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SPËCULESE9ÎT C93ISACRÉE ADX INTÉRÊTS DE LA FAH ILLE FAODOISE
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Ils disent qu’ il estV»iidois /•
Nobla leyezou.
Synodede l’Église Vaudoise. — Le pasteur Josué Meille. —
— Un mot aux Vaiidois sur la situation présente. — Lettre du syndic
de St Jean. — Paul Tourn. — Nouvelles religieuses. — Nouvelles
politiques. — Avis.
S omm ai re ;
S y n o d e d e l ’E g lis e V a u d o is e
En disant quelques mots, dans notre précédente livraison, du
caractère général de ce synode et des résultats satisfaisants
qu’il avait amenés, nous renvoyions à plus tard les détails
qui justifieraient nos assertions et légitimeraient nos espérances.
Le moment de donner ces détails est arrivé. Toutefois
qu’il nous soit permis auparavant de rappeler, aussi brièvement
que possible, à nos lecteurs les circonstances qui avaient rendu
la convocation de ce synode extraordinaire absolument indi
spensable. Il le faut pour bien comprendre ce qui s’est fait
et pour en mesurer exactement l’importance.
Une de ces circonstances, la première dans l’ordre des temps
aussi bien que par la nature des questions qui s’y rattachent,
est la contestation surgie, entre la majorité et la minorité de
la Table, et celte même majorité et la majorité du Corps des
pasteurs, au sujet de la demande de consécration au Saint Mi
nistère présentée par Mr le candidat C ., ancien élève de l ’a
cadémie de Lausanne, et dont voici Torigine.
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—
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Le I, 91 de la Discipline de l’Église Vaiidoise statue quand
aux candidats qui demandent à recevoir l’imposition des mains,
« qu’ils doivent présenter à la Table des cerlificals des aca« démies, universités ou écoles où ils ont étudié, constatant
* leurs bonnes mxeurs, et de plus qu’ils ont les connaissances
<< requises par ces écoles, académies et universités, pour y re« cevoir l’imposition des mains ».Celle disposition fut adoptée
au Synode de 1839, lorsque ce Synode, frappé des graves in
convénients qui résultaient pour l’Église, quant à la pureté
et à l’intégrité de la foi, du fait de la consécration de ses
pasteurs hors des Vallées, décida que nul, désormais, ne pourrait
avoir cure d’âmes, ni exercer les autres fonctions pastorales
dans les Vallées si, auparavant, il n’avait reçu l’imposition
des mains du Corps des pasteurs de l’Eglise Vaudoise, ensuite
d’un exposé de croyances reconnu conforme à la Confession
de foi de cette môme Église. Reconnaissant avec raison que,
si l’Eglise pouvait et devait être juge de la foi et de la vo
cation de ses futurs conducteurs, il n’en était pas nécessai
rement de même de leurs connaissances, et que celles-ci ne
pouvaient par personne être mieux appréciées que par les
académies où nos jeunes gens auraient fait leurs études, le
Synode décida de s’en remettre entièrement à ces académies,
sous ce rapport, et, en conséquence, de soumettre nos étudiants
à tous les règlements eu vigueur dans chacune d’elles ; et
comme les académies où nos jeunes gens se rendent sont di
verses et les réglements qui les régissent divers aussi; afin de
les embrasser tous dans une seule disposition, le Synode ar
rêta : que nul étudiant ne pourrait être consacré aux Vallées,
s’il n’avait rempli toutes les conditions qui le rendraient apte,
sous le rapport des mœurs et des connaissances, à être con
sacré au sein de l’académie où il aurait fait ses études. Tel
fut le sens dans lequel ce § 91 cité plus haut, fut voté,
et telle l’interprétation que, pendant nombre d’années, la Table
en donna, sans varier.
Or; au nombre des dispositions de la loi qui régissait, jusqu’en
1846 l’académie de Lausanne, où les Vallées eurent toujours
beaucoup d’étudiants, se trouvait celle qui autorisait les aspi
rants au diplèoie de Licencié en Théologie, à répartir sur
sept ans les examens qu’its'étaient appelés à subir sur les diffé
rentes branches enseignées soit dans la Faculté des Lettres et
Sciences, soit dans celle de Théologie, avec la condition toute
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fois, que « si un étudiant n'avait pas subi tous ces examens,
d’une manière satisfaisante, élans cet espace île temps, il ne
lui serait pas tenu compte de ceux qu’ il aurait subis», c'est-à-dire
qu’il devrait tous les recommencer. Le but de cette disposition,
on le comprend sans peine, était d’aller au devant des
abus que la liberté des études (1) ne manquerait pas d’amener
après elle. Le législateur avait voulu prévenir le cas où « des
« jeunes gens indolents, paresseux, traîneraient leurs études en
« longueur, et, distribuant leurs examens sur un nombre d’an« nées trop considérable, ne feraient aucune étude d’ensemble,
« mais des études successives, de manière que, les dernières
« arrivant fort longtemps après les premières, celles-ci seraient
« affaiblies ou meme perdues» (2). Uien donc de plus sage
ment calculé qu’une pareille mesure.
Le candidat en question, Mr C., étudiant en cette même
académie depuis l’automne de 1833, se trouva atteint par
cette disposition de la lui. Admis en théologie en novembre
1838, il n otait pas arrivé au terme en novembre 18fi5, et
devait par conséquent tout recommencer. L’obligation sans
doute était pénible: Air C. cherclia à léluder et s’adressa,
pour cet effet, à la Table, demandant qu il lui fût accordé
un délai de ft à 5 mois pour achever ses examens. La Table,
se fondant sur ce considérant lout-à-fait illusoire, que les règle
ments qui régissent l’Eglise vaudoise ne précisent aucun terme
à lu durée des études de ses ressortissants (nous avons vu plus haut
q u ’ils ne précisent rien de spécial, par la raison qu’ils em
brassent tout), non seulement lui accorda ce premier délai,
mais encore un second qu’un nouvel échec avait rendu né
cessaire, à la condition cependant que, Mr C. pût obtenir:
de qui de droit, le certificat prescrit par le ^ 91 de la D i
scipline vaudoise. Mais ce certificat, Mr C. ne l’obtint pas; il
ne pouvait pas l’obtenir; et au lieu du diplôme ordinaire,
d’un diplôme pareil à ceux que cette académie délivre à
tous les étudiants qui ont ' fait preuve de connaissances suf
fisantes, ce candidat ne présenta à la Table qu’une attesta
tion portant qu’il avait subi tels et tels examens, qui tous
(i) Cette liber,te, qui consistait, pour les étudiants, à suivre les cours de leur
choix, à faire leurs examens, non plus annuellement, mais lorsqu’ils se croiraient
préparés etc , était un des traits essentiels de l’organisation de cette académie.
(a) Ces paroles sont de l’bomme qui avait eu la plus grande part dans la con
fection de cette loi, et qui, par conséquent, devait mieux que personne en com
prendre le sens et la portée.
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avaient été admis. 11 y avait loin de là aux conditions re
quises par le | 91 de la Discipline: une minorité de la Table,
(le Modérateur-adjoint et le Secrétaire) déclara ne pou
voir accepter ce certificat comme suffisant; la majorité (com
posée du Modérateur et des deux membres laïques) prétendit
qu'il l’était, et le Corps des pasteurs fut convoqué pour pro
céder à l’examen de foi de ce Candidat.
Les pasteurs une fois réunis, et après avoir reçu commu
nication du procès-verbal de la dernière séance de la Table,
exposant le différent surgi au sein de ce Corps, et les causes
qui l’avaient fait naître, demandèrent que les pièces leur fus
sent remises, afin de pouvoir se prononcer. Cela s’était tou
jours fait, cela devait se faire à plus forte raison dans cette
circonstance. La Table, ou plus justement la majorité, s’y
refusa absolument: « Le rôle des pasteurs, disait cette ma>< jorité, est d’e.xamiiicr, quant à leur foi, les candidats que la
» Table leur présente comme en règle, sous le rapport des con« naissances : le reste ne les concerne en aucune façon ».
— « ¡Notre devoir, répliquaient les pasteurs ou du moins la
« majorité d’entr’eux (6 sur 20 votèrent pour la Table), est de
« n’imposer les mains à personne avec précipitation, c’est-à-dire,
« sans nous être assurés que le candidat qu’on nous présente,
« possède les qualités requises par la Parole de Dieu d’un vrai
« ministre de l ’Évangile, et qu’en particulier il remplit exacte« ment les conditions exigées par notre Discipline. Or, comme
« les doutes les plus graves existent dans nos esprits, sous ce
« rapport, au sujet du candidat qui nous est présenté, nous
« demandons à être mis en état de dissiper ces doutes ■>.
