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N.
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LE TEMOIN
ECHO DES YALLEES YAUDOÏSES
Paraissant chaque Jeudi
Vous me serez témoins. Aut. 1,8 Suivant la vérité avec la charité. Kph. IV, 15. Que ton règne vienne, mattli. VI, 10
S O III III aìre:
C'est Lui ! ~ Lettre de M. Coillard —
Correspondance — Chronique Vaudoise
____ Revue Politique.
Ceux qui aiment le Seigneur Jésus
sont aLlachés à sa parole, ils la veulent, ils l’aiment, ils ont peur d'en
laisser échapper la moindre parcelle,
elle est leur vie, leur nourriture,
leur force, elle es! la reproduction
vivante et réeite de Celui qui les a
aimés, elle se manifeste comme telle
à leur cœur. En sorte qu’à l’égard
de celte parole il arrive quelquefois
aussi ce qui arrive dans la vie ordinaire, c’est qu’en découvrant quelque chose d’une personne que nous
avons aimée, quelque chose que
nous ne savions pas être d’elle, nous
la reconnaissons ce])endant, et nous
disons: c’est d’elle; d’une ligne
qu’elle a écrite nous disons: c’est
d’elle, c’est son écriture; d’une pensée: c’est d’elle, c’est ce qui l’occu
pait. Une parole de Jésus—■ ah!
quand nous aimons Jésus, cette parole, dès qu’elle se présente à nous,
soit qu’elle nous fasse rentrer en
nous-mêmes et qu’elle nous humilie
jusque dans la poussière, soit qu’elle
nous .élève et nous porte dans les .
régions célestes et place notre conversation dans les cienx, soit qu’elle
nous entretienne des objets tes plus
habituels de la vie, nous reconnaissons en elle Jésus-Christ, nous disons:
c’est Lui, c’est Lui, comme les disciples a u bord du lac, lorsque leurs yeux
étaient comme couverts d'un voile,
dirent, après avoir entendu sa voix:
c’est Lui. Eh! bien, c’est ainsi que
cette Parole parle à nos âmes, Quand
nous la lisons, quand nous sommes
prosternés devant Dieu pour l’étudier, elle parle à notre ■ conscience,
elle éveille au dedans de nous le
même Esprit duquel elle est procédée, et cet Esprit rendant témoignage
à notre esprit que nous sommes
enfants de Dieu, nous dit, quand
nous entendons la Parole, ou que
nous en voyons comme un trait de
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lettre: c’est Lui! Oui que nous trouvions Dieu, voilà la tâche de notre
vie. Que nous disions; c’est Lui, toutes les fois que la Parole se présente
à nous; et qu’il nous soit donné en
nous approchant de la table Sainte,
lorsqu’elle est dressée devant nous,
d’y lire aussi sa pensée et son amour
et de pouvoir dire; « c’est Lui! j'ai
trouvé Celui que recherche mon
âme ! »
PiLET.
LETTRES DE M. COILLARD
Sefula, 5 Déc. 1880
i. À M. W. Meille, pasteur à Turin.
Mon bien cher frère M. Meille.
Jamais je n’ai eu aussi peu de
temps à consacrer à mes amis d’Europe. Ils le comprendronfen se rappelant que nous sommes tout seuls
depuis un an et que nous ne suffisons pas à la tâche, ma femme et
moi. Vous me comprendrez et vous
lirez entre le.s lignes, que vous pouvez remplir des messages les plus
aiîeclueux pour vous, pour les vôtres
et les cheps enfants qui ont appris
de vous à aimer la mission du Zambèse.... J’ai été bien touché de voir
ce soir en relisant la lettre de vos
élèves qu’elle est signée par les
petites filles de l’Ecole du Dimanclie
de Turin. Chères petite.s filles, que
Dieu les bénisse! — Et les petits
garçons? Peut-être que c’est à M.
