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Sisciôme axméè?
ÎNT. 51.
22 Décembre ISTI.
L'ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialement consacrée aux intérêts matériels et spirituels
de la Famille Vaudoise.
Que toutes les choses qui sont véritaLIns.
vos pensées — { Philippiens., IV. 8.)
, oooupeni
PRIX D'ABONNEMENT :
Italie, Il domicile (un ani Fr. 3
Suisse.................» 5
France.................»6
Allemairne.............» fi
Angleterre , Pays-Bas . » 8
Un nurrréro séparé : 5 cent.
Un numéro arriéré : 10 cent.
BOKEAnX d’abonnement
ToRRR-pRLr.rcE 1 Via Maestra,
N , 42, (Agenda hibiiogm/ira)
PfGNKRor. : J. Chian(are Impr.
Turin :J.J. Tron, via Lagrange
près le N. 22.
Ff.ORENCK : Libreria EvangC’
lica. via de’Pan^aoi.
J ANNON<’KS : 5 cent, la ligne
1 ou portion de ligne.
J Let très et envois fionm, S’a1 dresser pour l'arlminist r.ii t>ii
< au linreriH à Torr.e-Pn!ice,
Ì via Maestra N. 42 —putirla
i rédaction : à Mr. E. Malun
i Prof ■ à Torre-Pelice
»Sommaire.
Avis. — Un décret du Conseil scolaire provincial. — Assemblée évangélique à Berlin.
— Correspo7idance. — Nouvelles religieuses. —
VaHété. — Chronique politique. — Souscript.
Stewart. — Annonces.
AVIS
Les personnes qui n’ont pas
encore payé leur abonnement à
VEcho des Vallées pour 1871 sont
instamment priées d’en adresser
le montant, sans délai, à M. Benech
administrateur du journal, à la
Tour-Pellice.
Les personnes qui ont l’intention de continuer leur,abonnement pour 1872 sont invitées
à le renouveler, si c’est possible,
avant la fin de Vannée.
Nous nous sommes demandé
si nous ne devions pas cesser
cette publication, en présence
du faible concours moral et matériel que nous avons obtenu
dans les Vallées. Nous ne disons
rien d’inattendu à nos lecteurs,
en leur annonçant non seulement que notre travail a été sans
rémunération, mais que nous nous
trouvons en face d’un déficit de
quelques centaines de francs. Il
nous faudrait plus que doubler
le nombre de nos abonnés pour
pouvoir, comme on dit, joindre
les deux bouts. Serait-ce trop demander à nos amis, et particulièrement aux pasteurs et aux
instituteurs de nous trouver des
lecteurs etdesassociésqui payent,
et de déployer, à cet égard, plus
de zèle que par le passé? Ils le
peuvent, s’ils le veulent.
La Rédaction.
UN DÉCRET
du Conseil scolaire proviocial
Nous nous sommes efforcé de
comprendre et de justifier la ligne
2
>402.
de conduite du Conseil Scolaire de
la Province dans la question d’Angrogne; nous nous sommes dit et
répété qu’il ne pouvait guère agir
autrement en voie administrative ;
mais, malgré toute notre bonne volonté, nous n’avons pas réussi à
nous persuader de la force des
considérants par lesquels il a motivé son décret. Nous pensons que
le Conseil Scolaire pouvait et devait faire plus et mieux qu’il n’a
fait.
En effet soumettons, encore une
fois, ces considérants à un examen
sérieux.
