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Année Sixième.
2 Avril 1880
N. U
LE- TÉMOIN
ËCHO DES VALLEES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Fowa me serez témoins. Actes 1, 8. Suivant la véTixé avec la chariié. Bp. 1, 15.
PRIX D’ABBONNEMENTPAR AN ïtûtie • ‘ - L. 3 Tous Ïé8 pays de TUnion de poste . . . i 6 Amérique . , > 9 On s'flbiinne : Pour Vîntérieur ohe2 MM. les pasteurs et les Ubraires de Torre Pellice. Pour au Bureau à’Ad- ministration. ] Uû ou plusieurs numéros eépa- 1 réSf demandes avant Je ii- 1 rag-e 10 cent, chacun. 1 Annonces : ceatîmes par ligne. 1 Les envois d'argent se font par lettre recommandée ou par mandate Æur le Bureau de Pe- 1 rosa Argentina.
Pour tu RÉDACTION adresser aiisBi : A la Direction du Témoin » PomareUo (Pinerolo) Italie. Pour PADMINISTRATION adresser ainsi : A l'AdmiristTaTion du Tewoija, Poniaretto iPineToio) Italie.
^ O xïi m. a 1 e.
Le Synode Vaudois de 1848. — Corrospondance. — Courrier de d’évaugélisatioD. — Conférences du Val Pélis. —
Noumlks religieuses et faits divers.
LE SYNODE Y4UDOI8 DE 1848
C’est iDcoatestablemenl l’un des
plus importants de ce siècle, non
pas tant eu égard aux délibérations qui y furent prises, ni même
par le fait que c’est le premier
synodepibre que nous,ayons connu,
qu’en raison des circonstances qui
l’ont amené et du travail trèsconsidérable qui l’a précédé. Ce
fut en effet une assemblée synodate extraordinaire , imposée à
l’administration par le vœu de
l’Eglise, légalement manifesté. Le
Synode ordinaire ne se serait tenu
qu’un an plus tard. C’est à l’exposé des motifs de cette convocation extraordinaire que nous
consacrerons ce premier article
et qui sait? peut-être un second;
nos lecteurs, vaüdois surtout, ne
trouveront pas hors dé place les
détails dans lesquels nous devrons
entrer. A ceux d’entr’eux qui
pourraient craindre que (Jans le
récit de luttes auxquelles nous
avons pris une petitg- pag|lf il ne
nous soit difficile d’Ôtre parfaitement impartial, nous pouvons, dire
pour les rassurer, que nous l’avons
été alors, c’est-à-dire, il y a 33
ou 34 ans, lorsque nous étions
plus jeune d’autant, et que depuis
nous n’avons fait que croître en
bienveillance envers des hommes,
tous morts maintenant, dont nous
n’ayons jamais combattu que les
erreurs de jugement ou d’appréciation.
Nous avons dit, en parlant du
Synode de 1844 (N. .12), que le'
membre dirigeant de la précédente
Table n’avait pas vu de bon œil
l’entrée dans la nouvelle administration de Mess. Rével et Lantaret, prévoyant bién qu’il ne les
trouverait pas aussi complaisants
que l’avaient été les membres sortants. Il ne s’était pas trompé ;
car si sur un grand nombre de
questions, même sur le plus grand
nombre, il y avait un accord très
2
..„106.~
satisfaisant entre tous ies membres de la Table, il y eu eut quelques unes qui donnèrent lieu à de
très-vifs et de très longs débats et
dans lesquelles une minorité de
deux membres se trouva en présence d’une majorité de trois. C’est
la plus grave de ces questions qui
après avoir, pendant près de deux
années, remué et passionné pasteurs et ministres, consistoires et
population vaudoise des Vallées ,
aboutit à la tenue de ce synode
extraordinaire.
