1
Huitième auuèe.
IV. a.
17 Janvier 18’T3.
L’ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spcciaiojiiciil consacrée anx intérêts matériels et spirituels
(le la Famille \aiidoise.
Que toutes ies choses qui sont véritables.occupent
vos pensées — ( Philippiens., ÏV. 8.)
FAIX o’abohavment :
Italie, h domicile C«« u«) Pt. 3
Ellisse...................»5
France................» 6
Allemagoe 6
Angleterre, Pays-Bas . » 8
Un numéro separé : 10 cent.
Un numéro arriéré : 10 cent.
BUHCA0Z D AB0NHEHENT
Torrk-Pei.t.ick ; Via Maestra,
N. 42. (Agenzia bihiiografica)
PiGNBRoL : J. Cfiiantore Impr.
Turin iJ.J. Troll, via Lagrange
prés le N. 22.
Ki.orbncb : Libreria EvangeHra. vìa de'Panzanì.
ligne
ANNON<’KS : ?» cent, la
on portion de- lic-ne.
Lettres et envois frauro. -S’adresser pour radminisiraf.'on
ait HKrean Torre- f'rHii r,
via Maestra N. 43 — pmirla
rédaction; A Mr. E. AJaUin
Prof* k Torre-Pellice.
Sommalr-e.
Des visites pastorales. — Do la prière.
— Conversion d'un rabbin. — Nouvelles
religieuses. — Correspondance. — Chronique Vaudoise. — Chronique Politique.
DES VISITES TASTOKALES
Nos lecteurs savent que ce qu’on
appelle parmi nous visiles pastorales, pourrait s’appeler aussi, et
peut-être avec tout autant d’exactitude « visites paroissiales ». —
(;’esi Ik Table qui en est chargée
par le Synode, en sa qualité de
surintendahte, nous dirions presque d’évêque, dans le sens scripturaire du mot. — Ces visites
pastorales se faisaient, par le passé,
les jours sur semaine, au choix
de la Table; le Synode, depuis
quelques années, afin d’ôter, autant que possible, tout prétexte
aux fidèles de n’y pas intervenir,
les a établies le dimanche. Ces
visites sont en général une bonne
chose; ailes seraient une ,chose
excellente, si les assemblées de
paroisse étaient ce qu’elles doivent
êtres. Mais il s’en faut de beaucoup qu’il en soit ainsi et ((ue la
Table puisg| y faire du bien et en
emporter upe connaissance vraie
de l’état d^Ia paroisse ellc-inêmo.
Pourquoi La raison princi
pale en est que, dans l’assemblée
paroissiale, quoique au temple et
le jour du Seigneur, l’on se trouve
en face du monde et de ses passions; trop souvent ce n’est pas
l’intérêt de la vérité, de la piété,
l’avancement du règne de Dieu qui
porte les paroissiens a y prendre
part, mais tout autre chose; et
un des mauvais symptômes c'est
que, en règle générale, on n’est
zélé et en nombre que lorsqu'il
doit y avoir du bruit et même un
peu do scandale.
Aussi, lorsque vous demandez à
telle de ces assemblées si la ¡'iélé
est en progrès , on dirait que vous
êtes hors de la question, ou bien
que vous parlez une langue inconnue, et l’on vous répondra oui ou
non, sans trop savoir ce qu’on vous
répond, selon qu’on est ami du
pasteur ou qu’on est son adver-
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-(10)
saire; on cherchera ensuite à vous
faire perdre votre temps dans l’examen de questions qui n’en valent
pas la peine et par lesquelles on
donne essor à de vieilles rancunes,
alin que vous ne puissiez pas examiner les graves questions à l’ordre
du jour. Lorsque cependant on en
vient à ces dernières et qu’on
])resse les membres de l’assemblée
de se prononcer, de faire connaître
leur sentiment, de dire ce qu’ils
savent, alors silence complet. On
a beau prier, conjurer; rien; on
dirait que l’on s’est donné le mot
pour que la délégation de la Table
ne sache pas ce qu'il lui importe
le plus de savoir. Cependant un
procès-verbal est fait, comme on
a pu; on a tenu compte des déclarations isolés qu’on a entendues;
ce procès-verbal est lu et signé;
il a désormais une valeur officielle.
