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Quatrième Année,
13 Décembre 1878
N. 50
LE TÉMOIN
ÉCHO DES VALLÉES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Foi« me serejs témoins, Actes 1, 8,
Suivant la vérité avec la charité, Ep, 1, 15.
PRIX D’ABBONNEMENT PAR AN Italie . . . R. 3 Tous les paya de TUnion d« pofite - . . » 6 Atnériqu* ... ■ 9 On s'abonne : Pour antérieur chez MM. les pasteurs et les libraires de Torre Pellice. ' Pour r£>tîierïiîtir au Bureau d'Ad* ministration. Un numéro séparé ; 10 centimes, Annonces ’.25 centimes par ligne. Ues envois d^argeni se font par lettre reiommandée ou par mandais sur te Bureau de Pet- rosa Argentina.
Paar Ja RÉDACTION adresser aiüsi : A ta Direction du Témoin, Pomaretto (Pinerolo) Italie, pour r ADMINISTRATION adresser ainsi : A T Administration du Témoin, Pomaretto (Pinerolo ) Italie
.Sonaxixaire
Avis que l’on est prié de lire. — Complices de l’atteulat, — Le dimanche à
l’ExposiliûQ. — Correspondance. — En
auriez-vous fait aulaut? — Dernières paroles d’un jeune marin. — Pensées. —
Revue politique.
4TI8 QUE im m EEIË DE LIRE
Avant de Ipublier la liste des
abonnés qui n'ont pas soldé leur
abonnement pour l’année qui va
finir, nous les invitons encore
une fois à le faire dans le*plus
bref délai.
Le tnoment est venu aussi de
renouveler l’abonnement si l’on
désire continuer à recevoir le
journal. Le premier numéro seulement de l’année 1879 sera envoyé à tous nos abonnés actuels,
à l’exclusion de ceux qui au 1®"
Janvier n’ahraient pas payé pour
1878. ^ Il va feans dire que les
quelques personnes auxquelles le
journal a été adressé sans qu’elles
l’eussent demandé ne sont pas
comprises dans le présent avis.
Si nous nous sommes décidé
à commencer une 5'"® année,
c’est surtout par-le sentiment
d’un devoir|à remplir envers notre
chère Eglise ; c’est ensuite grâce
aux encouragements des quelques amis dont la sympathie et
le concours nous sont extrêmemement précieux. Si notre journal
n'a pas encore trouvé le nombre
de lecteurs Vaudois auquel il
aspire, c’est un peu la faute do
tout le monde ; la sienne tout
d’abord parcequ’il n’a pas su
intéresser davantage. C’est aussi
la faute de ses amis qui n’ont
pas fait ce qu’ils auraient pu, soit
pour le faire connaître .et apprécier autour d’eux, soit pour le
rendre intéressant au moyen de
com.munications fréquentes qu'il
aurait accueilli avec tant de reconnaissance.
Sera-t-il plus heureux pendant
l’année qui va commencer?C’est
notre désir, et nous nous engageons volontiers à y donner tous
nos soins,
2
.394v
Ce qui nous fait bien augurer
de celte nouvelle année, c’est
que notre vieil ami, M. le professeur B. Tron, abien voulu mettre à
notre disposition son manuscrit
sur Pierre Vàldo et que à notre
tour nous pourrons offrir par petites portions à nos lecteurs cette
monographie dont plusieurs connaissent l’existence et qu’ils sont
impatients d’avoir sous les yeux.
Une lettre ' qui nous arrive à
l’instant môme et que nos lecteurs trouveront un peu plus loin
nous dispense d’entrer dans plus
de considérations au sujet de
notre feuille; elle nous aurait
même dispensé d’écrire ce qui
précède si nous l’avions reçue
une heure plus tôt.
LES ÜOfl’IJLES DE L’mENTAT
II.
