1
première Année.
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«Journal do
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26 Février 187Ü.
FÉ3g*lîso' ]évan^ôlîq[u.e Vaixdoise
Paraissant chaque Vendredi
Vous me serez lémoins. Actes I. 8.
Suivant la vérité avec la charité.
Prix db l*abonnbmfnt par an
Intérieur................L 3
Suisse . . ..A . » 5
France, Allemagne . . » 6
Grande-Bretagne et Hollande » 8
On s'abonne: À Pignerio] au Bureau de l'administration 4\faüon Wicol.
A La Tour chez AI. r.iLti libraire.
A Turin chez M, (rosa,..via Pio Qiiinto, n. 15.
A Pomaret chez M. Lantarbt Past; Directeur,
Pour la France les abonnements sê font à la
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On reçoit pour âbonnemeots et
insertions des timbres-poste de
tout pftja.
ü^omixxalr'o.
A Qni (a faute? — César Prunier. —
Correspondance, — Chronique tandoise.
— Reçue Politique,
A QUI LA FAUTE?
IV.
rSuite V. s. précédent/.
\
Si. à la naissance du Chrisliaiiisiue , • les rois de la terre se
» sont trouvés en personne , et
• les princes se sont joints enseni» ble contre le Seigneur et contre.
Christ, (ÀCT. IV, 2é>,^7) ■ ce
n’est point exceptionnellement et
par l'effet momentané de l’ignorance des uns et des préjugés nationaux des autres. L’histoire de
l’Eglise atteste avec une grande
évidence que], non seulement les
empereurs pajens ont cherché à
écraser cette doctrine nouvelle,
mais que les empereurs chrétiens
l’auraient volontiers étouffée dans
leurs embrassements.,n’en laissant
subsister que ce qui était de leur
goût et'à leur usage.
La suite des siècles, y compris
le nôtre, n’a fait que mettre toujours plus en évidence l’antipathie
des puissants du monde, empereurs ou rois, ducs ou présidents
de républiques, appartenant à n'imporle quelle dénomination religieuse, contre l’Evangile du salut.
Les exceptions, et il y en a eu de
très nobles, ne font que confirmer
la règle. Comment expliquer ce
fait étrange que les gouvernements, quelque nom qu’ils portent
et quel que soit Je principe qu’ils
affectent de suivre, se défient du
vrai Evflugile et en entravent, autant qu'ils le peuvent, le développement et le progrès?
Autrefois l'on expliquait tout
par l’influence du confesseur ou
du conseiller , ou bien encore par
celle de la femme en faveur auprès du prince. Aujourd’hui, où
aucun souverain n’oserait dire : j
« l’Etat c’est moi », mais où le
pouvoir est partagé d’ordinaire
entre un grand nombre de personnes , aujourd’hui cette explication
n’explique à peu près rien II faut’
en chercher une autre , non pas
au dehors, dans Je caractère d’un
homme ou d’un peuple , dans la
forme du gouyernement. ou dans
l’histoire de chaque nation, mais au
dedans, c’est-à-dire, dans l'esprit-1
et dans les tendances de l’Evangile.
11 est vrai que Jésus-Christ lui- !
même , dans deux paroles très |
claires: — • o homme! qui m’a !
établi pour être juge sur vous !
et faire vos partages? • et • rendez ;
à César les choses qui sont à
César» (Lee xii, 14 et xx, 25)
a voulu tracer nettement les limites de son domaine, en réservant
celui du pouvoir civil. 11 est vrai
encore que l’apôtre Paul , celui
de tous qui a le mieux compris et
surtout le mieux appliqué la doctrine de l’Evangile à tous les états
et à toutes les conditions humaines, a prêché le respect et la soumission aux puissances qui subsistent , et exhorté les chrétiens à ;
faire des supplications pour les j
rois et pour ceux qui sont élevés i
en dignité; tout cela aurait dû, !
semble-t-il, tranquilliser les gou- !
vernants et leur faire accueillir
et aimer dans l’Evangile l’ami le
plus précieux, l’allié le plus utile.
