1
Septième année.
IV. IO.
10 Mai ISTS.
L’ECHO DES VALLÉES
FKÜILLO: HEBD0MAD.4IRE
Spécialement consacrée aux intérêts matériels et spirituels
(le la Famille Vaudoise.
Que toutes les choses ^|ui sont véritables,
vos pensées — ( Philippiens., IV. 8.)
occupent
PRIX S'ABONMEnENT !
Italie, à domicile CtmimlFr. 3
Suisse................• S
Fran«‘e..............»6
Allemagne
Angleterre. Pays-Bas . » S
Vn numér-n separé : 5 cent.
Un numéro arriéré : 10 cent.
BUREADX D’aBONNEMENT
ToRRK-l'Kf.f icR ; Via Maestra,
N. 42, (Agenzia bibliofirnficn)
PiGNKRor, ; J. Clìian ¡ore Iinpr.
Tijkin :J.J. r>'on, via I.agrange
près le N. 22.
Pi.ORENrK. ; Libreria Evangelica. via de’Panzaiii.
ANNONt-ES : 5 rent, la ligne
ou portion He ligue.
Lettres et envois franco. S’aHre.s.ser pour |■aH^lilJist^al;on
au liureau û Torr.e-I'eliice,
via Maestra N. 42 — polirla
róHaotion ; ft Mr. E. Malan
Prof • h 'l'orre-Pelice.
Sommaire.
Conférences de Florence. — Le.s Missions
dans les Indes. — Correspondance (L’éruption du Vésuve). — Chronique politique.
— Souscription en faveur des inceudiég
d’Angrogne. — Annonces.
LËS CONFÉREm DE FL0RËI\CE
fConÜnualion et fin J.
Avant de clore les séances, le
président communique à l’Assemblée une lettre du président de
l’Eglise presbytérienne unie d’Ecosse qui recomande à l'affection
chrétienne des membres de la conférence le Rév. D' Scott. Ce frère
adresse à l’Assemblée des paroles
d’encouragement et de sympathie,
comme aussi le Rév. Cory ministre
de l’Eglise épiscopale d’Angleterre,
missionnaire en Irlande depuis 18
ans. — Après une fervente prière
et le chant dn dernier verset du
Tedeum, M. Prochet déclare closes
les conférences des évangélistes et
des députés des Eglises évangéliques vaudoises d'Italie pour l’année
1872.
Dans l'après-midi du vendredi,
les membres de l’Assemblée se
réunirent de nouveau pour entendre un sermonü'ès édifiant de
M. Weitzecher sur 1 Cor. 26-29
et pour célébrer ensemble la Cène
du Seigneur, sous la présidence de
M. Turin évangéliste de Milan.
Outre, les membres de la conférence,
tous les députés étrangers et un
certain nombre de frères de l’Eglise vaudoise de Florence y prenant part.
Voici les principales propositions
qui furent adoptées ;
I. L’.Assemblée, ouï le rapport de M’ E.
Combe, — Cousidérant que Dieu a conservé l’Eglise vaudoise pour faire l’œuvre
d’Eyangélisation ;
Que dans son Synode constitutif de 1855,
l’Eglise vaudoise a proclamé solennellement de se limiter à la prédication de
l’Evangile et do ne vouloir imposer à qui
que ce soit ses formes écclésiastiques;
Reconnaissant que ces deux principes
ont continuellement inspiré l’œuvre et la
conduite de cette Eglise;
Saisit l’occasion de ces premières conférences pour exprimer è l’Eglise vaudoise
sa vive gratitude et invoque sur elle la
bénédiction du Seigneur.
2
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II. L’Assemblée voit dans les écoles du
dimanche un puissant moyen d’Evangélisation et croit qu’il est du devoir de toutes
les Eglises et de tous les évangélistes de
travailler sans relâche au développement
des écoles qui existent déjà et à l’établissement do nouvelles.
III. La méthode des petites classes doit
être préférée, dans la plupart des cas,
aux autres méthodes, soit dans l’intérêt
des enfants, soit dans celui de la vie spirituelle des membres de l'Eglise qui s’y
consacrent.
IV. L’Assemblée exhorte les membres
de l’Eglise à concourir avec le pasteur
dans l’œuvre des Ecoles du Dimanche,
comme dans toutes les autres œuvres
chrétiennes.
