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SPÍCIAUtlt COSSACBÍS A0A IIIÉBEIS
DE LA EAgilLE VADDOISE
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» Ils disent qu’il est Vaudois »
»
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N O B LA LEYC ZO N
H istoire Vaudoise : / Valdesi per A. Bert ( article 5 et dernier ) —
Q uestions L ocales : Etat de l’instruction publique au sein de l’Eglise
Vaudoise. — Q uestions d’H umanité : Une visite à une école dégue
nillée à Londres. — Missions É vangéliques ; Les récits du Mission
naire. — Anecdotes : Le Galérien évangéliste ; Le Galérien philantrope.
Nouvelles religieuses. — Annonces. —
n iS T O lR E TAIJDOISE
I TALDESI
ossiano i Cristiani cattolici secondo la Chiesa prim itim ev.
per A. Bbbt.
(S“' et dernier artiele).
11 nous reste ' maintenant à exposer aussi brièvement que
possible notre jugement sur l’ouvrage, dont nous venons de
donner une analyse à nos lecteurs.
Nous ne demanderons pas à son sujet s i , comme histoire
des Vaudois, la conception n’aurait point pu en être autre ;
mais nous souvenant qu’il faut juger un auteur, non d’après
ce que nous pourrions désirer qu’il eut fait, mais d’après
ce qu’il s’est annoncé vouloir faire, nous demanderons : le
but que M. B. s’est proposé, celui , savoir , de présenter
sous son vrai jour au public italien, l’iiistoire d’une
communauté religieuse, que t’iguorancc, la superstition, les
passions haineuses s’étaient aidé à lui présenter sous le jour
2
—
190 —
|)lus faux el le plus délavorable , ce but a-t-il été atteint?
A beaucoup d’égards nous répondrons sans hésiter que nous
le croyons.
luipossible en effet que la lecture de ce livre n’ait consi
dérablement modifié déjcà , et ne soit destinée à modifier con
sidérablement encore, en Italie, les idées que, sur la foi des
inquisiteurs el des moines , on s’y faisait jusqu’ici de ce
qu’on appelait : l’ hérésie vaudoise.
Impossible que bon nombre des préventions nées de ces
idées et enli elcnues par elles, ne disparaissent avec la cause
elle-même qui leur avait donné naissance.
Impossible que le mépris auquel cette communauté y fut
en bulle pendant des siècles , ne fasse place, dans les âmes
bien nées , à un sentiment d’admiration el de respect pour
des hommes qui ne crurent faire rien de trop, en sacrifiant
à leurs convictions religieuses biens, patrie, repos, cl même
leur propre vie.
Impossible enfin que la contemplation d’une abnégation
aussi complète , ne se démentant jamais , au contraire sc
fortifiant, à travers toutes sortes d’épreuves ; ne pousse
plus d’un esprit sérieux à rechercher la cause d’un pareil
phénomène et à s’informer de plus près de cet Evangile, seule
force capable de produire de pareils résultats.
Sous tous CCS rapports et sous bien d’autres encore, le livre
de M. B . , nous aimons à le répéter, est de nature à rendre
de véritables services, et la preuve que notre jugement est
fondé , c’est l ’accueil des plus favc.'’ables qui lui a été fait
par le public auquel il était spécialement destiné , et le grand
nombre d’exemplaires qui , en peu de mois, malgré le prix
relativement élevé du volume , malgré les préoccupations es
sentiellement politiques des temps où nous vivons ; malgré les
efforts de la presse ultramontaine pour le discréditer, s’en
sont débités , non seulement en Piémont , mais dans le reste
de rilalie , el jusques dans les Etats du Pape.
Pourquoi donc, s’il en est ainsi ces restrictions, que nous
semblons mettre et que nous mettons en effet à nos éloges?
Ce pourquoi nous le dirons sans détour et en deux mots:
’est
le grand vague q u i, d’un bout à l ’autre de ce liv r e ,
Cl
se fait sentir , au point de vue de la doctrine.
En toute circonstance, un pareil vague, dans l ’histoire d’une
eût été un défaut graves mais il paraîtra surtout
3
—
191
—
tel si l’on réfléchit aux circonstances au milieu îles quelles
celte publication a vu le jour. Par ce livre M. B. a été la
première voix vaudoise à laquelle, depuis des siècles peut-être,
il ait été donné non seulement de se faire entendre librem ent,
mais de se faire écouter avec plaisir, par les populations catholiques-romaines qui nous avoisinnent. De quelle importance
n ’était-il donc pas que les accents de cette voix fussent tout
ce qu’ils auraient dù être ; que ces doctrines pour les quelles
nos pères ont laissé leur vie, que cette bonne nouvelle du
salut qui est en Jésus-Christ, et en Jesus-Christ seul fût proclamée
avec celte plénitude de conviction et de cœur, qui en aurait
manifesté refficace à ceux qui ne l’ont pas encore éprouvée!
Une plus belle occasion de donner gloire à l’Evangile ne pouvait
cire offerte à un homme . et nous craignons fort , que M.
B. n ’en ait pas profilé comme il aurait pu le faire.
Nous n ’ignorons pas que ce que nous lui imputons à blâme,
d’autres le lui attribueront à louange. Avec des convictions
plus complètement et plus franchement évangéliques, disentils , M. B. n’aurait certainement pas eu celte quantité de
lecteurs, qu’avec des opinions un peu plus mitigées, il a réussi
à se procurer. Les Italiens ne comprennent rien à de telles
convictions ; ils les auraient prises pour du dogmatisme, d’une
façon seulement un peu différente de celui dont ils sont las,
et ils s’en seraient détournés tout aussitôt. —
11 est fort possible , en effet, que les choses se fussent
passées de cette manière ; mais qui oserait affirmer qu’absolument elles n’auraient pu se passer autrement? S’il y a dans
l’Evangile , exposé dans sa candeur et dans sa simplicité,
quelque chose qui répugne aux esprits légers et superficiels,
il s’y trouve, d ’un autre côté, une saveur et une puissance
qui attire et soumet les âmes sérieuses, qui, se sentant tra
vaillées et chargées, soupirent après la délivrance.
