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SPÉCIALEM ENT CONSACRÉE AUX INTÉRÊTS DE LA FAM ILLE VAÜDOISE
• Ilh dion qu’ es Vaudes. . . »
» Ils disent qu’il est Vaudois »
NOBLA LEÏCZON.
Sommaire. Uisloire Fattdoise: De la part prise par Josué J amaybl à la
glorieuse rentrée. — f}uestions locales : Des rapports i établir entre
l'Église vaudoise et l’État. Réclamation. — Missions évangéliques: So
ciété des Missions de Paris (suite). — Bulletin bibliographique: Bene
fizio della morte di Cristo, di Aomo P aleario. — Nomelìes religimses.
— Nouvelles politiques.
H IS 'E O IR E V A E D O IS E
De la part prise à la O lo rieu se r e n tr é e
par
J o s u ë JrAnrA-VEE.
Avant de faire connaître à nos lecteurs le document jus
qu’ à présent ignoré qui constate cette p a r t, disons d’abord
comment ce document est parvenu entre nos mains :
On lit dans VHistoire de la Glorieuse rentrée, par H. A rnaud ,
page 1 75 , qu e: lorsque les troupes sardes s’ emparèrent
de r Aiguille , « un officie^ ayant trouvé dans une des
» baraques un exact journal de tout ce que les Vaudois
» avaient fait depuis leur départ jusqu’au 17 d’Sbre, le porta
» à la Cour de Turin. Ce journal, après avoir passé en plu» sieurs mains , parvint enfin en original, par une voie
» inconnue, en celles d’un homme de lettres de Genève,
» et cet homme l’ayant reconnu pour être de la main du
2
—
»
»
«
»
»
»
»
»
»
50
—
sieur Paul Renuudiii , alors jeune homme, natif de Bobi,
lef}ucl d étudiant s était fait soldat, et est aujourd’hui
ministre dans les VaVlées , en régala le bon vieillard Josué
Janavel, peu de jours avant la fin de ses jours. Cet
excellent personnage versa comme un torrent de larmes ,
en partie considérant tant de merveilles que ces pauvres
gens avaient faites, et en partie pénétré de douleur,
voyant que leurs souffrances n’avaient point encore pris
fin ».
Or il est plus que probable que les instructions que nous
allons rapporter, et dont la conduite des Vaudois racontée
dans le journal susmentionné n’était que la mise en pratique,
devaient se trouver avec le journal lui-même. Le tout ayant
été porté à la Cour de T u rin , le journal passa de mains on
mains, comme offrant un intérêt pour ainsi dire romanesque,
tandis que les autres pièces jugées de moindre importance restèrent
aux Archives de la Cour. C’est au moins là que Mr le pasteur
Alexis Muston, de qui est la supposition que nous venons de
reproduire, les a trouvées, et à son obligeance que nous de
vons de pouvoir les communiquer aujourd’hui à nos lecteurs.
Que Janavel soit bien l ’auteur de ces instructions, c’est
ce que met hors de doute la note suivante qui se lit au
recto du 6 ' feuillet : « L’auteur de cet écrit, qui est le
» C apitaine J anavel, vous prie au nom de Dieu, d’observer
» toutes ces choses . . . Il n’y a rien qu’il n ’ait expérimenté
» lui-même ».
Nous ignorons si la circonstance qu’un autre qu A rnaud
eut une part à ce mémorable événement de la rentrée, rendra
moins brillante, aux yeux de quelques-uns, l’auréole depuis
longtemps attachée à ce nom. Quant à nous , notre admiration
reste absolument la même. Qu’Arnaud, qui après tout était
Ministre de l’Evangile et non soldat, ait suivi, dans une
entreprise essentiellement militaire, les directions d’un vieillard
blanchi dans le métier des arm es, rien l à , nous semble-t-il,
que de très-naturel ; rien surtout qui soit fait pour
entamer en quoi que ce soit une célébrité que les titres sur
lesquels elle repose, rendent d’ailleurs inattaquable. Ce qui, à notre
avis, fait la principale gloire d’Arnaud, et lui vaudra jusqu’à
la fin la reconnaissance la plus vive de la population Vaudoise,
c’est d’avoir eu lui-même et d’avoir su inspirer à ses co
religionnaires dans l’e x il, assez de foi, assez de cotirage,
3
— SI —
pour les engager à tenter une entreprise aussi hardie et aussi
pleine de difficultés que l ’était celle de la rentrée ; c ’est
d ’avoir, avec une admirable sagacité et une rare prévoyance,
pourvu à tout ce qui pouvait la rendre possible ; c ’est de
n’avoir pas craint avec ses 800 montagnards mal équippés,
de marcher à la rencontre d’une armée de plus de 20,000
hommes commandés par un des plus illustres maréchaux
de France ; c ’est enfin d’avoir s u , lui simple ministre ,
prendre sur cette troupe qu’ il conduisait (il est vrai que la
plupart étaient des croyants), une autorité et un ascendant
tel, qu’aucun général ne pourrait en prendre un plus grand,
et se faire suivre d’eux, à travers toutes sortes de privations
et de périls, jusqu’au couronnement de cette glorieuse en
treprise. Voilà ce qui fera toujours d’Arnaud, le grand Arnaud
comme se plait à l’appeler l ’enthousiasme reconnaissant de
nos montagnards.
En publiant donc la part qu’un autre Vaudois, Janavel ,
eut à cette expédition, par ses directions et par ses conseils,
nous ne faisons que nous acquitter envers un de nos héros
les plus distingués , d’une dette de reconnaissance longtemps
oubliée; nous n ’ôtons rien à l ’homme célèbre dont le nom
restera indissolublement lié à cette mémorable entreprise.
