1
ComplB-cBJrani avec la Poste,
PRIX D'A.BONNKMBNTPAR an 1
Italie , , . Fr. 3
Ktranger . . » 6
Allemagne, Autriche-Hongrie,
Belgique, Brésil, Danemark,
Egypte, Hollande, Suède,
Suisse, par abonnement
postai selon l'Accord de
Vienne Fr. 3
On s’abonne :
Au bureau d'Administralion;
Chez MM. les Pasteurs: et à
l imp. Alpina à Torre Pellice.
Ç'anoiinement se paye fj'avanc.e.
Année XXXIII N 44.
3 Novembre 185)8
Numéros séparés demandés avant
le tirage, 10 centimes chacun.
An«onces;iOcentimes par espace
de ligne pour 1 iois — 16 centimes de 2 à ô fois et 10 cen*
times pour 6 fois et au dessus
S’adresser pour îa Bédactioa et
pour V Adminlatration à M
Jean Jalla, prof.,Torre PelHce
Tout changement d'adresse coûte'..
15 centimes, sauf ceux du com-^;<
mencemenl de l’année. P' •
CHO
DES VALLEES VAUÜOISES
Paraissant chaque Jeudi
Vous me serez lôinoins. Act. I, 3. Suivant la vérité avec la charité. Eph. IV, 15. Que ton règne vienne. Matlh. VI, K
ÇO
n
• T ....
^ A , ’
M «> III III il i r e -,
Échos de la semaine — Les sarments retraiiclics—Evaiigéli.sacion des Italiens
en Suisse — Correspondances : Gênes,
Liisei'ne S.t Jej|ii — Bibliographie —
Chronique vaudoise - Revue polititique — Annonces.
Eélios de fa semaine
Nous avons eu noire Dimanche
la Paix. Seloti la l'ésoliilion votée
Ihir le Synode à l’art. 33 de ses acles services religieux du 30
|^<^iirant ont élé consacrés « à plaidei'
a cause de la frateniité entre tous
'•J« [>euples et à prier pour son pro'•'ihin hiomplie».
Iiiiitüe de dire que nous avons
i’ccneilli celle décision synodale avec
[dus vive salis(acUoi), nous qui
| *^pnis deux ans, dans les colonnes
j'6 l’Echo, pro[>osions à noscondne®hrs .spirituels de consacrer un di'|hijclje tout parliciilièrennent à cet
^.'^.¡et, comme cela se (ait dans plud'“Ui's auti'es églises évangéîii|ues,
aurions même ilésiré que l’acte
synode ne se limilât pas ,à cette
||^"|ée, mais que le Dimanche de la
|.«îa5 devînt une institulion réguet ofiiciellement reconnue. Ôn
a fait observer, au cours <le la disp'^j ô
cussion, que la résolution n’en auraii ^/^ •
(pie plus d’importance si elle étailij.m’^
répétée année après armée, ce qul'^^
est parfaitement vrai.... pourvu qu’on
la répète.
Il serait superflu d’insister sur le
devoir de tout chrétien-de travailler
selon son pouvoir à rétablissement
de la paix sur la terre. Mais nous
avons entendu exprimer, au sujet
de l’oi'dre du jour volé par le synode, une crainte qu’il n’est peutêtre pas inutile de relever. C’est que,
la chaire, aux yeux de quelquesuns, ne paraisse « se transformer en
une tribune où l’on donne des conférences plus ou moin.s intéressantes, au lieu dé prêcher la vérité
qui sauve ».
Nous ne [¡artageons pas cette
crainte. Si l’on ne pouvait pas, sans
être infidèle à la vérité, consacrer
nue ou plusieurs prédications à proclamer une vérité qui découle de
l’esprit même de l’Evangile comme
un rui.sseau de sa source, l’objection
serait fondée.
