examen devant le Consistoire , sept seulement l’ont subi d’une
manière satisfaisante ou passable et que
tous les autres ont été renvoyés à plus
tard. Nous pensons que le Consistoire a
fait son devoir, si vraiment, comme ce
paraît être le cas. ces jeunes gens n’ont
ni les connaissances nr les dispositions
voulues pour être admis dans l’église
comme membres actifs et comme communiants. Mais nous apprenons aussi que
ce que nous avons appelé Consistoire
n’était composé que du pasteur et d’un
ancien, tous les autreà membres do ce
corps ayant jugé à propos de s’abstenir
de prendre part à l’un des actes les plus
importants dont nos règlements confèrent
l’accomplissement au Consistoire. — Nous
voulons espérer que cela n’est pas arrivé
dans le dessein prémédité de se soustraire
à une grave responsabilité; mais un tel
fait dénote cependant ou de l’indififérence,
ou peut-être seulement une grande ignorance des devoirs de la charge d’ancien.
Nous recommandons à ces frères d’e.xaminer l’art. 4 du Règlement de la paroisse,
— l’art. 14 de la Constitution, alinéa a ;
— l’art. 7 du Règlement du Consistoire.
Ij*E3toll© dxi matin. Tel est le
titre d’un petit journal mensuel que M. le
pasteur Michelin, se propose de fonder.
Il sera, dit-il, bien humble, bien modeste,
mais tris indépendant. — Le prix d’abonnement est de 2 fr. par an pour Fitalie.
Pour l’étranger, le port en sus. — Bon
succès à VEtoile du matin.
7
-m
Ckrontque f^oUttque.
La Gazette officielle publie le décret suivant :
«Sur la proposition du minisire des fl
nances,
« Vu l’article 4 de la loi du 13 mai 1871,
N. 214, qui alloue au Saint-Siège une dotation nouvelle de fr. 3.225.000 à inscrire
au Grand Livre de la Dette publique sous
forme de rente perpétuelle et inaliénable,
et exempte de toute espèce d'impôts ou
taxes gouvernementales, communales ou
provinciales ;
«Avons ordonné et ordonnons:
« Article unique. La rente perpétuelle
do 3.250.000 francs allouée au Saint-Siège,
sera inscrite séparément dans le GrandLivre de la dette publique, avec jouissance du r janvier 1871.
« Donné à Rome le 24 février 1872.
Signé Victor Emmanuel.
Quinüno Sella».
Pauvre Pie IX ! Cependant il sera toujours persécuté, prisonnier au Vatican et
sans autres moyens de subsistance que
ceux que lui donne la charité des fidèles !
Rome. Quoique tes fêles théâtrales de
la semaine sainte n’aient pas eu lieu cette
année, les étrangers affluent à Rome, et
parmi eux plusieurs princes et princesses;
le prince Frédéric-Charles de Prusse, le
prince Napoléon, le roi et la reine de Danemark, le prince et la princesse de Galles
et plusieurs autre.s encore.
— V0.s.<iervatore Romano, dans un discours du pape, dont il reproduit quelques
passages, lui fait dire que les fonctions
sacrées de la semaine sainte ne peuvent
avoir lieu avec la splendeur ordinaire à
cause du manque de liberté.
■Vienne. Le Reichsrath a adopté,
sans débats, une proposition invitant le
Gouvernement à surveiller attentivement
les abus de la parole dans la chaire et à
les faire poursuivre selon les lois existantes.
France. C’est le 22 mars que l’Assemblee Nationale a enterré les pétitions
sur la question romaine. Mgr. Dupanloup
avait demandé la parole, lorsque &f. Thiers
se présenta lui-meme à ta tribune, et après
avoir remercié Ai. Dupanloup de lui avoir
cede son tour,, il déclara ne vouloir compromettre à aucun degré des intérêts qui
lui sont chers, ni ceux de l’Etat ni ceux
de l’Eglise. « La causa de riodépendaoce
du Saint-Siege est, dit-il, chère au Gouvernement; il l’a défendue et la défendra
toujours. Mais il y a une cause qui ne
lui est pas moins ebère^ et qui nous est
également chère à tous, c’est celle de
l’Etat. Je vous le déclare en toute sincérité, dans les circonstances actuelles, les
discussions auxquelles il s’agirait de so
livrer, auraient pour la politique do la
France des inconvénients réels; et j’affirme que pour la cause de l’indépendance
du St Siège, elles n’auraient aucun avantage».—Mgr. Dupanloup ayant dit, devant
les déclarations de M. Thiers et devant les
dispositions que l’Assemblée a montrées,
ne pas vouloir insister, l’ajournement indéfini de l’examen des pétitions est volé
à une très forte majorité. Quelques membres de l’extrême gauche s’opposent à cet
ordre du jour, pareequ’ils auraient voulu
ensevelir définitivement ces pétitions et se
sont ainsi trouvés d’accord avec deux ou
trois votants de l’extrême droite et particulièrement avec le général du Temple.