Or quelques unes de ces âmes gagnées à l’Evangile ne va
laient elles pas cent fois, mille ifois mieux que l’approbation
ou même les applaudissements stériles de centaines et de
milliers d’individus, qui vous tournerontle dos,aussitôt que vous
voudrez leur faire prendre au sérieux les vérités qu’ils vous
disent pourtant croire et;accepter.
i i
i
B n’y a d’ailleurs que l’Evangile, mais l’Evangile dans son
intégrité, qui soit capable de guérir les blessures profondes
que tant de circonstances réunies ont faites â n(»tre pauvre
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192
lialic. Or si M. B, a celle conviclion , comme nous aimons
à nous persuader qu’il l ’a , pourquoi, au lieu de présenter
le remède dans toute sa divine simplicité, pour qu’il agisse
avec toute l ’énergie dont il est susceptible, le présenter ,
comme il nous semble qu’il l ’â fait affaibli, délayé dans une
« multitude de raisonnements ».fruits de la sagesse et de l’esprit
de l’homme . bien plus que de la sagesse et de l’Esprit de
Dieu ?
Se mettre un peu ou beaucoup à côté de la vérité, pour
gagner des âmes à la vérité, c’est un vieux système que las
tristes fruits qu’il n’a cessé de produire, auraient dû faire
abandonner depuis longtemps.
'Voilà, nous le répétons, le principal reproche que nous
avons à faire au livre publié par l’honorable pasteur de Turin.
Mais ni ce reproche, ni quelques autres, moins graves il est
v r a i , que nous pourrions lui adresser encore, n’affaibliront
en rien le sentiment de reconnaissance que nous éprouvons
pour l’auteur d’un travail conçu dans une pensée certainement
très-généreuse et trè.s-ulile, et qui, s’il ne porte pas tous les
fruits qu’il était destiné à produire , en portera cependant
d ’assez excellents pour que M. B. ait à se féliciter de l ’avoir
entrepris.
Q V E S V lO a rS liO C A L E S
E tat de l ’Instruetlon publique au sein de
l ’E glise Vaudoise
Dans l ’espèce de statistique que nous publiâmes l’année
dernière (N . H ) , sur l ’instruction (publique au sein de
notre Eglise , nous ne pûmes donner qu’un chiffre appro
xim atif des sommes annuellement affectées à cette œuvre.
Le tableau suivant de ces sommes et de leur provenance,
en mémo temps qu’il comblera cette lacune , aura cet autre
excellent effet de nous:;meltrei sous les yeux, d’une façon par
ticulière, tout ce dont nous sommes redevables, sous ce rapport de
l ’jinstruction, comme sous bien d!auU^s, aux amis et fr^es dans
la foi que le Seigneur nous a suscités en Hollande, en Angleterre
et dans d ’autres contrées encore. l II 'constatera a u ssi, et celle
ciroonslance nous-remplit d’ une véritable joie
que notre
population n’a reculé devant aucun sacrifice pour seconder
5
193
—
—
les nobles et généreux efforts de ses bienfaiteurs. Enfin on
sera frappé, en comparant ce tableau à celui de l’année der
nière , de la progression en plus, assez considérable, qui
s’est opérée dans le total des écoliers. Puissent les espérances
que ces circonstances font concevoir, n ’étre point déçues; et
puisse notre jeunesse , en avançant en connaissance, avancer
pareillement en sagesse et en grâce, à la gloire de Dieu et
pour la plus grande prospérité de notre Eglise et de notre
patrie !
gO
PAROISSES
Honoraires et leur provenance
de la du ComHé
(le
S
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©
-O Commune Wallon ailleurs
S.t Jean
La Tour
Angrogne
yiUar
431
494
427
385
378
203
498
350
358
292
335
70
BoBy
Rora
Praruslin
S.t Germain
Pramol
Pomaret
Ville sèche
Mancille
Massel
Rodoret
Praly
173
103
206
FB.
FR.
F il.
1414
1034
941
868
019
485
1084
C07
545
C37
501
88
286
108
275
306
291
3<;8
320
co o
300
90
3.96
305
220
307
372
338
438
495
317
328
293
355
320
315
93
TOTAL
FB
2040
1925
1.Í09
1924
1011
705
1481
1299
883
1.390
996
405
614
401
723
Etablissements communs à
toute l’Eglise.
Collège et écoles latines
72
Pensionnat do jeunes Tilles
15
Total
4790
pour six professeur s 9000 ri)
poor 10 bourses pour
les élèves
1000 (2)
1
I
390
9492 (4) 1 5479
i.
000 (3)
1 12938
9000
1000
120027909
fl) 4 à 5000 fr. snr ces 9000proviennent dol’Angieterre; 1200environ delà
Hollande, le reste d’autres sources.
(2) D’Angleterre.
(3) Contribution des élèves.
