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Année XXXVIII.
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30 Janvier 1903.
N. 5.
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L’ÉCHO DES VALLÉES
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Que toutes les choses vraies, honnêtes, justes, pures, aimables... dignes de louange, occupent vos pensées. (Phil. IV, 8).
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SOMMAIRE :
|* Eour la moralité publique—Est-ce pos
siblc ? — L’Evangélisation en France
De notre Colonie de Valdese —
L’Asile de l’euiance italienne à Naters
^ (Valais) — Evangélisation — Chro
fest#'
nique — Nouvelles et faits divers —
Revue Politique — Annonces.
§ ZïzziszÆzzyzzïZÆyzzzzszsszzs
? POUR LA MORAUTÉ PUBLIEE
-o-G-'O
Nous avons promis de donner un
^Jcompte-rendu de l’étude de Madame
Bûchner sur les moyens préventifs aptés
i*” à diminuer les causes d'iriimoralilé. Nous
''ii& '
^"allons faire de notre mieux pour remI* plir la promesse, sans nous dissimuler
gij, la difficulté de donner, en quelques li¿’'~gnes, une idée d’un travail passablel'pment long et où tout est substantiel.
f^~Avant tout, remercions le comité qui
a organisé le congrès de Turin, de
’ n’avoir pas seulement pensé, dans son
programme, à chercher les moyens de
réprimer le mal, mais aussi aux moyens
i&. de le urécenir, contrairement à la fam'euse formule reprimere, non prevenire,
dont AI. Zanardelli voulut un jour faire
le mot d’ordre de son parti, mais qui
est tombée depuis lors dans un oubli
bien mérité. Et remercions-le, en second
lieu, de s’être adressé pour ce travail,
à M.me Büchner. Il eût été difficile de
trouver un rapporteur qui fût plus
maître du sujet et plus aptè à le traiter
avec cette largeur d’esprit, dont la direction de la Ligue de Turin n’a pas
toujours su s’inspirer.
Ce qui nous frappe d’abord dans ce
rapport, c’est que l’auteur est parfaitement au courant de ce qui se fait
dans d’autres pays plus avancés que
le nôtre — en Angleterre, en Allemagne, dans les pays Scandinaves, èn
Suisse — pour combattre l’immoralité
et en diminuer les causes. Ce n’est pas
toujours le cas en Italie, surtout là où
l’on s’inspire plus ou moins directement
des idées du Vatican. On ignore volontiers ce qui se fait en pays protestants, parce qu’on ne sauiiit croire que
le bon exemple puisse venir d’ailleurs
que du catholicisme. Extra ecclesiam nulla
salus. Mais ne nous attardons pas a
ces considérations générales.
Madame Büchner place d’emblée ia
question sur son véritable terrain. Elle
veut que l’action préventive ait pour
principe invariable, fondamental, « la
reconstitution de la famille». C’c.st dans
la famille que le petit garçon doit apprendre le respect de la femme. La
première éducatrice, c’est la mère. Elle
ne permettra jamais que personne, pas
même son mari, parlé d’une maniéré
irrespectueuse des femmes en présence
de son petit garçon ; elle lui enseignera
que tout abus de force, tout manque de
générosité envers un être plus faible
que lui, est une lâcheté ; que d’êtie
du sexe masculin ne constitue aucun
mérite ni aucune raison de se vanter
devant sa sœur d’être « un homme »,
tandis qu’elle « n’est qu’une femme ».
La mère doit connaître les dangers que
son fils rencontrera, très tôt peut-être ;
« elle doit connaître l’hygiène sexuelle,
physique et morale qui pourra le préserver de l’influence pernicieuse d’une
atmosphère corrompue ». Elle ne doit
jamais être, aux yeux de son fils, une
femme ignorante qui ne connait pas la
vie comme il la connait déjà lui-même
et à laquelle on cache la vérité comme
à une créature trop fragile et d’un
esprit trop borné pour la comprendre.
C’est donc à l’instruction et à l’éducation des mères que nos soins doivent être avant tout consacrés.
A l’action des mères — et des pères,
sur laquelle l’auteur aurait bien dû insister non moins que sur celle de leurs
compagnes — doit s’pnir celle « des
instituteurs et institutrices, des officiers
de l’armée et de la marine, des ministres
(sacerdoti) qui ont cure d’âmes » car
après la famille, c’est par leurs mains
que passent les jeunes générations. Il
faut les inviter tous à prendre part à
la croisade contre l’immoralité « en leur
enseignant à se servir d’armes modernes, d’une tactique moderne». L’auteur n’explique pas, du moins à cet
endroit, en quoi consistent ces armes
et cette tactique. Elle oublie même de
dire, ou plutôt, sans doute, elle le sousentend, que ces divers éducateurs de
la jeunesse doivent donner les premiers
l’exemple de cette vie pure et conforme
aux règles d’une saine morale, qu’ils
sont invités à recommander aux jeunes
gens.
Mais, tout en mettant à la base de
toute action moralisatrice une saine
éducation dans la famille, il faut aussi
penser au grand nombre d’enfants qui
n’ont pas de famille : à ceux qui sont
élevés dans les orphelinats et autres
établissements où l’édudation qu’ils reçoivent est trop souvent fausse et peu
apte à les préparer aux besoins de la
vie réelle ; aux trente mille enfants
abandonnés que l’on compte en Italie ;
à ceux qui sont sortis de prison et qui
ont besoin qu’on leur tende une main
pour les aider à se réhabiliter.
La bénéficence publique et privée est
exercée trop souvent de la manière la
plus imprévoyante. On cherche à soulager la misère, et l’on ne sait ni la
prévenir ni la guérir. Combien de fois
un prêt ou un don fait à temps préviendrait la ruine d’une honnête fa
millé d’ouvriers. Et ce n’est que quand
tout ce qui a quelque valeur a été mis
au Mont de Piété, quand la chambre
est nue et la mère et les enfants exténués, quand la mère, au désespoir,
perd le sentiment de sa dignité personnelle et « descend dans la rue », ce
ri’est qu’alors que les bonnes âmes
s’émeuvent et que des secours arrivent
de tout côté: mais il est souvent trop
tard.
Et que dire de ces innombrables familles de prolétaires qui s’entassent
dans d’immondes taudis où la promiscuité forcée de personnes de tout âge
et de tout sexe, partagée souvent par
des étrangers, fait perdre tout sentiment de pudeur et de dignité et conduit presque fatalement au dernier degré d’abjection, aux vices les plus dégradants !