Quand nous parlons de l'aitentait,, la pensée de nos lecteurs
se porte , comme la nôtre , sur
cet instant terrible qui n’a duré
qu’une minute, mais pendant le.
quel la vie précieuse du Chef de
l’État a paru être à la merci d’un
assassin. Mais il devient de plus
en plus impossible d’isoler cette
atroce tentative, dont le but n’a
pas été atteint, de toutes celles
qui, eii divers liéux,,surtout à
Florence, ont fait de nombreuses
victimes. Lorsque , au lendemain
de l’évébettient qui a remué si profondément ritalie, certains journaux, intéressés peut-être à le fai-re
croire, afBrmaient que le scélérat
n’avait pas de complices , nous
avons secoué la tête avec une absolue incrédulité, persuadé que
Ta chose n’était pas possible. Aujourd’hui l’on a , sèmble-t-il , non
plus seulement de très fortes présomptions, mais des preuves évi-,
denles que le hideux complot était
ourdi de longue main , et sur une
vaste"échelle, et que les complices
sont nombreux. Les fils de cette
ténébreuse conspiration sont entre
des mains sûres qui ne les lâcheront pas avant d’avoir scruté avec
le plus grand soin tous les recoins
de ce labyrinthe infernal. — En
temps et lieu, la loi prononcera
son verdict contre tous les coupables , et cela, nous l’esplérons,
sans faiblesse, comme sans colère.
Quoique nous ayons entrepris
de nommer quelques uns dés cómplices du crime , nous n’avons,
pour le moment, rien à faire avec
les personnes et nous ne voudrions
pour rien au monde qu’il en fût
autrement. Aujourd’hui nous voulons signaler comme complices
évidents du crime principal et de
tous ceux qui l'ont accompagné
ou suivi de près, la mauvaise
presse qui depuis un quart de
siècle, surtout depuis quinze ans,
inonde l'Italie de livres immondes
et de détestables jôurnauX. Nulle
part peut-être lés ronians les plus
dévergondés ne sont répandus avec
autant de profusion et à des prix
plus fabuleusement bas. C’est par
vingtaines par éinqùarttàinés
de milliers d’exemplaires qu’on
doit les imprimér , et des comtûisvoyageurs, vrais ministres de Satan,
s’en vont les offrir jusque dans
les plus petits villages, afin que
l’infection n’épargne rien. Nous
avons vu de ces commis dans nos
3
Vallées mêmes, et s’ils ii’y ont
pas fait de meilleures affaires c’est
en partie à cause de la langue
dans laquelle ces livres ont été
écrits ou traduits, et que tous
ne comprennent pas.
Et ces livres dans lesquels l’honnêtô homme, si on l’y introduit,
est d’ordinaire le jouet et la dupe
d’un coquin dont on fait admirer
l’habileté, dans lesquels l’impureté, l'adultère, le vol , le
meurtre ét toutes les turpitudes
imaginables sont étalées avec impudence sous les yeux du lecteur,
ces livres quand on a souillé son
imagination en les lisant on veut
encore en tirer quelque parti. C’est
ainsi qu’ils s'entassent par piles
sur les bancs et les. étagères des
bouquinistes; quelques uns des
plus compromettants sont cachés
dans quelque coin et sous quelque
table, marchandise au rabais qui
n’a rien perdu de son énergie pour
empoisonner.
De son côté, un certain journalisme, bête pu spirituel, quelque
fois les deux ensemble, en faisant
une guerre acharnée et systématique à tonte religion positive ,
en même temps qu’une opposition,
systématique aussi, à tout gouvernefTippt raodét’é comme à toute
administration intelligente, a fini
par détruire chez ses lecteurs tout
sentiment du juste et de l’injuste,
de l’honnète et du malséant, concourant pour sa bonne part à la
formation de cette conscience artificielle que le crime n’effraye plus.
Si, comme le Sauveur le déclare
(Mattii. XII, 37) » chacun sera au
dernier jour jiistifié, ou copdafijne
par ses paroles, ^ quel terrible
compte n’auront pas ,à rendre ces
hommes en si grand nombre qui
emploient leur talent à corrompre
et à souiller leurs semblables !
