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Année Septième.
13 Mai 1881
N. 19
LE TÉMOIN
ECHO DES VALLEES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Vous me seres témoins. Acths 1, £.
Suivant îa vérité avec la charité, Kr. ],J5,
PRIX D’ABBONNEMENT PAR AN Ualie . .. L. S Tous les pays de l'Union de posiye . . . » 6 Amérique ... > [ï On s’HUr-iiDe : Pour V Inférieur r.hex MM. le« paRtBiirs et les libraires de Torre Pellicfe. Pour (luBureau d’Ad- minîstrttiion. 1 Un ou plusieurs numéros »épa^ 1 rés, demandés avant le ti> ragé 10 cent, chaoun. Annonces: 25 centimes par ligne. I^es etivots d’argent se font par lettre recommandée ou par mandais siir le Bureau de Pë- rosa Argentina.
PnuT la RÉDACTION adresser ainsi : A la TiiveRtiou ou Témoin, Pomaretio (Pirserolo) Italie. Pour rADM]NlSTRAT]ONAdres.-ser ainsi ; A l'A dmiriistrannn du Je«îOiM, Poinarelïo iPineroIo} Italie
SoiTiina iro.
13 Mai, — Réplique âmes criliquos louehani nos origines. — Ln Caléc,hismn.
— Un petit enfant, ‘ou II a souffert lui
juste pour nous injuslos. — Une eate|■llunlPn0 h l’pxamon. — Nouvelles religieuses. — Reçue polUique.
13 Mai.
Dimanche dernier l’Eglise Vaudoise
de Milan a célébré une fête après
laquelle ses pasteurs, son conseil et
tous ses membres soupiraient depuis
de longues années et pour laquelle
le Comité d’évangélisation a dû lutter
avec énergie et persévérance contre
des difficultés de tout genre. A deux
cents pas du dôme, c’est-à-dire, au
centre même de la ville, un temple
vaudois a été solennellement consacré
au Seigneur et ouvert à la prédication de sa parole. D’autres villes italiennes ont précédé, à cet égard, la
capitale de l’ancienne Lombardie; la
capitale même de l’Italie entière la
suivra de très-près, nous en avons
la ferme confiance; mais un intérêt
tout particulier s’attache à celte maison de prière qui vient d'être inau
gurée à Milan; c’est la très-haute
antiquité du bâtiment lui-même et
la manière dont il est devenu la
propriété de l’Eglise Vaudoise.
La basilique de Saint-Jean, plus
tard distinguée par le nom de san
Giovanni in Concat — existait
ment au neuvième siècle, et les con-'
naisseurs estiment qu’elle date du septième. Les siècles suivants, jusqu’au
quinzième y ont inscrit, en trois périodes- bien distinctes, les évolutions
de l’art. — Le dix-septième siècle l’a
gâtée, te dix-huitième l’a prolànée;
elle a servi jusqu’à ce dernier temps
de remise et de magasin, sans que
personne s’en fût scandalisé. Condamnée à être en grande partie détruite pour le prolongement d’une
rue principale, il n’est guère probable que la partie qui échappait à la
démolition immédiate trouvât un acquéreur, disposé non seulement à
la conserver, mais à la restaurer et
les milanais qui ne sont pas riches
en œuvres d’art antique (le Dôme
en vaut plusieurs) auraient perdu
celui de Saint-Jean, si l’infatigable
Président de notre Comité d’évangélisation n’avait été averti à temps
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de la possibilité de l’acquérir. La
municipalité de Milan a fait preuve
dans cette transaction d’un libéralisme et d’une bienveillance pour
lesquelles nous ne saurions être trop
reconnaissants, et M. Prochet n’a
pas hésité à accepter les conditions
auxquelles la vente de ce bâtiment
était stipulée.
C’est donc une très-ancienne église
catholique, hors d’usage peut-être
parceque Milan en possède une foule
d’autres et surtout parcequ’elle était
éclipsée et comme écrasée par le
Dôme, tout voisin, c’est cette église
qui, très-convenablement restaurée
sous la direction d’un habile architecte, est devenue le temple vaudois
de Milan.
Une circulaire adressée à tous les
amis qui ont contribué à l’acquisition
de ce lieu de culte, en avait attiré
un grand nombre, - surtout d’Ecosse
et d’Amérique, et une très-nombreuse
assemblée a pris une part sympathitique et active à ce premier service
célébré dans le nouveau local. La
présence du conseiller délégué de la
Préfecture et d’un membre de la
Municipalité, a été pour l’Eglise de
Milan un précieux témoignage des
sentiments généreux de l’autorité politique et administrative à leur égard.