Jalla (Louis) qu’ils ont envoyé leur
contribution. Je ne crois pas du tout
qu’ils soient restés en arriére. Ce
ne serait pas naturel. Qui sait? Il
peut y avoir parmi eux de futurs
missionnaires et une vocation si
belle et qui prend tellement possession de l’être tout entier s’annonce
souvent par un intérêt ardent et
ingénieux- On commence par don
ner, même quand on n’a rien et
on se donne ensuite...... Je vous
remercie vous tout d’abonl, bien
aimé frère, et vos cliers enfants au
nom de mon , Maître, en attendant
que, selon sa promesse, il le fasse
lui-même... Je ne sais pas ce qui a
été publié sur notre œuvi'e. Mais je
suppose que vous en savez assez
maintenant pour vous convaincre
que nous taillons dans le dur. Oh,
comme nous soupirons après quelques conversions! N, Ngombe, lui,
nous réjouit toujours. Toute la semaine il dirige la bande d’ouvriers
qui travaille â notre canal. Et le
dimanche, après le service du matin
et l’école du Dimanche, il va tenir
une réunion dans quelque village
des environs. À part lui, il y a bien
2 ou 3 personnes qui sont très assidues et très attentives à la prédication. Mais pas de signe de changement de cœur jusqu’à présent.
Nous sentons bien que nous attaquons Satan dans une de ses forteresses. 11 ne dort pas non plus, lui,
et bien souvent c’est comme s’il luttait corps à corps avec nous, et alors
la lutte est terrible. On a tort de
croire en Enrope que les payons
écoutent l’Evangile avec la cuntiance
de petits enfants. J’ai eu bien de la
joie à visiter les Jeanmaii'et et les
Jalla à Seshéké. Ma pauvre nièce ne
[touvait .se consoler de la mort de
sa enfant. J’ai été bien réjoui
de trouver M. et M.® Jalla si heureux et si pleins d’entrain. Ce sont
de bons missionnaires, ils feront une
gratide œuvre dans le pays. Je me
suis senti fortement attiré à eux,
car indépendamment de la vocation
qui nous est commune, je crois qu’il
y a entre nous communauté de sympathie au.ssi..
2. 'Aux chers élèves de l’Ecole du
Dimanche de Turin,
Mes biens chej's jeunes amis,
M. . Ad. Jalla est arrivé depuis
quelque temps au Zambése. Je ne
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‘il*
-;. i ;: ^ 0 r*j„
179
l’ai pas encore vu, car il fait un
petit séjour auprès de son frère a
Kaxnngnla, ce qui est bien natui'el.
Mais il a eu la bonté de nous envoyer les lettres dont plusieurs amis
l’avaient chargé pour nous. Vous
savez, ou peut-être vous ne savez
pas, que nous aimons beaucoup les
Vallées et que nous avons pour le
père de votre cher pasteur une vive
alTection et une grande vénération.
Notre visite à Turin, en 1881, ne
nous a laissé que de doux souvenirs,
.logez de notre joie quand nous avons
déplié votre bonne lettre et celle de
vos moniteurs et monitrices, le tout
avec un billet bien affectueux de
votre cher pasteur.
Et puis ces lettres contenaient un
gros don, une grosse offrande, Ah!
je comprends pourquoi le Sauveur
jouissaitdes chants joyeux des enfants
dans le temple de Jérusalem, pendant
que d’autres en étaient importunés.
Il y a quelque chose de frais et de
vrai dans l’approbation des enfants.
Et puis il y a tout un avenir. Pensez
donc un peu si votre zèle pour les
Missions croissait tous les ans avec
vous, que feriez-vous dans 10 ans,
dans 15 ans? Et si votre amour
pour le Sauveur au.ssi croissait avec
vos années, quels Chrétiens vous
seriez dans 20 ans! quels serviteurs,
quelles servantes’de Dieu!
Je me suis, en vous lisant, posé
une grosse question : Comment em
ployer cette belle somme que nous
envoie l’école de Turin? La mettre
tout simplement dans la caisse générale, cela ne l'épondrait pas tout
à fait à votre but, car vous aimez
savoir quel est l’emploi de votre
belle offrande. Nous en servir pour
nos besoins personnels, ce serait
égoïste. Voici ce que nous avons
décidé : Vous savez que je m’occupe
de photograpliie. Je suis venu avec
une camera — cette petite boite noire
où le soleil* imprime des images:—
qui se fait maintenant vieille. J’en
avais besoin d’une autre, mais je
me sentais embarra.ssé. Votre argent
va m'aider à sortir d’embarras. Je
vais m’acheter un autre caméra et
vous la payerez en partie. Dites-moi,
l’approuvez-vous? Dites oui, bien
haut, que je l'entende depuis Sèfula.
Et puis, quand ma caméra viendra
et que je prendrai des portraits et
des vues, si, je réussis, je vous
enverrai quelquefoi.s des photographies qui vous feront connaître lés
pays étranges et les gens plus étranges
encore dn Zambèze. Qu’en ditesvous? Je dis que le pays est étrange!
