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»- année
Février 1867.
iV.” *,
L'ÉCHO DES VALLÉES
(NOUVELLE SÉRIE)—
Que toutes les choses qui sont véritables...... occupent
Yoa pensées — ( PhiHppiens., IV, 8. )
SOMMAIRE — Rapports des Consistoires aux Eglises. — Evanoclisalion : Une circulaire de la Commission. — Correspimlancc. — Liberté de l'Eglise.
Poésie.-LbM février 1867. — Evénements du mois. — Vallées vaudoisrs.
RAPPORTS
DES CONSISTOIRES AUX ÉGLISES.
Lorsqu’en novembre dernier nous transcrivions ici un fragment du
Rapport que le Consistoire de la Paroisse Evangélique de Turin venait
de présenter à ses ressortissants, nous nous étions promis de revenir
sur cette publication , soit pour en donner un aperçu, soit pour voir
jusqu’à quel point l’exemple pourrait être imité dans nos Eglises des
Vallées. — Ne pouvant tout faire en une fois, nous nous bornerons
pour aujourd’hui à la seconde partie de notre tâche. — Quand cette
vingtaine de pages , où se trouve si clairement exposée la situation
religieuse et économique d’une de nos seize Eglises Vaudoises, n’offriraient que la moitié de l’intérêt que nous avons éprouvé à les parcourir , encore seraient-elles dignes de toute notre attention. _________ Le
fait qu’un Consistoire présente à ses administrés un rapport sur l’état
du troupeau qu’il est appelé à surveiller, et qu’après avoir travaillé
toute une année , il consent , — nous allions presque dire, il condescend , — à rendre un compte détaillé de ses actes , est à lui seul
quelque chose de si extraordinaire au milieu de nous, et nous y sommes
encore si peu habitués , que cela constitue presque un évènement dans
notre vie ecclésiastique.
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Nous ne voudrions pas être injusle : mais serions-nous si éloigné
de la vérité en disant que dans plus d’une Paroisse de notre Eglise,
le Consistoire ne fait à ses administrés ancun rapport, ni oral ni par
écrit, ni bon ni mauvais, ni annuel ni séculaire? Nous n’ignorons
pas que la Table en exige un de chaque Eglise , et que désormais
deux de ces relations, à déterminer par le sort, seront lues textuellement et intégralement en plein Synode mais un exposé de la situation économique et surtout de l’état spirituel du troupeau, fait
pour le troupeau lui-môme et l’assemblée de Paroisse, un rapport
détaillé , fût-il même seulement orol . nous n’avons que trop sujet de
croire que dans telle Eglise de nos Vallées , ce ne serait rien moins
qu’une innovation.
Que serait-ce d’un rapport éerit, d’une relation soigneusement rédigée comme celle que nous avons sous les yeux ? Le dernier Synode
est venu nous révéler que dans mainte Eglise où il se fait un rapport
quelconque à l’assemblée des électeurs , — on voit qu’il s’agit d’Eglises en voie de progrès,— cet exposé a lieu tout bonnement de vive
voix. La simplicité , la familiarité même n’est certainement pas ici hors
de saison, néanmoins, tant que l’essentiel pour un Consistoire sera
de réveiller sa congrégation , en la rendant responsable de ce qui
s’accomplit ou ne s’accomplit pas en son nom ; tant que ce sera, pour
une administration de cette nature , une sainte obligation, nous ne
dirons pas de venir à époque fixe , justifier ses actes, ce qui nous
paraîtrait d’une mince importance [pour les grands intérêts de l’Eglise , — mais de mettre fidèlement sous les yeux du troupeau le miroir où il doit a considérer quelle est sa figure » pour se composer
en conséquence, on nous accordera que la simplicité en celte affaire
est fort voisine du laisser aller, et qu’un rapport de vive voix risque
beaucoup trop de n’être un rapport en aucune façon. — Reconnaissance donc aux Consistoires qui se sont décidés à nous donner enfin
quelque chose à’écrit, qu’ils puissent eux-mêmes conserver et consulter au besoin.
Arrivé ici, justice vaudrait que nous fissions un pas de plus , en
remerciant le Consistoire de Turin de nous avoir fait déjà pour la
deuxième fois la surprise d’un rapport imprimé. — Par cette mesure,
c’est bien réellement à la Paroisse entière qu’il s’adresse , et non pas
seulement à la maigre assemblée d’électeurs qui trop souvent ne bril-
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lent que par leur absence ; — ce n’est pas même à un aiulitoire impatient de s’en aller dîner, mais à tous les membres de l'Eglise, lesquels peuvent ainsi lire tout à leur aise les faits qui sont portis à
leur connaissance et soumis à leur appréciation — H y a plus; en
recourant â l’imprimerie, c’est à nous tous, nous voulons dire à toutes les Eglises Vaudoises que Iq^ Consistoire de Turin fait part de ses
expériences et des sentiments qui l’animent. — Supposons l’exemple
suivi par une dixaine au moins de nos Paroisses , et nous aurions
une somme de renseignements qui ne serait nullement à dédaigner
Nous n’oserions cependant pas exiger autant de chacune de nos
Eglises. Si pénible qu’il soit pour un Consistoire de voir que sur deux
à trois cents électeurs il n’en reste pas vingt après le service pour
entendre la lect\ire de son travail, il n’est que trop à craindre d’un
autre côté qu’un rapport imprimé ne trouvât pas cent lecteurs , lors
même qu'il n’y aurait qu’à prendre et à ouvrir, et qu’il ne s’en i)résentât pas cinquante dès qu’il serait question de le payer. Or à quoi
bon imprimer si l’on n’a pas môme l’espoir d’être lu'? Et où prendre
l’argent, si la vente du rapport n’en couvre pas au moins la dépense?