Le service a été commencé par
l’invocation et le chant d’un cantique,
puis M. le pasteur Turino, en plaçant la Bible devant lui sur la chaire,
a solennellement [déclaré devant le
Seigneur et devant l’Assemblée, que
du haut de cette chaire ce serait
le contenu seul de ce livre qui serait prêche par les Vaudois — qui
sont les hommes de la Bible. — C’est
ce qu’il a encore demandé au Seigneur dans la prière même de solen
nelle consécration de l’édifice au Dieu
de l’Evangile, source unique de lumière, de consolation, de paix et
de force. — Après un nouveau chant
M. le Prof. Geymonat, prenant la
place de M. Turino, a prêché sur
ces paroles de* Saint-Paul; Je n’ai
pas honte de l’Evangile qui est la
puissance de Dieu à salut à tout
croyant. On peut aisément se représenter le parti qu’a su tirer des
paroles de son texte pour le but
qu’il s’étalt proposé, un orateur comme notre professeur de Florence, et
quoiqu’il ait dû forcément ^abréger
la seconde partie de son sujet, son
discours n’en a pas moins produit
une excellente impression même sur
ceux qui ne sont pas membres de
l’Eglise Evangélique, et un des prin
cipaux journaux de Milan paraissant
quelques heures après la cérémonie,
louait le fond et la forme de la prédication de la manière la plus bienveillante.
Il a été très-intéressant de remarquer que' les journaux modérés sans
aucune exception ont publié de l’inauguration de notre temple des comptesrendus Irès-sympathiqueS, tandis que
les feuilles soi-disants progressistes
ou très avancées, ne cachant pas leurs
aspirations républicaines, ou bien ont
ignoré cet évènement, ou bien ne
l’ont mentionné qu’avec une visible
répugnance. — C’est que le Dieu de
l’Evangile est un Dieu d’ordre « comme cela se voit dans toutes les Eglises » et que certaines gens ont peu
de goût pour la liberté modérée dont
les progrès sont d’autant plus sûrs
qu’ils ne s’accomplissent qu’avec une
sage lenteur.
Le soir à huit heures, un service
auquel ont présidé M’’ P. Longo,
3
«AA/V/V/V-'N
Ihh
■ ''A^'‘A^<VVVVvV^/W^/W'
pasteur à Milan et Mr J. P. Meille,
pasteur à Turin, a réuni encore une
fort belle assemblée. Le texte de la
prédication de ce dernier était cetta
parole de Saint-Jean qui est la devise
de l’Eglise Vaudoise; la lumière luit
dans les ténèbres. Comme cela était
naturel, une partie considérable de
ce discours a été consacré à la confutation de nombreux préjugés qui
existent encore en Italie et que l’on
s’efforce de maintenir contre l’Eglise
Vaudoise, la disant nouvelle, étrangère et apportant le désordre par
ses doctrines et par ses pi'atiques.
La réponse à ces accusations a été
claire, évidente de vérité et propre
à convaincre pleinement tout homme
qui ne s’obstine pas ii ne pas se
laisser convaincre. Le devoir de ï’Eglise de faire luire sa lumière', de
celle de Milan en particulier d’être
fidèle à sa devise et à la mission
qu’elle a reçue; le devoir pour chacun de ses membres de mar-eher
comme nn enfant de la lumière et
du jour et de faire luire devant les
hommes, la lumière d’une vie chrétienne a été énergiquement rappelé.
— Nous ajoutons encore que soit
au. service du matin, soit à celui du
isoir, le chant de beaux cantique.? a
contribué avec la prédication et la
prière à l’édification de tous ceux
dont le cœur est accessible aux influences bénies de la vérité.
Il nous resterait à parler d’une
ipartie extrêmement intéressante de
cette fête, spécialement pour le Con'seil d’Eglise de Milan et des pasteurs
venus d’ailleurs, mais la lettre qu’un
ami nous a adressée sur ce sujet,
;ne nous étant pas pervenuc à temps
sera publiée dans le numéro prochain.
ItËniQllK
à mes criliqiit'S louchuitt nos orijjiiic.s.
vil.
La légende et Gilles.