(4) Outre ces d^enses annuelles les VaUées ont contribné pour une somme
de plus de 15000 ir. à l’érection du bàllm nt destiné an {Collège ; e t nous,
croyons être au dessous plutôt qu’au dessus de la vérité en portant à 5D000
francs an moins les sommes affectées soit par les communes, sôll"'J^"
les paîrQcbUcrs, daüs le conrs dös douze*Vm qofiftb' dërdières années , a la
constrùctidù ob à la réparation dés déOlelF parâiasttdqs on de qpnntieéf
te* t
idiéy*
- «>
6
— 1 9i —
QUESTIONS D’HVMAlil'rÉ
Ene visite à ime ¿cole déguenillée k Eondres
Parmi les nombreux monuments de la bienfaisance britan
nique, un des plus remarquables assurément est l'institution
des Ragged Schools, ou écoles déguenillées, établie à Londres sous
le patronage et par les soins du pieux et célèbre Lord AsHey,
Une fois déjà dans cette feuille ( â .“' année N. 2 . ) , nous
avons entretenu nos lecteurs de cette fondation charitable.
Voici quelques nouveaux détails q u i , ajoutés à ceux donnés
précédemment, en feront toujours mieux apprécier l ’excellence.
S’il vous arrive qu’égaré dans une des rues les plus désertes
et les plus fangeuses de cette immense cité , et surpris par la
pluie, vous vous trouviez tout à coup devant la porte d'une maison de
chétive apparence, d’où s’échappent des voix et des chants, et qu’en
franchissant le seuil pour y chercher un abri d’un moment, la
curiosité vous pousse jusqu’au sommet de l’étroit escalier , vous
aurez devant vous toutes les m isères, toutes les douleurs et
toutes les vertus. Vous verrez là , réunis ensemble vagabonds ,
prostituées , orphelins , voleurs , honnêtes jeunes gens , et douces
jeunes filles , ces derniers accourant pleins d’empressement pour
se consacrer, avec un dévouement vraiment sublime , dans un
semblable pandémonium , à l’éducation de tant de déshérités de
la nature et des hommes. Vous êtes entré dans une école dé
guenillée.
La salle est partagée en deux, au moyen d’une cloison abou
tissant à une petite estrade , du haut de la quelle le maître peut
avoir l’œil sur tous ses écoliers. Sur cette estrade sont étendus
une cinquantaine d’enfans dont l’âge paraît au-dessous de six
ans......^Regardez si ces pauvres petites créatures, dont les membres
délicats sont à peine couverts de quelques haillons, ne ressemblent pas
à des fleurs salies de boue. Depuis que ces infortunés se réveillèrent un
matin au pâle soleil de Londres, Dieu seul sait qui les a nourris.
La voie publique, voilà leur berceau et leur demeure : ils ne
savent pas même ce que c’est qu’une m ère, et quand ils ont
faim ils dorment !
.
Vous portez vos regards d’un autre côté : là sont les filles
partagées en six cercles, dont les centres sont occupés par des
institutrices. Le premier cercle est composé de jeunes filles de
ràge de sept à dix ans ; le second de celles de 10 à 12 , et
ainsi de suite. Le dernier cercle, qui est celui des prostituées.
7
— 19b —
fixe de nouveau pour un moment votre attention. Vous aperce
vez sur ces figures de 15 à 20 ans les traces de Vinteiupérance
la plus dégoûtante. Vous comprenez que l’usage immodéré du gin
( liqueur faite avec du genièvre ) a seul pu flétrir ces lèvres ,
éteindre et paralyser ces regards qui se fixent sur vous avec une
expression si singulière. Puis écoutez, pour un instant seulement,
ces voix rauques, ces paroles obscènes , ce rire idiot !......La plus
âgée de ces filles n’a pas 20 ans ! Quelques unes tiennent un
enfant sur leurs genoux. Est-il à elles ? Vous n’osez faire une
pareille demande et vous continuez d’avancer.
Vous êtes dans une autre partie de la salle. Le maître vient
à votre rencontre pour vous .avertir de prendre garde à vos
poches. Vous avez laissé le vice pour le délit. Vous arrêtant
près d’un cercle , vous entendrez le maître qui expliijue les dioses
de la religion à ces intelligences obscurcies par la misère et par
le vice. Les uns rient, d’autres s’amusent , le plus petit nombre
écoute. Cependant à force de patience le maître réussit souvent
à obtenir de ces esprits incultes quelque étrange parole , qui
atteste que ses efforts ne sont pas toujours inutiles. « Un soir »
dit le rapport d’une de ces écoles « nous lisions ce passage de
l’Evangile où une femme se jette aux pieds du Sauveur , le con
jurant de guérir sa fille possédée d’un démon. Quand nous ar
rivâmes à la prière qu’elle adresse à Jésus : Seigneur, viens à
mon aide !..... un enfant qui avait laissé, à différentes reprises ,
tomber sa télé sur l’épaule de son voisin , s’écria : « Maître ,
je dirai cette prière quand je serai de retour à la maison ,
car j’ai véritablement besoin de secours ! Mon père est presque
aveugle, ma mère est morte , je n’ai aucun moyen de me
procurer de la nourriture, et je n’ai plus mangé depuis hier! »...
A l’ouïe de ces paroles, le maître sent son cœur se gonfler,
ses yeux se remplir de larmes ; il demande à l’enfant où il de
meure , e t , après l’école , il l'accompagne jusqu’au souterrain
humide où il trouve son père étendu sur un peu de paille. Il
s’entretient quelques moments avec eu x , s’efforce de les consoler,
et ne s’éloigne pas sans leur laisser quelque aumône. 11 est des
circonstances cependant où le maître ,est dans l’impossibilité de
donner quelque secours à l’écolier malade qu’il va visiter , c’est
lorsqu’il trouve, assise à côté de l’enfant, une femme ivre que celui-ci
appelle sa mère, et à laquelle le généreux visiteur ne peut donner
quoique ce soit, parce qu’elle courrait s’enivrer davantage, j...