V. Elle exprime le vœu (|u'un manuel
pour les Ecoles du Dimanche soit publié,
au plus tôt.
VI. L’Assemblée recommande à tous
les pasteurs et à tous les évangélistes de
veiller à ce que les Catéchumènes qui demandent à être admis dans l’Eglise soient
des personnes do moralité éprouvée, d’instruction suffisante et soignée et do convictions sincères et profondes.
VII. L’Assemblée recommande aux évangélistes , aux anciens et aux diacres et aux
autres membres de l’Eglise de s’employer
à tenir des petites réunions d’instruction
et d’édification dans les maisons particulières.
VIII. L’Assemblée charge son président
do remercier au uom de toutes les Eglises
représentées dans la conférence les comités
étraugers qui viennent au secours de notre
œuvre on Italie par leurs sympathies, leurs
prières , leurs secours pécuniairos.
IX. L’Assembléo convaincue de la nécessité d’un ministère spécial do la parole.
Persuadée des avantages et de la grande
utilité que les Eglises ont déjà retirée de
l’Ecole de théologie de Florence, recommande cette Ecole au.x prières des frères,
etfaitdes vœuv pour qu’elle devienne toujours plus entre les mains du Seigneur
un instrument efficace d’Evangélisatioo.
X. L’Assembléo, oui la relation do M'
A. Malan, considérant que l’intrusion de
la politique dans la prédication est plus
nuisible qu’utile è l’avancepient du règne
de Christ, exprime le désir que, comme
par le passé, de même pour l’avenir, les
ministres de l’Eglise ne s’occupent pas de
politique et continuent à s’en tenir à l’Evangile et prêchent uniquement JésusChrist.
XI. Oui la relation sur la prière, l’Assemblée recommande des supplications individuelles et publiques toujours plus ferventes en faveur de toutes les églises et
de leurs pasteurs.
Xtl. L’.Vssemblée exprime sa profonde
gratitude au Seigneur pour l’œuvre merveilleusement grande qu’il a accomplie eu
ouvrant Rome à l'Evangile et en bénissant abondamment la prédication.
XIII. L’Assemblée remercie le président
et tous les membres de la Commission
de son heureuse pensée de réunir les
évangélistes et les représentants des stations dans des conférences très profitables
à l’Evangélisation de notre patrie.
Nous nous associons de cœur
à toutes ces résolutions. — Nous
louons, nous aussi, la commission
d’évangélisation d’avoir provoqué
et convoqué ces conférences des
éoangélistes et des délégués des
stations de VEglise vaudoise, et d’avoir ainsi donné à nos frères l’occasion et l’opportunité de s’entendre
sur ce qu’on a appelé la stratégie
de l'évangélisation. Nous formons
le vœu qu’à l’avenir l’Eglise vaudoise des vallées soit invitée d’une
manière fraternelle et plus réelle,
que la chose n’a eu lieu, à prendre part à des discussions du plus
haut intérêt pour nos pasteurs et
pour nos laïques.
LES ¡HISSIOPIS
aux Indes Orientales
Dans ce vaste empire, où l’Angleterre règne sur 180 millions
de sujets , on compte environ
250,000 chrétiens, disséminés dans
3
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loutes les provinces en groupes
plus ou moins considérables. Les
missions de Sérampore et de Calcutta ont presque un siècle d’existence ; celles du Tinivelly, de
Madras, plus d’un demi-siècle. —
D’autres viennent seulement d’être
fondées et auront à passer par bien
des phases avant d’atteindre les
proportions de leurs aînées. Ce
qu’on peut dire, après un examen
attentif de ce qui s’est passé en
1871 dans toutes ces stations missionnaires, c’est qu’elles ont rivalisé de zèle et d’activité.
Quatre points paraissent être
acquis à la sciencedu missionnarat:
1° La convenance d’employer ,
dès que faire se peut, des indigènes , et de fonder des églises
ayant une vie propre.
2° L’opportunité d’un réseau de
missions médicales, avec le concours obligé d’hôpitaux et de dispensaires
3“ L’obligation pour les sociétés ou églises de laisser une
grande latitude aux missionnaires
rassemblés en conférences ou en
presbytères, pour tout ce qui concerne ce qu’on pourrait appeler la
stratégie de l’évangélisation.