Je le crois biçn. Notre ciel est bleu
comme le vôtre; mais pas de montagnes co’mme chez vous; pas de
rochers, pas de pierres même. Bien
des enfants grandissent ici sans avoir
vu une pierre. Ce n’est que du sable
et de misérables bois, ou bien une
plaine couverte d’arbres et de roseaux
bordée et parsemée de marai.s. Cè
n’est pas joli. Les villages non plus ne
sont pas beaux, ce sont des huttes
perdues dans les marécages.
Et les gens ! Ah ! que je pourrais
vous en dire long .sur leur compte!
Mais pas beaucoup de bien. C’est que
vous le savez bien, mes bons amis,
un pays où pas une âme ne prie,
c’est comme un champ qui n'est pas
cultivé. Il n’y croit que des mauvaises herbes. Une chambre, fût-ce
celle d’un palais comme celui de
Turin, si les volets en sont fermés
toute l’année et si on ne la balaie
jamai.s, elle se remplit de poussière.
Un petit trou dans cette chambre
si noire et par lequel nous croyons
que la lumière de l’Evangile pénétrera, c’est notre école. L’an passé,
elle avait plus de 100 élèves, cette
année elle en a un peu moins. Nous
leur enseignons un peu de ce qu’on
vous enseigne à Turin : la lecture
l’écriture, le calcul et surtout l’histoire biblique. C'est avec elle que
nous ouvrons l’école tous les matins,
et nous avons l’occasion de parler
ainsi au coeur et à la conscience de
ces pauvres enfants. Vous seriez
bien surpris si Je disais que de toutes
nos leçons c’est, je crois, celle qui
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- 180
est le moins aimée. C’est que la parole de Dieu le dit bien; l’homme
animal ne comprend pas’ le.s choses
de Dieu ! Oh, comme nous désirons
ardemment voir quelques uns des
chers enfants se donner au .Seigneur!
Nous croyions que nous avions fait
quelques progrès; nos jeunes gens
n’étaient plus les bandits d’il y a
deux ans; ils étaient devenus respectueux et obéissants et nous remarquions avec un intense intérêt tout
ce qui pouvait nous donner du cou
rage et de l’espoir.
Un ir
jour, il n'y a pas longtemps,
je fis une courte absence et je pris
avec moi quelques uns de mes élèves. Parmi ceux qui étaient restés
à la station, se trouvait lin jeune
homme, un de nos meilleurs écoliei s.
Le malheureux garçon épia le mo
ment où tout le monde était occupé,
puis U se glissa comme un chat
dans notre écurie, prit un joli veau
qu’il savait être bien gras, lui tordit
le cou et le traîna dans les baissons
pour le dépéeer! En Europe on
l’aurait mis en prison; mais ici on
promit de payer une amende pour
lui — ce qu’on n’a jamais fait —
et le voleur n’a jamais été puni A
la rentrée, il a voulu reprendre sa
place à l’école; je lui dis qu’il devait
d’abord confesser publiquement son
vol. Il préféra quitter la station. Cela
nous a fait une grande peine. Pour
nous, perdre un écolier c’était un
bien plus grand malheur que de
perdre un veau. Et hélas! nous avons
perdu les deux.
Si je vous ai raconté ce petit trait,
mes amis, c’est pour que vous sachiez
bien qu’il n’y a rien de bon où il
n’y a pas l’Evangile, Souvenez-vous
en en grandissant. Et puis pensez à
ces pauvres Zambéziens parmi lesquels nous vivons. Si vous connaissez
le Sauveur, vous, si vous aimez Dieu,
priez pour eux. Lors même que je
vous ai dit quelque chose de si
tpiste sur leur compte, nous les aimons beaucoup ces pauvres Zambéziens. JiGS plus beaux moments
sont ceux que nous passons à les
instruire. Un jour ce champ où ne
croissent que des mauvaises lierbes
et que nous défrichons, deviendra un
beau jardin que Dieu prendra plaisir
à arroser, où nos jeunes gens seront
des plantes fructifiantes. Ce sera une
chambre du palais du roi de.s rois
dont nos jeunes filles seront l’ornement, comme des pierres sculptées
et polies. Ps. 144: 12.