Ayant le choix entre la suspension
de ma réplique et la fin un peu brusque et précipitée, je préfère finir,
n’étant pas sûr d’ailleurs d’avoir le
loisir de revenir lorsque cela pourra
sembler opportun.
Avant d’entrer en matière, je relève une coquille. J’ai dit, à ce qu’il
paraît, dans mon dernier article, ^ue
Polie,hdorf vint plus d’un demi siècle
après Moneta; c’est plus d’un siècle
et demi que je voulais dire. Je dois
en outre ajouter un mol, où j’ai affirmé que les Pons fourmillent au
delà des alpes dès le commencement
du treizième siècle, c’est qu’il s’y
trouve aussi des Gilles ou Gili, des
Jordan , des Bonnet, des Solier ,
des Maraude, des Boer, des Pascal,
des Gay, des Brun, des Copier,
des Vilar; même on y parle de
gens du Lanlarès. E,nfin je, veux dire
pourquoi je puis laisser la discussion
sur la Nabla Leyeson. Il me suffit que
sa date , de l’avem des uns comme
•des autres, n’embarasse plus la date
vraie de nos origines. Maintenant que
elle soit du 13® siècle, du 14® ou du
15®; qu’elle ait été écrite au deçà des
Alpes ou au delà, c’est ce qu’il importe
■moins de préciser. Je dis cela tout en
réservant sur ce sujet mon opinipn,
que je ne puis accorder .avec celle de
notre vénéré Docteur Miislon , dont
nous aurons, j’espère, le plaisir de
lire bientôt quelque ,article.
Maintenant un mot d’abord sur notre légende, ensuite sur le témoignage cité, magnifié même, mais fort
mal interprêté , de notre vénéré Gilles.
On sait que tous les peuples, toutes les religionslouies les sectes
reculent à l’envi leurs origines. Presque
chacune des %lises catholiques, dans
nos villes, prétend av.oir eu .pour
premier fondateur, sinon un ap,Ótre,
du moins un disciple immédiat des
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w„.152
Apôtres, Si les Vaudois ont fait un
peu de légende , les Anglicans, les
Moraves n’en font-ils pas? A cet égard
nü sud sole novi. Mais il y a des
circonstances qui font comprendre
leur légende. De fait, de très-bonne
heure ils réclament une haute origine apostolique, évangélique, divine.
Moneta enregistre cette prétention
là où il dit: si dicant quod a Deo
veneruHi et ab Apostolis atque Evangelio. Mais sur le terrain nistorique
on ne va pas aussi vite. Les Vaudois
primitifs , les Ywudès proprement dits
disaient qu’ilsîdescendaient de Valdo.
Ils le disaient au 13® siècle dans le
Rescriplum que j’ai cité; ils ledisaient
au 14® siècle dans un double manuscrit latin et roman, encore cité; ils
le disaient encore par leurs informations à Perin, qui l’affirme en leur
nom par trois fois. Mais à côté de ce
courant se forme une tradition vulgaire née sous l’impression de l’apostolicité de la foi. On avait appris de
tous côtés que, juseju’à Sylvestre,
l’Eglise avait été fidele.' Même, on
entendait dire que encore depuis lors
à tout âge, il y avait eu des croyants.
Faisaient-ils église à part? Non: ils
avaient vécu à côté des méchants,
comme Jacob avec Esaû, dans le sein
de leur mère. M,âis encore,- d’où venaient, ces âmes pieuses ? De tous
pays. Cependant la persécution circonscrivit le noyau Vaudois; il se ramassa aux Vallées et, partout ailleurs
on les vit disparaître. C’est moins les
amis que les Alpes qui leur manquaient, à ce qu’il semble. Avec eux
se réfugient les vagues traditions du
passé; elles se localisent. S’il y a eu
de tout temps des croyants, on sera
tenté de les voir aux Vallées. Valdo
lui-même, ne serait-il pas venu aux
Vallées? Peut-être y est-il même né;
.si ce n’est là, ce pourrait être dans
quelque Vauda voisine.” Les générations passent; tout devient immémorial. Ce Valdo, ije serait-il pas né
au temps de Sylvestre?
On nous appelle Léonistes: sans
doute, nous avons eu un ancêtre du
nom de Léon, vivant aussi lui au
temps de Sylvestre. Ainsi couraient
le dicerie; comme j’en ai donné des
preuves. Ce sont des fables; mais
combien qui, pour être modérés, ne
veulent prendre les fables, que pour
des exagérations, même si réduites
en chilTres — comme les réduit Vaudès..— elles ne s’accordent pas?