4“ L’importance des écoles.
Un journal de Calcutta s’écriait
récemment, après avoir donné le
tableau des oeuvres chrétiennes de
l’Inde; « Les perspectives du christianisme dans ce grand pays sont
plus brillantes qu’elles ne l’ont
jamais été ». Partout, en effet, les
questions religieuses y sont à l’ordre du jour, et l’Evangile conquiert peu-à-peu les sympathies
des masses. Cela tient en partie
apx effets bienfaisants de la civilisation chrétienne: les hôpitaux,
les asiles, les orphelinats , qui se
multiplient, les collectes en faveur
des populations décimées par la
famine, en rendant un témoignage
éclatant à la charité des enfants
de Dieu, font tomber les préventions. Pendant que sévissait l’effroyable famine qui a fait en quinze
mois dans la Radjpoutana un million deux-cent-mille victimes, les
missionnaires de l’Eglise presbytérienne unie d'Ecosse ont nourri
et sauvé de la mort des milliers
de familles, plus de deux cent-mille
francs leur avaient été envoyés par
l’Eglise dans ce but. Us ont ouvert
leurs maisons à cinq cents orphelins, il ont creusé deux lacs pour
recueillir 1’ eau des pluies périodiques et changer un désert en
jardin potager. A la nouvelle de
ces actes extraordinaires de bienfaisance, l’Inde entière s’est émue:
les païens eux-mêmes célèbrent
dans leurs journaux les hauts
faits de la charité chrétienne et
rendent hommage au dévouement
des missionnaires. Ceux-ci s’empressent de mettre à profit ces
bonnes dispositions: une œuvre
longtemps jugée impraticable , la
■fondation d’écoles pour les filles,
a reçu cette année une grande extension ; les zénanas s’ouvrent pour
accueillir les visiteuses chrétiennes,
non plus seulement dans quelques
localités reculées, loin des centres
de la civilisation, mais dans ces
contrées mêmes, dans des villes
qui sont des foyers de fanatisme
brahmanique, comme Dehli et Bénarès. On donne, dans la partie
septentrionale de l’Hindoustan, le
nom de Zénana à la partie de la
demeure des riches où sont reléguées les femmes, et où. selon.
4
-148
l’usage introduit dans le pays par
les musulmans , elles sont condamnées à vivre clans une retraite
absolue.
Il va sans dire que ce gynécée
est absoluement inabordable aux
étrangers, fussent-ils missionnaires
ou pasteurs. Quant à atteindre ces
femmes dans les ruespour leur parler de l'Evangile, c’est une chose
absoluement impossible. 11 ne re.ste
donc d’autre moyen de faire parvenir l'Evangile jusqu’à elles, que
celui de leur envover les femmes
qui, à litre d’amies ou d’institutrices, cherchent à s’inlroduire
auprès d’elles, et profilent des
leçons qu’elles leur donneur, pour
leur faire connaître les précieux
enseignements de l’Evangile. Or la
visite d’une dame européenne est
toujours la bienvenue dans une
maison hindoue. Les femmes et les
filles des missionnaires ont été les
premières à comprendre leur devoir et leur privilège à cet égard,
mais bien d’autres jeunes personnes
se sont vouées après elles à ce
noble travail , et l’évangélisation
des Zénanas est devenue aujourd’hui une branche importante de
l’œuvre missionnaire. Un comité
de dames, formé à Berlin, en vue
de favoriser de tout son pouvoir
l’éducation de la femme aux Indes,
a pu y envoyer déjà six femmes
missionnaires et a recueilli de précieux fruits de son travail. Des
écoles dites de Zénanas ont été
fondées, sur lès succès dos quelles
les correspondances des mission naires contiennent un grand uom'bre de faits réjouissants.
Il y a actuellement dans l’Inde^
environ trois cents missionnaires
anglais, écossais et allemands, ap
partenant à différentes sociétés; il
y a en outre deux cents pasteurs
ou évangélistes indigènes.“ Mais
qu est-ce que cela pour tant de gens,
pour 180,000,000 d’habitants?
Les évangélistes indigènes sont,
pour la plupart, des hommes qui
ont pris leurs grades à l'Université
et fait de bonnes études théologiques. Plusieurs prêchent avec une
égale facilité en anglais et en indos tan.