CORRESPONDANCE
Kopenliaguc 27 Mai 18i)0,
Mon cher ami,
Depuis la dernière lettre que je
l’ai adressée j’ai fait un assez long
voyage, au sujet duquel je ne te dirai rien autre aujourd’hui si ce n’est
que le voyage par mer de 'Warnemünde (port de Uostocli) à Gjedser,
premier port danois au sud de l’ile
de Falster, est un des plus agréables
que l’on puisse imaginer parce qu’il
s’effectue en moins de trois heures. Le
temps était Ireau, la mer légèrement
agitée, personne ne fut assailli du
mal de mer sauf une jeune dame
allemande de proportions gigantes
ques, qui, à l’airivée au port, sou
pirait à l’oreille de son mai'i, «ich bin
ganz reducirt! »
De notre cher ami Wahl que noua
saluons en passant à Norre Aslev,
et de sa bibiiotliéque je compte entretenir une autre foi.s tes lecteurs;
pour aujourd’hui je veux te parier
de Kopenhague, en danois Kjoben
hawn, ce qui
marchands.
veut dire, port des
C’est une des villes les plus belles
que l’on puisse voir, moins peut
être pour la magnificence des édifices, palais, églises, théâtres que pour
la largeur des rues et le grand
nombre d’allées, de places vertes,
de petits parcs, jardins publies ou
privés, de petits lacs qui eu empêchant'une trop grande agglomération
5
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- 181
de la population, tendent ce séjouragréable et salubre sous tous les
rapports.
Ce qui ne veut pas dire que le
péché y règne beaucoup moins qu'ailleurs; je n’ai eu qu’à prendre part
h la mission de minuit, le soir même
de mon arrivée (et plus tard encore)
pour me convaincre que le nombre
des ivrognes et pécheurs et pécheresses qui courent les rues pendant
la nuit est « légion » ou guère
moins. Les pasteurs, les médecin.^
et les philanthropes chrétiens recouvrent ces malheureux des deux
sexes dans, les dilïérents liôpilaux,
d'où ils ne sortent le pins souvent
que pour être transportés au cimetière, car le salaire du péché c’est
la mort. La bieufaisance à Copenhague est très bien organisée;
les chrétiens cherchent surtout à
prévenir le mal, à exercer une inlluence morale et religieuse capable
de rendre l’homme vainqueur de
ses passions el de ses vices.
Il est aussi réjouissant de constater
les eiïorls que font les chrétiens pour
maintenir et développer l’esprit sérieux dans toutes les relations sociales; le théâtre royal dont je n’ai
vu que la façade, ne reproduit, dit-on,
que des pièces hautement morales.
Les pasteurs, à peu d’exceptions
prés, appartiennent tous au paidi
franchement évangélique; pour 375
mille habitants il y a une vingtaine
d’églises luthériennes, puis plusieurs
- - çy ■ - - - fi. I
lieux de culte indépendants, et en
outre plusieurs autres dénominations:
les Méthodistes, les Baptistes, les Irvvingiens, les Salutistes etc., et quatre temples papistes destinés à la
perversion des protestants. Les émissaires papistes sont très zélés, très
actifs, d’une amabilité et d’une gé
nérosité exemplaires. l’ar r hôpital
de y. Joseph qui est des.servi par
une armée,de nonnes et par ïétole
française, où l’on peut apprendre
gratuitement le français, ils savent
s’introduire auprès des pauvres et
auprès des riches; ils ont déjà réu.ssi à attirer dans leurs fdets un
pasteur luthérien e't quelque fa.mille
de la haute aristocratie. Un des fils
du roi ayant épousé une princesse
française et papiste, la Cour est au.ssi
exposée à. leur innuence,mais comm.e
du reste, la famille royale est pieuse
et très respectable sous tous les
rapports, il est à espérer que la mauvaise herbe ne pourra jamais y
pousser de profondes racines.
