1
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V
iTcuUk ^ ¿ n su clle
SPÉCIALEMENT CONSACREE
ACX
INTÉRÊTS DE LA FAMILLE VAÜDOISE
«
Ilh dion qu’es la u d es . . . »
» Ils disent qu’il est Vaudois »
. Nobla Leiczom.
Deuxième année
PIGNEROL
xtanxKOEBjx
s e jo s se b gh iaw tobe »
4 8 4 9 - 50 .
3
TABU BBS MATIËABS
CONIENIIES DANS C i ÏO H IH S
H is to ir e V au d olse
1 11 33
.pas
Giovanni Lodovico Pascale
.
.
.
.
•
49 65 81
De la part prise à la glorieuse rentrée par J. Janavel
I Valdesi par M. Beri .
.
.
•
■ , ,
, 9G
■ 113 137 173 189
143
Lettre de AI r Bert au rédacteur de l’Echo des h'allees et repense
157
Barthélerai C o u p in ..................................................
Hÿuestiona lio ca les
Les p r o c è s .................................................................. .......
,
Ce que nons avons et ce qui nous manque comme Eglise, l.e r article
2.^ ir t i/ v ld e
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3.
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4.
e
id.
5.
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.
.
,
Des rapports à établir entre l'Eglise vandoise et l’Etat
De deux nouvelles places à créer au Collège de La Tour .
.
.
D’un concours pour ‘i nouvelles places à créer au Collège de I.a Tour
D’une circulaire de la V. Table V a u d o i s e ..........................................
C oncours........................................................................ •
•
•
Du peu d’intérêt des troupeaux à intervenir à la visite pastorale
Etat de l’instruction publique au sein de l ’Eglise Vaudoise
5
20
36
article
69
article
83
article
178
article
55
102
121
146
192
Q uestions d ’IIiin ia n lt ë
Un fruit des écoles déguenillées
.
.
.
.
.
.
.
.
Le congrais de la paix u n i v e r s e l l e . ..................................................
Une visite à une école déguenillée à L o n d r e s ..................................
22
76
194
M is s io n s , E v a n g é lis n tio n , C o lp o rta g e
H
Un trait des maux aux quels l’oeuvre des Missions vient en aide
25
Ce qu’est en bieu des cas la vie d’un missionnaire
42 59
.
Société des Alissions de P a r i s ..........................................
Circulaire de l’ Evêque de Saluces sur la vente des Ss. Ecritures.
36
Circulaire du Comité des Missions aux différentes paroisses de l ’Eglise V'audoise
I(l5
La Bible en T o s c a n e .................................
108
Le Missionnaire au milieu des fêtes payennes
124
Douleurs et besoins des protestants hongrois
130
Le Cannibalisme aux îles F id ji
184
Lettre du Comité des missions de Bàle
197
Les récits du Missionnaire
.
.
.
.
4
Ufeerté des cu U e «
^
Lettre du président des Ministres aux membres de la eongrégatio".
évangeliauo de Turin
.
.............................................................0
l ue séance au Parlement Piémontais .
.
B lo (r » p li le * , A n ec d o te «, Pen sée«
U*** G * '‘ ............................................................................................................... I6 î
M.me de ^rüdner et la jeune s erva n te........................... .......
143
Ce qui fait la force des Constitutions
........................................... 113
Pensées
............................................................................................... 13 173
Le Galérien évangéliste .
.
,
.................................. ’ ■
.
*00
Le Galérien ph ilan trope..........................................
301
Variétés
Lettre du P. V e n t u r a ....................................................................................... 37
Les Funérailles de C\arlrs J l b e r t ............................................................. 78
Second anniversaire de l’émancipation .
.
.
.
.
.
183
B u lle tin BlM togm itltlque
Benefizio doUa morte di Cristo per Aonio Pakario
.
.
.
.
61
L ’Israël des Alpes par itf. A. Sbuton .
........................................... 91
I Vafdesi par M. Bert
.
id.
Salmi e C a n t i c i ...............................................................................................id.
Poésie
Traduction en vers italiens du Psaume \ L 1 I ...................................88
■ I
V au velles
Nouvelles religieuses 14 30 43 63 80 93 110 133 154 168 186 303
Nouvelles peütiques 15 31 46 64 95 111 135 170 188
5
ir«« A N N EE
lÆ & J V U iE E T 1 8 4 »
iV» I .
feuille ffietiduelle
SPÉCIALÏIENT CONSACRÉE AUX IXTÉRÉT8 DE lA EAMILLE ÏAÜBOISS
Ilh dion qu’ et y a u d e t ... *
Ils disent qu’il est Vaudois •
MOBLA LEVCZON.
SOBBAIRE. Histoire Vaudoise : Giovanni Ludovico Paschale. — Questions
locales: les procès. - Liberté des cuites: lettre du Président des
Ministres aux membres de la congrégation évangélique,de Turin. —
Mitions Éoangiliqua : un trait des maux auxquels celle œuvre vient
en aide. — Pensées : — Nouvelles religieuses. — Nouvelles politiques.
AVIS
Mous adressons ce V Numéro à tous nos anciens
abonnés, l e s suivants ne seront plus envoyés q u'au x
personnes qui auront formellement renouvelé leur
abonnement.
B IS T O IB E
J
T A U n O IS E
C;for<rMNd létta o vicm P n t e a le
L Itointne dont le noiu est placé en lèle de cel article, et
qui occupe un rang distingué parmi les martyrs \audois,
n’était |)as originaire de nos montagnes. C est à Coni, an
sein d’une famille honorable, qu’il avait reçu 1existence.
Voué (lés sa première jeunesse a la carrière des armes,
6
— 2 —
il y était encore engagé, lorsque Dieu trouva à propos de le
rnettre à part pour un autre service et pour d'autres desseins.
