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« l u disent qu’ il e stV a u d o is «
Nobla leyczon.
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SOMMAIRE: La place du Château de Turin en 1558 et en 1848. —
Des différentes formes de Gouvernement. — Recherches sur le
Marin-blanc. — Nouvelles religieuses. — Nouvelles politiques. —
SCÈN ES H IS T O B IQ U E S
Mm place *la VHâleau «le Ttêcin, en 1 5 5 9 el et» 1 9 4 9
(suite et fin).
Trois siècles s’étaient écoulés depuis les événements que nous
venons de raconter; - trois siècles de souffrances et d’humilia
tions de toutes sortes pour les coréligionnaires de Varaglia, quand l’Eternel pitoyable se souvint d'avoir compassion et fit
lever sur cette peuplade opprimée l’aurore d’un jour meilleur.
Le 27 février 1848 restera comme une époque de grand
souvenir pour la nation entière et pour la population vaudoise
en particulier.
Dès la veille de ce beau jour, Turin avait perdu sa tran
quillité accoutumée: un air de fête l’animait; des groupes de
ses citadins postés aux portes y accueillaient au milieu des
manifestations de l’enthousiasme le plus vif les nombreux ar
rivants qui de toutes les provinces affluaient à la capitale.
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C ’étaient, entre ceux qui arrivaient et ceux qui les recevaient, des
serrements de mains, des embrassements, souvent même des
larmes, tant l ’émotion qui les agitait était profonde. Une
joie comme celle d’une bonne nouvelle brillait sur tous les
visages; et de toutes parts, des chants auxquels on n ’était
pas accoutumé, retentissaient des mâles poitrines d'une jeunesse
rappelant par son costume antique les beaux temps des libertés
italiennes.
Quelle était donc la cause d’un contentement si général et
si profond?
C ’est ([lie le lendemain devait avoir lieu la plus belle fête
que le Piémont eût encore célébrée, la fête (le la liberté, non
pas conquise au prix du sang et des émeutes, mais généreusement
accordée par un prin(;e magnanime à un peuple digne de la
porter. C était pour faire briller aux yeux de ce monarque
bien-aimé leur bonheur et leur reconnaissance, que des extré
mités les plus éloignées du royaume, les populations étaient
accourues, et qu elles faisaient résonner la capitale de leurs
bruyantes acclamations.
La nuit avancée avait à peine interrompu depuis quelques
instants ces manifestations de la joie publique, quand le ca
non de la citadelle annonça à la ville assoupie que le jour
tant désiré avait lui. A ce signal tout Turin fut sur pied, et
des flots de peuple recommencèrent à parcourir les rues un
moment désertes. A neuf heures on vit, de tous les quartiers
de la ville, déboucher sur la place dite le Champ de 3Iars
les nombreuses compagnies dont devait se composer le cor
tège appelé à déûler devant le roi. C ’était un beau spectacle,
un spectacle que n’oublieront jamais ceux qui en furent les
témoins, que celui qu’elles offraient en s’avançant les unes
après les autres, Sardes, Ligures, Niçois, Savoyards, tout ce
que le Piémont comptait de Provinces, la grande bannière
en tête, des centaines, des milliers de petites bannières après,
au son d’une musique guerrière, entrecoupée de chants na
tionaux, et au milieu des vivat délirants de tout un peuple
accouru pour les contempler.
,
Les rues que le cortège devait traverser étaient disposées
comme pour un triomphe: des bannières sans nombre flot
tant au gré du vunt; de tâches ten tu re , des inscriptions, des
guirlandes en ornaient les maisons du faite à la base; une
multitude inn on ^ able les bordait de chaque côté, aussi re
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—
marquabic pour l ’expression radieuse des visages que par l'in
finie variété de ses costumes.
L'aspect était plus saisissant encore sur la place du Château;
là était véritablement le centre de la fête: au balcon du pa
lais, la reine avec ses dames et quelques officiers; vis-à-vis,
dans un demi-cercle formé entre ce balcon et le Château, le
roi à ch eval, ayant à ses côtés les princes, et tout autour
de lui une haie de généraux et de grands; au dessus du sol,
où se pressait une multitude tellement nombreuse qu'il eût
été impossible de la compter, sur les balcons, sur les terrasses,
et jusque sur les tourelles du château , des milliers de têtes
apparaissant au milieu des bannières flottantes et derrière les
tentures, aux couleurs bleu cl blanc dont les palais étaient ornés,
tel était le coup d’œil à la fois pittoresque et grandiose que
présentait, au jour doul nous parlons, cette place immense et
magnifique.
Mais ce fut quand le cortège eut commencé de défiler que
le spectacle se fit véritablement sublime: à chaque députation
qui apparaissait , des evviva sans fin se faisaient entendre ;
d’autres evviva répondaient; du haut des maisons, des bal
cons , de la rue , les bras s’ ouvraient comme pour s’em
brasser; les bannières s’agitaient, des larmes s’échappaient de
beaucoup d’y eu x ; un esprit de fraternité descendu du Ciel
semblait se pronrener sur celle immense foule, et confondre
en un même sentim ent, ces populationr. naguère étrangères
les unes aux autres, et plusieurs même ennemies. Un jour
pareil à celui-là ne s’était jamais levé sur le Piém ont; et
qui sait quand il s’en lèvera un autre qui lui ressemble!