L’église réformée française a célébré le bicentenaire de sa fondation
en même temps que nous avons
célébré la rentrée de nos pères. Elle
est peu nombreuse et peut se considérér plutôt comme une grande
famille, dont le f)atriarche est le
vénérable pa.steui' Kràyenbübl, 'quimalgréhses 82 an.s, est frai.s et dispos,
veget.o e arzillo comme bien peu de
ses collègues peuvent l’être à 65, et
qui prépare toujours consciencieusement chacun de ses discours, écrivaid, chaque mot, s’efforçant d’apprendi'e par cœur et s’étonnant que
sa mémoire commence à faiblir. Il
eut la bouté de me céder uu dimanche sa chaire; le nombre des
auditeurs ne dépassait guère la 70e,
chose nullement étonnante, vn que
dans le cours de deux .siècles les
familles des réfugiés français se sont
en partie incorporées à l’église du
pays devenant ainsi luthériennes et
danoises, en partie elles se sont éteintes. Mr. Kràyenbübl a connu dans
leur jeune âge plusieurs de nos compatriotes et il parle avec un intérêt
affectueux de M. P. Lantaret et
du cher défunt J. P. Meille; il Ut
toujours avec plaisir les articles de
nos amis Bibetti et Longo à {'Eglise
Libre et. au Chrétien Evangélique,
J’ai aussi été invité par une société
d’étudiants à leur donner une séance,
et ces chers amis ont fait sur moi
une grande impression. J’aime bien
les étudiants allemands, mais ils fument trop et boivent tro|) de bière.
Les étudiants (diréliens de Copenhague sont moins bruyants. Il en est
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— 183 —
de Inés distingues; ainsi, lorsqu’à près
la mort du eôlèbre hébi'aïsaiit DeliLzsi-b, l’universite , de Leipzie adressa vocation au très savant processeur Cu!d de Gopeubague, il fut
question de nommer ici comme
i’ern[)laçant de lîuhl le jeune candidat
Abel, président'de la vSnciété d’étudiants qui rn’a invité à leur adresser
la parole, . mais sa trop -grande
jeunesse est le cause pour laquelle
on,ne l'a pas encore nommé
Un grand savant danois, professeur
à runiversité, connaisseur de la langue et de la littérature italienne, est
le Dr. Frédéric Nielsen, en ce moment à Rome, où il recueille des
matériaux pour un ouvrage qui doit
avoir un grand retentissement.
Un antre savant théologien c’est
le professeur Scharling, auteur d’un
ouvrage capital, ayant pour titre:
« Humanité et Christianisme. »
Deux de nos bons amis, orateurs
très (jistingués, sont les Past. Schepelern et Kwig, auxquels on peut
Dieu merci en ajouter plusieurs
aulre.s. Quoique les Danois un peu
instruits compi'ennent tous la langue
allemande, M. Sriiepelem eut ,la
bonté d’interpréter, en le résumant,
un de mes discours destiné surlout
au peufile. J’ai parlé six lois jusqu’ici
et prononcerai D. V. ce soir mon
7" discours à TUnion Chrétienne de
jeunes gens.
- La langue danoise n’est pas précisément facile à apprendre,; ce que
je sais dire et écidre à peu prés sans
faute, c’est la phrase suivante: Jeg
forstaaer ikkeDansk: je necomprends
pas le Danois. Gomme curiosité:
l’article défini se ' place après le
substantif: Kong - roi; Kongen - le
roi; en Kong - un roi. Dronning reine; Dronningen - la reine. Hiius
- maison'; Huuset - la maison.
Hier, lundi de Pentecôte, je fus
invité à passer 1» journée à la campagne de M. Coninck, con.seiller
d’Etat. Le temps n’élait rnalheureusemenl guère propice: pluie, vent,
froid (6 centigrade-“’) m’empêchèrent
(le jouir entièrement de l’amabilité
de mon hf)te qui put cependant me
faire faire le tour d.u parc de Fre(lenshorg (chàteaü de la paix) séjour
favori et'(lélicieux du roi de Danemaik. Quelles immenses allées de
tilleuls (i’une hauteur à donner le
vertige! Quels beaux chênes et hêtres séculaires! Combien l’on doit
jouir de ces promenades pendant les
chaleurs de l’été! C’est ici aussi que
së tient volontiers l’empereur de
toutes les Russies, qui est beaucoup moins en sûreté au milieu
de ses millions de ha'ionnettes « russes » qu’au milieu des tilleuls de
son heau-pére, le roi du petit Danemark; a’est qu’il y a une plante
qui pousse en pleine terre danoise,
depuis nombre d’armées, depuis des
siècles, et qui en Russie n’a jamais
pu mettre de racines, cette plante
c’est la liberté.
f^e roi de Danemark, tout pauvre’
qu’il est (un riche banquier Juif de
Berlin est dix fois plus riche que
lui!) esl aimé de tout son peuple
et peut s’endormir sans crainte sous
le toit hospitalier de chacun de ses
empei’eur, cent
en réalité infiniles cœurs ne lui
sujets. l-,e pui.s.sant
fois plus riche, est
ment plus pauvre:
apparliennent pas.