Mais nous ne pensons pas que
celle manière de comprendre la
mission dn prédicateur de l’Evangile soit la vraie. Nous voudrions
au contraire cpie la prédication fû,L
plus pratique qu’elle ne l’est géné
fî* ■
2
— 346
râlement dans nos chaires, que tout
en s’inspirant loujovirs des principes fondamentaux qui constituent
l’essence même de la religion chrétienne, elle descendît plus souvent
aux devoirs particuliers qui en découlent, qu’elle insistât davantage
sur ces devoii s; qu'au lieu de parler
d’une manière générale de /’erreur,
du péché, elle s’attaquât plus souvent et plus directement à telle ou
telle erreur à tel ou tel péché. Il
nous semble que Jésus Christ pi’6chait ainsi.
Il y aurait beaucoup à dire sur
ce sujet, si nous avions le temps
de l’approlondir. En voulant s en
^enir trop esclusivernent aux dogliies, on donne à la prédication un
caractère abstrait qui n’est pas fait
pour saisir l’auditeur, le convaincre
et le vaincre Parler des racines,
c’est très bien, puisque là sont, pour
l’arbre, les sources de la vie, mais
nous connaîtrons d autant mieux la
valeur de l’arbre et le prix de ses
racines qu’on nous en fera mieux
savourer les fruits délicieux.
Nous n’avons garde, en faisant
ces réflexions, d’oublier notre point
de départ. Ne craignons pas de
faire dévier la chaire chrétienne de
son but en prêchant sur des sujets
spéciaux, pourvu que ce soit toujours l’esprit de l’Evangile qui inspire toute prédication.
Nous lisons dans les journaux que
S, M. l’Empereur d’Allemagne, aîn és
avoir assisté dimanche au culte dans
l’Eglise évangélique allemande de
Helhléhern, à convoqué les pasteurs
et leur a dit qu’il était convaincu
que la Terre Sainte olire un vaste
champ de travail pour l’Eglise protestante. «L’Eglise a t il ajouté, ne
pourra suffire à celle tâche que si
les membres qui la composent ont
une conduite pieuse et honnête, »
H espère qu’avec le temps le Protestatilisme prendra en Oiienl utie
position digne de son importance.
dans la coopération pacifique avec
toutes les confessions chréliennes.
Pour donner lui-même I exem[de
de celte coopéralion paciiique, il a
fait cadeau aux catholiques allemands ■
d’une pièce de terrain qu’il avait
reçue du sullau, laissani, dit la dépêche, à l’Allemagne calholi(iue le
souvenir magnifique et inouldiable
de son voyage en Palestine.
leTsIents reSSs
(JEAN XV, 2 )
« Tout sarment qui rie porte pas
de fruit en moi il le retranche ».
En pronotiçant ces parole;; si sérieues,
et même menaçantes, Jésus pensait
sans doute à celui des afiôtres «lui
manquait au nomhrè. Avant (lue le
Maître eût dit : « Levez vous, partons d’ici » (Jean XIV, 31) il en
était un (]ui s’élait levé et qui était
parti, seul, pour accomplir une œuvre de ténél.H'es; Judas, le traître.
Et maintenant cétait fini; il était
retranché du groupe apostolique et
bienlAt, peut-être avant que l’innocente victime livrée par lui eût
exfiiré sur la ci'oix, il allait être leli'anché du nombre des vivants.
Mais ce n’élait ¡>as tout. Jésus voit
aussi par avance ces prolessaiils,
ces chrétiens d’apparence et de nom
qui tiendroid. au cep en queh|ue
sorte piir Técorce niais pas par
fibres du cœur, par les moelles.
n’en connaissent }ias la vie intiniei
ils ne reçoivent fias ce tjuii y
(le meilleur dans sa sève. Aussi ne
poi'lenl-ils pas de fruits, de Iruit?
divins. Ils ne font qu’alourdir le^cep
et le ('.ourber vers la terre, qu'cnIraver le développement des vrai®
sarmenl.s, leur ôter l’air et la lU'
miére du soleil. . .