Josué Ja n a v e l, (il faut bien dire ici quelques mots de
sa vie , et c ’est encore à Mr M. que nous les empruntons)
de tous les défenseurs des V a llé e s, celui dont les faits
d’armes offrent au plus haut point l ’union du courage et
de la stratégie, était né à Rora entre 1610 et 1613. Un
des capitaines des Vaudois dans l ’affreuse persécution de
1633 , il s’était signalé par des actes d’une bravoure extra
ordinaire , ce qui lui valut d’avoir sa tête mise à prix ,
au prix de 300 ducats. Pendant quelque temps il vécut en
b an n i, errant et fugitif dans les montagnes ; puis il passa en
Dauphiné, puis rentra aux V allée s, en 1662, pour prendre
part à de nouvelles expéditions. C ’est à la suite de ces
derniers événem ents, qu'il fut *condamné à être tenaillé
(avec des tenailles rougies au feu), mis à mort, puis écartelé,
avec exposition de la tête , détachée du tronc « in luogo
eminente » (Edit du 23 juin 1663).
Janavel se retira alors à Genève où nous le trouvons lors
que les Vaudois furent expulsés de leur patrie (en 1686).
Il avait prévu les malheurs qui venaient de les frapper, et
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— 32 —
aussitôt aiirès la révocation de l’Edit ;de Nantes (1683), il
leur avait écrit, sur ce sujet, une lettre dontnos lecteurs ne seront
pas fâchés de trouver ici quelques fragments : en même temps
qu’ ils feront connaître l’homme , ils seront une introduction
toute naturelle à ses directions sur la rentrée.
« Ce peu de mots sont pour vous saluer de tout mon cœur et
vous donner des témoignages de l’amour que je vous porte. Vous
ne serez pas fâchés de savoir mes sentiments sur plusieurs choses
qui vous concernent. C’est que si Dieu voulait mettre votre foi à
l’épreuve , comme on le dit et comme on le croit , je vous prie
de prendre en bonne part ce que vous apprendra la présente ,
quoique je ne doute point de votre prudence et de votre conduite.
« La première chose que vous ayez à faire, c’est d’être tous
bien unis , et que messieurs les Pasteurs soient obligés de suivre
leur peuple jour et nuit , afin d’être honorés et respectés comme
des serviteurs du Seigneur sur la terre. Non pas qu’ils s’exposent
au danger des combats , mais qu’ils s’occupent seulement à prier
Dieu et donner courage aux combattants , à consoler les mourants
et mettre en lieu de sûreté les blessés et les pauvres familles.
Pour maintenir celle union qu’il a recommandée, il veut
qu’on s’y engage par serment:
«< Les Pasteurs , d it-il, seront obligés de fbire assembler leurs
peuples, et après les exhortations nécessaires , selon la parole de
Dieu, ils obligeront grands et petits de lever les mains au ciel , et
de jurer fidélité à l’Eglise et à leur p a trie , quand même il
s’agirait de la mort.
« Ceux qui jureront ou blasphémeront le Saint ’Nom de Dieu
dans vos compagnies, seront grièvement punis pour la première
fois, et pour la seconde, privés même de la vie ; et ainsi fai
sant , vous verrez que l’épée de l’Eternel sera à votre droite. —
Si les choses tournent à la guerre , la première chose que vous
ayez à faire c’est d’adresser des requêtes bien humbles à votre
Souverain; et cependant ne laisser pas d’avoir deux hommes en
campagne dont l’un soit pour aller et l’autre pour venir , afin
que vous ne soyez pas surpris ».
Il ne veut pas que dans les compagnies que l’on formera en
cas de défense , et qu’il conseille de faire petites , « de vingt
hommes au plus » , on établisse de lieutenant , « afin, dit-il
de ne pas marcher avec les grands de la terre. On m ettra.
si on le trouve à propos un syndic pour commander et donner
les ordres aux capitaines de chaque locaUté, et on aura un
conseil secret ¡composé d’un homme de chaque vallée, fidèle,
et craignant D ieu, d’un ou deux pasteurs qui aient du cœur
et un commandement général par-dessus toxis les peuples des
Vallées ».
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-- JD -
« Tout cela se fera à voix de peuple et avec bon ordre ; et
si Dieu vous donne du temps, vous aurez soin d’acheter un peu de blé
et de le retirer par les montagnes , afin qu’il serve à secourir
les plus misérables, et à entretenir les compagnies volantes.
« Il faudra bastionner la Colette du Taillaret en premier lie u ,
afin de conserver une grande partie de La Tour et garder ceux
qui ne pourront pas se mettre en la montagne de Vandalin. Le
'Taillaret bien gardé conserve une grande partie d’.\ngrogne.
« Pour Angrogne il faut barricader fortement Revengier , parce
que c’est un lieu de grande importance, lequel bien gardé, ga
rantit Rocheplate, St Germain et Pramol, avec Rioclaret de St
Martin ; et en cas qu’on ne puisse pas tenir bon à Revengier ,
on se retire au lieu du Pra-du-Tour.
« Pour ce qui est du Villar , on bastionnera le lieu nommé
Pertuzel, Barma d’Haut et la Sarcena.
« Ceux de Rora se retireront à Boby, avec ceux de la Combedes-Charbonniers. On tiendra le chemin du Col Julien libre et
ou v ert, et on ne quittera ce chemin de Mirabouc qu’à toute
extrémité......
« Je vous avertis que lorsque vous poursuivrez vos ennemis ,
vous ayez à faire deux bandes , l’une par flanc et l’autre par
pointe, afin de vous garantir des embûches, et il faudra en
avertir tous les capitaines, afin qu’ils n’exposent pas leurs soldats,
car en les conservant on garde l’Eglise de Dieu.