Acceptons par conséquent les rapports simplement manuscrits , et sachons gré à ceux de nos Consistoires qui du moins ont fait un premier pas dans la voie où nous souhaiterions de les voir tous résolument engagés.
Un premier pas , disons nous , et nous sommes tout disposé à reconnaître que c’est celui qui coûte le plus. — On aurait grand tort
toutefois de s’arrêter à ce point. Ce que nous avons , ne serait rien
encore s’il ne réveillait en nous le besoin d’obtenir davantage. PluS
nos Eglises témoignent de répugnance à s’occuper de leurs intérêts
spirituels , et plus il faut combattre cette funeste disposition. Semblables aux voyageurs que le froid saisit au milieu des neiges de la montagne , certains gens s’irritent dès qu’on entreprend de les arracher
aux mortelles douleurs du sommeil qui les envahit. Il faut les y arracher pourtant; et si les Consistoires y veulent prendre quelque peine ,
ils seront les premiers a se réchauffer à cette lutte, pour peu qu'elle
soit sérieuse et opiniâtre. Qu’ils se laissent aller au contraire à cette
déplorable résignation qui nous a déjà fait tant de mal , et ils'flnirontipar ignorer eux-mêmes ce qu’ils devraient enseigner aux autres.
Le danger n’est déjà plus si loin, s’il faut en Juger par l’idéeique le
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peuple s’est faite d’un Consistoire ; dans la pensée d’un grand nombre, le plus haut degré de vertu auquel puisse atteindre un membre
de ce corps , c’est de savoir garder le secret ; et nous ne serions pas
surpris que plusieurs de nos plus honnêtes paroissiens ne se fissent
un vrai scrupule d'interroger leur diacre ou leur ancien sur quoi que
ce soit qui pût concerner l’Eglise et ses intérêts. Qu’il s’agisse de la
condition purement temporelle du troupeau ; qu’il s’agisse de l’état
intellectuel et moral des membres de l’Eglise et de leurs familles ;
qu’il s'agisse de questions plus vitales encore et touchant au salut
même des âmes qui leur sont confiées, les membres du Consistoire
n’ont pas trop à se cuirasser contre les assauts de leurs petits districts ou quartiers, comme nous disons; — quand ils ont patiemment
écouté les plaintes de quelques pauvres plus ou moins abonnés aux
distributions de la diaconie , ou qu’ils ont prêté leurs bons offices pour
tel ou tel arrangement de famille , ou bien encore soulagé quelques
malades , ils peuvent pour tout le reste raisonnablement compter sur
un repos assuré. — Or, que cette façon de traiter les Consistoires ne
soit pas également pénible pour tout le monde , cela se peut concevoir et ne se voit que trop souvent encore ; mais que nos anciens
et nos diacres y aient jamais trouvé le moindre encouragement, ou
la moindre force pour s’acquitter de leur tâche difficile, c’est ce dont
on nous permettra de douter jusqu’à meilleure information.
En serait-il de même absolument, si les Consistoires prenaient un
soin plus scrupuleux de fournir à leurs Paroisses les plus amples renseignements , soit sur la marche de l’Eglise en général, soit plus particulièrement sur telle lacune à combler , telle erreur à corriger , tel
principe à réaliser ; soit surtout sur les meilleurs moyens de réveiller
les âmes et de les sauver? —Nos gens , dira-t-on , n’aiment pas les
rapports, et quand ils donnent charge à leur ancien de s’occuper de
leurs afi’aires ecclésiastiques , ils entendent que ces affaires ne leur
soient plus renvoyées ; ne sait-on pas la frayeur qui saisit l’assemblée quand elle aperçoit le terrible cahier ? — Hélas ! oui,
nous le savons ; et nous pouvons ajouter que cela est humiliant
pour bien d'autres encore que pour le Consistoire. — Mais cette assemblée n’arriveraifc-on pas â la retenir, au moins en partie , et peutêtre même à l’attirer , si dans un local et à des heures convenables,
l’on ouvrait un examen sérieux , où chacun serait excité à faire des
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questions , n’importe en quelle langue, et sur tous les sujets indiqués
ou omis dans le rapport ? — Nous pouvons nous tromper encore :
mais nous avons la simplicité de penser qu’une ferme résolution de
la part des Consistoires finirait par obtenir de la part des troupeaux
quelque attention , et peut-être même quelque intérêt pour quantité
de choses qui les ont Jusqu’ici laissés dans la plus regrettable indifférence. — Encore une fois, ce que nous souhaitons à nos Consistoires ce n’est ni cette stérile censure , ni cette glaciale approbation
que nous connaissons tous , mais quelque chose qui fût pour l’Eglise
comme la mise en pratique et la réalisation de tant de vérités qui
retentissent en vain du haut de la chaire.