On sort du temple; on prend part
à des entretiens particuliers, alors
les langues se délient et quand ou
ne le demande plus, on en dit
plus qu’on n’en voudrait savoir.
Ne vaudrait-il pas mieux parler,
quand on vous en fait un devoir,
et quand c’est un devoir réellement, quand parler est un acte
de courage, que lorsque c’est une
médisauce et peut-être même une
calomnie? Nous ne saurions assez
blâmer la lâcheté dont on donne
trop souvent des preuves dans nos
visites pastorales. Mais , dit-on ,
le personnes sur le compte des
quelles nous aurions quelque chose
à dire sont présentes. Mais c’est
précisément parcequ’elles sont présentes et qu’elle peuvent se disculper ou s’expliquer, selon le
cas, ou que d’autres peuvent rec
tifier votre opinion, qu'il faut
parler. Vous pouvez le faire sans
haine, même avec charité. Nous
savons que cela n’est pas agréable,
qu’on s’expose à des inimitiés;
mais le devoir avant tout. Quand
en serons venus là? Quand aurons
nous compris que nous devons
parler en face et quand il en est
temps? (à suivre).
EXyiE!\ DE QUELQUES DIFFICULTÉS
dans ce qoi regarde l'exancemenl
des prières.
Nous savons que notre prière
est toujours exaucée quand elle
s’appuie sur une promesse form«lle
de la parole de Dieu, quand elle a
pour objetdepouvoir accomplir un
commandemeni qu’il nous impose,
quand elle est faite dans le même
sens que celui des prières inspirées
que nous lisons dans la Bible. Cela
ne veut pas dire que nous ne pouvons demander à Dieu que ce qu’il
nous a clairement promis dans
l’Ecriture. Nous avons le d-èioit et
le devoir d’exposer à Dieu tous
nos besoins. Jésus-Christ recommande à ses disciples de prier pour
que leur fuite , à l'époque de la
prise de Jérusalem, « ne doive pas
se faire en hiver ou le jour de
sabbat; » et saint Paul exhorte les
chrétiens de Rome « à combattre
avec lui dans leurs prières , »
« afin qu’il soit délivré des Juifs
incrédules, » que « son ministère^
auprès des saints qui sont à Jérusalem leur soit agréable, » et
« qu’il puisse leur faire la visite
de part et d’autre tant désirée, »
3
(11)
choses toutes pour lesquelles il
n’y avait pas de promesse spéciale
dans les Ecritures, et dont aucune
ne paraissait essentielle au salut
des âmes. Et , cependant, voyez
comme ces prières furent toutes
littéralement exaucées dans Actes
ch. 21, 23, 28.
Mais quoique nous soyons ainsi
encouragés à exposer nos besoins
à Dieu en toutes choses , nous ne
pouvons jamais être assurés d’avance que nous serons exaucés ,
lorsque nous demandons des choses qui ne sont pas positivement
promises dans l’Ecriture. Ici s’élève une grave difficulté.
L’Ecriture nous dit que l’Esprit
nous soulage dans nos infirmités,
car il prie pour les Saints selon
Dieu. S. Jacques nous exhorte à
prier avec foi,, ne doutant nullement, et Christ nous assure que si
nous demeurons en lui, et ses paroles en nous, nous pouvons demander ce que nous voulons, et il
nous sera fait. J. 13, 7. Prenant
ces paroles à la lettre , il semble
que rien de ce que nous demandons avec foi et avec sincérité ne
nous sera refusé. Et cependant
l’expérience nous montre que tel
n’est pas le cas. Ne voyons-nous
pas le Seigneur refuser d’enlever
l’écharde que son apôtre Paul avait
en la chair, et dont il pria par
trois fois d’être délivré ? Comment
expliquer cette difficulté ? Saint
Paul nous dit que l’Esprit lui même prie pour nous par des soupirs
qui ne se peuvent exprimer. Mais
celui qui sonde les cœurs, JésusChrist lui-même, connaît quelle
dire, le désir vrai de l’Esprit, qui
prie pour les saints selon Dieu ;
ensorte que tout ce qu’il désire
et demande est conforme à la volonté de Dieu, et doit nécessairement être exaucé. Telle est la prière
à. la quelle est faite la promesse
demandez tout ce que vous voudrez
et il vous sera fait.