Ici Madame Büchner fait une proposition qui paraîtra hardie, mais dont
la"*réalisation marquerait certainement
un grand progrès dans l’exercice de la
bienfaisance. Il faut organiser, dit-elle,
la bénéficence publique tout entière
de la même manière que les deux sociétés internationales pour la protection des jeunes filles cherchent à organiser, en les mettant en relation entre
elles, toutes les œuvres qui se font en
faveur de la jeunesse féminine dans
tous les pays du monde. — Elle propose donc la formation d’un comité
central pour étudier la question et formuler des propositions pratiques à ce
sujet. Et pour préparer le terrain, elle
conseille de commencer par fonder, dans
chaque ville, un bureau d’information
qui aura soin de se procurer, d’un côté
une connaissance exacte de toutes les
œuvres de bienfaisance existentes ou
à créer, et de l’autre des informations
précises sur le compte des individus
et des familles indigentes. De tels bureaux existent en Angleterre et en
Allemagne et y rendent d’excellents
services à la cause de la moralité publique.
Nous renvoyons à un prochain article l’examen de la deuxième partie
de ce travail, où l’auteur étudie les
diverses causes d’immoralité et les remèdes préventifs à leur opposer.
N. T.
EST-CE POSSIBLE?
Toutes choses concourent au bien
de ceux qui aiment Dieu.
(Rom. VIII, 2S).
Est-ce possible ? C’est bien la question qui se pose devant une promesse
aussi magnifique, aussi absolue. Tâchons donc de nous rendre compte,
tout d’abord, de ceux à qui elle est faite
et ensuite essayons d’en mesurer la
portée.
I. Qui sont ceux qui peuvent être
considérés comme aimant Dieu ? Nous
nous faisons ordinairement une idée
très superficielle, très incomplète de
l’amour que nous devons avoir pour
Dieu. Par une de ces contradictions si
fréquentes en nous, tandis que nous
exigeons tellement de ceux qui disent
qu’ils nous aiment, nous nous figurons
que Dieu, lui, doit être satisfait de
notre amour, pourvu que nous pensions
quelquefois à lui, que nous éprouvions
de temps à autre quelqu’élan vers lui
et que nous voulions bien accomplir,
quelqu’œuvre de piété ou de charité
qui puisse lui être agréable.
De la sorte, nous oublions que Dieu
demande que nous l’aimions « de tout
notre cœur, de toute notre âme, de toute
notre pensée et de toute notre force »
(Marc XII, 30) et que c’est là « le
(Matth. XXII, 38).
Nous oublions que l’aimer ainsi cela
veut dire nous être consacrés à lui entièrement, nous et tout ce que nous
sommes, nous et tout ce que nous
avons.
Nous oublions que nous être consacrés à lui entièrement implique un soin
journalier à nous demander ce que nous
pouvons faire pour lui plaire, à interroger souvent sa Parole pour le savoir,
et à nous employer joyeusement à l’accomplir.
Nous oublions que nous ne saurions
l’aimer à ce point, sans avoir reconnu
et senti qu’il nous a aimés le premier,
sans avoir accepté la preuve la plus
excellente de son amour, qui est le
pardon entier, le salut parfait qu’il nous
offre en Jésus-Christ.
Nous oublions que tout comme l’amour
de Dieu pour nous est éminemment
pratique et que ses effets se manifestent
constamment, de même notre amour
pour lui ne doit pas se borner à faire
du sentiment mais qu’il doit consister
en ceci que nous gardions ses commandements (I Jean V, 3) et que si, par
exemple, nous disons que nous aimons
Dieu et que nous haïssions notre frère,
nous sommes rien moins que des menteurs (ib. IV, 20).
Tels sont les graves oublis auxquels
nous nous abandonnons avec une légèreté parfois effrayante. Dès lors, rien
d’étonnant que nous ne voyions pas se
réaliser en nous, comme nous le voudrions, la glorieuse promesse que toutes
choses concourent ensemble au bien de ceux
qui aiment Dieu.
O Seigneur, pardonne-nous d’avoir
su si peu ce que c’est que t’aimer, et
apprends - nous à t’ aimer désormais
comme tu veux être aimé, afin que la
2
‘ Y.
promesse dont nous nous occupons soit
aussi pour nous !
II. Cette promesse que dit-elle ? Elle
dit que tautes choses concourent au bien
de Ceux qui aiment Dieu.
Il serait superflu de démontrer que
les œuvres de Dieu lui-même ne peuvent qu’avoir en vue le bien de ceux
qui l’aiment, que les merveilles de la
créatiouy les dispensations de sa providence et les richesses de sa « grâce
salutaire » ont en vue leur bonheur.
Ce qu’il importe de constater c’est que
les choses qui apparemment leur sont
le plus contraires et que l’on est convenu d’appeler des malheurs, finiront,
sous l’action de la puissante et sage
màin de Dieu, par leur être favorables,
pat leur faire du bien;
Pas possible, semble-t-il, tout d’abord,
que les agissements de nos ennemis, nos
souffrances physiques et morales, et surtout nos fautes, nos erreurs, nos péchés
puissent jamais se transformer en facteurs de notre bien.
I. Et pourtant, voyez ce jeune fils
de Jacob, vendu comme esclave par ses
frères jaloux de lui. Quel triste sort
que le sien ! Emmené bien loin du
foyer domestique où son vieux père
■le pleure comme mort, il ne s’appartient plus et il passe, humaine marchandise, d’un maître à l’autre. Voyezlé descendre encore du rang d’esclave
à celui de prisonnier, comme punition
de quoi ? de sa chasteté et de sa fidélité. Ne semble-t-il pas complètement
abandonné de Dieu ? Mais attendez.
Laissez à Dieu le temps . d’agir et où
retrouvez-vous ce même Joseph? A la
tête d’un grand et puissant royaume,
pouvant se venger noblement de ses
frères, en les sauvant de la famine, et
entourer d’Uri confort princier l’extrême
'i^ieillesse de son père. Le malheur s’est
changé pour lui en bonheur, parce qu’il
aimait véritablement Dieu. Et lui-même
reconnaît que c’est Dieu qui a tout
conduit: Dieu m’a envoyé devant vous...
ce n’est pas cous qui m'avez envoyé ici,
mais- c’est Dieu... Dieu m’a établi seigneur
sur toute l’Egypte (Gen. XLV, 5, 7, 8, g).