Le (tioiauche a l'Expositien
Nou.s nous souvenons d’avoir In
quelque pari que lors de l’Exposition
universelle do 1867, qui eut lieu à Paris,
les exposants de langue anglaise se
sont fait un devoir de respecter scrupuleusement le jour du Seigneur. Aussi
un .silence presque complet a-t-il régné
dans leèrs .sections pendant ce joui-.
C'est avec joie que nous disons à nos
lecteurs que ce bel exemple a été imité
dans l’exposilion oui vient de se clore
dans la grande métropole française.
Le malin du vendredi 3 mai 1878
UH bon nombre d’exposants venus d’Angleterre, des Etals-Unis et des colonies
anglaises, se sont réunis dans le vestibule d’honneur tout près des trophées
du Canada. Il y avait aussi là quelque.s
pasteurs protestants, et, entr’aulres ,
M. Weyland qui travaille beaucoup
pour généraliser l’observation du jour
du repos.
• Messieurs, dit M. Weyland, nous
représentons des contrées qui ont observé le repos hébdoinadaire dans les
expositions universelles de Londres et
de Philadelphie , et pour être conséquents , nous devons l’obServer aussi
sur le continent européen. Nous l’avons
fait à Vienne, non.s l’avons lait, ¡1 y a
onze ans, dans ce même Champ de
Mars. Voici une liste de 120 exposants
anglais et américains qui désirent que
le jour du Seigneur ne soit point profané dans ce vaste temple de ¡’industrie
et de l’art. La sanctification du dimanche nous a valu la prospérité et
les bénédictions qu’il a plu au f?ei- .
gneur de l’épandre sur notre patrie.
Aidons la France hospitalière et noble
à obtenir les mêmes dons du Trè.sflaiil, et pour celadoimons-lui l’exemple
(lu respect pour le jour du Seigneur ».
C’est alors que &Î. Wilson, fabricant
de machines à coudre, se leva pour
proposer que celle assemblée d’expo-
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sants prît la résoliiUon d’observer le,
dimanche pendant toute ta durée de
l’exposition. — Toutes les mains se
levèrent pour appuyer celte proposition
et un Comité de 14 membresfiit nommé
séance tenante pour recueillir d’autres
adhésions. Ces dernières furent très
nombreuses, et, dès le dimanche suivant, quoiqu’il y eût à l’exposition au
delà de 100,000 visiteurs, les affaires
furent presque tolalemenl suspendues
dans les sections anglaises cl américaines.
Ceux qui ont vu l’exposition vers la
lin peuvent dire que cet état de choses
.s’est maintenu. Le dernier dimanche
d'octobre, par exemple, la foule était
énorme. Dans les autres sections les
vendetins, les acheteurs et les admirateurs se donnaient beaucoup de mouvement ; on entendait la foute causer
en toutes langues, et les machines qui
lonctionnaienl faisaient un bruit vraiment assourdissant. Mais dans les sections anglaise.s et américaines, il régnait un silence presque complet et,
il les bien chercher, on n’aurail pas
trouvé cinquante a'nglais à l’exposilioni
Les machines étaient là, alignées dans
un ordre parfait, mais sans mouvement , des centaines d’objets exposés
étaient couverts d’un voilé, et les propriétaires absents.
L’impression produite par celle iidélilé dans l’observation du jour du
Seigneur ne peut qu’avoir été bonne,
et si l’on rencontrait par-ci par-là
quelque personne qui levât les épaules
en signe de mépris de la religion et
de se's bienfaisantes inslilulioris,-le
grand nombre appréciait hautement la
courageuse fidélité des exposants protestants en général et des anglais en
particulier.
C’était intéressant que d’entendre les
enfants demander et les parents, ou
les amis, expliquer des motifs pour
lesquels on n’apercevait pas dans les
sections anglaises et américaines le
même mouvement que dané les autres.