Mait le fil d’or de l'Esprit intercédant pour les Saints , clairement
perçu par les yeux de Celui devant
lequel sont ouverts tous les cœurs,
est ordinairement entremêlé dans
toutes nos prières de beaucoup de
choses qui sont purement humaines. Le plus saint, le plus humble
et le plus avancé des chrétiens
peut être entraîné par ses désirs
naturels à demander bien des choses, qui, quoique bonnes en ellesmêmes, peuvent ne pas être conformes à la volonté de Dieu. Ce chrétien ne peut pas être, pour cela,
digne de l)làme. Nous ne pouvons
pas connaître certainement la volonté de Dieu en toutes choses ;
et nous sommes encouragés à exposer courageusement et sans
crainte tous nos désirs devant notre Père céleste. Mais n’oublions
pas que ces désirs peuvent être
innocents, légitimes, môme justes
et bons, et cependant non conformes à la volonté de Dieu , en
ce qui regarde son intention de
les exaucer. Ceci ne doit pas nous
décourager. Nous ne pouvons jamais demander trop librement
quelque chose à notre Père céleste.
Plût à Dieu que dans nos prières
nous fussions toujours plus intimes plus complets, plus riches en
est l’affection, de l’Esprit, c’est-à- ^ détails, sur notre vie pratique, et
4
*(12)
sur les personnes qui nous entourent! Quelque petit que nous paraisse un objet, s’il est suffisant
pour nous inquiéter ou pour nous
troubler, il est assez important
pour être placé devant Dieu dans
nos prières. L’exaucement de notre
demande est l’affaire de Dieu; la
lui présenter est notre affaire à
110U.S. Il est dangereux pour notre
âme , de désirer fortement une
chose dont nous ne faisons pas
un sujet de prières. Le désir non
sanctifié par la prière se change
très facilement en rébellion. L’unique sauvegarde contre les incursions d’un tel ennemi'est l’étroite communion avec Dieu par
la prière.
Mais, dans toutes ces prières ,
nous devons nous rappeler, que
Dieu seul peut discerner avec certitude jusqu’à quel point nous
nous laissons conduire par nos
propres sentiments.
Cependant, tout en reconnaissant
notre incapacité naturelle à distinguer avec certitude ce qui est
de l’Esprit en nos prières , nous
pouvons donner certaines marques
propres à nous diriger à cet égard,
et c’est ce que je me propose de
faire dans un prochain article.
J. D. TURIN.
GOPËKSIO^ ïïm RABBIN
Une lettre adressée au Christian
artoocaie, journal de la Nouvelle
Orléans , raconte les faits remarquables que voici :
Je me trouvais à Mobile, au printemps dernier, quand je m’aperçus
un matin d’une grande agitation
parmi les habitants; le bruit courait que M. Jager, le prêtre juif
de l’endroit, venait de se convertir
et que tous les Israélites de l’endroit en étaient fort émus. On
ajoutait qu’ils cherchaient à l’épouvanter et à le chasser de la
ville. — Intéressé par ces rapports,
j’allai avec un ami faire une visite
au rabbin, je m’entretins avec lui,
et n’eus aucun sujet de regretter
ma démarche.