1 ) « La Commune d’Angrogne
a le droit de nommer ses instituteurs et d'émanciper Vinstruction
élémentaire de toute influence étrangère à l'administration de la
Commune ». Parfaitement, Eglise
libre dans l’Etat libre. Nous désirons la liberté pour l’Eglise et pour
l’Etat. Mais nous ne pensons pas
que le Conseil scolaire ait voulu
priver l’Eglise, même momentanément, de ses droits à ses immeubles
était autorisé le régent communal
à installer son école et à continuer
à demeurer dans les bâtiments
de propriété de l’Eglise. — Nous
ne pensons pas non plus que
l’on veuille empêcher l’Eglise d’avoir ses écoles, comme elle les a
eues et administrées, toute seule,
jusqu’en 1848 et lorsqu’il n’y en
avait point d’autres dans les vallées
et pas beaucoup dans le reste de la
Province. Dans tous les cas, la manière dont on s’est séparé de l’Eglise à Angrogne est au moins brutale. Et pour quel motif? Parceque
l’autorité ecclésiastique, de laquelle
ressortissait le régent paroissial,
Pa destitué en suite d’accusations
d’inconduite. La majorité du Conseil et l’Autorité scolaire de la
Province l’ont maintenu pour leur
compte à la tête d’une école. Nous
ne les félicitons pas, et pour cause,
d’être aussi faciles à contenter. Seulement que le Conseil provincial
d’instruction ne croie pas avoir
établi à Angrogne une école Communale ; il a autorisé une école
pour M. Poët; l’école confessionnelle catholique continue, comme
par le passé, et la Commune la paye
aussi comme par le passé.
2 ) Les imputations contre la
conduite morale du régent Poetti
sont vagues et génériques. Le Conseil scolaire avait une foule de
moyens de s’assurer, si ces accusations vagues et génériques (comme elles devaient l’être, vu la nature de ces accusations et le genre
de documents qui lui ont été transmis) reposaient sur des faits; il le
devait, dans l’intérêt de M. Poët et
dans celui de son école, d’autant
plus qu’il faisait de ce régent (il
le croyait du moins) le premier régent communal des vallées, et que,
pour ce coup d’essai, il aurait dû
tenir à ce que son homme fût de
tout point recommandable ; mais il
le devait surtout pour ces nombreux enfants qui fréquentent la
grande école d’Angrogne et pour la
population toute entière. Nous n’avons aucun motif de croire qu’on
veuille nous répondre qu’un régent,
quoiqu’il soit, est assez bon pour
des vaudois et nous osons espérer
qu’on exigera d’un instituteur au
moins autant que d’un brigadier
de gendarmes et qu’on ne suivra
pas les traces d’un ancien ministre
des cultes en France qui trouvait
son plaisir à maintenir à leurs
3
-403
postes les serviteurs de l’Eglise
protestante les plus tarés ; faisant
plus de cas de la recommandation
d’un consul ou même d’un gendarme que des plaintes de tout un
troupeau.
Les accusations sont vagues et
génériques. Mais à quoi emploierait-on plus convenablement, et
d’une manière plus conforme à la
loi, les inspecteurs de district et
les délégués de mandement, si ce
n’est à épurer de semblables questions; et ceux-ci n’étaient pas tellement éloignés des lieux où les
faits se sont passés, et des plaignants, pour ne pas être à même
d’être bien renseignés, s’ils le voulaient, et de pouvoir renseigner à
leur tour.
3 ) Le régent Poetti a exercé sa
profession, sans qu’il y eût des
plaintes sur son compte, pendant
de nombreuses années dans les vallées. Mais n’est ce pas la goutte qui
fait déborder le vase? Nous ignorons le nombre des années d’exercice de ce frère de la doctrine
chrétienne que les autorités scolaires italiennes ont cru devoir destituer dernièrement à Civitavecchia;
et qui a été la cause d’un incident
diplomatique, parceque le Consul
général de France soutenait l’instituteur, lequel sans doute était le
bien venu dans beaucoup de familles. Nous avons appris avec satisfaction que le ministre des aâàires
étrangères, M. de Rémusat, désavoua son agent et que la cause de
la moralité a triomphé, mais nous
avons tout lieu de croire que cet
ignorantin n’en était pas à ses débuts , ni dans l’enseignement ni
dans le vice.
4) M, Po'ét a été confirmé ré
cemment par la majorité du Conseil communal. — Cet argument a
beaucoup de force ; nous avons la
douleur de devoir le confesser. Mais
il n’a de la force que de loin, il
n’en a pas pour nous qui sommes
près et qui savons combien peu de
cas font certaines personnes des
questions morales. N’avons-nous
pas entendu dire que ce sont là des
peccadilles de nulle importance,
des choses qui se voient tous les
jours dans le monde?