« Vous êtes tous hommes de force et de travail , n’épargnez
donc pas vos soins ni vos peines pour faire des barricades partout
où vous le jugez à propos , coupant des arbres et rompant les
chemins , pour empêcher le passage aux ennemis.
« Je crois que les capitaines ne feront pas mal de faire avoir
des frondes à ceux qu’ils trouveront capables ; parce que lors
que vous vous battrez à la descente, les pierres de fronde avec
six fusiliers font plus d’effet que vous ne pourriez croire. J’en ai
fait moi-même l’expérience en 1655; avec un peu de fusiliers et
six ou sept hommes de frondes, nous battîmes l’ennem i, et sans
cela nous aurions été tous perdus.
<• Les coulevrines seront remises aux mains de personnes as
surées , afin qu’elles s’en servent à propos...... Prenez garde sur
tout au sang innocent, afin que Dieu ne soit point irrité contre
vous ».
« La plus grande force des ennemis en ces temps-ci consiste
ordinairement en bombes , carcasses, boulets , grenades et aut res
artifices ; mais que cela ne vous épouvante pas. Je m’assure que
les dragons qu'on croit des diables se trouveront arrêtés par des
hommes craignant Dieu. Pour ce qui est des munitions, ne vous
mettez pas en peine qu’elles manquent. Je vous en dirai quelque
chose à la première commodité assurée.
« J’avais oublié de vous dire de ne jamais faire battre la re
traite de votre côté , parce que cela fait perdre courage à vos gens
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— 5í^ —
et l’augmente à l’ennemi. — Souvenez-vous aussi de faire des
bastions aux sommets des montagnes, afin que l’ennemi ne puisse
jamais voir ni ceux qui vont ni ceux qui viennent.
« Souvenez-vous encore de ne vous prendre jamais aux pro
messes ni aux menaces de vos ennemis. Lorsqu’on vous menace
le plus, c’est alors que vous devez craindre le moins. — Je vous
veux encore prier d’avertir les capitaines de ne songer point au
pillage. — Attaquez le soir, car si vous avez le dessus, le terrain
qui vous est connu ne vous empêchera pas d’achever la victoire ; et
si vous avez le dessous, il vous fa\ orisera , et puis c’est une
chance de rompre les conseils des ennemis.
Après plusieurs autres recommandations que nous passons,
il ajoute :
« On ne doute point qu’on ne se serve des mêmes artifices
et ruses dont on s’est servi ailleurs; c’est qu’ils étudieront tous
les prétextes imaginables contre les pasteurs, afin d’avoir lieu de
les chasser.........Et surtout qu’ils n’aillent point à Turin , car
c’est là sûrement le commencement de notre perte.
Quand Josuc Janavel envoyait de l’exil ces directions à
ses coréligionnaires , il était âgé de près de 80 ans , et il
y en avait 52 qu’il n ’avait pas revu ses chères Vallées.
Mais quelle vigueur de jeunesse respire dans ces lignes, et
comme on y sent que si de corps il était depuis longtemps
éloigné de sa patrie, son cœur et toutes ses affections étaient
<;onstamment tournées de ce côté ! La résistance sur laquelle
l’héro’ique vieillard comptait en dictant ses avis n’eut pas lieu. Au
lieu de se conserver unis comme ils l’avaient toujours fait, les
Vaudois se divisèrent, et cette circonstance lesperdit. Les pasteurs
qui auraient dû donner l’exemple de l’énergie, opinèrent presque
tous pour l’exil ; quelques-uns même abjurèrent leur foi. « Triste
» époque! déplorables faiblesses! s’écrie à ce sujet Mr .M. ; mais
» Dieu retrempa son peuple dans une épreuve plus grande que
» toutes celles qu’il availdéjà subies ». Lorsque Janavel vit arriver
à Genève les tristes débris de ses frères, dont au-delà de 10,000
avaient péri dans les prisons, on rapporte qu’il tomba évanoui
entre leurs bras. Mais bientôt le courage reprit le dessus, sa
confiance en D ieu, un moment ébranlée , rentra plus ferme
dans son âme ; et dès lors le projet d’une rentrée, telle qu’elle
s’effectua trois ans plus la rd , semble avoir été Ip pensée
dominante de son esprit.
(la suite prochainement).
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—
Sb
—
Q lI E S T lU r V S E O C A I i E S
D e s ra p p o rts à é ta b lir e n tr e l ’E s lls e v a u d o is e et l ’É t a t
L ’article premier du Staluto (Constitution) en même temps
qu’il proclame la religion catholique romaine « seule religion
de l’État », déclare quant aux autres cultes existants , le vaudois
et l’israëlite, qu’ils sont « tolérés conformément aux lois ».
Mais quelles lois ?
Si par là on avait dû entendre les lois anciennes, c’est-àdire les ordonnances oppressives, en tant qu’elles n’ont pas
été abolies par l ’Édit du 17 février 1 8 4 8 , la position faite
aux membres de ces deux communions aurait continué d ’être
fort triste , et à beaucoup d’égards , les droits civils et poli
tiques qui leur ont été accordés, n ’auraient été qu’un simple
leurre.
L ’esprit libéral du Statuto faisait bien penser, il est vrai,
à des lois encore à faire , desquelles toute trace de l ’ancien
fanatisme serait bannie, pour faire place à un esprit de justice
et de liberté, digne d ’un pays civilisé et d’un gouvernement
franchement constitutionnel. Mais avec tout cela, ces lois nouvelles
n’existent point encore, et jusqu’ à présent (en grande partie,
il faut le croire , par la faute des circonstances), le gouver
nement ne s’était pas montré trop empressé d’y mettre la main.
