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SPÉCl.UEflEÏÏ CO^S\i;iiÉP, ,41)\ lÏÏÉIlÈTS DH U F.lMILLfi VllIDDISE
« J III (lion qil'rs y a n d c i. . . »
« Ils ilisont qu'il est Vmulois «
NOHI.A LEVC/.ON
Histoire vutiduisi': l f 'uldesi, par Mr lîcrt (2. article) —
Questions locales : (l’un roiirniirs pniir_ ilciix nouvelles places de pro
fesseur au collège de La Tour. — Évaiiijélisatwn : douleurs el be
soins des proleslaiils hongrois. — missions : le cannibalisme aux îles
Fidji. — Anecdote : Madame de Krüdcner el la jeune servante. —
Nouvelles reliijieuses. — Nom vll‘'s politiques.
Sommaire.
m S X O B K E V J iV O O lS E
I VALDESI
ossiano i Ciûstiani cuUol'ci seconda la Chiesu primiliva ecc.
per A. Debt .
(2 “ ' article).
Le second el le troisième chapitre du livre de Mr B ert
traitent de la doctrine el la vie des Vaudois. Mais avant
d’ aborder celle matière, et sans nous désister de l ’ intention
que nous avons annoncée, de ne vouloir apprécier le livre
dans son ensemble, qu’après en avoir passé en revue les dé
tails, nous éprouvons le besoin de nous expliquer, en peu
de mots, sur une page de ce livre, dont la lecture nous a
causé une douloureuse surprise et sur laquelle un plus long
silence de notre part trouverait difficilement sa justification.
2
— il/J —
Dans nu dernier chapitre intitulé conclusion, M. B. exa
minant entr’aiures questions la suivante: si Thistoire des
Viuidois a maintenant atteint son terme, ou si plutôt elle
n’csl pas à la veille de recommencer sous un nouvel aspect
et avec un nouveau caractère, arrive à l’ idée d’ une mis
sion assignée, par la Providence, à l’ Eglise vaudoise, dans
le renouvellement religieux et social de l’Italie: mission en
vue de laquelle cette Eglise aurait été conservée d’ une ma
nière si extraordinaire à travers tant de persécutions et pen
dant tant de siècles.
Maintenant cette mission en quoi consistera-t-elle? Nous
passons les griefs de Mr B. contre les confessions de foi qui
lui paraissent un reste de papisme au sein des communions
évangéliques; les conseils qu’il donne à ses coréligionnaires
de ne pas engager avec leui*s frères d’Italie des discussions
de détail sur des questions de hiérarchie, de rites, de céré
monies que ceux-ci, par génie ou par habitude, ne pourraient
se résoudre à abandonner. Nous lui laissons pleine liberté
de penser, si cela lui agrée que : “ toute religion qui ne
„ serait pas vivifiée par les arts, par la poésie, par la m u„ siqueet,de noslemps, par la peinture et par la sculpture,
„ courrait risque de se réduire bientôt à une maigre disci„ pline scolastique, à une théorie philosophique, à un étroit
„ ascétisme „ ; de telles vues, bien qu’elles ne soient pas en
tièrement les nôtres, ne touchent pas assez au fond même
de la doctrine et de la v ie , pour que nous ayons la moindre
velléité d’ engager une discussion à leur sujet. Mais là où
décidément nous ne pouvons plus suivre Mr B .; là , où, à
moins de faire violence à nos convictions les plus enracinées,
nous sommes obligés de nous séparer de lui et de protester,
c’est lorsque continuant de s’ adresser aux Vaudois, il leur
dit ces paroles :
« Que les Vaudois monlront à leurs frères d’ Italie les pages
bibliques où est révélée la doctrine pratique la plus convenable
à l’âsnc humaine raisonnable et immortelle , mais cependant en
3
— 11j —
ferniàe dans l'aiiimalilé qui, présentant sans cosse de nouveaux
obstacles à sa liberté, la développe et la forliiie, comme, par
l’exercice, se développe et se fortifie toute force créée.
« Que les Vaudois montrent à leurs frères d’Italie comment
les principes essenliels et fondamentaux du Christianisme , con
stituent véritablement la religion absolue (i) au-dessus de laiiuelle
il ne peut etr exister d’a u tre , en même temps qu’ils contiennent
une capacité de développement infini et une facilité illimitée de
s’adapter aux différents degrés de la civilisation bumaine , selon
la diversité des lieux et des temps.
Surtout, qu’ils leur indiijuent comment ces pn’nc/pis essentiels se
cachent dans le sein de quelque secte ou église chrétienne que ce soit, »|uellos
que soient d’ailleurs les emeloppes qui les recouvrent à plusieurs
doubles, afin qu’on juge par-là combien il importe de faire cas
du grain qui nourrit, plutôt que de l’écorce. Et comme ces prin
cipes absolus sont de tous les temps et de tous les lieux, tandis
que les enveloppes, à quelque dénomination quelles apparlienneni,
Romaim, Grecs, Anglicans, Calvinistes, ne se rapportent qu’à des
circonstances qui passent, que les Catholiques romains d’Italie exa
minent amicalement avec leurs frères Vaudois, si pour eux ces
circonstances sont effectivement passées ».
Nous le disons avec peine, et d’autant plus de peine
que nous sommes parmi ceu.v qui savent un gré immense
à Mr B. du travail auquel il s’est appliqué avec tant d’à
propos et tant de zèle — ou ces phrases que nous venons
de citer ne signifient absolument rien, ou si elles ont une
signification , ce qu’il faut bien admettre, la .seule tpi’i!
nous ait été possible d’y découvrir, c ’est celie-ci : qu’aux
yeux de celui qui les a écrites, le Christianisme n’e-,1
ni plus ni moins qu’une philosophie, plus parfaite, il esl
vrai, que celles qui l’ont précédée et suivie; plus capable,
comme il le dit, d’amener l’homme à cette indépendance
de la matière à laquelle il aspire: mais une philosophie poin
tant, dont les principes essentiels, absolus (évidemment
les grands principes m oraux),se retrouvent les mêmes dans
“ toute secte ou église chrétienne quelconque, seulement
avec des enveloppes (les vérités dogmatiques, cela est trop
clair), et sous des formes différentes. Ce que ces lignes
(I) Ce mut est le seul qui soit souliiiuc dans le livre , les autres le saut uar
nous.
Héd.
"
‘
4
—
liO —
nons onl paru proclamer , ce que leur auteur nous semble
exiger des Yaudois quïls mettent à la base de l’œuvre mis
sionnaire q iiïl leur conseille d’ entreprendre en Italie, si ce
n’ est pas l’ indifférentisme dogmatique le plus complet, c’est
quelque chose qui y ressemble d’ une manière bien frappante.
Nous laissons à Mr B ., si ce point de vue est effecti
vement le sien, le soin de le concilier avec le serment qu’ en
sa qualité de ministre au service de l’Eglise vaudoise, il a
prêté à la confession de foi de celte Eglise. Mais s’il l’est (ce
que nous ne larderons pas à savoir par Mr B. lui-même),
que ce frère nous permette — comme chrétien, comme
ministre nous aussi de T Eglise vaudoise, sincèrement attaché
à ses doctrines, non parce qu’elles sont les doctrines de l’Egîise vaudoise, mais parce qu’ elles sont celles de l’Evangile,
— de lui dire combien il nous en coûte, qu’ au sentiment de
vive reconnaissance que nous éprouvons pour l’œuvre si
éminemment utile à laquelle il s’est appliqué, vienne forcéiiient s’en associer un autre , un sentiment de peine et
nous dirions presque de reproche, de ce que la première
voix vaudoise qui se fait entendre à nos frères d’Italie, leur
donne de nos vues et de nos doctrines religieuses une idée
si imparfaite. Qu’il nous permette de protester autant qu’il
est en nous, contre la tendance très-facheuse à nos yeux
que ses lignes préconisent, et de déclarer que, sans se re
nier entièrement elle-même, jamais l’Eglise vaudoise ne
pourra donner la main à une propagande religieuse entre
prise sur de telles bases ; mais que la foi aux vérités révélées
de l’Evangile, à toutes ces vérités (nous ne savonsi pas faire
de différence entre les vérités pratiques et celles qui ne le
sont pas : tout est pratique dans l’Evangile) ; la foi aux
vérités qui sauvent (l’œuvre de perfectionnement et de ci
vilisation, malgré son importance et bien qu’elle soit une des
gloires du christianisme, nevieiit cependant pour nous qu’en
seconde ligue) ; la foi que nos ancêtres nous oht léguée cl
5
— Ü7 —
qu’ils ont scellée de leur sang, est la seule dont elle con*
sentira jamais à se faire le missionnaire auprès de qui que
ce soit.