Voyez encore ces trois jeunes Hébreux saisis par les satellites du grand
roi Nébucadnetzar parce qu'ils n’ont
point consenti, à cause de leur amour
obéissant pour Dieu, à se prosterner
devant la statue d’or. Voyez-les jetés
dans la fournaise ardente. Quel malheur ! Ah, dites plutôt quel bonheur !
car les voilà mis à même de prouver,
devant l'élite de l’empire babylonien,
que leur Dieu est le seul vrai Dieu:
les voilà jouissant de sa délivrance, les
voilà comblés d’honneur (v. Dan. III).
Voyez aussi Daniel jeté dans la fosse
aux lions, puis délivré non seulement
d’eux, mais de ses ennemis, et élevé
aux' yeux de « tous les peuples, nations
et langues » de l’empire médo-perse.
(v. Daniel VI).
Et voyez plus haut encore, voyez
tous ces confesseurs de la foi chrétienne, tous ces saints, tous ces martyrs que Dieu a jugé bon de ne point
récompenser ici-bas de leur fidélité,
comme il le fit pour les précédents,
voyez-les dans les parvis célestes, glorieux dès maintenant déjà, mais attendant la gloire plus belle qui leur est
réservée lorsqu’ils entoureront Christ
à son triomphe. Croyez-vous qu’ils regrettent une seule des infamies, une
seule des cruautés dont leurs ennemis
se sont plus à les accabler ? Non, il
les bénissent et remercient Dieu de les
avoir permises.
2. Et les souffrances physiques et
morales, résultant des épreuves ordinaires de la vie, ne concourent-elles
pas aussi au bien de ceux qui aiment
Dieu?
Voyez Job avant ses épreuves. C’est
l’homme de bien et craignant Dieu,
riche, honoré, aimé. Quel sort enviable ! Mais quel sort encore plus envia-r
ble est le sien, lorsqu’au sortir de ses
terribles épreuves, nous le retrouvons
plus riche, plus honoré, plus kimé qu’auparavant et surtout jouissant de Dieu
beaucoup plus qu ’ avant qu’ il fût
éprouvé !
Voyez aussi Marthe et Marie avant
la maladie de Lazare. Quel paisible
intérieur que le leur ! Quel asile de
bonheur domestique, n’est-ce pas, que
cette maison de Béthanie que Jésus
honorait souvent de sa présence ! Mais
quel bonheur plus intime encore, et
plus grand et plus pur y régna après
que les angoisses de la maladie et
de la mort y eurent fait mieux connaître et apprécier la puissance et l’amour de Jésus. Et depuis lors il en a
toujours été ainsi, partout où Dieu a
été véritablement aimé. Nous en avons
tous eu des exemples sous nos yeux.
Pour moi, je n’oublierai jamais celui
de cette mère de famille, qui, privée
subitement de sa fille unique, par la
mort, puis de son mari, puis de ses
deux fils, ayant perdu elle-même sa
santé, à force de souffrir, et de se dévouer pour ses bien-aimés, et ayant
dû sacrifier aussi la plus grande partie
de sa modeste fortune pour que rien
ne leur manquât, voyait venir la mort
en me disant: «Quand je le pourrais,
je ne voudrais pas changer un seul fil
à la toile de ces dernières années de
ma vie, car je suis assurée que Dieu
a tout permis, tout conduit pour mon
bien et pour le leur».
3. Et que dirons-nous de nos erreurs,
de nos fautes, de nos chûtes, de nos
péchés ? Est-il vraiment possible qu’ils
puissent eux aussi, concourir à notre
bien si nous aimons Dieu ? Certes, le
point est délicat et l’on ne saurait assez
se garder de tout malentendu. Mais
comme jamais, au grand jamais, nous
ne «pécherons volontairement », si nous
aimons Dieu véritablement, comme jamais nous ne le « tenterons », comme jamais nous ne « pécherons, afin que la
grâce abonde», il en résulte que nos'
défaillances et nos défaites morales,
dans la mesure où nous aimons Dieu,
devront tellement nous ouvrir les yeux
sur nous-mêmes et sur les pièges de
l’adversaire, tellement nous humilier,
tellement nous faire détester le péché,
tellement nous faire mieux apprécier
la sainteté, tellement nous faire mieux
soupirer apès Dieu et sa grâce en Jésus-Christ, tellement nous faire mieux
rechercher son Esprit et sa Parole, que
ces défaillances et ces défaites ne manqueront point en definitive de concourir
elles aussi, à notre bien.
Méditons sur l’état spirituel de David
lorsqu’il put écrire, après son double
crime, le Psaume LI ; méditons sur
l’état spirituel de Pierre, lorsqu’il pleura
amèrement sous le regard de Jésus,
après l’avoir renié, et comparons-le à
celui d’avant leur chûte, et nous nous
convaincrons de cette constante vérité.
. *
* *
Concluons : Il existe le secret d’un
bonheur que rien ne peut détruire, et
que tout doit accroître : c’est d’aimer
Dieu.
J. Weitzecker.
l’ÉYangélisation de la fraiice
Nous avons dit quelques mots dans un
précédent article, de la Société Centrale
d'Evangélisation, dont le siège est à Paris,
et qui travaille activemeot à répandre
l’Evangile en France. — Avant de raconter avec quelque détail l’œuvre entreprise par cette organisation, disons
quelques mots de ceux qui la dirigent.
Le Président de la Société Centrale
est l’un des pasteurs les plus vénérés
de France : c’est M. Louis Vernes, qui
a été pendant des années président du
Consistoire de Paris. Récemment le
Gouvernement lui a accordé la croix
d’Officier de la Légion d’honneur, haute
distinction que seul partage avec lui
dans le corps pastoral français M.
