1
IVeuvlème année
JV. 32.
Vendredi 14 Ai
L ECHO DES VALI
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialement consacrée aux inléréls matériels et spiritnels
de la Famille Vaudoise.
Que tontes les choses qui sool véritables.......ucoupeDi
vo.s pensées — i Philippiens., IV. 8.)
PRa D ABONNEMENT !
Italie, a rioinicile i''«n an) Fr, 8
^tiisse...................» 5
Kraiice...................» 6
Atiemayne.................* 6
A ngleterre , Pays-Bas . » 8
Tn numero separé : 5 cent.
Vn numéro arriéré : 10 cent.
BUREAUX D ABONNEMENT
PiGNFROL ; Chez Chlantore et
Mascarelli Imprimeurs.
FroHENCK : Libreria Evangelica, via de'Panzani.
ANNONt'ES: 30 cent, la ligne
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco, 8’a
dresserpoiir i'admini.slration
et 1h réd^action a la Direction
de \'Echo des Vallées, Torre
Pellice.
Homixiaifo.
Notre constilulion rst elle presbytérienne? — Dissolution de la colonie Alexandra.
Correspondance. — Noucelies religieuses,
— Annonce.
NOTRE CONSTITUTION
esl-cüi Presi»j’léfienae?
BÊPONSE K M. REVEl.
f Suite V. N. St ).
Nous avons dit que la question
vitale de notre existence presbytérienne est le rétablissement des
colloques, tels qu’ils ont existé
dans les anciens temps de notre
histoire et qÜ'ils existent dans les
grandes églises presbytériennes.
Ces colloques sont dans la pensée
de M. Kevel de vraies assemblées
délibérantes et des espèces de tribunaux de première instance. C’est
à eux que reviendrait tout d’abord
l’examen des questions qui intéressent les paroisses; c’est A eux
que reviendrait aussi la nomination de.s membres du Synode. —'
Nous répondons à M. Revel que'
lorsque notre Eglise avait des colloques, elle n’avait pas des Synodes annuels qui duraient cinq
jour.s, et que si d’autres églises
ont des colloques ou des presbytères c’est que ce sont de grandes
églises dont tous les pasteurs ne
peuvent pas être membres du Synode et où il n’y a pas deux laïques pour chaque paroisse qui aillent siéger dans ces assemblées;
là les colloques prennent la placé
de nos Synodes ou à peu près.
Mais dans notre petite église de
16 paroisses , les colloques ne sont
pas nécessaires ; et si nous avions
le malheur d’ôter encore aux membres de uos paroisses ce droit de
nomination directe, c’en serait fait
du petit intérêt qu’elles prennent
encore à nos assemblées ; ainsi le
rétablissement des colloques, tels
que M. Revel les voudrait et tels
qu’ils existent ailleurs encore, est
pour nous un anachronisme ou
une importation inutile. Ce n’est
pas un besoin senti ; parfaitement
à leur place eu France sous le
de Synodes provinciaux et en
V
(•
vs.
en
OQ
P
•-3
O
3
3.
3
P3
ü. »
? °
«CS
3
K
2
-256
Ecosse sous celui de presbytères,
ils ne le sont plus dans notre petite Eglise de 16 paroisses.
Si M. Revel vivait au milieu de
nous et connaissait mieux nos paroisses, il serait bientôt convaincu,
que ses colloque.s ne seraient dans
notre état actuel que la cinquième
roue du char, des assemblées délibérantes dont on veut doter des
paroisses qui trouvent, à tort selon nous, que c’est déjà trop,
beaucoup trop d’un Synode par
an.
Mais , si au lieu de colloques ,
assemblées délibérantes, qui seraient appelés à s'occuper le plus
souvent de petites questions qui
toutes reviendraient encore au Synode, quoiqu’on fasse, nous pouvions avoir de vraies conférences
destinées à réveiller la piété, à
s'exhortef mutuellement, à apprendre à se connaître, pasteurs, anciens et membres de l’Eglise, à
s’estimer et à s'aimer davantage,
à avoir plus de confiance les uns
dans les autres, de cordialité les
uns pour les autres, nous en serions de grand cœur; là est le
besoin tout d’abord, et quand nous
aurions l’essentiel, le reste viendrait peut-être aussi , peut-être
même les colloques ; mais alors ,
et alors seulement ils seraient vraiment profitables , parcequ’ils répondraient à des besoins, ils nous
viendraient, comme aurait dit le
bon Neander, du dedans au dehors
et non pas du dehors au dedans.