En mars 1871, toutes les églises
de diverses dénominations, dans
le but de fondre les dissidences ,
ont établi entre elles une « Union
évangélique ». La conférence qui
a abouti à cette union a duré
huit jours, après lesquels centcinquante prédicateurs se sont répandus, trois par trois, dans la
ville de Bombay qui a plus d’un
million d’habitants venus de toutes
les parties de l’Empire, et y ont
annoncé l’Evangile sur des places
publiques désignées d’avance à une
foule bigarrée. Ce fut là un spectacle extraordinaire. Ün a lieu d’espérer que ces prédications produiront de bons fruits.
Corrcsponbiancc.
L’Eruption du Ycsuve
Nous publions pour nos lecteurs des
Vallées, lesquels ne lisent pas beaucoup
de journaux, quelques extraits de lettres
que nous avons reçues de Naples sur
l’effrayaut phénomène de l’érupliou du
Vésuve.
Naples, le 27 .ivril 1872.
Nous sommes ici sous rimpre.s.«lion d’un
grand malheur. On ignóre le chifl^e exact
des victimes du volcan; on parle de centaines de morts que le Vésuve aurait eu-
5
-149
glontis. On a rapporté à Naples 65 personnes entj’o mortes et blessées, mais
combien sont restées dans la lave'^
Mais au fait, il était'plus naturel de
commencer par vous dire que le Vésuve
nous offre le sublime et effrayant speclaele d’une éruption qui surpasse tout ce
dont on se souvient. On entend de Na()los
même un bruit sourd , continu , comme
celui d’un train de chemin de fer en
marche; la nuit, la montagne paraît
toute en feu; le jour, au ilessus des [)Ctilos villes vésuvienues , plane un nnage,
absolument semblable à celui qui est
décrit par Pline, blanc, brillant avec des
taches noires au milieu et du feu à la
naissance. ïorre <lel Oreco , Porlici, Itesina, Torre Annunziala sont menacés de
destruction , Saint Sébastien et Saint Jean
sont à peu près perdus, l.a lave est à
qiiel(|ues pas. — ,1'ai voulu voir la chose
de près et j’ai couru au Vésuve avec deux
amis. Sur la roule, on ne lenconlrail que
des pauvres gens fuyant devant le feu et
emportant sur des chars îles matelas,
des draps et les meubles les plus indispensables. Arrivés à Résina nous allâmes
voir trois morts que l’on exposait à la.
morgue. Ils étaient momifiés comme s’ils
avaient passé 2(K)0 ans dans la pyramide
de Chéops. Leur peau était dure comme
du bois. C’étaient trois étrangers dont on
ignorait les noms et que l’on exposait
pour les faire reconnaître, f.’un d’eux
avait une expression de terrible désespoir.
Un autre tenait un bras levé, comme
pour se défendre. Le troisième était uu
jeune garçon de 14 à 15 ans. Cette vue
était bien faite pour nous décourager,
mais nous nous étions promis d’aller
jusqu’à la lave et nous y sommes allés.
Que l’on se représente une muraille de
feu portant sur son dos des scories intérieurement vides, qui roulent, les unes
sur les autres avec un bruit do ferraille.
Ce qui m'étonne c’est que cela avance si
lentement, environ 60 pas par heure, un
pas par minute. A dix mètres de distance
la chaleur est intolérable. Il n’est pas
nécessaire pour être brûlé d’être atteint
par la lave. Que l’on se tienne cinq minutes à quatre ou cinq pas d’elle et je
crois que cela suflU.
Pour jouir du panorama nous montâmes sur une petite éminence; de là
nous découvrions une immense mer de
fou, d’où partaient, comme tes bras d’un
poulpe gigantesque , les torrents de lave
(|ui menaçaient Résina et Torre del Greco.