— « C’est à la Table, leur répondait-on, et non au Corps
« des pasteurs, que le Synode a confié l’exécution des lois et
« par conséquent aussi leur interprétation: les pasteurs n’ont à
« cet égard qu’à obéir; et s’il y a eu déviation de la loi;
« de la part de la Table, le Synode, à qui cela appartient,
« lui en demandera compte » — Il est vrai, reprenaient les
« pasteurs, qtie la Table n’est tenue de rendre compte de
« ses actes, qu’au Synode; aussi, dans tout ce que la Table
<> peut faire par elle-même, qu’elle agisse, les pasteurs n ’auront
« à y voir ni plus ni moins que le plus petit d’entre les fidèles.
« Mais si la Table, parce qu'elle s’est, dans un acte quelconque
« de son administration, départie de la loi, veut forcer les
»< pasteurs à s’en départir aussi, elle leur demande une chose
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—
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—
« impossible et à laquelle ils ne se soumettront jamais ».
Mais là n ’était pas encore toute la question : en même
temps que le candidat dont nous venons de parler, s’en pré
sentait un autre, Mr T ro.n , élève de l ’École de Théolosie
de Genève. Les certificats déposés par celui-ci étaient parfai
tement en règle: la Table à Yummimité les avait reconnus
tels; les pasteurs n’avaient non plus à ce sujet le moindre
doute , ils demandèrent donc de pouvoir faire, à l'égard de Mr
T hon, ce pourquoi ils avaient été convoqués; et quant à Mr
C . (puisqu’on ne pouvait s'entendre), d’en référer au prochain
Synode, tout en réservant ses droits.
Celte demande, si naturelle, fut rejetée comme l ’avait été
la précédente. Mr T ro> était parfaitement en règle, il est vrai,
mais il s’était présenté en même temps qu’un autre candidat
qui ne l’était point; leurs noms étaient accolés l’un à l ’autre
sur la même délibération, c’en fut assez pour que la Table
décidât que leur destinée serait inséparable !
Un seul moyen restait donc de résoudre ces difficultés, le
Synode. D ’autres circonstances s’ ajoutaient d’ailleurs à celles que
nous venons d'indiquer, pour en rendre la convocation des
plus urgentes: la comptabilité de la T ab le, laissée plus ou
moins eu l ’air par le Synode de ISitft, demandait à être
revue et établie sur des bases plus solides; les affaires souf
fraient, on ne peut plus, de ces dissenlions dont l ’adminislration était travaillée: tout était languissant, tout était paralysé,
et cela, au moment où il aurait fallu déployer un redoublement
d’activité et de vie. Aussi, le besoin de sortir de cette posi
tion était-il dans tous les esprits; et si quelque chose parais
sait incompréhensible, c’était qu’un Synode dont la Tahie
elle-même avait reconnu la nécessité; que la minorité deman
dait à grands cris depuis plus d’un an ; et pour lequel les
paroisses aussi s’étaient prononcées, tardât si longtemps à être
convoqué.
11 le fut enfin, et, nous en avons la confiance, pour le plus
grand bien de l’Église vaudoise dont l ’avenir était plus for
tement engagé qu’il ne le semblerait au premier abord, dans
les questions que nous venons de retracer; de l’Église vau
doise q u i, replacée maintenant dans son vrai sentier, y mar
chera d’un pas ferm e, ne se proposant d'autre but que la
gloire de son Chef et le salut des âmes.
Si par ce court exposé, nous avons réussi à faire com
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—
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prendre à nos lecleurs la vraie nature des questions qui s’as!;itaienl sous ces questions, en apparence, toutes de forme et
et de personnes, ils comprendront aussi l’importance des dé
cisions qui ont été arrêtées, et que nous ne ferons plus guère
maintenant que leur indiquer, la place nous manquant pour
les détails de quelqu’étendue.
C om pte r e t t f it c tiem séance».
Après le service divin célébré par le pasteur de St. Jean, Mr
Bonjour, avec une onction chrétienne et une chaleur de sentiments
qui firent grand bien à tous ceux qui l’entendirent, les membres
du Synode (18 pasleurs ou ministres, et 50 députés laïques) s’étant
rendus dans le local qui leur avait été préparé, la séance fut ou
verte par la prière prononcée par le Modérateur, et le Commissaire
royal, Chevalier G a ï de Q uarte, Intendant de la Province, adressa à
rassemblée l’allocution suivante que nous devons à l’obligeance de
ce digne magistrat de pouvoir communiquer à nos lecteurs.
Messieurs !
« Nommé par Décret Royal du 7 avril passé, c'est la seconde fois
que j ’ai l'honneur d’assister en qualité de Commissaire du Roi à
la respectable assemblée du Synode Vaudois, Je gai de un vif et
agréable souvenir de la manière légale et pleine de dignité dont
les séances du dernier synode se sont tenues, et dont les matières
ont été EÜsculées; j ’ai éprouvé la plus grande satisfaction en en
rendant compte au Roi, au pied duquel j ’avais été déposer les sen
timents de ses dévoués et fidèles habitants des Vallées. Depuis lors
de grands événements sont venus illustrer notre pays, parmi les
quels on doit placer la plénitude des droits civils et politiques ac
cordés par le Roi à la famille vaudoise. Nul, mieux que moi. n’est
à même de connaître combien elle en était digne. Permettez, Messieurs,
qu’en cette circonstance solennelle où je salue dans les honorables
membres de cette assemblée les représentants et l ’élite de la popu
lation vaudoise, je vienne vous exprimer la part que j ’ai prise à
cet événement par l ’effet duquel une considérable, et bien intéres
sante portion de la population de la Province dont depuis six ans
j ’ai l’honneur d’administrer les intérêts, fut, parla libre volonté d’un
Roi éclairé, mise au rang de ses frères, avec lesquels elle a en com
mun l’amour pour son roi, l’amour pour la patrie, non moins que
les sentiments de loyauté, d’ordre, de courage, et d’abnégation per
sonnelle, lorsque la Nation a besoin d’eux. — Messieurs, le passé
nous est un garant de l’avenir: n’oubliez pas que l’union fait la force;
loin de vous toute question inopportune; loin de vous toute discussion
de nature à, exciter les passions, à partager les esprits, surtout dans ce momentsupréme, où la Nation fait un appel général à ses enfants, pour répa
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rer un revers que la fortune a fait subir à nos armes. — Rallions-nous tous,
de plus en plus, autour du roi CHARLES-ALBERT et de ses fils.
— Tout sacrifice doit paraître léger, lorsqu’il a pour but de reven
diquer l’honneur de notre armée et d’apporter une pierre à l ’édifice
de l’indépendance Italienne, pour laquelle le Roi a tiré son épée.
L ’histoire illustrera cette époque et les noms de ses victimes; et
la patrie se chargera de leurs familles ».
De vifs applaudissements et le cri prolongé de vkc le Roi, accueil
lirent ces généreuses paroles du Délégué royal.
La vérification des mandats des députations terminée, lecture fut
faite de la patente royale autorisant la tenue du Synode, puis du
double rapport sur la gestion de la Table, l’ un présenté par la
Table elle-même, l'autre par une Commission nommée à cet effet
lo jours à l’avance. Ce dernier rapport se faisait jadis dans l’inter
valle des séances, et aussi pouvait-il être envisagé comme un vé
ritable hors-d'œuvre. Comment en effet examiner avec un peu de
soin, dans l’espace de quehiues heures, une gestion de cinq années?
Le Synode de 184A arrêta ce qui se pratique actuellement, et la
sagesse de celle mesure n’aura pas besoin d’ un second essai pour
être grandement appréciée: grâces à elle, non seulement toutes
les parties de l’administration de la Table ont pu être mises augrand jour et soigneusement examinées; mais il en est de plus ré
sulté dans la discussion un ordre et une clarté que nos précédents
synodes n’offraient pl5s, tant s’en faut, au même degré.
Alalecture de ces rapports, succéda, conformément à la marche pre
scrite par le règlement, la démission de la Table en fonction et la nomina
tion d'une nouvelle Table. Ici était le point important et délicat: laTablc
démissionnaire serait-elle confirmée en entier ? Personne n’y son
geait, et la chose eut été d’ailleurs impraticable. Serait-elle complè
tement renouvelée, et le Synode, par là, prononcerait-il un même
jugement sur la majorité et sur la minorité, malgré la ligne de con
duite bien différente qu’elles avaient suivie? C’est ce qu’auraient voulu
quelques personnes, et tout naturellement celles qui, dans les débaLs
survenus, s’étaient prononcées pour la majorité. Cet avis toutefois
ne prévalut point: le Synode comprit que le témoignage le plus
marquant qu’il pût donner de son approbation à cette minorité qui,
aux yeux du grand nombre, avait lutté pour la loi et dans le
sens des vrais intérêts de l ’Eglise, était de la confirmer à la
direction des affaires, ce qu’il fit, en nommant Mr Rével à la charge
de Modérateur, et Mr Lantaret à celle de Modérateur-adjoint.