........ Les moyens avec lesquels les maîtres réussissent à ramener
régulièrement à l’école ces êtres infortunés , sont la douceur et
la patience. Les généreux instituteurs qui se vouent à cette, œuvre
si humble, y consacrent pour la plupart le temps de leur repos.
Ils se comportent avec une telle douceur de manières , ils répon
dent avec tant de bonté et de patience aux paroles souvent gros
sières de ces malheureux, qu’ils réussissent à s’en faire aimer ten
drement. Une des jeunes maltresses parlait de Dieu et de sa Pro
vidence à de petites filles qui l’entouraient , quand elle fut inter
8
—
196
—
rompue par l’une d’entre elles qui lui dit : « Je ne pense pas à
Dieu , je ne l’aime pas ; je n’aime pas Jésus-Christ, et je ne
vous aime pas vous non plus ». Un cri de désapprobation s’éleva
parmi ses compagnes : toutes crièrent qu’elles aimaient leur maî
tresse , et qu’elles auraient voulu partager leur pain avec elle. —
U Et toi ne veux-tu pas en faire autant ? dit la jeune insthutrice à la petite fille. — « Non ». répondit celle-ci sèchement.
— « Eh ! bien , reprit la maîtresse avec douceur , moi je serai
heureuse de pouvoir partager mon pain avec toi : et si tu ne
m’aimes pas , moi je veux t’aimer , car je fais chaque jour un
long chemin pour venir t’instruire ! » — L’enfant ne put résister
à de telles paroles et s’élança dans les bras de sa maîtresse qu’elle
avait offensée , la couvrant de baisers et de larmes a ..
Le but de ces écoles est de faire briller dans ces intelligences
flétries quelques lueurs , si ce n’est la lumière du beau et du
bon. Ces pauvres créatures ne connaissent d’autre patrie que la
voie publique. Ils ne sentent l’existence que par le moyen du froid
et de la faim. Us se nourrissent des immondices qu’ils trouvent
dans la bouc des chemins , ils n’apprennent que le mal, et dans
leur cœur n’habite ni respect, ni am our, ni foi......Eh 1 bien,
ils entrent à l’école où ils entendent chanter , et cela est déjà
quelque chose pour leur cœur. Ensuite on leur parle avec beaucoup
de bonté ; et c’est peut-être la première fois qu’ils entendent une
voix douce et qu’ils aperçoivent un sourire. C’est peut-être aussi
la première fois qu’ils sentent qu’ils ont un cœ ur, et qu’ils
comprennent qu’on peut aimer ! Et vous croyez qu’ils restent
sourds à la voix qui leur dit : Venez à nous, vous tous que le
monde rejette et nous vous aimerons Oh l oui, ils viennent.
On leur enseigne à lire , et ils comprennent qu’on peut savoir:
voilà pour l’esprit. Quand ils ont été attentifs et appliqués on leur
donne une carte azur. Douze de ces cartes s’échangent contre
une blanche ; et quand le petit écolier à gagné douze de ces
billets blancs, on lui donne un habit : et voilà pour le corps.
Ce sont là, si vous le voulez, de petits résultats ; un léger sou
lagement à de si grandes misères ; mais en somme on finit par
faire sentir à ces infortunés qu’il y a quelqu’un qui pense à eux,
et qu’ils ne sont pas entièrement seuls et oubliés. D’un autre
côté les fruits que nous venons d’indiquer ne sont pas les seuls
que produisent tant d’efforts et de si généreux sacrifices. Souvent
on voit de ces malheureuses prostituées se présenter , le visage
baigné de larmes, à leurs pures et douces institutrices , et leur
demander les moyens de pouvoir revenir à l’honneur et à l’estime
de leurs semblables. Alors on les encourage ; on les fait entrer
ensuite dans un refuge , et au bout de quelques années , il arrive
qu’elles sont admises, à leur tour , dans les écoles déguenillées,
pour rendre à d’autres les précieux bienfaits qu’elles mêmes en ont
reçu.
fit
In
9
— 197 —,
m iS S IO IliS K V A N C é lilQ I J E »
Mæ» réettg cVtt ltM i»»ion*tnire
Nous n’avons encore mentionne qu'en passant la visite faite
à scs parents et à ses amis d’Europe par M. Casalis , Mis
sionnaire français au Sud de l’Afrique, et les réunions exlrêincment intéressantes , ayant pour objet l ’œuvre des missions,
aux quelles cette visite a donné lieu . sur divers points de
la France, de la Belgique, de la Hollande et de la Suisse.
Les fragments ci-après du discours que M.r Casalis prononça
à Lausanne le 1 .er de m a i , en présence d'un auditoire de
plus de 700 personnes, donneront une idée de l ’inlérêt et de
l’édifîcalion qui s’attachent à ces récits du missionnaire. —
Six mois après notre départ de Paris, nous pénétrions dans le
pays des Bassoutos (1) d’où s’échappent les principaux fleuves de
celte partie de l’Afrique. Nous admirâmes beaucoup ce pays â
notre arrivée : c'était une succession de montagnes couvertes de
belles forêts , de coteaux , qui ne demandaient que de la culture,
et de vallées fertiles. Mais' ces coteaux nous les trouvâmes déserts,
ces vallées que notre char traversait lentement étaient jonchées
d’ossements humains. Quand nous demandions où étaient les maîtres
du pays , on nous montrait quelques huttes sur les montagnes;
et quand nous rencontrions quelques habitants épars , ils se jetaient
dans l’herbe pour ne pas être aperçus. Avant que les Korannas (2)
eussent rommeneé leurs déprédations , les Bassoutos avaient eu
à lutter pendant 2S ans contre les tribus de l’Est. Des milliers
étaient morts de faim , et dans leur détresse , ils en étaient venus
à se nourrir de chair humaine. Nous pénétrâmes dans leurs cavernes,
nous en trouvâmes le sol jonché de crânes , d’omoplates, d’os
sements que l’on avait brisés pour en extraire la moelle. S’il y
eut jamais un moment où nous fûmes tentés de regarder en arrière,
ce fut quand nous flmes cette triste découverte. Mais le Seigneur
nous y avait conduits par une voie toute providentielle, et nous
nous dîmes que si ce peuple était affligé d’une manière exceptionnelle,
c’était peut-être pour nous préparer le chemin auprès de lui.