Deux candidats au St. Ministère avaient remis à la Table leurs
certificats d’études, et demandé
de recevoir l’imposition des mains
aux termes de la discipline adoptée
en 1839. L’un venait de l’Oratoire
de Gi^ève, ayant obtenu un certificat d’études , ou diplôme de
licencié en théologie, avec la désignation : cum laude peractis, ce
qui , dans l'appréciation des examens, était le caractère le plus
élevé. L’autre candidat venait de
l’Académie de Lausanne où il avait
fait ses études préparatoires et
passé huit années en théologie. Le
règlement de l'Académie récemment réorganisée , prescrivait que
tous les examens à subir sur les
branches enseignées, soit dans la fa• cuité des Lettres et Sciences, soit
dans celle 'de théologie, pussent
être répartis sur un espace de
sept années, puis par une disposition transitoire, que p6ur les
étudiants déjà en théologie au
moment de l’entrée en vigueur
de la loi, il leur serait tenu compte
des examens déjà subis; le candidat dont il s’agit avait donc eu
les sept années pour les seules
études théologiques. Elles n’avaient
pas suffi et à deux reprises, il avait
dû demander à la Table l’autorisation de continuer ses études
afin de refaire un examen deux
fois manqué.
Le certificat transnais par lui
à la Table n’était donc pas celui
ue l'Académie délivrait aux étudiants ayant régulièrement achevé
leurs études et ce candidat ne
remplissait pas les conditions pour
recevoir l’imposition des mains là
où il avait étudié. Pouvait-on la
lui conférer aux vallées et pour
le service de l’Eglise vaudoise ?
C’est sur cette question qu’un
long et très important débat s’engagea, au sein de la Table d’abord,
puis entre la majorité de celle-ci
et le corps des pasteurs. La discipline de l’Eglise vaudoise ne
fixant aucun terme à la durée des
études, et la Table elle-même ayant
à deux reprises accordé aù Candidat l’autorisation de continuer
encore sa préparation pour subir
l’examen non admis, à la condition toutefois qu’il en eût j’agrément de l’Académie, c’étaient là
les deux arguments principaux,
allégués en faveur de la capacité
du candidat à subir devant le
corps des pasteurs l’examen de
foi et de convictions religieuses.
A quoi l’on ajoutait que puisqu’il
avait subi tous les examens prescrits par la loi académique, il possédait les connaissances requises.
Le fait de la prorogation, consentie par la Table entière qui n’avait pas sous les yeux le règlement
de l’Académie, et son autorisation
signifiait simplement, que si par
quelque disposition exceptionnelle
et moyennant certaines conditions
comme par exemple, le consente-
3
ment des autorités dont ils relevaient , les etudiants étrangers
pouvaient subir encore des examens après le terme de 7 années,
la Table donnait.ee consentement.
Elle ne l’aurait certainement pas
donné, c’est-à-dire que la minorité n’aurait pas signé l’autorisation dont il s’agit, si elle avait
eu connaissance du règlement de
l’Académie de Lausanne.
Au reste c’est beaucoup moins
sur le sens et la portée de l'art.
7 de ce règlement, que sur le
sens et la portée du § 91 de la
discipline que la lutte s’engagea
et se poursuivit des deux parts
avec une ardeur croissante. Voici
les termes dans lesquels ce § est
conçu : Les candidats qui demandent à recevoir la consécration ,
doivent présenter à cet effet à la
Table les certificats des Académies,
Universités, ou Ecoles, où ils ont
étudié, qui constatent leurs bonnes
moeurs et qu’ils ont les connaissances requises par ces Ecoles,
Académies et Universités pour y
recevoir l’imposition des mains.
(A suivre).
( Suite de la Correspondance contojiue au N. 13),
Noire arrivée dans le voisinage immédiat de Mérindol lui marquée par
une héureüsé rencontie: celle du Pasleur, qu’un campagnard avec lequel
nous faisions roule nous désigna à
quelque pas , eniouré de sa famille.
Nous allâmes droit à lui , lui dîmes
qui nous étions, pourquoi nous venions , et accueillis avec une exquise
bienveillance, nous noos acheminâmes
avec lui et les siens vers le village
dont il voulut bien nous faire les honneurs , nous donnant sur les lieux cl
sur les habilanis les explications et
les renseignements que nous avions à
cœur de recueillir.