Nous avons déjà dit notre manière de voir sur l’ensemble de cette
nouvelle administration, nous n’y reviendrons pas. Seulement nous
ajouterons que jamais Table, peut-être, n’entra en fonctions dans
des circonstances aussi propices et aussi graves tout à la fois :
graves, parce qu’il y a beaucoup à faire, immensément'à faire;
propices, parce que les temps sont ce «|u’ilsi n’ottt jamais été et
que certainement son action ne retteontrera, ni au dehors, ni non plus
au dedans, la moitié des obstacles qui trop souvent furent une
8
— uo ~
entra%'B aux administrations précédentes. Qu’elle aille donc en avant, le
regard fixé sur Celui qui donne la force; et les prières et le
concours d’un grand nombre ne lui manqueront pas pour l’accomplissemment de la sainte tâche qui lui est confiée!
La Table nommée, la discussion des rapports n’ayantpu commencer
ce même jour, on la renvoya au lendemain. La partie financière
fut la première que l’on examina. Les résultats obtenus par la
Commission et ceux qui avaient été délivrés par la Table, se trou
vant conformes, à très-peu de choses près, il n’y eut pas lieu à
discussion sur ce point. Un fait cependant dut attirer l’attention
du Synode, le déficit (1) signalé à l’article des dépenses de la Table,
de L. ii668, 79 cent, dont L. 2142 portant sur la modérature de
1839 à 1844 et L. 2346, 79 cent, sur celle de 1844 à 1848. Ce
déficit, considérable assurément, puisque la somme affectée à l’ad
ministration pour ses dépenses, se trouvait dépassée de plus du
double, d’où venait-il? En grande partie, le Synode le reconnut,
de l’insuffisance de l’allocation faite à la Table, eu égard au nombre
toujours croissant d’affaires de son ressort: 300 fr. par an, pour
couvrir les frais d’une administration de cinq membres, dispersés
aux quatre coins du pays et appelés à se réunir à des époques de
plus en plus rapprochées, c’est, il faut bien l’avouer, une somme
tout-à-fait insuffisante. — Mais cela accordé, et la parfaite intégrité
de tous les membres de l’administration étant mise hors de tout
doute, il fallut bien reconnaître aussi qu’il n’y avait pas eu dans
le courant des dépenses, celte stricte et sévère économie qui doit
être la loi de toute administration, et d’une administration religieuse
plus que de toute autre. Un fait en particulier restait à la charge
de la Table ou du moins de la majorité, (nous avons déjà dit
que depuis plus d’un an, et dès qu’elle eut entrevu l’état des af
faires, la minorité avait adressé une circulaire aux paroisses, leur
demandant instamment une prompte convocation du Synode) c’est
que, sachant ce qui en était, sachant qu’un déficit existait et qu’il
allait en s’augmentant dans des proportions considérables, elle eût
mis si peu d’empressement, pour ne pas dire plus, à la convo
cation du Synode. Aussi, la Commission -d’examen concluait-elle à
ce que tout l’excédent des frais de modérature, depuis l’époque
où le Synode aurait dû régulièrement avoir lieu, fût à la charge
des membres de la Table qui n’auraient pas protesté contre ce retard.
L’assemblée n’adopta pas ces conclusions et nous croyons qu’elle
fit bien. Mais le déficit n’en existait pas moins : il fallait le combler;
comment s’y prendre ? Quelques membres proposaient de faire servir
à cet emploi une jpartie des fonds existant entre les mains du mo
dérateur. la grande majorité du Synode s’y refusa. « L’argent de
« la charité, disait-on, est sacré; pas un centime ne doit en être
« distrait du but pour lequel il a été offert ». Un moyen bien préfé
rable fut adopté : les pasteurs de leur plein grè et à l’unanimité of
frirent à cet effet, la somme de 1000 fr. à prélever sur leurs ho( i ) Déficit veut dire ; ce qui manque.
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—
—
Tioraires; les députes 5'cii ;agérent à sollieiler, dans le même bul, auprès
de leurs commettants; un des membres du Synode, Mr Josep Malan
souscrivit à lui seul la somme de 300 fr. ; l’ex-inodérateur céda
une sonnne égale, de sorte qu’en ajoutant à ce qui précède 800 fr.
•environ portés dans les comptes comme argent à la disposition de la Table,
plus les intérêts de certaines sommes qui n’ont pas de destination
précise, es déficit ne tardera pas à être entièrement comblé. Quant
aux fonds appartenant à l’Eglise, un décret du Synode charge la Tablu
lie pourvoir à leur immédiate réalisation, etàleur placement tout aussi
immédiat, sons le* meilleures garanties.
Venait après ta question du retard apporté à la convocation du
Svnode. — La Commission s’exprimait sur ce point avec une juste
sévérité. « Frappée, disait-elle dans son rapport, de l’immense
U espace de temps qui s’est écoulé depuis l’époque où les paroisses
' eu avaient demandé la tenue jusqu'à ee moment, la Commission a
■< cherché à se réndre compte des causi’s qui auraient pu occasionner
« un semblable retard. Elle a pensé que s’il en existait de légitimes
•' elle ne pourrait les trouver que dans les registres des délibé.'’a« lions de la Table, ou dans les dossiers de sa eorrospondanee. Mal*
« de toutes ses recherches, la seule impression que la C.oaimission
.. ait remportée, c’est que la Table n’a pas répondu, sous ce rapport,
« à la cntfiance des Vallées et aux obligations que lui imposaient
•<
les règlements ». I.e Synode adopta ces conelusions, en ajoutant
-sur la proposition d’un membre de l’ancieune Table, que le blâme
qui venait d’être exprimé retomberait sur ceux qui avaient été la
cause de ce retard ’.
La partie du rapport relative aux candidats C. et Tron, fut celle de
toutes qui donna lieu aux débats les plus vifs et les plus prulon j,és.
iSous n’essayerons pas de les résumer, l’exposé que nous avons fait,
en commençant, de cette question pouvant suffire. Ajoutons seule
ment qu’après une discussion qui ne dura pas moins de 5 heures,
et qui ne cessa pas un seul instant d’étre parfaitement convenable
et digne, l’assemblée à une forte majorité décréta, quant à .Mr C.,
que ce candidat « ne remplissant pas les conditions re(¡uises par le
« I 91 de la Discipline (1) il ne serait pas admis à l’exainen de
<i foi »; et quant à Mr Trou, elle e.xprima « sa désapprobation
« sur la conduite de la majorité de la Table à l’égard de ee
U Candidat ».
Tous ces blâmes successifs devaient coûter au Synode, et s’ils
avaient été seuls, ils auraient été une injustice. Or le. Sy
node n’avait pas pour mission d’ètre injuste envers qui que ce soit:
après avoir repris dans l’administration de la Table ee (¡ni lui avait
paru répréhensible, il voulut aussi relever ce qui lui paraissait
digne d’éloges, et F article ci-après fut adopté à l’unanimité :
« Si rassemblée, sur plus d’un point, ii’a pu approuver la gestion do
( i ) C f i t e p m n i ê r c paiti« de l ’aiticle manqu e dans les actes du Sym ide : c'««t
simple omission cl chacun qui était présen t sait qu'il fut adopté i x a c i c m m t
diins CCS îerinc».
,
10
—
h -2
«I la Table, elle se plail d’ un antre côté à rendre témoignage
•' au zèle avec lequel elle a administré, à d’autres égards, les in« téréts de l’Eglise vaudoise. Elle doit en particulier mentionner
•< ses ■efforts pour activer les relations avec les Eglises étrangères;
« pour la création d’une nouvelle place de Recteur au Collège
<• de La Tour et pour l’ émancipation des Vaudois, sur quoi se
X lait le rapport de la Commission ».
Le rapport épuisé, d’autres questions furent abordées. Le Sy
node de iS iti avait donné charge à la Table de réviser ou de
faire réviser la Discipline dans le but essentiellement d’en bien
oorordoner les détails, et de les uniformer autant que possible aux
principes constitutifs de notre Eglise. Ce travail, confié par la Table
à une Commission, était tout p rêt; mais l’assemblée jugea qu’ il
valait mieux le renvoyer dans son ensemble. jusqu’au moment
qui ne pouvait être bien éloigné, où la position religieuse des Vaudois
serait plus nettement dessinée. Quelques détails seulembnt en furent donc
abordés, sous forme de propositions individuelles. ¡Nous mention
nerons en courant les principales;
L’une a trait aux institutions charitables ressortissant à l’Eglise
et notamment aux hôpitaux do la Tour et du Pomaret, les seules
institutions de ce g’énre que nous possédions jusqu'à maintenant.