5) 177 chefs de famille, (les
avez-vous bien comptés?) ont fait
des déclarations favorables à M.
Po'ét. Cet argument est plus fort
encore et serait le plus humiliant,
si ces signatures étaient toutes authentiques et toutes de chefs de famille; même en faisant la tare de
la bonne moitié, ce serait encore
humiliant. Mais nous savons par
expérience que, dans des temps de
troubles, les hommes passionnés
et entreprenants font toujours un
grand nombre de dupes et de victimes. Nous sommes même étonnés
que le chiffre des signatures ne
soit pas plus considérable pour
une aussi grande commune, eu
égard surtout à la manière dont
on s’y est pris pour les obtenir. —
Nous espérons encore que le Conseil provincial d’instruction sentira,
mais pas trop tard, qu’il doit faire
plus qu’il n’a fait, qu'il le doit à la
jeunesse et à la population d’Angrogne qui n’a pas besoin de malheur, chez laquelle le mal est déjà
assez grand pour qu’il soit urgent
d’y porter remède. N’ayons pas
l’air de tolérer l’immoralité, ne
traitons pas certaines questions
avec indifférence et d’une manière
superficielle, si nous ne voulons
4
-404
pas que les étrangers nous reprochent, avec raison, la corruftxon
italienne.
ASSEMBLÉE ÉYA]\GÉLIQVE
(le Berliu
f Continuation V. N. 50).
Ea Allemagne, les socialistes et les démocrates font cause commune; ils ont
leurs députés au parlement, MM. Bebel et
Liebkneclit; leur haine n’est pas moins
grande contre l’Eglise que contre l’Etat.
Dans une do leurs assemblées tenue a
Dresde et comptant plus de 5000 ouvriers,
on vota les deux propositions suivantes :
« L’Assemblée considérant sa situation so» ciale vis à vis de la forme de gouver» nement, de la législation, de la morale
» et do la raison.. (suivent des points
» do suspension par égard pour la police
» mais il est facile de deviner ce qu’ils
» signiBent); considérant que l’Eglise qui,
2 conformément à sa nature, a la tâche de
» représenter les principes moraux (c. à
» d. socialistes) qui sont à la base du
» christianisme et de faire triompher les
» idées de liberté, d’égalité et de fraternité,
» et de combattre sous le bouclier de l’bu3> manité, de la vérité et de la justice pour
délivrer le peuple du joug de la tyrannie
» et de l’arbitraire; considérant que l’Ei glise n’a pas accompli sa tâche mais
» qu’au contraire..(nouveaux points de
» suspension); l’assemblée s’engage à em» ployer tous les moyens dont elle pourra
» disposer pour amener la séparation de
» l’église d’avec l’état afin d’anéantir par
» là l’alliance de ses opposants sur le ter» raia politique et sur le (terrain reli» gieux ».
L’autre proposition votée à l’unanimité,
moins une voix, qui essaya de protester,
était conçue à peu près en ces termes:
« L’Assemblée exprime ses remercîments,
» à la Commune de Paris qui a commeucé
» la lutte en faveur de la cause du pro» létariat ». — Tel est l’état des esprits en
Allemagne, après une guerre comme celle
qui vient de finir. . •
Dans l’Amérique du Nord, surtout à
New-York et à Chicago, l’Internationale a
jeté de profondes racines; elle ne compte
pas moins de dix sections dont les principales sont la section française, l’irlandaise, l’allemande et la bohème. Un article
de leurs statuts proclame la suppression
du mariage.
Mais nulle part cette sombre association
ne prend un aspect plus terrible qu’en
Russie ou elle fait des progrès gigantesques
et considère comme sa tâche la « terrible,
» complète, impitoyable destruction de
» tous les employés du gouvernement et
» du clergé ». Ses efforts doivent surtout
se diriger contre le dévorateur du monde
f WeltfresserJ l’empereur. L’idéal qu’ils
cherchent à réaliser, c’est la fondation
d’un monde de hardis brigands {eine kühne
Rauberwell). Pour gagner un plus grand
nombre de partisans, ils s’efforcent d’unir
partout les questions politiques à la question sociale. Le congrès de Londres, 17
sept. 1871, a décidé de choisir la Russie
comme l’objet de ses soins tout particuliers, et dans une circulaire à tous les
comités secondaires il recommande à tous
les membres de l’Internationale « d’attiser
» le feu de la haine, de la vengeance contre
» la religion, les autorités, les riches et
» la bourgeoisie » (textuel).