ÉVANGÉLISATION
La Commission d’Evangelisation , dans une Circulaire aux ouvriers
qui travaillent sous sa surveillance , leur adresse quelques directions
que nous croyons utile de traduire ici de l’italien , tant elles nous
semblent propres â donner une juste idée des armes de notre guerre
et de l’esprit qui anime notre Eglise dans l’œuvre qu’elle poursuit en
Italie. — Si nous n’avons pas publié cette circulaire un peu plus tôt,
c’est par la raison que nous n’en avons eu connaissance que tout
récemment. -— Nous saisissons cette occasion pour rappeler que la
Société auxiliaire, dont on peut lire les statuts dans l’Echo des Yalléet
de janvier 1866 , continue à recevoir en faveur de notre évangélisation en Italie , les plus humbles offrandes.
Florence , le 10 novembre 1866.
Monsieur et cher Frère en J. C.
Au moment où les membres de la Commission d’Evangélisation
étaient réunis pour examiner en la présence de Dieu les moyens de
faire face aux nouvelles obligations résultant de la libération des provinces vénitiennes, ils furent atterrés par la nouvelle du malheur in-
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atteudu qui a frappé noire œuvre d’évangélisation à Gênes. — Sous
le coup de la perle que nous avons faite en la personne de notre cher
frère J. Jalla et sa compagne , — tous deux aimés de ceux qui avaient
appris à les connaître , tous deux ouvriers d’une activité infatigable et
merveilleusement doués pour attirer les âmes à l’obéissance de Christ,
— nous avons dû, le cœur angoissé, nous prosterner devant le Seigneur et lui demander ce qu'il nous voulait en retirant à Lui , au
milieu des circonstances critiques où nous sommes , l’un des plus
jeunes, des plus zélés et des plus bénis d’entre nos collaborateurs. La
l'éponse pour nous est aussi claire que solennelle : « Comportez-vous en
vaillants soldats , pleins de confiance en votre souverain chef; un comIjagnou d’armes est tombé sur le champ de bataille : à nous de sevrer
les rangs et de marcher contre l’ennemi avec un redoublement d’abnégation, l’œil fixé sur le capitaine ». A ce prix la victoire est assurée.
— One chacun prie chaque jour pour tous , et tous pour chacun.
Consacrons journalièrement une heure à de communes supplications,
et du trésor inépuisable de notre Père céleste nous recevrons les bénédictions les plus abondantes.
Avec la prière individuelle doit marcher l’activité continue, bien
réglée. — Or l’œuvre la plus indispensable du héraut de l’Evangile .
l’œuvre qui , au sens du ministre sincère de Christ, sera toujours en
première ligne , c’est, sans contredit, la lecture assidue , la constante
méditation de la Parole. Avoir sans cesse présentes à l’esprit la
portion de l’Ecriture et la vérité particulière que l’on veut développer
dans l’assemblée , telle est la méthode la plus sûre pour préparer
au troupeau naissant un aliment substantiel, aux âmes altérées des
eaux fraîchement puisées à la source dans toute sa pureté.
Le ministre de l’Evangile veut-il ensuite rendre vraiment utile et
individuellement applicable cette Parole qu’il a méditée ? Il doit
songer alors à se livrer à un travail d’une autre genre, travail aussi
indispensable qu’il est délicat et pénible , et qui consiste â visiter
régulièrement toutes les personnes qui interviennent aux assemblées
du culte. Nous qui sommes nés et qui avons grandi à l’ombre du
saint Evangile, nous qui désirons le faire pénétrer dans l’âme et dans
la vie de nos concitoyens nourris depuis l’enfance d’un aliment spirituel empoisonné , — nous n’arriverons'jamais à connaître â fond
leur état intellectuel et moral, ni à pouvoir calculer les meilleurs
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moyens d’atteindre notre but , si nous n’entrons pas avec eux dans
des rapports particuliers et assidus ; et cela non point pour nous
poser en confesseurs , mais pour nous présenter en amis , en frères ,
n’ayant d’autre désir que d’apporter la lumière et la paix aux âmes
travaillées. Ne craignons pas d’être plus aggressifs , plus courageux
dans cette sainte guerre que Dieu lui-même nous a poussés à entreprendre, et qu’il approuve certainement.
Nous avons pour arriver au but un autre moyen très efficace , et ce
moyen ce sont nos écoles qui nous l’offrent. Le cœur des enfants se
laisse plus facilement pénétrer parla sémence de la vérité salutaire; elle
y germe en secret , et sous la douce et incessante action de la rosée
de la grâce, elle y jette de profondes racines, à la condition seulement
que les enseignements déposés dans ces âmes enfantines soient strictement conformes à l’Evangile. On ne saurait assez dire combien est
profitable et riche en bénédictions le ministère d’instituteurs évangéliques fidèles et dévoués quand ils prennent soin de ces jeunes
plantes pour en faire des arbres fertiles en bons fruits. — Aussi
faut-il, en vue d’un résultat si désirable, qu’entre l’Evangéliste chargé
de la direction et de la responsabilité du poste et les autres agents
appelés à travailler avec lui, l’accord soit parfait. Moyennant l’harmonie
des volontés , rien de plus facile que de fixer et de coordonner les
matières d’enseignement et d’arrêter la méthode à suivre dans l’éducation , comme aussi rien de plus doux que de surveiller ensemble
les progrès intellectuels et moraux d’élèves auxquels on porte un égal
intérêt. Qu’on ajoute à cela l’obligation non moins sacrée pour les
instituteurs de visiter leurs élèves au sein des familles, et de s’entretenir avec les parents ou autres personnes de tout ce qui concerne
et peut favoriser les vrais intérêts des enfants , et l’on aura par lâ
même fourni à l’évangéliste l’occasion la plus propice d’avancer son
œuvre , sans l’ombre d’importunité.