Étant de garnison à Nice, il eut l’occasion d’y entendre la
prédication du pur Évangile. Son cœur en fut touché. La
lecture assidue des S. Ecritures, à laquelle il se livra dès
lo rs, n’ayant fait que l’affermir toujours davantage dans ces
impressions ; et pressé de résoudre bien des doutes que celte
lecture avait soulevés en lu i, il quitta le service militaire
et se rendit à Genève. Là, vivaient une quantité d’hommes
illustres et savants dans les Ecritures, que la persécution y
faisait affluer de toute part. Pascale les v i t , s’entretint
longuement avec plusieurs d’cntr’e u x , fréquenta trés-assidûment les assemblées chrétiennes, étudia beaucoup encore,
jusqu’à ce qu’enfin , convaincu que la voie dans laquelle
il était entré était la vraie, il se résolut à ne la quitter plus.
Son premier besoin une fois en possession de la vérité fut
de la faire connaître à d’autres. D’abord il traduisit et fit
publier en italien divers fragments des Ecritures et quelques
traités religieux ; puis jugeant que ce que Dieu demandait
de lui , c ’était un service personnel vivant et dévoué, il
passa de Genève à Lausanne, et se fil recevoir étudiant
pour le Saint Ministère dans l’ Académie de celte ville.
Pascale touchait au terme de ses études quand arriva à
Genève une députation des Eglises Vaudoises de Calabre (1),
sollicitant l’envoi au sein de ces églises d’un pasteur italien
pour l’organisation et la célébration publique du culte. D’un
commun accord on le désigna comme l’homme le plus
capable de remplir cette fonction. La mission cependant
était périlleuse. Les auto-da-fè (2) étaient fréquents en Italie
à cette époque. Les bandes de fugitifs qui étaient parvenus
à grand’peine à traverser les Alpes faisaient de terribles
récits des cruautés de l’Inquisition ; et ces récits exa
gérés par la distance cl par la pitié qu’inspiraient les vi
ctimes, jetaient dans tous les cœurs un profond effroi. Mais
le Maître auquel Pascale s’était donné ne lui permettait pas
d’hésiter. Deux jours avant sa nomination, il s’était fiancé
^1) L’origine de ces églises remontait à l’an 1370. A cette époque un Corps
de vaudois, partis dtes Vallées mêmes, étaient allés fonder en Calabre, dans
les terres du marquis de Spinello, une colonie qui, au temps dont nous
parlons, comptait au-delà de 4000 membres.
(2) Actes de foi: c’était le nom par lequel on désignait les exécutions des
sentences du Saini-Office ou de l’Inquisition.
7
— 3 —
à une Jeune réfugiée, aussi piémontaise , Cainilla Guarina.
Quand il lui fit pari de sa détermination et qu'il lui de
manda la permission de la quitter , la pauvre jeune fille
ne put lui répondre que par ses larmes. Mais elle était
chrétienne et se résigna. Pascale partit.
Son arrivée en Calabre et la célébration publique du
culte fut le signal d’un grand émoi au sein dn peuple et
du clergé catholique. Eiïrayé par leurs clameurs , le Marquis
de Spinello, sur les terres duquel les Vaudois habitaient. se
fait menaçant à son tour. Les principaux sont mandés et
et reçoivent 1’ ordre de renoncer à leurs pratiques et de se
conformer à la religion du pays. Pascale qui les accompagne
essaie, par de sages représentations, de ramener le Marquis à
des avis de tolérance et de douceur ; mais à peine l’a-t-on
reconnu pour être le Ministre luthérien (c'est ainsi qu'on
le désignait) qui était venu infecter le p ay s, qu’il est
.aussitôt arrêté et conduit dans les prisons de Foscalda. Le
Marquis aurait voulu s’arrêter là : son fanatisme ne l’aveu
glait pas au point de lui cacher de quel gain il se frustrait
en se privant de colons tels que les siens, qui, depuis qu1is
s’étaient établis dans ses domaines, en avaient plus que décuplé
la rente. Mais ceux qui l’avaient induit à faire le premier pas
en exigèrent un second : après le pasteur le troupeau ; et
ce fut à dater de cette époque , fin de 1539 , que commença,
contre les fidèles de Calabre , l’affreuse persécution qui les
avait entièrement exterminés six mois après.
Pascale captif et assiégé d’inquiétudes oubliait ses propres
souffrances, pour ne songer qu’à celles de son troupeau et au
moyen de les adoucir. « Nous savons assez » leur écrivait-il du
château de Cosenza où il avait été transféré des prisons de Fo
scalda « combien les afflictions sont nécessaires pour avertir les
» fidèles de leur devoir. Car , aussitôt qu’ils sont traités un peu
» délicatement, cette chair rebelle s’énivre aux délices et aises de
» ce monde et met en oubli sa principale fin. Parquoi , très» chers frères , je vous prie de porter patiemment les afflictions
» que le Seigneur vous envoie , attreinpant et modérant l’âpreté
» de la croix par la douceur des promesses qui nous sont faites
■> en l’Evangile , quand il est dit : que ceux-là sont bienheureux
» qui mènent deuil et souffrent pour justice , d’autant qu’ils
» seront consolés. Et si la chair rebelle , poussée par Satan tâ» chait de vous persuader que Dieu ne vous aime point, et que
» pour cette cause il vous afflige ; répondez-lui hardiment : que
» puis qu’il vous châtie , c’est
un signe manifeste qu’il vous
•' aim e, et qu’il vous esit bon Père et bénin.
8
— k —
Ç'.
La privation du pain de vie était pour ces pauvres fidèles
une épreuve qu’ils sentaient plus douloureusement que toutes
les autres. Pascale veut les relever, et se sert pour cela
d’ une comparaison touchante :
« Recueillez, leur écrivait-il, de ce châtiment de Dieu, une
» conviction ferme et certaine, qui est : que quand le père et
» la mère ferment l’armoire où est le pain pour leurs enfants,
» ils ne le font pas pour les faire mourir de faim; mais au
» contraire, ils se changeraient plutôt en viande eux-mêmes, que
» de les voir en telle extrémité. Or si les hommes qui sont
)> mauvais sentent une telle bonté en e ux, que sera-ce de ce
n seul
Père de miséricorde, lequel n’a point épargné son fils
» unique et bien-aimé , l’envoyant du Ciel en terre pour nous
» le faire à jamais pain de vie
Parquoi, quand Dieu
» votre Père vous a privés de cette viande spirituelle, ce n’a
« pas été pour vous faire mourir de faim, mais pour vous en
» faire avoir bon appétit , afin ([n’elle se tourne en meilleure
)> nourriture. Et quant est d’ouvrir l’armoire, vous savez qu’il
)> ne faut seulement que l’enfant demande pour que sa voix pé» nôtre jusques dedans les entrailles du bon Père et pitoyable.