Le chef Mocheh nous reçut d’ailleurs â bras ouverts, et consacra
plusieurs jours à parcourir avec nous les environs, pour y choisir
un lieu où nous pussions nous fixer. Quand nous en eûmes trouvé
un , nous l’appelâmes Morija (3) , parce que l’Eternel y avait
pourvu , et que nous étions bien persuadés qu’il y pourvoirait
encore.
(1) Une des grandes Tribus de la race Caire, la plus puissante*du,Sud de
l’Afrique.
I
'I
(2) Autre Tribu, de même race que la précédente , mais plus féroce.
(31 Genèse S2, |4.
i
r
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10
—
198
—
C’était une portion bien triste que ceBe <de ces trois jeunes gens
perdus dans les déserts, au milieu d’un peuple de langue inconnue,
et ne pouvant converser avec lui qu’au moyen d’un interprète
qui , pendant les malheurs de sa patrie, avait appris dans la co
lonie quelques mots de Hollandais, Les hiènes , les lions et les
léopards rôdaient toutes les nuits autour de nos deiüèures , et quand
par leurs rugissements i, ils avaient fait sauter nos moutons hors
de l’enclos , il nous fallait aller les chercher pendant l’obscurité
au risque de nous faire dévorer nous-mêmes. Là, pendant un an,
nous fûmes privée de pain et de toute nourriture végétale. Mais
qu’étajjtrCC ; auprè? de.la douleur que nous causait l’état de ce peuple?
11 est difiïcile de se représenter jusqu’à qiief point ils s’étaient
éloignés du Vrai Dieu. En vain les pressions-nous d’écouter le
message ' que nous leur apportions ; ils se riaient de notre
sollicitude, et nous demandaient;de quel droit nous qui étions blancs
nous voulions imposer notre foi à ceux qui étaient noirs.....
......Ainsi nous étions à l’œuvre ; mais il fallait que le S. Esprit
soufflât, et nous devions faire , à cet égard , des expériences toutes
semblables à celles des missionnaires du Groënlaod. Ah ! qu’elle
est belle cette parole de S. Paul qui ne voulàit savoir autre dmse
que Jésus-Ghrist et Jésus-Christ crucifié ! C’est cette parole de la croix
qui a produit si souvent de si grands effets. Un jour que nous
nous lamentions de la mort spirituelle qui régnait autour de nous,
l’un de nous cherchant des consolations ipour lui et pour ses
frères, avait dit , en montrant la montagne voisine, que nous
devions encore nous féliciter jd’être venus dans ce pays, ne fût-ce
que pour faire répéter aux échos de cette montagne le beau et
glorieux nom du Seigneur. Quelques» semaines plus ta rd , nous
faisions l’expérience de la puissarice de cette parole de la croix
sur les âmes. Nous étions allés au ¡culte dans le même sentiment
que pendant les sept années qui venaient de s’écouler , et c’était le
jour où le Seigneur voulait manifester sa puissance. On faisait le
récit des souffrances de Jésus. Tout à coup , une émotion sans
exemple saisit l’auditoire. »Un homme sort ; nous le suivons ; il
était à genoux répandant des larmes « Qu’as-tu ? » lui deman
da-t-on.
« A h ! répond-il, ce cri de Jésus: J ’ai sm // et la
pensée qû’iliitl’y eut là personne pour donner un verre d’eau au
Fils de Dieu; voilà ce qui» m’â'p ercé comme d’un dard ». Sa
conscience avait été réveillée i par la vue , en quelque sorte, de ce
que le Sauveur avait dû souffrir pour expier le péché. Pendant
plusieurs jours il repoussa toute consolation , mais il fut relevé
par la grâce. Puis il alla dire à ses concitoyens ce qu’il avait
éprouvé; et-sa! figure rayonnante »leur faisait assez comprendre
le bonheur qu^il trouvait dans la réconciliation avec Dieu.
Ce fut là le signal d’un réveil qui , dès lors , ne s’est pas
arrêté. . Çe n’a pas été par les discours de la sagesse humaine ,
par des dissertations sur les attributs dë Ôieu , ou ' par un cours
régulier d’iUstrUction religieuse , que les» Bassoutes ont appris à
sentir l’influence de l’Evangile, mais par le simple récit dossouffrances
11
—
199
—
(le Jésus en croix:.... Les incidents de cereveil sont très-variés.
Des adultes , des femmes décrépites , des enfants ont compris l’E
vangile et en ont parlé de manière à nous édifier. En voici un
petit nombre d’exemples :
Je fus réveillé un matin , vers les quatre heures , par un homme
qui frappait à ma porte. Pensant que c’était quelqu’un qui venait
cherclier des remèdes pour un malade , je me levai < et je vis
un indigène qui me dit d’une voix émue : « Je viens vous ap
prendre que je suis devenu chrétien ». — w Vous chrétien ? Je
ne vous connais pas ». — 11 est possible que vous ne m’ayez
jamais remarqué parmi vos auditeurs ; mais n’avez-vous pas. dit
que nous nommes morts dans nos fautes et dans nos péchés »? -¡- Oui ».