Une bannière au milieu de toutes les autres excitait, par
tout où elle se montrait, un enthousiasme extraordinaire, et
les manifestations de la plus vive sympathie. Sur un fond
bleu elle portait cette simple inscription, surmontée des ar
moiries royales : « a Carlo Alberto i Faldesi riconoscenti ».
Environ six cents hommes la suivaient: c ’étaient les coréligionnaires de Varaglia, ces Vaudois jadis exécrés, et naguère
encore les objets des préventions les plus déraisonnables et
les plus injustes. D eux Jours auparavant, ils avaient fêté
par des feux allumés sur la croupe de leurs montagnes, l’édit
d’émancipation qui les assimilait aux autres sujets de la mo
narchie; et dans ce jour, unis à ceux qni étaient maintenant
véritablement leurs frères, ils étaient venus fêter, pleins de
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joie, l’événement heureux qui les avait tous ensemble élevés
à la dignité d’homme et de eitoyen. Par une attention des
plus délicates, afin qu’ils ne se souvinssent plus, en ce jour
de commune allégresse, des humiliations dont on les avait
abreuvés pendant tant de siècles, les ordonnateurs de la fête
leur avaient, par acclamation, donné la place d’honneur à la
tète des Corporations de la capitale; « Ils o n t'été assez long
temps les derniers, avait-on dit, qu’ils soient une fois aussi
les premiers! » Au Champ de Mars, la députation génoise
leur avait fait porter par quelques-uns des siens des paroles
senties de félicitation sur leur émancipation récente ; et main
tenant à travers ces immenses rues où jamais leur nom n’avait
retenti qu'accompagné de l’insulte, un cri continuel se faisait
entendre : « Vivano i frateUi Valdesi ! Evviva Vemancipazione
dei Valdesi ! »
Les acclamations devinrent plus expressives encore et plus
bruyantes, quand le moment fut venu pour la bannière vaudoise de défiler à son tour au milieu des députations dont
se composait le cortège. Lorsqu’elle passa devant le Corps des
Étudiants, elles devinrent véritablement frénétiques: « Evviva
la libertà di coscienza! Evviva la libertà dei culti! étaient
les cris qui s’ajoutaient alors au cri mille fois répété de :
« Vivano i fratelli Valdesi \ » En passant, les mains se cher
chaient et se serraient; plus d’un de ces jeunes hommes au
cœur bouillant et généreux s’élançant des rangs, courait em
brasser ces graves montagnards qui, étonnés et saisis, ne pou
vaient que pleurer.
Mais qui dira ja m a is -l’émotion qui s’empara d’eu x ,
(]uand arrivés sur la place du Château : — sur cette place
célèbre par le martyre de tant de leurs frères — quand foulant
du pied le sol sur lequel s’était élevé le bûcher qui avait
consumé Varaglia, ils entendirent, du sein de cette immense
multitude qui les enveloppait, au lieu du cri ancien: « mort
au Vaudois ! mort à l’hérétique ! » retentir, proféré par des
milliers de bouches, et au milieu des démonstrations de la
plus cordiale sympathie, ce cri si doux à leurs cœurs : « Vivano
i fratelli Valdesi ! Evviva l’emancipazione dsi Valdesi » /
Qui dira l’émotion qui les saisit, le cri de reconnaissance
et de joie qui s'échappa de leurs poitrines, quand, arrivés
sous le balcon du Palais, ils se trouvèrent tout-à-coup en
présence du prince magnanime qui, en brisant leurs chaînes,
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— a i
les avait appelés eux et leurs enfants à une nouvelle existence!
Que les temps étaient changés! que de souffrances amassées
ce seul jour- faisait oublier! que de haines mal éteintes il
étouffait à jamais, pour les remplacer par l’affection la plus
sincère ! Que d'actions de grâces il faisait monter du fond
des cœurs au souverain Donateur de toutes choses, qui, une
fois encore, avait montré que ce n ’est pas en vain qu’on s’at
tend à Lui ! Qu’elle était douce au cœur des enfants la mé
moire de ces pères qui, par leur dévouement inébranlable à
la vérité, par leur abnégation et par leur sacrifice, avaient
préparé à leurs descendants cette belle journée!
Qu’elle vive au milieu de nous, frères, cette journée ma
gnifique! Qu’elle y vive comme gage des liens nouveaux et
indissolubles qui nous unissent désormais à la grande famille
italienne! Qu’elle y vive, pour nous rappeler constamment ce
que nous devons au prince magnanime dont le cœur paternel
nous a voulus libres! Qu’elle y vive comme monument de la
fidélité de Dieu, comme monument delà fidelité de nos pères
et pour nous affermir invariablement sur leurs traces!
C’est dans ce but que nous vous l’avons retracée, et dans
ce but, qu’en vous la retraçant, nous l’avons mise en présence
des événements douloureux que le passé rappelle. Ce que par
cette comparaison nous avons voulu éveiller en vous, ce n’est
par la haine, (nous ne serions pas disciples de Christ en haïs
sant), c’est l’amour et la reconnaissance.
ne» aiffére—te» fortnea «fe Gatavetf-natÊnent,
Au nombre des lacunes (1) que nous signalions naguère à
l’attention de nos lecteurs comme existant au milieu de nous,
— et que notre journal voulait s’appliquer , dans la mesure
de ses forces, à faire disparaître, — nous indiquions l’absence
d'idées un peu claires sur cette forme particulière de gouver
nement qu’on appelle gouvernement constitutionnel, et qui est
maintenant la nôtre.