» Il ne reste donc autre chose sinon que comme enfants bien
» obéissapts et débonnaires, vous demandiez le pain à votre
» Père céleste, selon que vous a enseignés Jésus-Christ votre
» frère, ne doutant point de sa bonté et amour paternel «.■ —
Craignant que l ’affeclion qu’ils portent à leur pasteur ne
risque de devenir excessive, il cherche doucement à la mo
dérer , associant à ses conseils de nouvelles et plus touchantes
consolations.
« Quant à l’ennui que vous avez, et tous mes autres frères,
« ècrivait-il à ceux de St Sixte (1) à cause de mon emprison« nement, je vous en remercie, m’assurant que cela procède
» de la vraie et chrétienne amitié que vous me portez; et suis
» certain qu’il n’y a celui d’entre vous et de la Guardia, qui
» ne me voulût racheter de son propre sang, si la volonté
» de Dieu était telle. Mais en cela je ne voudrais point
« qu’on passât les bornes d’un chrétien, qui sont, d’avoir la
» volonté de Dieu pour règle unique de toutes ses affections, et
» puis de modérer la douleur qu’il sent pour la perte de son
» frère, avec le triomphe qui m’est apprêté par le moyen de
» ce prochain voyage tant heureux. Or quel plus grand
» honneur Dieu pourrait-il nous faire que de se servir de ce
» corps vil et souillé pour rendre témoignage à sa vérité éter)) nelle et infaillible ? Quelle meilleure nouvelle puis-je recevoir.
(1) St-Sixte cl la Guardia, aussi mentionné dans cette letti'e, étaient les deux
bourgs de la colonie où Pascale avait plus particulièrement exercé son
ministère.
9
que (le sortir de toutes misères et de ùi’en aller avec JésusC h rist, pour jouir de la félicité éternelle?........... Ne savez
vous pas bien que la mort des saints est précieuse en la pré
sence du Seigneur, et que bienheureux sont ceux-là qui meu
rent en lui ? Avez-vous envie sur ma félicité prochaine ? S’il
est a in si, faites que ce soit une sainte envie, laquelle vous
retienne continuellement en un désir ferme et constant de me
suivre par le chemin du C iel, ne vous arrêtant point en cette
obscure vallée de larmes ».
(la suite prochainement).
9 IJ E S T IO IV S liO C A I iE «
fje H g tr o c é g
S ’il est au monde deux idées qui nécessairement, for
cément se repoussent et s’ exclu ent, c ’est bien celle de
procès et celle de Christianisme. En effet, tandis que
l’esprit de celui-ci est tout amour, tout charité, tout équité,
tout bienveillance, l’esprit qui préside aux procès ne respire
((u’envie , qu’animosité, qu’ injustice et tromperies de toute
espèce ; d’où résulté cette conséquence aussi simple qu elle
est profondément vraie : que là où régnent les procès, n’habite
pas le vrai Christianisme , quels que soient d’ailleurs le nom
dont on se pare et la profession religieuse à laquelle on se
rattache. —
Frères Vaudois ! le nom que nous portons est un nom
que la piété de nos pères a rendu vénérable pour beaucoup
de monde. La profession religieuse à laquelle nous nous
rattachons est irréprochable , puisqu’elle est entièrement
fondée sur la parole de Dieu. Mais confessons-le , quoique
cela nous coûte , il y a malheureusement longtemps que
nous ne sommes plus , par notre vie , à la hauteur ni de
ce nom ni de ces croyances.
Beaucoup de choses le démontrent, mais aucune avec
plus d’évidence que ces nombreux procès qui ont cours au
sein de notre population.
Que cette peste (est-il un autre nom qui convienne mieux
aux procès?) soit peut-être, à tout prendre, moins répandue
au milieu de nous qu’elle ne l’est ailleurs ; qu’elle y soit
en grande partie le résultat des circonstances particulières au
sein dcsiiuelles nous nous sommes trouvés placés , c’est ce
10
—
6
—
qui est possible , mais ce que nous n’avons pas à examiner
aujourd’hui. Ce qui est incontestable, et ce qui suffît au but
que nous nous proposons , c’est qu’il y a parmi nous des
procès , beaucoup de procès, et qu’il ne devrait pas y en
avoir ; ce qui est incontestable et nous fait honte, c’est
qu’il n ’y a guère plus de deux siècles , au milieu de cir
constances extérieures aussi difficiles pour le moins que l'ont
été les nôtres. Jamais un procès entre deux chrétiens s’appelant
du nom de vaudois, n’avait été porté devant les tribunaux.
Il n’entre pas non plus dans le plan de cet article de
faire ici la longue énumération des inconvénients et des
maux de toute espèce que les procès nous ont occasionnés;
car , bien que ces maux ne soient probablement pas envi
sagés par le grand nombre dans toute leur étendue , ce que
chacun en sa it, ce que chacun en confesse est assez, pour
qu’il n’y ait aucun qui ne se sente le besoin et l’obligation
d’y chercher au plutôt un remède.
Or ce remède où le trouver ? —
Frères ! remontons à l ’origine du m a l, c’est là qu’il nous
sera indiqué.
La fréquence des procès au milieu de nous d'où vient-elle ?
— Avant tout, de ce que l ’Evangile n ’exerce plus sur no
tre vie cette influence , cette domination absolue à laquelle
il a droit, et qui seule peut préserver de la corruption les
sociétés comme les individus.
Quand verrons-nous les pi'ocès diminuer et disparaître ?