C’est un homme d’environ trentecinq ans, d’un extérieur avantageux et d’un esprit cultivé. Il nous
raconta qu’un mois auparavant,
il avait publié, dans une des principales feuilles de son parti, un
violent article contre Jésus-Christ ;
qu’il y avait trois semaines, il exhortait encore les enfants de son
école du sabbat à repousserles doctrines chrétiennes. Et cet homme
venait de se déclarer nettement
disciple de Jésus! 11 était encore
trop agité par ce grand changement et par l’opposition furieuse,
et les insultes de ses frères selon
la chair pour analyser avec calme
l’œuvre que la grâce avait faite
dans son cœur; mais je pus en
comprendre assez pour y voir un
des cas les plus extraordinaires
que j’eusse jamais rencontrés. —
Lui-même déclarait que ce n'était
point par raisonnement ou dispute
qu’il était venu au christianisme,
mais par une révélation de Dieu.
Voici ce que nous entendîmes
de lui :
11 s’était trouvé, sans en concevoir la cause, inquiet .et malheureux. Son esprit avait perdu toute
foi, son cœur toute espérance,
5
—(13)
pour ce monde ou pour la vie à
venir; il ne croyait pas à l’Evangile; il n’avait plus de confiance
dans le judaïsme n’y reconnaissant
plus qu'une sorte de philosophie;
il flottait dans le doute et l’incertitude. En cet état , l’idée lui
vint de lire le Nouveau-Testament
comme il eût parcouru tout autre
volume , pour occuper ses pensées
et s’oublier lui-nn'me.
D’abord il songea que ce livre
pouvait être vrai ; il continua sa
lecture , et découvrit en lui-même
un désir à demi formé, que ce
fût vrai; mâis ce désir ne semblait
nullement arriver à une conviction
distincte, et son àme se débattait
encore dans le vide.
Il se retira pour chercher le repos
sans même hasarder une prière quelconque. Et le lendemain , en s’éveillant , avant d’avoir repris la
pleine conscience de sa vie intellectuelle, il trouva sur ses lèvres
cette exclamation soudaine: « Jf»
sus, mon Sauveur, mon Dieu I »
Le son de sa propre voix le fit
tressaillir, et le sens des mots
bien davantage. Mais comme il
les prononçait, il acquit la conscience de leur valeur et celle de
leur vérité. La surprise, la joie,
le ravissement passèrent comme
un flot sur lui et inondèrent son
âme.
« En une minute et sans effort,
le judaïsme dont l’étude et la dépense avaient fait l’objet de sa vie,
s’était évanoui sans laisser de traces. Jésus-Christ, si longtemps
combattu, était accepté; l’Evangile conquérait son assentiment
s’était endormi dans le désespoir,
se réveillait triomphant, en Dieul
Certes, il y avait de quoi s’écrier :
« Je ne suis pas venu au christianisme par raisonnement, mais par
une révélation de Dieu ».
Jamais je ne vis de néophyte
plus convaincu, plus ferme, plus
heureux.
Il s’est joint à l’Eglise baptiste
et prêche maintenant la foi qu’il
s’efforçait jadis de détruire.
(Tiré de VEglise Libre).
iîouueUce
rcitûtcuâeo
ÎN'înios.vün comité evaa.îélique fait
doancr, dans celle ville, des conférences
pour répondre à celles de M. Colani, ancien pasteur et professeur, qui ont scanda! ■'é même des auditeurs hétérodoxes.
Lausanne. M. Clément, l’auteur
d'un excellent ouvrage sur lo baptême et
l’un des professeurs les plus distingués de
la faculté de théologie libre i» I.ausanno,
a dit donner sa démission pour cause de
sauté. C’est une perte bien grande et profondément sentie par les étudiants de cette
école.
Kspafçno. Les Cortès espagnoles ont
adopté la loi qui abolit l’esclavage dans
la colonie de Porto-Uico,
Oonèvo. A la suite des délibérations prises par la majorité libérale du
Consistoire, six de ses membres ont donné
leur démission, par une lettre collective;
ce sont MM. Bossi, Cramer, Duval, Naville
et Planlamour. M. Marcillac les avait précédés en envoyant au Consistoire la lettre
suivante :
Messieurs,
« Eu ramenant au Consistoire tous ceux
de ses membres qui en avaient appelé
au peuple contre une résolution régulièrement prise par ce corps dans la limite
de ses attributions, l’élection du 15 décembre a été, à mon sens, un désaveu
formel infligé par la majorité du peuple
protestant a tous ceux des membres du
Consistoire qui, appartenant au parti évangélique , ne sauraient admettre le droit
des croyances dites libérales, à être offî
le rvliis intime et ret homme ouï I ciellement admises et enseignées dans une
te pms mu tue, et cet ùoamte qui ^ l’Bvangile.