Ces deux établissements furent dès l'origine administrés par une
Commission dont la position était si singulière, qu’il n’est pas éton
nant que son action n’ait pas été, tant faut, ce qu’elle aurait dû être.
En effet, bien qu’ elle eût la faculté de se recruter elle-mênie (le
président seul était nommé par le Synode) et qu’elle parût avoir
une certaine indépendance,'cette Commission n’était au fond que
la très-humble servante de la Table à la sanction de laquelle
elle était tenue de soum ettrî toutes ses opérations, même les
plus minimes. De là, des inconvénients'sans nombre, et qu'il n’est
pas difficile de dévinor ; avec pou de responsabilité, peu d’action;
avec une organisation si co\upliquée, des longueurs interminables;
avec beaucoup de gens a l’œuvre, aucun ensem ble, personne ou
presque personne qui fit de l’ hôpital son affaire et qui s’y appliquàt. 11 fallait sortir de cette position bâtarde, et plus nuisible
■qu’on ne peut le dire à la bonne marche de ces établissements.
Dès lors, deux voies seulement étaient possibles; ou une Com
mission indépendante et responsable au Synode et à l’opinion pu
blique, ou l’affaire remise comme le reste des affaires de 1 ’Eglise
entre les mains de la Table. Ce dernier parti qui était de beaucoup
le meilleur fut celui auquel on s’arrêta, en statuant qu’aux at
tributions de la Table serait ajoutée la suivante : « elle administre
les hôpitaux vaudois en conformité du règlement approuvé par le
Synode ».
La marche des assemblées synodales fut aussi l’objet d’impor
tantes modifications dont le besoin se faisait sentir depuis long
temps. Jusqu’à cette année, en effet, la présidence de l’assemblée
était de droit dévolue, au modérateur, assisté dans ses fonctions
des Autres membres de la Table. Celle-ci au lieu d’êtrè liommée
11
—
—
i) la fin, lor'iiie le Synode ayant clos ses opérations législatives
et allant se dissoudre, a besoin de remettre à une autorité perma
nente l’cx. jieilion des mesures qu’il a votées, était nommée presque
tout au ci'mmencement des séances. Une telle marche était on ne
peut pins inconstitutionnelle : Quoi de plus inconstitutionnel en
effet, que le pouvoir exécutif présidant le pouvoir léginlatif: la Table
que l'on jugeait formant très-souvent le Bureau de l’assemblée;
cette 'fable pouvant être conlirmée, l’étant même assez souvent,
avant que l'on eût pu s'assurer de la manière dont elle avait ad
ministré; une autorité enfin nommée pour faire exécuter des lois
encore à faire, et dont plus d’une peut-être répugnerait à la con
science de ceux qui seraient appelés à les mettre en vigueur !
Voici comment il fut établi que les choses se passeraient à l’a
venir: le Synode nommera lui - même son Bureau composé d’un
Président, (i’un Vice-président, d’un Secrétaire et de deux Asses
seurs; la Table restera comme pouvoir administratif appelé à rendre
compte; toutes les autres opérations du Synode terminées, avant
de se dissoudre, il nommera une nouvelle Table, ou confirmera
l ancienne, suivant que l’intérêt de l’Eglise semblera l’exiger.
Une autre mesure qui fut arrêtée et de laquelle nous attendons
les meilleurs résultats, est celle qui met les frais de députation
;i la charge, des tnembres du Synode, tant la'iques qu’ecclésiastiques.
Uiiacun (]ui connaît les Vallées, sait que les dépenses que jusqu'ici
les Svnodcs imposaient aux Communes, étaient le grand épouvantail
dont on se servait, quand on y avait le moindre profit, pour
renvoyer ces assemblées. Or il était de la plus grande importance,
mainicnani (¡ne, scion loutesles apparences, le Gouvernement nous lais
sera nous réussir aussi souvent que. cela sera jugé nécessaire, que ce
prétexte n’existàl plus, l’Eglise ayant tout à gagner à la convo
cation aussi f'réqueutc que possible de ses Synodes. Aussi, sous
l'influence déjà de cette mesure, l’assemblée se prononça-t-elle pour
des Synodes iixes de trois en trois anst au lieu que jusqu'à main
tenant ils n’avaient guère lieu que tous les cimi ans. et encore si
les consistoires le voulaient bien.
Deux autres decisions honorent le Synode qui les a prises: l’une
est celle qui fait du 17 février, jour anniversaire de l’émancipation des
Vaudois. un jour de fête religieuse pour toute l'Eglise; et l’au
tre. celle, par laquelle la Table est « autorisée (nous espérons que
•I cela signifie invitée) à favoriser l’emploi de la langue italienne
pour l’instruction publique et la prédicaÇion dans toutes les pa'< misses où la chose sera praticable ». Ün service religieux q u i, en
un même jour, appelàtdans les temples tons les Vaudois, grands et petits,
pour y entendre le récit des choses merveilleuses que Dieu leur
a faites, et pour s’y instruire des devoirs nombreux que ses béné
dictions leur imposent, était de tons les moyens de solemniser ce
grand événement le meilleur, celui qui fera porter à l’éman
cipation ses plus beaux fruits, en même temps qu’il en, préviendra
les dangers. Quant à l’autre de ces décisions, celle qui a trait à
l’italien nous ne la croyons pas d'une moindre importance : Italiens
12
—
fjîi
—
par la naissance et par le caractère, appelés à exercer notre activité
au milieu de populations qui ne parlent que cette langue, nous
avons dû à l ’oppression dont nous fûmes les victimes pendant tant
de siècles, d’en avoir adopté une autre. Maintenant que cette op
pression n’existe plus; maintenant que la patrie nous reconnaît à
l’ égal de tous ses autres enfants et nous demande de consa
crer nos talents et nos forces à son service, nous devons, sous
peine de faillir à notre nussion, nous hâter de revenir à nos
origines, en revenant à notre langue.
rSous ne dirons rien de plus sur ce Synode, ce qui précède suf
fisant, ce nous semble, à en donner une idée assez complète. Mais
ce que nous ne voulons pas passer sous silenee, c’est la manière
à la fois solennelle et touchante dont ses séances furent closes,
les trois acclamations, pleines du plus noble enthousiasme, qui re
tentirent, l’une au Roi émancipateur dont la mémoire parmi les
Vaudois, sera à jamais bénie; l’autre à son Délégué pour la bien
veillance particulière dont il n’a cessé de donner des marques pen
dant toute la durée des séances; la troisième enfin au Major-Général
Beckwith, l’ami constant et infatigable des Vaudois, et dans sa per
sonne à tous leurs autres bienfaiteurs. L ’émotion qui dominait l’as
semblée en ce moment était si grande qu’elle ne pouvait s’exprimer
que par la prière: le modérateur la fit pour tous, et les séances
du Synode de 1848 furent déclarées closes.
Que Dieu veuille les avoir scellées de son sceau, et faire servir
les décisions qui y ont été prises, à la gloire de so’n Nom saint,
et à l’avancement de son règne de paix et d'amour au milieu de
nous !
r .« ¡P ite le u w '
M F IL liE
liomnie (“xcidifiit ttsl (iceedé, le samedi 12 août, lîan»
sa campagne où il vivait rcliro depuis un grand nombre
d anncei. L'impression qui reste de celte mort n’a de pénible
que la pensée qu’un juste de moins habile cette terre où sa
présence, à elle seule, était une bénédiction.
Pasteur de la paroisse de Saint Jean de l’an 1792 à
l’an 1824, Mr. Meiüe avait eu le bonheur, dans ce temps
où l’Évangile était rare , de ne jamais s’en départir dans sa
prédication striclemonl et fidèlement biblique. Mais ce fut
surtout à dater de cette époque, que ses eonvietions
ehrélicanes se eoinplélèrent cl se vivifièrent. Une grande afllielion dumeslique (1) lui avait rendu in)[iossib!es Us foliotions
r^)'La mort ilo ruuÎquc fils qu’ il
Ivquil perii eu sc baigiiaitl rfans le
13
—
h ’j —
tie son ministère. Son successeur, vieillard respeclabic à beau
coup d’égards, mais plus nourri de la lecture des anciens que
de celle de la Ilible, portait plus fréquemment en chaire So
ciale. Aristide ou Caton que Jésus-Christ lui-même. Mr. Meille
sentit ce que Jésus-Christ de moins faisait à la prédication; plus
distinctement que jamais, il comprit levide effrayant, la désolante
impuissance d’une religion dont le Sauveur n ’était pas l ’âme;
" son Jésus », ainsi qu’il s’exprimait, lui devint plus cher
encore que par le passé, et il fut désormais pour lui « la
seule cliose nécessaire » devant laquelle tout le reste dut céder.