Passons au témoignage de Gilles.
On n’oublie pas qu’il n’est plus
un témoin fort compétent, venant plus
de quatre siècles après nos origines.
Encore, témoigne-t-il avec assurance?
Nullement. Il dit: on tient, on estime,
reconnait que ses recherches n’ont
pas bien abouti, et va jusqu’à s’appuyer sur le témoignage d’un auteur
catholique de son temps en lui faisant dire le contraire de ce qu’il
dit, — je parle de Teodoro Belvedere — trompé qu’il est par des
ouï-dire. Et cependant, malgré son
incertitude, le témoignage de Gilles
ne constitue pas encore une déviation proprement dite de,la vraie tration primitive. Que dit-il au fond?
I! dit que les Vaudois, à leur arrivée aux Vallées, trouvèrent « les
originaires et circonvoisins non éloignés de leurs sentiments et cognois■sance quant à la religion • Très-bien,
mais que làllait-il pour cela? Etait-il
bien indispensable que ces originaires ne fussent pas catholiques? Oui,
si les Vaudois étaient des protestants à
la manière d’aujourd’hui. Mais que
l’pn daigne tenir bon compte de ce
fait important, savoir que, si les Vaudois admettaient en plein l’autorité
des Ecritures, c’était là de l’or en“
lingot: ils n'en avaient pas encore
fait de la monnaie dogmatique. Il
suffit de voir que, d’après leurs propres écrits, ils admettaient encore les
sept sacrements de l’Eglise. Donc,
pour n’être pas « éloignés de leurs
sentiments et cognoissance » il suffisait de n’être pas des papistes, ni
des catholiques malignanies, mais
des catholiques benigni — pour me
servir des expressions du temps. Si
à cela vous ajoutez qu’il ne doit pas
déplaire au Seigneur de l’endroit
que de braves gpns viennent coloniser ses possessions plus ou moins
incultes, on en sait assez pour com-
5
453^
prendre que, d’ailleurs, avec la faveur des Alpes, la plus précieuse
après celle de Dieu, tout s’explique,
et qu’il n’est pas nécessaire de croire
aux principes bibliques d’originaires
qui ne nous sont connus sous ce
jour si favorable par aucun indice
nistorique quelconque.
E. COMB.4.
Le Calécliisme.
Le 7 mai
Cher monsieur le Directeur,
Je viens de lire !e Témoin de
celte semaine, ce que je ne fais
ordinairement que le dimanche, et
je me suis surtout arrêté à l’article
qui a pour litre le Catéchisme. Il
a pour moi le grand méril» dUlre
court et clair, ce qui précède est
trop savant et au dessus de ma capacité. Outre cela la question de l'instruclion religieuse de nos enfants
m’a toujours intéressé plus que celle
des éludes, qu’on appelle supérieures, je ne sais trop pourquoi. Car
enfin le salut de l’âme étant la seule
chose nécessaire, il ne me paraît pas
convenable de rabaisser la science
qui l’enseigne au dessous du latin
et du grec, ou des mathématiques.
Mais je suppose que c’est affaire
d’habitude p'rise dans des temps
où la simplicité de l’Evangile'n’élail
pas du goût de gens un peu instruits.
Lorsque j’étais catéchumène, j’ai'
aussi dù apprendre un catéchisme;
c’était encore celui d’Oslerwald, je
veux le dire quoique je trahisse
ainsi mon âge; je l’ai appris sans
cépugnancc, mais aussi sans plaisir.
Etait-ce non seulement ma faute,
mais aussi celte du régent qui me
le faisait réciter à l’école et du
pasteur qui me l’expliquait? Ce qu’il
y a de sûr (je m’en souviens comme si c’était hier), c’est qu’il n’y
avait rien qui parlât au cœur. S’il
est resté dans ma mémoire quelques
fragments de demandes ou de réponses, il ne m’est resté dans le
cœur aucune impression bienfaisante et durable.