Puis ce cratère central mugissant avec
un bruit sourd, infernal, interrompu , de
dix en dix minutes, par des éclats stridents, comme lorsijue la foudre tombe ou
i|uo vingt batteries d’artillerie tirent à la
fois. En faco do nous ce feu d’artifice
grandiose, ces jets de pierres qui retombaient en pluie de feu , ce panache do
fiammes t|ui éclairait la moitié du ciel;
jamais le municipede Portici n’avait aussi
bien éclairé sa ville; derrière, la mer calme
illuminée jusqu’à un mille de la còte, des
voiles se balançant au souffle du vent,
au dessus le ciel serein. Quel contraste
et <|nel spectacle ! l.e mur île feu avance
lentement, il est vrai, mais avec une
implacable régularité. Il ne fait iiue 60
pas par heure, mais rien ne l'arrête» La
vue do celte force brutale et irrésistible
donne un sentiment de folle colère; je
compris cotto vieille femme qui, s’arrachant les cheveux, lançait des imprécation à la lave et l’apostrophait, comme
si elle eût dû la com[)rendre; elle avait
un pauvre petit coin de terre où elle cultivait des légumes, et, à côté, un champ
de blé, dont elle voyait brûler, pas à pas,
un épi après l’autre. — Les arbres les
plus beaux, de superbes pins d’Italie
flambaient comme des allumettes. On ne
cherchait pas à les couper. Les maîtres
regardaient, d’un œil morne, les bras
croisés, cette œuvre de destruction. Au
bout d’une heure nous en avions assez;
nous savions que la place n’était pas
sûre, car partout même au pied de la
montagne, il pouvait sortir de nouveau.x
cratères. De fait les pauvres gens qui
sont morts n’avait pas été plus imprudents que nous ; mais l’un sera pris et
l’autre laissé. Les guides les avaient conduits à un point où jamais il n’y avait
eu de danger. Pendant qu’ils regardaient
la lave qui descendait du graud cratère,
tout-à-coup, il se produit à côté d’eux
comme un effondrement, et un cratère
nouveau leu* lance des torrents de feu ;
6
-150
beaucoup se sauvèrent, plusieurs n’en
eurent pas le temps; et do cpuî qui purent fuir bien peu relonrnèrent à Naples,
car ils furent enveloppés et renfermés
entre la lave du nouveau cratère et celle
de l’ancien. D’ailleur, courant sur les
scories refroidies ils ne pouvaient avancer
(|ue lentement, et plusieurs se virent atteints non par la lave elle-même, mais
|iar les ilammes ou les éclats que la lave
leur lançait. Ce sont là ceuv qu’on a pu
retrouver et ramener morts ou seulement blessés aux hôpitaux do Naples. —
Ces blessés succombent presque tous à
leurs atroces douleurs. J’en ai vu porter
à l'bôpital des PHkijriiii, enveloppés dans
de grands draps et poussant des cris déchirants.
Naple.^', avril.
Je ne sais plus (|uel graml homme a
dit: Le mallieur est la pierre de touche
des peuples comme des individus. L'occasion devrait donc être excellente ()Our
étudier ce peuple de Naples qui a, jusqu’i(u, si peu mordu à l’hameçon de l’Evangile; elle est uniipie |>our rechercherles
causes de son indill'érence religieuse et
de la persistance des plus idiotes supeistitions.
Au torrent de feu avait succédé le matin
du 27 une pluie de cendres noires; et
en se réveillant on fut tout surf)ris d'en
trouver les rues, les terrasses et les toits
couverts; mais ce cpii fut surprise chez
les uns , fut terreur et stupeur chez les
autres; un sentiment de crainte folle s’empara d'une partie de la population qui se
crut condamnée au sort de l’ompéi, ipioique de tous côtés arrivassent des avis
rassurants et que des bulletins , donnant
le véritable état des choses, fussent affichés partout. A un moment donné, voilà
des processions de béguines, portant,
solennellement par les rues, les unes, la
Vierge, d’autres Saint Janvier, d’autres
Sainte Anne. Les prêtres soufflaient sur
le feu. Il ,y a, dit-on, tel prédicateur qui
déclare du haut de la chaire que Dieu
avait ordonné au Vésuve de brûler Naples
à cause de l’impiété actuelle, ¡et ¡surtout
à cause des infamies d’un gouvernement
(jiii avait été ( horreur! ) jusqu’à obliger
même les jeunes séminaristes à la conscription. Je pense qu’on a proprement
coiîré ce bon prêtre. Car l’autorité, il faut
le dire, s’est montrée partout intelligente
et énergique, autant pour maintenir l’ordre et rassurer les populations que pour
réparer les dommages causés et soulager
les misères. — Les processions dont j’ai
parlé, n’ont pas été bien loin, grâces à
Îa beneinerita et à la G. N. Ou a immédiatement mis au secret Sainte Anne, et
Saint Janvier a été prié de ne pas se promener par le temps qu’il faisait; on n’a
jamais vu pareille razzia d’images. Tout
ce (pii ressemblait de près ou de loin
aux deux saints sus-mentionnés; tout ce
qui logeait dans des niches et se faisait
adorer au coin des rues; tout cela a été
mis au magasin. Espérons qu’on ne l’en
sortira plus. Au reste tdans ¡toutes ces
bacchanales de la terreur et do la superstition peu ou point d’hommes; mais que
do femmes et quelles femmes!