Aussi le vigneron se voit-il obhli^
de pi'endre sa seiqie pour les i'6
trancher. Oh ! il ne le fait pas
lontiers ni à la légère! Il a bea'^^'
coup de patience, il attend lonÉi
3
- 347
là, peu à peu, Il laisse tomber
temps-, quelquefois même sa palience peut paraître excessive et
élomie ceux qui s(i rendent compte
du mal fait par les mauvais sarmenls. Mais, à moins (jue le faux
clirétien ne se réveille et ne se |
convertisse, l’heuie du retranche- '
ment vient toujours. 11 s’opère de
diverses manières. Parfois il est, en
quelque sorde, spontané, comme dans
le cas de Jinlas Iscariot. Dieu }>ermet qu’une épreuve, une tentation
particulièrement forte survienne.
1,0 clirétien de tradition ou d’opinion y succombe ; il commet
une chute grave. Un gros scandale éclate comme, par exemfile,
celui de la société « The Diberalor »
il y a quelques années à Londres,
cette faillite qui a ruiné tant de
petites gens et dont les principaux
coupables élaient considérés comme j
des colonnes de leurs églises respectives. Dieu malheureuse est alors
l’Eglise qui n’est pas armée par sa
discipline pour reirancher les membres indignes et alfirmer hautement
qu’elle répudie toute soladirité avec
eux et avec leurs agissements. Ces
scandales sont considérés comme
de grands malheurs pour les comrnunaulés religieuses et jiour la
Cause de l’Evaugile. Ils le sont en
eiîet, mais ne valent-ils pas mieux
que la confinualion secrète des abus
qu’ils révèlent? Parfois ils ont amené
la conversion du coupable; d’autres
fois ils ont été simplement nécessaires pour retrancher un sarment
i^térile et nuisible.
U peut arriver aussi (]ue celui-ci
soit simplement éloigné par quelque
dispensation, par exemple un changement de résidence. Un homme
qui s’élait cru et que d’autres avaient
*^>'u chrétien va se fixer dans un
Uiilieu indilïérent ou hostile aux
PHncipes qu’il professait chez lui.
1 peu U peU) Il icii»~nc tuiui^ei
les dernières apparences de foi, il
"’'dandonne les dernières pratiques
*'^ligieuses qu’il avait conservées;
idées mêmes se tiansforment;
il adople celles qui ont cours dans
son nouveau milieu; — encore un
saiment retranché parce qu’il ne
portait pas de fruit!
Et lorsque ni l’une ni l’aulre de
ces deux suppositions ne se réalise,
c’est alors la mort qui joue le rôle
du couleau dans la main du céleste
vigneron. Elle ne peut rien sur la
vie iulérieure du vi'ai croyant, du
sarment vivant et fécond, elle ne
peut le séparer de l’amour de Christ,
mais pour le chrétien d’apparence
et de nom elle est une ennemie redoutable; elle le sépare non pas de
Christ à qui- il n’a jamais été vraiment uni, mais de son église, de ses
amis de ce milieu chrétien qui lui
faisait une espèce de vie religieuse
factice, sans valeur réelle mai.s qui
aurait pu se transformer, de laquelle
il aurait pu sortir quelque chose de
mieux s’il l’avait voulu, s’il avait
pris à cœur les avertissements de
Dieu. Et maintenant c’est fini; le
Maître a dit à sou jardinier; «Otele; pourquoi occupe-l-il inutilement
la place?» Oh! qu’elle est solennelle, qu’elle est douloureuse, malgré
les éloges funèbres et les mensonges
olficiels, cette mort qui est un retranchement et une transplantation!
H. A.
Evangélisation des Italiens en Suisse
Nous extrayons d'une lettre de
M. le pasteur II. Appia à la Vie
JSouveile:
«... Les chrétiens de la Suisse
setitent de plus en plus leur respoiisahililé vis à-vis des nombreux
italiens qui viennent travailler dans
leur pays et font toujours plus d’efforts et de sacrifices pour les faire
participer aux bienfaits de l’Evangile. A Genève il n’y a pas moins
de deux œuvres d ’ évangélisation
italienne, l’une qui dépend de l’église méthodiste épiscopale d’Ilalie,
¡’autre d’un comité genevois, et l’on
'i&k.