Boisset, ancien aumônier militaire au
Tonkin et en Chine. — M. le pasteur
Louis Vernes préside le Comité directeur, mais la cheville ouvrière de l’œuvre, celui avec qui elle s’identifie dans
la pensée de beaucoup, c’est son agent
général, M. le pasteur Jules Pfender :
peu d’hommes sont aussi qualifiés que
lui pour diriger un vaste organisme
de ce genre. M. Pfender sait unir l’amabilité et le savoir faire à l’énergie
et à la décision. Et l’on comprendra
l’importance du rôle qu’ il joue, si on
réfléchit qu’en 1902 la Société Centrale
a assuré le culte évangélique d’une
façon régulière en 450 endroits, que
ses agents ont exercé leur activité dans
2000 localités différentes, et que son
œuvre de Mission Intérieure, avec 40
collaborateurs, a tenu plus de 1000
réunions religieuses dans 25 départements. Le tout étant alimenté par un
budget de 470.000 francs, sur lesquels
34000 seulement sont collectés à l’étranger.
Double est la tâche que la Société
Centrale se propose d’accomplir : Conservation et Conquête, telle est sa devise.
Conservation, d’abord. Et telle est
l’importance de cette partie de l’œuvre que nous ne parlerons aujourd’hui
que d’elle.
Au moment de la promulgation du
Corcordat (par lequel Napoléon I a
réglé les rapports des Eglises et de
l’Etat) le Protestantisme commençait à
peine à se reprendre, au sortir des
persécutions royales et des tempêtes
révolutionnaires. Plus de temples, peu de
groupements importants dans les villes.
Aussi le nombre des postes de pasteurs
créés dans les chefs-lieux de départements fut-il relativement peu élevé, et
l’un des premiers soins de la société
centrale, lors de sa fondation en 1847,
fut d’assurer les services religieux dans
les villes dépourvues de pasteurs, où,
depuis le début du siècle, s’étaient
fixés de nombreux Protestants. Un bon
nombre de ces postes, — 45 en tout
— ont été adoptés par le gouvernement. Ce qui, en déchargeant le budget
de la Société lui a permis de porter
ailleurs ses efforts.
Et r une de ses tâches essentielles
c’est de pourvoir aux besoins religieux
des Protestants disséminés. Que de longues tournées à bicyclette, de dures
courses en voiture sont nécessaires dans
certaines régions pour atteindre quelques familles évangéliques perdues au
milieu des catholiques ! que de protestants ignorés des pasteurs ! Rechercher
les timides, dénicher nos coreligionnaires au cœur de régions toutes catholiques, les visiter, leur faire des
cultes, tel sera le rôle des agents de
la Société Centrale. Un exemple est
resté célèbre : celui de M. le pasteur
Pannier, aujourd’hui au Tonkin, découvrant en cinq ou six ans, 1200 protestants dans les environs de Corbeil.
Dans l’Hérault, le nombre des disséminés est de 8000 au moins..
Et tandis que les Protestants abandonnés risquent de devenir catholiques,
ou de laisser baptiser leurs enfants par
un prêtre, ceux que les agents de la
Société Centrale peuvent régulièrement
visiter deviennent parfois à leur tour
des propagateurs de l’Evangile.
« Il y ayait dans l’arrondissemént
d’Etampes, raconte M. Pannier, une
maison d’école communale où les logements de l’instituteur et de l’institutrice étaient côte à côte. L’instituteur
était marié et avait deux petites filles.
Lui et sa femme étaient catholiques
d’origine, mais ne croyaient pas à grand
chose, c’étaient d’ailleurs de très honnêtes gens qui avaient souffert dû vpisinagé d’une institutrice peu convenable.
Il y avait entre les deux logis une
porte de communication qu’ ils avaient
bouchée avec une grande armoire, L’institutrice vint à changer de poste,vmais
comme le ménage se méfiait, l’armoire
resta d’abord devant la porte. Et puis
on entendit chanter de beaux aifs, : de
l’autre côté de la cloison, et on; tira
un peu l’armoiré pour mieux entendre;
les paroles étaient belles (c’étaient des
Psaumes), et la nouvelle institutrice
fut aimable avec les enfants. Quand
l’hiver vint on enleva tout à fait l’arraioire
et on se trouva autour de la même
lampe pour la veillée. Alors l’institutrice lut la Bible et enseigna des cantiques ; une des petites filles fut gravement malade ; l’institutrice la soigna
avec dévouement, mais elle mourut.
Les paroles évangéliques qu’ avaient
entendues les parents achevèrent de
toucher leurs cœurs à ce moment là.
Maintenant l’instituteur est dans un
village à une lieue de Corbeil, et quand
à son arrivée on vit qu’il n’allait- pas
à la messe, on dit qu’il était libre penseur. « Non, répondit-il au châtelain
de l’endroit, je me suis fait protestante.
LOUIS DUPIN DE SAINT,ANDRÉ.
:(A suivre). ;
De notre colonie de Valdese
Nous extrayons d’une lettre de M. le
pasteur Garrou :
A la Colonie tout marche passablement
bien. JSous avons un hiver un peu rigoureux, mais le bois ne manque pas.
Les Vaudois bâtissent des maisons solides
et confortables en quantité. Dans le seul
village de Valdese on a bâti neuf ,nouvelles maisons dans le courant de l’année
1902. On en a bâti quelques-unes en
dehors, dans les fermes, et plusieurs sont
maintenant en voie de construction» Cela
dit assez clairement que nous n’avons
pas envie de déguerpir. Les mécontents
quittent la place pour aller chercher fortune ailleurs, quelques nouveaux-venus
viennent remplir les vides causés par leur
départ, et ainsi la colonie reste presque
stationnaire quant au nombre. Plusieurs
familles qui avaient quitté la Colonie
peu apres sa fondation retournent à Valdese graduellement après avoir gagné
quelque argent dans les grandes villes
du Nord, ou dans les fabriques de coton
du Sud.