Autant de largeur qu’on voudra ; autant de liberté qu’on
peut en désirer, nous en sommes, et nous ne craignons pas
d ’être laissé, sous ce rapport, en arrière par BIr B.: pourvu ,
ajouterons-nous toujours, que les doctrines vitales de l’Evan
gile, celles à la profession desquelles le salut est attaché,
n ’en reçoivent aucune atteinte.
Du reste, Mr B. comprendra mieux que personne que si
nous avons attaché une si grande importance à une seule
page deson livre, c’est parce que nous en attachons une trèsgrande au livre entier. Son amour pour la franchise fera plus
que de nous faire pardonner la nôtre, il la lui fera apprécier,
et tranquille de ce côté, nous reprenons, pour ne plus l’inter
rompre , l’analyse que nous avons commencée de son ou
vrage.
La foi des Eglises VaudoLes, aussi haut qu’il est possible
de rem onter, n’est autre,que la foi de l’Eglise primitive
telle qu’elle est exprimée dans le symbole des Apôtres, dans
le symbole dit d’Athanase et dans les décrets des trois ou
quatre premiers conciles :
„
„
„
„
„ Nous croyons, est-il dit dans leur confession de foi
de l’an 4 1 2 0 , et tenons fermement tout ce qui est contenu dans les douze articles du symbole appelé des J p ô tres^ tenant comme hérésie tout ce qui est en désaccord
et ne convient pas avec ces douze articles „ .
„ Nous croyons en un Dieu P ère, Fils et Saint-Esprit
La règle suprême et unique de leur foi, c’est, toujours
d’après la même confession, les livres de l’Ancien et du
Nouveau Testament, tenus covsme canoniques par l’Eglise
primitive : „ Quant aux apocryphes qui ne sont pas reçus
„ par les Hébreux, nous les lisons, comme dit S.-Jéi*ome,
„ dans son prologue sur les Proverbes, pour l’enseigne
6
118
—
inenl tlu peuple, et non pour confirmer les doclrines
,, de l'Eglise „ .
Les principaux enseignements qu’ils recueillent de ces
saintes Ecritures, sont les suivants:
,
„
„
,,
„
„
,,
„
„
„
„
„
„
„ Qu’ il y a un seul Dieu tout-puissant, tout sage et tout
bon qui par sa bonté a fait toutes choses, ayant formé
Adam à son image et à sa ressemblance; mais que par
l’envie du Diable et par la désobéissance du dit Adam,
le péché est entré dans le m onde. et que nous sommes
tous pécheurs en Adam et par Adam. — Que Christ a
été promis aux pères, lesquels ont reçu la loi, afin que
connaissant par la loi leurs péchés, leur injustice et leur
insuffisance ils soupirassent après l’avénement de Christ
pour satisfaire à leure péchés et pour accomplir la loi par
lui-même. — Que Christ est né au temps ordonné de
Dieu son P è re , c’est-à-dire à l’heure où toute iniquité
abondait, et cela non point pour les bonnes-œuvres seulement, car tous étaient pécheure, mais afin qu’il nous
fit grâce et miséricorde comme celui qui est véritable. —
Que Christ nous est vie, vérité, paix, justice, berger,
avocat, victime et sacrificateur, étant mort pour le salut
de tous les croyants et ressuscité pour notre justification „ .
Tout en admeltant au sujet de la Vierge Marie qu’elle
a été “ sainte, humble et pleine de grâce „ et au sujet des
autres saints “ qu’ils espèrent dans le ciel la résur„ rection de leui's coi*ps au jour du jugement „ , ils “ tien„ nent fermement qu’ il n’y a aucun aulie médiateur et
„ avocat auprès de Dieu le Père que Jésus-Christ „ —
Le Purgatoire n’est, à leurs yeux, qu’ un “ rêve de l’Anté
christ, imaginé contre la vérité
“ les fêtes et vi
giles des saints, l’eau qu’on appelle bénite, l’abstinence
à certains jours de viande et d’autres aliments, et sur
tout les- messes, que des abominations dont on ne doit
point parler devant Dieu,, et propres seulement à troubler
7
—
119
—
les fidèles et à préjudicier à la liberté qui est selon l’Esprit.
Les sacrements enfin, dont ils ne reconnaissent que deux,
le Baptême et l’ Eucharislie , sont les “ signes visibles de
„ grâces invisibles „ , dont font bien de profiter ceux qui
le peuvent, quoique l’impossibilité d’ en profiler n’ exclue
nullement le fidèle de son droit au salut, si d’ ailleurs il a ce
qui est l’essentiel, savoir la fol.
Leurs rapports avec la société civile sont exprimés en deux
mots qui disent tout : “ Nous devons honneur au pouvoir
„ séculier, en soumission, en obéissance, en zèle et en
„ paiement „ .
A cet exposé des croyances des Vaudois, extrait de leur
propre confession, sont joints dans le livre de Mr B. d ’am
ples développements q u i, pour être empruntés à une
source bien différente, aux écrits d’ un de leurs adversaires,
n’en sont ni moins intéressants ni moins dignes de remarque.
L ’année où Luther alTichail ses fameuses thèses ( 15 17) ;
bien avant, par conséquent, que rinfluence de ses doctrines
eût pu , en aucune façon, se faire sentir dans nos montagnes,
Claude de Seyssel, archevêque de T u rin , écrivant sur les
Vaudois, leur attribuait entr’autres opinions les suivantes
que le grand Réformateur n’aurait certainement pas désa
vouées :
« Ils ne reçoivent autre chose que ce qui est écrit dans l’ Ancien
et dans le Nouveau Testament. — Us disent que les Uapes de Uoine
et les prêtres de leur dépendance ont dénaturé les saintes écritures
par leurs doctrines et par leurs gloses. — Us soutiennent que les
iiommes n’ont pas besoin des suffrages des saints, Jésus-Christ suf-*
fisant abondamment pour toute chose. - - Us disent que tout ce <|ui
se fait pous arracher les âmes des morts aux peines du Purgatoire
est entièrement inutile , une pure superstition ; que nos prêtres
n’ont pas le pouvoir de pardonner les péchés; qu’eux seuls (les
Vaudois) observent la doctrine évangélique et apostolique , d'où il
résulte, qu’avec une insupportable impudence, ils usurpent le nom
d’ Eglise catholique. — Us disent que l’autorité d’entendre les con
fessions appartient à tous les Chrétiens qui cheminent selon les
préceptes des A p ôtres, puisque St-Jacques à il: confessez vo^ ppchps
les uns aux autres. — Us disent qu’aussitôt après la séparation du
corps, les âmes des morts entrent imiuédiateineut dans le séjour
8
—
d“2 () —
de la joie ou de la peine, le purgatoire n’ayant été inventé que par
l’aveugle avarice des prêtres. — ils disent que les saints ne peu
vent connaître ce qui se fait ici-bas.— Quant aux jeûnes institués par
l ’Eglise catholique en l’honneur de Dieu et des saints, ils ne met
tent pas en avant moins de raisons pour s’y opposer. — Quant à la
Iraiisubstantiatiou, ils la rejettent comme une grande extrava
gance ».
l a vie (les anciens Vaudois sera suffisamment caracté
risée par les citations suivantes prises, les unes de leur
propre discipline, les autres des écrits mêmes de leurs
adversaires :
Il Les lils qui naissent de pères charnels doivent être rendus spi
rituels à Dieu par discipline et par enseignements , ainsi qu’il est
écrit : « Celui qui aime son fils ne lui épargne point la verge, afin
qu’il en ait de la joie à la fin de ses jo u rs, et qu'il n’aille pas
frapper à la porte de son prochain ».