4
348
songe encore à organiser une branche italienne de l’union chrétienne
des jennes gens. Dans les cantons
de Vaud, de Neuchâtel, de Zurich,
un travail semblable se poursuit.
La société évangélique de Genève
se préoccupe sérieusement de ce
qu’il y aura à faire pour évangéliser
les ouvriers qui vont être occupés
en toujours plus grand nombre aux
travaux de percement du Simplon,
Enfin une initiative particulièrement intéressante, parce qu’elle
n’émane d’aucun comité ou société
religieuse, c’est celle de quelques
chrétiens et pasteurs de la vallée
de Joux, dans le Jura, qui, voyant
arriver chez eux des escouades de
terrassiers italiens pour les travaux
du chemin de fer de Vallorbe à
Joux, se sont occupés d’eux avec
sympathie et ont sollicité la visite
de quelqu’un qui pût leur parler
dans leur propre langue. Un ingénieur électricien de ’furin, établi à
Genève, membre de l’Union chrétienne des jeunes gens, s’est l’endu
plusieurs dimanches au Brassus et
a pu y annoncer Jésus-Christ à ses
compatriotes. Tous ceux qui se livrent à ce travail rencontrent chez
ces hraves gens un accueil encourageant et un vif désir de s’instruire.
L’exemple est bon à proposer et
pourrait être suivi dans d’autres
milieux, car si l’on reproche à l’Italie les assassins qui sortent de
son sein, il faut au moins faire tout
ce que l’on peut pour que le séjoui'
des ouvrieis italiens à l’étranger
serve à combler les lacunes de l’éducation qu’ils reçoivent dans leur
propre fiays. L’assassin de l’impératrice d’Autriche, Luccbeni était
né à Paris et y avait, si je ne me
trompe, passé sa jeunesse. En tous
cas il est surtout le fruit de la débauche d’un père indigne, et du
cosmopolitisme anarchiste».
CORRESPONDANCES
Gênes, 20 Octobre 1898
Cher ami et frère,
Puisque fEcho a fait appel aux
vaudois pour qu’un chrétien se montre disposé à accompagner M. Coillard au Zambèze, outre les qualités
physiques recommandées, il peut être
utile de savoir quelles sont les qualités spirituelles que les missionnaires
recommandent à ceux qui se destinent à l’œuvre sublime de la mission.
1“ Un missionnaire dit: Ï1 faut
que celui qui viendra travailler avec
nous soit un homme joyeux, ardent,
esprit lucide, (|ui ne pense pas
toujours qu’il fait de grands sacrifices, sain de corps et d’e.s|)rit, enIreprenatd, plein d’enthousiasme,
(jui sait voir les choses de leur bon
côté, et qui ne se considère pas
meilleur ipie les aulres parcequ’il
est missionnaire.
2® Livingstone dit : Que te missionnaire ait une bonne éducation,
qu’il soit entreprenant, ¡tersévérant,
plein de zèle et d’amour, l.a piété
ne suffit pas, il doit être le [)lus
habile et le mieux qualifié des hommes.
3® Un autre écrit; Nous avons
besoin d’hommes instruits, ou au
moins bien éduijués dans leur' langue maternelle, reiiiplis du S.t
Esprit, pleins de feu et d’enthousiasme jiour la mission, passionnés
pour le salut des âmes, disposés à
braver tes dangers et les privations
pour accomplir l’œuvre qu’ils sentent au fond du cœur, que Dieu
leui' a donné à faire.
4“ Un autre écrit: Les qualités
nécessaires au missionnaire sont:
l’enthousiasme, l’amour dévoranU
qu’il soit obstinément résolu et prêt
à tout sacrifier, sans cependant si'
maginer que par ses sacrifices >
ait fait de grandes choses, car c'e-^
un privilège et un honneur que i*®
les faire. Le vrai missionnaire n’ei*
J
5
— 349
pas Pormé par les liorames, mais
par Dieu. C’est Lui qui les trouvera
et les donnera. Le maître en a
besoin, rien n’est difficile pour lui.