Quoique le pays ne soit pas des plus
fertile, nos Vaudois le considèrent cependant comme leur «home» de prédi
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Y-fil
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'»llètiòn. Ils s’y sentent attirés par la
langue maternelle, par des amitiés d’en4%nce et surtout par leur Eglise qui forme
iporgueil de la colonie et dans laquelle
jt»i chantent les mêmes cantiques qu’aux
iVàlléeS' Vaudoises, entendent la prédi‘’¿ation.de l’Evangile dans une langue
'^ïî leur est familière, par un Pasteur
qui, comme eux, a quitté le sol natal
"^•'poiir les encourager et les édifier, et pour
^;^artager avec eux leurs joies et leurs
Èflouleurs. Malgré l’éloignement nous senStClts toujours que le sang Vaudois circule
fiafts nos veines. L’AméricaDi.-^me qui
vihsorbe et assimile tant d’éléments di'' teïs ne nous fera pas oublier de longTtémps encore que nous sommes les en'^laiîts des martyrs, les descendants des
ciJàrïaVel, des Jaliier et des héros de la
; Balsille.
iâCTout en restant Vaudois nous nous
Siefforçous d’être de bous Américains. Il
|^?y aura bientôt dix ans que la Colonie
été fondée et les Vaudois n’ont jamais
iû se rendre à la cour, sauf comme spectateurs. Les autorités connaissent cela
'■nous en sont reconnaissantes. Le gou■’^’Tjirneur du «North Caroline» auquel
| écrivais .un jour au nom do mon ami
VJ.' Micol, pour avoir certaines explications
sur des articles de loi obscurs pour nous,
“ïàisait la réponse suivante ; « J’ aime le
|;1;bn de votre lettre. Me trouvant dernièiffement à Morganton, j’ai pris des infcformatiOns sur la marche de la Colonie
f."’Vaudoise. J’ ai été très heureux d’ap^'prendre que vous êtes de bons et laborieux citoyens et que vous avez un gi'and
‘^respect pour les lois ». Et, faisant allusion à une phrase de ma lettre, il
iv* ajoutait: “ Comme vous, je suis riche en
-eiifiints et en espérance. Vous pouvez
donc être assurés de ma sympathie
Vous voyez donc que nons nous efforçons
’de faire honneur au nom Vaudois. Quoi■ que membres épars de notre famille Vauioise, nous nous réjouissons des succès
àe notre Eglise et nous souhaitons que
” r Echo puisse nous apporter beaucoup
WiidV bonnes nouvelles de nos Eglises tant
. dans les Vallées que dans le champ
P.. d’Evangélisation.
Henri Garrou.
U
'J.1 :
'l’isilG de l’enfance italienne
St
1 NATERS (VALAIS)
Nous extrayons d’un intéressant article
publié sur ce sujet par M. A. de Claparède dans le Journal de Genève de
lundi dernier :
.... Après un grand kilomètre de chemin, un de ces kilomètres valaisans
qui n’en finissent pas, nous sommes a
Katers, la « Nice » des Briguois.
Ici tout est italien. Dans la longue
■ ruè du village où nous ne rencontrons
' guère que des femmes et des enfants
les hommes sont à l’ouvrage dans
les divers chantiers de l’entreprise du
tunnel — nous n’entendons parler que
l’italien. Italiennes sont l*e^ enseignes
des boutiques, italiennes les affiches du
théâtre — car Naters a sa salle de
- sjpectacle, et quel spectacle 1 — italienne
aussi l’inscription qui attire nos regards
sur une maison de modeste apparence,
à. droite de la route : Asilo infantile
Haliano.
*
* *
Nous entrons.
Une des sœurs (l’Asile de 1’ enfance
italienne est tenu par des religieuses)
nous introduit au parloir, et, descendant
fieux ou trois marches, nous pénétrons
dans la salle d’école qui offre bien en
ce moment le plus curieux et le plus
inattendu des coups d’œil. Dans une
demi obscurité — les volets des fenêtres
qui donnent sur un jardin sont clos —
nous distinguons mal une centaine de
bambins des deux sexes, qui, la tête
appuyée sur leurs bras repliés sur le
pupitre devant lequel ils sont assis,
dorment à poings fermés. C’est l’heure
de la sieste qui suit le repas et précède
la classe de l’après-midi. Malgré le bruit
des pas et de la conversation, pas un
d’entre eux ne bouge. Noirauds et
brunettes, blondins et blondines — ces
dernières sont les plus nombreuses —
ils sommeillent tous paisiblement. On
dirait un vol d’oisillons endormis. Et il
faut le fracas des contrevents bruyamment ouverts et les rayons du soleil
envahissant la salle peur les décider à
se réveiller. Ce sont les tout petits. Au
premier étage se trouve la clas.se des
grands, c’est-à-dire des enfants âgés de
plus de sept ans.
A la muraille, le pape Léon XIII
dans un cadre, regarde d’un air fin le
portrait du roi d’Italie qui lui fait pendant, et auquel il sourit discrètement
de ses lèvres émaciées.
Cependant les sœurs appellent quelques enfants qui récitent, avec la gentilezza de leur race, diverses poésies
qu’ils miment autant qu’ils les disent,
sans que la présence des forestieri les
trouble le moins du monde. Ils prononcent bien, articulant nettement chaque mot, et ne se tortillent pas, en
récitant, comme des sangsues dans un
bocal de pharmacien, ainsi que nous
l’ avons vu trop souvent faire à des
enfants, même plus grands, dans d’autres écoles. Nous félicitons les sœurs
de la bonne tenue de leurs élèves ainsi
que de 1’ ordre et de la propreté qui
régnent dans l’établissement.
*
* *
Le nombre toujours croissant des
ouvriers italiens occupés aux travaux
du Simplon, sans lesquels le tunnel ne
pourrait pas être construit — le bulletin mensuel de l’entreprise donne une
moyenne quotidienne de 1434 journées
d’ouvriers, pendant le mois de décembre
1902, pour le côté nord du tunnel —
devait promptement rendre nécessaire
l’ouverture d’une école italienne spéciale
pour les enfants de ces immigrants
temporaires, l’école communale de la
localité ne pouvant leur être d’aucune
utilité, à cause de la langue. Quatre
religieuses de l’ordre des Salésiennes,
y compris celle qui représentait la supérieure de la congrégation de Turin,
et qui repartit pour l’Italie au bout
d’un mois, vinrent à Brigue, à cet effet
en avril 1901. L’une d’elles tomba malade peu de jours après son installation
et ne tarda pas à succomber. Deux
autres sœurs salésiennes arrivaient à
Brigue, au mois de mai, pour la remplacer.
Pendant près d’une année, d’avril
1901 à février 1902, ces religieuses
habitaient Brigue d’où elles se rendaient
par tous les temps, chaque matin, à
Naters où l’asile avait été établi dans
une maisonnette à côté de 1’ église du
village. En hiver elles avaient à brasser
souvent deux pieds de neige. C’est alors
qu’ un religieux italien, le P. Joseph
Oddoni, de l’ordre des Salésiens, acheta
la petite maison où l’asile est aujourd’hui
installé et où les sœurs purent se caser.