Combien est-il en effet de personnes parmi n o u s, qui sa
chent ce que c’est qu’un gouvernement constitutionnel ; les
bases sur lesquelles il repose; la manière dont il se meut;
(i) Lacune veut dire un vide, ce qui manque; faire disparaître une lacune
c’est faire que ce vide n’euste plus.
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— 22 —
quels droits et quels devoirs en résultent pour chaque citoyen;
et enfin les meilleurs moyens à mettre en œuvre pour faire
porter à cette institution tous les fruits auxquels elle est de
stinée ? — Un bien petit nombre assurément ; la plupart ne
connaissent cela que très-vaguement, plusieurs pas du tout; et
nous ne serions pas étonnés si à la question: pourquoi dans
cette demi-année qui vient de s’écouler, le Piémont toutentier a tressailli d’un joie si vive , beaucoup ne savaient que
répondre.
O r, une telle ignorance n’est pas seulement choquante ;
elle a ceci de souverainement grave , qu’elle met en péril
l’existence même de ce gouvernement constitutionnel que nous
avons tant d’intérêt à voir prospérer et s’affermir au milieu de
nous. Comm ent, en effet, s’attacher à ce qu’on ne connaît
pas? comment concourir avec zèle à la prospérité et à la dé
fense d’institutions, à la marche desquelles on ne comprend
rien et dont on ne sait au fond si elles sont un bien, ou si
elles sont un mal?
Aussi L ’Echo ne renverra-t-il pas plus longtemps de s’oc
cuper d’une partie si importante de la lâche qu’il s’est assignée.
Mais comme de la comparaison nait la c larté, et comme
pour être mis en état de bien saisir les points de détail, une vue
d’ensemble est nécessaire, il commencera par exposer à ses
lecteurs, en indiquant les traits essentiels de chacune d’elles,
les différentes formes de gouvernement existant aujourd’hui
en Europe.
Les États (1) se divisent, selon la nature de leurs gouver
nements, en deux classes principales :
Les Etats monarchiques ou les Monarchies, dans lesquels
le souverain est un seul homme, un monarque.
Les États républicains ou les Républiques, dans lesquelles
la souvei'aineté appartient à plusieurs.
Les Monarchies elles-mêmes sont de deux sortes, absolues
ou eonstitutionnelles.
Une monarchie est dite absolue quand le monarque, prince,
roi ou empereur, gouverne d'après dfô lois qu’il donne luimême , de sa propre volonté, et sans le eoncours d’aucune
assemblée. Tel était, à peq;|de chose près, le gouvernement
r ( t) E ta l dnigne ioi une cerOâiic>étendue de pays dont les habitants sont sou
mis au même gouvernement
r
J
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—
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—
de notre pays avant le mois de février : le roi seu l, avec
l’aide de ses ministres, faisait les lois ou les abrogeait; seul,
il fixait les impôts, ordonnait les levées, prescrivait tout ce
qui concerne les grands travaux à entreprendre dans l’intérêt
du pays; la nation n’avait rien avy; voir. Dans cette forme
de gouvernement, toute la vie de l’État est, pour ainsi dire,
concentrée en un seul homme duquel dépendent, suivant
qu il est bon ou mauvais, sage ou imprudent, le bonheur ou
le malheur de la nation, sa prospérité ou sa décadence : les
droits politiques (1) n’existent pas ; les droits civils (â) sont
très-inégalement répartis ; les hommes y sont envisagés comme
des enfants incapables de se conduire, et les libertés, de quel
que nature qu’elles soient, comme des armes dangereuses qu’il
y aurait imprudence à leur laisser entre les mains.
Une Monarchie est dite constitutionnelle, quand l’autorité du
Monarque est limitée par une constitution, ou comme qui dirait
un contrat passé entre lui et son peuple, et posant les bases fonda
mentales d’après lesquelles la monarchie doit être régie.
Toutes les lois doivent être faites conformément à ces bases, et
ne peuvent s’en écarter.
Ces lois d’ailleurs, ne sont plus l'œuvre du monarque se u l,
mais du monarque conjointement avec deux assemblécsouC/ta»wbres, la Chambre des Députés, appelée en certains pays Chambre
des représentants, ou Chambre des communes, et la Chambre des
sénateurs appelée ailleurs Chambre des P airs, ou Chambre des
Lords.
La première de ces Chambres se compose de députés de toutes
les classes de la nation : elle représente plus particulièrement le
peuple, ses intérêts, ses besoins. Ses membres, nommés pour un
temps seulement, le sont par tous les citoyens jouissant de leurs
droits civils, et payant une certaine contribution qui varie sui
vant les pays.
La T représente plutôt les intérêts des hautes classes et de la
couronne en particulier. Les membres qui la composent sont à vie,
et tiennent leur nomination ou delà naissance (c’est le cas en An
gleterre ) ou du roi qui, cependant, est obligé de les choisir dans
certaines catégories fixées par la constitution.
i
Aucune loi ne peut être publiée ni mise en vigueur au sein de
(i) Droits de concourir au gouveroament de l’État,
(a) Oroiti attaehéa i la qualité de' citoytn.
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— 24 —
l’Étal, qu'après qu’elle a obtenu l’assentiraeat des deux CAawi'
6 m et qu’ elle a été sanctionnée par le roi.
Ace dernier seul appartient le pouvoir exécutif, c’est-à-dire, le
pouvoir de faire exécMierles lois qui ont été arrêtées; et par consé
quent la nomination de tous les employés appelés à la seconder
dans cette tâche.