Enfin pourtant, le Conseil des Ministres vient de diriger
son attention de ce côté, et une commission de dix membres
(parmi lesquels un représentant des Vaudois et un des Israélites)
a été nommée, il y a quelques jours, à l ’effet de donner un
préavis sur cette importante matière.
Tout en déclarant que son intention est de laisser à cette
commission la plus entière liberté quant aux propositions
qu’elle croirait devoir faire , le Ministère indique lui-même
un certain nombre de questions sur lesquelles il désire que
l ’attention des commissaires soit tout particulièrement dirigée.
Ce sont les suivantes :
L « S ’il faut supprimer la concentration dans le mini
stère de l’Intérieur des affaires concernant les Vaudois et les
Israélites , et par conséquent les répartir entre les différents mi
nistères , selon les attributions particulières à chacun d’eux ; et
jusqu’où doit s’étendre l’ingérence des Ministres et de leurs agents
en de semblables affaires.
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— S6 —
2. « S’il convient de reconnaître ou de maintenir aux sociétés
vaudoise et israëlite la condition de corps moraux, pouvant, par
le moyen d’une représentation légitime, faire les actes de propre
administration qu’elles jugeraient convenables.
3. « S’il convient de laisser à de telfes représentations l’ample
mission de prendre quelque décision que ce soit, concernant les
intérêts communs de ces sociétés, ou bien déterminer des limites,
et quelles seraient , dans un tel cas , les limites à fixer.
4. « S’il faut répartir cette société en districts qui aient chacun
leur propre administration, et quels seraient les districts à fixer.
— S’il faut admettre une administration centrale pour tout l’État.
— S’il faut pour la formation du corps représentatif adopter la
forme élective, et quelles règles il conviendrait d’établir pour ces
élections, afin que tous les intérêts fussent équitablement repré
sentés.
5. « S’il est nécessaire de déterminer les conditions principales
à observer, par rapport aux individus de ces religions tolérées,
quant à leur participation à quelqu’une des institutions publiques
et principalement quant à l’instruction publique, aux asiles publics,
afin de nq pas attaquer dans ceux-ci le principe religieux parti
culier aux catholiques, et en même temps conserver à chacun
sa propre liberté de culte.
6. « S’il faut préventivement établir les règles générales d’après
lesquelles ces sociétés feront face à leurs dépenses.
7. « Si pour la forme des anciennes lois et pour l’adoption des
nouvelles lois en question , il faut convoquer une représentation
extraordinaire qui les examine et les discute avant de les sou
mettre au Parlement ; et quelles règles il conviendrait de suivre
dans la composition de cette représentation.
Ces différenles questions ne sont pas seulement bien et
nettement posées, mais elles révèlent, à notre a v is. la par
faite bonne foi du Ministère et son désir vrai de tutéler
d’une manière efficace les intérêts de toutes les classes de
citoyens.
Comment seront-elles résolues ? Là est l ’important de
l'affaire.
Pour n ou s, nous ne saurions voir à ce qu’il y a de sub
stantiel dans ces différentes questions, en tant que se rap
portant aux Vaudois, qu’une solution acceptable à la fois par
le Gouvernement et par l’Église vaudoise , savoir : la conti
nuation de ce qui a existé jusqu’i c i , Moms l’oppressiox ou
en d’autres termes, la pleine et entière autonoinie(l) de l ’Eglise,
dans les limites dti droit commun. Le Gouvernement, indé(1) La faculté de se gouverner par ses propres lois.
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— 57 —
pendamment de touleautreconsidération, ne peutdésirer l'établis
sement de rapports plus intimes avec une église qui n’est pas celle
de l ’É ta t, aussi longtemps que c ’est au nom d’une Constitution
qui admet une religion d ’État qu’il administre ; et pour ce
qui est de l ’Église vaudoise, elle ne pourrait, quelque prix
qu’on voulût y mettre, consentir à l ’abandon de son auto
nomie , sans renier du même coup son passé et le principe
sur lequel elle repose : son passé qui offre le beau spectacle
d ’une glorieuse indépendance conservée à travers des siècles
d’oppression et de tyrannie ; son principe qui , se rédui
sant , en fait d’organisation ecclésiastique au gouvernement
de l ’Eglise par l ’Eglise, se trouverait frappé au cœur par
l ’intervention dans nos affaires religieuses d’un pouvoir d ’une
autre nature.
Telle est aussi la solution à laquelle le corps des Pasteurs,
invité par la V . Table à donner son avis sur cette grave
matière , s’est arrêté. Avec la plus touchante unanimité , il
s’est déclaré prêt à tous les sacrifices , plutôt que de com
promettre en quoi que ce soit ce précieux dépôt de notre
indépendance spirituelle, fruit de la foi et des souffrances de
nos pères (1). Nous ne doutons nullement que l ’Eglise consultée
ne décidât de la même manière. Or , quel intérêt l ’Etat
pourrait-il avoir à décider autrement? Ce qui , aux jours
de notre plus grande oppression , ne nous a jamais été contesté,
le serait-il aujourd’hui que la pleine possession de nos droits
civils et politiques nous a été reconnue? — Nous ne saurions
le croire.
RECliASlJl'riOIV
En portant dernièrement à la connaissance du public les
indignes traitements exercés sur la dépouille mortelle d ’un
soldat de nos coréligionnaires, nous terminions notre article
à ce su je t, en priant la V . Table de ne pas laisser passer
de telles énormités inaperçues, mais de s’en plaindre au Mi
nistère , et si celui-ci refusait de faire justice , de s’adresser
directement aux Chambres.