(à suivre).
h
(;
DISSOLUTION
DE LA COLONIE ALEXANDRA
Colonia Piemontese del Rosario Oriental, Banda Oriental del Urngnay,
America dei Sod.
Monsieur le Rédacteur,
Le huit mai, M. Griot recevait de Buenos
Ayre.s un télégramme, lui annonçant que
le dix du même mois 12 familles italiennes arriveraient à la Colonia del Sacramento (chef lieu du département dont
le Rosario est un district), et le priant
d’aller les chercher avec des chars. Cet
appel à la générosité des colons ne les
trouva pas sourds et le 11 mai, un lundi,
plusieurs chars, à bœufs ou h chevaux,
partaient, malgré le froid et la pluie, pour
aller à la rencontre de ces vaudois, qui
étaient enfin parvenus à sortir de cette
galère qu’on appelle la Colonie Alexandra.
— Le mercredi soir, à la tombée de la
nuit, arrivaient en effet au milieu de
nous des chars chargés de malles sur
lesquelles étaient perchées plus de 50
personnes exténuées de fatigue, transies
de froid, mais heureuses de se retrouver
enfin en sûrêté au milieu do leurs compatriotes. Ils se dispersèrent immédiatement dans diverses habitations oli les
accueillait l’hospitalité la plus cordiale.
Heureusement si à la colonie le vice-con.sul
Repetti s’était montré pour eux d’une
indifférence révoltante, ils trouvèrent dans
un brave piémontais dont le nom mérite
d’être signalé à la reconnaissance des
vaudois, — M. Pierre Badin, — un vrai bienfaiteur qui les logea et les nourrit avec
le plus entier dévouement. Ils en avaient
bien besoin, car l’argent commençait à
leur manquer, et ils ignoraient si leur
dépêche était parvenue à sa destination.
Deux d’entre eux s’étaient déjà mis en
route, le mardi matin, pour faire à pied
les 16 lieues qui les séparaient du Rosario , lorsqu’ils aperçurent ¡deux cavaliers MM. Griot et Ph. Guigou qui arrivaient et le convoi fit bientôt son entrée
dans la Colonie. Dire la joie que nos pau
«Ô;
3
.857
vres voyageurs resseutireot à celte vue
est chose plus (iiiïlcile que de l’imaginer; ils
éprouvaient quc>li|ue chose de ce qu’éprouva lo vieux- Jacob quand il vit les
chars que lui envoyait Joseph pour remmener en Egypte. Ils partirent immédiatement et comme je l’ai dit, ils arrivèrent
le lendemain au soir à la Colonie,
Quelques uns do ces nouveaux arrivés
se réunirent un soir à la cure pour exposer en détail au pasteur les souffrances
qu’ils avaient endurées pendant leurs deux
années de séjour à .Alexandra et les déceptions qu’ils y avaient rencontrées , lo
priant en même temps de donner à ces
faits la plus grande publicité pour qu’ils
servent, si possible, d’avertissement aux
pauvres gens qui seraient encore disposés
à prêter foi aux embaucheurs d’émigranls.
Je m’adresse pour cela à vous, cher Monsieur le rédacteur de VEcho, ainsi qu’aux
lecteurs do votre chère petite feuille, pour
vous prier de faire connaître au loin et
au large ces spéculateurs qui, trompeurs
ou trompés, ont exposés à la mort ou à
dos souffrances sans nom tant de familles
pauvres de nos vallées.
Voici un résumé de notre conversation
avec ces chers amis.
Lorsque M. l'endleton et ses agents parcouraient les vallées et assemblaient à
quatre reprises à la Tour les chefs des
familles qui désiraient émigrer, ils firent
à ces derniers les promesses les plus séduisantes. Le lorrain de la Colonie Alexandra est un terrain supérieur { notez bien
ce mot, il trouvera son commentaire dans
une anecdote que je raconterai plus loin).