— Ce sera quand l’Evangile aura ressaisi sur nos cœurs cette
influence qu’il n’aurait jamais dù perdre.
Voilà le grand remède sans lequel tous les autres seraient
insuffisants !
Que ceux donc, qui sont parmi nous les porteurs de cet
Evangile de paix, y songent. Q u’ils redoublent de fldélité,
de zèle, de courage et de persévérance pour lui soumettre
les volontés et amener les cœurs captifs à son obéissance.
Q u ’ils élèvent, pour cela, toujours plus haut cette croix de
Christ, tout à la fois instrument de pardon et symbole plus
éloquent qu’aucun autre de charité et de fraternité : les
procès ne pourront pas subsister à son ombre ; et ain si,
tandis que les âmes seront sauvées, ce qui est l’essentiel,
la paix, l ’union, la justice répandront de nouveau sur nous
leurs bienfaits.
11
_ _
7
—
Toulcfois, si grande et si générale que l'influence de celle
prédication puisse devenir, disons-nous bien qu elle ne sera
jamais assez complète (non par la faute de l’Evangile mais
par celle de l’homme), pour rendre inutile l’emploi d’autres
moyens, en harmonie avec elle et tendant aux mêmes ré
sultats. Il subsistera malheureusement toujours dans l’homme
nouveau assez de l’homme ancien, pour donner origine à des
procès qu’il faudra s’appliquer à prévenir et à étouffer à
leur naissance.
D ’ailleurs , si d’un côté il est vrai que l’existence des
procès dans une société quelconque, soit le résultat de l ’af
faiblissement, au sein de cette société, de la vie chrétienne;
il ne l’est pas moins, d’un autre côté, que le réveil de celte
vie n’a pas de plus grand ennemi que les procès, lesquels,
en même temps qu’ils divisent les cœurs, les remplissent de
sentiments et de préoccupations qui sont tout l’opposé de
l’Evangile.
Il faut donc, que, tandis que la prédication s’appliquera
avec toujours plus de zèle à attaquer le mal dans son prin
cipe, d’autres institutions existent, destinées spécialement à
en empêcher les manifestations.
De semblables institutions se trouvaient chez nos pères :
Une contestation venait-elle à surgir entre deux membres
du troupeau, elle était tout d’abord portée par devant l ’Ancien
du quartier. Si celui-ci ne parvenait pas à y mettre fin, elle
était déférée au Consistoire qui nommait des arbitres, au ju
gement desquels les parties étaient moralement tenues de se
soumettre. Ce n’était que dans des cas extrêmes et fort rares
que la question était portée au Synode ; mais jamais elle
ne dépassait cette enceinte.
Ce qui se faisait jadis, ne pourrait-il pas se faire encore
de notre temps?
Nous ne le pensons pas, à moins de rétablir, dans toute sa
sévérité, notre ancienne discipline, ce que nous estimons, pour
le moment, absolument impossible.
Que faire donc?
Voici, sur cette matière, un projet qui n’est pas de nous,
que nous avons entendu exposer à un de nos amis, et que
nous reproduisons ici, le trouvant digne d’une sérieuse consi
dération. On sait , disait cet ami, combien le principe d’as
sociation, si puissant pour le mal, l’est aussi pour le bien,
12
8
—
et combien, s’il y a de la contagion dans les mauvais
exemples, il y en a aussi dans les bons. C’est en parlant de
ce fait généralement reconnu, que, dans les pays travaillés
par le vice de l’ivrognerie, on a fondé, pour le combattre,
des sociétés dites de tempérance, autour desquelles on a
cherché de groupper le plus d’hommes possible, surtout des
ivrognes , avec l’engagement formel de renoncer entièrement
à l’usage de certaines boissons, les plus enivrantes, et de
n’user des autres qu’avec une extrême sobriété. Ces sociétés
ont fait un grand bien. Or, quelque chose de pareil ne pour
rait-il pas s’établir parmi nous, pour l'abolition des procès ?
IJne société ne pourrait-elle pas s’y fonder, laquelle chercherait à
réunir dans son sein le plus de gens possible, avec l’enga
gement formel de ne jamais porter devant les tribunaux ,
mais de soumettre au jugement d’arbitres, toute contestation
qui viendrait à s’élever entr’eux ; e t , quand ils y seraient
contraints par des personnes étrangères à la société , de
n’entamer un procès qu’après que tous les moyens raisonna
bles de conciliation auraient été épuisés? Cette société aurait
des ramifications sur toute l’étendue des Vallées. Un comité
local, composé de ce qu’il y a de plus recommandable, serait
organisé dans chaque paroisse avec la double mission : 1. de
recruter des membres à l’association, 2, de nommer, pour
chaque cas de contestation, les arbitres, au jugement des
quels les parties en litige seraient moralement tenues de se
soumettre. Un comité central, résidant là où on le jugerait
le plus convenable, aurait la direction générale de l’œuvre ,
qu’il s’appliquerait à consolider et à étendre par tous les
moyens en son pouvoir, et particulièrement par la publication
des petits écrits, destinés à faire toucher au doigt les maux
infinis que les procès entraînent à leur suite et le bien, tout
aussi grand, qui résulterait de leur entière abolition.
Tel est, indiqué seulement dans ses principaux traits, le
projet que nous avons entendu exposer par notre ami , et
qui, nous le répétons, nous paraît digne de la sérieuse at
tention de tous nos frères Vaudois.
Qu’ils ne le repoussent point d’emblée, pa,- la simple
raison qu’il est nouveau, et que rien d’absolument pareil
n ’a encore été tenté parmi nous jusqu’à ce jour.
Qu’ils ne se contentent pas non plus d’y donner jusqu’à
un certain point leur approbation , pour ne plus s’en occu
13
♦>
jiCT ensuite. Il sérail temps désormais, qu'en fait d'entre
prises concernant le bien public , nous sussions faire plus
que de concevoir, nous sussions exécuter.
Qu’ils se disent qu’il s’agit ici d’un remède à opposer à
un grand mal, par conséquent d’une affaire où la conscience
de chacun est directement engagée, et q u ’ils écoutent celle
voix de leur conscience.