« As-tu des lillesV garde leurs corps qu’elles ne s’égarent. Car Dîna
fille de Jacob fut corrompue pour se faire voir aux étrangers.
« La taverne est une fontaine de péché , l’école du Diable , où
il opère ses miracles ».
« Le bal est la procession du Diable........ Ceux qui ornent leurs
filles (pour la danse) sont comme ceux qui mettent le bois sec
au feu , afin qu’il brûle mieux........ 'Pelle y entre bonne , qui en
sort corrompue et méchante. Sara, celle sainte femme n’était point
de celles-là ».
« Le chrétien ne doit point aimer le monde ; il doit fuir les
mauvaises compagnies; pour autant qu’il le peut vivre en paix avec
chacun; ne pas plaider; ne pas se venger; aimer ses ennemis ;
souffrir travaux, calomnies, menaces , honte, injures et toutes sortes
de tourments pour la vérité ; posséder son âme par la patience;
ne point s’unir sous un même joug avec les infidèles ; ne par
ticiper point aux mauvaises œuvèes et surtout à celles qui sentent
l’idolâtrie ».
« Le chrétien ne doit point servir aux désirs mortels de la chair;
il doit mortifier ses membres, régler ses pensées, soumettre le corps à
l’esprit, fuir l ’oisiveté , être modéré dans le manger et dans le
boire , dans le parler et dans le soin des choses de ce monde ;
il doit faire des œuvres de miséricorde, vivre de foi et de pureté,
combattre les concupiscences, s’appliquer avec exactitude à l’accom
plissement de ses devoirs religieux, conférer ensemble sur la volonté
d ivine, examiner diligemment sa propre conscience, purifier, amender,
pacifier son cœur ».
« On peut connaître les hérétiques à leur genre de vie et à leur
conversation » , disait d’eux un de leurs plus ardents antagonistes,
l’Inquisiteur Reynerus-Sacco, « ca r ils sont réglés dans leur vie et
modestes. H fuient le faste dans leurs vêtements qui sont d’étoffes
9
—
121
—
ni trop iines ni trop grossièros ; il ne s'adonnent pas au eoiumcrce,
afin de ne pas être exposés au mensonge, aux jurements et aux
fraudes ; ils vivent de leur travail comme artisans ; leurs docteurs
sont même quelque fois cordonniers. 11 n’amassent pas des richesses,
mais ils se contentent du nécessaire. Ils sont chastes, modérés
dans le manger et dans le boire. Ils ne frétiuenlcnt ni les tavernes,
ni les bals , et ils ne s'adonnent pas aux autres vanités ».
Enfin le même archevêque de Turin déjà cité, Claude
de Seyssel, dit d’eux:
« Ils s’efforcent de l’emporter par la simplicité de la foi, par la
pureté de la conscience et par l’intégrité de la vie, plutôt (juc par
des ruses et par des subtilités philosophiques ; et mettant de coté
leurs opinions qui sont contraires à la foi et à notre religion , ils
mènent quant au reste , pour la plupart, une vie plus pure que
les autres chrétiens ».
Tels étaient les hommes contre lesquels un vicaire de
Jésus-Christ^ le pape Innocent VUI, incitait “ tous fidèles,, et
même les “ détenteurs de bien mal acquis „ à s’armer,
pour “ exterminer sans ressource, par force et par armes,
cette peste
(la suite itrachainement).
C io n en u i'S
p o u r d eux
u a u v elles places de profe s c u r a u college
de
t<a Vuiar.
En parlant dans notre dernier numéro de la création
probable de deux places et de la condition restrictive qui
en accompagnait la proposition, nous exprimions la confiance
que la peKonne qui nous voulait assez de bien pour nous faire
une telle (Ære, nous en voudrait encore assez pour ne pas per
sister à l’accompagner de restrictions qui en amoindriraient
de beaucoup l’avantage.
*8
10
—
122
—
Nos prévisions ne nous ont point trompé; la condi
tion a été retirée, et un concours pour ces deux nou
velles places ne tardera pas d’être annoncé au public.
Honneur au bienfaiteur anonyme qui a su faire, avec
tant d’abnégation, au bien public, le sacrifice de ses
vues particulières ! Cette déférence pour les lois de son Eglise, dans une circonstance où il lui aurait peut-être
été facile de s’y soustraire, le rend digne, à nos yeux,
d’ une double reconnaissance.
Quant à la V. Table, nous ne pouvons que nous fé
liciter pour elle de la solution donnée à cette affaire ;
car si le refus de l’offre telle qu’elle était faite d’abord
risquait de lui attirer le blâme de quelques-uns, elle
se je ta it, en consentant à la violation de la lo i, dans
des difficultés inextricables, dont le résultat final aurait
été d’entraver complètement sa marche, en lui ôtant celte
considération dont, moins qu’aucune autre administration elle
peut se passer, l’autorité qu’elle exerce étant une auto
rité essentiellement morale.
Félicitons-nous donc sous tous les rapports que les
choses aient tourné comme elles ont tourné, et ne nous
occupons plus que de tirer le meilleur parti possible d’une
institution qui, nous l’avons dit déjà, ne pouvait venir
plus à propos, ni répondre à un besoin plus réel et
plus pressant.
Or pour c e la , qu’ y a-t-il à faire ?
Notre intention n’ est pas d’ examiner ici celte question
qui exigerait, pour être étudiée un peu à fond , bien
plus de place que nous ne pouvons lui en consacrer au
jourd’hui. Seulement, puis que nous avons parlé du
concours, une chose que nous prendrions la liberté de
recommander à l’administration, c’est de ne pas le fixer
à un temps trop rapproché. Ceci est très-important. De
quoi, en effet, avons-nous surtout besoin ? — Est-ce
11
—
123
—
de commencer celte nouvelle série d’éuides six mois
pins tôt ou six mois plus tard ? — Nullement. Quoi
qu’il soit, à beaucoup d’égards, désirable de com
mencer le plus tôt possible, il l’est infiniment plus,
chacun en conviendra , de commencer bien , pour
bien continuer. Cela est d’ autant plus à désirer, que le
don qui a été fait, l ’a été, à litre d’ essai, pour trois
ans, et ne deviendra définitif que si les résultats obte
nus repondent à l’attente du donateur. Mais pour que
les résultats soient te ls , une chose est absolument né
cessaire, c ’est que les hommes, auxquels sera confié l’en
seignement en question, réunissent les conditions voulues
pour s’ en acquitter convenablement, et pour cela qu’ ils
aient le temps matériel indispensable pour une prépa
ration tant soit peu solide. Nous avons parmi nous des
hommes aptes à ces places ; laissons-leur le temps rai
sonnable pour développer cette aptitude, et ce léger
retard, loin de nous nuire, nous profilera.