Il est encore important de remarquer
que les délégués de 30 comités secondaires
réunis à Genève dans le même mois de
septembre, ont décidé de prendre pour
centre de leurs prochaines opérations
Bruxelles, Madrid et Rome.
Un protestant français a dit avec raison :
« Dieu est le symbole de toift ce que cette
» démagogie a en horreur; il est le fétiche
» de ce vieux monde qu’elle veut détruire,
» son nom seul la rend furieuse, c’est
» pourquoi elle proclame hautement qu’il
» n’y aura de vrai ptogrèa possible que
» lorsque la religion , racine de toutes les
» superstitions et de tous les abus, aura
» été anéantie. — La Bible n'est pour l’iQ» terijatvonale, que le code de l’immora» litó ».
Lorsque nous commençons à étudier la
géographie et qu’à l’article volcans le maître d’école nous dit que notre terre n’est
(l qu’une immense masse de feu recouverte
5
-405.
par une mince croûte sur laquelle nous
vivons, un effroi involontaire nous saisit
jusqu’au fond de l’âme; mais; si nous
levons le voile qui recouvre les plaies do
l’humanité, si nous essayons de pénétrer
un peu profondément dans l’organisation
de notre brillante société moderne, nous
sommes saisis d’un effroi bien plus grand
encore; nous marchons au bord d’un immense cratère et une terrible éruption peut
nous engloutir d'un momontà l’autre. Telle
est cependant la queslion sociale au sens
restreint, sous la forme de celte épouvantable Internalionale qui ne respiro que
sang, destruction et mort.
(Suite prochainement) P. C.
Corresponbance.
Rome, le 7 décembre 1871.
Monsieur le Directeur,
M’ayant donné déjà à plusieurs reprises
des preuves do votre bonté, j’ose encore
vous prier d’insérer dans votrejournal les
lignes suivantes queje voudrais soumettre
à l’examen de tous ceux qui étudient de
cœur et avec zèle la grande question de
l’éducation de la première enfance.
Dans tous les cercles où l’on s’occupe
de l’instruction de cet âge, on n’entend
guère parler aujourd’hui que des Kindergarten ou jardins pour l’enfance. Pour
moi, j’avoue que ce mot me fait palpiter
de joie, par ce que c'est dans un jardin
bien fleuri, (ce jardin peut-être l’école
même), au milieti d’une atmosphère bénie,
que j’aimerais à voir les tout jeunes enfants recevoir leur première instruction.