Ces informations, pour ce qui a
trait à la population cl plus spécialement à ta vie religieuse, ne furent pas
(j’ai le regret de le dire) co que nous
aurions aimé qu’elles fussent ; et ce
que nous avons, été dans le cas de
constater de nos yeux, ne nous a que
trop confirmé leur parfaite authenticité. C’élail Dimandie, et la salle ,
large ouverte, du rez-de-chaussée des
deux cafés existant dans le village (il
ne s’y trouve point d'auberge ) était
remplie de jeunes gens et de jeunes
filles dansant avec un entrain extraordinaire, et, — chose curieuse, et qui
atténue quelque peu les ell'ets fâcheux
qu’au point de vue de la moralité il
pourrait en résulter, — sous le regard de toute une galerie de mères
et de grand-mère.s qui semblaient
prendre à ce divertissement autant de
plaisir et d’intérêt que les jeunes gens
eux-mêmes. Le pasteur nous assura
qu’il en étôil ainsi tous les dimanches,
quand ce n'élait plus souvent encore,
et que tous ses efforts pour changer
cet étal de- choses élaieiU demeurés
infructueux.
Un attachement plus formaliste et
apparent que réel à la foi du leurs
pères ; leur descendance des martyrs
de la foi , dont ils sont irès-ficrs,
voilà ce qui, — là comme dans plus
d’une localité de nos Vallées, — constitue la religion du plus grand nombre.
Ce qu’il faut ajouter, pour être juste ,
c’est que la conduite morale delà population est généralement recommandable.
J’ai dit que leur descendance des
anciens vaudois est une dés choses
qui leur tient pariicnlièremenl à cœur,
et nous en eûmes la preuve ce jourlà même. A peine te bruit se fut-il
répandu dans le village qu’un pasteur
des Vallées venait d’y arriver que,
de divers côtés, me parvint, par le
canal du pasteur, la demande de leur'
donner dans la soirée quelques détails
sur le pays de leurs pères. Gomimc
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vous pouvez le supposer, ce fut de
grand cœur que je me rendis à celle
invilalion.
A huit heures la cloche sonnaii, appelant la population au lernple, trèsjoliment éclairé pour la circonstance,
et là, — devant un auditoire beaucoup
plus nombreux qu’on n’eûl osé l’espérer , eu égard à l’heure avancée et
aux danses qui continuaient de plus
belle, — je leur fis le récit de ce qui
s’élail passé dans les Vallées vaudoises
durant les 50 dernières années : l’arrivée du général Beckwith au milieu
de nous ; sa prodigieuse activité dans
le double domaine de l’instruction
primaire, secondaire et de la préparation de notre Eglise à t’œuvre d’Evangélisation qui allait lui incomber,,
et que bien longtemps à l’avance il
pressentait pour elle ; les réformes
politiques survenues , et, à la faveur
des nouvelles franchises, celle œuvre
entreprise et poursuivie depuis une
trentaine d’années, avec des succès
encourageants de bien des sortes. —
Je terminai en les conjurant , eux
les descendants, comme nous, de ces
martyrs qui, dans des siècles de ténèbres, avaient rendu un si éclatant
témoignage à Jésus-Christ et à la puissance de son Evangile, de ne pas se
contenter de ce privilège, qui leur deviendrait inutile, s’ils ne le faisaient
valoir, mais à s’en saisir avec force,
faisant de la foi de leurs pères, celle
de chacun d’eux, et comme leurs pères
donnant gloire, par une vie de plus
en plus sanctifiée , à Celui dont ils se
disaient les disciples.
Les rernercîments que je reçus, de
la part de plusieurs, à l’issue de celte
réunion, me prouvèrent que mes auditeurs avaient été intéressés par les détails que je leur avais donnés, et qu’ils
n’avaient point pris en mauvaise part
les exhortations que je m’étais cru permis de leur adresser.