Extraits ilu North Africa.
G. D. Turino.
Luserna S. Giovanni, 25ll0]98.
Slimatissirno Signore,
11 Signor Paolo l.ongo mi scrive:
«Un’altra dura causa di dolore'
una Signora mi accerta che nelle
Valli si è spai’sa la voce che sono
« consu de dettes » e che il Gomitato ha dovuto pagare i debiti miei.
La Signora non mi può dire quali
sono le persone pie che hanno sparsa
quella voce insana e domando alla
di Lei lealtà di volerla dissipare con
una sua dichiarazione neWEcho ».
Io, al posto del Signor Longo avrei
seguito il parere dei poeta: «Non
ti curar di lor, ma guarda e passa». Anzi, non avrei nemmeno guardato! Il Signor L. la pensa diversamente ed io non ho difficoltà alcuna
a dichiarare che quella voce non è
soltanto «insana» ma è una « pretta
calunnia». Spendere altre parole
sarebbe davvero far troppo onore
alle male lingue.
Ringraziandola deH’ospitalità ho il
bene di rassegnarmi
Dev.mo suo
Matteo Prociiet.
BIBLIOGRAPHIE
H. 1 iOiSEAU : Esclave.... puis libre.
Mémoires d’un ivrogne. l..yon,
E. Bichsel — Genève, Adresse
— Office, 1898. Prix 2 fr. 50.
11 y a des gens qui pensent que
certains romans bassement et platement vénstes, comme la plupart
de ceux de Zola, sont fails pour préserver du vice par le dégoût. Si
telle avait été la pensée de leurs
auteurs (ce que nous ne croyons
pas), jamais écrivain n’aurçiit manqué plus complètement son but.
Mais voici un livre destiné à faire
un bien immense à tous ceux qui
le liront et surtout à tous ceux qui
ont eu le malheur de mettre le pied
sur la [tente glissante de l’alcoolisme.
Ce n’est pas un roman, c’est bien
une vraie autobiographie, et le soustitre « mémoires d’un ivrogne » ne
le caractérise que trop fidèlement.
L’auteur a été un ivrogne dans toute
la force du terme. 11 ne s’agit pas
de quehiues acies d’intempérance,
de quelques chutes pa.ssagèiTs, mais
de toute une vie d’abrutissement
progressif, d’abjection sans nom, d’abdication de toute dignité humaine,
de complet esclavage du vice —
suivie du plus merveilleux relèvement, survenu à un âge où tout
cliangement réel paraît devenu impossible. Aussi écoulez avec quel
accent de foi et de confiance il
commence son livre : « J’écris ces
Mémoires pour tous, mais principalement pour mes frères les ivrognes, les alcooliques, les tombés,
les méprisés, les repoussés, et je
leur dis: un ivrogne, un alcoolique
se l'elève. À cinquante ans, Dieu
m’a tendu la main, comme il est
prêt à la tendre à tous ceux qui
crieront à Lui... »
11 serait fort instructif dé suivre
la naissance et le développement
de la passion chez ce malheureux
Bourguignon, préparé dès le lieiceau pour en être la victime. Pour
l'emplacer sa nourrice, qui n’a pu
lui donner ses soins longtemps, son
panait) et sa marraine lui font absorber le vin généreux du Maçonnais,
sous la (orme de trempettes de biscuits. — «Je veux en taire un
homme, disait mon parrain à ma
mère, qui trouvait quelquefois mon
teint trop coquelicot, ne craignez
rien, le vin fortifie, nourrit, et vous
verrez mon filleul avant deux ans !
— Le parrain se trompait, j’avais
deux ans et je ne marchais pas
encore; le vin n’était pas un fortifiant,
l.e pronostic devait mentir en tout ;
je ne devins pas un homme, mais
6
- 350
un ivrogne. Et ce qui est pis, c’est
(|ue je le fus dès le berceau, cas réputé incurable. »
Après un tel prélude, on peut se
figurer le drame qui va se dérouler.