6
-(14)
Dans ces circoDslances, ma conscience
me fait un devoir de déposer le mandat
qui m’avait été conféré, il y a 18 mois,
et c’est pourquoi je vous prie de recevoir
ma démission de membre du Consistoire.
F. Mahcillac».
Nous nous attendions un peu à ce que
les autres membres évaug:éliques du Consistoire suivissent l'exemple de ceux que
nous venons de nommer; si cela finit par
avoir lieu, le Consistoire sera entièrement
libéral et pourra constituer l'Eglise à sa
façon et peut-être à sou image, et les
Evangéliques seront bien obligés de s’en
séparer.
Turin. Nous apprenons par la Gaszelta di Torino que la Chiesa libéra a de
nouveau établi une station à Turin; nous
en avions entendu parler depuis longtemps
Un nouveau local pour l’Evangélisation
est ouvert vers Porta palalina ; et M. Bracchetto, qui a été quelque temps sur les
bancs de notre Ecole de théologie, puis
évangéliste à Portoferraio , paraît être
chargé de la direction de cette nouvelle
station. Il a annoncé des conférences sur
la vie éternelle et sur les principes des
Jésuites, à propos des médisances et des
calomnies du prédicateur jésuite Seconde
Franco.
Ce n’est pas d’aujourd’hui que nous
avons exprimé le vœu que noire Evangéliste à Turin transportât le centre de
son activité comme évangélisto, do PorteNeuve à Porte-Palais; maison parait avoir
eu de bonnes raisons pour ne pas le faire;
la chose est devenue beaucoup moins
urgente et moins à propos surtout, maintenant qu’il y a uno llaunansa erangelica
italiana libéra dans ce quartier.
F*aris. Plusieurs journaux reproduisent des extraits du discours que M. Loyson
(le père Iliacynthe;) a prononcé à la chapelle Taitbout à Paris, sur l’invitation de
MM. de Pressensé et Bersier, à l’occasion
de la première réunion de prières de cette
année. La salle était comble, et bien des
personnes n’ont pas pu pénétrer dans l’enceinte. Le sujet proposé était celui de
l’universalité de l’Evangile. Le grand orateur de Notre-Dame s’est surpassé et son
discours a fait une grande impression. Il
fait des vœ.ux pour la conciliation entre
les catholiques et les protestants, même
entre le catholicisme et le protestantisme,
pour cette église de Vavenir qui protestera contre toutes les erreurs et qui rassemblera dans son sein tous les éléments
de la vérité. Les analyses ne donnent,
nous assure-t-on, qu’une bien pâle idée
de son éloquente allocution, car elles ne,
contiennent pas plusieurs des développements qui ont produit le plus d’otTet. Ainsi,
vers la fin de son discours, mootranl que
la foi h la divinité de Jésus-Christ est le
fondement éternel de l’Eglise, il a fait un
commentaire lumineux et grandiose des
paroles de Jésus à Simon Pierre ; « Tu
es pierre et sur cette pierre je bâtirai mon
Eglise; » avec Origéne il a expliqué qu’il
s’agit ici non de la personne de Pierre,
mais de la foi, que c’est à Pierre en tant
que croyant que celte parole est adressée
et que quiconque croit comme l’apôtre
devient, comme lui, une pierre sur laquelle repose la maison de Dieu. Ce développement d’une idée familière à l’ancienne Eglise et qui, à cause de notre
ignorance, nous semble aujourd'hui nouvelle, a vivement impressionné l’assemblée. La parole de M. Loyson est d’une
ampleur, d’une souplesse et d’une pureté
remarquables. Ses phrases, dit le correspondant de Paris du Journal de Genève,
moment, soulevées par le souffle de l’inspiration, comme de belles ondes harmonieuses qui parfois éclatent en gerbes
éblouissantes.
iDslallalion du l’asleur de Buby
12 janvier 4873.