Mais non , l’Evangile est trop
démocratique , dans le meilleur
sens de l'e.\pression , pour plaire
à quicoriijue aspire à dotuiner. (J'est
lui qui a proclamé la véritable
égalité de tous les hommes, dans
le péché, comme dans la grâce —
qui a élevé la charité fraternelle ,
c’est-à-dire l’amour cordial pour
tous les hommes, à l’honneur d’âtre
le second grand commandement et
même l'accomplissement de la loi.
C’est l’Evangile surtout qui, seul
sur la terre, a proclamé la vraie
liberté, l’a offerte et l’a donnée
à une fouie de pauvres pécheurs
devenus enfants de Dieu, la liberté,
non pas lojijours et immédiate-'
ment celle du corps , car il n'a
pas attaqué de front l’esclavage,
mais celle des intelligences et des
cœurs, celle qui délivre des liens
(lu péché et affranchit de la servitude de la'corruption. Cette liberté glorieuse en remplissant le
cœur de paix et de joie . en bannit la crainte des hommes. Un
homme ainsi affranchi dira hardiment aux puissants qui cherchent
à l’intimider: jugez vous-même
s’il n’est pas juste que nous obéissions à Dieu, plutôt qu’aux hommes ; ou bien comme le vénérable
Polycarpe: il y a 80 ans que je
le sers ( le Seigneur Jésus); jamais il ne m’a fait que du bien ,
comment pourrai-je le renier? Ou
bien enfin comme Luther : me
voici, je ne puis faire autrement
que Dieu me soit en aide ».
Le vrai Evangile prend un à
un les pécheurs, péagers et gens
de mauvaise vie, ou gouverneurs
de peuples, et en fait des hommes
que ni menaces ni caresses ne pourront désormais détourner du droit
chemin. A ces hommes là il faut
parler comme à des personnes
intelligentes qu’il faut convaincre
et gagner. Or il est très rare
que les princes et leurs délégués
2
âo
LE TÉMOIN
ne préfèrent pa» de beaucoup- iro*
poser leur ^bl^té et fdîre ct^rber'^
toutes les ti^ aè la pallie de leur^
commandenséntv
L’Evangile renversera toute hauteur qui s'élève et brisera tous'
les dispotismes. — C’est ce que Sentent, instinctivemént, les despotes
de tout calibre (les plus petits
sont les pires}; de là leur aversion
et leurs efforts unanimes pour
entraver sa marche.
CÉS4R PROm
On n’a pas oublié le martyr du
devoir qui , accablé d’un mystérieux pressentiment, disait en parlant de Genève pour se rendre aux
Conférences de l'Alliance Evangélique de New-York; Je marche à
l'échafaud, et qui, quelques mois
plus tard, blessé à la tête par le
choc d’un navire, se résignait à
descendre avec la Ville du Hâvre
au fondées eaux de l’Atlantique, en
prononçant ces mots : Nous sommes
entre les mains de Oîcm/Vous et
moi surtout, chers amis , qui
étions naguère ses élèves, n’esl-il
pas vrai que nous avons eu depuis
lors de longues nuits d’insomnie,
pendant lesquelles nous l’avons
cherché par la pensée dans les
profondeurs des abîmes , lorsque
déjà il n’y était plus et qu’il était
monté auprès de son Sauveur?
Nous le reverrons un jour ; ce n’est
pas la dernière de nos espérances.
En attendant c’est avec un tressaillement de joie que nous saluons
l’apparition d'un beau livre qui
nous raconte sa vie et publie quelques fragments de ses écrits, d’autant plus qu’il est dû à la plume
élégante et sympathique d’un de
ses proches amis et collègues (1).
Nous nous bornos à glaner quelques notices, qui feront peut-être
désirer à nos lecteurs de les compléter par la lecture de l’ouvrage
qui se recommande de lui-même.
Pronier naquit à Genève le 19
octobre 1831. 11 'manifesta dans
son enfance un caractère difiScile,
mais honnête et loyal ; . il préférait être châtié plutôt que de
mentir ». Ses premières études ne
furent pas brillantes, et lorsque
(*) T te rff Céaar Prouicr et fragments de sph
icriîs publiés p«r Louis Huifet profe-iseur a
Lcole lil-fe 'ie à Oen<*ve 1^7.'')
le jeune élève se rangea un- peu
et [É^at a^àicheaii&efÿile veilà fotté
par la à se faâfte agriculteur.