L’intérieur du château est surtout
l’emarquable par la simplicité de
son ameublement et des décorations.
On nous laisse aussi entrer dans la
chambre à coucher de Leurs Majestés.
Les lits du roi et de la reine valent
tout au plus quatre cents francs, et
ceux du czar et de la czarine ne
valent pas davantage, mais ici au
moins le couple impérial peut dormir en paix; ni poignard, ni révolver,
ùi bombe, ni dynamite nihiliste ne
peuvent pénétrer dans Fredensborg;
le Danemark ne produit pas de ces
affreuses plantes.
Plusieurs de nos amis danois: le
Dr. Wahl, la familje Moltke-et d’autres se disposent à se rendre à Flo-
7
— 183 —
rence pour l’Alliance évangélique.
Les pasteui'.s cependant regreltent
que l’on ait précisémentchoisi le mois
(l’Avril, où l’instruction dés (;atéchuménes, les conilrmations et autres
devoirs, tes retiendront à la maison.
Reçois,, mon cher ami, et transmets
à tes 10.000 (i) lecteurs mes salutations bien sincères,
P. Galvino.
(1) Nous nous coîitontüi'ions d’uQ zéro de moins.
Red.
X X
M(f7isieur le Directeur,
Je vois dans le dernier N.® dn
Témoin qu’une Coulevrine demande
pas bien vite, après
« SI ce n’est
l’ouverture de la Maison Vandoise,
de commencer à taxer l’entrée au
.Musée; et qui dira an portier le
degré de mauvais temps d’après lequel le Mu.sée s’ouvidra ou ' devra
rester fermé ».
Il nous serait plus agréable de
répondre, si l’auteur de ces lignes
Uô .s’é.tait pas caché derrière ce menaçant pseuiionyrae. Mais, tout bien
compté, la Gommissioii du Musée
a si bien accueilli les eoulevrines
jusqu’à présent qu’elle aurait tort
de taire mauvais accueil à celle-ci.
Franchement, nous croyons que
les dix mois qui se seront écoulés
depuis l’ouverture de la Maison Vaujiisqu’au 30 courant, auront été plus
que sutfisants, pour que tous lesVau(lois des Vallées qui désiraient visiter le Musée aient pu le faire, et
comme le prix de l’entrée et toutà-tait minime s’il y a quel(|u'un qui
n’ait pas encore pu s’accorder ce
plaisir, nous ne pensons pas qu’il
y renoncera pour cela. I.a Commission serait heureuse de pouvoir continuer indéfiniment à tenir le 'Musée
gratuitepaeut ouvert, mais les moyens
dont elle dispose ne le lui pemiettent pas.
Quant à 4a 2.® demande, un peu
insidieuse, que la Coulevriue soit
sans inquiétude: le portier fermera
le Musée dés qu’il verra que la poudre se mouille.
Agréez, M. le Dii'ecleur, les salulatioiis coi'diales de votre dévoué
N. Toühn.
fJiroilique VaiMtoise
Torre Pellice. — Fête scolaire,
— Notre e.ssai de fête scolaire en
plein air, au lendemain du Statuto,
a paiTaiteraent réns.si Nous n’oublierons jamais le clmrrnaut coup d’œil
qu’offraient nos400gnfants pénélrant,
en une longue file, dans l’amphithéâtre naturel, bordé de cbâtaigners
séculaires, de Rio Gros; formant, sur
cinq ou six rangs, des rondes d’abord
lentes et cadencée.s, puis tout à coup
vertigineuses; se pr(§cipitant comme
une avalanche, comme une charge
de cavalerie (une dame an^^laise
nous a dit que l’on se ferait cru à
Balaclava), du haut de la pente herbeuse jusque vers les ctiamps de
blé. Et quel joli moment que celui
de la colatioM ! Les enlànta se rangèrent par groupes autour de leurs
maîtres; des paniers préparés à l’avance et contenant petits pains,
gruyèi'e et lorchets furent placés
devant eux, et la distrilniLion .sê fit
avec plus (Je facilité qu’elle n’aurait
pu se faire même dans un camp
de soldats. Mais après leurs chants,
leurs danses et leurs courses, nos
enfants avaient peut-être plus soif
que faim. On avait pensé à cela aussi.