A sept ans notre béros vide en
cachette les bouleilles laissées dans
le placard ; à dix ans, comme on
l’envoie souvent à la cave chercher
le vin pour le dîner, il en profile
chaque fois pour en boire précipilamment un grand veiie; à quinze
ans on le ramasse un soir ivre-mort
dans une vigne. Gela conlinue de
mal en pis quand le jeune homme,
■son éducation finie, quitte la maison
paternelle. Intelligent et actif et bon
dessinateur, il trouve de fort bonnes
places, mais il doit vite les quilter
l’une après l'autre à cause de ses
habitudes d’intempérance. Il s’est
marié, mais les liens de famille ne
le retiennent pas; ses chutes sont
de plus en plus fi'équentes, de plus
en plus graves, et sa femme, douce
et confiante créature qui a d’abord
eru aux mensonges qu’il lui débitait
pour ex|diquer ses nombreuses absences, ne larde pas à ouvrir les
yeux, C’en est fait du bonheur domestique.
La dégringolade va son train. 11
perd le peu de dignité qui lui res-,
tait encore. Grâce à son habilité il
continue à trouver de bonnes places,
mais il ne travaille que s’il est sous
les yeux du patron. Dés qu’il n’esl
pas directement surveillé, il passe
la moitié de sa journée (sans compter
la nuit) à boire et l’aulre à dormir.
I>e vicé produit ses fruits les plus
amers. 11 a des ballucinalions et
un commencement de folie; il devient violent et brutal et peu s’en
faut qu’il ne lue sa femme dans un
accès de fureur alcooli(|ue. Après
avoir occupé non moins de quarante
six places, dont quelques-unes auraient pu lui procurer une position
aisée en peu de lemp.s, il en est
réduit à accejder les tiavaux les
plus pénibles. « On put me voir
bientôt dans les rues de Lyon, en
bourgeron déchiré, attelé, moi troisième, à une charette pesamment
chargée, voilurant des caisses de
livres et de régistres,... ou bien,
¡iloyant sous le faix, porlant au
domicile des clianis les marchandises
demandées.
« Puis un jour, ivre encore, j’abandonnai celle quarante-septième
et dernière position et, épave sans
nom, abandonné de tous, objet de
ré|)ulsion et de mépris, je fus jeté
dans la me, et de là, dans le ruisseau. Celle fois c’élait bien la fiii....»
Il est entré dans sa ciri(|uantième
année. Il continue à se trainer d’une
taveine à faulre jusqu’à l’heure où
toutes étant fermées, « j’essay-ais de
prendre en titubant la direction de
mon domicile, en braillant, d’une
voix avinée, le refrain obscène de
quelque chanson de carrefour'».
Celle ignoble exislence allait être
dignement couronnée parle suicide,
quand il eut le bonheur de rencontrer nu digne chrélien qui lui
parla avec bonté, l’entoura de sa
sympathie et s’eli'orça de lui faire
connaître Jésus Christ. La vue d’une
image représeulant l’Enfant prodigue
fit aussi sur lui une profonde impression. Une lutle terrible s’engagea
bienlôt en lui, «...je sentis mou
cœur précipiter ses battements, mes
bras se tendirent vers un Sauveur
(|ue j’es))érais, mes genoux touclièreut
le sol, des larmes àboudaules inondèrent mon visage, et de ma gorge,
coniraclée par une violente émotion,
sortit enfin ce mot, que je criai à
Dieu avec un profond repentir:
Pardon !....
«Je ne pus prononcer aucune
autre parole. Mais celui qui sonde
les cœurs avait entendu ce cri; il
se pencha vers moi, me prit par la
main et me releva transformé. À
dix heures du matin, je m’agenouillais alcoolique et condamné', ]e
me relevais quelques minutes après
abstinent et pardonné-».