11 est assisté à cet effet d’un conseil de Ministres que la con
stitution déclare responsables, c’est-à-dire, que c’est à eux et non
au roi, dont la personne est inviolable et au dessus de toute atteinte,
que la nation (et pour elle les Chambres) demande compte de toutes
les fautes qui seraient commises dans l’administration de l’Étal.
Quand les deux Chambres ou seulement celle des députés, dé
sapprouvent la conduite du ministère, c’est une obligation pour
celui-ci de se retirer, et un autre ministère le remplace.
Quand le roi est mécontent de la Chambre des députés, et qu’il
a des raisons de croire qu elle ne représente pas véritablement
l'opinion du pays, il la dissout, et fait procéder, dans un espace de
temps très-court, à la nomination d’une nouvelle Chambre.
Quant aux Etals républicains ou Républiques, ils sont régis
d’une manière assez semblable àcelle que nous venons d’exposer.
Là aussi une Constitution pose les bases d’après lesquelles la nation
entend être gouvernée; une ou deux assemblées, dont les membres
sont nommés par le peuple, y sont chargées de la confection des
lois, conformément à ces bases ; et un pouvoir exécutif les met en
vigueur. La grande différence, c’est que ce pouvoir exécutif au
lieu d’être une seule personne, est généralement composée de plu
sieurs ; et qu’au lieu d’être héréditaire, c’est-à-dire, de se perpé
tuer dans laraême famille, comme cela a lieu dans les monarchies,
il est électif et remis à la nomination du peuple, ou directement
ou par ses représenlans.
Si maintenant, nous recherchons quels sont les traits caractéri
stiques de ces deux dernières formes de gouvernement, et les
avantages qu’elles ont sur la'monarchie absolue, nous les résume
rons en ces deux points :
1° Dans la Monarchie constitutionnelle comme dans la Répu
blique, c’est la naiio» qui se gouverne eZie-méme; le soin de sa
prospérité et de son bonheur lui est remis, et il ne tient qu’à elle,
humainement parlant, qu’il soit aussi complet que possible.
2® Dans la Monarchie constitutionnelle comfne dans la Répu
blique, l’homme est ce que Dieu l’a voulu, c’est-à-dire, libre: non
de celte liberté qui consisterait à faire tout. o«. an: nmm nls^ît on
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— 2S —
n'ayanl égard qu’à notre intérêt et nullement à celui des autres;
mais de cette liberté qui, dans les limites d’une loi faite en vue
du bien de tous et la même pour tous, permet à chacun de tendre
courageusement au but auquel il se sent appelé de Dieu.
Toutefois, deux faits importants élèvent à nos yeux les avan
tages de la Monarchie constitntionnelle bien au-dessus de ceux de
la République et nous la rendent inflniment préférable , ce sont :
1° Avec la plus grande quantité de liberté etd’égalité possible,
Vunitéàe direction que lesRépubliques n’ont pas et qui, en concen
trant les forces d’une nation, les multiplie.
2“ Par Vhérédité du pouvoir, une garantie de paix et de stabi
lité qui ne se trouve pas dans les Républiques où les changements
fréquents de l’autorité exécutive amènent nécessairement de fré
quentes luttes entre les partis.
Mais tous ces avantages que nous venons d’indiquer comme
étant propres, soit à la Monarchie constitutionnelle, soit en partie
aussi à la République, ne se réaliseront que si le peuple appelé à
en jouir est véritablement ce qu’il doit être, moral, intelligent et
laborieux.
Plus le peuple a de droits dans ces deux formes de gouverne
ment, plus aussi il a de devoirs: ceux-ci ne doivent pas être
oubliés aux dépens de ceux-là; autrement la ruine d’un tel peuple
ne serait pas éloignée, et un despotisme pesant et dur serait la
juste punition de qui n’a point su porter le noble joug de la
liberté.
Que les peuples donc, que Dieu a appelés à la vie constitution
nelle ne l'oublient point; et puisque la source de toute moralité et
et de toute vertu, c’est l’Évangile, qu’ils s’y attachent de plus en
plus, réglant chaque jour davantage sur lui leurs actions, leurs
pensées et par-dessus tout, leurs affections.
Recherclie« su r le
Mmtrin-Mntmo
Il n’est probablement aucun édneateur de vers-à-soie qui n’ait
été victime ou témoin des terribles ravages que le marin-blanc
exerce dans nos contrées, et n’ait vu plus d’une fois les espé
rances les plus flatteuses du cultivateur s’évanouir presqu’entièrement sous lescoups de ce fléau et au moment mêmeoù il n’avait
plus, semblait-il, qu’à recueillir enfin les fruits de ses efforts et
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—
26
—
de ses nombreux sacrifices. Et pourtant, malgré les recherches
multipliées qui ont été faites jusqu a ce jour, sur les causes de
cette maladie et sur les moyens d’y remédier, combien au point de
vue pratique, nos connaissances ne sont-elles point encore impar
faites; et, dans notre pays surtout, que de précautions, au moins
très-utiles, que l’on ignore ou que l’on néglige de prendre pour
s’épargner autant que possible de si tristes revers! C’est dire
assez que dans les réflexions qui vont suivre, bien loin d’avoir la
prétention de signaler au Public de nouvelles découvertes impor
tantes et capables d’intéresser les personnes qui ont fait une étude
spéciale du sujetquinousoccupe, le seul but que nous ayons en vue
et l’unique avantage dontnous soyons jaloux, c’est de rendre profi
table, pour notre population agricole les données actuelles de la
science en lui fournissant quelques-unes des directions pratiques
qui nous ont paru les plus sûres à suivre dans l’éducation des
vers-à-soie.