— Les tigres dont on vous fail peur, ce
sont vos pasteurs qui en méritent le nom,
eux qui veulent vous retenir ici à croupir
dans la misère. Vous n’avez nul besoin
de vous porter des armes, le pays où vous
vous rendez est peuplé do chrétiens. Ce
sont les pauvres que nous voulons emmener, pour leur donner l’aisance et le
bien être. Dès que vous serez è Alexandra
on vous donnera è crédit, tout ce dont
vous aurez besoin pour vivre, ainsi que
des concessions de terrain, des animaux
è bas prix et des instruments d’agriculture. — Chaque famille aura 2 chevaux
pour 10) frs., 2 vaches pour 150 frs. et
le reste à l’avenant. Lo voyage de Buenos
Ayres è Alexandra no vous coûtera que
23 frs. ; lo bâteau qui vous transportera
do Gênes en Amérique est tout ce qu’on
peut trouver de mieux dans ce genre.
Voici maintenant comment ces promesses
ont été remplies;
VOUavia Stella qui partait de Gênes
avec sa cargaison humaine a été pendant
la traversée, le théâtre de toute espèce
de souffrances. Comme les lecteurs de
VEcho le savent, neuf vaudois périrent faute
de soins; quand on demandait pour un
mourant un peu d’eau â boire , la capitaine, Forlunalo Schia/Jini, refusait durement en disant: Vorrei che fossero HuUi
erepati. Les passagers en santé souffraient
cruellement do la saleté des aliments et
do leur insuffisance; leur faim n’était un
peu assouvie que par la compassion des
matelots. Il paraît du reste que l’équipage
lui-même n'était pas très heureux à bord,
puisque à Buenos Ayres douze dos quinze
matelots qui le composaient désertèrent
leur navire qui devait continuer son
voyage jusqu’à Lima.
De Buenos Ayres à Alexandra on leur
mit en compte 170 frs. par famille au
lieu des 25 dont on leur parlait à la Tour.
Il est bon de noter que le Comité Argentin
d’émigration paie presque toujours le
voyage des émigrants pauvres depuis la
capitale jusqu’aux colonies où ils vont
s’établir, et nos colons pensent que ce
fut lo cas pour eux. A leur arrivée à
destination, Baridon entonna un chant de
triomphe en versant crocodilement des
larmes de commisération sur ces pauvres
vaudois qui étaient restés aux vallées ou
au Rosario Oriental. — Les voilà donc introduits dans le pays du repos terrestre;
ils se remettront des fatigues du voyage
après quoi ils se mettront à l’œuvre. Le
terrain supérieur est là; de magnifiques
instruments d’agriculture sont venus d’Europe avec eux , lo desert va fleurir comme une rose et les landes du chaco vont
se convertir en un Carmel ! Seulement
pqnr défricher, les charrues et les herses
ne suffisent pas, il faut des bœufs ponr
les mettre en mouvement; on a besoin
de vaches laitières pour lés familles; et
les unes et les autres .brillent par leur
4
-25S
sbsence. Tandisque d’autres émigrants
anglais sont fournis du nécessaire , les
vaudois sont eshorlés à la pratique de
celte vertu qui mériterait bien de porter
leur nom, la patience. Tel colon n'oblinl
qu’au bout de 13 mois d’attente et d’instance une vache, et quant aux bœufs il
n’en a jamais eu D'autres n'en eurent
que bien tard.