— VUnicers est furieux ; sa rage surpasse
sa consternation. «C’est une honte, s’écriet-il, cela s’est fait sans discussion, par un
accord instantané entre M. Thiers et Mgr.
Dupanloup». Il compare M. Thiers au démon Gérion «qui avait face d’honnête
homme et l’aspect bénin au dehors de sa
peau ». — On croit, quoiqu’il en soit, généralement, que les pétitions romaines
sont bien écartées ou enterrées.
AIX ÉHIGRAI\TS
Il vient de se former par actions une
SOCIÉTÉ BONIFICATRICE des terrains incultes en Italie. Cette Société a son siège
à Florence, Place Santa Maria Novella, 24.
En Italie, le sixième du sol propre à être
cultivé, est sans culture, et, en grande
partie, à cause du manque de prévoyance
des habitants; et cependant ces contrées
furent anciennement, par le fait de leur
propre richesse, les plus populeuses et
les plus prospères du monde.
La Société Bonificatrice se propose
d’acheter à bas prix de vastes superficies
de ce.s terrains incultes dans diverses provinces de l’Italie, ou d’eu obtenir la cession
gratuite du Gouvernement, des Municipes,
des corps moraux, pour les défricher et
les réduire en culture. Elle .se propose,
en outre, d’effectuer des améliorations ou
bonifications de toutes sortes sur des terrains qui ne lui appartiennent pas, en
s’associant aux propriétaires pour les dépenses nécessaires, contre une co-participation aux bénéfices dérivant des ouvrages entrepris.
La Société ne s’occupera pas directement
de la culturé des terrains achetés par elle.
Elle en exécutera la vente seit en entier,
soit par parcelles, mais graduellement et
progressivement, afiu que la qoaotité des
8
-11»
terrains mis en vente ne puisse nuire à
à ieur prix.
Il sera avantageux, en certains cas, de
céder les terrains divisés en petites fermes aux colons mêmes, en convenant
avec eux l’amortissement graduel du prix,
capital et intérêts, dans une certaine période d'années.
D’après ce programme, dont nous n’avons reproduit que les points qui peuvent
intéresser nos colons, il nous semble que
nos laboureurs qui ne se trouvent pas
assez au large dans les Vallées pourront
trouver des terrains à cultiver dans notre
patrie, sans avoir besoin de se faire transporter, à grands frais, en Amérique où ils
devront rembourser de quelque manière
et avec de gros intérêts les dépenses que
des spéculateurs ont faites pour eux.
SOUSCRIPTIONS
EN FAVEÜR
de la Société Bibliaue italienae
475 75
100
5 25
1
1
Liste ‘précédente Fr.
La Table vaudoise »
E. Malau Prof, et sa famille »
M'“ Catherine Tonaglio de la Tour »
M'Joseph Morè id. »
Total Fr. 583 00
SOUSCRIPTION POUR LES MISSIONS
Liste précédente Fr. 1200 60
M'le pasteur Meille, collectes
(2* versement) » 182
Total Fr. 1382 60
Total pour la paroisse de Turin Fr. 295 80
RECENSEMENT 1872.
A marier
Mariés
Veufs
Xju.sex*ne-S‘ Joan.
».
Etai civü, -y
hommes femmes
1102 1046
689 707
• I . . il 96 156
Total . 1887 1009 » 3798
■I ii:
■ Hi
In^ruetion,
hommes femmss
. Savent lire . 38 156
Savent lire et écrire 1196 954
Illettrés 653 799
Total 1887 1909 = 3796
Religion.
Evangéliques 953 1011 = 1964
Catholiques 934 898 = 1832
Total 1887 1909 = 3796
Bototolo- Belllce.
Maisons habitées . 322
Non habitées • • 35
Total 357
Nombre des familles 342
Population.
hommes femmes
A marier . . 463 433
Mariés . . . 285 284
Veufs ... 33 78
Total de la popul. prés. 781
En 1862 ....
Instruction.
Savent lire . . 31
Savent lire et écrire 548
Ne savent ni lire ni écrire 202
795 = 1576
1551
186
346
263
Total
781 795
Religion
Evangéliques . 715 766 = 1481
Catholiques . . 66 29 = 95
Total
781 795 = 1576
A.rm.onoe.
LE GENERAL BECKWITH,
Sa vie et ses travaux parmi les Vaudois
du Piémont, par J. P. Meille pasteur, 1 vol.
en 12 de 350 p. — Prix 3, 50. — Est en
vente:
A Turin chez H. Loescher libraire.
A Pignerol chez G. Chiantore.
A La Tour chez Isaac Bencch.
B. Malan Directeur-Gérant.
t' Pignerol, Impr. Chiantore.