Je pars de la Tour par une belle matinée. Le soleil levant dore de ses rayons
les hautes cimes de nos Alpes. Sur la
route je suis agréablement frappé à la
vue de petites bandes d’enfants qui d’un
pas léger, se dirigent, des points les plus
reculés de la paroisse, à l’école du dimanche. Même agréable spectacle sur le
Villar, entre Lubias et le village: un ancien marche à la tête d’un petite division;
ii la conduit à l’Ecole qu’il dirige Chaque
dimanche. J’arrivo rempli de douces émotions au terme de ma course. Il est
près de onze heures ; bientôt aux divers
abords de la maison de prières apparaissent des groupes de plus en plus nombreux. Ou remarque, avec plaisir, parmi
eux des amis des deux paroisses les plus
rapprochées. Le temple convenablement
restauré par les soins de M. le pasteur
Davyt, est rempli par un auditoire compacte , attentif.
Le pasteur de la Tour monte le premier en chaire pour présider à l’installation de son fils Th. Malan, ci-devant évau-'
géliste à Riesi.
Il choisit pour texte de son adresse, 1
Tim. 4, 16. Après avoir rappelé à l’Eglise
les graves devoirs que lui prêche un ministère renouvelé dans son sein, il s’adresse
au récipiendaire et iusiste sur le devoir
du pasteur d’élre un modèle du troupeau,
de'puiset l’instraction à la vraie source,
la parole de Dieu ; c’est par ces moyens
7
-(15)
qu’il se sauvera lui-même et ceux qui
l’écoutent.
Comme délégué do la Table, il présente
enfin à l’Assemblée le paslour do son
choix. Celui-ci occupe la chaire à son tour.
Il lit une partie du ch. 2 do la 1' Ep. aux
Cor., et dit en substance .• Je ne vous annoncerai, dans ma prédication et dans mon activité pastorale, que Christ, et Christ crucifié.
Je sens d’autant ydus le besoin d’accentuer
cette doctrine capitale, qu’elle rencontre
de notre temps plus de conlradicteurs. Mais
pour le rendre efficace, j’ai besoin d’espérer que du sein dos familles. s’élcvront
en ma faveur beaucoup de prières, pour
répondre à celles que j’adresserai pour
vous tous à l’Auteur do toute grâce.
Le service avait duré deux heures. La
foule s’écoula visiblement émue de l’événement (|ui venait de s’accomplir. Veuille
le Souverain chef do l’Eglise y mettre le
sceau de sa précieuse bénédiction.
( Communiqué).
I.userne S‘ Jean le 13 janvier IS73.
Monsieur le Rcdacleur,
Pour répondre à l’invitation <|uc vous
adressez, dans le premier numéro de votre
estimable journal, eu particulier aux pasteurs et aux instituteurs, je me propose
de vous communiquer aujourd’hui linéiques détails sur les rcuuions de prières
qui viennent d’avoir lieu dans notre paroisse. Ces réunions, favorisées par nu
beau temps exceptionnel, ont été très
fréquentées, elles ont eu lieu dans les
divers locaux affectés aux écoles dans
les quartiers dos Appiots , des Peyrots,
des Lantarels, des Itlonats et du Fond de
S‘ Jean. Les sujets qui ont plus particulièrement intéressé ont été ceux des Missions, de l’Evangélisation et des Ecoles
du dimanche ; 150 à 200 personnes a.ssitaient à la réunion où ces sujets de prières ont été développés. Dans presque
foutes ces réunions, deux à trois personnes ont pris la parole, soit pour adresser
quelques exhortations en rapport avec le
sujet indiqué, soit pour prier. Nous regrettons cependant qu’un plus grand nombre de membres de l’Eglise ne senleut
pas le besoin de prendre part d’une manière active aux réunions d’édification.