Le bois, d’excellente qualilé pour le
chauffage, la clôlure des concessions et la
fabrication de leurs chaumières, s'y trouve
en abondance, ainsi que la longue paille
qui doit recouvrir les toils. On se met à
l’œuvre et des ranchos s’échelonnent sur
une longueur de 7 lieues. Ils ne sont pas
isolés comme au Rosario ; ils se groupent
au contraire autant que possible, et pour
cause. En effet, quoiqu’on leur ait assuré
en Europe qu’ils se trouveront parmi des
chrétiens, ils [ne tarderont pas à s’apercevoir de quelle élasticité celte désignation est capable; on leur distribue des
rifles et des revolvers qui ne seront pas
toujours destinés à les protéger contre
les tigres. Ils savent déjà depuis l’Europe
qu’un Anglais et un vaudois ont été tués
et ils seront bientôt témoins de la mort
d’un charretier anglais assassiné par ces
chrétiens. Le fils de Baridon qui accorncompagnait la malheureuse victime recevra, lui aussi, de ces mêmes chrétiens
un coup de lance à la cuisse. Les animaux qu’on a pu se procurer seront enlevés à l’administration et les soldats
qu’on appelle pour poursuivre les voleurs
auront bien soin de prendre une direction
opposée à colle qu’ont prise cos derniers.
Lo terrain de la colonie Alexandra est
le plus mauvais que l’on pût choisir pour
l’agricullure. Il est en général marécageux ; il n’y a que ça et là des îlots de
terre cultivables, et cela se prouve aisément par le seul fait que malgré le besoin
qu’on ressentait de se tenir réunis, trente
familles se sont étendues sur nae longueur
de 7 lieues. Un des colons doswndu de la
combe des Charbonniers écrivait l’anqéo
passée avec une certaine satisfaction qu’il |
avait déjà récolté dans sa chacra 30 héninea de mats outre quelques hémines
4% jtiariaols. Ges doon^ea faiaaieat soucite
}
nos colons do Bosaiin, car telle famille
que je pourrais citer ne récolte pas moins
de 1200 hémines de maïs sur le double
seulement de terrain outre le blé qui est
le principal produit. En général les terrains do la Confédération Argentine n’ont
pas ces ondulations qui facilitent ici l’écoulement des eaux pluviales; le terrain
est plat comme une table, et ces eaux ue
pouvant Iraverser la couche de terre résislanle qui est immédiatement au-dessous
de l'humus végétal , il en résulte que la
plaine entière prend au temps des pluies
l’aspect d’un lac, puis d’un marécage, et
quand enfin le soleil a produit l’ôvaporatiou, le sol se dirait comme de la brique
et se crevasse. Les eaux des rivières qui
viennent des lointaines Cordillères moulent
périodiquement et alors les habitations
sont envahies à un lel point que les colons doivent aller chercher dehors leurs
sahols transformés en bai'qnes en miniaInre.s. Quelques colons réunis un jour
dans un rancho eulendirent un |)auvre
sire qui avait suivi Baridon depuis le Rosario crier: siip! sup ! stip! ils mirent
d’abord que celte exclamation s’adressait
à son clieval (|ui pataugeait péniblement
dans la houe, mais la (in leur fit comprendre qu’il faisait à part lui des réflexions sur les promesses qu’on lui avait
faites. Il termina son dire par ; superior,
ierreno superior 1 !
Si les indiens sont à craindre, si le
terrain est stérile, les animaux sont pour
le moins aussi nuisibles. Les tigres ( non
les pasteurs, je vous prie de croire, mais
des tigres à quatre pattes, avec la peau
rayée, les griffes et le.s dents) les tigres
dévoraient les veaux et quelquefois même
les bœufs et le colon qui en entendait
hurler deux, un de chaque côté de sa
chaumière, dont les parois aussi bien
qye le toit ne sont qu’en paille, ae dormait pas d’un sommeil bien tranquille.
On p’osait envoyer les enfants chercher
de l'eau à la lagune de peur des crocodiles, .ef les bains, si hygiéniques dans les
pays chauds, étaient positivement dangereux, témoin le jeune Coïsson d’Angrogne
qui fut dévoré par ees terribles amphibies
pendant qu’il nageait avec quelques uns
i4e ses amis. Ou es toa biea qwiquea
5
-250
uns, mais c’était pp.ine perdue; plus on
en tue et plus il s’cn présente.
Allail-on labourer la chacra ou couper
du bois, on élait à pou près sûr d’y rencontrer des serpents à sonnettes, d’une
grosseur énorme, et ces redoutables reptiles venaient même tuer les chiens tout
près des ranchoii.