— « N’avez-vous pas dit que quiconque croit au Fils, a la ¡me
éternelle ? » — « Oui ». — Eli bien , je suis chrétien , car je
crois toutes ces choses ». — II n’en fallut jas davantage pour que je
lui tendisse la main de fraternité. 11 était un exemple de cette
foi simple et vraie qui a pris le Seigneur au mot.
Un jour un petit berger gardait son troupeau dans les cam
pagnes. Un orage terrible éclate ; la foudre gronde et tombe autour
de lui. Saisi de frayeur , il s’écrie : « O Dieu, que les mission
naires sont venus nous apprendre à connaître , sauve-moi et je
m» donne à toi ». Il est préservé ; l’orage passe ; et le lende
main il vient me demander de l’instruire. Ce petit garçon est
maintenant le maitre d’école de Thaba-Bossiou.
Il y a deux ans que nous avons vu quitter cette terre, pour
s’envoler vers les deux , une femme qui , au moment où le Seigneur
l’appela , devait être plus qu’octogénaire. Elle avait passé par
des malheurs inouïs. Au temps des calamités de sa patrie , elle
avait vu tous ses parents périr per le fer des Zoulas (1). On fit
alors prisonnier les femmes et les vieillards, et on les précipita
du haut d'une roche escarpée. Elle ne fut que meurtrie dans sa
chute. Mais elle prévoyait bien qjie les ennemis viendraient pour
l’achever , avec tous ceux qui seraient encore en vie. Elle saisit
donc les entrailles fumantes d’une infortunée qui avait été com
plètement écrasée , et les plac^ sur son propre corps. A cette
vue les Zoulas, la croyant m orte, passèrent outre , et pendant
la nuit elle s’échappa pour aller se cacher dans un village voisin.
Plus tard elle eut une dispute avec une de ses voisines qui lui
assena sur la tête un coup si violent , - que ses facultés intelle
ctuelles en furent affaiblies. Cependant elle a compris l’amour du
Sauveur , et pendant plus de S années elle s’est conduite de la
manière la plus édifiante. Elle ne savait pas lire , mais elle ne
bougeait pas de ma maison , voulant, disait-elle , « ramasser les
miettes qui tombaient de ma table ». Le jour de sa mort je lui
dis : « Mara 1 voici le moment ; vous allez nous quitter ; vous
allez paraître devant ce Dieu qui connaît tous vos péchés secrets.
11 s’agit de savoir s’il n’y a pas encore dans votre cœur, quel,11 ,'i-.
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(1) Tribu Cafre aussi paissante que féroce.
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200
—
qu’idole cachée ». — « A h ! me répondit-elle, s’il y avait une
épine sm blable dans mon cœ ur, n’est-ce pas maintenant que j ’en
sentirais la pointe? Je sais que je suis la plus grande des péche
resses ; mais j ’ai déposé tous mes péchés devant les pieds de Jésus,
et il les a tous balayés »............
Nous avons vu des enfants en bas-âge , mourir pleins de con
fiance et de paix. Un jeune garçon nommé Siméon , qui avait
grandi dans notre école , tomba dangereusement malade. Sentant
sa fin s’approcher, et voulant l’annoncer à son père avec ména
gement , il eut recours à un moyen fort ingénieux : mon père,
dit-il , on nous a appris beaucoup de cantiques à l’école; sais-tu
lequel est le plus beau ? » — « Le père ( le même qui était
venu me dire un matin qu’il était chrétien ) lui répondit : « Ils
sont tous beaux mon enfant ». — « Oui , mais il y en a un
qui est plus beau que tous les autres ». — « Et le quel »? —
(< C’est celui-ci » répondit l’enfant, et il lui récita la strophe
suivante :
Oh ! que sera-ce lorsque je me dépouillerai
De ce manteau de la corruption
Et que je se ra i, comme E lle ,
Dans un c h a r , montant vers les cieux !
Je frapperai des mains '
Et je m'écrierai : Halleluyà î
Halleinya au Vainqueur
Qui me conduit auprès de Jéhovah !
« Tu espères donc être bientôt dans ce char ? » d î t , tout ému,
le père qui avait compris l’intention de son fils. — « Oui
mon père ». — Et le lendemain il s’endormit au Seigneur. Son
dernier mot fut : « aiàh ! aiah ! aiah ! » [gloire]. Voilà les effets
de ect Evangile qu’on nous représente comme usé , comme ayant
fait son temps ! »......
ANECDOTIBS '
I
I.
■
lie Gnlerlen Evangéliste
Dans un pénitencier de l’Allemagne , se trouve, depuis vingt
ans , un meurtrier condamné à la détention perpétuelle. Toute sa
jeunesse a été une suite de méfaits; mais jeté'dans cette prison,
mal dirigée et vraie sentine de corruption ^ ttmt ce qu’il vit et
entendit lui inspira une si profonde horreur du crime , qu’il
rentra en lui-même et rechercha la voie du salut. Dès lors il
ne lassa pas de travailler jour et nuit, jusro’à ce qu’il eut gagné
quelques écus. Il en acheta des Bibles et ''les distribua à ses
13
—
201
—
compagnons de caplivild. Ceux-ci opposèrent la haine, le mépris,
les injures et les persécutions h ses généreux efforts , que l’admi
nistration ne daignait pas même remarquer. Pondant 12 a n s ,
il travailla ainsi sans relâche; enfin, un nouveau directeur, en
voyé par le Gouvernement pour réorganiser les maisons de dé
tention , reconnut le mérite de cet homme, et en fit son bras
droit. 11 n’avait pas honte de dire qu’il se sentait humilié devant
ce criminel. On lui ôta ses chaînes ; le Grand-Duc lui envoya 50
écus qu’il dépensa pour des Bibles. Lorsqu’il put circuler libre
ment dans la prison, il rassembla les plus jeunes détenus pour
les instruire et les exhorter. 11 y a quelques années qu’un frère
établi en Amérique lui offrit de demander sa grâce, et l’invita
à s’établir auprès de lui. Après plusieurs jours de luttes intérieurés , il refusa la liberté, pour se consacrer tout entier â la
belle œuvre qu’il avait entreprise. Un beau jour dans sa vie fut
celui où on l’autorisa à quitter l’uniforme de la prison, pour
s’habiller comme tout le inonde. 11 est libre maintenant d’aller
en ville , mais il n’use de cette liberté que pour agir en faveur
des détenus, et jamais U n’csl si heureux, que lorsqu’au milieu
d’eux , il parle de son Dieu et de son Sauveur.