Ku sortant de l’exposition pour rentrer dans la grande métropoletrançaise,
quel changement ! quel douloureux
spectacle ! — Le travail et les amusements vont de pair. Les théâtres
comme les musées sont ouverts, surtout ce jour là , tout comme les boutiques et les magasins. Les maisons,
les menuisiers, les charpentiers, les
tapissiers, les décorateurs, les vitriers,
les négociants, sans parler des cochers,
des garçons d’hôtel et des garçons
de café, — tout ce mondé était en
travail comme si ce de rien n’était.
• Mais pensons à nous, et au peu de
respect qu’on a aussi parmi nous pour
le jour du Seigneur. Combien ne serions-nous pas plus heureux, plus bien
portants , plus riches, plus bénis de
Dieu si, comme le Seigneur l’ordonne,
nous nous souvenions du jour du repos
pour le sanctifier !
Carresfonbancc
Torre Pellice le 2 déoemhre 1S78
Monsieur le Directeur,
■àuriez’vous la bonté de donner place
dans de Témoin à la communication
suivante, qui pour être tardive, ne laisse
pas que d’être opportune.
On se souvient de l’incident pénible
qui eut lieu -lors de l’ensevelissement
du regretté J. D. Koslagno, l’évangéliste de Pise. 'Un gentilhomme français,
bien connu 'parmi nous par les longues
recherches qu’il a faites dans les archives de nos paroisses, faisait trotter
sa voilure à côté du convoi funèbre
dan,s un chemin étroit, rétréci encore
par les las de gravier qui en occupaient
l’un des bords, et cela par une pluie
battante qui obligeait chacun à tenir
son parapluie ouvert, ce qui empêchait
le,s rangs de se.resserrer pour lui laisser
libre passage.
S’appuyant sur le fait qu’à Paris il
est permis de trotter à côté d’im convoi
fúnebre pourvu qu’arrivé à côté du
cercueil on aille au pas, <M. de B.
s’obstinait, malgré les observations et
les instances qui lui étaient faites, à
faire avancer sa voilure au trot, ce
qui ne put être considéré par le cortège entier que comme une grave injure.
5
-397.,
M. de B., il est vrai, a protesté
auprès de quelques fpersonnes et en
particwlier auprès de moi, qu’il n’avait
pas ou la moindre idée d’olienser qui
que ce soit et qu’il avait simplement
cru pouvoir se comporlcr ici comme
il l’aurait fait à Paris, que si, par
ignorance des usages du pays, il avait
pu offenser les membres du cortège,
il le regrettait infiniment et leur en
faisait toutes ses excuses. Mais ces
explications qui pouvaient bien avoir
leur effet auprès des personnes à qui
elles étaient présentées p’en pouvaient
avoir aucun auprès des nombreux
membres du cortège où se trouvaient
représentées toutes nos églises au moins
dans la personne de leurs ministres.
C’est ce que M. de B. a senti, et nous
recevons de lui, pour être insérées
dans le Témoin les lignes ci-après, à
propos de cet incident regrettable. Je
ne doute pas que, par cette déclaration , M, de B. ne donne une suffisante
satisfaction à ceux qui ont été froissés
par sa manière d’agir et que, revenant
au milieu de nous, il ne reçoive un
favorable accueil, en parlicuiier là où
il désire poursuivre ses recherches
généalogique.
Voici sa déclaration, contenue dans
une lettre datée de Chalandray le 29
novembre 1878.'
« Je croyais pouvoir faire ici comme
à Paris ou comme dans une autre
grande ville ; je vois que je me suis
trompé ; je prie les personnes qui faisaient partie du convoi de m’excuser
si je leur ai tait de la peine. J’en suis
extrêmement fâché ».
Gaston de Bez.