Mais quebjue terribles que fussent ces
animaux , par leur force, leur agilité ou
même leur poison morlel, ils cédaient tons
le pas à d'autres animaux plus petits,
mais non moins altérés de sang humain,
jo veux parler des mousquiles. Ce que
ces pauvres gens et leurs bêles domestiques eurent à souffrir de ces insecles,
surpasse loulo imagination. L'hiver il y
en avait un peu moins , mais l'été l’air
en élait obscurci. on no pouvait sorlir
qu’avec des habits de laine el des gants
que leurs Irorapes ne pussent percer; le
cou el le visage enveloppés dans un mouchoir pendant qu’avec un autre mouchoir
on en délivrait la tète du cheval pour
qu’il pût y voir. Enirail-on chez soi il
fallait y faire autant de fumée que possible pour ne pas y être dévoré tout vif.
La nuit pendant que les gens entouraient
leur lit de la moustiquaire , ils avaient
soin de faire do grands feux avec du bois
vert el des herbes autour dos corals (enclos
où les bêtes domestiques passent la nuit)
et l’on voyait chevaux et bœufs plonger
avec délices leurs museaux au plus épais
de la fumée pour s’y délivrer de ces insecles qui leur suçaient le sang avec une
espèce de rage. Les pauvres ménagères
n’auraient jamais pu laver leur linge, si
avant de se mettre à l’ouvrage, elles n’avaient en soin de se cacher dans des
tourbillons de fumée.
Parmi les promesses qu’on leur avait
faites aux vallées, il y avait celle qu’ils
seraient pourvus d'un pasteur et d’un
maître d’école. Ce dernier vint avec les
autres vaudois des Vallées, mais l’école
que l’on ouvrit ne put naturellement profiter qu’aux enfants de Baridon et des
quelques familles qui étaient les plus
rapprochées. Comment en effet ceux qui
demeuraient à plusieurs Lieues de distance
auraient-ils pu même à cheval se rendre
à l’école? Ce bienfait devenait donc illu
soire pour la majeure partie des colons.
Quant an pasteur, on n’en vit jamais
l’ombro dans cos parages, aussi n’y pouvait on avoir ni mariage régulier, ni
baptêmes, ni communion. Baridon se
permit bien do célébrer quelques mariages, mais comme ils n’avaient aucune
valeur civile, ni ecclésiastique, i\ peine
arrivés au Rosario ceux qui avaient été
unis ainsi, me demandèrent de légaliser
leur union.
Si l’étal présent n’était guère supportable, l’avenir se montrait plus sombre
encore pour eux. Où leur avait promis
que si le chef de famille venait à mourir,
sa veuve et scs orphelins n’auraient rien
à soulfi'ir matériellement et cependant
quand ces éventualités devinrent des faits,
le directeur des vaudois, Baridon, refusa
tout secours è une pauvre veuve et à ses
enfants. On lui quitta il est vrai les-dettes
q\i’elle n’aurait nalurellemeut jamais pu
payer et on lui donna deux piastres boliviennes (environ 8 francs) eu lui ôlaul
tout crédit, après quoi elle fut mise non
pas à la rue , ce qui l'aurait conduite
(juclque part, mais dans lo désert. Quel
conlrasle avec ce qui arriva ici il y a
quehpjes semaines ' Lo père et la mère
de cinq petits enfants, liont l’atnéea huit
ans, monrnreut de la cholérine el des
fatigues du voyage d’Alexandra à notre
colonie. Les enlauls furent tous immédiatement placés dans de très bonnes familles (]ui eu oui lo plus grand soin. Dieu,
dans sa bonne providence, les a conduits
à temps au milieu de nous.