Le même jour, il signait un engagement d’abstinence complète, et
7
— 351 —
jus(iu’à ce jour (^ept ans se sont
écoulés depuis lors) il a tenu fidèlement sa [)rornesse. I.es fruits ne
se sont pas fait allendre. «Tu as
élé (dit-il en prenant congé du lec!eui') mon fidèle compagnon de roule
dans mes jours de malheur, il est
juste que lu contemples aujoui'd’hui
le speclacle de mon l ion heu i', de
notre honheur, veux je dire.... Vois,
dans un intérieur transformé par
mon abstinence de toute boisson alcooli(|ue, vois à ma gauche, ma
chère femme, rajeunie, heureuse et
souriante, appuyée sur mon bras,
et vois aussi à ma droite noire grand
fils, respectueux et aimant, étreindre
dans sa forte main la rnaiii de son
père régénéré et redevenu jeune
tnalgré les ans » .
En terminant cet article, qui s’est
allongé sous notre plume plus <jue
nous n’aurions voulu, qu’on nous
permette un conseil. Si vous douiez
qu’il soit possible à l’homme de secouer le joug des passions les plus
violentes et les plus invétéiées, de
se relever du vice le plus abject,
lisez ce livre, qui n’est que le récit
fidèle et sincère d’une vie, et vous
serez convairreu. Et s’il y a [larmi
vos cortrraissarrees queliju’un qui soit
engagé sur la pente fatale de l’alcoolisme, [irocurez vous ce récit et
lailes-le-lrti lire: je crois rjite vous
lui ferez du bietr.
N. T.
Le l’iirgatoiro tlu Romanisme,
l'ai Abel IIador. En vente chez
l’auteur-, à Besmont, par Aubenton
(Aisne).
^ B- M. Galassi : Lo Czar e la pace.
firetrze tip. diretta da Oïl. Jalla.
1898. pr. cerrt. 5.
^iiKONlQüli VAUDOISE
Nos lecteui's savent (jue. M. le
pasteur Th. Gay a élé délégué à
représenter notre Eglise à la dédicace du temple du Rédempteur
à Jér-iisalem, rpri a eu lieu mardi.
Beu s’eu est fallu que M. Gay ne
fût empêché d'allcitidr-e la Ville
sainte. A cause du complot ourdi
au Cair-e par- des airar’clrisles ilalietts,
le siillarr avait donné ordr-e qu’on
ne laissât débarquer aucun italierr
err Palestine C’est ainsi que M. Gay,
ar-rivé à Jatia (Joirjiel, faillit devoir
rebr-ousser- chemin. Ce ne fut que
gr'âce à l’intei-ventiou prompte et
érrei'giijue de irolr-e consul qu’il piti
continuer son voyage.
— Nous appretrons rpie îd. le
pasteur B. Béger ir’a pas accepté le
po.'te de S.t Germain, amiuel il avait
été appelé par l’Assentblée élector-ale de la paroisse. 11 l’avait, du
r-este, déclaré d’avance.
La par'oisse a décidé ([u’elle reirver-r-ait au ¡rrintemps la nomination
du pasteur-.
Polifiqiio.
L’üuver-tare de la nouvelle, session da
Parler-nerit'est ^délhiitivemerit fr,\ée pour le
16 cour-arit, d’après' an décret, qui a para
dans la Gazette oHicielle. Il est bon de
rappeler que S. M. pronotieera pour la
circonstance le soi-disant discours du Trône
qui est de rifrueiir à t’ouverture de chaque
session. Le Sénat sera d’abord appelé à se
prononcer touchant l’acceptation des trente
nouveaux sénateurs (les candidats i dépassaient les 400!) réceranient élus, et la
Chambre s ’ occupera dès les premières
séances, de l’importante question de l’impôt sur le blé.