Ce changerneut remarquable se trouva coïncider avec la visite
que lit aux Vallées le célèbre missionnaire des Hautes-Alpes,
Félix Neiî. On sait de quel effet celte visite fut suivie, le ré
veil religieux qui se manifesta, et qui, mal secondé dans ses^
commencements, dégénéra plus lard en une espèce de dissidence.
Mr. Meille fut un de ceux qni s’associèrent avec le plus de jo ie
à ce mouvement; et une fois ^eff reparti, quand lésâmes que
sa prédication avait réveillées sentirent le besoin de se réunir,
pour méditer ensemble la parole de v ie , ce bon vieillard leur
ouvrit avec joie sa maison, et mieux que cela , son cœ ur,
source précieuse d’édiliealion, de consolations cl d’encourage
ments, où les amis de l’Evangile purent puisera longs traits.
Mais depuis quand, sur celte terre, le bien s’accomplit-il sans
fonibals? Une opposition très-forte ne larda pas à sc former
contre ceux qu’on accusait de vouloir être plus saints que les
autres; les autorités s’en mêlèrent, Mr. Meille reçut l’ordre
(le iKi plus avoir de réunion chez lu i; il se soumit: la lutte,
lors même que les temps auraient été plus propices q u ’ils ne
l ’éluienl, alors pour la soutenir, répugnait à son caractère
éminemment pacilique et même un peu craintif. A dater de
ce moment, il semble que M. Meille ait, à part lu i, envi
sagé sa carrière pastorale comme terminée, et quand des Jours
plus heureux ayant l u i, les réunions hors des temples furent
de nouveau permises, il s’y rendit avec bonheur, mais ne
consentit jamais plus à y prendre la parole, quelqu’inslance qu’on fit |K>ur l ’y déterminer: « Je ne veux plus qu'ap
prendre » avait-il l’habilnde de dire ; et en effet, nul ne se
montra plus fidèle que, lui à ce rôle de simple auditeur
et pour ainsi dire d ’écolier. Toujours un des premiers au
temple quelque temps qu’il fit , et quoique la distance qui
r.en séparait fût assez grande, il édifiait tous les ass'istants
14
— îi6 —
par son altitude recueillie et pleine de dévotion. Mais là où
il était plus touchant encore à contempler, c’était à l’école
du dimanche qu’il fréquentait très-régulièrement, assis, lui
vieillard blanchi dans l’œuvre du ministère, au milieu d’une
centaine d’enfants qu’il surpassait eu attention, et qui bien
sûrement ne l’égalaient pas en simj)licité, écoutant avec
un pieux recueillement les instruclious qui leur étaient don
nées, comme si elles s’étaient adressées tà lui avant tout.
Depuis quatre ans cependant il ne sortait presque plus
du tout. De fréquents vertiges , avant-coureurs , pensait-il ,
d'une attaque qui ne pouvait être éloignée, lui avaient fait
prendre cette résolution. Ces quatre années furent par lui
dépensées à se préparer à mourir: « Je pense chaque matin
que ce jour sera peut-être mon dernier jour » avait-il l’ha
bitude de répondre à ceux qui s’informaient de ses nou
velles, Ses prévisions de succomber à une attaque ne le
trompèrent ])oinl : deux jours avant celui où il expira, il se
portait parfiiitcrnent et avait vaqué, dans la maison, à ses
occupations ordinaires. Ayant entendu l’un des enfants de sa
fille qui pleurait, il sortit de sa chambre pour venir le conconsoler: l’enfant se tut en le voyant: « pauvre, petit, dit-il
alors, que le bon Dieu te bénisse! qu’il bénisse tous tes en
fants » dit-il à sa fille en se disposant à rentrer. Ce furent
les dernières paroles, que les siens recueillirent de sa bouche.
A peine arrivé dans sa chambre il tomba frappé d’apoplexie ;
et bien qu’il ait encore vécu deux nuits et un jour, il ne donna
plus dès lors aucun signe d’intelligence. Il était âgé de 81
ans environ, et n’avait pour ainsi dire jamais était malade.
Sou cxlérieur était des plus vénérables, en même temps
que d ’une parfaite simplicité. « C’est un vieillard respectable»,
écrivait Neff daus une de ses lettres « qui a toute les ma
nières et la tournure d’un ancien frère de l’U nité». Ces mots
le peignent on ne peut plus exactement. L’intérieur répon
dait de tout point à cet extérieur: à une urbanité de ma
n iè re dont notre temps semble avoir perdu le secret, il joi
gnait les qualités que ce qui précède a déjà révélées, une
^ an d e douceur, beaucoup de bienveillance, de charité, et
^ i D u t une libéralité qui étonnerait, s’il n’avait toute sa vie
mis un soin jaloux à en ensevelir los traces. Plutôt enclin
â la mélancolie, Il trouvait à«e penchant une puissante diversion
dans le chant des psaumes-et des cantiques , pour lequel il
15
—
l|7 —
eul toujours un goût particulier. « Quand je suis le plus
triste, disait-il, c'est alors que léchant me fait le plus de bien >•;
aussi 1associait-il à toutes les occupations manuelles aux
quelles il avait l’habitude de se livrer , comme délassement
à ses travaux intellectuels. C’était aussi pour lui un moyeu
de distinguer le dimanche des autres jours, en chantant ce jour
là en famille, au lieu de la réciter, la prière avant les repjts.
Bien dillérent de la généralité des vieillards, qui sont plu
tôt enclins à exalter leur passé aux dépens du présent, il bé
nissait Dieu tous les jours de l’avoir fait vivre assez pour
être témoin de tant de choses dont la vue remplissait
sou àme de joie et d’espérance Aussi, aimait-il, soit par la
lecture des journaux, soit par des conversations particulières
être tenu au courant de tout ce qui se faisait dans le monde,
essentiellement en vue de l'avancement du régné de Dieu.
Un des premiers abonnés au Semeur, aux Archives du Christia
nisme et au Journal des Missions de Paris, il en lit presque
jusqu'à la lin une de ses lectures favorites. L'œuvre en vue de
laquelle ce dernier journal est publié, l’œuvre des missions
excita toujours en lui les plus vives sympathies; et bien que
depuis quatre ans, les réunions mensuelles qui se tiennent
à St. Jean, en faveur de celte œuvre, n’eussent plus le bon
heur de le posséder, une pièce de 5 fr. qui se trouvait ré
gulièrement dans le chapeau du quêteur et qu’ une main
discrète y glissait de sa part, disait assez, qu’ab^^ent de corps,
il était présent d’esprit et priait dans sou cabinet avec ceux
qui étaient asseuiblés.
Mais ce qui en lui primait tout le reste, e’élail sa foi vrai
ment enfantine et qui n'était égalée que par sou extraordi
naire humilité. Celle-ci était telle que bien souvent elle rendait
confus ceux qui en étaient les témoins. Que de foiseu prenant
congé d’un visiteur qui s’était rendu auprès de lui essentiel
lement pour l’entendre, mais au quel , pai‘ un secret qui
n’appartenait qu’à lui, il avait réussi à faire faire les princi
paux frais de la conversation, il lui disait, en lui serrant af
fectueusement la main ou en l’embrassant; « Merci, j ’aibeau« coup appris, et je sens que j ’ai toujours beaucoup à apprendre
« dans votre société » et la personne à laquelle il parlait ainsi,
était souvent un très-jeune homme, peut-être quelqu’éludianl
fraîchement débarqué de l’académie! Quant à sa foi, quel
ques paroles de lui la caractériseront mieux que tout ce que
16
—
%s
—
nous polirions en dire: « Je me reconnais, quand je me con« sidère, disait-il souvent, un très-grand pécheur ; mais grâces,
« en soient rendues à Dieu, je sais que miséricorde m’a été
« faite; que J-C. est un assez grand Sauveur pour expier tous
« mes péchés; aussi est-ce sans crainte que je mareheà la rencontre
« de mon souverain Juge ». Quand je contemple, avait-il
« aussi l’habitude de dire, ce que Dieu a fait pour notre ré« demption, je trouve cette œuvre si grande, si incompréhen« sible que je m’y perds. Ce sont des choses qui n’étaient
« pas montées au cœur de l'homme; mais béni soit Dieu
« qui les a révélées à ceux qui l’aiment »! Ah ! n’est-ce pas,
■« répétait-il aussi fort souvent, ce ne sera pas trop de
« toute l’Éternité, pour repasser, pour admirer tout ce que
« Dieu a fait afin que nous fussions sauvés »!