D’autres gens de môme acabit, fidèles
de l’autel eux aussi, je suppose, car l’un
n’emp(éche pas l’aulré quelquefois, crurent l’occasion lionne de se livrer à de
petites spéculations innoceutes, comme
de piller les villes désertes. Ils se sont
probablement dit, pour l’acquit de leur
conscience, — un peu de conscience tout
le monde on a , — que la lave devant
venir s’emparer de tout cela, ils ne faisaient tort qu’au Vésuve. Ce n’est point
ainsi que l'a entendu la gendarmerie.
Celte arme là pnmd tout de travers et ne
comprend rien à rien. Le fait est (pi’olle
a trouvé, elle aussi, l’occasion bonne de
faire un superbe coup de filet, et l’on a
pincé dans cette affaire un bon tiers des
voleurs de Naples. .A quelque chose malheur est bon.
Voilà pour les ombres du tableau; heureusement, il s’est iiassé aussi des choses
■(dus consolantes, ’fous les réfugiés ont
été logés, nourris, soignés avec la plus
grande sollicitude. Ou a immédiatement
organisé des comités de secours; ou a
fait des collectes, où telles souscriptions
s’élevaient à 20J, .300, môme 500 francs.
La population éclairée en général s’est
bien monlrée; mm l’a creí crcdula da
tanto. — Le roi s’est porté en personne
sur le lieu du désastre, ainsi (pie Lanza,
De Vincenzi, plus tard Sella etc..... Le
Préfet d’Atnitto , le Syndic baron Nolli y
sont allés dès le commencement. — La
Garde Nationale et la ligne ont fait leur
devoir avec beaucoup d’entrain et sont
parvenues, assuro-t-on, à sauver plusieurs personnes complètement entourées
par lo feu. Enfin je suis à peu près convaincu qu’eu Italie, uous avons autant de
nerf, d’énergie et d’humanité que partout
ailleurs. Que ne deviendrions nous pas
par la connaissance et l’acceptatioii de
l’Evangile, seul capable de dissiper les té-^
nèbres de la superstition ! — Et puis feo*
(|ui rassure aussi pour l’avenir, c’est de
voir comme le sentiment de ruinié italienne .s’est enraciné dans les cœurs : des
comités se sont constitués à Rome , à
Florence, à Turin, à Gènes et à Milan
pour recueillir des secours; les journaux
libéraux d’ici se réjouissent de ces .symptômes d’union, et augurent bien pour l'I-
7
^151..
talie de voir que les mêmes sentiments
font battre les cœurs du Mont Viso jusqu’à l’Etna , comme une même langue
leur sert d’inlerprète. C’est un beau speclacle que de voir toute une nation qui
contribue à réparer les malheurs ijui ont
frappé queUiues-uus île ses enfants...
Voilà trois jours que nous sommes sous
la cendre. Cette pluie d’une nouvelle espèce ne cesse un moment que pour recommencer presque aussitôt. Naples si
gai, si vivant est sombre, triste, et comme mort. Celte uniformité de couleur est
écœurante. Les toits sont gris, les rues
sont grises, les arbres sont gris, les hommes sont gris. Celte chose grise vous
entre dans les yeux , dans la bouche ,
vous entre partout!... Ce malin, le temps
semble vouloir se remettre au beau. Que
ce ne soit pas une vaine espérance! ou
du moins qu’il pleuve, qu’il neige, mais
(pi’il ne cendre plus! Ce vœu part du
plus profond de mon cœur; mais, hélas!
le Vésuve tonne encore, tonne toujours;
la fumée lui fait toujours son superbe
[)anache, <|ue je n’admire plus; et j’en
suis réduit à me demander, comme bien
d’autres, avec mélancolie : Jus([ues à
i|uand ? M.