Nous regrettons que l’époque où cette Feuille a commencé à
paraître, et l’impossibilité dans laquelle nous nous sommes trou
vés par conséquent de publier plus tôt cet article, ne permette
plus au cultivateur de faire, dès cette année même l’essai, des
moyens dont nous lui conseillons l’emploi. Quels qu’en eussent
été les résultats, l’expérience n’aurait point été à coup sûr inu
tile; n’cùt-elle même servi qu’à prouver que nous nous trom
pons, et à nous mettre, par là même, sur la voie de nouvelles
recherches. Nous espérons néammoins que, malgré ce retard, la
plupart ne trouveront pas cet article tout-à-fait hors de propos,
dans ces moments où les soins de leurs Parties viennent à peine
de cesser; et que, aidés des observations qu’ils auront pu faire
eux-mêmes récemment, et dont le souvenir estencore toulprésent
à leur mémoire, ils n ’en seront que mieux à même d’apprécier
nos conseils et de se les rendre profitables plus tard.
Le marin-blanc, plus généralement connu en France sous le
nom de musoardine e st, comme chacun le sait, cette espèce
de maladie qui, chez nous, atteint souvent les vers-à-soie dès
leur 4"*® dormie, et en suite de laquelle ceux qui succombent
deviennent bientôt tout-à-fait blancs, durs, légers et assez sem
blables, en tout, à un véritable morceau de chaux. Ce dernier
caractère est tellement particulier au marin-blanc, qu’il suffitseul
à le faire distinguer de toutes les maladies auxquelles les versà-soie sont sujets et, en particulier de ce que nous appelons
communément chez nous le marin noir et le marin rouge.
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— 27 —
maladies où l ’animal qui périt, non seulement dilTère par la cou
leur qu’il prend, mais demeure encore toujours plus ou moins
flasque, facile à se corrompre; ou bien se dessèche et se consume
peu à peu, s’il est déjà dans le cocon, de manière à ne plus olTrir
à la fin qu’un corps racorni et noir, sans aucun rapport sensible
avec la forme primitive du ver dont il provient.
Ainsi que nous l ’avons dit, il est rare que le marin-blanc at
taque les vers-à-soie avant leur 4“ ' mue; du moins les personnes
que nous avons été à même de consulter sur ce point, nous ont-elles
assuré ne l ’avoir jamais observé nulle part dans les levées anté
rieures. Mais dès cette époque, jusqu’au moment où le cocon est
parfaitement achevé, et même encore plusieurs jours après, rien
n’est plus ordinaire que de voir cette maladie se déclarer dans les
magnaneries et ravager la récolte presqu’enlière.
Quant aux causes primitives d ’où cette maladie peut pro
venir , elles sont loin encore de nous être parfaitement con
nues; c’est à peine même si les expériences nombreuses et
variées que l ’on a faites jusqu’à ce jour en divers pays,
pour s’en assurer, ont été suffisantes pour établir définiti
vement si l’insecte qui succombe, porte ou non avec lui le
germe du mal dont il est frappé. Mais ce qui est incontestable
et ce qu’il nous est en attendant très-précieux de savoir, c ’estqu’il
est certaines circonstances particulières sous l’influence desquelles
le marin-blanc se développe presque toujours et q u i, par consé
quent, peuvent être justement considérées comme les causes les
plus actives de cette maladie. Voici en résumé celles qui nous ont
paru à la fois les plus certaines et les plus importantes à signaler.
{ “ La Contagion. On a observé que les vers-à-soie qui ont suc
combé au marin-blanc se recouvrent, 24 heures après leur mort,
d’une espèce de menue poussière blanche et n’olïrant rien de
remarquable quand on ne l’examine qu’à l’œil nu, mais q u i,
considérée attentivement à l’aide d’un microscope, présente tous
les caractères d’un véritable champignon, ou ce qui revient au
même d'une véritable moisissure, il est très-naturel dès lors
que lorsqu’on n’a pas soin d’enlever promptement des planchers
les vers qur ont été atteints, et qu’on laisse ainsi à cette pous
sière le temps de se former et de se dessécher suffisamment pour
se répandre, comme cela ne peut manquer d’avoir lieu, à la moin
dre agitation de l ’a ir, de tous côtés, sur le reste de la partie, la
maladie doive se propager avec rapidité, ainsi qu’il arrive pour
une foule d’herbes nui^bles qui souvent envahissent nos cam
12
— 28 ~
pagnes, et dont les germes sont portés par le vent. — Les
limites de cet article ne nous permettent pas d’exposer ici les raisons
sur lesquelles se fonde à cet égard notre opinion. Bien des obser
vateurs de mérite ont été d’un avis différent et ont prétendu au
contraire, en s’appuyant sur une foule d’expériences qu’ils ont été
dans le cas de faire, que le marin-blanc ne pouvait être attribué
à aucune cause quelconque préexistante ni dans les vers ni dans
l’établissement destiné à les élever. Mais quelque habiles qu’aient
été leurs recherches et les inductions qu’ils ont crû pouvoir en
tirer, nous les croyons, ainsi que nous l’avons déjà dit, trop insuf
fisantes encore, pour infirmer les conclusions entièrement oppo
sées auxquelles beaucoup d’autres observateurs non moins esti