Enfin nous sommes tenus de vous faire savoir que pour obtempérer
au vœu exprimé par le dernier Synode relativement à l’ordre et â la
régularité à établir dans les actes du culte , la Commission a prié
MM. les professeurs de l’école de théologie de vouloir bien préparer
des modèles liturgiques et les directions convenables pour amener
plus de précision et d’harmonie dans la célébration du culte au sein
de nos congrégations italiennes.j'
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Et maintenant, cher frère , quand vous aurez lu ces lignes , vous
serez peut-être tenté de nous dire: Prier, étudier , méditer , prêcher,
visiter, instruire, consoler, avertir, c’est là précisément ce que nous
faisons chaque jour, sans relâche ; et c’est pour cela même que nous
avons obéi à l’appel que nous a été adressé , pour cela que nous
travaillons dans telle ou telle partie du champ du Seigneur. — Nous
n’en doutons nullement, répondrons-nous à notre tour, nous sommes
persuadés que vous connaissez et que vous accomplissez les très-saints
devoirs du ministre de Christ ( II Corinth. v. 10, 21 ) ; aussi ne les
avons-nous pas rappelés à votre souvenir, dans la pensée que vous les
négligiez, mais parceque nous sentons le besoin de nous les rendre
présents à tous, d’une manière plus vive et dans leur ensemble, afin
de nous exciter mutuellement à redoubler de zèle pour les accomplir
avec une vigueur toute nouvelle en ces moments si solennels , nous
rappelant que si l’union fait la force , il n’est pas d’union plus véritable, et plus efficace que celle qui se réalise au pied du trône des
miséricordes de notre Dieu et Sauveur.
C’est en Lui et en son amour que nous vous prions de recevoir
ces lignes en même temps que nos salutations fraternelles.
Pour les membres de la Commission d'évangélisation
{signéJ Le Président J. P. Rbvel.
CORRESPONDANCE
Un Vaudois de St Jean, qui a lu notre feuille , nous écrit de Lyon,
en date du 20 janvier, une lettre où il nous communique ses opinions
personnelles sur l’état actuel de la paroisse de S*' Jean. Nous sommes
heureux de voir que l’esprit public n’est pas mort au sein de notre
population, puisque la distance n’a diminué en rien chez notre correspondant anonyme l’intérêt sérieux qu’il porte à la prospérité de
son Eglise. Cela est encore trop rare chez nous, mais noüs espérons
que l’exemple de notrè compatriote sera plus d’une fois Mité.
Cependant nous n’avons pas cru devoir , aujourd’hui, répondre au
désir qu’il nous exprime ; d’abord l’espace nous manque , et ensuit©
le moment n’est pas encore arrivé, ce nous semble , où « la voix de
la passion aura fait place à la voix de la raison *, et où l’on pourra
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discuter avec tout le calme nécessaire sur les événements d’un passé
trop rapproché de nous. Notre correspondant, du reste, est pleinement
de notre avis sur ce point; il voudrait même . ce qui n’est guère
possible, «jeter un voile sur ce passé qui nous attriste ». Cela nous
plait ; nous n’avons pas encore mission de nous poser en historiens.
Quant à l’avenir, c’est autre chose : et si nous nous interdisons de
reproduire la lettre qu’on nous adresse , quand elle roule sur les faits
accomplis , nous ne voulons point, du même coup , écarter les considérations d’un autre ordre qu’elle renferme. Nous nous y arrêterons
un instant.
Notre correspondant n’exprime qu’un désir bien naturel quand il veut
que ses frères se tendent la main dans un esprit d’amour, et qu’au
lieu de former deux églises , ils se fondent en une seule, «prêtant
• ainsi l’oreille à la voix du grand apôtre, lorsqu’il dit que la charité
» est douce , patiente , qu’elle supporte tout, espère tout, pardonne
» tout ». Mais en relisant pour notre propre compte le chapitre XIII
de la l" Ep. aux Corinthiens , nous avons été frappés de certain
caractère de la charité sur lequel généralement on insiste trop peu.
Ainsi quand l’apôtre nous dit que la charité se réjouit de la vérité, se
rend-on assez attentif à ce rapport qui unit la vérité à la charité ,
rapport si intime qu’une atteinte portée à la première est une blessure
faite à la seconde? Nous nous sommes posé cette question en méditant le projet que nous soumet notre estimable correspondant.