Mais remontous au chaco. On ne pouvait nalurellemeut supporter longtemps
de pareilles mi.sères; il fallait partir de
manière ou d’autre. Mais bien des obstacles se dre.ssaient sur leur chemin. —
D’abord la division, que Bariduu enlrelenail avec soin, les empêchait d’en venir
à une décision unanime, ensuite il fallait de
l’argeul elcommeuts’on procurer puisqu'on
u’avait presque rien à vendre? et quand
un aurait eu des produits, on ne savaità qui
s’adresser pour leur écoulemeol. Enfin il
y avait des dettes, el ces.dettes, contractées
en Europe déjà, s'étaient considérablement
augmentées depuis. D’abord, les. quelques
animaux qu’on leur avait vendus étaieu^
6
-2S0
plus chers qu’on ne leur avait dit aux Vallées; il en était de même des instruments
d’agriculture cl quoiqu’ils u’aienl pas été
surfaits, puisque c’était réellement des
articles de valeur, cependant ils ne voyaient pas avec plaisir leurs dettes s’augmenter ainsi d’une manière inattendue.
Puis, il fant bien dire, iis trouvèrent à
leur passif de curieux «débours divers»
qu’ils ne parvenaient pas facilemeut à
comprendre. Ainsi par exemple la famille
Plavant, de Rorà, trouva (ju’avant même
de partir de la Tour elle avait déjà 300
francs de dettes envers la Société , la famille Malan, d’Augrogne, en avait 222 etc.
Ils ue peuvent s’expliquer ce mystère
qu’en pensant que les dépenses à l’hôtel
de l’Ours leur out été mises en compte ,
tandis qu’on leur offrait graluilemeut de
manger et de boire et ils trouvent la recette
par trop forte et la plaisanterie de fort
mauvais goût.
Naturellement les premiers à partir furent ceux qui avaient accompagné Baridou
depuis le Rosario, qu’ils n’auraient jamais
voulu avoir quilté. Deux de ces familles
et une autre venue directement d’Europe,
arrivèrent au milieu de nous eu novembre
1873. Les autres furent engagés à retarder
encore leur départ, mais après bien des
pour parlers et des explications, quelquefois assez aigres, ils firent connaître leur
décision, à Baridon d’abord et ensuite à
M. Belfort. Ce dernier venait d’arriver de
Londres, envoyé par la maison Tompsou
Bonar et Comp. qui fatiguée de débourser
toujours et ne croyant plus qu’à moitié
les relations flatteuses qui venaient d’Alexaudra, avait voulu s’assurer mieux de
l’état des choses. M. Belfort déclara aux
colons qu'ils pouvaient s’en aller, s’ils le
désiraient, puisqu’ils avaient été trompés,
aux Vallées, aussi bien que ceux qu’il représentait l’avaient été à Londres.
Cependant si M. Belfort les laissait'libres il n’était pas à présumer que Baridou consentît aussi facilement à se séparer d’eux. Aussi mit-il enjeu promesses
et menaces pour les retenir. Il voulait
les emprisonner à Alexandra même, puis
les faire arrêter à Buenos-Ayres, oii ou
ne manquerait pas de les condamner
tus IrtiTaui forcés et dans le cas oU ils
parviendrait jusqu’au Rosario, il leur fit
les plus sombres prédictions. « Regardez
bien ici comment le pain est fait, leur
disait-il, car là-bas vous n’en goûterez
plus, vous y mourrez de faim. » Puis
prenant un ton confidentiel, il leur assurait que la Société allait acheter, exprès
ponr les Vaudois, un autre r.ampo où ils
seraient très bien. Mais las de ces promesses auxquelles ils ne pouvaient plus
croire, puisque le représentant de Londre
leur assurait qu'il n’en était rien , ils
allèrent rendre à l’Administration les armes et les instruments d’agriculture qu’ils
avaient pris; ceux (lui avaient acheté et
payé reveqdant avec de grosses pertes ce
qu’il no pouvaient emporter. et ils partirent. Quelques familles se dispersèrent
au Nord et au Sud, mais le gros des émigrants se rendit à Buenos-Ayres et do là
au Rosario , laissant à Alexandra 18 familles qui, faute d’argent, ne purent partir
et iiui soupirent après le moment où elles
pourront redescendre le Parana, qu’elles
avaient remonté avec tant d’éspérances.
Maintenant à qui doit-on attribuer la
faute d’une aussi colossale mystification
ou plutôt d’une expédition si désastreuse?