Il nous profilera d’autant plus que, si nous somm.es
bien informés, une des conditions qui seront exigées des
concurrents (et pour notre part, nous approuvons gran
dement la Table d’avoir mis cette condition), c ’est qu’ ils
soient en état de donner leur enseignement en italien
aussi bien qu’en français. Or d’ hommes en étal d’ en
seigner en italien , nous n’ en avons que peu pour le
moment. Si donc il faut que les aspirants se forment
tout ensemble et dans un espace de temps très-court,
à cette langue et aux branches qui leur seront confiées,
n’ est-il pas à craindre que ce soit au grand détriment
de celles-ci ?
Nous proposerions donc qu’au lieu du mois
ou d’ octobre prochain qui est, nous assure-t-on,
que la V. Table aurait l’intention de fixer pour
cours , on remît la chose au printemps de l’année
de 7.^*^®
l’époque
ce con
suivante.
12
—
in
—
Deux considéraüons, outre ce qui a été avancé déjà,
militent en faveur de ce retard ; Time, que les aspi
rants qui le voudraient, auraient ainsi la faculté de
suivre, dans le courant de Thiver prochain , et dans
telle université quais le trouveraient bon, des cours spé
ciaux sur les branches qu’ ils se proposeraient d’en
seigner : ce qui ne pourrait plus avoir lieu cet h iv e r,
parvenus que nous sommes à la moitié au moins des
cours académiques; l’autre, qu’à cette époque le synode
aurait été réuni, et aurait probablement adopté le pro
jet de règlement sur le collège, qu’il a chargé la Table
de lui présenter, ce qui nous permettrait de nous mettre
en route d’ un pas assuré et ferme, au lieu de ces per
pétuelles oscillations qui nuisent plus qu’on ne peut le
dire à la bonne marche d’ un établissement.
Si pour des raisons de prudence tirées surtout des
éventualités politiques, on croyait devoir hâter la créa
tion de ces deux places, rien dans notre proposition ne
s’y oppose. Que la V. Table prenne une délibération de
laquelle il résulte, que deux nouvelles places de profes
seur viennent d’être ajoutées à celles qui existaient déjà
au collège de La T ou r, et si le fait accompli peut avoir
quelque force, il n’ en aura pas moins, que les profes
seurs soient encore à nommer ou qu’ils soient nommés
déjà depuis quelque temps.
E V A N e E E ilS A T I O S ir
llouleurs et besoins des protestants bongrrois
“ Nous devons ces détails, dit la Feuille religieuse à
laquelle nous les empruntons, en les abrégeant un peu, à
un de nos frères de Genève, en qui, non pas nous
seulement, mais la chrétienté tout entière a une pleine
13
— ií25 —
('oiiíiance, et qui a été bien c même de connrdtre i’exactiludio (les faits,,.
« La Hongrie a attiré pendant quelques mois les regards et
l'intérêt de l’Europe. On était étonné de voir un peuple dont,
depuis longtemps on parlait à peine, tenir eourageuseinent tête
aux forces redoutables de deux puissants empires. Le cri qu’il
a poussé au moment de sa chute, a retenti jusque dans le cœur
de ceux qui le condamnaient, et le sang de q\ielques-uns de ses
l)lus hardis défenseurs versé sur l’échafaud, a produit partout
une triste et généreuse éuiotion.
« Mais l’on ne sait pas assez que la Hongrie a des titres par
ticuliers à l'intérêt des chrétiens évangéliques. Quatre millions de
protestants sc trouvent parmi les Magyares, et sans des persé
cutions inouïes , presque toute la Hongrie serait protestante.
» Les malheurs du protestatisme en France, l'histoire de toutes
les (u'uelles ordonnances , sollicitées par les prêtres, accordées
par le pouvoir civil , exécutées par les dragons dans les diverses
parties de ce royaume, ont dès longtemps captivé l’attention de
la chrétienté évangélique. Mais si Fliistoire de la Hongrie était
connue, les malheurs que nos coréligionuaircs ont enduré dans
CCS contrées lointaines, dépasseraient peut-être en intérêt ceux
des hwjuenols (i) sous les Valois et les Bourbons (2).
« A chaque couronnement, le roi de Hongrie devait prêter
serment de fidélité à une constitution qui garantissait l ’égalité
des confessions religieuses; mais hélas ! qu’est-ce qu’une constitu
tion pour les suppôts de la papauté?
« En 1609 (sous Léopold l " ) à la demande des Jésuites, on
cita à Presbourg les ministres évangéliques. On les enferma dans
les cachots de Tyrnau ; les uns furent obligés d’abjurer, d’autres
furent bannis, d’autres encore , après d’affreuses tortures, furent
conduits, chargés de chaînes, aux galères de ISaples, plusieurs
furent tourmentés jusqu’à la mort. De 1712 à 1783, les églises
évangéliques de la Hongrie restèrent, à peu d’exceptions p rè s,
sans pasteurs. Toutefois quelques districts , placés sous la domi
nation turque , jouirent de la liberté religieuse ; mais ces con
trées étant revenues sous le sceptre de leurs anciens princes,
cette liberté leur fut de nouveau ravie.
« Si les chrétiens évangéliques e.xclus des fonctions publiques
osaient se plaindre, ils étaient soumis à de fortes amendes ou à
des peines corporelles. S’il arrivait qu’une procession romaine
passât devant un temple protestant et pùt y pénétrer, le prêtre
murmurait quelques prières et en prenait par-là possession au
nom de son église..............
(1) Nom in jurieux par lequel on désignait autrefois les protestants ffançais.(Jî(ïo^.
(.î) Deux dynasties ou races de rois de France.
Réd.
14
126
—
« Joseph II. restitua aux protestants hongrois, par l’édit de to
lérance, des pasteurs et des Eglises ; mais l’oppression sous la
quelle ils avaient gémi pendant plus de 70 ans, rendit ce bien
fait presqu’illusoire. Il fallut tout-à-coup se procurer plus de 3
mille pasteurs. On prit tout ce qu’on trouva , et l’on mit à la
tête des nouvelles églises , des hommes qui en étaient indignes.
Plus tard on fonda à Vienne un collège théologique déplorable.
Le rationalisme, la mondanité, la grossièreté de la majorité des
pasteurs firent aux églises évangéliques de la Hongrie plus de
mal que la persécution elle-même. Les maîtres d’école étaient pis
encore que les ministres, et si un paysan avait un enfant qui
ne fût bon à rien, c’était à ces fonctions qu’il le vouait.
« Dans cet état de choses, un pasteur pieux de la Hongrie ,
auirné de cette foi qui est agissante par la charité , demanda â
Dieu de porter remède aux misères de son peuple. 11 pensa
que la première chose à faire, était de procurer aux protestants
de la Hongrie la Parole de Dieu. Les livres saints y étaient
tellement rares que, quand un père de famille mourait, on voyait
quelquefois les frères, qui s’étaient entendus facilement sur le
partage de leurs biens terrestres , se disputer la Bible et porter
la chose jusque devant les tribunaux. Ceux-ci ordonnaient com
munément que la sainte Bible ferait le tour de la famille , en restant
trois mois dans chaque maison. Le pasteur magyare fit d’abord
venir des livres saints de Londres, mais le second envoi fut ar
rêté à Vienne. « Nous ne voulons pas d’envois venant de la
part de sociétés étrangères, dit le ministre de l’empereur à notre
frère ». — « Eh bien ! répondit celui-ci, il y aurait un moyen
d’arrancer l’affaire, ce serait d’imprimer en Hongrie même des Bibles et
des Testaments ». Le ministre y consentit ; une imprimerie fut
fondée à cet effet, et dès lors (depuis 10 ans environ) 200,000
exemplaires des livres saints ont été imprimés sous la direction
de notre ami en 6 langues différentes, et ont été répandus par
mi les divers peuples magyares.