Le projet que nous avons esquissé pourra prêter à beau
coup de critiques : qu’on les fasse. Il pourra donner lieu
à bien des observations utiles : qu’on ne se refuse pas à les
présenter. 11 se pourrait même que la lecture de ce projet
fût pour quelqu’un l’occasion d’en concevoir un beaucoup
meilleur ; que celui qui l’ aura conçu en fasse part à ses
frères. L’Écho accueillera avec plaisir les communications qui
pourraient lui être adressées à ce sujet , trop heureux de
oontribiier pour quelque chose à la cessation d’un mal si
déplorable , et à la formation parmi nous de cet esprit public
qui n’existe encore qu’à un bien faible degré, et sans le
quel , il n’y a, pour les sociétés petites ou grandes, d’autre
avenir que l’impuissance.
lilB E R T K » E S E E E T E S
Lettre du Président des Ministres
aux Membres de la congrégation évangélique de Turin
Les membres de cette congrégation s’étant adressés au
Ministère, pour en obtenir un local, afin d’y célébrer leur
culte, ils reçurent du President du Conseil la lettre suivante,
que nous croyons utile de reproduire ici, ne fût-ce que comme
document.
Turin le
Juin t85i9.
« La demande que vous avez adressée au Gouvernement du
ro i, afin d’obtenir qu’il vous soit assigné un local pour l’exer
cice de votre cu lte, a été soumise aux délibérations du Conseil
des Ministres qui, après l’avoir examinée avec toute l’attention
qu’elle .mérite , a dû faire les réflexions suivantes :
14
— ÎO —
U Le Statuto et les autres lois analogues, ont changé, à
à la vérité, la condition politique et civile des sujets noncatholiques , mais n’ont exercé aucune influence sur la question
purement religieuse ; à plus forte raison _, ces lois nou
velles n’ont pas voulu faire intervenir 1’ Etat dans la dé
pense de leur culte. Le Gouvernement doit uniquement aux
différentes communions une protection qui garantisse à chaque
personne le plein exercice de ses droits civils et politiques,
indépendamment de la religion qu’elle professe : là se borne
à cet égard la mission du Gouvernement. — En outre, suivant
les lois en vigueur dans notre pays, les dépenses du culte
catholique, bien que la religion catholique soit la religion de
de l’Etat, ne sont point à sa charge. Pour faire face aux dé
penses de leur culte, les églises catholiques ont les revenus
des biens qui leur appartiennent j elles ont la subvention des
patrons, les oblations des fidèles et le concours des communes.
Ce n’est que dans les cas de nécessité absolue , que le trésor
public vient au secours du culte catholique ; et encore, il no
dispose pour cet objet que des fonds de l’Economat-royal-apostolique, qui sont destinés à cet usage, d’après les conventions
avec le Saint-Siège. Or, si l’Eglise catholique elle-même et non
l’Etat, pourvoit aux dépenses de son culte, on doit dire à plus
forte raison que les frais du culte de toutes les autres com
munions doivent être à leur charge.
« Ces considérations dont la gravité n’échappera pas aux pétition
naires , ont dû déterminer le Conseil des Ministres à ne pas
accueillir la demande d’un local particulier aux frais de l’État,
pour l’exercice de la religion Protestante. 11 est persuadé du
reste que la Légation de S. M. le roi de Prusse, lorsqu’elle
apprendra que la condition des Protestants n’a point été changée,
relativement aux dépenses du culte , ne manquera pas de leur
permettre de jouir encore, comme par le passé, de la faculté
de se réunir dans son palais , pour y remplir les devoirs de
leur religion.
« Le gouvernement d’un autre côté est prêt à leur accorder
l’autorisation qui leur serait nécessaire pour se réunir dans tout
autre local qu’ils voudraient destiner à cet usage, et regrette
ne pouvoir faire davantage en faveur de citoyens honorables
qui méritent toutes les sympathies.
« En vous adressant cette réponse au nom du Conseil , je
vous prie , Messieurs , d’agréer etc. etc.
Massimo
âzeglio .
De celte lellrc il résulte trois choses :
L’u n e , que les Chrétiens évangéliques de la Capitale ont
désormais la faculté d’ouvrir, ou bon leur sem ble, un local
pour leur culte, dans celte ville. Point important sur lequel nous
nous félicitons d’avoir cette déclaration explicite du Ministère.
15
^
U
—
L autre , que le Gouvernement ne peut pas prendre sur
lui de leur fournir ce lo ca l, ce dont nous ne saurions nous
affliger pour nos frères de Turin , dans la persuasion où
nous sommes, qu’il y a de notre part grande folie et grande
méconuaissance de nos intérêts à faire intervenir de près
ou de loin le Gouvernement dans nos affaires religieuses.
Nous l ’avons dit déjà, mais nous ne nous lasserons pas de
le répéter : n’allons pas au nom de la liberté nous rendre
esclaves, et pour quelques misérables subsides que nous pour
rions obtenir de l ’État compromettre le précieux trésor de
notre indépendance spirituelle.
La troisième enfin , que le Staluto et les autres lois ana
logues , si elles ont changé la condition civile et politique
des sujets non-catholiques , n’ont cependant « exercé aucune
influence sur la question purement religieuse ; » c ’est-à-dire,
qu’à cet égard, ce sont toujours les anciens édits qui font
règle ; c’est-â-dire encore, que ces sujets non-catholiques ont
la pleine jouissance de le\irs droits civils et politiques, moins
la faculté de les exercer dans ce qu’ils ont de plus essentiel
et de plus élevé ! Nous abandonnons ce point aux médita
tions de ceux qui avaient pu penser qu’il existait en Pié
mont quelque chose qui ressemblât à la liberté religieuse.
JHISSIONS E V A K C iE lilQ lJE S
E n tr a it des m a u x a u x q u e ls eette œ u vre v ie n t en aid e
Nous empruntons ce trait à l ’ouvrage si éminemment
intéressant du célèbre missionnaire Moffat , intitulé : Vingttrois ans de s^our dans le Sud de l’Afrique. C ’est une
coutume de la tribu sauvage des Namaquois que l ’auteur
décrit ici.