Ces Kinder-garten existent en Allemagne
et en Suisse, et depuis quelques années
font l’objet d’études de nos hommes d’écolo
italiens; ils sont dûs à l’invention du grand
bienfaiteur de l’enfance, Frédéric Froebel
qui avait pour devise: Instruction et délassement. Ce grand pédagogue a su mêler
l'agréable à l'utile et au lieu de clouer
sur des bancs pendant de longues heures
de jeunes enfants, qui, semblables aux
papillons, ont besoin de changer souvent
de place, il a découvert le secret de les
occuper, de les intéresser, de les instruire
de mille manières, les unes plus attrayantes que les autres, sans que jamais
on pût lire sur leur visage le moindre
signe d’enuui ou de fatigue. Je ne puis
pas donner ici une idée un peu complète
de son système; qu’il me suffise de déclarer qu’il a produit d’excelleuts résultats
en Allemagne, en Suisse, et qu’il a déjà
donné do bons fruits en Lombardie, spécialement à Milan et à Naples et dans
d’autres villes de notre Italie. Des instituts privés et publics envoient leurs meilleures maîtresses en Suisse, pour qu’à
leur retour en Italie (elles s’occupent exclusivement de la diffusion de ce système;
et à l’heure qu’il est, dans l’école dirigée
par Madame Gould à Rome, il y a une de
ces maîtresses qui travaille avec fruit. J’ai
eu le plaisir d’enseigner dans cette écolo
un des jeux de Froebel, et les enfants
l’aiment tellement que chaque fois qu’ils
me voient ils courent me baiser la main
et me prier do le leur faire répéter. —
Eh bien! pourquoi, nous Vaudois, ne tâcherions nous pas d’introduire ce système
incontestablement supérieur à celui qui
est suivi généralement dans nos écoles
enfantines soit aux Vallées soit dans l’Evangélisalion? Pourquoi notre église n’enverrait-elle pas aussi en Suisse, pendant
un an, une ou deux des demoiselles qui
ont fini leur pensionnat, pour qu’elles y
étudient Froebel et son œuvre dans une
bonne école, et qu’ensuite, riches de connaissances, de retour aux Vallées, elles les
parcourent en long et en large, pour faire
part de ce qu’elles ont appris, à toutes
les maîtresses Vaudoises? Le système une
fois introduit aux Vallées, il sera facile
de l’introduire dans l’Evangélisation. C’est
une idée qui m’est venue en couvant une
fièvre qui m’a retenu chez moi ces jours
passés; si vous les croyez dignes de l’attention de vos lecteurs. Monsieur, publiez
ces lignes, autrement jetez les au panier.
Pour ma part je voudrais que tous ceux
qui s’occupent exclusivement des enfants
se fissent plus souvent part de leurs expériences et se communiquassent leurs
opinions personnelles, dussent-ils même
de temps eatemps essuyer quelques échecs.
Vous ouvrez, Monsieur le Directeur, vos
6
-406
colonnes avec une bonté exquise à tous
ceux qui s’occupent de quelque chose de
bon et pourquoi ne pas en profiter? Là
dessus je voudrais dire à l’oreille quelquechose à quelqu’un de mes collègues,
mais de si loin je crains qu’ils ne m’entendent pas. — La critique est utile, et
j’aime ceux qui la font loyalement.
Agréez, Monsieur, mes salutations respectueuses et mes remerciements anticipés.
Jean Garnier.
^cruüeUes reUgteuses
-AUTRICHE. L’Evangile en Bohême et en
Moravie. La population de la Bohême est
estimée à 5 millions d’âmes, catholiques
romaines, excepté 12.000 protestants essentiellement luthériens parlant allemand;
environ 90.000 réformés parlant le tchèque ;
et 70.000 juifs. — La Moravie a une population de 3 millions d’âmes, sur lesquelles il n’y eu a que 50.000 appartenant à
la communion protestante. C’est que le
flambeau de la vérité religieuse dans ces
malheureux pays fut éteint par des torrents de sang au 16’ et au 17’ siècle. Les
jésuites étaient parvenus à cette époque,
par l’extermination et le bannissement, à
expulser la foi évangélique. Mais des jours
meilleurs commencent à luire pour les
restes épars des paroisses autrefois si florissantes, et avec la bénédiction de Dieu,
les .sacrifices généreux faits par les Sociétés anglaises commencent à porter des
fruits. — La Semaine religieuse de Genève
dont nous extrayons ces détails, ajoute
qu’un mouvement remarquable se produit
au moins dans une^ingfaine de localités.
Un habitant du pays disait; « la Bohême est
comme une pièce de bois sec, il n’est besoin que d’une étincelle pour lui communiquer la flamme de la vie et de la vraie
liberté». Au dessus de la principale porte
de Kônigraetz est un bas-relief représentant Jean Huss à genoux au moment de
son martyre ; on lit dessous : « Le sang
de Jésus-Christ, le fils de Dieu, nous purifie de tout péché ». Le tout avait été soigneusement revêtu de chaux, mais maintenant le plâtre est tombé, et le dessin
original a reparu. Espérons que c’est là
un symbole. La foi de Huss, fondée sur
les Ecritures’, est indestructible, et cette
foi tend à se manifester toujours plus en
vie et en puissance.