Se» con<ïi»i%let» de k v&iil» le
rencontrèrent plus d’une fois vendant les denrées de sou nouveau
maître sur la place du marché
Les rêves poétiques de l’ex-éludiant
et l’exemple d^in cousin lui firent
prendre la résolution d’aller faire
au loin l’essai de la vie indépen dante et fgreste^ü colon américain.
Il fit en Amérique les plus salutaires
expériences , que nous regrettons
de ne pouvoir raconter , et après
21 mois d’absence, le voilà de retour dans sa ville natale.
La grande question se présenta
à lui: truelle carrière vais-je entreprendre ? (< Je me sens appelé
au ministère, lispns-nous dans son
journal intime , mais j’ai tant de
crainte de me tromper et de me
décevoir moi-même que je n’ose
faire un pas. Après mûr examen .
encouragé par son ami de collège
M. Bersier, il prend son parti
malgré certaines offres qui viennent traverser sa route, au risque
de l’en détourner. Il ne lui restait
plus qu’à présenter au Conseil de
l'Ecole de Théologie une demande
motivée d’admission. Avant d’accomplir cet acte, il s’arrête de
nouveau, s’assied et médite.
« Ces derniers jours, écril-il,
j’ai pensé sérieusement à la lettre
que je dois écrire pour mon admission à l'Ecole de théologie. Et j’ai
vraiment des moments où je ne
sais que faire, j'ai des moments
de doute sur ma vocation lorsque
je sens mes faiblesses, lorsque je
vois combien je tombe facilement
et combien peu je sais m’accrocher
à Christ pour me relever ; j’ai des
moments où je me demande si je
n’ai point été le jouet de mon
imagination, si Dieu m’a réellement appelé. Je suis troublé, j’attendrai la fin du mois •.
Le jour est venu enfin. Pronier
écrit sa lettre que nous voudrions
reproduire, mais mieux que sur le
papier. En la lisant, nous nous
sommes pris à regretter vivement
que nos étudiants du Collège passent à notre Ecole de théologie,
plus ou moins, comme l’on passe
d'une classe à une autre. Nous sa- 'i
vous, autant que personne, ce que |
les formalités ont de vain, même
de faux parfois; mais d’autre part
est-c» tvdp'désirer <|»e de mettre
un jéütie-Komme qo» est au début
de sa éarrièr» et H’une carrière
telle' 0^ daller àm aüaistère de la
parole, en demeure de rentrer en
Soi-même pour se bien rendre
compte de la démarche qu’il va
faire ? Sans ajouter qu'au point de
vue des convenances sociales il n’y
aurait pas de mal à se présenter
à la direction d’une école avant
de s’y installer.
Après trois années de consciencieuses études, notre candidat accepta le poste do suffragant dans
une église du canton de Vaud ,
puis d’évangéliste à ChambéryCes deux essais affermirent sa conviction naissante et très juste qu’il
était appelé à l’enseignement plus
qu’au pastoral. Son regard se
tourna plus que jamais vers l’Allemagne, où il alla goûter des expériences variées et meilleures les
unes que les autres. On se méfie
beaucoup trop de rAllemagiie.
"Voyez si l’Eglise vaudoise, par
exemple, n’a pas à remercier Dieu,
presque invariablement, pour chaque étudiant qui est revenu de
l’Allemagne , en commençant par
le fondateur de notre Ecole de
théologie.
De retour à Genève, Pronier y
acceptait le poste de pasteur laissé
vacant par M. Pilet.
« Ce n’est pas chose facile d’être
pasteur à Genève •, s’écrie fort à
propos le biographe. A cet égard
nous serions tentés de dire: tutfo
U mondo è paese, et plus d’un pasteur sera de notre avis. Mais on
a déjà compris que Pronier avait
plus que des difficultés locales à
vaincre: il en availde particulières.
Un soir, après sa réunion, il
co,nfia à son journal intime l’aven
suivant,que plus d'un aura lu déjà
pour son propre compte dans
d’autres journaux aussi intimes et
plus inédits.