Un des côtés particuliérement agréables de ma courte visite à Mérindol, ce
fut l'aimable et vraiment chrétienne
bospilalilé que mon fils et moi nous y
■ reçûmes de la part d’une famille originaire de Mérindol même, où elle passe
régulièrement les mois les plus froids
de l’année, séjournant le .reste du
temps à Lyon, et qui, — grâces à une
fortune considérable et mise au service
de tout ce qui est bien , ~ est comme
une espèce de providence pour la contrée ; la famille Meynard.
M. Meynard, chez qui nous passâmes
le reste de celle journée et une grande
parlie du lendemain , est descendant,
en ligne directe, de cet André Meynard,
syndic de Mérindol, en 1541 , qui tint
à l’évêque de Cavaillon, venu pour
convertir le village à la foi catholique,
le noble langage qui est rapporté dans
la brocliure que j’ai déjà mentionnée.
Un vaudois plus sincèrement et plus
vraiment vaudois que ce vénérable
vieillard serait difficile à rencontrer; et
mon fils et moi nous n’oublierons jamais les douces heures passées sousjson
toit à converser avec lui, — qui, malade , avait absolument voulu quitter
son lit pour nous recevoir, — sa digne
et non moins pieuse compagne et qMelques amis chrétiens qui s’y trouvaient
en visite. Enlr’aulres preuves du grand
prix que cet homme excellent attache
à son titre de Vaudois , je citerai le
voyage qu’il fit aux Vallées, -—uk.y a
quelques années de cela, — pour s'assurer s’il s’y Irouvait encore des familles portant son nom, et je crois
me souvenir qu’il me dit que ses recherches , dans ce but, avaient été
vaines.
Plus heureux que lui, sous ce rapport, quoique je ne cherchasse pas
comme lui, j’ai eu le grand plaisir de
serrer la main à Mérindol à l’un des
.habitants dont le nom s’écrit absolument de la même manière que celui
de votre» entièrement dévoué et affectionné
J. P. Meille.
Nous attendions avec impatience une
communication au sujet de la mort
de Madame Dapples-Bert , pour laquelle nous professions une estime
mêlée à la plus sincère sympathie.
Aussi nous empressons-nous de publier
la lettre suivante :
5
-109
La Tour-Pélis, le 30 mars i8B0.
Monsieur le Rédacteur du Témoin,
Mon beau-fils, D’’Edmond Dappks,
moi même, el. nos familles avons reçu,
dans la douloureuse circonstance de
la mort de sa jeune femme , ma fille
Elvire, décédée le 17 courant, elen-sevelie le surlendemain, tant de marques orales ou écrites de la vive et
chrétienne sympathie, soit ici, soit au
dehors, que celle mort a causée ; qu’il
nous est impossible, de remercier individuellement chacune des personnes
dont les caries, les lettres, les visites,
ou la présence à l’ensevelissement ont
à un très haut degré, excité notre reconnaissance, et, avec la foi en Dieu ,
conlrihué à adoucir nos larmes. —
Oserais-je vous prier, Monsieur , de
bien vouloir nous rendre le service
de publier ce que dessus, dans le prochain n** de votre journal? afin qu’ainsi
nous ayons le bonheur de pouvoir exprimer en partie nos sentiments, qui
ont, eux aussi, besoin d’un interprète;
et, en vous remerciant d’avance, laissez
moi ajouter nos vœux pour que Dieu»
bénisse tous les siens : que la foi chrétienne soit noire vie et que la mort
nous soit à tous un gain.
i: Votre dévoué en J. C. et abonné
Amédée Bert pasi. ém.