mables sont parvenus par l’étude des mêmes faits, et nous autoriseràen déduire d’autre conséquence qne celle-ci, savoir : qucsouvent sous l’influence apparente des mêmes causes, la nature se joue
de notre sagacité et varie à l’infini, par la multitude des moyens
secrets dont ellè dispose, les résultats que nous en attendions. En
admettant cependant notre assertion comme vraie, et sur la foi de
l’analogie la plus constante, on ne saurait douter qu’une fois le
principe contagieux introduit dans une magnanerie avec l’appari
tion d ’une pareille excroissance, ses effets pernicieux ne se bor
neront pins simplement aux vers-à-soie même de l’année, mais
qu’ils continueront à agir avec plus ou moins d’intensité dans
les années suivantes (les meubles et les murs eux-mêmes étant
pour ainsi dire imprégnés de ce principe) et qu’ils se perpétueront
partout où des moyens efficaces n ’auront pas été employés pour
les combattre. — Ce qui semble d’ailleurs venir à l’appui de
cette opinion, e’est qu’il est rare, en effet, que lorsque le marinblanc a sévi quelque part avec une certaine intensité, ilnese repro
duise pas encore dans plusieurs récoltes successives, et que les
lieux où cette maladie réparait le plus difficilement, sont préci
sément ceuxdans lesquels s’est opéré quelque changement notable,
ou dans lesquels une matière capable d’en étouffer, pour ainsi
dire, le germe, comme par exemple, du foin en fermentation, a
été disposé dans l’intervalle de l’année.
2“ L’humidité et le manque de circulation de l’air. Chacun sait
bien que les années pluvieuses, les années surtout où les journées
sombres et humides sont particulièrement fréquentes depuis l’é
poque de la quatrième levée, sont ordinairement celles où les versà-soie succombent le plus aux atteintes^du marin-blanc, particu
lièrement lorsque le local dans lequel on les soigne, se trouve trop
13
—
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—
rapproché du sol, ou que, par la mauvaise disposition des ouver
tures, l ’air n’y peut circuler librement et en quantité suffisante.
(la suite au prochain N*')
N O tIT E tjïïéB S REE,M€¡It!W JSES
VALLÉES VAUDOISES. Le Synode de l'Église Vaudoise a clos vendredi 4
août ses séances commencées le 1"^ et dont deux se sont prolongées
presque sans interruption dès 8 heures du malin à 6 heures du soir.
Aucun synode, depuis longtemps, n’avait fixé à un pareil degré l’at
tention publique, ni produit une aussi grande fermentation dans les esprits.
Ce mouvement tout-à-fail remarquable, et qui pour nous est des plus réjouis
sants, s'est déjà manifesté lors de la nomination des députés, laquelle se faisait
jadis, dans les plus grandes paroisses par 40 à 50 chefs defamille tout au plus,
tandis qu’aux dernières élections il s’est présenté dans certaines localitésjusqu'à ISO électeurs. Aussi, plusieurs s’attendaient-ils à ce que les séances se
raient passablement orageuses. Eh bien ! non; grâces en soient rendues à Dieu
elles n’ont été qu’animées et des plus intéressantes. Malgré la nature des
questions qui y ont été traitées et dont plusieurs touchaient d’assez près aux
personnes; malgré des manières de voir très-diverses sur ces questions, tout
s’est passé on ne peut mieux, et la discussion n’a pas cessé un seul instant d’être
parfaitement convenable et digne du caractère de ceux qui y prenaient part.
— Toute fois ce n’est encore là que la moindre partie de ce que nous avons
à relever de réjouissant dans celle convocation : les résolutions qui y ont été
arrêtées, parmi lesquelles la nomination de la Table, ou pouvoir exécutif de
l’Église, sont ce qui nous donne surtout à espérer.
Des b membres composant la Table: MM. RevELetLANTXRET nommés, le pre
mier Modérateur, l’autre Modérateur-adjoint, faisaient déjà partie de l’admini
stration précédente au sein de laquelle iiss’étaient distingués par une vigoureuse
et persévérante opposition à tout ce qui leur paraissait n’étre pas conforme à la loi,
et porter atteinte aux vrais intérêts de l’Église.
Le Secrétaire,^ Mr le pasteur R ollier , nouvellement élu, apportera au gou
vernement de l’Église, avec son dévouement au bien, son zèle pour l’avance
ment du règne de Dieu, le concours d'un esprit intelligent et ferme, qui sera
d’un grand profit à ses collègues.
Le membre laïque du Val-Luserne, Mr J oseph Malan est trop haut placé
dans l’opinion de tous ceux qui le connaissent pour que nous ayons besoin de
dire avec quelle joie nous avons salué son avènement aux affaires vaudoises.
L’indépendance de son caractère, utilement secondée par l’indépendance de
sa position, son attachement sincère aux doctrines de l'Évangile, sa libéralité,
sont des qualités qui, jointes à la grande pratique qu'il a des affaires, le ren
dront un membre éminemment utile de l’administration à laquelle il a été
associé^
Monsieur Micol, membre laïque du Val St Martin, a déjà occupé une fois cette
charge; et nous sommes assurés que le même dévouement dont il avait fait
preuve dans cette précédente administration où sa justesse d’esprit et son
grand bon sens avaient été très-appréciés, le Soutiendra dans la tâche im
portante, et pour lui plus onéreuse peut-être que pour tout autre, qui lui a
été confiée.