« Toutefois, les besoins des enfants et des écoles parlaient aussi
vivement au cœur de notre ami. 11 résolut de faire quelque chose
pour porter remède à l’état déplorable de l’enseignement primaire
et fonda un Institut de maîtres d’écoles...... Des maîtres pieux
et éclairés, venus surtout de la Prusse et de la Saxe , appliqués
à leur travail et ne prenant point part aux affaires politiques, y
ont dès lors donné un utile et chrétien enseignement......
« Une œuvre chrétienne en engendre une autre. Des Hongrois
d’une classe aisée ayant visité l’Institut des maîtres d’école du
pasteur magyare , conçurent un vif désir de voir leurs fils rece
voir une instruction aussi solide et aussi évangélique. La place
manquait ; mais on se mit de nouveau à l’couvre , et bientôt après
cinquante jeunes Magyares environ reçurent, dans un bâtiment à
part, une instruction fort supérieure à celle que l’on donne dans
les collèges de la Hongrie......
15
— iûl —
« Nuus ne dirons point ici tout ce qu’a fait le pasteur luajiyare
pour ses concitoyens. 11 n’y a presque pas une branche de la philan
tropie chrétienne dans laquelle il n’ait rendu quelque service. Il
a introduit en Hongrie la vaccine , contre laquelle le peuple en
tretenait les préjugés les plus extrêmes, et il est arrivé que, dans
un seul jour, plus de 300 enfants ont été vaccinés de sa main et
de celle de sa femme. D’accord avec les seigneurs et les paysans,
il est parvenu à abolir le servage en employant des moyens tels,
que les deux parties intéressées y ont également trouvé leur
avantage. 11 a introduit de nouvelles méthodes d’agriculture et a
appris à ses paysans à entourer leurs maisons d’arbustes et de
fleurs.
« Mais c’est l’état actuel de l’Institut magyare que nous dési
rons faire connaître. Les malheurs qui ont fondu sur la Hongrie
l’ont aussi frappé , et plus d’une fois, dans le cours de celte
année 1849 , ses pieux directeurs ont cru que leur œuvre allait
être détruite ; mais le Seigneur est venu à leur aide.
« Au mois de juillet de cette année (1849), douze élèves qui
avaient terminé leurs études, ont été congédiés de rétablissement
pour commencer leur œuvre.
Le directeur parla devant un nombreux auditoire sur ce texte :
Garde ce qui t'a été confié; et à la fln de son discours, ses larmes
et celles de tous ses auditeurs furent le seul langage qui se fit
entendre. Douze nouveaux élèves ont été admis dans l’établissement,
et outre cela plusieurs orphelins qui ont perdu leurs pères sur le
champ de bataille ou sur l’échafaud politique, y ont trouvé un
asile. Mais si les infortunes abondent en Hongrie , les secours y
sont devenus fort rares. L’œuvre du nos frères, privée des con
tributions qu’elle avait trouvées parmi les protestants Hongrois ,
réclame, au moins pour cette année, les subsides des frères étran
gers. Serait-ce en vain que la Hongrie aurait attiré à un si haut
degré l’attention générale ? Nous protestants de l’Europe occiden
tale , n’entendrons-nous pas la voix de nos frères ? Ne regarde
rons-nous pas l’Eglise magyare comme un membre de notre corps,
ignoré , perdu presque jusqu’à cette heure , mais qui se révèle
tout-à-coup au milieu de grandes douleurs? Il est là, dépouillé,
blessé de coups, laissé à demi-mort. Passerons-nous outre comme
le lévite et le sacrificateur ? Ne serons-nous pas touchés de com
passion , et ne banderons-nous pas ses plaies ?
« Nous terminerons en citant un fragment d’une lettre écrite
( en français) par le directeur de l’Institut magyare , à Mr Merled’Aubigné à Genève, le 28 septembre 1849.
« Dieu, en qui nous nous confions , le sa it, nous ne voulons
« autre chose que le salut des âmes en Jésus-Christ: c’est pour
» cela seulement que nous travaillons . c’est pour cela que nous
» prions. C’est pour l’Eglise protestante en Hongrie que nos in» stituts ont été fondés , et il est étonnant de voir combien le
» Seigneur en peu de temps a béni notre œuvre. Voilà quatre
16
—
128
—
!» ans que nous trayaülons et plus de 600 jeunes frères ont été
» instruits par nous , non seulement dans tous les élémens des
» sciences , mais surtout dans la Parole de Dieu q u i, hélas ! est
» trop oubliée dans les autres écoles de ce pays. Nous n’en dou» tons pas , cette science que nous avons répandue portera des
» fruits Scion les promesses de Dieu , et le Seigneur nous a déjà
» procuré la joie de voir les prémices de la récolte qu’il se pré» pare par nos travaux.
« Soutenez-nous cette année par les dons de votre charité. Tout
» ce pays est tellement dévasté, par suite des événemens qui s’y
» sont passés , que sans votre aide , nous ne serions pas en état
» de maintenir nos institutions. Si nous étions forcés d’interrompre
» nos travaux , il en résulterait de fort tristes conséquences. 11
» s’agit du règne de Dieu et de son cher évangile dans un pays
» où sa Parole a subsisté malgré de grandes épreuves , et où
» plusieurs ont fait et font encore une bonne confession devant
» plusieurs témoins.
« Chers frères , il est vraisemblable que nous ne nous verrons
» jamais ici-bas face à face; mais devant le trône de notre Seigneur
» nous vous rendrons ce témoignage que votre charité nous a
» consolés dans notre grande affliction ; et le Seigneur qui veut
» récompenser une coupe d’eau fraîche donnée en son nom, vous
» récompensera richement de l’amour que vous nous aurez montré,
» dans un temps où votre secours nous est si nécessaire. Les frères
» qui travaillent ici avec moi et les frères de notre communauté
» vous saluent dans notre Seigneur. Priez pour que nous soyons
» trouvés fidèles.
« La grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous.
» Nous sommes tristes il est vrai , mais le Seigneur nous console ».
Telle est la voix q u i, dans cette année de grandes
tribulations, se fait entendre à nous du fond de la Hongrie.
Frères Vaudois! cet appel si simple et si chrétien nous
aura-t-il été adressé en vain? Plus qu’aucune autre Eglise
nous avons été pendant le cours de nos longues tribu
lations l’objet de la tendre sollicitude et de la généreuse
sympathie de tous les chrétiens évangéliques. Maintenant que
des jours meilleurs ont lui sur nous, n’élargirons nous
p a s , à notre tour , nos entrailles, pour ceux de nos
frères qui sont dans l’angoisse?
Frères Vaudois ! le jour n’est pas éloigné où notre
Eglise tout entière célébrera au milieu des accents de
la joie la plus v i v e , la fête de son Emancipation. Or,
17
— i5D -\i):i!i);ss-nou,s quo cette joie soit mille fois plus douce,
notio fjte mille fois pins belle? — Souvenons-nous, dans
ce jour de ceux qui souffrent; souvenons-nous d’ une
façon toute spéciale de nos frères en la foi du royaume
de lîoniîrie. Qu’ une collecte faite , dans chaque paroisse,
à risMie du service divin , compose l’ offrande frater
nelle {[ue l’ Eglise Vaiuluise émancipée envoie à l’ Eglise
de Hongrie dans ses détresses. Ainsi , tout en
nous acquittant par la célébration de cet anniversaire
d'une dette touchante de reconnaissance envers Dieu,
source première de notre émancipation et de tant
de grâces qui l’ ont précédée et suivie; envers la mé
moire du grand monarque instrument de cette délivrance;
envers nos frères piémontais qui en ont salué la nouvelle
par les démonstrations de la joie la plus sincère, nous
nous acquitterons d’une autre dette, non moins touchante
et non moins sacrée, envers d’autres frères dont nous
ne verrons probablement jamais ici-bas le visage, mais
q u i , selon qu’ ils s’ expriment eux-mêmes , “ devant le
„ trône du Seigneur nous rendront ce témoignage que
„ notre charité les a consolés dans leur grande affliction
Nous recommandons avec confiance cet appel à nos
différents consistoires. Quant à faire parvenir ces collectes
à leur destination , nous ne doutons pas que la V. Table,
en étant priée , ne se chargeât avec le plus grand
plaisir de ce soin , et nous-même , nous nous empres
serions de lui transmettre tous les dons petits ou grands
qui pourraient nous être envoyés en faveur de celle œuvre.