Au début r établissement comptait
soixante-dix enfants. Leur nombre s’accrut rapidement; il dépasse aujourd’hui
cent cinquante. Les élèves y reçoivent
gratuitement, chaque jour la soupe {minestra) en abondance. Quelques parents
toutefois paient pour cela une contribution quotidienne de cinq centimes
par enfant ; mais c’est l’exception. Car
ils n’y sont pas astreints. La gratuité
est la règle.
L’asile de Naters est une école enfantine ou Kindergarten, organisée selon
la méthode frœbelienne, laquelle est
trop connue pour qu’il y ait lieu d’en
faire ici l’exposé.
A la classe ordinaire succède l’ouvroir
{laboratorio) o\x travaillent près de quatrevingts fillettes, qui y apprennent à tricoter, à ravauder les bas, à repriser
l’étoffe, etc. Le dimanche après midi,
le laboratorio fait place à 1’ oratorio. Les
enfants âgés de plus de sept ans y
passent le temps auprès des sœurs qui
leur donnent aussi des leçons, voire de
français et de chant. Ils demeurent à
cette école du dimanche jusqu’au soir
ce qui vaut infiniment mieux pour eux
que de rôder dans la rue du village
sans surveillance. A l’oratorio, comme
au laboratorio d’ailleurs, il n’y a pas
que des enfants. De grandes filles de
vingt ans fréquentent assidûment ces
réunions, et c’est l’un des plus heureux
résultats obtenus. Combien de jeunes
filles italiennes se sont perdues auparavant, à baguenauder avec le tiers et
le quart, au village, dans la campagne
avoisinante et surtout dans la promiscuité des salles d’auberge ou des cabarets borgnes de l’endroit.
Avant l’ouverture de l’asile, faute
de pouvoir fréquenter l’école du village
dont l’accès lui était fermé par le fait
de la langue, la jeunesse italienne des
deux sexes vagabondait à l’envi, les
garçons allant à la maraude, les filles,
trop précoces, faisant souvent pis. Aujourd’hui, cela a bien changé, fort heureusement....
Aussi avons nous cru qu’il ne serait
pas sans quelque intérêt — dussionsnous même passer — une fois ne sera
pas coutume — sinon pour clérical, du
moins pour « cléricalisant » {clericaleggiante, comme disent les Italiens) de
parler à cette place d’une œuvre philanthropique catholique, née dans un
milieu très différent du nôtre, qui est
une belle œuvre de charité chrétienne,
charité intelligente, prévoyante et préventive.
Arthur de Claparède.
Bavello. Nos deux pasteurs de Naples
MM. G. Quattrini et Gaio Gay ont
visité récemment nos frères résidant
dans cette intéressante vieille cité toute
proche d’Amalfi et y ont trouvé le
même cordial accueil que leurs prédécesseurs y avaient toujours eu. Mais
cette fois un émoi insolite se manifestait parmi nos coreligionaires, par suite
d’une lettre pastorale de l’Archevêque
d’Amalfi qui les attaque ouvertement
et brutalement. Nous venons de recevoir la noble réponse que nos frères
attaqués ont faite au prélat et qui a été
publiée. Nous les en félicitons, car elle
est conçue en termes très dignes et en
même temps très chrétiens, et démontre
à Monseigneur que son attaque est un
attentat à la fois contre le savoir vivre,
contre la loyauté et contre la charité.
L’attaque épiscopale vient d’être traduite en Danois et en Anglais par
des étrangers en visite à Ravello, afin
que les protestants de l’étranger puis
sent être édifiés sur la façon dont l’église de Rome traite leurs frères en
Italie.
CSîiojMIQlfi'l
La Tour. M. le professeur Jahier a
terminé vendredi dernier sa série de
conférences sur les rapports entre l’Eglise et l’Etat. Séparation des deux
domaines, civil et religieux, telle est
la conclusion de cette remarquable étude,
tel est le but auquel nous devons tendre.
Point de religion d’état, mais tous les
cultes égaux devant la loi. L’Etat, cette
personnification abstraite de tout un
ensemble de choses et d’institutions,
n’est ni religieux ni irréligieux, ni
croyant ni athée. Que les hommes de
gouvernement soient l’un ou l’autre et
le soient d’une manière ou de 1’ autre
c’ est leur affaire personnelle, car fie
plus en plus, la religion est conçue
comme étant du domaine de la conscience et du sentiment individuels. L’Etat comme tel, n’est ni l’un ni l’autre.
La séparation assurera à 1’ Eglise catholique son entière liberté, en même
temps qu’ elle liii laissera toute la responsabilité de pourvoir à son entretien
et tous les cultes seront traités de la
même manière. Respect de toutes les
croyances, protection égale de toutes
les églises et liberté entière de manifestation du sentiment religieux, dans
les limites de la loi. Du même coup
seraient supprimées certaines exigences
odieuses et contraires au respect dû à
la conscience individuelle, telle que la
conversion forcée au catholicisme de
toute princesse qui épouse un membre
de la famille royale, quelles que. soient
ses convictions personnelles.
Après la conférence M. Pons s’est
fait l’interprète des sentiments de l’auditoire et a remercié chaleureusement
l’orateur, exprimant le soühait que. ce
remarquable travail soit publié : souhait
auquel nous nous associons de tout
notre cœur.
U Assemblée d’église ,3. tenu une seconde séance dimanche dernier de 2 i[2
à 5 heures dans l’école de Sainte-Marguerite. Principal objet à l’ordre du
jour : le poste de second pasteur et les
moyens d’en assurer ■ la continuation
après le retrait du .subside Meille. M.
Pons avait eu soin d’exposer clairement
la question à la sortie du culte principal, afin que toute l’église et non
seulement 1’ assemblée électorale, en
fût bien nantie. Diverses propositions
furent mises en avant, mais une seule
fut prise en sérieuse considération : consulter individuellement tous les membres de l’église et savoir quelle contribution chacun d’eux est disposé à verser
en sus de sa sou-scription ordinaire, pour
que l’église puisse continuer à jouir du
ministère de deux pasteurs. Du résultat
de cette consultation, dont le consistoire
est chargé, dépendra la décision, qui
devra être prise dans un délai aussi
bref que possible. Nous avons 1’ espoir
que les intéressés répondront avec une
générosité proportionnée au besoin que
cette paroisse a d’un second pasteur,
dont on ne voit guère comment elle
pourrait se passer de nouveau, après
tantôt un quart de siècle. Un élan de
générosité a commencé à se manifester
chez quelques membres de l’Eglise.