GOURRIER DE l’EV4IVGËLIS4T!0.^
Le dimanche 14 mars a été, pour
l’Eglise vaudoise de Paierme, un jour
de fêle. Il y a cinq ans, sur l’initiative
du pasteur, M. Simpson-Kay, nos frères
palermilains, ouvrirent une liste de
souscription en vue de l’érection d’un
temple; l’argent ainsi recueilli étai|,
cependant loin de suffire pour une entreprise aussi considérable : el ils eussent dû attendre longtemps encore la
réalisation de leurs espérances, si M''
Kay n'eut, à deux reprises, entrepris
I un vminrrn •'» niin ricini
un voyage à l’étranger, afin d'intéresser
I à son projet la générosité des chréi tiens d’Angleterre . qui prennent iip
î intérêt tout paj'licuiier aux progrès de
' l’Evangile dans la Sicile. Ses efforts soii
tenus ont été couronnés de succès; une
jolie petite église, pouvant contenir enviion 350 personnes, a surgi dans une
partie de la ville favorable à la prédication de l’Evangile, et, il y a quinze jours,
ses portes se sont ouvertes pour la première fois pour accueillir un public nombreux el varié ; deux de nos pasteurs,
MM. Pons de Naples et Uibeili de Borne
y sont accourus pour resserrer ces
liens d’amour fraternel qui doivent
unir toutes nos églises aux jours de
joie comme aux jours de deuil. Le
service d’inauguration a été solennel
el édifiant et, si l’on en juge d’après la
contenance de-la population, celle deiv
nière paraît en avoir reçu une bonne
impression ■. c’est ainsi que , p. ex.,
l’inspecteur de police, chargé de maintenir le bon ordre en ,,»celte circonstance, affirmait à l’un de nos pasteurs
d’avoir Irouvé, en assistant,-au culte
évangélique, la nourriture dont son
âme avait besoin. Les conférences sérales qui ont suivi, ont de même excité un vif intérêt.
Tandis qu’à Païenne les évangéliques
ont sujet de se réjouir, ailleurs,,,à.
Riesi, p. ex., ils sont attristés du dp-?
part prématuré de quelques uns des
leurs, ainsi que l’exprime dans une
correspondance au Cristiano Èvangeiico, l’évangéliste de ce bourg, M. Notarbartoio. Celui dont la perte a causé
les regrets les plus vifs, paraît-il, au
sein de cette communauté évangélique
est le Docteur Giuliana; homme de
science el habile médecin, il a été en
même temps un courageux témoin de
l’Evangile ; sa profession n’étaii pas
seulement pour lui un moyen de soulager les souffrances physiques de ses
concitoyens, mais aussi de faire briller
au chevet des malades et des mouranls un rayon consolateur de la Parole de Dieu ; c’est celle même Parole
qui l’a consolé, à .son tour, au moment de sa mort ; celle-ci, après avoir
été en édification aux assistants, a été
encore un moyen d’évangélisation ,
puisque la céréntonie funèbre a attiré
sur le cimetière un cortège de 6000
personnes, de tout âge, de toute condition , auxquelles l’évangéliste a pu
lire et expliquer la Parole de Dieu,
Ì
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-110
aü milieu d’un silence respectueux et
de l’émotion générale.
Le même fait s’est reproduit dans
des circonstances analogues, à Messine,
à l’occasion de la mort d’un avocat,
qui avait été l’un des premiers à accepter l’Evangile ; plusieurs centaines
d’auditeurs on pu ce jour-Iâ entendre
la Parole de Dieu ; ils l’ont écoutée
avec une allenliou d’autant plus vive,
qu’elle était à la plupart d’entre eux
annoncée pour la première fois. Quant
aux commentaires qui suivirent, qu’on
en juge par cet échantillon de la naïveté féminine ; « Ces..... de prêtres,
disait l’une d’entre elles, nous ont
trompées : il n’est pas vrai que ces
francs-maçons (sic) ne croyenl ni en
Dieu, ni en Christ, ni à la bienheureuse mère ( bedila maire ) ; tous ont
élé• mentionnés, même la Madone*.