18
—
130
—
JU tS S M O Z V S
c a n n ib a lt » Ê n e aw æ f ie » JPittJi
Dans une des dernières livraisons du Journal des Mis
sions évangéliques de Paris nous lisons les détails suivants,
que nous recommandons à la sérieuse méditation de nos
lecteurs.
« Le Cannibalisme des Iles Fidji, dit Mr Laury (missionnaire
anglais) , est plus horrible que l’on ne peut se le ligurer. 11 me serait
impossible de répéter tout ce que l’on m’en a dit , mais l’on
pourra en juger par quelques traits :
» 11 n’est pas rare de voir ici une bande de natifs tomber à
l’improvisle sur quelques hommes réunis pour la pêche, et massacrer
tous ceux qui ne parviennent pas à s’échapper. Récemment, tout
auprès de l’endroit où j’écris ces lignes , sept personnes , ainsi
.surprises , furent brutalement assommées à coups de massue. Les
assaillants mutilèrent ensuite leurs corps à coups de hache, après
quoi une troupe d’ enfants , imitant 1’ exemple de leurs pères ,
se mirent à les déchiqueter de la manière la plus effroyable.
Ces débris sanglants restèrent trois jours exposés à un soleil
brûlant et commençaient à exhaler une odeur insupportable ,
lorsque les meurtriers revinrent et se mirent à les cuire pour
s’en rassasier: le massacre n’ avait pas eu d’autre but que celui
de faire les frais de ce repas.
« Quant au rôle des enfants dans cette boucherie , il ne faut
pas s’en étonner. De bonne heure on les forme à cela. A peine
sont-ils nés que leurs parents leur frottent les lèvres avec de la
chair humaine et leur en introduisent même dans la bouche.
C’est en quelque sorte l’une des parties importantes de leur
éducation , et le précepte et re,veinple s’y trouvent trop bien
réunis , pour qu’ils ne fassent pas d’affreux progrès.
« Lorsqu’après une expédition de ce genre , le nombre des
morts est trop considérable pour que l’appétit du moment y suf
fise , les Fidjiens enterrent plusieurs parties du corps, de pré
férence le cœur et le foie , dans des endroits où ils conservent
leur pain ; p u is, quand ils en ont besoin ou qu’ils veulent
traiter leurs amis, ils vont déterrer ces provisions et n’ont qu’à
les faire cuire pour y trouver un aliment qu'en général ils dé
clarent excellent et préférable à tout autre.
« Un chef puissant , actuellement en vie , et jouissant d’une
grande influence dans l’une des lies les plus éloignées, a con
tinuellement , dit-on , une caisse remplie de chair humaine dé
coupée et salée dont il fait sa nourriture habituelle...........
(1) On appelle Cannibales ou Ântropophages les sauvages qui ont coutume
de se nourrir de chair humaine. Les lies dont il s’agit ici sont situées dans
le vaste Océan pacifique.
Re’d.
19
—
131
—
l) ins une autre ile , le chef ordonna un jour à l’uii de ses
t'cii'i d’aller lui chercher du pain ( le fruit de l’arbre à pain )
( I de le cuire pour son repas. Au bout de quelques heures ,
l’insulaire revint eu disant <|u’il n’avait rien pu trouver. « Bien,
répondit le chef , va néanmoins préparer le four ». Le malheureux
obéit, mais quand il revint annoncer que le four était chaud ,
un sii'ue du chef le fit saisir et jeter lui-nième dans le four,
l'n instant après le cannibale se régalait du corps de ce misérable
t|ui avait osé ne pas trouver de pain , quand son chef avait faim !
« I^s femmes sont plus souvent encore que les hommes exposées
à être nmngées. Leur chair , disent les cannibales, est plus
délicate que celle des hommes , et rien ne leur coûte pour s’en
procurer. Que de pauvres femmes s’en aillent pécher, chercher
de l’eau ou se baigner, et malheur à elles si elles trouvent sur
leur chemin , dans quelqu’endroit isolé, un Fidjien plus fort
qu’elles ! elles sont immamiuablement massacrées et emportées dans
la hutte de l’antropophage..........
. . . « La chair des enfants et encore plus goûtée que celle
des femmes. 11 y a tel chef q u i, lorsque ses appétits désordonrnés le prennent, dédaigne toute autre nourriture et se fait
rôtir , tout vivant , le premier enfant qui lui tombe sous la
main , le sien même s’il n’en trouve pas d’autre.
« \'oici un fait qui in’a été raconté par un natif converti,
homme très-pieux et très-grave , qui l’avait vu de ses propres
yeux. Lu canot avait sombré près d’une ile ; les insulaires qui
le montaient, gagnèrent le rivage à la nage, niaisleshabitants les ayant
aperçus , s’en emparèrent , les conduisirent dans leur ville , et
se mirent immédiatement à faire les préparatifs d’un festin. Pour
(pic le sang des malheureux ne fût pas perdu , ils se gardèrent
de les assommer, mais se contentèrent de les lier fortement ,
pendant que le four chauffait...........Quand les fours furent prêts,
les misérables se virent , malgré leurs supplications et leurs cris,
découpés vivants et pièce à pièce. On leur coupa d’abord les
jambes , puis les cuisses et enfin les bras. Des vases soigneusement
placés au-dessous de chacun de ces membres, recueillaient le sang.
Si malgré cette précaution, quelques gouttes tombaient par terre,
on voyait aussitôt l’un des bourreaux se baisser et les lécher
avec délices. Lorsque l’horrible boucherie fut terminée , les fours
fermés un instant, rendirent bientôt leur proie convenablement
préparée , et le repas se fit au milieu des démonstrations de
joie les plus frénétiques.
« Veut-on quelque chose qui montre mieux encore que tout
le reste, à quel point les Fidjiens se font un jeu de ce qui
nous parait le plus haut degré de férocité humaine ? A Ngau ,
île que je découvre de l’endroit même où je me trouve , les
mangeurs de chair humaine se donnent le plaisir suivant : ils
prennent une victime , homme ou femme, lui lient les membres
de manière à ce (ju’elle paraisse assise , puis la font rôtir dans
20
—
iô2
—
cette posture , en lui introduisant à l’intérieur des cailloux chauffés
au four, comme cela se pratique ici pour toutes les autres
espèces d’animaux. L’opération terminée, ils relèvent le corps ,
lui peignent le visage en rouge , mettent une perruque sur sa
tê te , un bâton ou un éventail dans ses mains , et le portent
ainsi dans le lieu désigné d’avance , à tous ceux qui doivent
avoir part au festin. Un corps préparé de cette manière est un
])résent très-estiiné que les chefs s’envoient les uns aux autres ,
lorsqu’ils vivent ensemble en bons termes, ou qu’ils ont quelqu’intérôt
à cultiver mutuellement leur bienveillance.
« Nos missionaires m’ont assuré que , dans le courant des
quatre dernières années , plus de mille individus avaient été tués
dans le seul district de Weva , c’est-à-dire, dans un rayon de
7 ou 8 lieues, et qu’ils sont sûrs de rester au-dessous de la vérité en
avançant que sur ce millier de corps, SOO au moins avaient étédevorés».