Ce n’est pas à la Société de Londres qui
a dépensé des sommes énormes dans cette
entreprise. Elle a envoyé à Alexandra,
oulre les inslruments d’agriculture de
dernière invention , des machines à vapeur pour le moulin , pour un bout do
Chemin de fer et même une de la force
de 10 chevaux pour le labour. Elle a
fourni aux colons les articles de première
nécessité en abondance et à crédit. Il y
avait à Alexandra des tas énormes de
charrues, meilleures que celles dont on
se sert au Rosario, qui sont déjà bien
supérieures aux lourdes machines que
nos vaches traînent si péniblement aux
Vallées. Mais le désordre et le gaspillage
ont été à leur comble. La Société a môme religieusement tenu la promesse d’indemniser en partie la famille Restan, dont
le fils avait élé tué, par l’envoi de 40
livres sterling. Faut-il accuser M. Pondletou? Il serait dur de devoir accuser
celui qui a fait tant de bien aux Vaudois
à la Floride et au Rosario. Le seul tort
qu'ait eu ,M. Pendletou, c’est de s’ètre
7
-261
laissé ensorceler par les lettres mensonjïères de Baridon et quelque mortifiant
que cela puisse paraître pour un homme
instruit'et iutelligent comme lui, ce n'en
n’est pas moins un lait. C’est sur la foi des
lettres de Baridon seulement, qu'il pouvait
faire aux Vallées des promesses aussi
séductrices (|uo celles qu’il faisait.
C’est ilonc à Baridon principalement,
et les -Vlexandrins sont unanimes pour ce
qui le concerne, que sont dues les déceptions, les pertes matérielles, les souffrances et dans quelques cas les morts
viólenles de nos pauvres compatriotes.
En vous demandant pardon de la longueur démesurée de celte lettre nous
vous prions d’agréer etc.
J. P. Salomon Pasteur.
D. Malan.
B. Ricca.
H. B. Tocrn.
' H. Plavan.
J. D. Coisson.
Corrcojjoubiïttce
Pomaret 16 août 18"4.
Monsieur le Rédacteur,
Le bon sens des lecteurs de YEcho a
sans doute corrigé les inexactitudes qui
se sont glissées dans le résumé du discours que je prononçai à l’Assemblée
générale de la Société évangélique de
Genève, résumé que je viens 'de lire
dans le dernier N. de votre estimé journal. Cependant, de peur qu’on ne me croie
complètement brouillé avec la grammaire
la géographie et la chronologie, je vous
prie de publier telle que je l’ai prononcée
la phrase suivante :
« Rien n’empêche donc que nous ne
nous tendions la main par dessus les
Alpes, comme nos Eglises l’ont fait depuis
le 16* siècle, je dis plus nous pouvons
nous la tendre maintenant [par dessus
les Apennins et même à travers la mer
de Sicile, car nous avons dans cette
Ile aussi bon nombre de nouvelles églises
qui nous réjouissent. »
Il est à peine nécessaire de dire que
j’ai rappelé aux membres de la Société
évangélique que deux professeurs de l’Ecole de Théologie de Florence, et non
trois, sont sorti de l'Oraloire.
Je profite de celte occasion pour constater avec reconnaissance, que tout ce
que j’ai vu et entendu en Suisse, m’a démontré, une fois de plus, (|uo les chrétiens
de cette attrayante contrée, sont pleins
d'atfeclion pour notre Eglise, ej^.s’intéressent vivement aux MOi^waeV^on
œuvre missionnaire en Itllie.
Agrée/, je vous prie , &fensieur le Ré
dacteur, les salutations wpectae0SS9
fraternelles de
Votre bien dévoué
Jean Ribet
Cette rectification est juste, mais elle
va à l’adresse du Rapport de la Société
évangéliijue dont ÏEcho a envoyé le texte
précis è l’imprimeur. — Nous nous permellons cependant è notre tour une rectification. Ce ne sont pas trois professeurs
qui nous viennent de l’Oratoire de Genève,
mais six; MM. Geymonatl, Combe, Charbonnier Directeur de l’Ecole Normale,
Trou et Selli professeur au Collège et Rivoir professeur à l’Ecole de Pomaret.