En somme tout va, pour ce qui est des hommes, aussi bien que nous aurions
pu le désirer. Que seulement Dieu y mette aussi la main; afin que son Esprit
dirigeant en toutes choses l’esprit de ceux qui nous gouvernent, et donnant
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efficace à leurs bonnes intentions, leur administration soit toute à sa gloire,
et pour le plus grand bien spirituel de nos troupeaux!
Cans notre prochain Numéro, nous donnerons un compte rendu sommaire
des principales questions qui ont été traitées dans ce Synode.
X O W tS M jM ä M IS F O Ï Ï â i T I Q W I E S
ROYAUME DE LA HAUTE IT A LIE: Après les succès, les revers: notre
arm ée, attaquée par des forces de beaucoup supérieures en nombre a dû,
après deux jours d'un combat acharné et des proiliges de valeur, abandonner
les magnifiques positions qu'elle avait conquises sur la rive gauche du Mincio:
Rivoli, Somma Campagna, Valeggio, Go'ito, (Peschiera lient bon encore) ont
élé repris l'un après l'autre par l’ennemi; et si précipitée a été la retraite, que
le quartier-général du Roi est déjà à une petite distance de Milan. Les Régi
ments de Savoie et de Pignerol se sont surtout distingués et ce sont ceux aussi
qui ont à déplorer les perles les plus considérables. Que de deuils privés vont
peut-être sous peu de jours, nous être révélés, et s’ajouter dans nos cœurs au
deuil général ! Que Dieu nous donne d’en recevoir la nouvelle avec soumission
et en regardant à sa volonté toujours parfaite! Si la liberté a déjà exigé de
nous de grands sacrifices, si elle nous en fait pressentir de plus grands
encore, c'est qu’elle est le plus beau don que Dieu ait fait aux hommes après
celui de son Fils, et que sans des sacrifices rien de véritablement grand ne
peut s’accomplir ici bas. Courage donc et confiance! confiance en Dieu d'abord!
confiance au prince magnanime qui est à la tète de nos armées! et peut-être
ce jour de revers sera-t-il la veille d’une grande victoire.
En attendant, les mesures les plus énergiques sont prises par le gouverne
ment pour faire face aux difficultés présentes. Non seulement 21,000 hommes
de troupe de ligne, les trois dernières classes de la Réserve et S6 bataillons de
la Garde nationale ont été ai pelés sous les armes; mais les Chambres, en se
prorogeant au mois de septembre, ont laissé au roi et à ses ministres, plein
pouvoir de prendre iotties les mesures qu’ils croiraient nécessaires pour la
défense de ta pairie et de nos institutions ». En outre, la loi votée par la
Chambre des Députés te 21 juillet, portant que » la Nation adopte les familles
1 indigentes des militaires morts ou rendus inhabiles au travail, en combattant
a pour la patrie » sera prochainement suivie d’ une autre, autorisant le mi
nistère de la guerre à consacrer un million de francs pour venir, dès à présent,
au secours des familles des soldats de la Réserve appelés sous les drapeaux.
Quand à l’armée, bien que forcée à la retraite, et malgré les soulîrances
excessives que la chaleur des marches forcées, et le manque de vivres lui oui
fait endurer, elle est, nous assure-t-on, parfaitement disposée et à la veille de
se mesurer de nouveau avec l'ennemi.
Le 2'"« fils du Roi, le Duc de Gênes, a été appelé par le Parlement de Sicile
à monter sur le trône de celte ile héroïque. Le roi de Naples auquel celle île
était jusqu’à ces derniers temps soumise, proteste et menace de la guerre.
La Chambre des Députés a dans une de ses dernières séances adopté à
la majorité de 109 voix contre 21). un projet de loi qui exclut des étals
du roi les Jésuites, les (James du Sacré Cœur et deux on trois autres or
dres religieux. Les biens par epx possédés deviennent propriété de l’Etat.
C’est par erreur que nous avions annoncé, d’après les journaux de T urin,
la nomination de IVFgr Charvaz comme député du Collège de Muutiers. 11 l’au
rait été avec deux voix de plus, à ce qu’on nous assure.
TOSCANE. Cet État a élé tout près d’une révolution à la suite des événenaeats de la Ixvmbardie. Le peuple frappé des maux que les lenteurs du gou
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UTnement à activer les affaires de la guerre, avaient attirés à la patrie, s’est
assemblé demandant à grands cris des armes et la tête des principaux ministres.
~ l.e calme a reparu.
ETATS ROMAINS. La plus grande agitation continue à régner dans cette
parlie de l’Ilalie. et cela toujours à propos de la guerre que la nalion demande
et à laquelle le Pape ne veut pas con.sentir. II y a quelque temps celte agita
tion a failli devenir une véritable révolte : la Chambre des Députés dans sa
réponse au discours du souverain Ponlife, insistait avec force pour que la
guerre fût une fois franchement entamée, et se prononçait hautement contre
tou' arrangement qui n’aurait pas pour conséquence l'entier affranchissement
de l’Italie. A cela le Pape répondit avec assez d’humeur ([ue « si les grands
« désirs se multiplient pour la grandeur de la nalion Italienne, il était néces• saire que le monde entier connut de nouveau que le moyen pour l’atteindre
« ne pouvait cire de sa part la guerre « De là un grand émoi; le ministère
en niasse donne sa démission; le peuple menace de s'emparer des forteresses,
et l’on crie au gouvernement provisoire, ce qui équivauilrait presque à la dé
chéance du Pape ; plusieurs jours se passent ainsi; enlin ce dernier cède et
donne à ses ministres des pleins pouvoirs. Cet événement semble avoir ramené
un peu de tranquillité.