11 n’en faut pas douter, je
manque de talent, je manque aussi
de foi ! Humiliations sur humiliations! Merci, mon Dieu, j’en avais
besoin. Ma méditation n' a été
qu’une monotone redite , plate ,
fade , sans vigueur , sans clarté ,
incapable de faire la moindre impression. Je sentais cela , et voici
pour m’achever que M'"* A. me dit
ce matin qu’ ayant causé avec
M™® B. , elles sont tombées d'ac-
3
LE TÉMOIN
9Í
cord q.u0< mi& prédica4.ii&Br ne reu*
fermait pas un gvand talent, H^is
avait du fendis et des mots capa*
blés de faire impression ». ‘
Ce dames avaient apparemment
quelque raison , voire même eer>
taise franchise •qui- n’est pas à dédaigner , mais ce tomber d'accord
ayant pour effet d'achever, est bien
.caractéristique
Malgré ces motifs d'inquiétude.
Pronier cède aux sollicitations de
Oaussen et d’autres directeurs de
la Société Evangélique qui lui
confient sans sourciller l’enseignement ihéologiqne. Un an d’expériences le convainquit que la double charge était trop lourde et
sa position ir^ienable. 11 en vint
même à dire que le prédicateur
et le professeur ne peuvent aller
ensemble. Hâtons-nous de remarquer cependant que de fait il ne
renonça jamais à la prédication,
surtout à l’évangélisation, et qu’il
sentit comme Pilet, Gaussen et
tant d’autres qu'une école de théologie enserrée dans le cercle de
fer des études, ne saurait vivre
longtemps, au sens vrai du mot,
et qu’elle perdrait en saveur religieuse ce qu’elle acquerrait au
point de vue critique. Se figuret-on le divin Maître cloué dans
une calhèdre, ou les apôtres, ou
nos bons vieux Barbes du Pra
.du Tour ?
Cela dit, demandons an jeune
professeur de dogmatique quelle
est-^la voie dans laquelle il va
s'engager ; cqr on devine bien
qu’il y dut penser mûrement.
* Âacune ne me satisfait, écritil , ni des anciennes formules ni
des nouvelles. Les anciennes formules , sèches . scolastiques , logiques , ne sont pas propres à
séduire le cœur salutairement; elles
expriment trop, vont au delà du
connu et précisent l’inconnu. Les
nouvelles formules sont vagues,
sans vigueur, sans la folie du christianisme. Les unes et les autres ,
vieilles et nouvelles, exaltent trop
l’homme. N’y aurait-il pas moyen
d’accorder à la nouvelle comme à
l'ancienne théologie des droits où
elles ont droit, des torts où elles
ont tort? En toute doctrine je
trouve que l’une et l’autre ont
raison et tort tout ensemble •.
Voilà la pensée qui domine tout
son enseignement. C'est cet esprit
de largueuc en même tempe que de
fidélité qui fit apprécier si hautement l'enseignement du jeune professeur.
Que d’œuvres', côté de ses
cittq leçons de théologie par semaine,
qni lui paraissaient cependant suffisantes! La fondation d’an journal
hebdomadaire, dont il traça de sa
main le programme, sa collaboration à> d’autres feuilles et à des
revues, conférences, traductions,
comités , administration et leçons
particulières. Je ne mentionne pas
les poésies, car elles signalent des
heures de repos comparatif, ni
son journal intime qui était- pour
sa vie agitée ce que le chœur est
à la tragédie. Il eut des jours de
lassitude telle, qu’il lui arrvait d’écrire: « c’est au point que le repos
du cimetière me semble désirable
Nous nous arrêtons ici, parcequ’il s’agit moins pour nous de
dépouiller le beau livre de M.
Ruff'et que d’y renvoyer le lecteur, —- D’ailleurs, comment rendre cette soif de connaître, cette
vie secrète , ces luttes morales ,
ces peines qui ne se laissaient
pas mieux deviner. Nous avons
senti notre cœur se serrer en lisant, par exemple , que vers les
dernières années de sa courte
carrière, il se vit contraint à donner s.a démi.ssion pour songer aux
moyens de payer le pain nécessaire à sa ^famille. En y pensant
nous bénissons le Seigneur qui ,
plus tard. a répondu si visiblement à la prière des orphelins.