Tel était l ’homme excellent et vénéré qui vient de nous
«{uitter pour une meilleure patrie. Un tel caractère, même
avec ses imperfections, est trop rare en tout temps, trop rare
«urtoul par le temps qui court, pour qu’il n’y eût pas grand
profit à le faire connaître. Heureuse notre Église, si elle comptait
« n jour dans son sein beaucoup de pasteurs q u i , à un esprit
plus entreprenant, à plus d’énergie et â plus de courage peut■étre, joignissent une pareille foi et une pareille humilité !
U n Eliot »W K Viftiedoîs
s u r I » s it u a t io n p r é s e n te
Frères! les jours de fête sont pa.ssés; des jours de tristesse et
de deuil ont pris leur place. Nous n’avions rêvé que des succès,
et voici les revers; nous avions cru que le terme de nos souffrances
était arrivé, et voici qu’elles recommencent,; nos fils, nos frères,
nos époux abandonnent, l’un après l’autre, le toit natal pour
aller rejoindre sous les drapeaux ceux qui les y ont précédés,
ou remplacer ceux que le fer ou lu lualadie, hélas ! ont
moissonnés. Chaque jour qui se lève vient nous demander
un nouveau sacrifice, et nous ne pouvons savoir si celui du
lendemain ne sera pas plus' douloureux encore que celui de
la veille.
Frètes ! ces coups de l’adversité vous abbatraient-ils, et
cette parole risquerait-elle de s’échapper de votre bouche;
« Pourquoi ne sommes-nous pas restés ec que nous élioiw
17
—
—
<1 jadis? et pourquoi nos chaînes ont-elles été brisées, si la
« liberté, au lieu d’alléger nos souffrances, devait les aggra« ver ? »
A h ! gardez-vous, frères! gardez vos cœurs; gardez vos
lèvres de murmurer pareillement ! N’imitons pas la coupable
lâcheté de ces Juifs dont nous parle la Bible, lesquels, en
présence des difficultés et des périls du désert qu'il fallait
traverser pour arriver au pays de la promesse , perdi
rent courage, et se prirent à regretter les potées de chair
toutes les Jouissances sensuelles du pays de la servitude; car
l’Eternel, irrité de leurs murmures, les consuma, et pas un,
à l’exception de Josué et de Caleb qui n’avaient point douté,
ne foula de ses pieds ce bon pays que le Seigneur avait
préparé pour eux !
La liberté nous coûte, frères ! Mais quoi ! est-il ici bas
un seul bien véritablement digne de ce nom, qui ne coûte
pas immensément! La liberté nous coûte ! mais que de sang,
que de larmes, que. de sacrifices sans nombre, et mille fois
plus douloureux que ceux qui nous seront jamais imposés,
n’a pas coûté à nos pères cette sainte liberté de conscience
qu’ils nous ont transmise et dont nous trouvons les fruits si
doux à savourer ! La liberté nous coûte ! mais pour nous
rendre légers tous les sacrifices, pensons à nos enfants ;
pensons aux chants de joie avec lesquels ils moissonneront
ce que nous semons maintenant dans les larmes !
Frères, quand la Patrie nous était marâtre, jamais son appel
ne nous trouva sourds, dès qu’il s’agissait de la secourir.
Quand nos Princes, au lieu de nous protéger , comme un
père ses enfants, ordonnaient ces dévastations qui mettaient
à feu et à sang nos villages, nous n’avons jamais hésité
à faire un rempart de nos corps à leur trône et à leur personne.
Hésiterons-nous , reculerons-nous, maintenant que la Pa
trie nous est mère ; maintenant que notre Prince veut nous
confondre en un même amour avec le reste de ses enfants !
Non, nous n’hésiterons pas! non, cette réputation de cou
rage et de fidélité que nos pères nous ont léguée intacte,
nous la transmettrons tout aussi pure à nos descendants ; et,
les yeux fixés sur Celui qui multiplie la force, nous irons
en avant en nous écriant d’une voix unanime :
Vive le Uoi! Vive le Statut ! Vive l’Indépendance de l’Italie!
18
—
riAo
50
—
cHUDOU/ôteu/'o Ec ç^ c^ actcLfo
Saint Jean, le 1 août 18/(8.
En parcourant votre journal qui vient de voir le jo u r , j ’ai été
vraiment étonné de me voir si vite attaqué au premier n uméro. Ayez par
conséquent la complaisance, d’après la loi de lapresse Chap.MW, art. i(5,
d’y insérer l’article .suivant.
et
LA
A l’auteur de l’article intitulé: La Garde N ationale
de Corpus D omìni insi'Vc dans FÉciio des Vallées N° I .
F ête
Ce S^nbitc be S i 3ean
Si les accusations et les repcôclies que vous uj’adressez à cause de l'in
vitation que j’ai faite à la Garde Nationale d’intervenir, s'il était de son
bon plaisir, à la procession du très-saint Sacrement, étaient adressés par
un ministre du culte Catholique à un Syndic, qui eût excité les Catholi
ques à intervenir à une fonction religieuse implicant une profession de foi
contraire à l'enseignement de l Églisc Romaine, je n’en serais pas étonné,
sachant très-bien, que les catholiques doivent réduire en servitude leur
intelligence pour la soumettre avec obéissance à la foi de J. C. (1) proposée
par l’Eglise qu’ils croyent infaillible, et colonne et firmament de la uérité (2); ni jamais ils peuvent faire action quelleconque renfermant une
protestation de foi en opposition avec celle qui est formulée dans les sym
boles et dans les canons dogmatiques de la même Eglise; mais que de telles
imputations viennent d'un protestant instruit, tel que vous me paraissez
être, voilà (dirai-je aussi à mon to u r) ce que je ne sais comprendre.
. Qui vous avait d it, que toutes les croyances de la garde nationale de
St. .lean fussent en opposition directe avec ce dogme (de la présence réelle
de J. C. daus l’Eucharistie)? Pour moi je ne pouvais pas le savoir; je sa
vais que le principe fondamental du Protestantisme est le jugement privé;
que l’unique règle de foi pour les protestants est l’écriture interprétée non
selon l’enseignement du ministre, mais selon le bon .sens de chaque indi
vidu, et si vous ne le savez pas, lisez le guide du Catéchumène par Mgr
Cbarvaz, et les avis aux catholiques du Chanoine Barone ci-devant curé
de St. Germain, et spécialement l’excellente brochure: Eugène ou le vrai
Protestant, et vous le verrez démontré par les paroles de vos livres
doctrinaux, et par celles de vos docteurs. Je savais que dans votre religion il
n’y a rien, qui paisse logiquement vous défendre de croire à la présence
réelle, d'autant plus, que ce n’est pas là un des articles, que les vôtres
appellent fondamentaux; je savais que Mr Muller parlant du rite par le
quel à l’élévation de l’hostie pendant la messe foui te peuple [Catholique
se met à genoux en signe d’adoration devant le Très-haut, dit que tout
ce cérémonial pourrait être observé par des Chrétiens, qui ne verraient
même comme nous (protestants) dans l’Eucharistie, qu’une chose toute
spirituelle, précisément comme quand on salue avec le drapeau devant
un régim ent... tous les soldats présentent les armes, et cependant le plus
ignorant des soldats sait bien, que la vie, et l’honneur du régiment ne
(1) Ëpître 2 de St. Pau! aux Corint chapit. X. vi 5.
( 2) Epitre 1 de St. Paul à Timot, cEap. III. v. i5.
19
— bl —
résident pas malérieliement dans ce morceau d’étoffe attaché à un manche
de bols, pour le salut desquels pourtant il s’expose à la mort (3). Pour
qu oid ites moi, aucun milicien protestant de St. Jean n’aurait-il pu rai
sonner touchant la procession comme le célébré (*) Protestant Muller touchant
l’élévation de l'Eucharistie des Catholiques? Ne porte-t-on pas à la pro
cession la même hostie, qu’on présente à l'adoration pendant la Messe?
Je savais en outre que en d’autres endroits les miliciens vaiidois étaient
intervenu à des semblables fondions catholiques, et je n'ai pas la témérité
de juger qu’ils ayent agi contre leur propre conscience; je sais maintenant,
que dans d'autres paroisses il n’y manqua pas des miliciens vaudois à la
même procession du Corpus Domini, et je ne crois pas, «pie |)oiir cela
quelqu'un ait le droit de les blâmer ou de les ptoiir, oudelcur refuser la
communion, ayant eux fait ce, que les principes religieux de leur secte
leur permettent, et personne au monde no pouvant sonder les secréts de
la coscience d'autrui, pour voir s’il a agi selon le propre esprit privé.