IjU cérémonie de la proclafnation des
prix décernés par ¡’Exposition de Turin a
eu lieu le 30 octobre dans le salon Verdi
à la présence de LL. MM., de tous les
princes, des ministres et des autorités. On
a eu des discours du duc d’Aoste, de M.
le député Daneo, président du jury, du
ministre Eortis, du syndic de Turin et de
M. Villa pt'ésident du Comité, qui ont
constaté d'un© commune voix la bonne
réussite de l’Exposition commémorative
dont plus de 4000 exposants sur 8000 ont
été jugés dignes de recevoir un prix. Le
soir, brillante fête au palais royal avec
1500 invités.
8
— 352
La Cour de Cassation de Paris, a enfin
rendu l’arrêt que voici à l’égard de la révision du procès Dreyfus; «La demande
de révision est recevable en ia forme et
il sera procédé à une instruction supplémentaire. La Cour ne statue pas pour le
moment sur la suspension de peine demandée par le procureur général ». On
regrette un peu que la Cassation n’ait pas
simplement, pour en finir, plus tôt, cassé
le jugement de 1894: c’était la liberté immédiate pour Dreyfus. Comme qu’il en soit,
la cause de ce malheureux a fait un fameux pas et les journaux révisionistes
accueillent l’arrêt par des cris de triomphe
et ils estiment qu’il est de nature à réconcilier tous las Français respectueux de
la justice. Les énergumènes Dérouléde,
Rocliefort, Drumont et consorts à qui l’abominable campagne anti-juive doit avoir
joliment rapporté, sont par contre furieux
et ils ne reculeront devant aucun excès
pourvu de retarder au moins la révision
que le Gaulois dit encore problématique.
Le «vieil Huguenot» Brisson dit Vaustère a donc eu la gloire incontestable de
remettre son pays sur la bonne voie. Grâce
à lui la justice va triompher sur la cabale. Il faut dire aussi que tant d’héroisme,
c’est bien le mot, lui a coûté cher: il a
dû abandonner le pouvoir auquel il semblait tenir; mais si défaite il y a eu, c’est
une défaite qui vaut plus d’une victoire,
et qui est infiniment plus honorable que
la retraite lioiiteuse du général Clianoine
La succession de Brisson a été recueillie
par Dupuy qui a réussi en quelques jours
à former un nouveau miiii-stère. .\IMLockroy et Delcassc ont gardé leurs portefeuilles respectifs de !a Marine et des
Affaires Etrangères, M. Freycinet va au
Ministère de la Guerre et M. Peytral à
celui des Finances. Dupuy garde pour lui
la Présidence et l’Intérieur.
La solution du conflit Anglo-Français, à
propos de l’occupation de Faehoda, a été
retardée par la crise de cabinet survenue
en France. On affirme toutefois qu’à peine
le nouveau ^ ministère sera-t-il constitué,
la France cédera au sujet de Faehoda et
que Marchand sera rappelé. Mais Delcassé
soulèverait immédiatement la question des
confins de l'Egypte et il serait à cet effet
assuré de l’appui de la Russie, voire même
de l’Allemagne. Du reste l’Angleterre est
plus que jamais résolue à faire en Afrique
une politique des plus énergiques.
Le 29 octobre à 3 li2 de l’après-midi
l’Empereur et l’Impératrice d’Allemagne
ont fait leur entrée à Jérusalem par la
porte de Jaffa et ont visité le S.t Sépulcre
et l’Eglise du Sauveur, nouvellement construite où une allocution fut prononcée par
M. Bosse, le ministre des cultes de Prusse.
Le lendemain ils ont a."’sisté à un cuite
dans l’église évangélique de Bethléhem
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Pour 1898: Boôi: anc. J. Bonjour, P.
Bonjour; S. Germain: Durand Rounc, Robert. — Girard Macel, Breuze Salse, Villelm Clos, Grill Bâtie, M.Ile M. Avondet
Pranistin, Robert Piscina, Union Chr. de
Milan. — ï’mï-îw: Bertet, Maschera, Fraclie.
de Fernex, Combe, Peyrot. — Rihet Pise.
Pour 1899: D. Peyrot Turin, Union Milan,
— François Gay Turin, échéance 30 se|)tembre 1899. Griset Envers-Pinache échéanche 31 octobre 1898.
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