M. Pons a lu une lettre de M.lle Beckwith annonçant la mise à la disposition
du Cons'stoite d’un fonds produisant
une rente annuelle de 200 francs, et
4
mm
M. Falchi au nom de M. et M.me
Albert Rollier a fait part à l’assemblée
de l’engagement que prenaient ceux-ci
de verser régulièrement une contribution de I oo francs ' par an pour cet
objet, aussi longtemps que l’ état de
leurs affaires le permettraient. L’Assemblée a reçu ces communications avec
des acclamations unanimes.^ Nous exprimons le vœu que l’élan continue et
que d’autres personnes, parmi les plus
favorisées, suivent ces généreux exemples.
L’assemblée d’église s’est encore réunie lundi soir pour entendre— un peu en
retard — la lecture du rapport annuel,
rédigé par M. le pasteur Jahier. L’espace nous manque pour résumer cet
intéressant rapport et l’entretien qui
a suivi. Les points sur lesquels on s’est
particulièrement arrêté sont : la sanctification du jour du repos et le marché
du dimanche, le culte domestique, la
lutte contre l’alcoolisme et l’immoralité,
le chant sacré. Sur ce dernier point
on a décidé qu’ il y aurait un court
exercice de chant au temple avant
l’ouverture du culte principal. On a
décidé aussi que la fête des enfants, au
17 février, Serait célébrée, dans toute
l’étendue de son programme, au temple,
l’école de Sainte^Marguerite étant trop
petite pour» le' grand nombre d’enfants
et de grandes personnes qui s’ y entassaient ¡jusqu’ici. _
Saint Jean. La, sæiir du modéra- '
leur Lantaret, Madame Marie _Revel
des Lantarets qui lui ressemblait tant
vient d’entrer dans son repos dans sa
82 me année et ses funérailles furent
faites le 24 courant par le pasteur et
l’ex pasteur de S.t Jean MM. A. et
T. Gay. Bon nombre d’amis montèrent
jusqu’aux Lantarets pour exprimer toute
leur sympathie au vénérable . octogé- '
naire ancien Revel, et à toute sa famille. L’on sait que la défunte était
la mère de M. le pasteur David Revel
de Bergame et la tante de deux pasteurs de notre évangélisation, l^ious
leur envoyons nos plus sincères condoléances.
Le Dimanche des Missions a été observe a Saint Jean le 25 courant suivant l’invitation ■ du Comité missionnaire de Paris. Déjà jeudi 22 aux salles
de l’Union Vaudoise le pasteur de S.t
Jean avait donné une conférence sur
les origines de la mission protestante
parmi les payens.
Le dimanche suivant, la méditation
sur le mot d’Esaïe « Le désert fleurira
comme la rose » roula sur l’œuvre glorieuse des missions. Dieu veuille que
ce Dimanche des missions produise des
fruits bénis et durables pour sa gloire.
NouYcIles et faits divers
De Bologne, on écrit au Rappel-.
Dans la petite ville de Coriano, un
chien enragé a mordu 14 personnes.
Les médecins ont fait tuer le chien,
dont le cadavre a été envoyé à l’Institut
Pasteur de Bologne. On y a constaté
l’hydrophobie du chien, et le directeur
a télégraphié que les 14 personnes mordues devaient être envoyées d’urgence à
l’Institut Pasteur. Mais le curé de Coriano
était d’ un avis différent. Il rassembla
le Conseil municipal qui a l’habitude
de lui obéir en tout, et fit voter un
crédit de i.ooo francs pour que les 14
individus mordus fussent envoyés a
Cocullo, ou saint Dominique guérit les
— 4
enragés. «Ce serait, a dit le curé, un
péché de s’adresser à un Institut sans
Dieu. » Les pauvres malades ont été
envoyés à Cocullo, pour y toucher la
statue de saint Dominique. Un d’eux,
un petit garçon de six ans, est déjà
mort, et les autres se trouvent dans
un état desespére malgré l’intervention
du saint.
De VEglise Libre :
Sait-on qu’il existe à Paris un organe spécial de la mendicité? Il paraît
quotidiennement ; le tirage en est très
restreint et le prix du numéro assez
élevé, 20 centime; mais il contient des
renseignements d’inappréciable valeur...
pour les « intéressés », et qui ne laissent pas d’être amusants pour les «profanes ». On y trouve, par exemple, des
annonces comme celle-ci : On cherche
un aveugle sachant jouer de la flûte ».
Ou bien : « On demande un manchot
pour bain de mer bien fréquenté, les
personnes à qui il manque le bras droit
auront la préférence. Bonnes références
et caution exigées». Ce journal contient
également l’indication de tous les baptêmes, mariages, enterrements riches,
et jusqu’aux jours anniversaire des personnes un peu aisées. Très homme
d’affaires, le mendiant modern-style !
Angleterre. — Loi contre Valcoolisme.
Depuis le i.er janvier, une loi très sévère contre l’alcoolisme est entrée en
vigueur. Elle stipule que tout ivrogne
devra être arrêté, même s’il ne cause
pas de scandale sur la voie publique.
S’il a un enfant de moins de sept ans,
il est condamné à un mois de prison.
A la troisième condamnation, il est
considéré comme un «ivrogne chronique», et sa photographie est fournie
à tous les cabarè tiers de son quartier.
Dès lors, il est passible d’une amende,
puis de là prison, s’il tente de se procurer de l’alcool n’importe où. Les cabaretiers de son quartier sont passibles
d’une fòrte amende s’ils lui en vendent:
250 francs la première fois, 500 la seconde, puis la prison jusqu’à six mois.
Contre toute personne inscrite sur la
liste des «ivrognes chroniques», la
séparation judiciaire au profit du conjoint peut être immédiatement pro
noncee.