NAPLES. Le sang a coulé de nouveau dans cette parlie de l’ Italie. Les
Calabrais vivement attaqués parles troupes royales ont été mis dans une déroute
complète, et lu tyrannie du roi Kerdinand semble plus affermie que jamais.
FRANCE. Après les cruelles journées du mois de ju in , dont nous avons
parlé, tout est peu à peu rentré dans l’ordre, et l’aspect du pays entier est
plutôt tranquille. — L'intervention dans les affaires d'Ilalic, quoique non en
core officiellement annoncée, est dans tous les esprits.
E.SPAGNE. La guerre civile déchire de nouveau depuis quelque temps,
cette malheureuse contrée qu’elle semble destinée à ravager jusques à la
fin. — Les troupes royales ont cependant jusqu’ici l’avantage sur les rebelles.
ALLEMAGNE. La nomination à la charge de Lieutenant-général de la Confé
dération Germanique, de l’Archiduc Jean, prince très-populaire en Allemagne
et oncle de l'Empereur d’Autriche, est pour celle Puissance une bonne fortune
dont nous ne pourrons qu’ éprouver en Italie le contre-coup fâcheux.
ANGLETERRE. L'agitation avait recommencé en Irlande ces derniers jours,
avec un tel caractère de gravité, qu'une guerre civile paraissait lout-a-fait iné
vitable. Fleureu.sement il n’ en est rien ; le chef des rebelles à la tête de A à
8,000 hommes a fui devant' 80 à 60 soldats de la police. Que sera-ce quand
ils devront se mesurer contre les battaillons Anglais?
IVOPWÆSMtE-JES F O S T E H M E P B E S
R O YAUM E D E LA H A UTE IT A L IE . La retraite de notre armée ne
s’est pas arrêtée à Milan; voici le bulletin que publiait le 7 août
le Ministre de la Guerre:
« Après le combat du 4 , S . M. s’était renfermée dans Milan pour
« en partager le sort; mais voyant bien que le nombre croissant
« des ennemis ne permettait pas une longue résistance, et voulant
« épargner à cette cité les horreurs qui auraient suivi une prise
€< par la force ou par la faim , le Roi l’a évacuée ensuite d'une
« capitulation qui garantit aux’ Milanais la vie et la propriété.
« Notre armée s’est repliée en deçà du Tessin, S . M. était hier,
’< 6 , à une heure après, midi à Magenta. Aussitôt que les détails
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* des opérations de guerre de ces derniers jours auront été reçus,
« on les fera connaître au public.
Le Ministre de la Guerre :
G. COLLEGNO.
Milan est donc de nouveau au pouvoir des Autrichiens ainsi que
le reste de la Lombardie. Quelle sera maintenant l’issue de cette
guerre entreprise et pendant quelque temps poursuivie sous de tout
autres auspices? La France viendra-t-elle à notre aide ou ne viendra-t-elle pas? Si nous sommes laissés à nous-mêmes, nous défen
drons-nous jusqu’à la dernière extrémité, ou accepterons-nous, telles
qu’il lui plaira de nous les faire, les conditions de l’ennemi? Voilà des
questions que chacun s’adresse et qui jusqu’ici n’ont pas encore
reçu, de qui de droit, une réponse définitive. Cette réponse ne
peut tarder. Vaudois! quand le monarque bien-aimé auquel nous
avons juré d’être fidèles, et qui n’est pas moins grand à nos yeux dans
l’adversité qu’il ne l’était dans la prospérité, aura parlé, alors nos
incertitudes auront cessé: là où il nous appellera, nous irons; tous
les sacrifices qu’il nous demandera nous les lui offrirons avec joie;
et rien que la mort ne séparera notre cause de la sienne ! Jusque
là du calme et de la vigilance!
Les conditions de la capitulation de Milan ont été à peu de chose
près les suivantes:
1“ Les troupes de S. M. Sarde y compris les blessés sortiront de
la ville dans l’espace de 24 heures.
2“^ Durant 48 heures ces troupes ne seront en aucune manière
inquiétées par les Autrichiens.
3“ La vie et les biens des citoyens de Milan seront respectés.
Une grande discordance de sentiments régnait entre les Milanais
sur l’acceptation de ces conditions; les uns les voulant, d’autres ne
les voulant point. « Si ces conditions ne vous plaisent pas, dit le
« roi aux mécontents, tâchez d’en obtenir qui vaillent mieux ; et si
« vous ne voulez absolument pas de capitulation, je resterai avec vous,
« pour m’ensevelir sous les ruines de votre ville ». Ces généreuses
paroles n’empêchèrent plus que des coups de fusils ne fussent tirés
à plusieurs reprises contre le palais où S. M. se trouvait, et où
les mêmes hommes, reconnus plus tard pour des sicaires de l’Au
triche, l’auraient retenu prisonnier, sans l’énergie et la présence
d’esprit du Chevalier Délia Marmora qui, avec l’aide des Carabiniers
et des Bersâglieri, réussit à l’arracher de leurs mains.
Le roi est dit-on, maintenant à Novarre.
Le Gérant: J. P, HEILLE*
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