(Extrait de l’Avenir).
I<e O alérlen phlinntrope
Le fait suivant se lit dans le Siècle du 11 mai :
Parmi les souscripteurs qui nous ont adressé leurs offrandes en
faveur des victimes de la catastrophe d’Angers, il en est un ,
condamné du bagne de Brest, sur le quel un pasteur de l’Eglise
réformée , aumônier ‘de la marine , nous fait connaître les plus
intéressants, les plus touchants détails. En nous envoyant une
somme de 10 fr. que l’infortune J. L. Allaire lui a remis pour
cet objet, notre correspondant prévoit notre étonnement de recevoir
une somme si '•onsidérable, relativement à la position de celui
qui l’offre. — « Mais vous serez encore plus surpris , ajoute-t-il,
lorsque vous saurez que cet homme , qui gémit dans les fers
depuis 15 ans , a économisé sur son faible prêt , sur la vente
de son vin , et souvent même de son pain, plus de 500 fr. ,
qu’il a déposés entre mes mains , par petites sommes, pour des
œuvres de charité. T antôt, c’était pour les incendiés d’Hambourg
ou de Smyme , tantôt pour les inondés de Lyon ou de S.t Etienne;
tantôt pour les blessés de février et d e .ju in ; d’autre fois, en.
faveur de pauvres veuves qu*., par un accident f o r t u i t , avaient
perdu leurs époux; enfin .aucun sinistre n’a r r iv e q u ’il ne,¡s’em
presse d’apportei- quelque, don destiné â soulager les victimes. Et
ne croyez pas^ «(u’aucun"' iuhtif d’intérêt présent ou futur soit
le mobile d’une conduite an^i <.extraordinaire ; Allaire *a refusé
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des grâces qui lui étaient offertes. U fait le bien pour l’amour
du bien. « Cet homme, me disait un jour l’un des commissaires
du bagne , ferait honneur à la société , s’il lui était rendu ».
P iémont ; La garde nationale et le culte catholique. Comme il est
à notre connaissance , qu’à plus d’une repris» déjà , les Vaudois in
scrits sur les rôles de la Garde Nationale se sont trouvés dans l’al
ternative , ou de se mettre en opposition avec ce que certaines gens
voulaient leur persuader être la loi de ce corps, ou de prendre part à des
cérémonies religieuses qui répugnent à leur conscience , nous croyons
devoir meltre sous les yeux de nos coréligionnaires le fragment suivant,
dont nous garantissons l’aulhenlicité , d’une lettre adressée par le
Ministre de l’Intérieur à l’Intendant de la province de Pignerol..........
« con avvertenza, ad ogni buon fine, che i m iliti Faldesi non possono,
in Verun caso, esser costretti ad assistere alle funzioni religiose cattoli
che , e che, eccettuato in esigenze dell’ ordine pìibblico, non deggiono
essere distolti dai loro servizi religiosi » , ce qui revient à dire : que
les miliciens Vaudois ne pourront, en aucun cas, être contraints
d’assister aux fonctions du culte catholique, et que de plus, excepté
dans le cas où le service public le requiert ils ne doivent pas être
détournés de leurs propres services. Après des explications aussi
catégoriques, nous ne pensons pas qu’il y ait plus lieu à hésitation pour
personne j et, pour notre part, nous nous déclarons sincèrenaent reconnais
sant au Ministère, d’avoir dans cette occasion comme déjà en quelques
autres , donné satisfaction aux légitimes exigences de la conscience.
Encore VArchevêque de Turin : M.r Framsoni, archevêque de Turin,
condamné par le Tribunal d’appel à un mois de prison et 500 francs
d’amende , comme coupable de provocation à la révolte contre 1 ordre do
choses établi, vient d’escompter sa peine dans la citadelle. Pendant que
le gouvernement gagne a cette condamnation, d ailleurs parfaitement équi
table, des tracasseries de toute espèce , M.r Franxoni , lui , y gagne d’é
changer sa réputation de joueur de billard distingué , contre celle de
prélat d’une piété signalée , d’homme d’un courage et d une fermeté
rare , de martyr , de saint. Tels sont du moins les titres que la Ca
marilla jésuitique lui prodigue à foison dans ses journaux et ses adresses.
Non contentos de cela , les Dames de Verceil , ou du moins un certain
nombre d’enlr’elles, ont offert au prélat-martyr un reliquaire en argent,
contenant quelques parcelles des cendres de S.l Eusèbe , évêque de celte
ville, dont la vie ( c’est l’e m o n ia qui ajoute celte réflexion ) ne
fut qu’une iSlte constante avec les Ariens ! Celà est-il assez significatif ?