Comoponbance
Hansieor CHARLES H4La!\I
Monsieur le Directeur,
Ces lignes devaient paraître dans le
dernier numéro; mais elles n’ont rien
perdu de leur triste actualité pour
avoir été renvoyées de huit jours. Elles
sont destinées à justifier pleinement le
témoignage de regret affectueux et
d’admiration de notre collègue de Turin,
auquel nous nous associons de grand
coeur. — Ainsi que je vous l’ai écrit,
M. Charles Malan à succombé le dimanche soir, 14 courant, à une fièvre
lypho'ide compliquée, maladie nu’il a
contractée en visitant, en sa qualité de
médecin et d’ami, un grand nombre
de malades de la Tour et des envi
rons atteints par cette épidémie. —
Depuis longtemps M. Charles Malan
qui avait été ramené par la maladie
mortelle de son pére au milieu‘’de
nous, de Dumû'ies où il avait exercé
la profession spéciale de médecin dans
une grande maison d’aliénés, parlait
de retourner en Ekiosse, sa seconde
patrie; mais toujoqj’s il en était empêché par quelque occupation pressante; il était sur le point de partir
lorsque éclata l’épidémie, dont le foyer principal se trouvait dans rétablissement de filature de soie de S. Ciò.
M. Charles Malan fut engagé é
donner ses soins à ces pauvres malades ; il le fit avec un tel zélé et un
tel dévouement qu’ il était sur pied
jusqu’à des heures très-avancées’de
la nuit. 11 avait trouvé des misères
physiques et morales qu’ il ne s'était
pas attendu à trouver à la Tour dans
ta classe ouvrière surtout. Il voulait
les soulager non seulement en soignant
les malades, mais en leur inspirant
des idées d’ordre et de propreté; dans
ce but il mettait lui même la main à
l’œuvre et ne reculait pas devant les
offices les plus humbles. Bienveillant
envers ses malades il leur aidait à se
lever, à se retourner sur leuro misérables couches, composées souvent
d’un peu de paille sale et fétide. Souvent il prolongeait ses visites bien au
delà du temps que les médecins ont
coutume d’y employer particulièrement dans les cas d’épioémie. Voilà
comment notre ami , humainement
parlant, a été vraiment victime de
son dévouement et de .ses généreuses
imprudences. Plusieurs personnes dont
les familles ont été soignées paT loi,
nous ont raconlé que lorsqu’elles lui
ont demandé de le rétribuer il répondit
en souriant; « Je vous enverrai ma
note quand je serai en Ecosse».
Aussi sa mort a été l’objet du regret
universel, qui s’ est manifesté le jour
de ses funérailles aux quelles ont pris
part plus de 1200 personnes proleslanles et catlioliq^ues indistinctement.
Tous les employés et tous les ouvriers de l’élablissemenl Gaddouin ont
suivi le long et triste cortège dans
l’ordre le plus parfait. Ils savaient bien
qu’ils ne faisaient en cela rien d’extraordinaire , t car, disaient - ils, c’est à
cause de nous qu’il est mort ».
Le Sous-Préfet du district, qui se
trouvait à la Tour et qui devait pré.sider notre corps municipal en vue
de lui faire prendre des mesures nécessitées par notre étal sanitaire, renvoya l’heure de la séance et engagea
le conseil à donner en corps un témoignage de sa sympathie cl de ses
justes regrets en assistant aux funéraille.-: du D' .Malan; ensuite il proposa lui - -inêine de reconnaître les
service.« rendus en lui érigeant un modeste monument destiné à les rappeler.
Les derniers moments de notre ami
ont été des moments de cruelles soiifliancc.s supportées avec résignation.
Ceux qui ont parlé sur sa tombe ont
4
32
LE TEMOIN
• pu rendre témoignage à sa.foi vivante
,SkM Sauveur, mort pour nos offenses
eUressuscilé poür notre jusliliealion.
Cette foi il la professait en paroles
et en actions. A cet égard nous ne
citons, en finissant, qu’un trait qui en
dit plus que de lon^ies considérations;
Un jour comme sa sœur, lui demau.dail comment allaient ses malades,
et se réjouissait de ce qu’ils étaient sur
la voie de la guérison, « c’est , dit-il,
que je prie tous les soirs peureux».