« La vie des classes les plus pauvres n’esl en quelque sorte
qu’une lutte continuelle contre la mort; et quand les vieillards
trop faibles pour subvenir eux-mêmes à leurs besoins, sont de
venus un fardeau pour ceux qu’ils ont élevés, ils sont aban
donnés dans le désert pour y périr , avec quelques vivres et
une cruche d’eau. J’ai vu un cercle de petits pieux fixés en
terre, dans l’intérieur duquel se trouvaient les os , blanchis au
soleil, d’une mère abandonnée de cette manière. Une autre fois.
16
— d2 —
}e remarquai un petit pot <le terre b risé , qui contenait une
dernière goutte d’eau. « Quest-ce que cela ? » demandai-je à
Afjicaner (1) en le lui montrant. — « C’est du paganisme, »
me répondit-il, et il me décrivit cette coutume parricide. Deux
jours après une triste expérience vint confirmer son récit. Un
matin que je m’étais levé de bonne heure avec un de nos
hommes, pour aller en avant chercher de l’eau dont nous avions
été privés tout le jour précédent, nous découvrîmes, à une cer
taine distance une légère fumée sortant du milieu de quelques
buissons qui semblaient border un ravin. Animés par cette vue
nous doublâmes le pas...... Quand nous fûmes à quelques cen
taines de mètres de l’endroit désigné, nous nous arrêtâmes
effrayés à la vue de traces récentes de lions , qui paraissaient
empreintes sur le sable depuis une heure au plus...... La soif
nous contraignit cependant d’aller en avant. En arrivant à l'en
droit d’où s’élevait la fumée nous aperçûmes un spectacle qui
déchirait le œur. C’était une vieille femme d’un aspect vénérable,
assise , la tête sur ses genoux ; sa maigreur extrême la faisait
ressembler à un squelette vivant. Notre vue, la mienne surtout,
parut la terrifier ; elle essaya de se lever , mais, tremblante de
faiblesse, elle retomba aussitôt par terre. Je m’adressai à elle
en l'appelant du plus doux de tous les nom s, de celui qui
charme jusqu’à l’oreille du sauvage.: « Ma m ère, ne crains
point, nous sommes des amis et nous ne te ferons point
de mal ». — Je lui fis diverses questions, mais elle semblait
muette ou trop effrayée pour ouvrir la bouche. « Mère, lui ré
pétai-je, dis-nous, je t’eu prie, qui tu es, et pourquoi lu te
trouves dans cet état? » — « Je suis une femme ; il y a quatre
jours que je suis ici ; mes enfanis m’ont abandonnée pour que
je meure » — « Tes enfants! ! » — « O ui, dit-elle, en por
tant la main à son sein desséché , mes propres enfants, trois
fils et deux filles. Ils sont partis là-bas du côté de cette mon
tagne bleue , et m’ont laissée ici pour que je meure. » — Et
pourquoi t’ont-ils abandonnée ? » Alors étendant les bras ; « je
suis vieille, comme tu vois , et je ne puis plus les servir ;
quand ils tuent du g ib ier, je suis trop faible pour leur aider
à le rapporter à la maison ; je ne puis pas chercher du bois
pour faire du fe u , et je ne puis plus porter leurs enfants sur
mon dos comme je faisais autrefois ». Ce dernier trait me brisa
le cœ ur, et bien que la soif tint ma langue collée à mon palais,
cette réponse fit couler de mes yeux un ruisseau de larmes.
Je lui témoignai ma surprise de ce qu’elle avait échappé aux
lions qui paraissaient abonder dans les environs. Elle prit entre
ses doigts la peau de son bras gauche, et la soulevant comme
l’on fait d’un morceau de linge qui rétombe sur lui-m êm e, elle
ajouta : « j ’entends bien les lions , mais il n’y a sur moi rien
(l^ Nom d’un chef sauvage jadis renommé et craint pour sa férocité, et; de
puis sa conversion, un modèle d’humilité, de douceur et de foi.
17
—
13
—
à nian<;er pour eux ; je n’ai point lie chair qu ils puissent flairer
— Dans ce luonient nous vîmes approcher le wagon (1), qui lui
causa une grande frayeur, car elle le prenait pour un animal.
Je l’assurai qu’il ne lui ferait point de mal et lui dis q u e ,
ne pouvant m’arrêter , je la prendrais avee moi dans le wagon.
.\ ces mots elle devint comme folle de terreur. Tout ce qu’on
put lui dire resta sans effet; elle répondit q ue, si nous la
déposions dans un autre village, on recommencerait bientôt à la
traiter de même. « C’est la coutume parmi nous; je suis presque
morte , je ne veux pas mourir une seconde fois ». — Le soleil
était dans ce moment d’une ardeur dévorante ; les bœufs s’agi
taient en furieux sous le joug, et nous-mêmes nous avions
presque le délire.. Voyant qu’il était impossible d'emmener cette
pauvre femme , sans courir le risque de la voir expirer entre
nos mains, dans des convulsions de frayeur, nous lui donnâmes
des combustibles pour alimenter son feu , nne bonne provision
de viande sèche, un peu de tabac, un couteau et quelques
autres objets; puis nous la quittâmes, en lui promettant de re
venir au bout de deux jours, le soir, espérant qu’alors elle
pourrait nous suivre................. Quand nous revimmes selon notre
promesse, à l’endroit où elle se tenait, nous la trouvâmes
p a r t i e ,. .. . mais nous aperçûmes les traces des pas de deux
hommes qui paraissaient l’avoir emportée. Plusieurs mois après,
j’appris que les fils de cette femme ayant vu de loin le wagon
s’arrêter à l’endroit où ils avaient eu la barbarie de l’aban
donner, étaient venus ensuite visiter cet endroit, supposant que
les voyageurs avaient trouvés les restes déjà mutilés de leur
mère. Quand ils la virent encore en vie, entourée de provi
sions , et qu’ils apprirent de sa bouche l’histoire de la bonté
(le l’étranger, ils furent saisis de crainte; redoutant la vengeance
du (jrand chef (car ils me prenaient pour tel), ils la prirent
chez eux , et pourvurent avec un soin particulier à tous ses
besoins.