Beaucoup plus lard, lorsque le
catéchisme d’Oslerwald a été remplacé par deux ou trois autres autorisés par nos Synodes, j’ai assisté
autant que je l’ai pu, soit aux catéchismes publics, soit aux e.xamens
que l’on faisait subir aux jeunes
gens qui demandent à être admis à
la Sainte Cène, et j’ai remarqué bien
de petites choses que je veux dire
ici puisque j’en ai l’occasion. Aussi
longtemps que la leçon ou l'examen
roule sur l’iiisloire biblique en particulier sur fa vie et la mort de
Jésus-Christ, sur ses discours et ses
miracles, à peu-près tous les catéchumènes répondent avec intelligence et précision. Mais lorsqu’on
en vient aux doctrines contenues
dans les épîtres ou dans les ma-nuels, ou catéchismes, aussitôt il
se révèle des différences incroyables
chez ces jeunes gens qui ont eu les
mêmes leçons et se sont servis des
mêmes livres. Quelques-uns, le quart
peut-être, donnent quelques bonnes
réponses, et non seulement répètent
assez exactement quelques unes des
formules du catéchisme, mais il le
font de manière à prouver qu’il
les ont comprises. Je n’oserais pas
affirmer qu’elles se sont si bien
gravées dans leur mémoire qu’ils les
y relroiiveronL au bout de quelques
années. Du reste il en est de môme
pour la parole de Dieu que l’on
ne s’approprie que par un usage
6
prolongé. Pour en venir aux trois
autres quarts lie nos catédiumènes,
c'esL-h-dire de ceux dont je parle
et que j’ai un peu connus, ils chercljet.vl péniblement à se rappeler
ce qu’ils ont lu et même répété
une dixaine de fois. Mais comme
il.S n’ont pas compris, ils ne peuvent pas répondre avec assurance,
ils hé.sitenl, ils tâtonnent, .si on
leur dit le premier met ils eu ajouitenl quelque autre, même la réponse
entière qu’ils ont mémorisée machinalement. Ce qu’il y a de plus
risible c’est de les entendre réciter
avec volubilité une réponse qui répond à une question toute diilérente
de celle qu’on leur a adressée.
Après avoir entendu bien souvent
de pareilles absurdités, je me suis
mis à réflécliir si peut-être ce ne
.serait pas absurde, ou tout au moins
peu intelligent de mettre dans les
mains des enfants des manuels par
demandes et réponses. Même lorsque les demandes seraient très-claires et très-courtes, à quoi obliger
l’enfant'à les apprendre par cœur?
Et s’il vient à oublier la demande,
la réponse est perdue du même
coups.
Je voulais donc dire, quoique je
ne sois pas du tout compétent pour
cela, que je suis bien près de donner raison à l’auteur de ce petit
article qui m’a donné l’occasion
d’écrire plus longuement que lui.
11 m’a l’air d’avoir de l’expérience
dans la matière et quoiqu’il dise
qu'il im fait rien, j’ai de la peine
à le croire; en tout cas si mainlenanl il se repose, il a dù travailler autres fois. On le devine à la
manière dont il parle.
Je vous recommande celte lettre
pour que vous la rendiez présen
table , et je vous remercie d’avance
en nie disant encore
VuU'e sihcèmnenl déi.o\ié
Frère Jacques.
Notre ami nous pardonnera si sans
rien lui prêter du nôtre quant aux
idées, nous avons, quant à la forme,
usé de plus de liberté que d’habitude.
Un pelil eiiiant
O II
Il a seiiiTcrl lui jusie pour nous iitjiislcs
Dans l’ancienne école du révérend
S. Kitpin, à Exetei'-, en Angielerre,
il y avait deux frères de onze à douze
ans. L’un de ces enfants,, après des
admonestations réitérées., avait mani&slé Une obstination dêtei rainéc et
une'Mauvaise, humeur persistante;
M. Kilpin lui dit que le r&ullat d’une
telle conduite serait un châtiment
qu’il n’oublierait pas facilement. Il se
préparait à rinfliger au Jeune garçon
endurci, lorsque son frère, dont le
nom était Paul, se présenta et supplia le maître de pouvoir souffrir la
punition., à la place de son frère.
M. Kilpin lui dit : mon cher Paul ,
vous êtes un dès mes meilleurs écoliers; vous n’avez jamais eu besoin
de châtiment; votre âme est sensible;
je ne puis être injuste au point de
vous infliger une peine, mon enfant».
Le jeune Paul répondit; il me ..serait
pins pénible d’assister à la disgrâce
et aux souffrances de mon frère, que
d’endurer quoi que ce soit qu’il vous
plairait de (u’iinfliger; c’est un petit
enfant plus jeune et plus faible que
moi ; je vous en prie. Monsieur, permetlez-moi de prendre toute la punition; je supporterai quoi que ce soit
de votre paît. Oh ! monsieur, prenez,
prenez-moi en échange de nion méchant frère.