Un médecin qui prie, qui trouve le
temps de prier, qui croit à l’efficacité
de la prière, voilà un fait, non pas
unique ni rare peut-être, mais dans
tous les cas un fait consolant et édifiant.
J’ai désiré vous le raconter dans
l’espoir qu’ il fera du bien et qu’ il
pourra trouver des imitateurs non
seulement auprès de ceux qui sont
appelés à donner leurs soins au corps,
mais auprès de ceux auxquels sont
confiées les intelligences et les âmes
de leurs semblables. — Paul plante,
Apollûs arrose, mais Bien donne l’accroissement et la bénédiction.
Agréez, etc.
(iritront(|ue ®auboise
FoiÊtaret. — Celle année encore,
le 17 février, anniversaire de l’émancipation des Yaudois, a été consacré
à une fête des écoles. Tous les enfants, qui ont frequente pendant l’iiiver
l’une des quinze écoles de la paroisse,
ceux qui ont suivi une école du dimanche, les élèves de l’Ecole latine,
les catéchumènes , les enfants des
deui écoles du quartier de Chenvières,
¡»aroisse de S. Germain, tout ce petit
peuple de 344 enfants attendait avec
impatience celte journée à laquelle on
le préparait depuis près de deux mois.
Le temps qui jusqu’alors avait été
magnifique, semblait vouloir se gâter;
mais ce n’est certes pas la peur de la
neige ciui aurait retenu à la maison
un seul de ces enfants dont plusieurs
venaient de si loin.
Comme à 1’ ordinaire, les écoles de
Pomarei, chacun avec son petit drapeau
tricolore, sont allés, tambour en tète,
à la rencontre de celle d’Envers-Pinache, et tous ensemble ont traversé,
en bon ordre, ce bourg de Perosa où
naguère encore il n’était pas permi
aux Viuidois d’acquérir des immeubles, et que les 7'eliffionnairesd’EnversPinache devaient laisser sur leur droite
lorsqu’ils se rendaient au Pomaret pour
le service divin.
Aux 350 enfants, environ, se joignit
un nombre à peu près égal de grandes
personnes: professeurs, instituteurs,
régents, moniteurs des écoles du di- |
manche , chanteurs, parents et amis,
en sorte que plusieurs durent demeu- '
reijjdebout pendant toute la durée i
du service, c’est-à-dire, pendant deux i
heures et demie , mais sans fatigue '
apparente. La lecture et la méditation de la parole de Dieu ( Luc. 11. 41- ;
52)>,la prière, unedonzainede chants,
grands et petits prepai^Js avec spin et
exécutés if’une manière irès-satisfai' sanie,' une douzaine de récitations dans
les deux langues, failes'par des enfants
de 5 à 15 ans , quelques discours
adaptés à la circonstance,-c’étaiT plus
qu’il n’en fallait pour remplir la première partie de la fête.
Les éléments de la seconde furent
beaucoup moins variés, mais suffisants
toutefois pour satisfaire le légitime appétit de tout ee petit monde. Un détail
à noter^c’est qtie beaucoup de parents,
sachanC'qu’on ne leur donnerait rien
de substantiel et de palpable, avaient
eu soin d’en apporter afin de tenir
compagnie à leursenfants jusqu’à la fin.
A trois heures la neige qui commençait à tomber , et qui les jours
suivants a atteint la hauteur de 80
centimètres, a donné le signal de la
séparation. Si un petit nombre seulement a exprimé ce sentiment, tous,
sans doute, l’avaient au fond du cœur;
au revoir à l’année prochaine. Ce qui
montre à quel point la fête du 17 février
est devenue populaire dans cette paroisse (et nous ne doutons pas qu’elle
ne le soit au môme degré dans quelques
autres), c’est le fait que l’on a pourvu
au moyen de contributions volontaires
au goiitcr d’environ 40ü personnes,
que l’on a pu donner à chacune, en
souvenir, l’une ou l’autre des Etrennes
publiées par la Société des traités religieux de Lausanne, et qu’il reste un
fonds de réserve de plus de 40 francs.