Partant du fait que le désir d’une réconciliation est partagé à St Jean
par le plus grand nombre , il voudrait en premier lieu que ce fait
fût officiellement constaté par des signatures , et que l’on demandât
ensuite à la Table « de faire procéder à de nouvelles élections dans
» la paroisse de S‘ Jean, à la seule fin de lui rendre un pasteur élu
» par ses paroissiens •. — Hélas ! que d’élections ! et quand enfin la
paroisse de S‘ Jean cesserait-elle d’élire ! Que ferait-on alors de M’’ C.
et de M’’ G. ? Notre correspondant semble croire que ce dernier n’est
à S‘ Jean que sur un ordre de la Table , et que par conséquent un
autre ordre du même genre peut bien l’eu faire sortir; ceci, avouons-le,
nous parait une atteinte à la vérité et par conséquent une blessure
à la charité. M' G. a été choisi et élu par ses paroissiens ; M” C. l’a été
pareillement. Notre correspondant devrait, ce nous semble, être doublement satisfait. Qu’il veuille bien y réfléchir , lui et tous ceux qui
pourraient se trouver de son avis : est-ce user de charité envers les
membres de l’une et de l’autre Eglise , que de les supposer capables de
mettre brusquement au rebut les conducteurs qu’ils ont librement
choisis et dûment élus ? Non ; la charité ne suppose point le mal. Est-ce
user de charité que de vouloir trancher les questions par des moyens
peu pratiques et en tous cas fort extraordinaires ? Non ; la charité
est patiente ; elle sait attendre, elle délie doucement et lentement les
nœuds que l’impatience humaine veut couper d'un seul coup.
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Voilà en peu de mots les réflexions que nous a suggérées la lettre
que nous venons de recevoir. Certes , nous ne pouvons refuser à notre
correspondant le témoignage qu’il est animé des meilleures intentions
et nous avons tâché de leur rendre pleine justice. Mais nous avons
cru voir qu’un amour un peu excessif de la paix lui a voilé un
instant les traits de la vérité et de la charité ; et nous n’avons pu
nous dispenser de le dire.
LA LIBERTÉ DE L'ÉGLISE
Quoique la convention financière Scialoia-Langrand n’ait vécu que
ce que vivent les roses , « l’espace d’un matin » elle n’en conserve
pas moins une grande valeur au point de vue question religieuse.
C’est pourquoi l’envisageant comme document acquis à l’histoire,
nous tenons à mettre sous les yeux des lecteurs les dispositions
essentielles qui s’y trouvent à l’égard de la liberté de l'Eglise. Leur
ensemble constitue le Titre premier
Parlement le 17 janvier 1867.
du projet de loi présenté au
TITRE PREMIER.
Des libertés de VEglise catholique
Art 1. L’Eglise catholique, dans le royaume, est libre de toute
immixtion spéciale de l’état dans l’exercice du culte et dans tout ce
qui concerne l’administration interne de la société religieuse, ainsi
que les relations des autorités et des ordres qui lui sont propres.
Art. 2. La nomination ou la présentation des évêques, le serment
prescrit à eux et à d’autres titulaires ecclésiastiques , le placet et
Texequatur royaux , ainsi que les autres dispositions et formalités restrictives de même nature, dérivant do privilèges , coutumes ou concordats, sont et demeurent abolis. — Sont également abolis les
privilèges , exemptions , immunités , et prérogatives quelconques qui
appartiendraient actuellement à l’Eglise catholique dans le royaume.
Art. 3 Les constitutions et les canons de l’Eglise catholique cessent
d’avoir autorité légale dans l’état, et sont considérés comme un réglement ou statut particulier de celte église. — Quant aux effets
civils qui en dérivent dans les relations réciproques entre les membres,
ou entre chacun d’eux et la société religieuse dans le royaume , ils
peuvent être invoqués par ceux, qui font partie de cette société
devant les autorités et les tribunaux civils, en tant qu’ils ne sont
pas contraires au droit politique et aux lois^ de l’état.
Art. 4. L’église catholique pourvoit à son entretien par le libre
concours de ses membres et par les biens qui lui appartiennent ou
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quelle pourra légitimement acquérir sous les dispositions et dans
les formes prescrites par les lois de l’état. — Toutes les prestations à la
charge de l’état, des provinces, des communes et des particuliers
imposées par le droit canon et civil et par les concordats , cessent il
partir de ce jour à l’exception de celles provenant d’un titre onéreux
et conventionnel.
Art. 5. Les biens qui appartiennent à des instituts ecclésiastiques
ou qui peuvent légitimement être acquis par eux , continueront à
appartenir à l'Eglise, lors même que les corps ecclésiastiques susdits
existant aujourd’hui auraient été transformés ou supprimés. — La
destination des biens de ces corps , après leur disparition , sera faite
par l'Eglise d’après les prescriptions de ses statuts, en faveur d’autres
corps ecclésiastiques du royaume.
Art. 6. L’Eglise catholique ne possédera pas de Liens immeubles
ou de main-morte , sauf les exceptions dont il s’agit à l’art. 9 de cette
loi (1). — Les biens qui composent actuellement le patrimoine eccléeiastique seront convertis et liquidés selon les règles du titre suivant (titre II).