Les diverses dénominations existantes
dans notre paroisse ont été représentées
dans nos réunions de prières. Nous avons
même entendu avec plaisir le représentant
de l’une d'elles insister sur la nécessité
de travailler à une union plus intime entre les chrétiens des diverses dénominations. Puissent tous ceux qui ont pris part
aux réunions de prières de 1873 avoir
appris, entr’aulres choses, à devenir des
hommes de prière, et à prier davantage
les uns pour le,s autres qu’ils ne l’ont
fait dans le. passé.
Croyez moi, monsieur le Rédacteur, votre tout dévoué frèro en Christ
A. Gav Pasteur.
(Khrontciuc 0îauboi6^
■ptóvinions do prlèros. Les
réunions do prières do la première semaine
de Janvier ont nu heu dans plusieurs do
nos paroisses. A la Tour, il y en a eu
deux, l’une au Collège, l’autre à l’Ecole
des Coppiers. Lo beau temps les a favorisées, aussi ont-elles été bien frét|uentées.
Et cepciKlant il leur manquait queb|uo
chose; il leur manquait d’être do vraies
réunions do firièros, dans lesquelles les
«ours demandent à l’Auteur de toute grâce,
à l’unisson et avec ferveur, ce dont ou
sent un besoin pressant. On y a surtout
insisté sur le devoir pour chaque fidèle
de réaliser daus sa vie les divers sujets
de supplications. — Par les temps sérieux
que traverse l’Eglise, de pareilles réunions
répondent à un véritable besoin.
Ilodoi'ot. Comme nous n’avons pas
souvent des faits tiiou réjouissants k porter à la connaissance de nos lecteurs, on
nous pardonnera de yiublier l’extrait de
la lettre suivante qu’on a bien voulu nous
communiquer. Elle, fait l’éloge de ceux au
nom desquelles elle a été écrite autant
que du pasteur ;i (jiii elles est adressée.
Des-F"îii,iine.i. pnroisse de Rodoret,
31 décetiibre 1873.
Monsieur le Pasteur,
Vous avez dit vrai, dans votre sermon
d’adieu, i|ue vous no vous êtes proposé
autre chose parmi nous, si ce n’est JésusChrist et Jiisus Ctirist crucifié. Nous vous
servirons de témoins à cet égard et malheur à nous si noos n’avons pas reyu
cette parole de vérité !
Rassurez vous pourtant, vous avez répandu la bonne seiuenco , et si vous no
voyez pas d’abord le, fruit de votre travail, comme, le désirez Irès-justenienl,
sachez que Dieu le bénira et que la semence que vous avez jetéo dans le sol
ne périra pas, et (jue votre travail ne
sera pas vain.
Vous nous avez remerciés bien plus que
nous ne le méritons de ce que nous avons
été pour vous. C’est nous qui devons vous
remercier, de ce que étant évangéliste à
Guastalla, vous avez cependant répondu
sans hésiter à notre appel. Vous n’avez
pas regardé aux belles plaines ouvertes
devant vous, et vous avez .senti qu’à Rodoret, quoique dans les montagnes, il y
avait un troupeau d’anciens vaudois à
oourrir et à paître.
8
-U6)
Nous voulons eu outre vous remercier
do ce que vous n'avez épargné ni peine
ni fatigue, de ce que vous avez bravé les
dangers pour nous conduire dans les bons
pâturages, de ce que vous avez prodigué
vos visites et vos soins à nos malades
et encouragé et réjoui si souvent nos enfants par vos conseils et par vos dons.
Nous n’oublions pas, dans nos regrets
et dans nos remercîments, votre compagne
qui s’est plu à syrnpathis'er avec nous
comme une vraie sœur et qui n’a pas eu
peur de s’entourer dej nos jeunes filles
pour les instruire.
Nous demandons à Dieu ardemment
(ju’il vous accorde un bon commencement
d’année et une heureuse entrée dans la
paroisse où vous êtes appelé.
Alt nom dit (juarticr dea Fontaines.