PEN SEES
(( L’orgueil de ce qu’il y a de bien en nous est une folie ; c’est
une folie de s’en vanter, d’en parler, d’y penser devant l’ami
le plus intim e, devant soi-même, et qu’est-ce donc devant Dieu? »■
{Lavater).
« La diffusion d’une vérité vaut autant que dix batailles ».
(Nicolò Tommaseo).
« 11 est bien court le pour toujours de ce monde ».
(Klopstock).
(T; Char très-grand et très-massif, recouvert d’une toile et tiré par des bœufs,
servant à |a fois de demeure et de voiture au voyageur qni parcourt ces vastes
déserts, où l’on cherche en vain quelque chose qui ressemble à une rente.
(Red).
18
— lu —
X O V W M ^ E i Mj E S
Æ t X g ,i t t Æ J E f / ü e S .
— V allées V addoises. Lettre pastorate de l’Évêque de Pigiierol. C’esl
le Dimanche 10 juin, que le nouvel évêque de Pignerol, Mr Kenaldi, a
fait son entrée solennelle dans le chef-lieu de son Diocèse. Il s'élait
fait précéder d’une lettre pastorale que nous avons lue avec un vif
intérêt, et qui nous a paru justifier pleinement la réputation de libéra
lisme attachée à son nom et dont il avait donné une preuve non dou
teuse, déjà en signant un des premiers la pétition pour l’émancipation
des Vaudois et des Israélites, puis en maintenant sa signature quand
d’autres de ses confrères qui l’avaient donnée d’abord l’eurent retirée.
Dans sa pastorale Mr Renaldi assure les Vaudois t qu’ ils seront continuel
lement présents à sa pensée et à sa sollicitude ». — Nous le remercions,
pour notre p a rt, d’une telle assurance, et nous lui promettons d’en
faire autant, de notre cô té, pour ce qui le concerne, afin qu’ainsi
qu’il s’exprime lui même « la verge qui a été remise en ses mains, ne
• l’ait été ni pour diviser ni pour effrayer, mais pour faire jaillir les
« eaux de la source du Rédempteur ». Le respect pour la conscience,
la défense de la vérité dans la charité , sont au nombre des principes
dont le nouvel évêque de Pignerol annonce qu’il ne se départira jamais.
« Combattons ensemble l’erreur, dit-il aux Curés de son diocèse, mais
« respectons en même temps et aimons les personnes ; si la vérité de
< l’esprit nous sépare d’elles, que la charité du cœur nous unisse tou• jours d’avantage, el ne craignons pas, la charité de Christ saura opérer
» des prodiges ». Nous ne pouvons dire assez combien nous nous fé
licitons de telles dispositions et d’un tel langage, chez un homme ap
pelé, par sa position, à nous combattre : il y a si longtemps que nous
soupirons après des adversaires de cette espèce. Enfin nous ne cache
rons pas à Mr Renaldi, combien il a toutes nos sympathies alors que
s’adressant aux hommes amis de la lib e rté , il s” écrie; « O vous, es» prits généreux, qui proclamez partout la liberté et l ’é galité, ouvrez
» I Évangile, lisez ce code sacré, c’est là seulement que vous les trou» verez dans toute leur beauté! » Puissent de pareils accents, de pa
reilles exhortations sortir souvent de sa bouche, et nos frères catholi
ques répondre avec amour à une telle invitation de leur premier
pasteur. —
— T oscane. Circulaire du Gouvernement aux Arch. et Évêques:
Dans une circulaire du Ministre des affaires ecclésiastiques, en date du
6 ju in , aux Archevêques et Evêques de Toscane se lisent, entr’autres,
ces paroles: « Je suis persuadé que de votre côté vous continuerez à
» ne laisser passer aucune occasion d’ user de votre influence pour le
> soutien de la morale publique et du gouvernement constitutionnel ;
• et principalement à vous prévaloir de celle très-grande que les arche» vèques et les évêques ont pour le maintien de la fo i, des bonnes
» mœurs et de la religion. Vous pouvez être assuré qu’en cela le gou» vernement vous viendra en aide par tous les moyens légitimes , la
> raison ni le sentiment ne consentant point à ce que les hommes devien» nent indifférents en matière de religion, ou incrédules, qu’ ils ne respectent
> plus leurs pasteurs et qu’ils u’écouteut plus leur voix ». Ce qui dé
pouillé de toute hypocrisie de langage revient à ceci: « Archevêques
» et Evêques, aid ez-m o i, appuyez-m oi, et moi Gouvernement je vous
» aiderai à mon to u r; donnez-moi des électeurs qui me donnent des
B députés tels que je les d ésire, et je vous donnerai des fidèles tels
» que vous les voulez, y compris même les billets de confession ».
19
—
if )
—
Mais les moqueries de ces incrédules dont vous vous plaigne/, ô Gouver
nement de Toscane, faisaient infiniment moins de mal à la cause de la
vraie religion, que ce vil marché auquel vous voulez la soumettre !