(I) l'n certaio nombre de laïques invités par la Table à intervenir à cette
réunion ont tous voté dans le même sens que les pasteurs.
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— 58 —
En réponse à ces quelques lignes , où il n’y a v a it, on
peut nous en croire, malveillance d’aucune sorte, et comme
preuve que la V . Table n ’avait pas attendu à aujourd’hui
de faire ce que nous demandions d’elle, nous avons reçu de
Mr le Modérateur de l ’Eglise vaudoise copie de deux pièces
existant dans les archives de la Table : 1° une pétition
adressée par cette autorité, en date du 6 mars 18?t8 , au
Parlem ent, à l ’occasion précisément de sépultures du genre
de celle que nous avons dernièrement signalée (nous ignorons
ce que cette pétition est devenue). 2“ Une lettre du xMinistère de la guerre , en réponse à un mémoire adressé à ce
Ministère par la V . Table , demandant pour nos soldats , en
même temps que la dispense d ’assister à la messe le dimanche,
la faculté d’assister aux services de leur culte, quand de tels
services existaient dans les villes où ils se trouvaient en gar
nison ; plus la libre entrée des hôpitaux aux Ministres de
l ’Évangile pressés d ’apporter aux soldats vaudois les secours
et les consolations de la religion. — Dans une lettre par
ticulière accompagnant ces deux pièces , Mr le Modérateur
nous explique que si la Table n’avait pas fait encore, pour
le cas a c tu e l, les mêmes démarches que pour les précédents,
cela tenait uniquement à ce que ce cas n'était point parvenu
à sa connaissance lorsque nous le publiâmes.
A ce propos, et tout en remerciant beaucoup Mr le Modérateur
pour les communications dont il a bien voulu nous honorer,
nous nous permettrons d’exprimer un double vœu,
1® Que la V . Table fasse un devoir aux Consistoires et
particulièrement aux Pasteurs, de porter immédiatement à
sa connaissance tous les faits attentatoires à nos droits, qui
pourraient leur revenir, les accompagnant, cela va sans dire, de
tous les documents propres à en garantir la parfaite authenticité.
2® Que lorsque des pièces , comme la seconde de celles
que nous venons de mentionner , destinées à servir de règle
aux Vaudois en général, ou à de certaines catégories d ’entr’e u x , parviennent à la Table , celle-ci veuille bien aviser
aux moyens de les rendre aussi publiques que possible.
Les motifs qui rendent très-urgente cette double mesure
n ’ont pas besoin d’être développés yci : tout le monde les
devinera facilement , et la V . Table m ieux que personne.
— V o ic i, en attendant, la traduction de la lettre du Mi
nistère de la guerre , dont il a été parlé :
11
—
39
—
Turin le 8 mai
Monsieur le Modérateur !
Bien que les soldats vaudois n’aient reçu de l’autorité militaire,
ni défense ni empêchements de vaquer, toutes les fois que le ser
vice le perm ettait, aux devoirs de leur propre culte, néanmoins,
pour répondre au désir qui m’a été exprimé par la Table dans
son mémoire du 23 avril échu , j ’ai pris les dispositions néces
saires , pour qu’il soit permis aux! dits soldats d’intervenir aux
fonctions de leur culte ( pourvu toutefois qu’elles aient lieu dans
les localités où ils résident), pour autant que le comportent les
exigences du service qui ne doit en recevoir aucune entrave, et
pour que les Ministres protestants puissent sans difficulté entrer
dans les hôpitaux , pour tendre aux soldats leurs coréligionnaires
qui s’y trouveraient recouvrés, les secours de leur propre religion.
Voilà, Monsieur, ce que j ’ai l’honneur de vous signifier, pour
votre règle et en réponse au mémoire précité. Je saisis cette oc
casion pour vous offrir l’assurance de ma^ haute estime.
Pour le Ministre secrétaire d’Etat
le premier Officier
L. V alfbê.
M Æ SSÆ OaiS EVANtiÆ ÏÏjM QW JtiS
S o c i é t é a e » !fÊi»»iona O c F a c i »
(suite du rapport).
Les traits saillants qui font ressortir le caractère particulier
de l’œuvre des Missions au Sud de l’Afrique, en même temps qu’ils
attestent la présence et les opérations de l’Esprit du Seigneur,
ne manquent pas dans ce rapport. Ici, c’est une pauvre femme
Bushman qui a eu quelque fois l’occasion d’entendre la vérité.
Malade et étendue sur sa natte, elle regrette la maison de prière,
et il lui semble entendre le son de la cloche qui l’y appelle.
» 11 y a là-haut dans le ciel lui dit le missionnaire, une
« vaste maison de prière ». C’est probablement là que la
’> cloche vous invite à vous rendre. Est-ce que vous savez prier ? »
— « Ah ! je suis très-ignorante, répond la pauvre femme ; ap•> prenez-moi comment on prie le Seigneur Jésus-Christ! » —
Et le Missionnaire , après lui avoir annoncé l’Évangile, lui fait
1 épéter l’oraison Dominicale ; et peu de jours après, cette indigène
qui avait entendu à la dernière heure le message de la réconci
liation, s’endormait du dernier sommeil. — Là, c’est le fils d’un
chef sauvage qui a formé des relations criminelles, calomnié les
chrétiens, et repoussé pendant plusieurs années la vérité. Un
12
—
60
—
jour, au milieu de la prédication sur ce texte : « Que diras-tu,
lorsque le Seigneur plaidera contre toi? » on le voit chanceler
sur sa chaise ; ses yeux s’ouvrent sur l’énormité de ses péchés ,
il rompt les liens qui le retenaient dans le mal, et il se pré
sente plus tard au baptême sous le nom de Gédéon. — Ailleurs,
c’est une femme qui, pendant huit mois, a fait à pied, toutes
les semaines, plus de cinq lieues pour assister au service divin.