A part le second alinéa du § 3 , sur lequel il y aurait bien des
réserves à faire ( et peut-être y reviendrons-nous , à moins que le
projet ne soit à tout jamais éliminé ), quoi de plus franchement libéral
que ces VI premiers articles ? Comme on y reconnaît bien les vues
élevées que M’^ le baron Ricasoli a éloquemment exposées dans sa
lettre aux évêques ( voir notre 1'' numéro ) ! Et combien ne serait-il
pas à désirer que ces principes fussent au plus tôt acceptés et largement pratiqués ! D’un côté l’état s’interdit de réglementer l’Eglise ,
et la considérant, avec raison, comme une société anonyme, la place
sous la sauvegarde du droit commun ; de l’autre côté l’Eglise cesse
de réclamer des privilèges , des immunités , des prérogatives ; ses
réglements n’ont de valeur que pour elle ; elle est tenue de pourvoir
elle-même à son entretien ; enfin elle ne peut acquérir que conformément aux lois de l’état, d’après des contrats réguliers , passés en
bonne et due forme. Ce serait pour la liberté de tous un véritable
triomphe. Malheureusement la question religieuse, quoique traitée de
main de maître , est étoufl'ée par la question financière. A ne considérer que le curieux énoncé du titre II : « Du patrimoine ecclésiastique â partager entre l’état et l’église catholique » on se sent déjà
transporté sur un terrain peu sûr. Le partage, puisque partage il y
a, est singulièrement inégal; les biens du clergé ne doivent pas
s’élever a moins de deux milliards , et l’état se contenterait de 540
millions !
( I ) Ces exceptions comprennent : 1) les édifices à l'usage du culte , avec le
mobilier; 2) les édifices habités par les évêques à la ville et ii la campagne, les
séminaires les habitations des curés ; 3 ) les potagers , jardins et cours annexés
aux dits bâtiments.
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Au reste, les deux titres du projet semblent vraiment provenir de
deux mains differentes. L’un nous parle d’un partage du patrimoine
ecclésiastique, où la part du lion revient évidemment au clergé ; l’autre,
nous l’avons vu ( art. 6 ) , déclare que l’église catholique, sauf les
exceptions raisonnables que nous avons rappelées en note, ne possédera pas de biens immeubles ou de main-morte.
Autre contradiction. Le chap . III du second titre suppose que le
projet pourra ne pas être agréé par les évêques ; auquel cas , dit
l’art. 22 , le gouvernement procédera â la liquidation du patrimoine
ecclésiastique , en attribuant aux évêques 50 millions de rente inaliénable 5 p. 100. Ce qui revient à dire que l’église sera entretenue
par l’état ; et que comme l’état garantit à la couronne sa liste civile,
il garantira de même au clergé une liste ecclésiastique. Etrange
inconséquence ; car l’art. 4 du titre 1” porte que l’église catholique
pourvoira-elle même à son entretien, et cela, en première ligne, par
le libre concours de ses membres.
En un mot, tandis que le litre du projet, — â la réserve de la
seconde moitié de l'art. 3 , — respire vraiment un esprit libéral, le
titre 2'^ nous semble difficile à concilier avec les promesse du premier.
Aurait-on pensé par aventure , qu’il faut au bonheur du régime et
que nous ne sommes point encore mûrs pour une liberté pleine et
entière ? — S’il en était ainsi, nous espérons qu’on se ravisera , en
se souvenant de la belle parole du baron Ricasoli : « que la liberté est
bonne à pratiquer » , et qu’elle ne devient réellement dangereuse
que lorsqu’on s’obstine à la maintenir à l’état de vaine théorie.
POÉSIE.
Le XVII Février 1869.
Nous empruntons la pièce de vers que l’on va lire à un petit
opuscule de 22 pages, distribué aux enfants des écoles (à la Tour et
à S‘ Jean 1 . dans la journée du 17 février. Elle couronne dignement
une esquisse historique, où l’exil et la glorieuse rentrée sont retracés
à grands traits. Nous eussions aussi volontiers fait usage de ce récit
attachant et substantiel, si nous n’avions cru beaucoup plus convenable de laisser à nos lecteurs le soin de s’en procurer un exemplaire
et le plaisir de le lire en son entier.
Enfants VaudoisI partout dans nos Vallées
Monte en ce jour un chant vers l'Eternelt
Chantons aussi ce grand Dieu des armées
Qui nous protège et nous bénit du ciel ;
Chantons , amis , chantons d’un cœur joyeux ;
Si l’Eternel dans des jours moins prospères ,
A soutenu, de son bras, nos vieux pères.
Il saura bien nous soutenir comme eux !
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Pauvres des biens que le inonde nous donne
Ils possédaient le précieux trésor ;
La foi , l'amour, c’était là leur couronne ,
Bénissons Dieu qui nous la laisse encor !
Chantons , amis , etc,
Mais plus heureux nous avons en partage
Des biens , qu'hélas ils ne connaissaient pas
Pour en jouir ils affrontaient l’orage ,
Bravaient l’exil , les douloureux trépas.
Chantons , amis , etc.
Et nous^ leurs fils , dans la même patrie ,
Dans les vallons témoins de leurs douleurs
Nous te gardons ^ ô liberté chérie ,
Règne chez nous , demeure dans nos cœurs.
Chantons, amis , etc.
Th. M.
EVEKEIIËNTS DU HOIS.
Italie. Le projet de loi concernant la liberté de l’èaiise et la liquidation du patrimoine ecclésiastique, Tunanimité avec laquelle il a
été repoussé par les neuf bureaux de la Chambre et par la Commission ,
l’interdiction du meeting qui s’annoncait ])Our le 10 février à Venise
contre le projet, l’ordre du jour Mancini , ut enfin le décret royal du
13 février qui déclarait la Chambre dissoute, en fixant au 10 du mois
de mars les nouvelles élections , — telle est la série d’événements
qui a principalement préoccupé l’Italie pendant le mois de février.