Frères ! c’est pour que l’homme ne serve plus de pâture
à l’homme ; pour que des scènes comme celles qui viennent
d’être mises sous vos yeux cessent enfin d’appeler .sur notre
terre la malédiction de Dieu, qu’on vous demande un neu
de votre superflu et le concours de vos prières. Pour riezvous les refuser et continuer de vous appeler chréiiens?
A W ECD O 'I'E
M ad am « de K riïd en ei* e t la je u n e se r v a n te
M“ ' de Krüdener était née dans la province russe de la Livonie,
d’une famille opulente , et avait épousé un ambassadeur au service
du Czar. Elle vécut longtemps ou milieu des grandeurs, du luxe
et de toutes les dissipations du monde ; mais enfin , son coeur
fut touché par la grâce de Dieu , et elle se consacra entièrement
à son service. Un des traits les plus remarquables de son caractère
après sa conversion , c’est son humilité qui contraste avec la vanité
dont elle était auparavant remplie ; en voici un touchant exemple ;
Un jour elle vit dans le vestibule de la maison qu’elle occupait
une jeune servante qui balayait en pleurant. Elle descendit et la
questionna avec intérêt. Née dans l’aisance , la jeune fille avait
eu sa servante, et n’avait jamais imaginé qu’elle se trouverait un
jour chargée de ce gros ouvrage, mais ses parents étant morts
ruinés, elle avait dû se placer comme ■servante pour avoir de
quoi vivre. « Ce n’est pas le travail qui me fait, ajoutait-elle
en sanglotlant ; j’aime l’ouvrage , mais c’est l’humiliation : il me
21
—
133 —
faut balayer davant la inaiüon , daus la rue , et tout le monde
me voit ! ............. »
?!'"® de Krüdener lui prend alors 'avec douceur le balai des
mains et se met à balayer la rue. La jeune servante stupéfaite,
la regarde , puis veut rempêchcr. « Mon enfant, lui dit-elle ,
sans céder à ses instances , il n‘y a aucune humiliation à faire une
oeuvre utile. De plus grands que vous et moi l’ont fait. La
Vierge Marie , qui descendait de plusieurs rois , a balayé comme
vous le faisiez tout à l’heure , et le Fils de Dieu lui-même, qui
s’est fait homme pour nous sauver, a voulu pendant trente ans
vivre dans une condition très-humble. Lui aussi aurait pris le
balai des mains de sa mère pour la soulager , car il était soumis
à ses parents , il était doux et humble de cœur ».
Nfi. Nous empruntons ce qui précède à une récente publication
VEducdtenr populaire, journal des écoles et des familles paraissant deux
fois par mois à Porrentruy , canton du B ern e, pour le prix de
ô fr. 60 cent, par an. Les pères de famille et les instituteurs
qui s’abonneraient à ce journal y trouveraient, en même temps
qu’ une instruction solide et variée, d’excellentes directions sur
l’éducation en général.
JX O V V E M j I j E S
n E M é ïïfiM E V S E m .
Ita i .ie . Encyclique du Pape : Du fond de sa retraite de P o rtici, le
Pape viiiil d'adresser une encyclique (lettre circulaire) à tous les arclievèqiu's et évêques de l'Italie ; « Vous savez et vous voyez comme
nous . leur dü-il en commençant , vénérables frères, par quelle pervei'sité ont prévalu , en ces derniers temps , certains hommes perdus,
ennemis de Innic vérité , de toute justice , de toute honnêteté , qui ,
soit jiar fraude et par des artifices de toute esp è ce, soit ouvertement ,
et jetan t, comme une mer en furie son écume , la lie de leurs confu
sions , s efforcent de répandre de toutes parts, parmi les peuples fidèles
de n ta lie , la licence effrénée de la pensée, de la parole , de tout acte
audacieux et impie , pour ruiner , en Italie même, la religion catholique,
et , si cela pouvait jamais être , pour la renverser jusque dans ses
fondements. Tout le plan de leur dessein diabolique s’est révélé en divers
lieux, mais surtout dans la ville bien-aim ée, siège de notre pontificat
suprême, où après nous avoir contraint de la q u itte r, il ont pu durant
peu de mois, il est vrai , se livrer avec plus de liberté à tous leurs
débordements . . . . ».
Le protestantisme qui n’est, cela va sans d ir e , que le vestibule,
pour arriver au socialisme élan conwiunisme; son • premier principe,
la libre interprétation des Ecritures » ; son redoutable auxiliaire , la li
berté de la presse, et surtout ces damnables sociétés bibliques qui, malgré
les encycliques de Grégoire XVI et de Pie IX , ne discontinuent pas leur
oeuvre criminelle de répandre la Parole de Dieu , sont les ennemis
contre lesquels le souverain pontife exhorte surtout ses frères a se
con jurer, daus celte pièce qui « n’e s t , dit un journal , qu’ un long
cri d’angoisse et de colère de la papauté, coiilraiiile par la force des
faits à reconnaitre publiquement que les populaliuiis lui échappent ».
22
— 134 —
Encore le docteur Achüli : Nous avons sous les yeux une lettre datée
de Ronfe , de laquelle il résulte : t . que Mr de Corcelles ( l’ambassadeur
français ) a déclaré , en présence de Mr le Général Baraguay d'Hilliers,
que les soupçons dont le docteur Acitilli avait été l’objet, étaient
sans fondement; 2. que dans les bureaux du ministère des affaires
étrangères, les soupçons et les peccadilles { delitti tenui) dont le
docteur avait été accusé, étaient controuvés ; 5. que les amis du
docteur Achdli ( la délégation envoyée par l’Alliance évangélique pour
suivre cette affaire auprès des autorités françaises à Home ) , plus
sévères encore à son égard que ses adversaires , s’étant rendus à
Viterbe , y avaient fait une enquête d’où était résultée la parfaite innocence
et le caractère honorable du noble martyr. De ces faits il résulte que,
si le docteur Achilli est retenu dans les fers, c'est pour le seul fait
d'être devenu protestant et (l’avoir prêché l’évangile à Eowe. Le même
journal auquel nous empruntons ce qui précède, les Archives Évangéliques
rapporte le fragment suivant, bien réjouissant et bien consolant d'une
lettre du susdit docteur :
t Mes cbers am is, votre arrivée ici m’est une grande consolation. J'ai
appris combien nos cbers frères ont travaillé pour moi et je rends grâce
au Seigneur, parce que ma foi se fortifie de toute leur charité et de
la vôtre envers moi. Oh ! que je voudrais vous embrasser et m'unir à
vous pour bénir le Nom du Seigneur , dans ce lieu même où il m’a
conduit, dans des vues qu’il connaît, mais où j’ai goûté des consolations
dont je ne pourrai vous faire part que lorsque j ’aurai le bonheur de
vous revoir. Que le Seigneur est bon! mes tribulations, par sa grâce,
sont accompagnées de si grandes compensations que ma joie surpasse
mes souffrances ; je ne puis que lui rendre grâces de tout ce qu'il
fait pour moi ».
— L ibératiom du docteur A.£aiUÿLi : Cette feuille était imprimée quand
nous avôns"*'lu ce’Tiui' MiV'aiîns'^à*^ Gazette Piémontaise, journal officiel,
N. du 50 janvier; » Le P. Achilli, Dominicain, avait été arrêté et
enfermé au Château. Le cardinal vicaire, après mille prières , l'avait
consigné, sous caution, à un capitaine français; mais Achilli s’est cnrui
et s'est retiré en Angleterre ».
— La Bible en Toscane : On lit dans le même journal ; • L’impri
meur BenclTr;"'
sentence du tribunal de Première Instance,
condamné à cinquante écus d'amende , et aux frais du procès ; pour
avoir imprimé le Nonveau-Testament, traduction de Alartini. Les exem
plaires imprimés ont en outre été confisqués ».