— Il n’ÿ à pas à s’étonner que de
tels préjugés existent encore dans une
ville qui a le bonheur de posséder
des prédicateurs de la force de ce
quaresimalista de l’autre jour: or donc
ce révérend , après avoir fait de la
chaire évangélique un tréteau de foire,
du haut duquel il lançait force invectives contre les évangéliques, s’avisa
de faife le rodoinont en publiant un
insolent défi à l’adresse du pasteur
vaudois tout particuliérement. C’était
jouer gros jeu : eu effet le gant fut
relevé par qui de droit et le champion
rottiain fut mis en demeure de s’exécuter ; mais quoi ! loujonrs la fable
du renard affublé de la peau du loup
( pour né pas choisir un exemple plus
ridicule encore ); pris dans ses propres
frléls, battu au moyen de ses propres
armes, le réVi mil sa flûte en poche
et se retrancha prudemment derrière
le vélo, soit la prohibition de l’archévêque ; puis pour donner le change sur
sa défaite, il proposa à notre pasteur
d’engager une discussion par écrit dans
les colonnes d’un journal. L’idée serait
eicellenlê ; malheureusement le journal proposé ne consentira jamais à
pactiser avec l’hérésie, de sorte que
très-probablement l’affaire en restera
lài Ce n’est cependant pas loul-à-fait
un trou dans l’eau, car cet incident
quoique assez ordinaire, a mis en
émoi la population de Messine , au
point que partout, dans les [cafés ,
dans les rues ainsi que dans les maisons , on parle de controverse et de
religion et la fréquentation du culte
public en a ressenti l’heureux effet.
— Puisque nous voilà à Messine, ajoutons, avant de passer le détroit, que
nos ffrères de cetle ville ont tenu à
prouver que l’Evangile qu’ils professent n’a pas du tout pour effet de les
rendre insensibles aux misères et aux
souffrances de leurs anciens corréligionnaires, il? ont eu à coeur de leur
donner un témoignage de la charité
évangélique qui les anime, et la somme
de 3Ô0 fr. recueillie au sein de l’église,
a élé versée aux mains du préfet pour
être distribuée aux malheureuses victimes des récenies inondations.
Mais l’Evangile n’est pas seulement
vraie source de la charité, ij est aussi
par là même le lien sociài le plus
puissant, le principe d’association le
plus énergique et le plus fécond •, c’est
ce qu’ont senti les évangéliques d’Orbeleïlo, lesquels se sont réunis pour
fonder une Sdciélé de secours mutuel.
C’est là nn fait réjouissant, mieux que
cela, c’est un exemple à suivre. Sans
doute dans la plupart des cas le mobile est utilitaire et les membres d’une
telle société n’ont pas tant à s’inspirer
de la pure charité qu’à suivre leurs
vrais intérêts bien entendus ; loulefois
il est assurément plus noble et plus
chrétien de ne relever que de soi,
au lieu de faire appel à la générosité
de ses frères ; si de telles institutions
venaient à prospérer, elles soulageraient de beaucoup la charge parfois
écrasante des communautés et peutêtre cela suffirait-il à extirper le paupérisme , celle hideuse plaie qui ronge
nos églises encore naissantes.
Qu’on nous pertnelle, avant de serrer
notre gerbe, de glaner encore quel
3pes épis ; que s’il nous arrive parfois
e mettre au pillage le bureau du
CrisÜano Evan^elico, nous espérons
que notre confrère de Gênés ne nous
saura pas mauvais gré de notre vandalisme.
Brindisi, qui , déjà depuis quelque
temps, était visitée par nos ouvriers,
7
-111^
possède maiûlenant un évangéliste qui
y a établi son domicile ; les débuts
de l’œuvre «’étaient guère encourageants; elle semble maintenant prendre
une meilleure tournure, si l’on en
juge d’après la fréquentation du cuite :
les Galhecumènes inserils sont au nombre de dix-sepl et l’école du dimanche
compte ¡neuf enfants en tout ; c’est
peu de chose, il est vrai , mais qu’ii
nous souvienne de la parabole du
grain de moutarde.
A Poggio-Mirleto un jeune homme,
marié et père de famille, ayant manifesté l’intention de faire baptiser un
sien enfant par un pasteur évangélique,
son père avec lequel il habitait, le
menaça de le chasser de la maison ,
lui et sa famille ; le baptême eut lieu
et il fut suivi en effet d’une expulsion
en règle.