— Aux électeurs maintenant de se prononcer sur la grande question :
aux candidats de s’expliquer franchement sur ce point, en nous
déclarant si c’est la liberté qu’ils veulent pour notre patrie , ou si
c’est seulement •Végalüé des cultes • qu’ils désirent, â l’exemple des
77 signataires du manifeste publié par l’opposition en date du 14 février
France a été occupée pendant tout le mois à calculer ce que
pourra lui apporter de libertés nouvelles , d’abord la lettre impériale
du 19 janvier, puis le discours de la Couronne à l’ouverture du
Parlement. La presse et l’imprimerie , le droit de réunion , tout doit
gagner aux réformes promises. Déjà la vieille tribune est rétablie au
Corps législatif, et le droit d’interpellation a remplacé la discussion
de l’adresse. • Notre tâche, dit l’Empereur, est maintenant de former
les mœurs publiques à la pratique d’institutions plus libérales » —
On ne saurait se proposer un plus noble but.
Angleterre. Au commencement du mois la reine d’Angleterre a
ouvert en personne la nouvelle législature. Tout annonce une session
importante, vu qu’elle devra s’occuper de l’extension du droit électoral
dans le Royaume-uni. De leur côté les réformistes viennent de nous
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donner une fois encore le spectacle d’une de ces démonstrations
importantes , où l’on ne sait ce qu'il faut admirer le plus , de l’invincible ténacité du peuple anglais , ou de l’ordre parfait avec lequel
se meuvent des processions de 20 à 40 mille personnes.
I.a Prusse après avoir définitivement pris possession ( le 12
janvier) de ces duchés de Schleswig et de l’Holstein qui ont été la
cause ou l’occasion de deux guerres vient d’entrer pour tout de bon
dans sa nouvelle phase d’existence. Les bases du pacte fédéral ont
ete signés à Berlin par les vingt états dont se compose la naissante
Confédération , et déjà le Parlement du Nord siège depuis le 24 février.
â.» Hoiisrie vient enfin d’obtenir de r.4utriche ce que depuis
vingt années elle avait en vain demandé, un ministère à elle exclusivement, et par là une position incomparablement plus indépendante.
— Onand on réfléchit que des 33 millions d’âmes que compte actuellement l’empire, la Hongrie à elle seule eu possède le quart, si ce
n'est même le tiers, on comprend l’influence que pourra exercer sur
l’avenir de l’Autriche l’évènement que nous enregistrons aujourd’hui.
De la lïussle et de la 'l'iirquie nous ne dirons rien, si ce n’est
que la première continue à suivre avec le plus vif intérêt le mouvements de la seconde dans sa lutte qu’elle soutient contre plus d’une
sienne province , et notamment contre l’île de Candie, où l’insurrection dix fois étouiTée depuis l’été dernier, recommence tous les jours.
En Espagne tout dort pour le moment, à l’exception de la police
et des tribunaux qui rivalisent de zèle pour découvrir et condamner
aux galères ou à la mort les propagateurs de certaines feuilles clandestines peu agréables à un gouvernement aussi Narvaez. *
VALLÉES VAÜDOISES.
Mort ilii lloeteur Eissour. — Le mois de février était à peine
commencé qu’on nous apportait de Pignerol la pénible nouvelle de
la mort du docteur B. Fissour. Après de longues et vives souffrances
supportées avec une touchante résignation , il expira doucement la
nuit du 1' au 2^ février, entre les bras de son épouse et de sa sœur.
Madame Caroline Vertu , qui elle aussi ne l’avait plus quitté depuis
des semaines. — Les honneurs militaires lui ayant été rendus l â
Pignerol même, où, depuis une dixaine d’années, il exerçait sa profession en qualité de médecin de régiment, c’est à la Tour qu’il fut
enseveli, conformément au désir qu’il en avait lui-même nexprimé
quelques jours auparavant. — Une double oraison funèbre faite eh
langue italienne à Pignerol par Mr le proP Appia , et à la Tôu4? par
Mr le Pasteur B. Malan, fut dans l’un et l’autre endroit ééouWe
avec la plus respectueuse attention. C’est qu’indépendamment des
paroles sérieuses et senties qui furent prononcées à l’occasion 'de
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cet ensevelissement, le ly Fissour était aimé autant qu’estimé de
tous ceux qui l’avaient un peu connu. — Le tendre frère et époux ,
le parent, l’ami, Tardent italien , qui de 1848 à 1859 avait fait toutes
nos campagnes , y compris celle de Crimée , le médecin surtout, le
compatissant et habile médecin , que tant de personnes là présentes
avaient vu plein d’une anxieuse sympathie à leur chevet ; tout eu lui
était hautement apprécié. Aussi l’assistance accourue le dimanche 3
février pour rendre au D” Fissour les derniers devoirs fut-elle des
plus nombreuses que nous ayons jamais vues, et nous ne craignons
pas de dire que le regret a été universel (1).
l.e 19 février. Comme les années précédentes , l’anniversaire de
l’émancipation des Vaudois a été célébré à la Tour et à Jean par
la population des écoles, qui a décidément jeté son dévolu sur ci tte
journée comme lui appartenant en propre. — La saison, sans doute,
pourrait être mieux choisie pour une fête d’enfants. Celte fois , par
exemple , le temps était on ne peut plus mauvais ; il avait plu tonte
la semaine , il pleuvait encore le dimanche, et Ton peut penser si les
chemins de La Tour étaient détrempés. Tout cela n’eût pas manqué
de retenir à la maison bon nombre de grandes personnes; mais h s
enfants... l’idée ne leur serait même pas venue de s’effrayer pour si
peu. Comme ils s’etaient trouvés le matin à leur école du dimanche .