Sans vouloir nous exagérer à noiismême l’importance d’une pareille fêle,
soigneusement préparée pour les enfants de nos écoles , nous sommes
persuadé que les courses nombreuses
et le travail qu’elle impose, surtout aux
maîtres et maîtresses d’école, ne sont pas
de la peine perdue et qui les fruits se
montreront certainement plus lard. Si
nos chers collègues dans l’œuvi e pastorale veulent tenter — (s’ils ne l’ont déjà
fait) quelque chose de pareil, ils y trouveront, comme nous, une grande jouissance et un précieux encouragement.
Hcirne politique
MîaUe. — La Chambre a fait un peu
Elus de besogne. Elle a approuvé le
iidget de rinlérieiir, celui de la guerre
et celui des alïaires étrangères.
Le Sénat a commencé la discussion
du code pénal. Plusieurs sénateurs ont
parlé en faveur de l’abolition de la peine
de mort, mais plusieuis insistent pour
la maintenir en [irésence du grand nombre de délits et de meurtres dont notre
pauvre Italie est encore le théâtre.
Le ministre de la justice, Vigiiani, a
adressé une lettre au Piociireui général
de Rome; il y donne les normes d’après
lescjuelles la magistrature doit se comporter envers les prédicateurs qui injurient le Gouvernement, envers les
supérieurs ecclésiastiques qui pérsécutent injustement le clergé inférieur, et
les journaux qui reproduisent les discours du p,ape contre le roj et la constitution. — Sur le premier point les ma.gislrnts doivent appliquer les. lois en
vigueur, Sur le second tés excom municalions des évêques sont déclarées nulles
quant à leurs effets civils. Les prêtres
libéraux excommuniés continueront à
jouir de leurs bénéfices. Sur le troisième point le' pape est libre, en vertu
de la loi des garanties, de parler comme
il lui plait, mais les journaux qui reproduisent ses discours le font à leur risque et péril.
Wt-utts*. — Il est toujours question
de la grande affaire des lois constitulionnnelles et particulièrement de la formation du Sénat. Le centre gauche, une
grande partie de la gauche et du centre
droit, c’est-à-dire, la majorité de jl’Assemblée nationale, paraît s’être mise
d’accord pour adopter, parmi les 7 ou 8
projets, celui de M Wallon , d’après
lequel le Sénat serait composé de 300
membres, dont 220 nommés par les
conseils généraux et par des délégués
des communes et 80 par l’Assemblée
nationale. Le président Mac-Mahon a
renoncé au principe de la nomination
de ces derniers. Quand ces lignes paraîtront le SOIT de ce projet sera déjà connu
et avec lui celui de l’ensemble des lois
constitutionnelles. Les Français sauront
s’ils ont la république ou un gouvernement sans nom et sans caractère.
Si ce résultat est obtenu, on le doit à
la crainte du bonapartisme qui relevait
la tôle et qui tirait parti de l’état d’indécision et de malaise où la nation se
trouve.
Anemtafftme. — Les Chambres
prussiennes s’occupent d’importantes
réformes provinciales et communales,
destinées a faire disparaître les derniers
vestiges de la prépondérance féodale,
c’est-à-dire des droits des seigneurs
dans les communes comme dans les
paroisses. .
Angtetefre. — Lord Glad.slone
travaille à un ouvrage intitulé Vaticanisme, en réponse à ses contradicteurs.
B»t^ngne. — Combats sans résultat définitif. L’Ambassadeur Rancés est
rappelé de Rome. Il est question de
supprimer le mariage civil.
* gtu»»ie. — Progrès dans la voie
de la liberté religieuse. Les droits civils sont accordés aux adhérants à des
sectes non reconnues par l’Etal.
1 SOUSCRIPTION
POUR ÜN MONUMENT X L.i MÉ.M0IRE
DU DOCT. CHARLES MAL.-iN
3. P. MeiUe Pasteur et famiPe F. Ì0
F. M jslon. Ancien Tl
Chev F. Barone, Ancien ô
Phil. f'arJon . Panteur .. 10
Madame veuve Jean Ciiffarel li
M Ai mà Oay.iou, Ancien ., J r.
M P. Pantaret . .
M Pt .Mad. Bauer . • ,, -O
M D Pe* legnn , Syndic .. ^0
Ernest Uodert, Gérant et Administrateur.
Pignerül, liniir. ('.hianlorn t'I Ma.scarelli,