GENÈVE. Faculté de Théologie nationale.
— Un étudiant des Vallées vaudoises du
Piémont, M. Samuel Meytre, qui a fait ses
études dans cette faculté de Théologie, a
demandé récemment de subir les grands
examens pour obtenir la consécration au
saint-ministère. Il vient de publier la dissertation à laquelle il est astreint par le
réglement, et voici le sujet qu’il a choisi;
Etude sur l’origine des Vaudois du Piémont.
Selon lui, les Vaudois sont antérieurs a
Pierre Valdo de Lyon, qui vivait vers la
fin du 12’ siècle; ils sont antérieurs à
Claude évêque de Turin, qui, au 9’siècle,
s’opposa à plusieurs abus de l’Eglise ; ils
sont antérieurs à Léon, contemporain de
Constantin-le-grand, qui blâma la cupidité
de Sylvestre I, évêque de Rome ; ils remontent jusqu’aux temps apostoliques, et
ils ont gardé, à travers les siècles, au milieu des ténèbres et des persécutions, la
vérité évangélique. Tel est le résumé du
travail de M. Meytre, qui a étudié les ouvrages assez nombreux écrits sur les Vau
dois, ces anciens et glorieux prédécesseurs
de la Réformation. La thèse a été soutenue
hier devant la compagnie des pasteurs.
{Semaine religieuse de Genève)
Nous souhaitons que M. Meytre ait par
devers lui de bonnes preuves historiques
et nous serions enchantés de le voir aux
prises avec le Père Perrone, auteur d’un
récent ouvrage sur ou plutôt contre les
Vaudois, ou seulement avec son critique
de l’Èco délia Verità.
,— Les journaux de Genève, et particulièrement la Liberté chrétienne, rendent compte d’une intéressante séance
qui a eu lieu, le dernier dimanche de
novembre, dans la salle de la Réformation , oîi l’on a entendu les délégués
suisses aux assemblées religieuses tenues
en Allemagne et en France.
Les deux délégués en Allemagne étaient
mm. Barde, et Thomas pasteurs. Le premier a parlé de l’Allemagne évangélique,
le second do l’Allemagne catholique et
du mouvement antinfaillibiliste.
7
-407
M. Barde signale un grand changement
dans l’Allemagne protestante. Naguère le
rationalisme y tenait le haut du pavé et
occupait les chaires des Universités et
des églises. C’était sa voix , la voix de
ses docteurs, de leurs discours et de leurs
livres que le monde entendait, et ces
voix étouCtaient presque celle de l’Evangile, à ce point i|u’au dehors l’Allemagne
protestante passait pour la terre privilégiée du rationalisme.
Mais aujourd’hui, gr;îces à Dieu, il y a
une autre Allemagne, et celle-là est évangélique. M. Barde l’a trouvée préoccupée
des grands intérêts (¡ui intéressent le règne du christianisme dans le monde, de
l’héritage spirituel de la vérité. Comment
le conserver, immment en assurer la possession durable à l’Allemagne? C’est
])ar l’uniou d’abord, l’union des chrétiens
sur le terrain commun de la foi et de la
vérité pour résister au rationalisme et au
matérialisme. M. Barde signale de grands
progrès à cet égard, et l’Assemblée de
Berlin à laquelle il a assisté, assemblée
composée des représentants des trois
Eglises qui se parlagent l’Allemague protestante, {l’Eglise luthérienne, l’église réformée et celle de l’Union) est elle-même
un progrès qu’on aurait cru impossible,
il y a vingt-ans, de même qu’on aurait
cru impossible l’union des divers Etats
Allemands dans un seul empire. Mais
l’Union n’est pas parfaite, puisque les
membres des trois Eglises ne se sont pas
assis ensemble à la table du Seigneur.
L’esprit particulariste a encore triomphé
cette fois, mais, dans les discours, tous
les orateurs ont reconnu qu’il y avait un
terrain commun sur lequel les Eglises
pouvaient et devaient s’unir pour faire
face à l’ennemi de l’Evangile. Pour assurer
à l’Allemgne l’héritage spirituel, il faut
qu’elle abandonne la question ecclésiastique
et la question sociale, qu’elle en vienne
à la séparation de l’Eglise et de l’Etat, et
à l’admission de l’ouvrier au bénéfice réalisé ou à la participation sociale. Telles
sont les solutions proposées.