ils furent fidèles au rendez-vous de Taprès-midi. et tout gênés qu’ils
étaient dans leurs mouvements par cette longue file de parapluies
qui les cachaient en partie, ils ne laissèrent point de mettre en évidence leurs drapeaux et même la cocarde tricolore qui ornait leur
chapeau ou leur poitrine. — Arrivés à l'église ( nous parlons des
enfants de La Tour, les seuls que nous ayons vus) nous croyons bien
qu’ils s’en remirent généreusement aux grandes personnes d’ecouter
pour eux la double allocution qui leur fut adressée en italien par le
Pasteur et par Mf Bert. — Pour eux, sans jamais oublier leurs drapeaux qui flottaient au dessus de leurs tètes , ils portaient avec un
plaisir particulier leurs regards sur ces piles de jolis petits livres
roses qu’on avait rangés sur la table, et dont la destination leur était
parfaitement connue. N’allez pas croire toutefois que ces enfants ne
soient là que pour attendre ; leurs chants vous diraient bientôt le
contraire. Entendez ces fraîches voix ; comme elles s’échappent à
plein gosier ! — C’est ici que l’italien prend sa revanche ! — La question n’est pas précisément de savoir s’ils comprenaient ou non ; ils
n’auraient eu quant à eux, aucun scrupule de chanter de tout leur
cœur ce que nous entendîmes un jour nous-même de la bouche
de quelques uns; • Alla scuola ¿impara a fuggir l'ozio e.... la virtù »
— L’essentiel est que les notes résonnent bien et surtout rondement.
CI ) .Vous apprenons que le D.r Fissour a légué au collège Vaudois une précieuse
collection ornithologique, avec la vitrine qui doit la contenir. C’est un cadeau
inappréciable , quand on songe que notre petit musée en est à ses premie.-s commencements'
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— Et il faut leur rendre cette justice , 'jïre' jamais ces quatre cent
cinquante enfants n’ont chanté ayec pliife d’ensemble et de vigueur
que cette année. — Si le mérite ne leur en r,evient pas à eux exclusivement, leurs maîtres et leurs maîtresses sauront sans doute à qui
passer le reste. —Commentées chers enfants se comportèrent ensuite
dans la grande école où les attendaient et la distribution des petits
livres et le beau morceau de pain blanc avec pommes et fromage ,
nous ne le saurions dire , n’ayant pu nous accorder le plaisir de les
accompagner jusque là; mais peut-être n’aura-t-on pas trop de peine
à se le représenter.
IJne soirée de l’Union Chrétienne. C’est encore au 17 février
que se rattache l’agréable soirée qui eut lieu le lendemain dans l’école de Sainte Marguerite, sous la surveillance et direction de la Société de l’Union de La Tour. — En voilà des gens qui savent s’amuser
et amuser les autres ! — Nous ne parlons pas , cela va bien sans dire,
de la première partie de la séance, qui fut exclusivement religieuse;'
là un travail intéressant fu lu par M.'' Frache , ancien de l’Eglise , sur
la divine institution du jour du repos ; mais il n’y avait là, comme on
peut le penser, rien que de parfaitement grave. — La seconde partie,
d’un caractère plutôt patriotique , s’ouvrit par un travail sérieux encore , et dans lequel un étudiant du Collège s’attacha particulièrement
à montrer à ses auditeurs combien il est à regretter pour nos ’Vallées
qu’on y lise si peu et quelquefois même si mal. — Mais à partir de ce
moment la séance changea de physionomie et tout commença de s’égayer. — àussi bien les promoteurs de la fête n’avaient-ils rien négligé pour tenir leur monde eu liesse. — Sans parler des chants tous
soigneusement préparts , et dont quelques un? nous parurent très originaux , les récitations à elles seules auraient suiR à rendre l’ennui
impossible. Ajoutez à l’intérêt de la forme et du fond celui qu’offrait
la variété : après un jeune garçon , c’était un jeune homme ou même
un homme fait qui montait à la tribune; f;H}l.alien succédait le français , au français le piémontais. — Bref 1 si’ quelqu’un était venu là
pour s’amuser, on peut garantir qu’il s’en^st retourné satisfait. —
Encore ne parlons-nous pas de la joyeuse et frugale collation qui
couronna le tout, ni des applaudissements avec lesquels furent accueillis les divers toasts au Roi , à l’Italie , à l’Union elle-même. —
Ce que nous ne voulons pas oublier, c’est la collecte de quinze ou
seize francs que sur la proposition de M.*" le Pasteur B. Malan , l’Assemblée fut heureuse de faire en faveur d’un pauvre anonyme, et
qui vint dignement terminer la soirée.
AVIS.
Société anxiliare d'Evangélisation en Italie. Les dons seront reçus à La Tour par
MM. les Prof.rs Et. Malan , - Revel, - Monastier, - Charbonnier - et B. Tron : et
dans le reste des Vallées par ceux de MM les Pasteurs et les Régents qui seraient disposés à les transmettre aux Professeurs ici nommés.
Pignerol, J. Chiantobe Impr.
H. Jahier Gérant.
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