Agréez, Monsieur le Directeur, mes
respectueuses salutations. ^
J. D. Charbonnier.
.. le 7 décembre 1878.
Cette fois, mon cher Monsieur,
laissez-moi parler comme je puis , —
à l’exception des fautes que je vous
prie de faire disparaître. Ce que je
veux dire vous regarde assez directement puisqu’il sera question du journal
que vcus dirigez.
En lisant l’avis que vous avez publié
dans le numéro é-S, j’ai éprouvé un
sentiment de honte et de regret. Je
regrette sincèrement qu’on vous laisse
non seulement la peine de rédiger
notre petit journal vaudois, mais aussi
le souci d’en payer le prix; il me
semble que c’est déjà bien assez de
la première de ces charges.
Après cela j’ai rougi pour celte centaine tf-abonnés, que je ne connais pas,
qui ont lu le journal depuis le commencement de l’année et qui n'ont
pas trouvé le moment propice pour
payer leur abonnement. Ont-ils peutêtre cru que vous vous contenteriez
de l’honneur d’être lu par eux? Je
connais quelque peu les vaudois de.
nos vallées et je sais-que l’exactitude
et la ponctualité ne sont pas leur fort,
mats une année est bien longue dt il
n’est pas permis de la laisser finir
sans payer cette dette. Mais qui sait?
Peut être que votre avis aura eu son
effet et que la plupart des rélardaiaires
se seront déjà mis en règle.
Ce que je désire surtout relever dans
votre avis c’est la fin, là où vous invitez les vaudois à vous dire s’ils
tiennent vraiment à ce que celte publication soit continuée, ou si pèutêtre ils la jugent inutile, indiquant
par là que, pouf voire compte, vous
ne seriez pas fâché d’en être délivré.
Eh bien ! mon cher monsieur, si vous
attendez que beaucoup de vaudois vous
encouragent, ou que quelques uns
seulement vous découragent, vous aurez
à attendre longtemps. Plusieurs vous
diraient, si vous aviez l’occasion de
leur parler; il faut absolument que
nous ayons nôtre journal; nous ne
pouvons pas nous en passer. L'Echo
des Vallées et \e Témoin qui en est
la continuation, nous ont été extrè-^
mement utiles dans bien des occasions,
et il serait insensé de se priver d’un'
organe de publicité quand on l’a déjà.
D’autres vous diraient, comme moi,
que la semaine ne finit pas bien pour
eux lorsque leur petit journal n’arrive
pas le samedi. Quant à ceux qui n’aiment
pas le journal parceque, une fois ou
i’aulre, ils y ont trouvé un mot qui
ne leur a pas plu, ils ne vous diron
6
rien , ils n’ont pas assez de courage
ponr cela, ei ils se contenteront de
ne pas s’abonner. Je ne pense pas que
votis ayez beaiiconp à craindre d’eux,
et que leur inanvaise volonté puisse
nuire à la diËTusian de voire feuille.
Ceux qui vous font le plus de tort ce
.sont les indifférents et les tièdes , les
amis TTHiel-s et paralytiques qui ne savent
ni parler, ni se remuer un peu en
faveur du journal. Je suis persuadé,
par ma propre expérience, que si,
dans chaque paroisse et dans chaque
bourgade, il y avait quelques personnes
qui "eussent à cœur de trouver de
nouveaux abonnés au Témoin , le
nombre en serait l'acilemenl doublé.
Mais il faudrait que l’on commençât
par ne pas se mettre â trois ou quatre
pour prendre un seul abonnement,
comme je sais que cela se pratique
pas très loin de chez mot. 11 faudrait
ensuite (je les prie de me pardonner si
mon observation est déplacée.) que
MM. les pasteurs s’intéressassent à celle
publication en la recommandant autour
d'eux , et non seulement eux , mais
aussi les régents, et toutes les- personnes inleliigenles. Le moment peut
venir pour chaque paroisse où l’usage
du journal sera pour elle d’une extrême
importance, comme il peut l’être pour
l’Eglise toute entière dans une roule
de circonstances.