M. Thomas parle ensuite de l’Allemagne
catholique. Il a visité les principaux chefs
du mouvement antinfaillibiliste. Il regrette
qu’ils n’aient pas opposé uniquement à
l’ultramontanisme la divine antorité des
Saintes Ecrilures, celte grande puissance
qui a fait la Réformation du XVI“’ siècle;
mais, malgré cette lacune, il est persuadé
que par eux l’œuvre de la vérité s’accomplit. Ils ne s’agitent pas dans le vide, et
l’opposition anti-infaillibiliste a pour mobile les trois grandes forces qui font mouvoir les esprits, la conscience, la science
et la foi. L’impulsion est donnée, le mouvement est commencé, et Dieu sait oh
les vieux catholiques seront menés,
Après la revue de l’Allemagne, celle de
la France, faite par M. le pasteur t'.oulin,
a'eu son tour. Lui aussi a recueilli dos
impressions, mais d’une autre nature. La
France est sous le coup des désastres,
mais sur les chrétiens evangéliijues français ces désastres ont produit le même
résultat que les triomphes de l’Allemagne
sur les chrétiens évangéliques allemands,
savoir le réveil des consciences et du sentiment de la responsabilité. Ce sentiment
s’impose et préside, pour ainsi dire, à
toutes leurs assemblées, à celles de l’Alliance évangélique de Lyon , à celles de
Nîmes et à celles de Mazamet. L’afiliction
nationale produit sur eux le même fruit
béni que les premiers orateurs ont signalé
en Allemagne, savoir une résolution plus
ferme de travailler à l’avancement du
règne de Dieu.
Quoique triste a certains égards, l’impression que M. Coulin a rapportée do la
France est néanmoins réjouissante sous
d’autres rapports. Quelque chose remue
dans ce grand pays éprouvé. Le petit troupeau des disciples de Jésus-Christ que les
persécutions n’ont pu en arracher, est
animé d’un grand désir de répandre la
vérité qui sauve les individus et les nations. Cette vérité est la même que celle
qui animait les vieux Huguenots. Puisset-elle encore enfanter les mêmes dévouements et les mêmes caractères. Telle est
la prière et le vœu de M. Coulin après
celte intéressante revue de la situation
religieuse de la France.
Une jeune fille aveugle vint remettre à
un pasteur la somme qu’elle destinait à
l’oeuvre des Missions. Le pasteur, saisi
d’étonnement, dit à la jeune fille: Mais
vous êtes une pauvre jeune fille aveugle,
et vous n’êtes pas en état de vous priver
de cet argent ! — Pardon, Monsienr, dit
la pauvre enfant, il est vrai que je suis
aveugle, mais je suis moins pauvre que
vous ne pensez, et je puis plus facilement
donner cette somme que les jeunes filles
qui jouissent de la vue. J’exerce la profession de vaonière, et mes paniers se
font aussi bien de nuit que de jour, dans
une chambre éclairée que dans l’obscurité. Je suis convaincue que pendant les
longues nuits d’hiver mes camarades dépensent plus de 38 francs pour se procurer l’éclairage qui leur est indispensable.
Je puis donc parfaitement vous donner
cette somme, et je vous prie de vouloir
bien l’accepter sans scrupulef
Réveillée par ce beau trait, notre conscience ajoute : « Que de choses dont nous
8
-408
pourrions [nous passer à notre tour, si
nous ^savions faire un usage plus saint
de nos yeux , et les délouruer des biens
d’ici bas!» Et l’Apôlre des gentils nous
fournit ce post-scriptum : « Nous nous rendons recommandables en toutes choses...
comme pauvres et cependant enrichissant
plusieurs; comme n’ayant rien, et cepeudaut possédant toutes choses...»
{La Croix)
(inxrotttijue poUtii|ue.