— Dans une autre occasion, le missionnaire de Thaba-Bossiou
voit, à sa grande surprise, arriver un soir au crépuscule une
longue file de mères de famille, portant sur leurs têtes des cor
beilles pleines de b lé, qu’elles déposent à ses pieds ; elles avaient
choisi cette heure pour échapper au regard du public. « C’est
» au Seigneur, lui dirent-elles, que nous faisons cette offrande.
>> Le pays a été cette année ravagé trois fois par la grêle , et
» cependant nous avons eu une récolte abondante. Vous, serviteur
>) de Christ, voyant notre foi chanceler , vous nous avez dit au
» fort de répreuve : Ne craignez rien, vous n’aurez pas faim pour
» cela, et vos paroles se sont réalisées, en voici la preuve ». —
Dans plus d’un cas, les païens ne taisent pas l’admiration que leur
inspire la vie des chrétiens : « 11 a un Dieu, s’écrient-ils quel» que fois. L’Evangile porte avec lui l’abondance, la paix et
» le bonheur; les convertis nous l’assurent et nous le prouvent.
» Nous disions d’eux que c’étaient des fous; mais nous avions
» tort. Nous pensions qu’ils se lasseraient bientôt des blancs et
» de leurs doctrines, et qu’ils reviendraient à nous. Inutile au» jourd’hui de s’y attendre encore. Voyez comme ils se recher» chent les uns les autres, et comme ils ont à cœur de nous
» amener tous à Jésus-Christ ».
Une circonstance qui , dans ces stations, augmente encore la
difficulté en soi déjà si grande de la tâche du Missionnaire,
c’est la multitude des villages et la grande distance qui les sé
pare les uns des autres. Ainsi la station de Morija comprend à
elle seule (il est vrai qu’elle est la plus grande), 230 localités,
formant entre toutes une population de 20,000 âmes , c’est à-dire
à peu près la population de toutes nos paroisses réunies. Eh bien!
pour annoncer l’Evangile dans toutes ces localités, il n’y a que
deux missionnaires qui regardent comme un devoir de les par
courir successivement dans des excursions qui durent tantôt deux,
tantôt trois, même trois mois et demi, et s’étendent jusqu’aux
limites du pays ! Le missionnaire Frédoux a dans sa station de
Motito, cinq annexes éloignées du centre de h u it, vingt-cinq,
trente et soixante-cinq lieues, ce qui l’oblige de faire, pour les
visiter toutes, le chemin de 260 lieues !
Ce qui , dans le rapport que nous analysons, offre un intérêt
tout particulier, c’est de voir la manière vraiment providentielle dont
Dieu est venu au secours de cette œuvre. 'Au milieu de la grande
crise commerciale qui affligea , l’année dernière , la France et
une grande partie de l’Europe, la société des Missions de Paris
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crut arrivé le moment où elle ne pourrait plus faire face à ses
dépenses, et devrait par conséquent, sinon abandonner tout-à-fait
son œuvre , la restreindre à des proportions très-limitées. En
effet, à la fin d’un exercice où elle avait reçu de ses amis à peu
près tout ce qu’elle pouvait en attendre, elle se trouvait en
face d’un nouvel exercice, avec un de/îcit de 13,210 f r . , 93 cent,
et des engagemens de 100,000 fr. environ ! où trouver une telle
somme, dans une pareille année ? Eh bien ! Dieu y a pourvu
les secours envoyés de toutes parts , même de l’In d e , où furent
collectés 20,000 f r . , non seulement ont comblé le déficit et fait
face aux dépenses de l’année , mais ont laissé la société avec un
fonds en caisse de plus de 100,000 fr. ! « Un pareil résultat,
» s’écrie le rapporteur, (et qui ne s’associerait à ses paroles?)
» n’est-il pas de nature à nous pénétrer de la plus vive recon» naissance, et n’y a-t-il pas dans ce concours de charité et de
» sympathie, eu faveur de notre œ uvre, une voix du Seigneur
» qui nous crie : Pourquoi donc avez-vous douté, gens de petite
» foi? N on, après ce que le Seigneur nous a fait voir cette an» née , il n’est plus permis de mettre en d o u te. . . . la béné» diction que le Seigneur a fait et veut faire reposer sur e lle ;
» il n’est plus permis de supposer que les révolutions sociales,
» même les plus profondes, la puissent anéantir ; car si elle avait
» dû p érir, l’année 1848 aurait décidé de son sort et tranché
» sa destinée. Levons-nous d o n c , pleins de reconnaissance pour
» le passé et de confiance pour l’avenir , et que le cri de nos
» cœurs à tous soit : Gloire soit au Père , au Fils et au Saint» E sp rit, comme il était au commencement, comme il est main» ten an t, comme il sera éternellement ; son immense c h a r ité ,
» son immuable fidélité , durent aux siècles des siècles ! »
B U L L E T I N B IB L I O G R A P H IQ U E
B E H E F IZ IO D E U A K O B T E J>X C B IS T O di AoNio P aleario; Firenze
marzo 1849. Se trouve ò Turin chez Gianini e F io re , et chez les
principaux libraires d’Italie.