Kevue Politique
La première séance du Parlement, après
les vacances, n’a pas réuni, à Montecitorio un grand nombre de députés, et
c est tout au plus si une cinquantaine de
nos représentants ont daigné y prendre
part. Après quelques commémorations de
députés et de sénateurs défunts, plusieurs
interrogations ont été déposées. Suit la
discussion du projet de loi pour la convention internationale relative au régime
fiscal des sucres. Sans entrer dans les
détails, nous nous bornons à constater
que la nouvelle loi, qu’on a approuvée
séance tenante, sera tout à l’avantage
des producteurs de sucre de betterave et
des raffineurs de notre pays, tandis que
les consommateurs n’en retireront pas le
moindre profit. Parmi les nombreux projets de lois déposés dans cette première
seance et qui vont être discutés au cours
de la session, figure la nouvelle organisation, du « monte pensione » pour les
maîtres élémentaires.
Dans sa réunion de lundi, le conseil
des ministres a nommé le sénateur Bianchi
président du Conseil d’Etat.
Il vaut la peine de rappeler ici une
anecdote que toute la presse a vivement
commentée concernant M. Cocco-Ortu,
notre Garde des sceaux ou plutôt ses
deux demoiselles. L’honorable ministre
fait élever ses filles dans une école cléricale de Rome, placée sous la direction
immédiate et exclusive des nonnes. Un
beau jour, la directrice de l’établissement
demande et obtient pour elle et quelquesunes de ses élèves, des priviligiées à coup
sûr, une audience du St, Père. Au nom
de Cocco-Ortu prononcé par la révérende
mère en présentant les filles du ministre,
S. S. s’assombrit. Ce sont mes meilleures
élèves ajoute précipitamment la nonne
et si bonnes, si soumises. — Priez pour
votre père afin qu’il devienne meilleur,
aurait répliqué le pape en s’adressant
aux deux jeunes filles. Il est possible
que l’authenticité du dialogue ne soit
pas de tout point incontestable. Ce qui
ne fait pas de doute, c’est que le ministre de Grâce et Justice a plus de confiance dans l’éducation des écoles cléricales, dos écoles où on dénigre probablement tous les jours nos institutions,
que dans celles dos écoles laïques qui
abondent à la capitale et sont dignes de
jeunes filles du rang des demoiselles
Cocco-Ortu. Ce qui est certain aussi
c’est que les jeunesses en question ont
été reçues par le pape à la veille, ou
peu s’en faut, du jour où le ministre
se prépare à soutenir le projet de loi
sur le divorce que Léon XIII a combattu, et combattra de toutes ses forces.
Voyez r inconséquence de nos petits
grands hommes, qui font mine de s’étonner si le cléricalisme fait des progrès !
On ne pourra jamais stigmatiser assez
une conduite si peu en harmonie avec
les principes qu’affecte de professer l’alter
ego de Zanardelli.
Lynch, le colonel anglais qui avait
combattu pour les Boërs contre les troupes de son pays, vient d’être condamné
à Londres à la peine de mort. Le vaillant soldat a évidemment cru soutenir
cette noble cause en prêtant son bras à
la défense des faibles, et il n’a agi que
d’après la voix de sa conscience. Cela
n’empêche pas que d’après le code militaire il ne se soit rendu coupable de
trahison et qu’il n’y ait qu’un faible espoir de le voir gracier par le souverain.
M. Chamberlain poursuit son voyage,
j’allais dire sa tournée triomphale dans
les deux ex-républiques du Sud de l’Afrique. Il met tout en œuvre pour se
captiver l’affection des Boers et pour en
faire de fidèles sujets et amis de l’Angleterre ; et si on en juge d’après l’accueil qui lui est fait partout, on doit se
dire qu’il y réussit au-delà de toute espérance. Puisque r Angleterre semble
vouloir s’employer de son mieux à réparer les donimages causés par la guerre
et qu’elle se montre animée des meilleures intentions à l’égard des Boers,
ceux-ci auraient mauvaise grâce de lui
tenir rigueur, d’autant plus qu’ils auraient
beaucoup à perdre et rien à gagner en
se montrant intransigeants.
— Un traité fort important a été récemment conclu entre les Etats-Unis et
la Colombie. Moyennant une annuité de
250 mille dollars, les Etats-Unis acquièrent la propriété du canal de Panama,
sous forme de bail emphytéotique, renouvelable de deux en deux ans. Il est
en outre convenu que les Etats-Unis
auront le droit de contrôle et de surveillance sur la mer dans les parages de
Colon et de Panama et qu’ils percevront
intégralement les droits de tonnage sur
les navires qui franchiront plus tard le
canal. Il n’est pas dit que les anciens
actionnaires soient pleinement satisfaits ’
de ces arrangements de famille et qu’ilg '
ne songent à s’unir pour élever des proteMations.
■— Les nouvelles du Maroc, pour au.
tant qu’on peut en garantir rauthentU '
cité, sont toujours fort graves. Il paraît
que le prétendant se serait décidé à sortir
de son immobilité et à prendre l’offensive avec des troupes considérables, ^n '
attaquant Fez, dont il n’était plug,
21 c., qu’à 25 milles. Le sultan a, de
son côté pris les dispositions nécessaires
pour défendre sa capitale. Malheureusement ses 12.000 h. seront impuissants à
tenir tête aux forces plus considérables
et mieux organisées du prétendant.,
.)• C.
. INFORMATIONS.
La députation provinciale, dans
sa
séance du 18 décembre 1902, a approuvé
les contrats pour la manutention à forfait des routes intercommunales de Luserne à Lusernette, de Bubiane à Bagnol,
de Bubiane a Fenil, de Fenil à Campillon,
et de Luserne à Rora.
Elle a autorisé le payement du subside
provincial pour 1902 au consorzio vétérinaire de S. Second.
Abonnements payés.
MM. Rostan, Fassiots ; Bonnet, Angrogne; Pral: Ribetti, Rostan syndic;
Massel : Insert, commune, J. A. Micol ;
Martinat, Maneille ; Dr. Rostan, Perrier;
Ferrier, Faët ; Riclaret : Micol, Massel;
Genre, Bouvil. — Pomaret: Mattiieù,
Pastre Blégiers ; Pérouse: Gay, Grill
(2.e ex.l ; Long, Vivian ; Beux, Gianassoun; Vicino, S. Second; Av. Poet, Pignerol; Turin: Vola, D. Pellegrini. A
Bordighera: A. B. Tron, Billour; MalanôÎ,
S. Remo ; Comba, Gênes ; Maurin^ Vérone ; Jalla, Carpi; Florence: Longo,
Rochat ; Grill, Sienne; Banchetti, Pachino ; Gay, Lyon; Johnstone, Ecossé;
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