Xlorno. La Chambre des députés a
continué à s’occuper de l’examen du budget do première prévision pour l’auuée
187Î, et le ministre des finances fait sou
exposition liuaucièrc par laquelle nous
voyons que les dépenses intangibles, intérêts de la dette, amortissemeuts et pensions, s’élèvent à la somme e.lt'rayautc de
700 millions ! Le montant des pensions
(jui n’était que de 27 millions eu 1861 ,
est on 1871 do 61 millions pour 97.000
personnes. Pres(|ue tous les budgets ont
été votés. — Une discussion intéressante
a eu lieu à propos de la question du serment, que doivent prêter ceux qui ne
croient pas à l’Evaugile ou à la Bible,
comme aussi sur la question de frais de
culte, à propos des sommes portées au
budget du ministère de grâce et justice
pour des réparations ou reconslruclious
d’églises à Rome et ailleurs. — La discussion du budget de la guerre a ollert
l’occasiou aux députés Mellana cl Corte de
proposer des réformes libérales et équitables pour l’armée en général et pour
les simples soldats on particulier.
ATVgleteri'e. Les journaux anglais
sont remplis d’articles sur la maladie du
prince de Galles , dont la marche avait
donné lieu à bien des inquiétudes, et à des
témoignages de sympathie de la nation
pour la famille royale. C’est la meilleure
réponse aux agitations républicaines qui
devenaient plus violentes, à mesure que
le danger de perdre le successeur au
trône de la reine Victoria devenait plus
grand. Mais c’est surtout le caractère religieux de la nation anglaise qui s’est
montré sous le plus beau jour dans celte
occasion. Les colonnes des grands journaux politiques contiennent des compterendus de services religieux établis en
vue de demander à Dieu la guérison du
prince. Voici une prière prononcée dans
l’église do S‘ Paul à Londres. Nous la
traduisons du Corricre di Milano ; « O Dieu
tout-puissant et père miséricordieux , à
qui seul appartient la destinée de la vie
et de la mort, abaisse ton regard du haut
du ciel, avec miséricorde, nous t’en prions
humblement, sur Albert Edouard, prince
de Galles, qui est maintenant couché sur
un lit de maladie. Toi, père de miséricorde
et Dieu de toutes les consolations, notre
unique secours dans les temps de l’épreuve , nous volons vers toi, implorant secours , pour le soulagement de tou serviteur. Accorile, ô Dieu, que tous les péchés
de sa vie passée soient eflacés et que son
âme soit lavée dans le précieux sang de
Christ, afin qu’elle comparaisse pure et
sans tache en ta présence. Si telle est ta
volonté, prolonge, nous t’eu supplions,
ses jours sur cette terre et donne-lui de
pouvoir vivre piour toi et d’êlre un instrument de ta gloire et une bénédiction
pour l'église et pour la nation. Prépnre-le,
0 Père plein d’amour, pour l’aveuir qui
l’atlend dans la vie ou dans la mort. —
Ameu ! — Père tout-puissant et éternel,
qui diriges les cœurs des rois', et qui as
béni sanctifié les liens d’amour qui unissent
entre eux les membres de la famille chrétienne , abaisse ton regard, nous t’en
prions, sur ta servante notre reineVictoria,
sur la princesse de Galles, dans ces jours
de grande douleur, et sur toute la famille
royale. Consalo-les et soutiensdes dans leur
afllictiou présente, par l’intercession do
notre Seigueur Jésus-Christ. Amen l »
SOUSCRIPTION
POUR LES PORTRAITS DU DOCT. STEWART
Liste précédente Fr. 472 10
M’’ et M'”' Canton (2* don) » 4
Les écoles de la Tour p.
M' B. Walan » 20
Une vaudoise » 2
M’ le régent Soulier » 2
Total Fr. 500 10
ANNONCES
LECTURES ILLUSTRÉES POUR LES ENFANTS, 1871 — Nouvelle série. Un volume
petit in 4“ de 192 pages, avec 40 belles
gravures, 2 fr.
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18 pages, avec vignettes. Prix: 20 cent.;
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E. Malan Directeur-Gérant.
Pignerol, Impr. Chiantore.