Ma {conclusion est donc que le Témoin doit, à tout prix, poursuivre son
utile carrière, et mon vœu sincère est
que Dieu dirige tous ceux ,qui y travaillent avec vous, mon cher directeur,
et qu’il vous fasse trouver avec beaucoup d’abonnés assez d’argent pour
payer votre imprimeur.
Votrç très dévoué frère
Jacques.
a«rrefü, le ') déuemlir« 1S7S.
Très honoré Monsieur,
•l’aurais bien désiré, ne plus revenir
à la charge sur la Conférence de Massel,
laquelle a suscité à son insu, une discussion, bien pénible pour tous ses
membres. Toutefois, étant interpellé
directement par M. 1e prof. A. Revel,
j’ose encore. Honoré Monsieur, venir
vous demander l’hospilalité dans les
colonnes de votre journal pour ré pondre à notre cher professeur.
I** La Conférence, n'a jamais cm et
n’a jamais dit, que la Commission Synodale voulût abolir la confession des
pécbês. Si, dans le compte-rendu ,
M. Revel a cm voir le mêipe malentendu dont le frère Jacques s’est fait
l’interprète, certainement cela provient
d’un autre malentendu bien déplorable.
En clfet, si la Conléren.co a fait ses
réserves à propos de cet article, c’est
uniquement parceque ses membres ne
furent pas du tout d’accord pour accepter d’autres formulaires; le grand
nombre préférant s’en tenir à ce monument, qui exprime si bien nos sentiments et qui de plus forme un ¡lien
avec les autres Eglises Evangélique.s.
2“ Elle a fait pareillement ses réserves sur le Symbole , lequel, dans
le projet élaboré par la Commission
Synodale et consigne dans le N® du
septembre du Cristiano, a été complètement laissé de eôlé. Est-ce le sachant et le voulant s EsItcq un ¿apsns
pennae'! Mon cœur me dit que non ,
mais je ne sais. Le fait est que la conférence a jugé à propos de rappeler
à la vie ce symbole oublié, ou voué
à la mort. Je connais, il est vrai, quelqu’un qui ■ aime le laisser dé coté ,
pareequ’il a, dit-on, des lacunes, des
expressions malheureuses ; mais quand
nous ne trouverons plus de lacunes,
heureusement nous ne serons plus icibas. Là haut dans le ciel seulemeiu ,
se trouve la perfeclion vers laquelle
nous tendons.
3® Si l'cdfsolulion enfin a été décidément laissée de eâléj certes ce n’est
pas pour ne pas entendre rasstirance
du pardon, mais bien plutôt parceque
le culte aurait été un peu trop compliqué et parceque ce mot hélas, rappelle le grand abus qu’on en a fait.
Il répugne aux évangéliques de laisser
croire, à ceux du de/ion une chose qui
n’est pas et qui pourrait donner lieu
à bien des malentendus.
D’accord, en grande partie, avec M. le
professeur Revel, je me permets en
terminant d’exprimer un vœu sincère.
7
-399«
Notre chère Eglise Vaudoise a jusqu’ici
résisté aux attaques directes et indirectes. Elle a coinbatUi le hon combat
en gardant la Parole qui est son trésor
et sa devise. Elle a obtenu des succès
incontaslahles, tout en aiiriani, sans se
fatiguer jamais, entendre l’épéter dimanclie après dimanclie, ce décaloguc
qui lui trace ses devoirs, celte confession qui lui dévoile ses péchés et
ce symbole qui résume sa, foi. Pourquoi vouloir rendre facultatif ce qu’elle
demande et lui donner de nonveanx
formulaires qu’elle ne demande pas ?
Qu’on en donne tant que l’on veut
pour les autres prière.s, mais franehement la confession des péchés telle
que nous l’avons, peut se passer des
voisins qu’on voudrait lui donner!