— C anton de V acd ; Violation de la liberté des cultes. Du décret
marqué au coin de la plus déplorable intolérance vient d’étre voté
par le grand conseil de ce Canton qui a , écrite sur ses arm oiries,
cette belle devise: liberté et patrie . Ce décret dirigé contre les pasteurs
et les fidèles de VEglise libre porte en substance ce qui suit : • Tontes
les réunions religieuses en dehors de l’Eglise nationale, soit Eglise
salariée par l’État , sont jusqu'à nouvel ordre interdites. Le Ministre ou
autre personne qui aura présidé une telle réunion , ou qui y aura
officié ainsi que celle qui aura fourni le lo ca l, sera punie par une
amende qui ne peut être moindre de bO fr. ni dépasser 100 fr ., tous
les frais du procès demeurant à la charge des condamnés. En ras de
récidive le minimum et le maximum de l'amende seront doubles. In
dépendamment de ces peines, le Conseil d'Etat pourra, de sa seule
autorité. et sans jugement préalable des Tribunaux , renvoyer à sa
commune , s’il est du canton , et chasser, s’il est étranger, le Ministre
on tout autre pereonne surprise dirigeant de semblables réunions ». —
Qui nous eût d it , il n’y a que peu d’années , qu’un grand nombre de
nos frères du Canton de Vaud auraient un jour à nous envier la liberté
de servir Dieu selon la conscience ! Mais Celui qui donne et Celui qui
ravit , n’est-il pas le même , et n’avons-nous pas de sa part celte as
surance : que toutes choses concourent ensemble au plus grand bien de
ceux qui l'aiment ». Que cette parole ne cesse pas un instant d’être
présente à l’esprit et an cœur de nos frères, et leur donne en abon
dance, et le courage et les consolations dont ils ont besoin !
NOWIWEM»E,KS
P O Ié M V IQ tJ B S
INTÉRIEUR
— P iémont. Une pénible et cruelle incertitude travaille depuis bien
des jours les cœurs sincèrement affectionnés à la personne du magna
nime autant qu’infortuné C harles-A lbert . Est-il m ort, comme certaines
nouvelles, très-vagues, il est vrai, tendraient à le faire croire ^ vit-il
encore comme on aimerait à se le persuader? c'est ce que nous saurons
dans peu. Qu’en attendant, de toutes nos chaumières s’élèvent, au
Dieu de la vie et de la m ort, les plus ferventes supplications, pour
q u e , si les bruits qui courent d’une convalescence sont fondés, Il
daigne prolonger une existence si précieuse à la nation et à l’Italie
tout-entière. Vaudois ! n’oublions jam ais, que de tous les princes qui
se sont succédés sur le trône d’où il vient de descendre, C harles -A lbert
est celui auquel nous sommes redevables des bienfaits les plus signalés !
— Lundi 18 ju in , les Autrichiens ont quitté la forteresse d’Alexandrie.
On fait envisager cet évènement comme le premier pas vers une paix
qui ne larderait pas à se conclure sur des bases honorables. — Le
Ministre des finances a reçu du roi l’autorisation de contracter à l’étran
ger un emprunt de cinquante m illions, dans le terme de deux mois.
— Les élections sont fixées au Dimanche Ib courant, et l’ouverture des
•.hambres au 30 du même mois.
20
—
16
—
«
IlÉpuBLiQUË Kohaine. Rome tient-elle encore? « — Voilà la question
que depuis bientôt deux mois , l’on ne cesse de s’adresser. Et Rome
lient encore! Mitraillée, bombardée par ordre du « V icaire de Jésus-C hrist »
elle endure tout plutôt que de consentir à lui ouvrir ses portes, comme
prince, et la bravoure des anciens Romains semble avoir passé tout-en
tière dans les Romains de nos jours. Hommes, femmes, enfants concourent
à la défense et se battent avec un courage et une insouciance du dan
ger au-dessus de tout ce qu’on pouvait attendre. Les traits suivants pris
entre plusieurs, donneront une idée de cet héro’isme : A l'attaque du
13 , près de la porte St Pancrazio , la femme d’un lieutenant de la
ligne , Antonielta Fuligno, âgée de 21 ans au plus, était occupée à tendre
à son mari des sacs et autres matériaux destinés à réparer la brèche
que les Français s’appliquaient à ouvrir à coups de canons. Un boulet
la frappe au côté; elle joint les mains, regarde le Ciel, et meurt en
criant; l^ive l’Italie! Un enfant (il n’avait que 12 ans) retournait des
murs porté sur les épaules d’un de ses compagnons de service, à cause
d’une blessure qu’il avait reçue. La foule s’empresse autour de lui,
le plaint et l’admire ; mais comme s’il ne sentait aucun m al, avec le
geste et la mâle expression d’un vieux soldat, l’enfant-héros s’écrie :
yive la République, vive la victoire! — Un troisième qui n’avait déjà
plus qu’un œil, le perd dans une rencontre. A ceux qui s’affligent et
s’appitoyent sur son sort il répond avec calme; Et qu’est-ce donc que
la perte des yeux pourvu que la patrie soit sauvée? Je trouverai bien
toujours un enfant qui me conduise par les rues, pour assister moi
aussi aux fêtes de la liberté! - Malgré ces prodiges d’iiéro’israe, les
Français gagnent chaque jour un peu de terrain, et nul doute qu’ils ne réussis
sent sous peu à pénétrer dans la ville. Mais avant qu’ils en soient là que
de jeunes gens au corps vigoureux auront mordu la poussière ! que d’âmes
auront été précipitées dans l’Éternité ! . . . . et par qui, et pourquoi ?
— par celui qui avait pour première mission de les sauver, et pour
une couronne que Jésus-Christ, si on la lui avait offerte, aurait certai
nement repoussée!
—
Le Gérant: J, P, HEILLE.
Ij Echo des l'allées parait le premier Jeudi de chaque mois, par livraisons de i 6
pages gr. 8“.
Prix de l’abonnement franco-fronlière, a fr. 5o c.
Pour les abonnements et les réclamations , s’adresser au bureau du Journal,
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à T drih, chez Mr M alan neveu et C ic.
à G enève, chez M.mes B erodd et G debs, Libraires,
a L ausanne, chez Mr Bsidel , Libraire,
à L'OR, chez Mr G arnier-G autier Négociant,
à P aris , à la librairie protestante, rue tbohciiei N“ a.
à Mîmes, chez M. Bianquis-G ignoux, Libraire,
à M arseille, chez Mr. D ubos, Libraire, Rue de Rome,
à L ondres, chez MM. P artridge et O aeet, Pater noster-Roow.
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à E dimbourg , chez Mr J ohn J ohnstore Princes street
a G lasgow , chez Mr David Brice , Buchaoam street.
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Pigncrol i 8 'i9 , imp. de Joseph Chiantore.