Société de défense contre la tyrannie épiscopale. Un fait qm a son
importance dans le mouvement religieux qui s’opéra actuellement en
Piémont, c’est la fondation , par quelques prêtres, d’une société dont
le but est de venir en aide aux ecclésiastiques de mœurs irréprochabies,
que leurs opinions libérales auraient rendus Pobjet des vexations de leurs
évêques. Cette société fondée il n’y a que peu de temps, a déjà reçu
ùn nombre considérable d’adUêsions et l’on ne doute pas que le nombre
n’aille en s’augmentant de jour en jour.
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Etats-R o iaim ; iè s Miracles de la Madmm de Rimini. Les faits qui suivent
sont textuellement extraits de l’ Osserçatare Homanojournal officiel du gouver>
nement romain ; « Rimini lit mai. — Dans l’Eglise qui appartenait aux
religieuses de S. te Claire et où’officient les RR. PP. Missionnaires, existe,
ai) fond de l’église, un petit autel surmonté d'une image de la Bienheureuse
%ierge dite de la Compassion. Célte figure peinte sur toile représente
la B. y . de bout,...... avec les mains croisées sur la poitrine, avec le
visage et les yeux’ tournes au ciel , dans une altitude plus de prière
que de contemplation. Déjà depuis samedi dernier H courant, une
pieuse dame qui faisait ses prières devant l’image s’aperçut d’un mou
vement sensible dans les yeux -de celte dernière , elle appela les Pères,
qui eux aussi virent la même chose ; cependant ils prièrent cette dame
de n’en rien dire, et eux mêmes en firent autant , afin de ne pas donner
lieu à des tumultes ni de vains propos. Mais si les RR. PP. gardèrent
le silence , il n’en fut pas de même de la B. V. qui continua de se
faire voir le même soir à quelques autres dévotes personnes , puis le
dimanche matin , puis l’après dîner , tellement que le bruit de ce pro
dige s’étant répandu par toute la ville , il se lit un tel concours de
gens pour être témoin de ce spectacle , qu’on était sur le point de
suffoquer. Voyant ccla , les RR. PP. en donnèrent avis au Vicaire Gé
néral , le quel s’étant aussitôt rendu sur le lieu, et ayant pris connaissance
du tableau ainsi que du miracle , porta le premier de ses propres mains,
en présence de la multitude accourue, au grand autel où^ non
seulement continua . mais où s’accrut encore le mouvement de ces pru
nelles merveilleuses. A la vue de ce prodige, vous auriez entendu tout
le peuple, grands et petitsi, crier de toute la force de leurs poumons
Vive Marie ! Jésus miséricorde! Marie miséricorde! et ces cris accom
pagnés et suivis de gémissements , de larmes , de soupirs , tels que', rien
qu’à en parler j ’en ai le cœur serré !.........
....... f'U ffue J’ai aussi observé cC' fut le cbangeineot de couleur du
saint visage qui, de pâle qu’il était, devint sensiblemcùt rouge';' et de
plus les lèvres qui d’une expression semblable à celle d’iin enfant qui
va pleurer passèrent insensiblement à leur état naturel qui est l'indiffé
ren ce...... De toutes les localité des environs accourent des multitudes
pour voir le mouvement d'yeux de la Madonne......... et comme les Mazziniens et les Protestants se rongent les poings de ra g e, à cause de ce
grand concours , ils ne cessent de mettre en discrédit les prêtres, et
soutiennent que ce mouvement est un effet de l’imagination et non un
mouvement véritable........ Les dons qui son faits à la S. V. par les fi
dèles sont innombrables; outre une prodigieuse quantité de cire et de
l’argent pour une somme de plusieurs centaines d éçus........ Tous disent
que Rimini est changé ; on n’y entend plus dé blasphèmes , et les
marchands de poissons ont fait une société pour assaillir à coups de
poing quiconque oserait blasphémer ! ! ! . . . » .
Et voilà les indignes supercheries aux quelles les ministres du sanctuaire
ne craignent pas d’avoir recours, pour ressaisir sur ces populations igno! antes un pouvoir qu’ils sentent leur échapper ! Prêtres de Rome , op
posez-vous seulement de toute votre influence à la dissémination des
Ecrilurcs ; nous comprenons très-bien qu’aussi longtemps que ce sera de
pareilles superstitions que vous voudrez nourrir vos ouailles
vous ne
puissiez faire autrement !
A utriche : Progrès du Protestantisme : Le ff 'anderer journal de Vienne ,
annonce que dansées derniers temps 80 familles catholiques ont passé au pro
testantisme. De son côté , la Gazette dp Breslaw, sous la date de Vienne ,
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du lit m a i, rapporte la nouvelle suivante : « une grande sensation est
causée dans les cercles aristocratiques par la conversion du comte Stadion
au protestantisme. Cet événement est destiné à exercer une grande J n lluence sur le p eu p le, dont les yeux sont fixés sur la noblesse et sur
son exemple. Le comté Stadion est le frère du Ministre', Francis Stadion.
Il était gouverneur de Prague à la période de la révolution de mars. Il
fut remplacé dans ce poste par M. de Thun».
(Bulletin du Monde.Chrétien)
Le Gérant: J, P, MElLLBi
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¡Vous prions encore instamment ceux de nos abonnés qui
n’ ont pas encore payé leur abonnement, de vouloir bien
le faire sans plus de retard.
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Pour la ((milité de la gestion e t ' ^ r d'autres dreonslances
\ particulières au rédacteur^ de cette feuille , l’Echo ne commencerat.sa 3 .me àntiéq/^qu’à dater du,, mois de janvier
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I i^gnerol 18S0 , imprimerie de loseph'fibiaintore.
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