Quand l’Eglise Vaudoise se fatiguera
d’entendre le décalogue et le symbole,
et qu’elle dira : ôtez-moi ces vieilleries
et accordez-moi du nouveau : oh alors,
mais alors seulement, nous’ouvrirons
les portes à ce progrès qui peut être
le signe précurseur de bien comme de
mal. Ce moment viendra-t-il? Mon vœu
est qu’il ne vienne jamais.
Agrfex, honoré Monsieur, les salutations fraternelles de
Voire dévoué G. A. Tron.
Efl auriez-vous fait autant?
Il n’y a pas longtemps, un lionime
des environs de Pavie, voulait noyer
son chien dans le Pô. 11 le prit avec
lui dans une barque, s’avança vers le
rrt'ilieu du fleuve, passa une corde à
laquel'e il avait ailachc une pierre,
autour du cou de son fidèle servilénr,
et le lança dans l’eau. Le pauvre chien
se débattit si bien qu’il revint vers la
barque de son maître pour y remonler
et celui-ci le repoussa. Là pauvre bête
revint àplusieurs reprises sans attendrir
l’homme qui voulait le faire périr,
jusqu’à ce que celui-ci s’avançant un
peu trop hors de sa barque lomlia
dans l’eau. Le chien vint au secour.s
de son maître et fil si bien qn’il réussit
à le tirer d’une mort certaine.
Ne le Ijaissé point surmonter par le
mal, mais surmonte le mal par le bien.
Dernières paroles d^iin jeune marin.
Connaissez-vous l’histoire de Robert
et son capitaine? C’est le litre d’un
petit livre qui fut donné à un jeune
marin piémoulais-vaudois, à son relour
de la Chine. Pauvre garçon ! il avait
pi'is dans ce pays lointain une maladie
mortelle cl il était revenu pour mourir
dans sa patrie. Il ne connaissait pas
encore le Sauveur. Ce fut en lisant le
récit émouvant de la conversion du
capitaine, qu’il fil un relour sur luimême. H se dit: moi aussi, comme
ce capitaine, je suis méchant, moi
aussi, je crains la mort car je devrai
être jugé ! Mais quand il lut ces mots:
« Dieu a tellement aimé le monde
qu’il a donné son Fils unique , afin
que quiconque croit en lui ne périsse
point, mais qu’il ail la vie éierneUe»,
il crut cir Jésus, et ses péchés lui furent
pardonnés; il reçut la paix de Dieu
et mourut en disant; « Je suis ce
lÜiticOnque qui ne périra point, car je
crois en Jésus »,
f Le Rayon de Soleil}.
Pensées.
La Cible nous affranchit et nous soumet, elle nous affr.ançhit des hommes
pour nous soumellrc à Dieu.
Comte Ag. de Gasparin.
11 faut que chacun dé nous change
de religion , non sans doute pour
quitter la vérité de Dieu, lorsqu’il a
eu le bonheur de la recevoir dès l’enfance, mais pour que celle véiu’lé devietmé vraie en lui, et pour que de
la religion d'Iiabilndc, de rradilion ,
de cérémonies, il passe à la religion
vivante. <L. Meyer.
S’agil-il de se pl;aindre: les misères
abondent; s’agit-il de faire du bien :
les misères sont rares. Ce qui abonde,
comùfé importunité est rare comme
occasion. Au point de vue dè so;ti devoir, le monde, à tout prendre, est
riant et beau. CesSexagéralions et celte
crùeile incoilséquencé sont étrangères
an*cœur chrétien.
8
]1 y'a .pan dl g;ens, même parmi
les meillèui's, qui fassetil loul ce que
ils peuv^ni* Nous avons toujours dans
un mornênl donné quelque chose que
quelque aulre n’ii pas. Le plus dépourvu a quelque chose à donner.
Le plus ignorant a quelque chose ii
apprendre au plus savant; le plus faible
peut aider au plus fort; le plus pauvre est assez riche pour prêter l’Elornel.