Et vos pères auraient ils donc secoué le joug de l’autorité de 1 Eglise pour
se soumettre au joug d’un homme faillible à l'égal d'eux mêmes?
Vous voilà donc expliqué ce que vous ne saviez comprendre; concluez-en
ensuite que bien loin d'insulter à vos convictions religieuses comme vous
vous croyez obbligé de le dir si hautement; au contraire’ en vous invitant
à intervenir librement et de votre spontanée volonté à la dite procession;
j’ai montré, que je vous croyais fidèles à vos principes, et bons pro
testants: si je ne l’avais pas fait dans les circostances actuelles, je vous
aurais vraiment insultés; je vous aurais dit implicitement; « Je sais que
« selon vos principes vous pouvez intervenir à cette fonction comme tant
« d’autres vos correligionnaires sont intervenus à des actes semblables du
» culte catholique, si cela vous semble bon, et si est de votre gôul; mais
« comme cela peut offenser vos ministres, je sais aussi, que vous n'avez
« pas le courage de le faire quand même votre esprit privé vous le con• seillerait, qu’en ces temps, ou l’on ne saurait s’accomoder avec l’om« bre même du despotisme, vous vous assujettissez encore en aveugles
• jusque dans les pratiques religieuses à ceux qui les veulent régler sans
« en avoir mission de la sorte ”; et un tel langage ne vous taxerait-il pas
d’être lâches et indignes du nom de protestants?
Quant à la mention honorable que j’ai promis de faire à l’autorité su
périeure des miliciens, officiers etc. qui seraient intervenu librement, si
vous ne savez pas ce que peut faire « l’autorité supérieure civile la pré
sence. d’un certain nombre de vaudois à une cérémonie du culte catho
lique je vous dirai, que dans un état, où les premières dignités et auctorités du royaume, et le Roi même se glorifient de rendre par leur
religieuse intervention plus solennelles les procersions du Très-saint Sacre
ment, ce n’est pas, certes, une chose désagréable aux autorités, qu’on
ait pu dans une commune de peu de catholiques faire avec pompe et di
gnité cette fonctiou par la présence même des vaudois, qui démontrent
par là comprendre l’esprit de leur secte, et se dépouiller de vieux pré
jugés.
(3) Des beauv-arU, et de la langue des signes dans le culte des Eglises Cbrétiennes réformées. Paris i84i.
^
(*) Nous remercions notre honorable correspondant de nous avoir fait faire la
déco uverte de cette célébrité qui, nous l’avouons ingénument, nous était entiè
rement inconnue. Notre ignorance sur ce point comme sur beaucoup d’autres,
tient sans doute à ce que nous n’avons pas lu les ouvrages qu’il nous recommande
plus haut.
Red.
20
— 32 —
Et vous Monsieur l’Echo des vallées, si vous voulez sincèrement mettre
tous vos soins à éviter la Polémiqué; comme vous le disiez dans voire
Prospectus soyez plus précaulionné contre ces arguments tant historiques,
que doctrinaux; qui peuvent attacher 1a foi, et l'honneur de la religion
de vos frères catholiques.
Je suis avec la plus parfaite considération
Votre très-dévoué Serviteur
Michel l’erlus Syndic.
Nous demandons pardon à nos lecteurs pour les incorrections
de toute espèce dont cette lettre abonde: nous avons cru que
la fidélité nous faisait un devoir de la publier telle que nous
l'avions reçue. Quant à la réfutation de son contenu, la
Garde-Nationale de St. Jean s’en est si parfaitement acquitée
d’avance, que nous n’avons absolument rien à ajouter; mais
resta-t-il encore quelque chose à d ire, les arguments qu’on
nous oppose sont d’un force telle, que nous les abandonnerions
avec confiance au moins instruit de nos catéchumènes.
P A V I i TO U R IV .
Le nommé Paul Tourn de la Commune de Rora , frappé
d’aliénation mentale depuis plus de 10 ans, ainsi qu’en font
foi toutes les personnes qui le connaissent, se rencontrait,
le H S.bre 18il6, sur la grande route de S. Jean, au mo
ment où une procession passait. Le respect, la prudence
eussent exigé de lui qu’il se découvrit. Mais un fou est-il
prudent? Il ne se découvrit point ( ainsi l’affirment ses
accusateurs, lui soutient le contraire) et fut pour ce fait
accusé par devant le tribunal de Pigncrol, comme coupable
d’insulte à la Religion Catholiqne. Cité à la barre de ce
tribunal, Paul Tourn ne comparut point ( nous avons déjà
dit qu’il était fou ) , en conséquence de quoi il fut con
damné par contumace à un mois de prison et aux frais du
procès lesquels s’élèvent à ttfi fr. C’est le 8 Juin mil-huit
cent quarante huit que cette sentence lui a été notifiée !
Le malheureux est si pauvre , qu’ une fois cette amende
payée, il ne lui restera absolument rien pour se .soutenir
lui et sa famille. N’y aura-t-il donc aucun de ses frères en
la foi, qui se sente pressé de lui tendre une main secou-r
21
00
rable V Le bureau de ¡’Éc/io se chargerait avec plaisir de
reipeltre au pasteur de la paroisse de Rora , qui les dis
tribuerait au fur et à mesure des besoins, les dons qui
lui seraient transmis pour (;elte famille nécessiteuse.
X G V V K M j I aE S H E M j I C t M E V S E S
V allées V aldolses . Les jours 16, 17, 22 et 24 août, le Corps des pasteurs,
réuni sous la présideace de la Table , a examiné sur leurs conviclions
religieuses el sur leur vocation au St. Ministère MM. les candidats l’arendcr. BufTa, Jaaavel. Tron, .Musion et Davyt: le l'*', élève de la faculté
de Théologie de Bcriin, le 2“ , de celle de Montauhan, le 5' , de celle
de Lausanne , et les trois suivcnts de l'école de Théologie de Genève.
Durant les deux preuiiers jours, les Candidats eurent à s’expliquer sur les
points capitaux de la doctrine Chrétienne, tels que le 'péché originel, la
divinité de J.-C h r ist , la Rédemption , la Justification etc. , et sur les
niotils qu'ils avaient de se croire appelés à l'œuvre excellente du Mini
stère. Cet examen dura pour chaque candidat au moins deux heures de
temps. Les épreuves des deux derniers jours consistèrent en une prédi
cation publique sur un texte donné 8 jours à l'avance. Les convictions
formulées par res diversCandidals se trouvant conformes aux doctrines énoncéesdans la confession de loi de l'Église Vaudoise, et tous ayant été jugés, quoiqu’à des degrés divers, aptes à la carrière du Ministère évangélique, ils
ont été admis à recevoir, le 12 septembre, dans le temple de la Tour,
l’ imposition des mains. Que ceux qui aiment l'Église et qui souhaitent
sa prospérité se souviennent devant le Seigneur de ces jeunes lévites ,
afin que consacrés et sanctifiés de plus en plus par son Esprit, ils de
viennent tous de fidèles et utiles ouvriers dans sa moisson!
F lobevce . Le bruit court, et il parait assez fondé, qu’une souscription
circule dans celte capitale et dans le reste de la Toscane, tendant à pro
voquer une séparation de l’obédience du souverain Pontife, et que cette
souscription compte déjà plusieurs milliers de signatures. A Gênes aussi,
une souscription pareille circule depuis plusieurs jours avec un égal suc
cès. L'Àrmonia, feuille catholique de Turin, qui rapporte ce fait, prétend
que ces signatures ont été récoltées en grande partie parmi le bas peuple,
parmi de très-jeunes gen>, et (chose étrange) parmi les Ju ifs ! Ne sachant
exactement ce qui en est, nous nous abstenons de prononcer.
F kaxce . C’est le samedi 9 courant que doivent s’ouvrir, à Paris , les
séances du Synode chargé de préparer un projet de constitution pour les
Églises Réformées de France. Nous tiendrons nos lecteurs au courant des
résultats. — La Société des Missions de Paris dans une circulaire qu’elle
vient d’adresser à tous les amis de l'œuvre, porte à leur connaissance un
déficit de cent raille fr. qui existe dans sa caisse, en même temps qu’elle
leur propose un moyen de le combler. Ce moyen serait un effort fait
par chaque église ou association pour augmenter d’un quart sa subven
tion ordinaire, celle-ci évaluée à la moyenne des souscriptions , pendant
les 5 derniers exercices. Sur ce pied la somme à fournir par I’ Église
Vaudoise serait de 1058 fr ., c’est-à-dire 500 fr. de moins que ce qu’elle
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a collecté l’année dernière. Espérons que, malgré la difficulté des temps,
celte somme se trouvera, et que le Comité n’aura pas la douleur de devoir
répondre aux frères qui sollicitent son concours, que le zèle pour la con
version des payens au lieu de s’accroître, va en s’ affaiblissant au milieu
de nous.