En expulsant les vendeurs du Temple, le Seigneur a divinement.ca
ractérisé la nature et l'essence de la religion chrétienne; ce n’est pas
un vil marché, mais un libre et mutuel échange d’amour entre l’âme
et son Dieu. Celte grande et féconde vérité n’a jamais manqué de dignes
représentants, de ces âmes nobles qui, de siècle en siècle, en dépit
des efforts redoutables des mercenaires, l’ont fait briller du plus pur
et du plus vif éclat. L’Italie a fourni sa bonne part de ce glorieux et
saint tribut. Cela même nous autorise à espérer pour elle de meilleurs
jours, lorsque sera •''•••oinpli le terme de son enfantement donlourenv
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Les prémices sont un gage assuré d’une riche moisson. — Parmi ces
courageux confesseurs, q u i, au sein du plus affreux despotisme religieux,
ont élevé une voix libre et ferm e, nous devons une place honorable à
P aleario ou Aom o della P a g lia . — Remarquable par l’élévation de ses
sentiments, l’énergie de sa foi , autant que par l’étendue de ses con
naissances , il est venu, lui aussi, apposer un sceau de sang en faveur
de celte belle déclaration de l’Écriture : achète la vérité et ne la vends pas.
Parmi ses divers écrits, le plus important est sans contredit son Traité
sur le Bienfait de la mort de Christ. 11 y fait preuve d’un esprit solide,
nourri de la lecture de la Bible et des Pères, et nous développe dans
une belle harmonie et avec un choix admirable d’images le plan mer
veilleux du salut. — Les vues de Paleario sont tout-à-fait conformes aux
principes de la Révélation , et en particulier aux incomparables Épitres
de l’Apôtre des Gentils : pour lui la mort de Christ est le moyen unique
et efCcace de salut, comme elle est en effet le centre lumineux qui
reflète, sur toutes les parties de la doctrine et de la vie chrétiennes, ses
doux et bienfaisants rayons. — Cette brochure précédée, d’une notice sur
la vie de l’auteur , se recommande encore par l’exécution typographique ,
l’exactitude et l’élégance de la traduction italienne (l’original italien avait
disparu grâces à la vigilance des Inquisiteurs). — Nous renonçons volon
tiers aux citations, pour laisser à chacun ie plaisir d'une lecture aussi
attachante.
i¥OErrÆÆ.M>ÆS nÆ JùM tijrjEtriSJES.
F rance . Synode constituant des Eglises évangéliques indépendantes de
¿'Etat: Ce synode s’ est réuni le 20 août dernier, sous la présidence de
Mr le Pasteur Frédéric Monod. Trente Eglises , dont 16 déjà constituées
depuis plus ou moins longtemps et 17 en formation, y étaient rejfrésenlées.
Sept autres , sans se faire représenter, ont écrit pour témoigner leur
sympathie. Outre les députations proprement d ites, l’assemblée comptait
dans son sein des représentants de plusieurs églises étrangères : l’Eglise
libre et l’Eglise presbytérienne-unie d’Ecosse, l'Eglise évangélique de
Genève , l’Eglise missionnaire belge et l’Eglise libre du Canton de Vaud.
La veille de l’ouverture , qui était un dim anche, après deux prédica
tions , une le malin et l’autre l’après-midi , tous les membres du Synode
avec les fidèles qui ont voulu se joindre à e u x , ont pris la Sainte-Cène
ensemble. « Cet acte de cordiale fraternité, disent les .Archives du
Christianism e , auxquelles nous empruntons ces détails, a été parti
culièrement solennel et béni. Il était touchant et édifiant, de voir l à ,
confondus autour de la table du Seigneur, dans un même sentiment
de foi et d’am our, des frères de positions ecclésiastiques et de vues
secondaires très-diverses..............tous , laissant momentanément de côté
ce qui les distingue les uns des autres, pour ne se souvenir que de
la grande et fondamentale unité qui les constitue en un seul peuple
particulier de D ieu , ié lé pour les bonnes œ uvres». Le Synode a eu
12 séances, dont n e u f, de sept heures chacune, ont été consacrées à
la discussion du pfojef de constitution préparé par une Commission.
O Les vues les plus diverses, les plus opposées , poursuit le même journal
que nous avons 'déjà^ c ité , s’y sont produites de la manière la plus com
plète, avec la plus m o i ue libe rté, etdânstO utle cours de ces longues et
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frandies discussions , il n’a pas été prononcé un seul mot qui pût
blesser ni même froisser la sensibilité la plus sensitive, pas un s e u l..........
Nous avons vu dans celle occasion se manifester de la manière la plus
réjouissante le pouvoir de la Parole de Dieu et de la prière ; car c’est
sous l’influence de ce pouvoir qu’ont été conduites toutes les délibéra
tions du Synode. Ce n’était pas pour la forme que les séances s'ouvraient
par la lecture de la Bible , par le chant des cantiques et par des prières;
qu’elles étaient parfois interrompues par la prière et qu’elles se ter
minaient par la prière : c’était un besoin profondément senti du secours
et de la présence de Dieu . . . c’était une faim , une soif à laquelle
il pourvoyait dans sa bonté. Jamais ceux qui ont été les témoins n’ou
blieront la matinée du samedi 1. 7.bre, où après de ferventes prières,
la Constitution , votée la veille avec la pins touchante et la plus absolue
unanimité (unanimité d’autant plus précieuse qu’elle avait été précédée
de débats plus complets), fut solennellement signée par tous les membres
du Synode; o ù , après une allocution du président, énumérant les grâces
dont le Synode avait été l’objet, et une prière prononcée par lui ,
rassemblée entière entonna le beau cantique : Trois fois saint Jéhova
etc., cantique noyé pour ainsi dire dans les larmes d’une reconnaissante
émotion, et où tous les frères se • sont salués les uns les autres
par un saint baiser ! »
Le Synode a fini comme il avait commencé . par la célébration de la
Sainle-Cène à laquelle ont pris part tous ses membres. — Puissent toutes
les Eglises évangéliques et notre chère Eglise vaudoise avec elles , célé
brer dans leurs seins beaucoup de Synodes qui soient, pour l’esprit, ce
<|u’a élé celui dont nous venons de retracer la physionomie.