— F rance. Constitution de l’Eglise réformée évangélitque de P a ris.
L’Eglise réformée évangélique de Paris, se rattachant à l'Union des Églises évangéliques de France, vient de publier sa constitution. Les
articles suivants nous ont paru les plus dignes d’être nolés ;
« On devient membre de l’Eglise en manifestant par une déclaration
expresse, t . l’inteiilion d’en faire partie, 2. l'adhésion donnée à la
profession de foi. Celle déclaration se fait devant deux membres du
Presbytère ( consistoire ) et un membre de l’Egli.se désigné par eux
Elle ne se lie à aucun âge convenu , à aucune époque fixe de l’année
à aucune instruction catéchélique. Elle ne se fait pas collectivement ».
« On cesse d’être membre de l’Eglise 1. lorsqu'on manilesle l'intention de s’en séparer; 2. lorsqu’on en est exclu par une décision di-ciplinaire.
« L’ Eglise.considérant la table de la Cène, dressée par elle, non coinnic
sa propre table, mais comme celle du Seigneur, y accueille sous sa respon
sabilité personnelle dC'Vant Dieu, tous ceux qui croient en Jésus-Christ.
23
— 135 —
• l.'liglise pourvoil à ses dépenses par des coiitribulions volontaires ,
et ne reçoit aucune subvention de rÊ lal.
« L’Eglise , tout en proclamant le sacerdoce universel des croyants ,
reconnaît la nécessite de ministères spéciaux, tels qu’elle les trouve
institués dans le ivouveau Testament , en conséquence elle établit des
Anciens et des Diacres.
O Les fonctions des Anciens sont celles que l'Ecrilure leur attribue
sous les titres d’anciens , d’évêques ou surveillants , de conducteurs, de
pasteurs ou bergers.
« Au nombre des Anciens sont les ministres de la Parole. Outre les
attributions qu’ils possèdent en qualité d’anciens , il sont plus spéciale
ment chargés, comme docteurs , de l’enseignement et de la prédication.
« L’œuvre de la mission intérieure est de devoir pour tous les membres de
l'Eglise. Néanmoins l’église peut charger spécialement des évangélistes
de répandre autour d’elle , et sous la direction du Presbytère, la con
naissance de rEvangile.
• L'Eglise reçoit le Baptême et la Cène comme étant d’ institution di
vine. La Cène est distribuée régidièrement une fois par mois. Elle l’est
en outre toute les fois que le Presbytère le juge convenable •.
— La propagande romaine et la propagande évangélique : Dans le
courant de 1S48 la propagande (œuvre des missions) romaine a collecté
2.8ii5.fi91 francs. Ces souscriptions proviennent de plus de 20 Etats dans
le monde entier. La France seule a fourni plus de la moitié de celle
somme (l,7 7 3 ,A 8 b fr. ). — Si nous tenions à faire ici un rapprochement,
nous dirions qu'une seule société anglaise, celle des W'esleycns, a col
lecté, la même année, pour les missions, deux m illions, cinq cent mille fr .,
et que le total des souscriptions des diverses églises évangéliques d’ Eu
rope et d’Amérique (pour cette seule œuvre) est de douze millions de
fr. par an.
({'Avenir).
N O W J V E E .E .J E S
JP O M jg T IQ K JJE S
INTÉRIEUR.
PiÉMoxT. l.a loi concernant le traité de paix avec l ’ Autriche a été
volée par les deux Chambres, ensuite d’une déclaration expresse du Mi
nistère, qu’ il n’ existait à sa connaissance aucun autre traité avec l’AuIriche que ceux mentionnés an dernier traité de paix ; que jamais le
Gouvernement n’approuverait l’extradition d’individus accusés et con
damnés pour délits politiques ; qu’enlin le Ministère activerait de tout
son pouvoir la stipulation avec l’Autriche de nouvelles conventions comnierciales, plus avantageuses pour nous que ne l’est le traité de 185ÜI.
L’opposition a com battu, mais en vain , pour faire passer ces décla
rations dans le corps de la loi. Cette dernière , en un seul article ,
en est ainsi conçue :
« Le Gouvernement du roi est autorisé à donner pleine et entière execu
tion au traité de paix conclu avec l’Autriche, à Milan, le 6 août 18<t9 ».
Dans sa séance du 21 janvier, la Chambre des députés a adopté à
une immense majorité, 120 contre 7 , le projet de lo i, présenté par
le Ministère, portant l'abolilion de l’art. 28 du Code civil, e t, comme
conséquence, la faculté accordée aux étrangers, sans disUnctinn d’origine
ni de croyance, d’acquérir des immeubles dans les Etats-Sardes.
24
—
130
~
Le même jour la Chambre a enlenilu d’éloquentes et généreuses pa
roles des dépiilcs Valerio et Borella contre l’exislence d établissements
de jeux prohibés, dans certaines localités du royaume , et en général
contre les jeux de hazard. Le Ministre de la Justice en leur répondant
a exprimé l’espoir que le temps n élait pas éloigné où la toilerie, cette
honteuse spéculation des gouvernements sur riinmortalité dé leurs ad
ministrés , pourrait être entièrement abolie. l’uisse cet espoir ne pas
trop tarder à se réaliser !
Parmi les nombreuses questions débattues au sein du Parlement, celle
des routes en général et celles des roules en fer surtout, a occupé
une des premières places. Le ministre des travaux publics a donné l’as
surance que le projet de percement du Mont-Cenis, loin d’ètre aban
donné, était dans ce moment l’objet de sérieuses et persévérantes études.
Celte gigantesque entreprise exigerait, dit-on , cinq ans de travail et
une dépense de trente millions de francs.
EXTÉRllîCK.
— FaxNCE. L’Assemblée nationale a dernièrement adopté une loi par
laquelle l’instruction primaire se trouve provisoirement sous la surveillance
spéciale de préfets , et leur donne le droit de suspendre et même de
destituer les instituteurs dont les principes ne conviendraient pas au
gouvernement. La peur du communisme a dicté ce projet de loi; une
grande masse d’hypocrisie sera le produit le plus net qu’on réussira à
en retirer.
L’Assemblée a entrepris la discussion de la loi sur l'organisation de
l ’instruction pubft'gue en général. L’effet de cette loi, si elle est adoptée,
ce dont l’on doute beaucoup, sera de replacer presqu’enUèrement
l’instruction primaire et secondaire entre les mains des ordres religieux.
Belle matière à de nouvelles et plus terribles révolutions 1
— Le projet de loi ci-après que nous voudrions bien voir mis en
vigueur aussi en Piémont, a été présenté à l’Assemblée nationale ;
Art. 1. Quiconque se sera rendu coupable d’actes de cruauté ou de mau
vais traitements envers les animaux, et particulièrement envers les bêles
de trait, de charge ou de selle sera puni d’une amende de b à 15 fr.;
en cas de récidive, il pourra être condamné, de un à cinq jours de
prison.
Art. 2. L’amende sera répandue de la manière suivante : les deux
tiers au prolit de la commune où la contravention aura eu lieu, et uii
tiers au profit de l’agent qui l’aura constatée.
Art. 3. Sont réputés actes de cruauté et mauvais traitements : (a) les
blessures volontaires ; (b) les coups violents et répétés ; (c) une charge
excessive ; (d) la privation abusive de nourriture ; (e) les Irailenienls
brutaux pour faire relever les animaux tombés sous le poids , sans les
détacher ou les décharger; (f) la présence d’enfants dans les boucherie.'» et
dans les abattoirs ; (g) enfin tout ce qui , sur la voie publique, peut
être occasion de douleur et de tourment pour les animaux que l’on
voudrait contraindre à faire ce qui est au delà de leurs forces.
Le Gérant:
J. P. MEULE.
Pignerol 1850, imprimerie de Joseph Chiaiitore.