Il regarda son frère, mais il n’eut
pas de réponse. M. Kilpin était silencieux. jPaiil suppliait toujours pour
être puni â la place de son frère, et
il pleurait. M. Kilpin dit: « Paul ?
7
-ISo^
avez-vous enlendu parler de quelqu’un
qui supporta les coups de fouet et les
insultes des pécheurs? » Oh, monsieur, oui, le SeigneuF Jésus-Christ
a souffert pour nous, et par ses
meurtrissures nous sommes guéris et
pardonnés. Oh, monsieur, pardonnez
a Jacques, et laissez-moi endurer la
peine. Je puis supporter cela mieux
que lui ». « Mais votre frère, ne demande point pardon pour lui-même,
pourquoi êtes-vous si anxieux, mon
cher Paul ; ne mérite-t-il pas une punition? » î Oh ! oui! monsieur, il a
enfreint les règles de l’école après
plusieurs avertissements ; vous avez
dit qu’il doit être puni, c’est pourquoi, comme j.e que vous ne
voudriez pas parleë'.e^vain, quedes
lois doiventf^i^^^ées, et qi^il'%sl
obstiné et.'l»; siettïi pas sè repMkJ^ '
que faut-il míre f Je wims'^eû^rm^
prenez-moi à sa placé, je‘'§iî1^^1uà
fort que lui ». L’enfant ,jeta alors ses
bras autour du cou de son frère, et
mouilla son visage dur et boudeur
avec des larmes de tendresse. C’élail
plus que le pauvre Jacques ne pouvait supporter. Ses larmes commencèrent à couler, son cœur atteint, il
chercha le pardon, et embrassa son
frère. M. Kilpin les serra tous deux
dans scs bras et.invoqua sur eux la
bénédiction de la part ae Celui duquel
il est écrit; t il a élè navré pour nos
forfaits et froissé pour nos iniquités ».
Une nlecliiiiiièiip il l’(‘Xiiiiieii.
Une respectable femme exprima un
jour le désir d’être admise dans la
congrégation de M Rowland Hill.
Entre autres questions, le pasteur
loi fit celle-ci;
— AvéSt^^us un bon cœur?
—■ J’espefe que oui, monsieur, répondit-elle.
^ Mohstefîr Hill appela un ami qui
¿fait dans sa maison et lui dil; Venez
^'oir une créature merveilleuse qui a
on bon. cœur; c’est plus que j’en
pois dire.
La digne femme fut fort impressionnée, mais elle répondit calmement.
— J’ai la confiance, monsieur, de
posséder un cœur régénéré, j’ai cru
que je ne me tromperais pas en appelant l’œuvre du Saint-Esprit une
bonne œuvre,
Cette remarque toucha le pasteur,
qui se hâta de faire ses excuses pour
avoir fait de la peine à cette digne
chrétienne.
Îiomi«tlc0 reliij^icuoce
AuLE'MAGtîii.— Le 7 avril dernier,
est ifflfirtyr au fifubourg Hoim de Hambourg, le docteur Jean-Henri Wiehern.
Né il lit ses études en llieo
logiôiàyGotJtingue et à Berlin, et se
consaci*à‘ tout jeune aux œuvres d’évangélisation qui ont rempli sa vie.
.jMejnda la Mission iniériûure, s’occupa
écoles du dimanche, des refuges,
des prisons, etc., et Créa, en 1833,
l’établissement type du Rimhe Haus
(proprement Ruge Haus, maison Ruge)
dn nom du premier propriétaire, qui
embrasse plusieurs œuvres à la fois:
refuge, pensionnat,' ntoison d’évangélistes, irnprimerie d’où sortent les
célèbres Fliegende Blätter ( Feuilles
volantes), etc.
Angleterre. — Le bruit qui a
couru avec assez de persistance que
lord Beaconsfield fût mort dans la
foi juive, donne un intérêt particulier à la nouvelle ci-après que nous
empruntons à la Semaine religieuse'.