1‘. S. Voici nue dépêche rassurante du
|)rofesseur Palmieri qui n’a pas (|uittô
l’Observatoire : « Je crois (lue l’éruption est
à sa lin , quoi(|ue un retour ne soit pas
impossible. Pour le moment il n’y a que
de la fumée et très peu do ceudres». Puis
une autre : L’éruption a entièrement cessé,
plus de pluie de cendres, ni de sable, ni
de lapilli. Les villes et les villages vésuviens ont repris leur activité et rentrent
dans leur vie normale.
dironique politique.
Italie. Le Parlement a discuté pendant i)lusieurs jours le projet de loi présenté par Correnti pour la suppression de
l’enseignement de la théologie dans les
Universités du royaume. Cet enseignement
ijui coûtait plus de cent mille mille francs
était donné à cinq ou six étudiants qui
osaient braver la colère do leurs supérieurs ecclésiastiques en suivant les cours
aux universités plutôt qu’aux .séminaires;
les adversaires sérieux du projet ont été
les dépotés Boncompagni et Berli, qui
prétendent que l’État doit faire enseiguor
toutes les sciences dans les universités',
et qui, tout en étant partisans de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, commettent l’inconséqiieiK'e de prétendre lui faire
enseigner la théologie catholique. Quelques députés, entr’autres l’hon. Bonghi,
tout en voulant la suppression , ou au
moins l’ayant voulue, engagent la Cliambro à renvoyer la décision de cette question avec celle de la réforme îles éludés
uuiversilaires. — Correnti a remporté sur
les deux groupes d’adversaires une victoire splendide , et par assis et kcé la suppression do l’enseignement théologique
a été approuvée par toute la Chambre ,
excepté par 20 à 2.5 membres de la droite.
— L’éruption du Vesuve a tiré à sa fin
dès le Ir mai ; ce furout cinq ou six jours
d’alarme, d’épouvante, de danger et pour
beaucoup de désastres et de causes de
deuil. Le roi, les miuisires, le préfet et
le .syndic de Naples, toutes les autorités
et l’armée ont fait preuve de courage, de
cœur, de dévouement et d’abnégation. La
sympathie de l’Italie toute entière a fourni
une nouvelle preuve que l’Italie est une
non seulement de par la loi, mais par les
sentiments et ralfecliou.
UoME. Le pape n’a jamais autant (larlé
que ces temps; dernièrement il a fait
assez clairement allusion à la mort de
Plulino, député calabrais; les injures lancées contre lui ont pour but évident do
le représenter à ses compatriotes comme
ayant reçu le prix de son irréligion. Us
seront avertis par le pape lui-même que
leur compatriote est entre les mains de
Beizébul.
l'Jlfspaiainc. L’insurrection est vaincue. Le général eu chef îles Carlistes do
la Catalogne, Hada , se trouvait à quelques lieues de la frontière française ; il
était poursuivi par les gendarmes. Don
Carlos est retourné à (’.eiiève. Au Vatican
ou regrette les secours eu argent envoyés
inutilement pour secourir la révolution.
Dans la Navarre, tout est changé depuis
l’arrivée de Serrano. Les bandes carlistes
se dissolvent d’elles-mémes. line petite
armée de 1200 s’est trouvée réduite à 20.
Ainsi la croisade entreprise pardon Carlos
duc de Madrid, est près de sa fin ridicule
qui lui avait été prédite. Mais cotte entreprise insensée a coûté la vio à des
centaines et peut-être à des milliers de
dupes. Mais (]u’imporlent do semblables
bagatelles aux représentants des grandes
idées?
ï'''r'ance. L’Assemblée nationale a
repris scs travaux et a adopté la loi contre l’ivrognerie. Les députés, même ceux
do la droite, semblent être plus disposés
pour les mesures concilialrices et pour
le maintien du gouvernement républicain.
Etats-Unis. La question de l’Alabama avance vers la Solution. Le Gouvernement des Etats-Unis sans réuoncer formelleincut à ses préleplions d’indennilé
pour les dommages indirects, consent,
comme moyen terme, à ne pas les sou-
8
-152
mettre à l’appréciation des arbitres réunis
à Genève. La solution n’est pas définitive,
mais il est très probable que Grant, une
fois réélu président, se montrera plus
souple dans cette affaire.