A Mantow une dame, d’origine vaudoise et animée d’un esprit missionnaire , s’efforce d’amener beaucoup
d’auditeurs aux réunions, mais l’incrédulité et l’indifférence sont si générales et profondes dans cette ville
qu’une douzaine de personnes forment
lauditOH’é habituel au ministre de la
Parole de ï>ieu. 11 reste cependant le bon
espoir que la masse du public’pourrait
être alleinle moyennant un local jouissant d’une position plus centrale.
Les réunions à domicile sont, de
l'avis de notre évangéliste de Turin,
un des meilleurs moyens d’édilication:
le caractère intime que rèvêtent de
telles assemblées a, enlr’autres bons
effets, celui d’épanouir le cœur au
moyen des conversations farnilières
auxquelles se livrent les plus timides;
la controverse elle-même semble perdre
alors ce ton agaçant qu’elle a parfois
et preudre un aspect plus bénin , un
ton plus doux et d’autant plus persuasif. Parfois l’on y recueille certaines
confidences dont messieurs les prêtres
n’ont pas lieu d’être fort conlenis. Que
penser, p.~ ex., des paroles suivantes
sorties la de bouche de l’un d’eux en
pleine chaire et qui devraient ouvrir
les yeux aux ouailles les plus igno
ue
as
rantes : « Vous croyez peut-être qi
je vais vous expliquer l’Evangile ? P;
si bêle ! Vous y verriez trop clair 1 »
Voilà qui est très-franc mais qui n’est
guère habile; ce n’esl pas là la prudence des serpents et encore moins la
simplicité des colombes !
Coazze. Quelques nouveaux membres
sont venus s’ajouter au noyau prirailif;
toutefois l’œuvre s’est plutôt cousolidée
qu’étendue : les nombreuses tentatives
laites pour séduire les nouveaux convertis ne font que les confirroer dans
leur foi ; plus d’un a dû endurer des
tracasseries et des persécutions d’anlanl plus pénibles qu’elles Juj venaient
de sa famille même, mais tous sont
restés fidèles et font preuve pour le
culte d’une assiduité exemplaire. Que
la ténacité proverbiale de la bppne
vieille race piémonlaise s’allache70hîfin
à l’Evangile et celui-ci la rendra capable d’une foi inébranlable cl d’une
fidélité à toute épreuve.
Nous voici arrivé aux portes des
Vallées ; puisque nous avons pu éviler
beurousement les écueils de Scilla et
Çarybde, qu’on nous permette encore
au terme de notre voyage , d’affronter
les flancs escarpés de Bmciarda, pour
nous réintégrer dans nos foyers et y
jouir avec la permission tacite de nos
lecteurs d’un mois de repos.
Le 29 mars 1880. ïl.
CtmrèreBees dn Val l'élis.
La dixième session des conférences
libres du Val Pélis aura lieu, D. v., à
Luserne S‘ Jean le mardi 13 avril dès
9 heures du matin dan# l’école paroissiale. La veille de ce jour, — à
8 heures du soir, — aura lieu dans
le même local une réunion préparatoire dans la quelle nos collègues dans
le ministère sont invités à prendre
tour à tour la parole.
Dans ces réunions du 12 et 13 avril
prochain on traitera: Des droits et des
devoirs des membres de l’Eglise.
;E. Bomnet pasteur.
HouDcUee tiCÜigteuôcD
©t faits divers.
Italie. — Encore le docteur Sommerville. — Nqus continuons à extraire
de la Famiglia Cristiana les détails
pleins d’intérêt qu'elle donne sur la
8
412
qualrième conférence du docteur Sommervüle à Florence. — La foule à
celle 4® réunion , fut plus grande encore qu'à la précédente. Les employés
du théâtre disaient émerveillés que la
foule était la même que pour Ja Patli.