Privé de sa fortune, de sa santé,
du mouvement même, de la vue, de
l’ouïe, de la parole, ne vivant plus
que par l’âme, le chrétien peut compter
encore 'pour une puissance au sein
de la société humaine» Vinel.
IKeDuc pitttjque
ÆtaUe. — 'roule l’attention a été
concentrée celle dernière semaine sur
les interpellations qui ont été faites à
la Chambre des députés sur la politique intérieure du ministère. Un grand
nombre d’oratelirs ont pris la parole,
et de ce nombre sont Bonghi, Crispi,
Mari et Minghetli. Sella a été très applaudi pour quelques mots qu’il a prononcé pour un fait personnel et à
l’occasion desquels il a prononcé des
paroles senties et éloquentes sur l’armée, les .services qu’elle a rendus et
qn’elle est appelée h rendre. Tons ces
orateurs et bien d’autres ont exprimé
des appréhensions bien justifiées par
des faits récents au sujet de la marche
de nos affaires à rinlérieur, et des principes de*gouvernement du ministère.
Le ministre de l’intérieur Zanardelli,
celui de Grâce et Justice Conforlî et
le président du Conseil ont répondu
cl ces diverses iulerpellalions. Le grand
argument de Zanardelli c’est qu’il y a
eu aussi Ses désordres sous les précédentes administrations «et que les
cercles Barsanli et les cercles républicains ne datent ptis de l’époque de
son administration ; qu’il a, du reste,
pris des mesures sévères contre les
Barsanlisles et contre les inlernaGonaux, comme jamais on ne l’a fait,
qu’il n’en a pas pris contre les cercles
républicains et qu’il n’en prendra point
pareequ’ils ont le droit d’exister à
l’ombre du Statuì. Le long discours
du ministre contenait de très bonnes
choses, mais il a laissé son auditoire
assez froid et n’a convaincu personne,
en dehors de cèiix qui l’étaient déjà.
Le «haleureux discours de Cairoli a
failj plus d’effet. Cairoli a parlé avec
affection du roi Humbert et de la monarchie. L’homme a plu comme toujours , le ministre constitutionnel a
laissé des doutes dans les esprits, surtout loi'sqiie Cairoli s’est déclaré solidaire de Zanardelli et de son collègue
des finances, Seismit-Doda, en ce qui
concerne surtout ' l'abolition du droit
de mouture. — Aussi tes principaux
députés qui ont interpellé le ministère,
enlr’aulres Crispi, Bonghi et Minghetli,
se sont déclarés non satisfaits des réponses des ministres et ont prononcé
des ordres du jour qui contiennent un
blâme pour le passé et une invitation
à respecter les lois de sûreté publique
et â les mettre en vigueur à l’avenir.
Les ordres du jour favorables et défavorables au ministère sont discutés dans
ce moment à la Chambre qui n’a jamais
été aussi nombreuse. On assure que 470
députés prendront part au vole de confiance ou de défiance. Le résultat n’est
pas encore'connu. Ce qui aggravé aux
yeux de plusieurs la position du ministère, c’est que, dans la Chambre, i! n'esl
guère soutenu avec vigueur qua par
le groupe de l’extrême gauche , les
radicaux ou les républicains; dans la '
presse les principaux appuis sont la
Capitale et la Ragione; dans le pays,
les meetings républicains et les démonstrations de place. Garibaldi, ce député
qui «’assiste jamais à la Chambre, tout
en écrivant à un jeune Sicilien que
l’avenir est à la république, ajoute pour
le moment qu’il faut soutenir le ministère Cairoli. Malheureusement Gênes
et ailleurs, les mêmes qui crient : vivé
Cairoli! vive Zanardelli ! crient surtout:
vive la république! et très peu: vive
le roi !
Ernkst Roberï, Gérant et Administrateur.
Pignerol , Impr. Chiantore et Mascarelii,