Notre correspondant auquel nous devons
la communicatiou de la pièce que nous
avons publiée en résumé ajoute qu’il y a
encore de la reconnaissance chez les vaudois et (pie ce qu’il.s demandent de leurs
pasleurs c’est l’activité. Notre peuple sait
se donner et se dévouer aux pasteurs qui
se donnent et se dévouent pour lui. A
Rodorel ou aurait écrit cinquante lettres
pareilles â celle du (juarticr des Fontaines.
— L’accueil que la paroisse de Villesèche
a fait à son nouveau Pasteur a été très
beau. Le temple était plus que plein ; bien
des personnes disent qu’elles ne se souvienuont pas d’avoir vu uue aussi nombreuse assemblée, qui pendant deux heures a écoulé avec un silence religieux, ce
qu’ont eu a dire le pasteur installant et
le pasteur installé.
Cependant, malgré les apparences , le
terrain est dur dans cette paroisse, l’iuslruction est en arrière, fl'incrédulité et
l’immoralité, comme partout, plus ou
moins, ont ouvert bien des brèches.
Puisse la déclaration suivante do M.
Micol devenir de plus en plus une réalité,
non seulement pour lui, mais pour tous
les pasleurs et les prédicateurs de l’Evangile: «Je désire être au milieu de vous
le représentant de la vérité, de la justice
et de la charité; et l’on se tromperait bien
si l’on demandait de moi autre chose ».
(¡riirontcjue i^oÜttque.
Italie. — Chambre des députés. La
Chambre des Députés a repris la continuatioD de ses travaux depuis l,e 8. Samedi
dernier, au commencement do la séance,
l’honorable Massari a demandé au président du Conseil si la nouvelle de la mort
de Napoléon était vraie et a dit que si elle
était vraie, il se croyait en devoir d’exprimer, en son nom et à celui de ses
amis, le sentiment de profonde douleur
pour la mort d’un homme-qui a eu une
si grande part aux événements politiques
qui nous ont donné une patrie et auquel
l’histoire parmi les plus 'grands titres de
gloire assignera celui d’avoir contribué
puissamment au triomphe de l’indépendance de l’Italie. - Le président du Conseil à répondu a ces paroles qui ont été
vivement applaudies, en confirmant la
triste nouvelle et en s’associant aux sentiments exprimés par le député Massari.
Ces déclarations du Ministre ont été également accueillies par des applaudissements. .Ainsi la Chambre des députés a
voulu oublier l’occupation de Rome, le
trait de septembre, et Mentana, pour ne
se souvenir que de 1859 de Solferino.
— Victor Emmanuel est rétourné à
Naples où il continue à se livrer aux distractions de la chasse.
— Le Tunnel des Giovi s’est effondré sur
un espace de 20 a 30 mètres. Les trains sont
suspendus entre Rusai la et Pontedecimo.
rcranco. «Napoléon est mort». Telle
est la nouvelle que tous les journaux ont
rapportée et que tous ont commentée plus
on moins longuement et dans des sens
divers. Les réflexions se pressent en foule
dans l’esprit devant ces trois mots. On
songe, dit le Journal de Genève, aux grandes
paroles de Bossuet, en rapportant la date
triomphante de 1859 et celle de 1870 et
1873. Pour nous, nous reconnaissons que
les deux plus grands torts de Louis Napoléon ont été son origine, le coup d’état
de 1852, et l’instinct despotique qui l’a dirigé pendant 20 ans de son règne. Il n’a
pas su ce qu’est la liberté, la vraie indépendance de caractère, la responsabililé
individuelle et il ne les a pas respectés.
S’il les avait respectées, il serait descendu
do son trône. Cependant l’Italie (et les
journaux italiens modérés sont unanimes
à cet égard), verra toujours dans Napoléon
III un des auteurs de son unité, de son
indépendance, elle n’oubliera pas Montebello , Magenta et Solferino, elle se souviendra de l’abolition des traités de 1815,
(lu principe dé non intervention soutenu
par lui après la paix de Villafranca et de
Zurich ; et l’Angleterre reconnaîtra en lui
au.ssi, le souverain français ami du libre
échange et qui a tenu le plus à l’alliance
avec elle.
E, Malan Directeur-Gérant.
Pignerol, Impr. Cbiantore.