— Ce gui manque à lu France et à bien d’autres pays avec elle:
Le fait suivant se lit dans le Journal des Débats, le !"■ journal poli
tique de la France : a Les délégués du Congrès de la paix ont donné
le 28 août à Versailles un déjeuner aux délégués des Etats-Unis. Mr
Cobden qui présidait a offert aux Américains un exemplaire de la Bible
en français. Nr Allen du Massachucliels a rappelé que lui et ses com
pagnons étaient les descendants de ces Puritains qui avaient autrefois
traversé l’Océan pour sauver la liberté et chercher un asile où ils
pussent adorer librement Dieu, et lire librement la Bible, et il a ajouté
CCS paroles que nous prenons la liberté de recommander à Mr le Curé
de la Madelaine ; « Ce qui manque à la France, ce n'est ni l’intelligence,
» ni la science, ni le goût, ni la littérature ; c’est ia connaissance
• des grandes vérités de la Bible. Un roi de France exprimait le désir
• que tout paysan du royaume pùt avoir une poule au feu. Nous expri» merons un autre désir, c’est que tout paysan de France puisse avoir
• une Bible dans sa cabane ! »
A utriche : Organisation de l’Église Protestante. Nous lisons dans le
Courrier Suisse que « l’Église protestante de Vienne a célébré le 29
juillet dernier une fête remarquable et d’une haute signification, puis
que pour la l.r° fois en Autriche, on y a proclamé l’égalité des droits
des Protestants avec leurs frères Catholiques. Tous les super-intendants de
la Monarchie Autrichienne , formant un cortège solennel , se sont rendus
au temple protestant ; là le super-intendant Pauer a pris la parole et
leur a déclaré qu’ils avaient été convoqués par le gouvernement, afin
de s’occuper ensemble, en toute liberté et sans aucune contrainte, de
constituer et d’organiser en Autriche l’Église protestante et de poser les
bases et les principes d’après lesquels elle s'administrera elle-même par
la suite i.
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N O V T E t jïïé Æ S
6
!. JP O EiÆ T M Q VÆ S
INTÉRIEUR
— Etats -R omains. Il y a quelques m ois, quand la République fran
çaise portait contre la République romaine des armes fratricides, on
d isa it, pour justifier l’immoralité d’une telle expédition, qu’elle était
indispensable pour tutéler la liberté des Etats-romains contre une réaction
imminente. Nous avons déjà donné dans notre dernier N“ un petit échan
tillon de la manière dont ces libertés ont été tutélées. Voici mainte
nant le complément; Par un manifeste daté de N aples, du IS! 7.bre,
le Pape annonce à ses « bien-aimés sujets * q u e , « pour la conso
lation des bons qui ont des droits à sa bienveillance spéciale , « et
pour désabuser les p e rv e rs,........... de sa propre volonté et science cer
ta in e , il avait résolu ce qui suit » (en place de la Constitution qu'il
avait lui-inéme donnée, il n’y a pas bien longtem ps):
1. Etablissement d’un Conseil d’Ètat (dont on ne connaît encore ni
le nombre, ni les devoirs, ni les prérogatives) pour donner son avis
sur certains projets de lo i, quand il plairait au Pape et à ses cardi
naux de le lui demander.
Si. Etablissement d’une Consulte d’É la t , mais uniquement pour les
affaires de finance. Et de peur de conséquences fâcheuses, cette Con
sulte sera choisie par le Pape sur des listes proposées par les Conseils
provinciaux lesquels Conseils sont pareillement nommés par le Pape sur
des listes proposées par les Conseils communaux, q u i, à leur to u r,
ne pourront être composés que d’hommes payant un certain cens à
déterminer par une loi encore à faire!! Des réformes judiciaires sont
aussi promises.
« Enfin , toujours porté par l’inclination de son « cœur paternel à
l’indulgence et au pardon » et voulant encore cette fois donner lieu à
un tel acte de clémence , le Pape a ordonné qu’ une amnistie fût pu
bliée en son nom , en faveur de tous les compromis dans les derniers
événements politiques, moins les catégories ci-après qui en sont exclues :
1. les membres du gouvernement provisoire; 2. les membres de l’As
semblée constituante , quelles qu’aient été d’ailleurs les opinions soutenues
par eux dans cette assemblée ; 3. les membres du triumvirat et du gou
vernement républicain ; U. les chefs des corps militaires ; b. tous ceux
qui ayant déjà été amnistiés lors de l’avénement au trône de Pie IX ,
ont de nouveau pris parti contre leur souverain légitime ; 6 enfin tous
ceux q u i, outre leurs délits politiques, se sont rendus coupables d’au
tres délits prévus par les lois en vigueur !
Et ce PARDON, et ces concessions , tout c e la , en réponse à la lettre
du Président de la République française demandant ; amnistie générale,
code Napoléon, sécularisation des divers ministères. Voilà certes qui
s’appelle ne pas se laisser lier par des bienfaits. Oh ! Dieu travaille,
Dieu travaille ! Nous ne l’avons jamais senti avec autant de force que
depuis quelque temps.
Le Gérant: J , p, HBILLBi
Pignerol 1849, imprimerie de Joseph Chiantore.