A.M.I.ETERRE. On Ut dans la Réformation au 19.me siècle: « Le Rév.d
W .-S . Gilly, qui s’est beaucoup occupé des Vaudois du Piémont, va rendre
un service considérable à l’étude des antiquités religieuses de celle po
pulation ; il a sous presse le texte de la version romande de l’Évangile
selon St. Jean en usage chez les anciens Vaudois ; ce texte a été col
lationné sur les manuscrits de-D ublin, de Paris, de Grenoble, de Zurich
et de Lyon. Mr. Gilly y joint une introduction et des notes.
IV O U V B M j E kE S Ê ^ O M éM T IQ W IB S
Roï a om e de ex H xete I talie ; La capitulation de Milan que nous avons
rapportée dans notre précédent N.“ n’était pas l’échec le plus humiliant qui
fût réservé à nos armes : uii autre devait le surpasser, l’armistice conclu
le 9 Août, entre le général Autrichien et le chef de notre Etat-major ,
Comte Salasco, par lequel tout ce que nous avions conquis ou qui s’était
uni à nous au delà du Tessin ainsi que les Duchés de Modène et de Parme,
a du être abandonné immédiatement par nos troupes. L’apparition de ce
triste document a été reçue dans le pays avec un cri d'indignation et de dou
leur bien facile à concevoir. A son sujet beaucoup de questions trés-irritantes ont été soulevées et d’abord celle-ci ; cet acte est-il constitution
nel, c’est-à-dire conforme aux principes posés par la Constitution? Non,
ont répondu presque tous ies journaux, et cela pour deux raisons: la pre
mière c’est que la signature des Ministres manque ; la seconde c’est qu’un
traité quelconiiue lorsqu’il emporte variation de territoire ne peut avoir
d’effet qu'une fois la sanction des Chamiires obtenue. O r, la Lombardie,.
Venise, Parme et Modène avaient été par un vote solennel de ces pro
vinces annexées au Piémont; les Chambres avaient accepté, les Chambres
seules pouvaient revenir en arrière. Puis on s’est demandé et avec beau
coup de raison, si telles sont tes conditions que nous fait l'ennemi pour
une simple suspension d’armes, que ne demandera-t-il pas quand il s’agira
de traiter définitivement de la paix! et jusqu’où est-on disposé à aller
en fait de concessions? Les bruits de trahison depuis longtemps déjà
très-répandus, ont pris une nouvelle consistance, et si formidable a été
sous ce rapport, la voix de l ’opinion publique, que le ministère n'a pas
cru devoir la braver plus longtemps et qu'il vient d’ordonner une e n
quête sur la conduite de plusieurs Généraux durant la dernière campagne.
— Par l’armistice du 9, la paix est assurée jusqu’au 20. Pendant ce
temps la France et l’Angleterre qui se sont portées comme médiatrices,
travailleront à arriver à une solution pacifique de la question italienne.
Quel sera le résultat de ces négociations? L’ Autriche consentira-t-elle,
moyennant compensation, à se retirer lout-à-fait de l’Italie? On le d it,
mais quant à nous, nous ne pouvons le croire. Ne se retirera-t-elle que
d’une province, de 1^ Lombardie par exemple? Mais ce sont là des conditions
qué la nation Italienne n acceptera pas, et qui, si elles étaient acceptées
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par les gouvernements, deviendiaient peut-élre le signal d'une guerre
sanglante à l'inténeur Quelle est donc la seule issuj probable de tout
(fciv — A vues bnmaines, la guerre. La France et l'Angleterre feront
bien tout leur possible, taiit lu n e (pie l'autre pour l’éviter; mais les
(*M‘nenients ne seront-ils pas plus fort ipie leur désir, et ne lui feront-ils
pas violence ? Ifieu seul le sait, car pour les prévisions bnniaines elles
son! plus que jamais l’incertitude et l'insuflisance même. Une chose
con.sole au milieu de tant de tristesse, la parole, toujours pleine d’espé
rance et de patriotisme, de Charles Albert. Vaiidois ! le Roj de la ma
gnanimité du quel nous lenon„ la Coiislilulion qui nous régit; le Roi
<pii à différentes re|)rises a déclaré de la manière la plus solennelle
vouloir maintenir intactes les francliisfs qu'il a accordées u s e s peuples;
le Roi qui se déclare prêt à ressaisir , dès qu’il le faudra , son épée
et à exposer de nouveau sa vie et celle de ses fils pour l'indépendance
de l'Italie , voilà celui autour du quel nous voulons nous rallier et
combattre !
— I.e brave Colonel Délia Marmora s’est rendu à Paris avec la mission
de demander à la République Française son consentement à la nomi
nation d un général distingué qui vint prendre le commandement en chef
de noire année.
— Le Général Di .Salasco, le même qui a signé l'armistice du 9 , a été
mis en expectative de service, et le comte de Bricheras ci-devant Gou
verneur de Plaisance, a élé retraité.
— Une enquête vient d’être ordonnée contre les Généraux que l’opi
nion publique accusait banteinent de trahison ou tout au moins d’incapacité,
dans la conduite des affaires do la guerre.
— Une déterminalion qui honore le Ministère qui l’a prise, est la con
vocation à Turin du Gouvernement provisoire de la Lombardie. Ce fait
est très-significatif comme protestation des plus énergiques contre l'ar
mistice du 9.
Venise abandonnée par nous, s’ est constituée de nouveau en République
et continue à se défendre avec un liéro'isme et une intrépidité vraiment
admirable, contre les bordes Autrichiennes qui cherchent à l'envelopper
de toutes parts.
T oscane : Une émeute insensée qui avait éclaté ces jours derniers à
Livourne, au grand chagrin de toutes les personnes amies de la liberté
et de l’ordre, a heureusement été aussitôt réprimée par le Gouvernement.
Les mesures les plus sévères ont été prises pour empêcher la répétition
de semblables désordres qui, excités au nom de la liberté, sont précisé
ment ce qui la tue.
E tats Romains : Le Pape a solennellement protesté contre l'invasion de
ses Etats par les Autrichiens. Les Bolonais ont protesté plus efficacément
en les mettant en fuite après leur avoir tué assez de monde et fait plus
de âOO prisonniers. Quant aux protestations du Pape on commence à ne
plus guère y croire; « Le Pape est ami de l’Empereur » écrivait, il n’y a
pas longtemps la Patria « que Dieu le lui pardonne ! » — •• Que nos
frères ILiliens le sachent bien » écrivait un autre journal, le Contemporaneo, ils ne se trompent pas en espérant dans le peuple, mais nous nous
tromperions tous en espérant de la Papauté la rédemption de l’Ita
lie » . — La prorogation des Chambres au 15 novembre, dans les cir
constances actuelles de l’ Italie, ne contribuera pas à effacer cette im
pression. —
F rance : La tranquillité est loin d’être complète : tes Communistes, battus
dans les journées de juin , ne désespèrent-pas de prendre leur revanche
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et réorganisent en attendant leurs sociétés secrètes. Le Gouvernement
de son côté ne laisse pas de déployer une grande énergie. Mais l’iiiver approche,
et avec l’hiver la misère ; triste conseillère, pour des multitudes sur les
quelles les sentiments religieux et moraux ont si peu d’empire.
Vncleterre : L’émeute en Irlande est entièrement comprimée, et les
principaux chefs de l'insurrection sont au pouvoir de l’autorité qui ne se montrera
probablement pas très-indulgente à leur égard; mais celte difficulté passée,
une autre se présente plus formidable encore : la maladie des pommes
de terre semble vouloir sévir de nouveau avec une grande intensité, et
comment se ballre avec la faim ?
ôllem .v gn e ; Les émeutes ne sont pas rares tant à Berlin qu’à Vienne,
Facilement comprimées, dans la première de ces capitales, elles ont pris
dans la 2“” ’ une allure et des proportions beaucoup plus inquiétantes. De fré
quents conflits et quelques-uns très-sanglaiits ont eu lieu. Un rabais sur
le salaire des ouvriers a été la cause apparente de ces désordres dont
les racines, selon toutes les apparences, sont bien autrement profondes.
AVIS
A notre grand regret, Mr Rollier nous charge d’annoncer
que, devenu membre de la Table, il cesse d’avoir une part
quelconque à la direction de celte Feuille.
Le Gérant:
J> P, HEILLE*
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de l’ abonnement fr a n c o -fro n liè re y 2 fr. 5o c.
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Pignerol 18^8 Im prim erii'de Paul Gbighpiti