Dans une sorte d’oraison iimèhie
du comte de Beaconsfield prononcée
le dimanche 24 avril, à l’abbaye de
Westminster, par le chanoine P’arrai',
le célèbre prédicateur anglican s’est
exprimé comme suit au sujet des
senlimenls religieux de l’ancien ministre dé la reine Victoria:
» La vie religieuse de celui qui
vient de mourir n’appartient pas au
public. Il assistait régulièrement au
service divin; il participait régulièrement au sacrement du corps et du
sang de Christ; le reste demeure un
secret entre Dieu et lui. Ceux qui le
connaissaient le mieux savent qu’il
ne redoutait point la mort et ils
croient que, sous l’extrême réserve
8
,,156„
qui lui élail habituelle en pareille
matière, il cachait des sentiments
religieux sincères et profonds. »
îHcüUC ^0ÜttC)UC
itiêtie. — La Chambre des députés
a repris et continué la discussion du
projet de loi de la réforme élqqtorale.
Mirighelli et Déprétis^Mt pdrté dans
deux sens assez diveïk^anarü|jiL raporteur de la Comm'ission a r^'oncé
a prendre la parole dans MdiscifSsion
générale qui a été déclarai/ citfeë.
L’ assemblée étudie * maintenant lés
amendements et les article^« pjÂet.
Le ministère fait du scrulÎl'''diôà«st6
une question de cabinet; le cens est
réduit à 20 francs et la capacité intellectuelle à l’examen dè 2® anni|e"
de l’enseignement primaire. — Mai^. ^
les avis sont tellement partagés ,sur
ce projet de loi qu’il est difficile de
dire d’avance ce que sera la réforme
électorale.
Les fêtes deMilan o.nt été splendides.
Le roi est Rome peu après
Cairoli; la reine reste encore quelques semaines en Lombardie.
Cairoli a donné le plus formel démenti aux accusations portées par
les journaux français contre notre
consul à Tunis, M. Macciô, qui n’aurait eu aucune part à l;i rédaction
du journal El mostakel et qui ne serait pas coupable d’avoir fomenté
parmi les Arabes la haine contre les
Français. Il est étonnant que des journaux sérieux comme les Débats et tel
autre plus sérieux encore, sans parler du Temps qui est coutumier du
'fait, acceptent aussi légèrement dans
leurs colonnes des accusations gratuites et des insinuations calomnieuses.
A nos yeux M. Macciô n’est coupable que de son patriollisme, il aurait eu en vue en même temps que
les intérêts de l’Italie, ceux des Tunisiens, chez lesquels il s’est efforcé
d’inspirer des sentiments d’indépendance, et d’introduire des principes
d’éducation, d’instruction et de civilisation. — 11 serait à désirer que tel
de nos ambassadeurs fut aussi italien,
aussi jaloux de nos intérêts et de
notre honneur, que M. Macciô.
On commence à se persuader en
Italie que Tarmée d’expédition française s’avançant, prendra une place
après l’autre, et finira par s’établir
à Tunis, en vertu de la raison du
plus fort, principe de politique toujours le même; ^que l’on s’appelle
«empire» ou «république honnête».
Attemngne. — Le prince de Bismark défend avec vigueur les projets
de loi qu’il a présentés à la diète de
l’empire, celui du budget pour deux
ans et de la convocation de la diète ■
tous les deux aus seulement.
Awit'icite. — L’Archiduc Rodolphe, prince hérgtiiiaiiie, a célébré à
Vienne son mafiagè..avec la princesse
StéfAîiiÉe de Bel^wi^’
-f--UiÉtl^wt. Le jp^y^ment turc
|^Mcefté^^ii#elmi la fron
tmt^’-''enfre la Turquie et ila Grèce
proposée par les ambassadeurs des
puissances, à Constantinople. Ce projet a été communiqué au Gouvernement grec qui n’ayant rien répliqué
est censé l’accepter.
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par
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Pignerol Imprimerie Chiantoro et Mascarelh
i^rix fr. fjOO
lù) dépôt chez le pa,sieur de Pomarct
et à Genève , chez M. .Iq.s. Salomon ,
Rue Neuve de Neucliâlel.*
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La Bariaa, sur les confins de
Pr.amstin à un quart d’iie^^-^ii Pont
de Si. Marlin (Ponl Neuf)y>'c'emposée
(le bâliineiils et descent vingt Jiuil
ares (STf’urnans el 75 lablç|),.île’vignes el prés ou vergers. ”
S’adresser an propiiélaire J. B. Berlone, maison Chaliier, allée de Fénestrelles, IN. 31 à Pignerol.
Eknest llonKicr, Gérant et Administrnlevr
Pignerol, lmp. ciiiantore et lUiEcarelli.