En effet le parterre élail à la lettre
bondé de gens assis et deboul. Les
loges, très-recherchées déjà deux jours
à l’avance, étaient presque toutes occupées par autant de monde qu’elles pouvaient en contenir ; et les trois galeries supérieures offraient le spectacle
d’une vraie mer de têtes. Le sujet de
la conférence, fut « le Serpent d’Ai- » et la Famiglia formule son
Opinent sur la manière dont il fut
traité en disant ; que le docteur Sommerville, plus encore qu’un orateur
éloquent est un orateur vraiment évangélique , et que, même en tenant
compte de ce que une traduction instantanée devait faire perdre à la netteté
et à la vigueur de la pensée, on pouvait affirmer que jamais l’Evangile
n’avait clé prêché à Florence avec
plus de clarté ni à un auditoire aussi
considérable.
' Mais si jusqu’ici nous som mes en plein
accord de vues avec la Famiglia, nous
nous séparons d’elle, quand elle applaudit.à la distribution faite, à la
sortie, d’Evangiles et autres portions
des Ecritures a qui en voulait, distribution qui, dans l’espace de quelques
minutes, s’éleva jusqu’au chiffre de plus
de 2000 ex. Nous nous permettons de
penser qii’une pareille manière de répandre la Parofe de Dieu fait, en Italie '
surtout, beaucoup plus de rnaT que
de bien ; et quant à nous, nous préférerions deux cenh ex. achetés par
des personnes chez lesquelles les choses
qu’elles venaient d’entendre , auraient
éveillé le désir de connaître la source
d’où elles procèdent, que les» deuxmille jetés|, pour ainsi dire, à la figure
des gens, et dont un grand nombre,
le lendemain, étaient foulés aux pieds,
déchirés, dans les rues.
Une bonne nouvelle au sujet du vénérable docteur, c’est qu’il est parti
pour Rome, où, pour sûr, sa présence
sera tout autre qu’agréable au Pape,
mais où nous espérons qu’elle sera
bénie pour beaucoup d’âmes.
France. ~ Les conférences pastorales générales auront lieu , à Paris,
à la salle de la maison presbylérale,
4, rue de l’Oratoire Saint-Honoré, le
mardi 13 et le mercredi 14 avril, à
neuf heures du malin.
Les deux sujets à traiter sont :
1 ° Des conditions d'une bonne apologétique. Rapporteur Mr E. de Pressensé.
2“ De l’avenir de nos écoles protestantes. Rapporteur M. le pasteur
Weber.
— Le.s conférences pastorales des
Eglises non rattachées à l’Etal auront
lieu, également à Paris, à la chapelle
Taitbout, le vendredi 16 et le samedi 17
avril prochain, à neuf heures du matin.
Le sujet à traiter est:
La doctrine de la Trinité et celle du
Saint-Esprit en parliculier. Rapporteur: M. le pasteur G. Fisch.
Suisse. — La collecte du vieuxpapier s’est élevée, dans le courant
de 1879, à Genève?, à 186 quintaux
qui , vendus, ont donné un produit
net de 1528 fr. Que de bien l’on ferait
dans le monde en mettant en pratique,
sous toutes les formes possibles, la
recommandation de notre Maître: ramassez les miettes et que rien ne se
perde !
Mexique. — L’évêque de la nouvelle
église épiscopale protestante du Mexi
aue , de passage à Paris, a donné ,
ans une des salles Mac'Ail , des renseignements très-intéressants sur la
situation actuelle du protestantisme
dans ce pays. Les massacres organisés
ou soudoyés par le clérgé romain, ont
fait, ces dernières années, près de
quarante_ victimes. Mais il y a aujourd’hui soixante églises proleslanles autour de Mexico. Les jésuites ont été
expulsés de la République. Des églises
et même des cathédrales ont été cédées
au protestantisme; des prêtres, en
grand nombre, sont devenus pasteurs
de l’Eglise évangélique, et dans une
des grandes églises de la capitale , ont
chanté aujourd’hui les mêmes hymnes
qui retentissent à Paris, dans le”s réunions Mac AM.
Ernest Robert, Gérant et Administrateur,
l’ignerol, lmp. Chiantore ot Mascaretli.