Allemagne. « La fièvre do l’émigration » tel est le sujet d’une foule d’articles et de correspondances desjournaux
allemands. Les propriétaires des terres ne
trouvent plus do bras pour les faires travailler; les fabriques, des ouvriers. Celte
fièvre s’est surtout emparée des femmes
(iu peuple. Les armateurs font d’excellentes
affaires. Quelques uns voient dans le fait
un malheur national, d’autres , au contraire , un moyen d’étendre l’influence
allemande jusqu’au delà les mers. « Les
émigrants, dit la gazette A’Augsbourg, sont
les pionniers de la culture allemande dans
le Nouveau Monde ». Et eu effet dans la
république Américaine du nord, la population allemande d’origine, de langue et
do mœurs, a déjà acquis dans quelques
Etats non seulement une grande importance, mais une supériorité décisive.
Siiisso. Il n’est guère question dans
les journaux suisses que de la votation
qui doit avoir lieu le 14 mai courant
pour l’acceptation ou le rejet de la nouvelle constitution. Le caractère essentiel
de cette loi de l’Etat est la plus grande
centralisation des pouvoirs entre les mains
du Gouvernement et des Chambres fédérales , au détriment des cantons. Comme
le centre du Gouvernement est à Berne,
c’est-à-dire dans un canton allemand , les
cantons français sont en général opposés
à la réforme centralisatrice. Le canton de
Vaud y est le plus contraire, dans celui
de Genève l’opposition est aussi très forte,,
malgré l’appui que lui prêle \a,Journal
de Genèce. Mais presque tous les cantons
allemands, au moins les cantons protestants et les cantons libéraux, se montrent
très ardents à défendre la nouvelle constitution et leur prépondérauce augmente
naturellement, cliez les suisses français, la
répugnance pour l’innovation proposée.
Ceux-ci soupçonnent même leurs confédérés allemands de vouloir concentrer entre
leurs mains tous les pouvoirs, pour effectuer ensuite l’annexion de la Suisse à
l'empire Germanique. — En outre le parti
ultramontain, et particulièrement les petits cantons font cause, commune avec les
français, et les cantons libéraux avec les
allemands. La nouvelle constitution ôte
au clergé catholique l’influence que l’ignorance et la superstition des gouvernements de plusieurs cantons lui avaient
jusqu’ici laissée sur l’instruction. Enfio
le parti radical, dans presque tous les
cantons, n’est pas moins opposé à la nouvelle constitution que le parti ultramontain. C’eàt que le parti radical avait es
péré de faire introduire dans Je nouveau
statut des principes politiques et économiques'on harmonie avec les doctrines
socialistes, et, trompé dans cette attente,
il voudrait maintenant le faire rejeter. Car
il craint que si la réforme proposée est
réalisée, il n’y ait plus lieu, pour plusieurs
années, à faire une innovation radicale et
qu’ainsi le triomphe des idées socialistes
en Suisse ne soit pour longtemps impossible. Malgré tous ces adversaires, on
croit généralement que la nouvelle constitution .sera acceptée par une forte majorité. Le parti libéral n’aurait qu’à s’en
réjouir.
SOUSCRIPTION
POUR LES INCENDIÉS d’aNGROGNE
(Nous recevons par M' J. P. Malan de
Sampier-d’Arena):
De M' et M“' Millingen Fr. 20
De M' et M““ Goss-Peyrot » 5
De M' J. J. Malau » 3
De M“* Crocetti » 2
De M"’ Prochet » 2
De M"' M. Malan » 1
De M‘" M. Charbonnier » 1
De M"' C. Rivoire » 1
De M' et M“* Rivoire » 1
De M' Cavagnaro » 1
De M' J. P. Malan » I
Total Fr. 38
Avis.
Pour des circonstances indépendantes
de la volonté de l’Agence do la Société
Biblique, la Librairie évangélique de Turin,
rue Lagrange, ayant dû so fermer, les
personnes qui désirent se procurer les
Saintes Ecritures, sont priées de s’adresser
au portier du Temple Vaudois, M'J. Goss,
rue Pio Quinto, N. 15, Turin.
E. Malan Directeur-Gérant.
Pignerol, Impr. Chiantore.