Enfin nous exprimons un regret, c’est que
le président dans son discours, ail oublié
très involontairement sans doute, de mentionner à côté de M. Soulier pasteur à
Nîmes, le nom de .Vf. Durand-Canton qui
aussi a donné des preuves de son grand
attachement à la Société évangélique.
ilouociles reltgteusee
Bâle. — Nous avons déjà parlé de
la 59"* Assemblée de la Société des Missions de Bâle. Cette fêle a dépassé par le
concours des auditeurs, le recueillement,
les discours émus, toutes les précédentes.
La société compte 100 stations avec
8.639 païens convertis admis à la Cène,
membres fidèles de l’Eglise chrétienne.
Les simples auditeurs représentent au
moins cinq fois ce nombre. La présence
de deux missionnaires de la Côte-d’Or
(Afrique) délivrés des mains des cruels
Ashantis, MM. Ramseyer et Kuhne a pro-
8
duît une profonde impression. Le premier
a raconté en traits saisissants les péripéties de leur douloureuse captivité. Le second n’a rien pu dire. Il est encore très
affaibli. Il est question de fonder une
mission dans le royaume de Coiimassie.
La société épiscopale de Londres fournirait l’argent et celle de Bâle les hommes.
. f Eglise libre J.
/•OonèveÆ— Le conseil supérieur
l’église nationale catholique de Genève
ipTê-fr 4îffnanimilé un arrêt qui suspend M. Quily de ses fonctions de curé
do Chêne-Bourg.
Allemagne. — Le 4* congrès des
Vieux-Catholiques se réunira cette année
on septembre à Fribourg (grand duché
de Bade).
Kranoe. — M. Léon Pilalte a défendu devant le tribunal d’Aix MM. Dedieu
et Paulet, accusés, le premier d’avoir tenu
des réunions de plus de vingt personnes
et d’avoir fait du colportage illicite, le
second d’avoir prêté sa maison pour ces
assemblées. La cour a confirmé la sentence favorable du tribunal de Draguignan
qui avait déjà jugé cette affaire en première instance et a donné gain de cause
à M. Piiatte.
Les amis protestants d’Aix et divers
membres du bureau présents à l’audience
ont chaudement félicité M. Piiatte de
l’arrêt rendu.
A-viiS.
Nous sommes informés de la
manière la plus positive que le
Doot. Stewart a envoyé sous la
date du 10 Août courant un exemplaire de son Commentaire sur
Sainf^Marc, et nous invitons ceux
des pesteurs qui ne l’auraient pas
reçu à faire immédiatement des
réclnmAt)09S ao bureau des postes*
Annonce
Le Comité soussigné annonce à
toutes les personnes que cela pourrait intéresser, qu’un Bazar de la
Société de couture en faveur des
pauvres aura lieu , D. V. , dans
l’Ecole supérieure des jeunes filles, à la Tour les jours 26, 27,
28 Août de 8 à 11 a. m. et de 2
à 5 p. m.
Le Comité espère se voir favorisé par le concours d’un nombreux public.
Torre-PelHce, 10 août 1874.
Le Comité
M“® C. Vertu.
» C. Beckwith.
• A. Niccolini.
■ L. Weitzecker.
» J. .Arnoület.
Nous recommandons chaleureusement à tous nos lecteurs le bazar de la Société de couture de
la Tour, comme une œuvre de
bienfaisance destinée à soulager
bien des personnes dans la misère,
à la Tour et aux environs. Cette
Société a fait depuis plusieurs
années son œuvre en silence sans
faire appel au concours du public^
Si elle y a recours cette année,
c’est en vue de pouvoir étendre
son œuvre en proportion des besoins croissants quise manifestent^
La réunion dite du 15 août aura
lieu, D, V., dimanche 16 de 3 à 6
heures, aux portes d’Angrogne et
sera présidée par les pasteurs de
Saint Jean, d’Angrogne et de la
Toyr, auxquels d'autres personnes
ont promis leur coopération.
E. Mal.vn Directeur-Gérant.
-------------—^
Pigperel. Impr. Cbiantere et lUasearelii.