Quelijues aubergistes de la Tour
avaient fourni deux tonnelets de vin.
On les versa dans une sibre et puis
giù aci^ftia.' En un clin d’œil la hibita
fut prête, et des seilles la contenant
partii'ent dans toutes les directicms.
Pendant le repas, sur l’itivilatiou de
M. J. P. Pons, lo'nt notre petit peuple cria: Viva^ l’Italia! Viva il Ri!
Suivirent (je nouvelles rondes, et
I toute une série de chants exécutés
"fV'yg
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— 184 —
avec quel entrain,. , on peut le deviner! A 5 1). 1[2 la fête était finie,
laissant dans chacun les plus doux
souvenirs. Un bon merci à la famille
Boac qui a ouvert à nos enfants
l’accès aux prés de Rio Gros, Hélas!
c’était terriblement pilé quand ils
les abaridonoèrent. Mais si jamais
ils ont une nouvelle aire à battre le
])lé, qu’il faille consolider, qu’ils les
y invitent. Ils accepteront avec enihousiasrae et un plein succès coul'onnera leurs efforts. Et un merci
de cœur aus.si à Y infatigable, patient,
serviable, au lieu d’entrainant, jeune
de cœur, M. Forneron, l’organisateur
et le directeur' de la fête. Parfois nous
avons craint pour lui qu’il ne se fatiguât trop; mais il avait l’air de tant
jouir au milieu de son petit troupeau
que nous n’avons pas eu le courage
(le le priver même d’un atôine de
son bonheur.
Revue Politique
Italie. — Une motion présentée
par le député Bovio a donné lieu
à une longue discussion de la Chambre sur la politique du Ministère.
I,’extrême gauche a déployé toutes
ses batteries accusant le Ministère
(l’ajoir violé la liberté des citoyens,
parce qu'il n’avait pas permis une
réunion politique des radicaux, dairs
laquelle tout faisait prévoir qu’rl y
fl U l'ait des désordres. Le Ministère,
(le son côté, .soutenait qu’il avait agi
conformément,à la loi et n’avait fait
(jue son devoir, et que. pour ce qui
regarde le caractère général de sa
politique, elle était assez justifiée par
le fait que l’Italie est maintenant
plus l’espectée que jamais par les
¡missanees étrangères, de Pétersbourg à Paris. La discussion s’est
close par l’adoption, à une très forte
majorité, d’un ordre du jour d’approbation complète de la politique
du gouvernement. Cette votation a
cependant montré que la majorité
qui soutient le ministère n’est ni
compacte ni hotnogène. La plupart
des député de raiicienne Droite ont
voté en faveur du Ministère, et un
petit nombre seulement se sont unis
à l’extrême gauche pour voter contre. Mais il est facile de voir que
la Droite vote pour le Ministère
moins parce qu’elle est satisfaite de
la marche de sa politique que parce
qu’il serait difficile de remplacer ce
Cabinet par un autre qui eût unemajoritéassez forte pour pouvoir gouverner. Quanta l’opposition, le groupe le
plus décidé est celui <\é l’extrême
gauche, mais il n’est guère à craindre. La démission de Fortis n’a pas
encore été acceptée, mais on pense
qu’elle le sera. On ne sait pas qui
sera appelé à lui succéder comme
sous-secrétaire d’état pour le,département de l’intérieur. Peut-être Crispí
appellera-t-il un député de couleur
plus modérée, pour s’ attacher plus
étroitement la partie de la Droite
qui le soutient sans trop de conviction, mais il est impossible de
l'ien a ['(li mer pour le moment.
Le prince de Naples, après avoir
visité Moscou, a poursuivi son voyage
et se trouve maintenani à S. PéLersbourg, où il a été accueilli avec
de grands honneurs par le Czar et
la famille impériale, C’ést là une
nouvelle preuve de la cordialilé des
relations internationales.
Allciimg;no. L’Empereur Guillaume est à peu pré.s rétabli de l’entorse qu’il avait prise, il y a une
dixairie de jours en tombant de voilure.
SOCIÉTÉ D’HISTOIRE UAUDOISE
Tous les membres sont instamment priés d’intervenir à la sqance
générale du printemps qui aura lieu
mardi 17 Juin, dans la Salle de via
Beckwilb, à 2 heures de l’ap.-midi.
Ernest Robert, Gérant.
Torre Pellice, Imprimerie Alpina,